15 octobre 2006

Panique chez les conciliaires - par l'abbé Pierre Barrère
Bulletin de Sainte-Anne n° 181 d'octobre 2006 - Mis en ligne par laportelatine.org
C'est une véritable panique qui s'est emparée de la presse dite catholique à la nouvelle du « retour » de l'abbé Philippe Laguérie et de son Institut du Bon Pasteur dans ce que certains malvoyants appellent « le périmètre visible de l'Eglise. »

L'accueil des modernistes n'est pas des plus enthousiastes, visiblement, les cinq moutons perdus et retrouvés ne causent pas à ces messieurs toute la joie évangélique bien connue pour un seul pécheur qui fait repentance. Peut-être suspectent-ils que ce sont des loups déguisés qui sont entrés dans leur bercail, loups qui ne veulent rien moins que déchiqueter toute leur pastorale délirante. De toutes façons les réactions haineuses des partisans de l'ouverture à tout ce qui n'est pas catholique dévoilent leur sectarisme outrancier dès qu'il s'agit d'une simple impression d'approbation de la Tradition.

Le journal « la Croix », la revue « la Vie » montrent à satiété que ceux qui sont chargés de former l'opinion des chrétiens ne sont pas du tout d'accord avec la décision de Benoît XVI de donner si facilement un droit d'existence à ceux qui hier encore étaient bel et bien entièrement chez nous.

D'ailleurs ces prêtres qui les ont rejoint et sont maintenant chez eux, n' affirment-ils pas bien haut n'avoir rien abdiqué de leur passé ? Les modernistes les plus en vue et ceux qui sont à la pointe de toutes les nouveautés voient nettement une menace réelle pour les acquis obtenus par « leur grand Concile Vatican II » .

Aussi peut-on imaginer que ce petit débarquement de disciples de Mgr Lefebvre n'augure rien de bon pour le progressisme virulent en place ; il s'en trouvera forcément malmené : de cela nous nous réjouissons et ne pouvons que nous réjouir.

Mais il n'y a pas que des ultraprogressistes dans l'Eglise officielle, il y a toute une gamme de catholiques plus ou moins compromis qui sert sa cause, il y a même certains clercs qui portent la soutane et disent la messe en latin, gardent une sorte de rituel strict et dont la tournure d'esprit est franchement libérale, moderniste et donc condamnable. Depuis le pape saint Pie X, tout séminariste de 1ère année sait cela.

Tout ceci pour dire que ce n'est pas forcément en se plaçant à l'extrême droite des conciliaires que l'on peut le mieux rectifier les erreurs, même si par ailleurs on peut faire du bien.

Donc, attendons de voir. Face à ces évènements je voudrais simplement ici placer deux points de vue fort différents qu'il importe de ne pas confondre

1) - Le point de vue de certains catholiques de bonne volonté qui se trouvent - par une obéissance mal comprise - plongés depuis des décennies dans l'ambiance des églises d'aujourd'hui ( avec tout ce que cela implique : communion à la main, messe-repas, prédication douteuse, voire délirante etc..). Ce retour, s'ils le considèrent bien attentivement, doit les faire réfléchir et les amener à se poser la question inévitable : mais alors, pourquoi la Tradition représentée par la Fraternité St Pie X est-elle toujours excommuniée ? Pourquoi les cinq exclus qui sont selon leur dire- toujours les mêmes sont-ils reçus à bras ouverts par le Pape et les autres écartés ? En termes clairs : quel est le péché propre de Saint Pie X dont a été absout le bon Pasteur?

2)- Le point de vue de ceux qui sont toujours considérés excommuniés depuis 1988, le nôtre. Nous savons bien, pour notre part, que ceux du bon Pasteur sont pleinement traditionalistes d'intention, de coeur même ( faut-il rappeler que tous ont fait leur séminaire à Ecône, que tous ont approuvés les sacres ! ) mais vont-ils le rester longtemps dans une parfaite cohérence après s'être fâchés avec nos supérieurs? Voilà toute la question.

Pour nous, il n'est pas concevable de faire appel pour les ordinations et les autres sacrements (confirmation ou saintes huiles) à des évêques qui disent tous les jours- sans état d'âme- la nouvelle messe « messe de Luther », qui manipulent la liturgie on ne sait trop comment et qui sont ouvertement favorables à des erreurs manifestes qu'ils ne condamnent jamais nettement.

Conclusion. C'est une erreur pour le bon Pasteur de précipiter ses ordinations. Il ferait mieux plutôt de trouver un arrangement pour faire des prêtres avec un de nos évêques - c'est une valeur plus orthodoxe ( ils le savent pertinemment ) et c'est un moyen de rétablir avec souplesse les ponts.

Autrement, l'habitude d'une incohérence risque de s'installer définitivement chez eux au point de faire dépendre la Tradition du bon plaisir des Conciliaires, ce qui est déjà une fâcheuse attitude. Vous me direz : c'est impossible désormais, c'est trop tard ; que doit-on faire alors avec le cardinal Castrillon Hoyos qui est déjà le grand invité ? En fait, c'est simple, il suffit de le mettre bien assis dans les stalles durant la cérémonie, ça fera vraiment très joli ... et puis, un cardinal c'est intelligent mais ça doit aussi être humble, il comprendra.

Afin de mieux comprendre la complexité de la situation lisez attentivement le communiqué du district de France, il est long mais aussi suffisamment clair et apporte toutes sortes de nuances intéressantes...

Abbé Pierre BARRERE +