9 février 2009





« La vie continue » chez les catholiques traditionalistes
9 février 2009 - Frédéric Paillas - leprogres.fr
Malgré les propos négationnistes de Mgr Williamson, les fidèles de la Fraternité Saint-Pie X semblaient sereins hier, à Unieux. Et surtout très réservés, quant à la position de l’évêque lefebvriste

Dimanche, 9 heures. Il fait un froid glacial sur le parking du château Holtzer à Unieux, propriété de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, une mouvance «traditionnelle» de l’église catholique, fondée par Monseigneur Lefebvre. Un évêque qui était d’ailleurs venu ici dans les années soixante-dix.
C’est l’abbé Mérel, en soutane, qui nous accueille. C’est lui qui dirige ce petit prieuré autonome, avec sa chapelle (où sont célébrés les offices en Latin) et son école primaire (très) privée qui accueille plus d’une soixantaine de petits écoliers, tous en uniforme, ou plutôt en blouse.
Ce dimanche matin n’est pas un jour tout à fait comme les autres. C’est d’abord la Chandeleur, la fête de la purification de la Sainte Vierge et de la présentation de l’Enfant-Jésus au Temple. Une fête qui donne lieu à une procession. Mais il y a surtout «l’affaire». Celle de cet évêque lefebvriste, Mgr Williamson, excommunié en 1988 et qui a récemment déclaré qu’il «niait l’existence des chambres à gaz», alors que deux jours auparavant, le pape Benoît XVI affichait la volonté de vouloir lever l’excommunication de quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X. Des propos négationnistes graves qui ne semblaient pas pour autant ébranler, hier, la foi d’une centaine de fidèles venus assister à l’office. L’abbé Mérel, d’une courtoisie à tous égards et pourtant très ouvert à l’habitude, préférera rester dans son mutisme, sous le couvert de sa hiérarchie parisienne.
Tout au plus, lâchera-t-il du bout des lèvres que «la vie continue». On n’en saura pas plus sur les états d’âme de l’abbé qui souhaite ne pas commenter les propos de l’évêque Richard Williamson. Et visiblement, hier matin, au prieuré Saint-François Régis à Unieux, personne n’avait vraiment envie de parler de cette affaire très embarrassante.
D’ailleurs, à l’heure où les fidèles poussaient la porte de la chapelle, seuls les plus jeunes, se hasardaient à un commentaire :  «Ce qui me fait plaisir, c’est que le pape lève les excommunications et reconnaisse qu’elles n’étaient pas légitimes», affichait Rudy. «Il ne faut pas mélanger la religion, la politique et l’histoire», ajoutait de son côté Nicolas. «Ce qui a été dit par Mgr Williamson n’engage que lui. Il ne faut pas faire de lien avec la Fraternité».
À l’intérieur de la chapelle, l’office vient tou juste de débuter. L’abbé Mérel entre dans le confessionnal pour écouter les fidèles. Au fond de la chapelle, cinq religieuses, les Sœurs de la Fraternité Saint-Pie X, qui résident à Unieux, entonnent des chants grégoriens. Puis, les cierges sont bénis avant que ne débute la procession de la Chandeleur dans le parc du château. De retour dans la chapelle, c’est un autre religieux, l’abbé Lefèvre, qui débute la messe en Latin, le dos tourné aux fidèles. On est alors à mille lieux des propos négationnistes de l’évêque Williamson, qui ont ébranlé depuis dix jours, le pontificat de Benoît XVI.
Frédéric Paillas