28 octobre 2006

Benoît XVI s'apprête à réhabiliter pleinement la messe en latin
28 octobre 2006 - ESM - eucharistiemisericor.free.fr
Benoît XVI s'apprête à réhabiliter pleinement la messe en latin
Entre recherche et pastorale, l'avenir des études liturgiques : du 26 au 28 octobre 2006, l'Institut Supérieur de Liturgie (ISL) organise un colloque international à l'occasion de son 50ème anniversaire.
Le 50e anniversaire de l’ISL méritait d’être salué par un colloque international, organisé sous le patronage de Mgr André Vingt-Trois, Archevêque de Paris, Chancelier de l’Institut Catholique de Paris, de Mgr Robert Le Gall, Président de la Commission épiscopale de Liturgie et de M. Pierre Cahné, Recteur de l’Institut Catholique de Paris. Il sera honoré par une intervention du Cardinal F. Arinze, Préfet de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, et par la présence de plusieurs archevêques, évêques et supérieurs religieux.
La fondation de l’ISL s’est faite au moment du Congrès international de Pastorale liturgique réuni à Assise du 18 au 24 septembre 1956 qui, dans le sillage de l’encyclique Mediator Dei de Pie XII, a inspiré le Mouvement Liturgique et préparé l’oeuvre de Vatican II. L’ISL fut donc dès le départ marqué par la relation entre recherche historique et théologique et souci des implications pastorales, deux dimensions fortement soulignées par la Constitution Sacrosanctum Concilium.
Le colloque s’inscrira dans cette tradition universitaire pour mettre en lumière les données actuelles de la recherche en liturgie et théologie des sacrements en considérant la relation entre recherche fondamentale et accompagnement des réalités pastorales.
La démarche comportera trois moments :
- entendre la hiérarchie de l’Église catholique exprimer les questions et les besoins en ce domaine central de la vie de l’Église
- croiser les questions et les points de vue des chercheurs et essayer d’approfondir les problématiques
- mesurer l’impact de cette réflexion sur la formation.
Hier à Paris, le cardinal Francis Arinze, préfet de la Congrégation pour le culte divin, est monté au créneau pour dénoncer les abus en matière liturgique, constatés dans l'Église catholique. Cette charge, dont il a précisé qu'elle ne s'adressait pas spécifiquement à la France, s'est déroulée dans le contexte houleux d'une opposition des évêques français à une éventuelle libéralisation du rite latin tridentin.
Le cardinal a tenu ces propos à l'occasion d'un colloque organisé par l'Institut supérieur de liturgie auquel ont participé plus de deux cents spécialistes et une vingtaine d'évêques français. Les archevêques de Paris et de Toulouse, Mgrs André Vingt-Trois et Robert Le Gall, ont ainsi saisi cette occasion pour faire part de leurs doutes et de leurs inquiétudes face à la restauration annoncée de l'ancien rite.
Le document que prépare le pape Benoît XVI en vue "d’encourager la messe en latin" prendra la forme "d’une Lettre apostolique - Motu proprio", "forme plus forte que la Lettre apostolique", livre-t-on encore au Vatican. La Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements travaille actuellement sur le texte, tout comme le cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé et président de la Commission Ecclesia Dei, en charge des traditionalistes dans l’Eglise. De source vaticane, le pape a revu le texte au moins "deux fois" et le document serait "presque prêt".
Le cardinal Arinze n'a pas souhaité aborder directement la question du rite tridentin, choisissant plutôt de dénoncer « la banalisation, la désacralisation et la sécularisation dans la liturgie », illustrant ainsi la volonté de Rome d'une reprise en main au niveau international. Le bras droit de Benoît XVI sur ces dossiers a ainsi dénoncé « ce maniérisme ouvertement égocentrique que nos assemblées du dimanche sont parfois obligées de subir » ainsi que « la fausse humilité » qui consiste pour un prêtre à « partager son rôle avec les laïcs ». Pour le cardinal, « la sainte liturgie n'est pas un domaine où règne la libre recherche ». Prenant la parole, Mgr Le Gall s'est défendu en regrettant que Rome « soit parfois trop attentive à des courriers venus de France qui relèvent de réelles anomalies ou irrégularités dans les pratiques liturgiques, mais sorties de leur contexte ».
