| "... égaux en droit et en dignité..." | 
| La Lettre de Paix liturgique - n°57 – 23 octobre 2006 | 
| Pour abonner un ami, une       paroisse, une institution et nous aider à développer notre mouvement,       envoyez un message à l'adresse suivante : contact@paixliturgique.com « L’Eglise considère       comme égaux en droit et en dignité tous les rites légitimement reconnus       » Vatican II constitution Sacrosanctum Concilium ► Avant même que       la presse ne se fasse l’écho répété des projets de notre Saint-Père       Benoit XVI de libéraliser la messe tridentine, de nombreux évêques       avaient déjà appliqué avec générosité les mesures recommandées par       le pape Jean Paul II. Voici ce que déclaraient il y a quelques semaines       trois évêques diocésains avec des paroles qui nous vont réellement       droit au cœur. A l’image du Bon Pasteur de l’Evangile, modèle des       évêques, ils tiennent un discours vrai et réconfortant. Appelons-les       pour le moment Mgr A, Mgr B et Mgr C pour goûter plus profondément ces       textes simples et forts : Mgr A : « J’ai donné la       permission et je donnerai la permission à tous les prêtres qui       souhaitent célébrer la liturgie selon le missel de 1962. Si un prêtre       me fait cette demande je m’inquiéterai de savoir s’il est prêt pour       cela. En conséquent je proposerai une formation appropriée les       préparant au rite – le latin et les rubriques. La raison pour cela est       que je considère la messe selon le missel de 1962 – et en particulier       avec l’encouragement de Jean Paul II – comme une chose normale, pour       tout prêtre qui le souhaite et qui est formé pour cela, qui peut être       mise à sa disposition et à celles des fidèles. » Mgr B : « Nous sommes très       heureux, naturellement, de nous conformer au souhait du Saint-Père d’être       généreux et d’utiliser l’indult. Mais il y a d’autres motivations       en plus de celle-ci. J’aime ce rite. J’ai été ordonné bien entendu       dans le rite tridentin, et dans mes premières années de prêtrise je       célébrais dans ce rite. Je peux voir dans cette célébration quelques       désavantages pastoraux notamment du fait de l'usage de la langue       latine... Cependant, je constate que les fidèles trouvent dans le rite       tridentin plus de dévotion, ou plus exactement une manière pour eux d’être       plus dévots. » Mgr C : « J’ai toujours       admis que dans la pensée du pape Jean Paul II, et je crois que c’est       toujours celle du pape Benoît XVI, les évêques devaient être très       généreux dans leurs autorisation de la célébration de la Sainte Messe       et des autres sacrements selon les livres liturgiques en vigueur en 1962.       C’est pourquoi j’ai toujours essayé de le mettre en oeuvre pour les       fidèles. En vérité, j’ai toujours accordé cette autorisation à tout       prêtre qui a demandé à bénéficier de l’indult pour célébrer la       messe selon le missel romain de 1962. » On pourrait croire qu’après       les annonces d’une décision prochaine du Saint-Père d’aller encore       plus loin dans sa décision de répondre aux aspirations légitimes des       fidèles attachés à la liturgie traditionnelle, de nombreux confrères       de Mgr A (Mgr Corrada, évêque de Tyler – USA), Mgr B (évêque de       Lincoln – USA) et Mgr C (Mgr Burke, archevêque de Saint Louis – USA)       s'associaient à cette pastorale d'amour et de réconciliation. Mais au contraire, aussitôt la       rumeur arrivée de l’imminence de ces décisions de Benoît XVI, voilà       que d’autres pasteurs se sont empressés de donner un avis bien       différent et bien triste sur le sujet. Laissons la parole à quatre d’entre       eux qui se sont exprimés publiquement ces jours derniers : Mgr W : « Si jamais on       voulait, de manière autoritaire, imposer un biritualisme, on serait dans       une situation grave et préoccupante. » « Il serait dommageable pour l'authenticité chrétienne et la vie de l'Eglise que deux rites différents soient les propriétés de groupes catholiques qui les brandiraient comme des étendards. Ou sinon, on n'est plus dans la logique catholique. » « Est-ce un acte de réconciliation ? J'ai plutôt l'impression que cela réveille des rapports de force, où