16 octobre 2006

Les lefebvristes espèrent du pape une levée de l'excommunication
Reuters - 16/10/2006, par Tom Heneghan
PARIS (Reuters) - Après 18 années de schisme, les catholiques traditionalistes ont espoir de regagner bientôt le giron de l'Eglise de Rome. Si l'intention prêtée au pape Benoît XVI de remettre à l'honneur le rite tridentin et la messe en latin se concrétise, "ce serait un grand geste, un acte de poids, de ceux que nous demandons depuis si longtemps", a déclaré Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, qui était à Paris durant le week-end.
L'évêque suisse schismatique espère aussi que le Vatican lèvera l'excommunication qui frappe depuis 1988 les évêques traditionalistes, sacrés sans l'accord du Saint-Siège par Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité décédé en 1991.
"Les choses vont dans la bonne direction. Je pense que nous parviendrons à un accord", a dit Mgr Fellay à des journalistes. "Les choses pourraient s'accélérer et arriver plus vite qu'on ne le pense", a-t-il ajouté.
Le Figaro de lundi précise que Mgr Fellay pourrait demander officiellement d'ici la fin du mois au pape la levée des excommunications, une condition posée par le Saint-Siège.
Cette lettre au pape, ajoute Le Figaro, est une réponse à un courrier envoyé il y a environ quatre mois par le cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé, qui assurait les traditionalistes d'une remise à l'honneur de la messe en latin et d'une levée de l'excommunication s'ils en faisaient la demande.
DIALOGUE RENOUÉ DÈS 2005
Mgr Fellay voit très bien la Fraternité Saint-Pie X obtenir de Rome un statut qui lui permettrait de garder son autonomie d'action et de parole. "Il pourrait y avoir une relation entre Rome et nous mais ce ne serait pas encore une relation juridique", a-t-il dit.
En août 2005, pour la première fois depuis le schisme de 1988, le dialogue avait été renoué entre le Vatican et la Fraternité Saint-Pie X, hostile aux innovations du Concile Vatican II, au début des années 60. Le pape Benoît XVI, élu en avril précédent, avait accordé une audience à Mgr Fellay, à sa résidence d'été de Castel Gandolfo.
Fondée en 1970, la Fraternité dénonce le "modernisme" et les "errements dogmatiques" qui ont, selon elle, suivi le concile.
Forte de quatre évêques et de 470 prêtres, présente dans 59 pays, elle marque son attachement à la "messe de toujours", en latin, et ne cache pas son aversion pour un "oecuménisme qui établit en fait l'égalité des religions" et symbolisé par la rencontre d'Assise en janvier 2002.
Benoît XVI, lorsqu'il n'était encore que le cardinal Josef Ratzinger, était apparu au Concile Vatican II comme un théologien libéral. Il a ensuite évolué vers des thèses plus conservatrices, au point de se voir affublé par ses détracteurs du sobriquet de "Panzerkardinal".