8 février 2009





Une mine dérivante
08/02/2009 - Frédéric Mounier - la-croix.com
L’onde de choc du dysfonctionnement, désormais admis, au sommet de l’Église, n’en finit pas de s’étendre. À tous les niveaux. Et tout d’abord au plus haut. Outre-Rhin Angela Merkel et de nombreuses personnalités politiques, comme en France Nicolas Sarkozy, et plusieurs de ses ministres, se sont exprimés sur les propos négationnistes tenus par Mgr Williamson. Voila déjà des échos fort inhabituels à un décret pontifical. Dans les deux cas, il faudra du temps pour voir se refermer les cicatrices, non seulement au sein des communautés catholiques, mais aussi entre l’Église et la société.
Car l’amalgame, insoutenable, entre pape, Église catholique et négationnisme, est désormais bien réel. Concrétisant à nouveau cette illusion d’optique qui veut faire croire que l’Église est toujours riche, alors qu’elle est désormais pauvre ; toujours autoritaire, alors qu’elle est ouverte ; du côté des puissants alors qu’elle est avec les pauvres ; contre toutes les avancées scientifiques alors qu’elle ne demande qu’à accompagner la réflexion. Elle serait, de même, antisémite, alors qu’un demi-siècle de dialogue judéo-chrétien a permis d’effacer cette tache historique.
Mais, s’il se confirme que les évêques intégristes persistent dans leur volonté d’ordonner de nouveaux diacres, puis de nouveaux prêtres, alors la véritable mine dérivante mise à l’eau (consciemment ?) par Mgr Williamson risque de porter un coup sérieux aux discussions qui devaient s’engager entre Rome et la Fraternité Saint Pie X. Jusqu’à nouvel ordre romain, en effet, ils sont toujours interdits de célébrer tout sacrement. Alors, les schismatiques « canal historique » auront, à nouveau, mis à mal l’autorité du Pape. D’autant plus si Mgr Williamson persiste et signe dans ses délires négationnistes.
Benoît XVI n’avait décidément pas besoin de ces soupçons accumulés. Ce grand théologien, cet intellectuel de renom, qui avait accepté la charge pontificale pour maintenir fermement le cap de la barque de Pierre, risque de devoir écoper trop longtemps les brèches causées par la « mine dérivante » nommée Williamson.
Frédéric MOUNIER