21 octobre 2006

Mgr Gérard Defois : « La réconciliation ne peut se faire au prix d’un trait tiré sur le concile »
Propos recueillis par Sophie de Ravinel - lefigaro.fr -  21 octobre 2006
Mgr Gérard Defois : « La réconciliation ne peut se faire au prix d’un trait tiré sur le concile » L’archevêque de Lille n’est pas hostile à la réhabilitation de la liturgie traditionnelle. Mais il critique la « vision du monde de ceux qui s’en font les défenseurs » .

LE FIGARO. – Que pensez-vous d’une réhabilitation de la liturgie latine de saint Pie V ?
Mgr Gérard DEFOIS. – Cette liturgie a formé des générations de chrétiens et possède une vraie grandeur ! Le problème n’est pas là. Il réside dans la vision du monde souvent véhiculée par ceux qui s’en font les défenseurs, dans leur refus d’une adaptation de l’Église à la société moderne, dans leur lecture intégraliste de l’évangile du Christ roi qui confond le règne de Dieu avec celui des hommes. Il peut y avoir des collusions intellectuelles entre certains courants extrémistes politiques et des légitimations religieuses. Il faut être vigilant. J’ai aussi en mémoire certaines homélies qui furent des tissus d’injures contre le Pape ou de violentes occupations d’Églises…
Benoît XVI ne pense-t-il résoudre par ce biais la question lefebvriste ?
Dans quel état d’esprit vont-ils rejoindre le troupeau et participer à la communion de l’Église ? Je me le demande… La réconciliation ne peut se faire au prix d’un trait tiré sur un concile qui fait partie de la tradition dogmatique de l’Église. Encore une fois, la restauration du rite tridentin ne me dérangerait pas. Mais à condition de traiter les questions relatives à l’oecuménisme, au rapport entre les religions, à la liberté de conscience. Bref, à tout ce que Jean- Paul II a considéré comme fondamental dans sa première encyclique, « Le Christ rédempteur de l’homme ».
Que proposeriez-vous ?
Je suis toujours étonné des crispations liturgiques. Le problème est d’abord spirituel et dogmatique, cela fait trente-quatre ans que j’en fais l’expérience. Nous devons approfondir le dialogue, C’est la parole de Dieu et la tradition de l’Église qui doivent nous rassembler, pas une négociation politique. Or cela me semble encore le langage dominant de certains. À Rome, le cardinal Castrillon Hoyos peut arriver à établir des ponts. C’est bien. À condition que cela se fasse en vérité. Quoi qu’il en soit, je suis très à l’aise avec la théologie de Benoît XVI et je lui fais toute confiance.