5 février 2009





L’ultimatum du pape à l’évêque négationniste
05.02.2009 - Jean-Baptiste Venditti - leparisien.fr
Deux semaines de protestations mondiales ont finalement conduit le Vatican à demander hier à l’évêque négationniste Richard Williamson de prendre «sans équivoque et publiquement ses distances » avec ses déclarations sur la Shoah.
Après deux semaines de polémique, Rome s’est finalement décidé hier à calmer les esprits en demandant à l’évêque intégriste Richard Williamson, qui niait l’existence de la Shoah, de retirer ses déclarations.
L’ultimatum de Benoît XVI n’est sans doute pas étranger à l’intervention de la chancelière allemande Angela Merkel, qui estimait mardi « insuffisantes » les prises de position du pape vis-à-vis du prélat négationniste anglais.
Changement de ton au Vatican : il demande désormais à Mgr Williamson de retirer « sans équivoque et publiquement » les propos tenus le 21 janvier à la télévision suédoise, condition sine qua non pour être admis à la fonction épiscopale dans l’Eglise catholique.
Outre cette exigence, Williamson et les trois autres évêques fondamentalistes de la Fraternité Saint-Pie X dont le pape a levé l’excommunication le 24 janvier devront clarifier leur position. Rome les somme en effet de reconnaître le concile Vatican II, socle de l’Eglise catholique moderne depuis plus de quarante ans (reconnaissance de la liberté religieuse, abandon de la messe en latin sans toutefois qu’elle soit interdite et de la doctrine attribuant aux juifs la responsabilité de la mort du Christ). Là encore, le Vatican en fait une condition préalable à la pleine réintégration de la Fraternité Saint-Pie X dans l’Eglise. Une exigence à laquelle le Saint-Siège avait pourtant renoncé en juin 2008, mais les remous récents l’ont contraint à ce revirement.
A Rome, en effet, personne n’a su anticiper la tempête mondiale déclenchée après l’interview de Richard Williamson. Le communiqué publié hier par le Vatican affirme que Benoît XVI n’était pas informé des orientations négationnistes de l’évêque britannique. Certains soutiennent également que la levée de l’excommunication des quatre ecclésiastiques aurait été recommandée au pape par le très conservateur cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, préfet de la congrégation pour le clergé.
« Le malaise se dissipe »
Des spécialistes des affaires vaticanes regrettent que Benoît XVI ne s’adapte pas au caractère hautement sensible que revêtent plusieurs aspects de sa charge. Un examen plus minutieux de la question aurait sans doute permis d’éviter la publication du décret au lendemain de l’interview contestée. La machine arrière du Vatican parviendra-t-elle pour autant à éteindre la polémique ? C’est ce qu’espère Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France. « Le malaise venu de ces déclarations négationnistes faites au moment même où Benoît XVI faisait un geste d’ouverture extraordinaire se dissipe, nous a-t-il déclaré hier soir. Certes, avec un temps qui a pu paraître long à certains, il a indiqué qu’il restait vigilant. »