27 septembre 2011

[Jérôme Poinsu - L'Aisne Nouvelle] « Un malade, on lui demande de se soigner »

SOURCE - Jérôme Poinsu - L'Aisne Nouvelle - 27 septembre 2011

SAINT-QUENTIN - Alors que le pape se rapproche des traditionalistes, un de ses représentants, l’abbé Boivin, exprime ses positions tranchées. En particulier sur l’homosexualité…

Parmi les catholiques, vous êtes un représentant de la branche traditionaliste. Expliquez-nous en quoi cela consiste.
Nous sommes pour une doctrine classique, traditionnelle du catéchisme. Nous n'avons pas renoncé à la messe en latin.
Le latin. C'est vraiment une manière efficace pour attirer les fidèles?
C'est la nouvelle messe qui a vidé les églises. Nous, nous n'avons rien inventé, nous continuons à prodiguer la messe officielle. Il faut se poser la question. Pourquoi les messes en français ne remplissent pas les églises et celles en latin ne la vident pas?
Le pape Benoît XVI a annoncé un rapprochement. Qu'est-ce que cela signifie?
Que Rome reconnaisse que les messes en latin n'ont jamais été interdites et qu'elles sont même autorisées. C'est bien.
Vous pensez que ce rapprochement va vous être favorable, à vous, les traditionalistes?
C'est évident. Cette évolution, le fait que l'on voit davantage de monde, on le voit déjà depuis quelque temps. Après, je ne lis pas dans une boule de cristal, je ne sais pas ce que vont annoncer les autorités de l'Eglise.
Vous reconnaissez l'autorité du pape?
J'y ai encore fait allusion ce matin.
L'Eglise catholique n'est pas très à l'aise avec l'homosexualité. Et vous?
Il ne s'agit pas de condamner les personnes, mais plutôt la chose. C'est une des doctrines les plus classiques de l'Eglise.
Il y a peut-être des homosexuels qui assistent à vos offices...
Nous ne sommes pas dans la condamnation des personnes ; il faut les aider. Il faut exhorter la pratique de ce genre de choses, mais ne pas les (les homosexuels, nldr) rejeter. Quand une personne est malade, on va lui demander de se soigner.
Et votre position sur la contraception?
La contraception, là encore, c'est une doctrine des plus classiques de l'Eglise, de l'Eglise de Rome, celle établie par le Saint-Siège. Pour la contraception, il y a tout simplement la méthode naturelle. Il y a une fausse liberté religieuse, une liberté qui n'est pas celle de la pratique religieuse.
Ces dernières années, l'Eglise a défrayé la chronique avec le scandale des prêtres pédophiles. Chez les traditionalistes, ça existe aussi?
A ma connaissance, non. Il faut faire attention à cela, on ne magnifie pas assez l'action des prêtres fidèles. On ne parle pas assez de tout ce que fait l'Eglise, de toutes les actions auxquelles elle participe.
Concrètement, si vous étiez confronté à un de vos confrères pédophiles, vous feriez quoi?
Dans ces cas-là, il y a des enquêtes, et il y a des sanctions qui sont à appliquer. Mais il ne faut pas parler que des choses mauvaises, même si nous savons bien que nous avons mauvaise presse. Quand il y a des synagogues profanées, on parle d'antisémitisme, quand il y a des mosquées profanées, on parle d'actes anti-musulmans, mais quand cela concerne des églises, on évoque l'acte d'un déséquilibré, c'est la réalité, il ne faut pas se le cacher.
Jérôme POINSU