8 septembre 1978

[Mgr Lefebvre - FSSPX - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs (n°15)] "Depuis notre dernière lettre des événements notables se sont produits dans l’Eglise : la mort de Paul VI et l’élection de Jean Paul 1er..."


SOURCE - Mgr Lefebvre - FSSPX - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs (n°15) - 8 septembre 1978

Chers Amis et Bienfaiteurs,

Depuis notre dernière lettre des événements notables se sont produits dans l’Eglise : la mort de Paul VI et l’élection de Jean Paul 1er. Certes, ces événements sont loin de nous laisser indifférents, tant notre désir de voir l’Eglise libérée des modernistes et progressistes qui l’occupent, est grand. Depuis bientôt 20 ans nous prions Dieu de donner à son Eglise de vrais apôtres animés de la foi catholique qui lui a procuré ses Martyrs, ses Confesseurs, ses Docteurs, ses Vierges et tous les Saints et Saintes qui illustrent son histoire et prouvent la fécondité de sa doctrine, de son Sacrifice, de ses Sacrements.

Nous tremblons à la pensée que cette infiltration du modernisme, c’est-à-dire du naturalisme, dans l’Eglise puisse continuer. Les conséquences de ce véritable cancer sont les plus graves que l’Eglise ait eu à subir au cours de son histoire, soit : la corruption de la foi catholique chez de nombreux Evêques et un grand nombre de prêtres, de religieux et religieuses. Ces clercs raisonnent comme des modernistes et des protestants : témoin le livre qui vient de paraître sous le titre « Des Evêques disent la foi de l’Eglise catholique ». Les notions de grâce sanctifiante, de péché originel et de ses conséquences, du péché mortel, du Sacrifice expiatoire et satisfactoire de Notre Seigneur continué sur nos autels, sont toutes corrompues.

On retrouve ainsi toutes les erreurs du libéralisme, de l’américanisme, du Sillonisme et du modernisme condamnées par les Souverains Pontifes. Ajoutez à cela la théologie de la libération qui est une interprétation marxiste de l’Evangile, interprétation sacrilège et outrageuse pour Notre Seigneur, et alors ne nous étonnons plus que la patience de Dieu nous annonce ses limites. Tout semble s’effondrer autour de nous, parce qu’on a abandonné Celui qui est le fondement de toutes choses, qui est la Vérité, la Voie et la Vie : Notre Sauveur bien aimé Notre Seigneur Jésus-Christ.

C’est aussi en raison de ces constatations que nous voulons demeurer d’autant plus fidèles à Notre Seigneur, à son Règne, à sa Croix, à son Sacrifice, à ses Sacrements, à son enseignement fidèlement transmis par les Successeurs de Pierre pendant près de 20 siècles.

Demandons à Saint Pie X de guider les pas de Jean Paul 1er. Que la Vierge Marie jalouse de l’intégrité de la foi autant que sensible à tout ce qui trahit son Divin Fils, vienne au secours de son Eglise.

* * *

Par la grâce de Dieu, le secours de vos prières et votre générosité, la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, Pères, Frères, Religieuses, agrégés, s’étend si rapidement qu’il devient malaisé d’en donner des nouvelles complètes. Nous souhaitons donc que chaque Supérieur de district, ou Supérieurs de prieurés autonomes complètent ces nouvelles pour leur région.

Le 29 juin nous avons ordonné 18 prêtres dont 2 pour le Monastère de Bédoin de Dom Gérard et 16 pour la Fraternité. Tous vont prendre leur ministère en ce mois de septembre. Il faudrait en ordonner quatre fois plus pour répondre aux demandes qui nous viennent de tous les continents et de tous les pays. Partout des fidèles se sentent abandonnés ou trahis par le clergé. Ils ne retrouvent plus l’Eglise catholique, mais un culte et une doctrine modernistes. Les parents s’émeuvent pour leurs enfants.

