23 janvier 2009





Désaveu et Fracture
23/01/2009 - Jean Rigal - arras.cef.fr
La levée de l’excommunication prononcée contre Mgr Lefebvre et les quatre évêques qu’il a ordonnés suscite mon indignation et m’invite à la protestation suivante, pour trois raisons :
  • Elle m’apparaît comme un désaveu de Jean-Paul II, le prédécesseur du pape actuel. Pour que 21 ans après ,la levée de l’excommunication des évêques intégristes puisse être légitime, il paraît indispensable que les raisons qui avaient justifié la condamnation aient totalement disparu. Or, tel n’est pas le cas, du moins selon les informations que nous possédons actuellement. Comment Benoît XVI peut-il contredire son prédécesseur sur le siège de Rome, sur une question aussi grave ?
     
  • Le problème de fond concerne la réception ou non du Concile Vatican II. La question de la messe de St Pie V est en l’occurrence purement emblématique ; tout le monde le sait désormais, les Lefebvristes ne s’en cachent pas. Il s’agit, en fait, essentiellement du rapport de l’Eglise au monde, de l’avancée de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux, de la liberté religieuse…On ne peut ignorer qu’un Concile œcuménique constitue la plus haute autorité législative de l’Eglise. Le pape lui-même doit s’y soumettre. Oui ou non, les Lefebvristes acceptent-ils explicitement tout l’enseignement du Concile ? La levée de l’excommunication exige, en premier, cette « contre-partie ».
     
  • Le pape est préoccupé par le schisme intégriste. Mais est-il aussi préoccupé par le schisme des catholiques qui abandonnent leur Eglise par suite du mouvement de restauration qui s’est désormais emparé du Centre romain ? Ils sont infiniment plus nombreux que les Lefebvristes, mais sans doute, cette rupture est-elle moins visible. En 1987, le cardinal Kasper, alors évêque de Stuttgart, écrivait : « Comme évêque d’un grand diocèse, j’ai fait l’expérience de tensions qui ne font que croître entre les normes de l’Eglise universelle et la pratique locale. Dans bien des cas, on doit même dire qu’il s’agit presque d’un schisme dans les mentalités et dans la pratique ». Que ne dirait-il pas aujourd’hui !
Jean Rigal, théologien