12 octobre 2006

Benoît XVI sur la voie d'une libéralisation de la messe en latin
Hervé Yannou - 12 octobre 2006 - lefigaro.fr
Au Vatican, on reste prudent pour confirmer ou infirmer une date de publication avant la fin 2006. L'autorisation de l'évêque ne sera plus nécessaire pour célébrer le rite tridentin.
Benoît XVI est sur le point de signer et de publier un document pour libéraliser et pleinement réhabiliter la messe en latin. Ce sera plus qu'une avancée pour la « réconciliation » définitive avec les lefebvristes. Les intentions du Pape sont connues depuis longtemps. Les sites Internet traditionalistes annonçaient depuis plusieurs semaines l'existence de ce document, que des informations officieuses du Vatican sont venues confirmer hier.
Si le texte a une dimension liturgique plus large autour des relations avec les traditionalistes, il affirmerait surtout qu'il n'y a qu'un rite de l'église latine, mais sous deux formes égales : l'une ordinaire (la messe actuelle) et l'autre extraordinaire (la messe en latin). Le missel d'avant le Concile Vatican II aurait ainsi droit de citer, tout autant que les autres rites catholiques, comme les liturgies orientales.
Le Pape compte ainsi accorder une dérogation aux prêtres et aux groupes de fidèles traditionalistes constitués (au moins une trentaine de fidèles) pour célébrer la messe en latin sans aucune entrave. L'autorisation préalable de l'évêque ne sera plus nécessaire. La hiérarchie locale est en effet souvent hostile au missel de saint Pie V, estimant qu'il a été abrogé. Un prêtre pourrait donc, quand il veut et où il le veut, célébrer la messe en latin. Le risque est de créer une opposition entre ancien et nouveau missel et surtout de jeter le trouble chez les paroissiens.
Le Pape a toujours été favorable à la messe en latin. Bien avant son élection, le cardinal Ratzinger regrettait « les fanatismes » du débat post-conciliaire sur la liturgie. Il s'était déclaré personnellement favorable à plus de « générosité » envers les traditionalistes, ni voyant aucun danger ni aucune source de scandale.
Un décret de son initiative
En mars dernier, Benoît XVI avait confié aux cardinaux son désir de se rapprocher des traditionalistes et de mettre fin au schisme. Alors qu'il autorisait la création de l'Institut du Bon Pasteur, pour accueillir d'anciens membres de la Fraternité Saint-Pie X, il demandait au cardinal Dario Castrillon Hoyos, en charge du dossier, de travailler sur une première ébauche du texte. Il est ensuite passé entre les mains des « ministères » en charge des rites et des textes législatifs.
Le Pape l'a déjà relu au moins à deux reprises, preuve que le document ne va pas sans poser problème. Il suscite des oppositions. Au Vatican, on reste donc très prudent pour confirmer ou infirmer une date de publication avant la fin de l'année. Le texte ne serait pas encore mûr, le Pape ne serait pas pressé, le temps ne serait pas encore venu. De nombreux cardinaux ont fait discrètement connaître leurs réticences. Si Benoît XVI consulte beaucoup avant de prendre une décision, il tranche seul.
Ainsi, pour affirmer une décision qui risque de faire des vagues, le Pape a choisi de promulguer son texte sous la forme d'un décret relevant de sa propre initiative.