Le Japon, Les Indes, l’Australie, l’Amérique du Sud, l’Afrique du Sud, sans compter tous les pays où nous avons déjà des missionnaires, nous supplient d’envoyer de vrais prêtres. De partout également se lèvent des vocations. Cette dernière année a été surtout marquée par un apport de l’Amérique du Sud et de l’Italie. Ce sont 65 nouveaux qui entrent cette année dans nos trois Séminaires. Le quatrième s’ouvrira au mois de Mars à Buenos-Aires.

Le Séminaire de langue allemande est désormais transféré de Weissbad à Zaitzkofen en Allemagne entre Munich et Ratisbonne. Weissbad servira pour les vocations qui se préparent au grand Séminaire. A Madrid et à Bruxelles des sièges sont ouverts où la Fraternité commencera à exercer son ministère. A Albano, la deuxième année du Séminaire d’Ecône se transfère pour acquérir plus de latinité et de Romanité durant cette année d’études.

A St. Mary de Kansas aux U.S.A. la Fraternité a acquis un centre important où se trouve un grand sanctuaire dédié au Cœur Immaculé de Marie, où pourront s’organiser des pèlerinages, des exercices spirituels et peut-être un collège plus tard.

Onze nouveaux postulants frères ont fait leur demande d’entrée, 15 postulantes religieuses au Noviciat de St-Michel en Brenne, 12 postulantes au Carmel de Quiévrain en Belgique. Et si l’on ajoutait toutes les vocations dans les divers postulats des Congrégations qui gardent leurs saines Traditions, on serait émerveillé de ce vrai renouveau de l’Eglise où rayonnent vraiment les fruits de l’Esprit Saint et non les aberrations des charismatiques.

Comment ne pas conclure, là où est la foi de l’Eglise, là est sa sainteté ; là où est la sainteté de l’Eglise catholique, là est l’Eglise catholique. Une église qui ne produit plus de bons fruits, qui est stérile, n’est pas l’Eglise catholique.

Certes nous sommes peu de chose et le bien qui se fait par nous vient de Notre Seigneur et c’est bien pour cela que nous avons confiance. Car de rien II peut faire beaucoup. Toute l’histoire de l’Eglise le prouve. Notre Seigneur ne nous demande pas le succès. Cela le regarde. Il nous demande notre bonne volonté et notre disponibilité aussi bien d’ailleurs pour les croix et les épreuves, que pour les bénédictions.

Si ces quelques lignes atteignent les prêtres, les religieux et les religieuses qui luttent pour garder la foi et par le fait même la Tradition et en particulier le Saint Sacrifice de la Messe, qu’ils sachent que la Fraternité est prête, dans la mesure de ses moyens, à les soutenir spirituellement, moralement, matériellement.

Chers Amis et Bienfaiteurs, combien nous voudrions être à votre service pour votre sanctification, pour l’éducation et le soutien spirituel de vos enfants. Nous souhaitons ouvrir des écoles pour garçons spécialement. L’avenir des familles chrétiennes en dépend. Nous sommes très conscients de vos besoins. C’est pourquoi nous avons déjà des écoles à New-York et à Houston aux U.S.A. et que nous reprenons l’école de St-Michel de Château-roux en France.

D’autre part nous aussi nous comptons sur vous, sur vos prières, vos sacrifices, votre générosité, comme vous l’avez fait jusqu’à présent. Que Dieu vous le rende par Marie et Joseph, en abondantes bénédictions.

+ Marcel LEFEBVRE

en la fête de la Nativité de la Très Sainte Vierge Marie

8 septembre 1978

6 juillet 1978

[Mgr Mamie, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg] A propos d'Ecône

SOURCE - Mgr Mamie, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg - Évangile et mission - Semaine catholique en Romandie (bulletin du diocèse) - 6 juillet 1978

Mgr Marcel Lefebvre a donc ordonné dix-huit prêtres à Ecône, le 29 juin dernier, fête des saints Pierre et Paul.
L'un des nouveaux prêtres est M. l'abbé Aurèle Maillard, dont la famille réside à Lausanne. Dans son faire-part d'ordination, celui-ci annonce « qu'il célébrera sa première messe solennelle au Palais de Beaulieu à Lausanne le dimanche 9 juillet 1978 », et que Mgr Marcel Lefebvre fera l'homélie.

