Benoît XVI publiera prochainement un Motu proprio pour libérer la messe tridentine |
11 octobre 2006 - Apic- kipa-apic.ch |
Le pape Benoît XVI prépare actuellement un "Motu Proprio" en vue de libéraliser la messe traditionnelle de saint Pie V, ont confirmé des sources vaticanes, le 10 octobre 2006. Au sein de la curie romaine, cette libéralisation suscite des oppositions. Il s’agit d’un "indult qui remplacera le dernier" datant de 1988 et de la création de la Commission Ecclesia Dei, chargée du dossier des traditionalistes. Le pape cherche ainsi à favoriser l’intégration des traditionalistes et celle des intégristes dans l’Eglise catholique, commente-t-on encore au Vatican. Benoît XVI est "en train de préparer" un document en vue de libéraliser "l’expression traditionnelle" du rite catholique romain, c’est-à-dire l’usage de la messe saint Pie V, avaient confirmé des sources vaticanes à I.Media, au cours du mois octobre 2006. La date de publication de ce document n’est pas fixée, d’autant que la décision du pape est controversée au sein de la curie romaine et de l’épiscopat. Toujours de source vaticane, le document ne porterait pas seulement sur la messe de saint Pie V, mais aurait une dimension liturgique plus large autour des questions traditionalistes. Le pape "attend une occasion favorable" pour promulguer son document sur l’usage de la messe en latin, avaient confié des sources traditionalistes à I.Media, l'Agence partenaire de l'Apic à Rome, début octobre 2006. D’après ces sources, "le texte est rédigé" et est "en train d’être relu" par différentes Congrégations vaticanes. Selon ces mêmes sources, "la colonne vertébrale" de ce document s'articulerait autour du principe "qu’il n’y a qu’un rite latin, avec deux formes : ordinaire (vernaculaire) et extraordinaire (traditionnelle)" et que "ces deux formes ont égalité de droit". Le texte pourrait paraître au cours du mois de novembre. "Ne pas précipiter les choses" Au Vatican, la libéralisation de la messe saint Pie V suscite des oppositions. C’est le cas au sein de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. "Il faut laisser mûrir, ne pas précipiter" les choses, y confie-t-on. En tous cas, Benoît XVI, qui avait indiqué aux cardinaux son désir "de se rapprocher des traditionalistes" lors du consistoire de mars dernier, travaille aux conditions de l’élargissement de l’usage du missel préconciliaire. Il était jusqu’ici permis mais dans des conditions restrictives. En effet, depuis la création de la Commission Ecclesia Dei par le Motu proprio du 2 juillet 1988, les prêtres peuvent célébrer la messe traditionnelle dans leur paroisse à condition que leur évêque les y autorise. Or, même si Jean Paul II avait alors demandé qu’on respecte partout "les dispositions intérieures de tous ceux qui se sentent liés à la tradition liturgique latine", beaucoup d’évêques sont encore réticents à l’usage du missel saint Pie V. Pour les membres de la Fraternité saint Pie X, la libéralisation de la messe saint Pie V est une condition pour leur réintégration dans l’Eglise catholique, comme l’a formulé à plusieurs reprises ces derniers temps son supérieur Mgr Bernard Fellay. Le document de Benoît XVI en vue "d’encourager la messe en latin" prendra la forme "d’une Lettre apostolique - Motu proprio", "forme plus forte que la Lettre apostolique", livre-t-on encore au Vatican. La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements travaille actuellement sur le texte, tout comme le cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé et président de la Commission Ecclesia Dei, en charge des traditionalistes dans l’Eglise. De source vaticane, le pape a revu le texte au moins "deux fois" et le document serait "presque prêt". Rapprochement dès le début du pontificat Depuis le début de son pontificat, Benoît XVI a entrepris un rapprochement avec les intégristes qui sont sortis de l’Eglise catholique en 1988. Il a ainsi rencontré Mgr Bernard Fellay en août 2005 et consulté ensuite ses proches collaborateurs sur la question traditionaliste. En septembre 2006, il a fondé l’Institut du Bon pasteur, accueillant en France plusieurs prêtres traditionalistes, exclus de la Fraternité saint Pie X et souhaitant réintégrer l’Eglise. Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Joseph Ratzinger avait négocié pendant longtemps avec Mgr Lefebvre afin d’éviter le schisme en 1988. Il a toujours suivi le dossier de près. En outre, Benoît XVI ne cache pas son attachement à la liturgie ancienne, ou du moins ses réserves vis-à-vis des dérives qui ont découlé de la Réforme liturgique post-conciliaire. Il écrivait ainsi dans son livre Le Sel de la Terre (1997), qu’il pensait "que l’on devrait être plus généreux dans le fait de consentir l’ancien rite à ceux qui le souhaitent". "On ne voit pas ce qu’il devrait y avoir de dangereux ou d’inacceptable", estimait-il. Rome, 11 octobre 2006 (Apic) |