Pressé de toute part, le Vatican condamne de nouveau fermement les positions de l’évêque intégriste Richard Williamson, niant l’existence des chambres à gaz… et reconnaît implicitement des dysfonctionnements au sein de la curie. La crise ouverte par la levée de l'excommunication qui frappait les quatre évêques intégristes de la Fraternité Saint-Pie-X ne semble pas près de se résoudre. En exigeant, dans un communiqué paru le 4 février, que Richard Williamson retire publiquement ses propos niant l'existence des chambres à gaz, le Vatican a bien cherché à éteindre l'incendie.
L'intervention, la veille au soir, d'Angela Merkel - « chrétienne protestante » - pour obtenir une « clarification » du Vatican a été, semble-t-il, déterminante. La chancelière allemande s'est entretenue directement avec Benoît XVI le 8 février.
Critiques au sein de la Curie
Signe que la crise a atteint des proportions inédites, des critiques s'étaient même exprimées jusqu'au sein de la curie romaine :
- Le cardinal allemand Walter Kasper, responsable du dialogue œcuménique, avait publiquement pointé « des erreurs de management ».
- Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne et proche de Benoît XVI, a mis en cause une « faute » dans le fonctionnement de l'appareil central de l'Eglise.
- « Nous n'avons pas eu en main la maîtrise de cette communication », a lui-même reconnu le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, dans une interview accordée à La Croix vendredi 6 février.
L'épisode souligne la nécessaire révision des méthodes de travail dans l'entourage du pape. Attendue dans la foulée de son élection, en 2005, la réforme de la curie n'a pas eu lieu. L'information, notamment, circule mal entre les dicastères - équivalent des ministères au Vatican. « S'il y en a un qui devait être au courant (Ndlr : des propos de Richard Williamson), c'est le cardinal Castrillon Hoyos (le président de la Commission Ecclesia Dei chargé de négocier avec les intégristes) », a regretté le P. Lombardi.
Les intégristes sanctionnent Mgr Williamson
Dans un entretien publié le 9 février par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, Richard Williamson a campé sur ses positions négationnistes, avant d'être sanctionné par ses pairs. Confirmant ainsi qu'une frange des intégristes n'est pas décidée à saisir la main tendue par Benoît XVI.
Samuel Lieven |