Il y a plusieurs mois déjà que j'ai fait savoir à M. l'abbé Maillard et à sa famille que je ne pouvais autoriser une telle célébration dans mon diocèse. En effet, le 17 juin 1976, Mgr Lefebvre a reçu une lettre du Saint-Siège par mandat spécial du Souverain Pontife, il lui était prescrit de « rigoureusement s'abstenir de conférer les ordres à partir du moment où il aura reçu la présente injonction ». Mgr Marcel Lefebvre, par ordre de S. S. Paul VI, ne peut plus conférer légitimement aucun sacrement.

J'ai non seulement le droit mais le devoir de rappeler que j'ai interdit à Mgr Lefebvre de prêcher sur tout le territoire de mon diocèse, et à M. l'abbé Aurèle Maillard de célébrer le saint sacrifice de la messe, d'entendre les confessions (je lui refuse la juridiction indispensable à la validité du sacrement de la réconciliation et du sacrement de mariage), de prêcher et d'exercer quelque ministère que ce soit, sacramentel ou non.

Les catholiques du diocèse, de même que tous ceux qui passeraient chez nous, doivent être avertis: nous leur demandons de ne pas participer la première messe du 9 juillet, car — comme je ai déjà dit en 1976 après l'ordination de M. l'abbé Denis Roch qui continue d'exercer sans aucun droit son ministère à Genève — on ne peut plus suivre de bonne foi Mgr Lefebvre, ou demander un service ecclésial ou ministériel aux prêtres ordonnés par lui, tant qu'ils ne se seront pas soumis au Pape et qu'ils n'auront pas reçu un mandat d'un évêque en communion avec le Pape.

Dès 1971, j'ai écouté Mgr Lefebvre, je lui ai écrit, je lui ai parlé seul à seul (Mt 18, 15). II ne m'a pas écouté. Il n'a pas écouté quelques-uns de ses meilleurs amis (Mt 18, 16). Tout récemment encore, il a refusé de me recevoir. J'ai donc été contraint, dans une inquiétude toujours plus grande pour ceux qui s'égarent ou qu'on égare, de parler à toute l'Eglise du diocèse (Mt 18, 17).

Nous remercions Dieu de nous avoir donné un Pape tel que S. S. Paul VI qui, avec patience, courage et charité, confirme ses frères (Lc 22, 32) dans la foi. Nous continuerons de travailler, de toutes nos forces et dans la fidélité, pour l'unité des chrétiens, chez nous d'abord, dans notre diocèse.

L'espérance et la charité demeurent toujours les plus fortes.

Fribourg, le 30 juin 1978.

+ Pierre MAMIE, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg.

8 juin 1978

[Mgr Marcel Lefebvre] Conférence donnée aux séminaristes d'Écône

SOURCE - Mgr Marcel Lefebvre - 8 juin 1978

[...] Par contre je pense qu’à la prochaine rencontre, ou avant la prochaine rencontre d’ailleurs, s’ils me demandent vraiment ce colloque, c’est moi qui leur poserai des questions. C’est moi qui les interrogerai, pour leur dire : – Quelle Église êtes-vous ? À quelle Église avons-nous affaire — moi je voudrai savoir —, si j’ai affaire à l’Église catholique, ou si j’ai affaire à une autre Église, à une Contre-Église, à une contrefaçon de l’Église ?… Or je crois sincèrement que nous avons affaire à une contrefaçon de l’Église et non pas à l’Église catholique. Pourquoi ? Parce-ce qu’ils n’enseignent plus la foi catholique. Ils ne défendent plus la foi catholique. Non seulement ils n’enseignent plus la foi catholique et ne défendent plus la foi catholique, mais ils enseignent autre chose, ils entraînent l’Église dans autre chose que l’Église catholique. Ce n’est plus l’Église catholique. Ils sont assis sur le siège de leurs prédécesseurs, tous ces cardinaux qui sont dans les congrégations et tous ces secrétaires qui sont dans ces congrégations ou à la secrétairerie d’État ; ils sont bien assis là où étaient leurs prédécesseurs, mais ils ne continuent pas leurs prédécesseurs. Ils n’ont plus la même foi, ni la même doctrine, ni la même morale même que leurs prédécesseurs. Alors ce n’est plus possible. Et principalement, leur grande erreur, c’est l’oecuménisme. Ils enseignent un oecuménisme qui est contraire à la foi catholique.