il y aurait un gagnant et un perdant. » Mgr X : « Il y a la charité, la main tendue mais il y a à être vrai. Ces prêtres ne peuvent venir dans un diocèse sans l'accord de l'évêque des lieux, il n'est pas dans mon intention d'en accueillir, on ne peut rayer d'un trait le concile Vatican II. » Mgr Y : « On ne peut que       comprendre et accepter cette volonté de garder dans l’unité de l’Église       tous les fidèles ! Mais il est vrai qu’au niveau français, cela pourra       créer de graves difficultés, en particulier chez ceux qui sont demeurés       fidèles à Vatican II et célèbrent selon le rite de Paul VI. En France,       où nous sommes souvent contestataires, la question liturgique demeure       très idéologique, appuyée sur une histoire ancienne dont elle n’est       que la partie émergée. Libéraliser ce « rite extraordinaire », même       si son but est d’apaiser les esprits, risque donc d’exacerber les       oppositions et aussi de décourager ceux qui travaillent généreusement       en faveur de la liturgie. » Mgr Z : « Il va sans       dire que nous suivrions la détermination de Benoît XVI, même si nous la       regretterions et en redouterions les répercussions négatives dans le       peuple chrétien majoritairement attaché, quoi qu'on en dise, à la messe       dite de Paul VI. » « La coexistence de deux       rites à la fois très proches et très différents, comme on vient de le       montrer, est une totale nouveauté dans l’histoire de l’Eglise d’Occident.       Les rites latins que le Missel de 1570 avait laissé subsister en raison       de leur ancienneté de plus de deux cents ans (comme le rite lyonnais, le       rite cistercien ou le rite dominicain) n’étaient en fait que des       variantes du rite romain ; la plupart, comme le rite dominicain, ont       disparu avec l’Ordo Missae de Paul VI. Si elle devait s’installer       durablement, cette coexistence finirait selon moi par nuire à l’unité       de l’Eglise catholique. Ce n’est pas une question de tolérance, mais       de la célébration eucharistique. » ► Quelle       déception, quelle tristesse, quel contraste entre ceux qui avec       bienveillance et amour se portent au chevet de n’importe quelle brebis       du troupeau qui leur est confié et ceux qui ne voient que les défauts de       leur troupeau… surtout après cette annonce des projets du pape qui sont       pleins d’amour et de souci d’unité. Ah, n’oublions pas       effectivement de dire qu’il faut vivre en France pour lire ces       déclarations ! L’Eglise d’Amérique est bien loin de nous et de       Mgr W (Mgr Lacrampe, archevêque de Besançon), Mgr X (Mgr Dagens,       évêque d’Angoulême), Mgr Y (Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse) et       Mgr Z (Mgr Raffin, évêque de Metz). Ces sentences épiscopales       nous blessent profondément et appellent de notre part quelques remarques. ► Pourquoi       décréter unilatéralement, sans expérience de terrain et avant même d’avoir       lu le texte du Pape, que la liberté sera en matière liturgique       créatrice de « situation grave et préoccupante » et nuira à l’unité       de « l’Eglise catholique » ? Pourquoi décréter que les choses se       passeront mal ? La liberté ferait-elle donc peur à certains hommes d’Eglise       ? Pourquoi ? ► On voudrait donc       nous expliquer qu’il y aurait une menace pour « l’unité de l’Eglise       catholique », mais de qui se moque-t-on ? Il y a à peu près autant de       nouvelles liturgies dans les diocèses qu’il y a de prêtres à les       célébrer. D’une paroisse à une autre, d’une équipe d’animation       pastorale à une autre il y a généralement un monde… Cette situation       où la créativité et une certaine conception de la « participation       active des fidèles » sont la règle, ne semble pas émouvoir outre       mesure nos « bons pasteurs de l’unité ». Nous le comprenons donc bien,       la crainte d’une atteinte à l’unité de l’Eglise n’est en       réalité qu’un mauvais procès. En effet, disons tout d’abord avec       force que la liberté de culte ne saurait constituer une atteinte       quelconque à l’unité du troupeau. Il existe aujourd’hui des       évêques courageux et généreux comme le cardinal Ricard, monseigneur       Rey et beaucoup d’autres