2 avril 2012

[Natalia Trouiller - La Vie] Craintes et espoirs à Tradiland

SOURCE - Natalia Trouiller - La Vie - 2 avril 2012

Alors que les autorités de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X incitent leurs fidèles à prier plus que jamais pour une issue heureuse des discussions avec Rome, deux personnalités traditionalistes ont publié leurs avis sur la question.
FSSPX: Deux réactions à la lettre de Mgr Bux
Suite à la lettre ouverte de Mgr Nicola Bux exhortant les lefebvristes à revenir à la pleine communion avec Rome, deux personnalités du Tradiland se sont exprimés. Le premier est Mgr Williamson, évêque de la FSSPX, qui dans la livraison de la semaine dernière de ses Commentaires Eleison, récuse les arguments de Mgr Bux: "Veuillez nous pardonner de ne pas être d’accord lorsque vous dites que l’aube est à portée de main, parce que cette vraie Foi que la Fraternité Saint Pie X a soutenue dans les Discussions ne brille pas dans la Rome de Vatican II. En conséquence la Fraternité Saint Pie X ne peut s’y trouver en sécurité. Elle ne pourrait pas non plus être source de lumière si elle aussi adoptait les ténèbres conciliaires". Et de renvoyer la balle dans le camp du pape, en lui demandant de consacrer la Russie au Sacré-Coeur de Marie, ainsi que celle-ci l'aurait demandé aux voyants de Fatima.

> Hier, dans le Commentaire de la semaine, le prélat est allé plus loin encore et signe une fin de non-recevoir explicite aux avances romaines: "Mais que se passerait-il si Rome tout d’un coup n’exigeait plus l’acceptation du Concile et de la Nouvelle Messe? Si Rome se mettait inopinément à dire: «Bien. Nous avons réfléchi à tout cela. Rentrez dans l’Eglise tels quels. Nous vous accorderons la liberté de critiquer le Concile tant que vous voudrez, et de célébrer exclusivement la Messe de St Pie V. Mais rentrez donc!» Cela pourrait être assez rusé de la part de Rome, car comment la Fraternité pourrait-elle refuser une telle offre sans paraître incohérente et pleine d’ingratitude? Et cependant, sous peine de mort elle devrait refuser." Mgr Williamson se positionne ainsi comme le chef de file de ceux qui, à l'intérieur de la Fraternité, refusent la réconciliation.

> La seconde réaction vient du supérieur de l'Institut du Bon Pasteur (créé par Benoît XVI pour accueillir des anciens de la FSSPX) en Amérique du Sud, l'abbé Navas, lui-même ancien prêtre de la Fraternité: "Je ne nie pas la bonne volonté de Mgr Nicolas Bux, mais la réalité est toute autre et le traitement réservé à l’Institut du Bon Pasteur (IBP) par une partie des évêques du Chili, en particulier de Santiago et ses environs, prouve le contraire. Ils n’acceptent pas l’IBP avec sa spécificité reçue du Saint Siège et consacrée par l’approbation de ses statuts. On va jusqu’à nier son existence canonique. Mépris et dédain, indifférence et relégation, telles sont les formes modernes de persécution ecclésiastique de cette partie de "la grande famille catholique", écrit le supérieur de district sur sa page Facebook.

> Ces deux réactions, qui n'engagent que leurs auteurs, sont intéressantes à des degrés divers. Celle de Mgr Williamson est plutôt attendue, et conforme à son positionnement de plus en plus clair de refus de la réconciliation. Celle de l'abbé Navas, en revanche, a connu un succès tel sur les forums de discussion tradis du monde entier qu'il s'est senti obligé de poster un addendum à ces quelques lignes: "Dans l'article publié plus tôt, qui a eu un impact inattendu, il ne s'agissait pas d'analyser la lettre de Mgr Bux, encore moins de suggérer ni d'influencer quiconque à propos de la décision que la FSSPX doit prendre"... Or, si cet article de l'abbé Navas a eu un tel retentissement, c'est sans doute parce qu'il rejoint le dilemme central des fidèles de bonne volonté de la Fraternité: revenir à Rome pour convertir l'Eglise, oui, mais s'ils étaient finalement absorbés?

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