7 février 2009





Reprise du dialogue en vue entre Vatican et organisations juives
07/02/2009 - Reuters - lexpress.fr
CITE DU VATICAN - Le grand rabbinat d'Israël, qui avait suspendu le dialogue avec le Vatican à la suite de la levée de l'excommunication d'un évêque négationniste, a décidé de le reprendre et le pape va rencontrer un groupe réunissant des organisations juives, a-t-on appris samedi de source ecclésiastique.
Le grand rabbinat d'Israël, qui avait suspendu le dialogue avec le Vatican à la suite de la levée de l'excommunication d'un évêque négationniste, a décidé de le reprendre et le pape Benoît XVI va rencontrer jeudi prochain un groupe de représentants des organisations juives américaines, selon une source ecclésiastique. (Reuters/Alessandro Bianchi)
Le grand rabbinat avait annulé une réunion prévue du 1er au 4 mars avec des responsables du Vatican sur fond de scandale suscité par la levée de l'excommunication de quatre évêques traditionnalistes, dont Richard Williamson, qui avait tenu des propos négationnistes.
La rencontre sera reprogrammée à la fin février ou à la mi-mars et elle comportera très probablement une audience papale.
Jeudi prochain, Benoît XVI aura une réunion avec la Conférence des présidents des grandes organisations juives américaines (CPMAJO) et il prononcera un discours sur l'holocauste et les dangers du négationnisme, dit-on de source ecclésiastique.
Il s'agira de la première rencontre du pape avec des dirigeants juifs depuis le début de la controverse.
La réunion de jeudi est particulièrement importante en raison de l'influence de la CPMAJO, qui regroupe 51 organisations juives.
Williamson avait déclaré dans une interview diffusée le 21 janvier par la télévision suédoise qu'il croyait qu'il n'y avait "pas eu de chambres à gaz" et que le nombre de Juifs morts dans les camps de concentration nazis était de 300.000 et non de six millions, chiffre sur lequel s'accordent la plupart des historiens.
RÉTRACTATION
Les propos de Williamson et la décision du pape de lever l'excommunication qui le frappait ont été dénoncés par des survivants de l'holocauste, par des catholiques progressistes, par des membres du Congrès américain, par des dirigeants de la communauté juive allemande, par la chancelière allemande Angela Merkel et par l'écrivain juif et prix Nobel de la paix Elie Wiesel.
Le Vatican s'est efforcé de limiter les dégâts infligés par cette affaire au dialogue entre catholiques et juifs ouvert il y a une cinquantaine d'années.
Le pape a exprimé son entière solidarité avec les juifs et le Vatican a ordonné à Williamson de se rétracter.
L'évêque, qui vit en Argentine et communique avec le monde extérieur par le biais de son blog, ne s'est pas encore exécuté.
Le Vatican a expliqué mercredi dernier que le pape n'était pas au courant des propos négationnistes de Williamson lorsqu'il a levé les excommunications pour tenter de mettre fin à un schisme vieux de vingt ans.
L'hebdomadaire allemand Der Spiegel rapporte samedi que Williamson a dit qu'il devait réexaminer les documents historiques sur l'holocauste avant d'envisager de présenter des excuses aux juifs.
"Je demande à tous de croire que je n'ai pas dit délibérément quelque chose de faux. Sur la base de mes recherches, dans les années 1980, j'étais convaincu de l'exactitude de mes propos. Maintenant, je dois tout réexaminer et étudier les preuves", a-t-il dit.
Williamson a présenté des excuses au pape pour les "problèmes" qu'il lui a "causés inutilement", mais il n'a pas présenté d'excuses aux juifs.
Le Vatican affirme que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, mouvement traditionnaliste auquel appartient Williamson, doit accepter tous les enseignements du Concile Vatican, qui prône le respect du judaïsme et des autres religions.
Les traditionnalistes rejettent en grande partie ces enseignements. L'un des principaux documents de ce concile, qui s'est tenu de 1962 à 1965, "Nostra Aetate", réfute le concept de culpabilité collective des juifs pour la mort du Christ.

Avec Paul Carrel à Berlin, version française Nicole Dupont