10 janvier 2009

[Monde&Vie] Interview de M. l'Abbé Ribeton, Supérieur du district de France de la FSSP

SOURCE  - Monde & Vie n°805 - 10 janvier 2009

Question : Nous sommes dans une période-charnière où "cohabitent" désormais forme ordinaire et forme extraordinaire. Que pensez-vous de cette "cohabitation" et comment la voyez-vous évoluer ?

Abbé V. Ribeton : Cette cohabitation est une étape de "paix liturgique" qui prépare, dans l'esprit de Benoît XVI, un nouveau mouvement liturgique devant aboutir partout à la restauration de la sacralité des rites. L'avenir de ce mouvement demeure incertain, mais nous sommes évidemment très attentifs à tout ce qui viendra de Rome, nous nous réjouissons des intentions du Pape et voulons les soutenir de toutes nos forces.

Question : Une des caractéristiques de la célébration de la forme ordinaire est le recours assez systématique à la concélébration liturgique. Quelle est votre position sur cette pratique ?

Abbé V. Ribeton : C'est la une affaire très délicate qui met en jeu bien des questions prudentielles. On ne peut pas considérer la concélébration en faisant abstraction des conditions concrètes de célébration, ni ignorer que la concélébration, perçue ou réclamée comme signe d'unité, a été vécue comme une expérience conduisant à des divisions. Il faudrait moins de pression sur ce sujet et un climat dépassionné mais surtout des célébrations réordonnées, "rectifiées" pour reprendre la question à frais nouveaux. Le Pape nous montre le chemin : à Rome, les concélébrations sont moins systématiques et, autour de lui, lorsque concélébration il y a, elle ne réunit que quelques concélébrants choisis, tandis que les évêques ou prêtres présents assistent simplement aux saints mystères, ce qui n'exclut pas une participation intérieure très profonde et bien réelle. N'est-ce pas là le plus important ?

Question : Il existe aujourd'hui trois fraternités sacerdotales relevant d'Ecclesia Dei. Vu de l'extérieur, on a le sentiment qu'elles sont souvent rivales. Où en sont vos relations avec l'ICRSP et l'IBP ? Les pensez-vous améliorables et comment ?

Abbé V. Ribeton : C'est vrai qu'il y a parfois des petites rivalités entre Instituts relativement proches. Ce n'est pas nouveau dans l'Eglie...En même temps, il ne faut pas les exagérer. Nous avons des apostolats communs : Chartres, manifestations unitaires comme récemment à Bordeaux dans le combat pour la vie, aumôneries communes de mouvements de jeunes ou de familles (Juventutem, Domus Christiani). On peut faire mieux avec un peu plus de communication mutuelle et des efforts de charité, et en n'entrant jamais dans le jeu de ceux qui veulent nous diviser pour nous affaiblir.

Question : La FSSPX est toujours en attente de "régularisation" de son statut canonique. Qu'en pensez-vous ?

Abbé V. Ribeton : Nous souhaitons de toute notre âme la réconciliation. Il y a trop d'urgences dans un monde qui s'éloigne de Dieu pour que nous restions divisés. Nous devons faire front commun, ne pas traiter nos frères de la FSSPX comme des parias et contribuer à rétablir la confiance. Il faut porter cette grande cause de l'unité des catholiques dans une prière fervente. Je m'associe aux chapelets récités pour une prochaine levée des excommunications, espérant des gestes concrets de ceux à qui est offerte aujourd'hui, me semble t-il, la main tendue d'un pape qui veut compter sur la FSSPX au coeur de la vie de l'Eglise.