Et je dirai : – Que pensez-vous des anathèmes du Concile de Trente ? Que pensez-vous des anathèmes de l’Encyclique “Autorem Fidei” sur le Concile de Pistoie ? Que pensez-vous du “Syllabus” ? Que pensez-vous de l’Encyclique “Immortale Dei” du Pape Léon XIII ? Que pensez-vous de la “lettre sur le Sillon” par le Pape Saint Pie X ? de l’Encyclique “Quas Primas” du Pape Pie XI, du “Mortalium Animos” justement du Pape Pie XI contre l’oecuménisme, contre ce faux oecuménisme ? et ainsi de suite… Pensez-vous tout cela ? Qu’ils me répondent ! Qu’ils me répondent s’ils sont toujours d’accord avec tous ces documents des papes, avec tous ces documents officiels qui définissent notre foi. Ce ne sont pas des documents quelconques, ce ne sont pas des allocutions ou des conversations privées des papes, ce sont des documents officiels qui engagent l’autorité du pape. Alors?…

Je pense que l’on peut, que l’on doit même croire que l’Église est occupée. Elle est occupée par cette Contre-Église. Par cette Contre-Église que nous connaissons bien et que les papes connaissent parfaitement et que les papes ont condamnée tout au long des siècles. Depuis maintenant bientôt quatre siècles, l’Église ne cesse de condamner cette Contre-Église qui est née avec le protestantisme surtout, qui s’est développée avec le protestantisme, et qui est à l’origine de toutes les erreurs modernes qui a détruit toute la philosophie et qui nous a entraînés dans toutes ces erreurs que nous connaissons et que les papes ont condamnées : libéralisme, socialisme, communisme, modernisme, sillonisme et que sais-je ? Et nous en mourons. Les papes ont tout fait pour condamner cela. Et voilà que maintenant ceux qui sont sur les sièges de ceux qui ont condamné ces choses-là sont maintenant d’accord pratiquement avec ce libéralisme et avec cet oecuménisme. Alors nous ne pouvons pas accepter cela.

Et plus les choses s’éclairent, et plus nous nous apercevons que ce programme qui a été élaboré dans les loges maçonniques – tout ce programme, toutes ces erreurs ont été élaborées dans les loges maçonniques – et bien on s’aperçoit tout doucement et avec des précisions de plus en plus grandes qu’il y a tout simplement une loge maçonnique au Vatican. Et que maintenant quand on se trouve devant un secrétaire de congrégation ou un cardinal qui se trouvent assis dans le siège ou dans le bureau où se trouvaient de saints cardinaux, des cardinaux qui avaient la foi de l’Église et qui défendaient la foi de l’Église et qui étaient des hommes d’Église, et bien on se trouve devant un franc-maçon ! Alors est-ce que c’est la même chose ? Alors c’est bien, ils brandissent la même obéissance. Oui, autrefois, on nous disait d’obéir à la foi, on nous faisait faire le serment anti-moderniste, on nous faisait faire des professions de foi, et tout cela, mais maintenant ces gens-là, quelle foi ils nous demandent de professer ? Ce n’est plus la même. Alors on brandit toujours : obéissance, obéissance, obéissance ! Ah ! oui, mais quand même… Obéissance à l’Église, oui ! Obéissance à ce que l’Église a toujours commandé, oui ! Obéissance à la foi de l’Église, oui ! Mais obéissance à la Franc-Maçonnerie, non ! C’est cela, vous savez, c’est sûr!