En aparté, l'archevêque chargé des questions liturgiques au sein de l'épiscopat français a exprimé sa crainte qu'« en libéralisant l'ancien rituel, le Pape Benoît XVI fasse naître un front de défiance, de tristesse et de découragement vis-à-vis du Saint-Siège ». Mgr Le Gall espère que « toutes les réactions entendues en ce moment en France pourront amener Rome à moduler le texte en préparation ».
Le pape Benoît XVI, qui avait indiqué aux cardinaux son désir "de se rapprocher des traditionalistes" lors du consistoire de mars dernier, travaille aux conditions de l’élargissement de l’usage du missel préconciliaire. Il était jusqu’ici permis mais dans des conditions restrictives.
En effet, depuis la création de la Commission Ecclesia Dei par le Motu proprio du 2 juillet 1988, les prêtres peuvent célébrer la messe traditionnelle dans leur paroisse à condition que leur évêque les y autorise. Or, même si Jean Paul II avait alors demandé qu’on respecte partout "les dispositions intérieures de tous ceux qui se sentent liés à la tradition liturgique latine", beaucoup d’évêques sont encore réticents à l’usage du missel saint Pie V.
Dans son livre Le Sel de la Terre (1997), Benoît XVI (Card. Ratzinger) écrivait qu’il pensait "que l’on devrait être plus généreux dans le fait de consentir l’ancien rite à ceux qui le souhaitent". "On ne voit pas ce qu’il devrait y avoir de dangereux ou d’inacceptable", estimait-il.
Comme les autres évêques de France - exceptés peut-être les cardinaux Jean-Marie Lustiger et Jean-Pierre Ricard, reçus cette semaine par Benoît XVI - l'évêque de Toulouse ne sait pas grand-chose de ce texte. Sauf, dit-il, qu'il « pourrait donner une même valeur à l'ancien rite et à celui d'aujourd'hui ». Ce sentiment de mise à l'écart des décisions prises à Rome est partagé par les évêques français, qui craignent que l'unité de l'Église ne soit remise en cause.
Alors posons la question qui fâche: si à Rome, il arrive qu'on prenne des décisions concernant les diocèses français sans toujours consulter les évêques de France, n'est-ce pas parce qu'en "haut lieu" on s'est rendu compte qu'il n'y a plus grand-chose à attendre d'un épiscopat qui, depuis des années se montre surtout gallican, versatile et quelque peu léger au plan théologique?
De son côté, l'archevêque de Paris, qui aurait été lui aussi reçu par Benoît XVI cette semaine, a déploré qu'en France la liturgie ait été « instrumentalisée » dans un débat entre libéraux et traditionalistes.
Et oui, c'était en 2004, à la suite de la parution de l'Encyclique Redemptionis Sacramentum, des évêques français (pratiquant la méthode Coué) affirment qu'il n'y a pas de grands problèmes liturgiques dans les paroisses et que les orientations de Vatican II sont de façon générale correctement appliquées.
Pour conclure rappelons les paroles pleines d'espoir du Pape Benoît XVI lors des dernières journées mondiales de la jeunesse à Cologne : (...) "la religion recherchée comme une sorte de "bricolage", en fin de compte ne nous aide pas. Elle est commode, mais dans les moments de crise, elle nous abandonne à nous-mêmes. Aidez les hommes à découvrir la véritable étoile qui nous indique la route: Jésus Christ !"
Peut être serait-il temps de redécouvrir vraiment ce qui fait le coeur de notre foi, et par association, ce qui nous en sépare !