SOURCE - Francis Gruzelle - suite101.fr - 14 avril 2012
Lundi 16 avril 2012, Benoît XVI aura 85 ans, et la réconciliation, orchestrée par ses soins, avec les disciples de Mgr Lefebvre, est presque un miracle.
En effet, Rome et Écône sont sur le point de sceller un accord, qui se traduira par la réintégration de tous les catholiques traditionalistes au sein de l'église romaine.
Pour Mgr Bernard Fellay, joint par téléphone, "la signature d'un document fixant les relations entre le Saint-Siège et les disciples de Mgr Lefebvre est une question de jours....."
Officiellement, le Vatican attend la réponse de Mgr Bernard Fellay, le chef de fil des lefebvristes. Sitôt reçue à Rome («c'est une affaire de jours et non plus de semaines", indique le porte parole du Vatican, contacté par téléphone), elle sera «aussitôt» analysée. Si cette réponse s'avère conforme aux attentes, le pape Benoît XVI annoncera très vite un accord historique avec cette branche de fidèles, plus connus sous le nom "d'intégristes".
Des émissaires de Rome et d'Ecône travaillent ensemble depuis plusieurs moisDe sources officieusement, et dans la plus grande discrétion, des émissaires De Rome et d'Ecône ont travaillé, de part et d'autre, pour «aboutir à un accord». Ces dernières semaines, les ultimes réglages ont été finalisés entre Rome et Écône pour répondre au mieux aux demandes de «clarifications» sollicitées par le Vatican, le 16 mars 2012, comme le confirment plusieurs prélats de la curie.
Des négociations très diffciles et très délicateCe délicat dossier a été confié à la commission «Ecclesia Dei», abritée au sein de la congrégation pour la Doctrine de la foi, le plus important ministère du Vatican. Mais les initiés du Vatican savent qu'il est personnellement suivi par Benoît XVI. Et le pape veut un accord.
C'est ainsi que la réponse finale de Mgr Fellay, extrêmement pesée et bien préparée, devrait dénouer,- pour de bon, cette fois, une longue négociation très délicate qui fut relancée par Benoît XVI dès son élection en 2005. Certains cardinaux pensent même que Benoît XVI a été élu pape, malgré son grand âge, pour mener et réussir les négociations et la réintégration des traditionalistes au sein de l'église de Rome.
La meillleure preuve serait que le le Papel a placé son pontificat dans cette ligne de réinterprétation du concile Vatican II. Selon deux axes: évacuer l'esprit de «rupture» des années 68 et éviter d'opposer la plus haute tradition de l'Église à sa modernité.
L'accord va mettre fin à cinquante ans d'oppositionCette réintégration attendue par de nombreux prêtres et catholiques se situe dans un contexte particulier. En effet, lundi 16 avril 2012, Benoît XVI aura 85 ans. Il est fatigué. Dans son entourage, contacté par téléphone, un cardinal explique : " Il a dû se reposer cette semaine à Castel Gandolfo de son épuisant périple au Mexique et à Cuba, puis des longs offices de la semaine sainte. Il devait retrouver le Vatican vendredi soir. En priorité sur son bureau, il y aura cette décision à prendre sur le dossier lefebvriste. Elle sera l'une des plus lourdes du pontificat....."
Depuis 50 ans maintenant, les traditionalistes de Mgr Lefebvre affichent leur opposition avec le Saint-Siège à propos du concile Vatican II. Le point d'orgue a été atteint avec une rupture juridique formelle, en juin 1988, quand Mgr Marcel Lefebvre ordonna quatre évêques malgré l'interdit du Pape.
Or, Joseph Ratzinger était chargé à l'époque par Jean-Paul II des négociations avec l'évêque frondeur. Il n'a jamais accepté ce qu'il considère comme un échec. Depuis qu'il est devenu pape, il a tout mis en oeuvre pour éviter la perspective d'un schisme durable dans l'Église catholique.
Et Benoît XVI pourrait laisser l'image du pape de la réconciliation des catholiques dans l'histoire de l'église et de Rome.