Dernièrement on m’a apporté des documents qui semblent tout à fait véridiques, des documents qui montrent des correspondances entre Bugnini et le grand-maître de la Maçonnerie sur toute la réforme liturgique, dans lesquels le grand-maître de la Maçonnerie demande à Bugnini d’appliquer la réforme du fameux Rorca, le prêtre apostat qui, lui, avait prédit déjà tout ce qui devait se faire et avait déjà prévu tout ce qui devait se faire lorsque le Vatican serait occupé par la Maçonnerie : – Voilà ce qu’il faut faire. Et alors maintenant le grand-maître de la Franc-Maçonnerie demande à Bugnini d’appliquer cela ! Et le grand principe : il faut arriver à la “naturalizatione del Incarnatione”, donc désurnaturaliser l’Incarnation. Donc on arrive au naturalisme. Et il faut appliquer les principes de la langue vernaculaire, de la démultiplicité des rites, de la démultiplicité de la liturgie pour rendre la liturgie complètement confuse et mettre la confusion partout, et les oppositions entre les différents rites.

Bugnini répond qu’il est tout à fait d’accord pour cela, mais qu’il faudra un certain temps. Il faudra peut-être dix ans, mais en l’espace de dix ans, il y arrivera, et qu’avec la confiance que lui accordent particulièrement le Cardinal Lercarro et même le Pape Paul VI, avec cette confiance qu’il a, il est assuré de pouvoir arriver à ses fins. Et il nomme tous ceux avec lesquels il travaillera dans la Curie romaine, tous ceux qui, eux aussi, ont des attaches à la Maçonnerie, alors qu’il pourra travailler avec eux. Mais il faudra en placer certains, il faudra les mettre dans des congrégations afin de pouvoir mener le travail à bien. Il faut que toutes les congrégations soient plus ou moins infiltrées et noyautées par les membres de la Maçonnerie qu’il nomme : untel, untel, untel… Il faudra chasser celui-ci parce qu’il nous gêne, est contre nous, alors il faudra le faire mettre dehors. Il faudra supprimer la congrégation des rites – il met – mais ce n’est pas la congrégation des rites, c’est la congrégation des sacrements. Il a réussi à supprimer la congrégation des sacrements pour tout mettre sous la congrégation des rites, par conséquent tout mettre sous son autorité. Tout cela, il le dit dans les lettres au grand-maître de la Maçonnerie. Alors, qu’est-ce que vous voulez ? L’obéissance ? Ah ! non ! Qu’on ne nous parle pas d’obéissance!

On veut bien obéir, bien sûr. Nous sommes les plus obéissants à l’Église et à tout ce que l’Église a toujours enseigné, toujours voulu, mais pas à des hommes qui travaillent à la destruction de l’Église à l’intérieur de l’Église. L’ennemi est à l’intérieur de l’Église. Le Pape Pie X l’avait annoncé. La Salette l’avait annoncé. Fatima l’a annoncé. Tout a été annoncé de manière publique. On sait que l’ennemi va s’introduire à l’intérieur de l’Église. Eh bien, il y est ! Il y est!

Alors qu’ils ne viennent pas demander d’arrêter les ordinations ! Qui demande d’arrêter les ordinations ? Qui demandent de ne plus faire de bons prêtres ? Qui ? C’est le Saint-Esprit ou c’est le diable ? C’est clair, c’est clair ! Est-ce qu’un pouvoir normal dans l’Église peut demander à un évêque de ne plus faire de bons prêtres ? Est-ce qu’un pouvoir normal dans l’Église peut demander une chose pareille ? Demander de supprimer les séminaires, séminaires qu’ils savent bons ? Ils le savent, ils l’ont dit. Ils ont dit que c’était de bons séminaires. Ils savent que la doctrine qu’on vous enseigne est la vraie doctrine. Ils le savent, ils l’ont écrit, ils le savent parfaitement. Ils l’ont écrit dans le rapport des visiteurs. Les visiteurs l’ont dit. Ils ont fait un excellent rapport en faveur du séminaire. C’est ce que le Cardinal Garonne m’a dit à moi-même quand il m’a demandé de venir à Rome. Il a dit : – Oui, le rapport est bon. Nous savons que le séminaire est bon, etc. etc. Alors pourquoi fermer le séminaire ? Tout simplement parce que nous ne voulons pas suivre ces orientations maçonniques de l’oecuménisme, et toutes ces orientations nouvelles qui s’étaient forgées dans les loges maçonniques. Alors on veut fermer le séminaire. Et bien non, ce n’est pas possible ! Cela, ça ne vient pas du Saint-Esprit, ça ne vient pas de l’Église. Ce n’est pas l’Église qui nous demande de fermer le séminaire. Ce n’est pas l’Église. Ce n’est pas le pape en tant que pape, ceux qui sont là en tant qu’ils sont vraiment les successeurs de ceux qui étaient avant eux, non ! C’est une loge maçonnique qui est arrivée à pénétrer à l’intérieur du Vatican et qui mène tout, et qui évidemment ne peut pas nous sentir. C’est clair, c’est évident. Nous faisons obstacle à leur plan, à leur plan de destruction du sacerdoce, de destruction de la messe, de destruction de la liturgie. C’est évident.