qui ont su accueillir leurs enfants attachés       à la liturgie traditionnelle de l’Eglise comme n’importe lequel de       leurs autres enfants. Demandons donc à ces évêques là, ceux qui ont un       bilan et qui ne se contentent pas d’affirmer les mêmes inepties de       manière incantatoire depuis trente ans, si oui ou non, l’unité de       leurs diocèses a souffert de la coexistence des deux missels. Visiblement       Nosseigneurs A, B et C ont un avis assez explicite sur le sujet… La situation actuelle est elle       donc si satisfaisante pour l’unité de l’Eglise ? Nous osons poser la       question alors que dans de nombreux diocèses de France, comme à Reims,       Langres, Annecy, Chambéry ou Metz et beaucoup d'autres… des évêques       refusent le fait même de rencontrer les fidèles attachés à la liturgie       traditionnelle ; d’autres comme à Troyes proposent des solutions       restrictives et humiliantes et n’accueillent finalement pas ces enfants       attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise comme les autres.       Rappelons simplement qu’aujourd’hui encore, pouvoir assister chaque       dimanche dans des conditions normales à la messe tridentine, faire       baptiser son enfant dans le rituel ancien, avoir une messe de mariage ou       de funérailles célébrée dans la liturgie traditionnelle est       généralement difficile et souvent… impossible ! L’atteinte à l’unité de l’Eglise       n’est pas un danger à venir, c’est une réalité vécue dans nos       paroisses depuis plus de trente ans. Depuis toutes ces années, les       fidèles et les prêtres attachés à la liturgie tridentine ont été       chassés de leurs paroisses, de leurs troupes scouts, de leurs écoles, on       les a méprisés, calomniés et traités comme des chrétiens de seconde       catégorie. Les craintes actuelles de nos       nouveaux prophètes de malheur sont à la hauteur de l’apartheid       liturgique qui sévit en France depuis plus de trente ans et de la       politique de l’autruche qui feint encore de ne pas voir l’attrait de       fidèles de plus en plus nombreux et souvent très jeunes pour cette       antique liturgie. Certes, il serait plus confortable, pour tous ceux qui       ont toujours refusé d’accueillir les mesures d’apaisement du       Saint-Père, de continuer à faire l’unité… entre eux… sans       diversité, sans tenir compte des très nombreuses vocations issues des       séminaires traditionnels… Nous ne comprenons pas que des       hommes d’Eglise jouent sur les peurs et agitent de vieux épouvantails       usés. Cette attitude ne nous semble pas digne. Redisons-le : Nous sommes des       catholiques, unis au Souverain Pontife Benoît XVI et à nos évêques.       Comme le Concile Vatican II nous y invite en déclarant « que la       sainte Mère l'Église considère comme égaux en droit et en dignité       tous les rites légitimement reconnus » (Constitution Sacrosanctum       Concilium), nous souhaitons vivre notre foi au rythme de la liturgie       traditionnelle. Pour cela, nous souhaitons que partout où une demande se       fait jour, des prêtres bien disposés et disponibles, célèbrent chaque       jour la messe selon le missel de 1962 et selon le calendrier liturgique       grégorien ainsi que l’ensemble des autres sacrements dans le rituel       traditionnel. Nous souhaitons être incorporés pleinement dans la vie des       diocèses, dans la pastorale et développer officiellement des œuvres       telles que le scoutisme où les écoles catholiques avec notre charisme       liturgique propre. Ce sont là nos uniques souhaits et motivations et nous       n’accepterons plus que des esprits particulièrement malintentionnés       maquillent ces souhaits exclusivement religieux en amalgames honteux. La liberté liturgique ne doit       pas nous faire peur. Au contraire, elle est un moyen extraordinaire pour       favoriser la vraie paix liturgique dans tous les diocèses. Pour notre       part, nous sommes prêts à nous engager de toutes nos forces dans cette       belle mission. Merci Très Saint Père pour       toutes es décisions que vous avez prises et pour toutes celles que vous       continuerez à prendre !  Sylvie Mimpontel 
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