Alors, est-ce que nous devons obéir ? Moi je crois en conscience devant le Bon Dieu, quand il me dit : – Réfléchissez bien devant Dieu en conscience à ce que vous faites… Et bien oui, j’ai tout réfléchi devant le Bon Dieu. Si je me trompe, que le Bon Dieu me donne la lumière pour me montrer que je me trompe, mais je ne crois pas. Je crois vraiment qu’en faisant ce que je fais, en ordonnant les prêtres que je vais ordonner, je crois que je sers l’Église. Je sers l’Église. Je ne le ferais pas si j’avais seulement un instant la pensée que ça pouvait être contraire au bien de l’Église, et bien je m’abstiendrais bien sûr de faire des choses pareilles ! C’est trop grave. Mais c’est bien le contraire!
Enfin, les faits sont évidents maintenant, les effets de cette réforme et de cette persécution de l’Église à l’intérieur de l’Église sont clairs pour tout le monde, ça devient de plus en plus clairs. Il suffit de lire la Documentation catholique à chaque fois pour s’apercevoir combien les idées fausses sont infiltrées dans les documents épiscopaux, dans tous les documents, toutes ces commissions théologiques. Lisez celui qu’on a donné à midi, des commissions de théologie. Mais c’est plein d’erreurs, c’est un esprit faux, un esprit qui n’est pas du tout l’esprit de l’Église ! Alors c’est pour cela que nous n’hésitons pas un instant et j’espère que le Bon Dieu continuera à nous bénir! [...]

19 mars 1978

[Mgr Lefebvre - FSSPX - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs (n°14)] "La Providence permet cette douloureuse crise de l’Eglise pour notre sanctification..."


SOURCE - Mgr Lefebvre - FSSPX - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs (n°14) - 19 mars 1978

Chers Amis et Bienfaiteurs,

La Providence permet cette douloureuse crise de l’Eglise pour notre sanctification et pour donner plus d’éclat à l’or pur de sa doctrine et de ses moyens de Rédemption. Cette passion de l’Eglise est un grand mystère, car elle atteint surtout sa Hiérarchie, ses clercs, qui semblent ne plus savoir ce qu’ils sont et ce pourquoi ils ont été institués.

Le Père du mensonge, Satan, comme l’appelle Notre Seigneur a le talent extraordinaire de découvrir des mots auxquels il prête un sens nouveau de telle sorte que par leur ambiguïté il fait passer l’erreur destructrice qui renverse les sociétés les mieux établies. Il l’a trouvé dans cet « œcuménisme » conciliaire qui a créé une Liturgie œcuménique, une Bible œcuménique, un catéchisme œcuménique, unissant la vérité et l’erreur, mariant le vrai et le faux.

Le fruit le plus désastreux de ce mariage c’est la Messe Catholico-protestante, source désormais empoisonnée qui produit des ravages incalculables : abandon de l’Eglise, abandon de la vraie foi, sacrilèges, déchirement de l’unité de l’Eglise, prolifération de toutes sortes de cultes indignes de l’Eglise.

Mais il est une conséquence à laquelle on ne songe pas assez c’est la destruction des Etats catholiques qui ne trouvent plus dans la Sainte-Messe, la source de l’unité politique basée sur l’unité de la foi catholique. Désormais l’Etat catholique doit lui aussi se transformer en Etat œcuménique, pluraliste, et bientôt laïque et neutre sinon athée, conformément au document œcuménique du Concile au sujet de la Liberté religieuse.

La Messe œcuménique mène logiquement à l’apostasie, on ne peut servir deux maîtres, on ne peut s’alimenter à la Vérité et à l’erreur indifféremment. C’est l’erreur qui flatte nos mauvais penchants qui l’emportera sur la Vérité plus austère et plus exigeante.

Il faut à tout prix demeurer attachés à la Vérité sans mélange. Pie IX a dénoncé avec vigueur ces catholiques libéraux qui croient pouvoir unir l’erreur et la Vérité, le bien et le mal, afin de plaire aux hommes de leur temps.

Que cet œcuménisme empoisonné nous vienne par la Hiérarchie ou non ce n’est pas le canal qui importe, c’est le poison qu’il faut refuser d’avaler. Il s’agit d’une obéissance stricte à Notre Seigneur, à l’Eglise de toujours, à tous les Successeurs de Pierre. Nous garderons donc la Liturgie catholique, la Bible et le catéchisme catholiques.

Et c’est bien pour cela qu’il nous faut avoir des prêtres catholiques et des Séminaires catholiques, des religieux et des religieuses catholiques, actifs et contemplatifs. L’Eglise catholique ne peut pas périr.

Chacun, à sa place dans l’Eglise, doit s’efforcer de demeurer catholique et de maintenir l’Eglise catholique. C’est sur cette résolution et sa réalisation que nous serons jugés par notre Divin Sauveur.

Chers Amis et Bienfaiteurs, nous devons à vos prières et à votre générosité d’avoir pu réaliser la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X avec ses 40 prêtres, bientôt 56, ses 3 Séminaires avec 150 séminaristes, ses frères, ses religieuses, ses oblates.

Nous sommes sur le point d’acquérir les immeubles nécessaires pour nos Séminaires américain et allemand. Nous espérons ouvrir un collège-séminaire en Allemagne et un en France, une maison d’exercices spirituels dans le nord de l’Italie, un début de grand Séminaire en Argentine, un prieuré à Madrid.

D’autre part les vocations nombreuses pour le Carmel nous obligent à venir en aide à la fondation du Carmel et bientôt au monastère des cisterciennes. Les maisons contemplatives sont nécessaires à la sainteté de l’Eglise. Elles ne le seront que dans la mesure où elles gardent leurs saintes traditions.

Vous pouvez envoyer vos correspondances à ces fondations : pour les Carmélites à la Maison St-Pie X de Suresnes, et pour les Cisterciennes à Notre Dame du Pointet. Les adresses complètes sont indiquées ci-joint.

Par cette liste vous pouvez vous rendre compte de nos besoins. Nous prions en ce mois de mars notre grand intendant, Saint Joseph, afin qu’il suscite de nouveaux bienfaiteurs et nous Le remercions de sa paternelle sollicitude à notre égard. Nous n’avons pas de dettes et nous ne capitalisons pas. Ce qui nous est donné ne tarde pas à servir à l’édification de l’Eglise et à sa vraie rénovation.

Nous souhaitons que nos maisons soient des centres de ferveur, de piété, d’accueil fraternel surtout pour les prêtres qui désirent partager la vie spirituelle et l’apostolat de nos prêtres.

Nous accueillons aussi volontiers des vocations de Frères auxiliaires de nos prêtres et des agrégés, qui s’unissent dans la prière et le travail aux membres de la Communauté. Ils peuvent s’adresser, comme les futurs prêtres, aux Supérieurs des districts ou des Prieurés, qui les mettront en relation avec les maisons de formation.

Dans ce monde qui méconnaît son Sauveur et Maître, Notre Seigneur Jésus-Christ, il est plus que jamais nécessaire que des âmes généreuses se fassent ses hérauts par la parole, par l’exemple, et par l’habit. Chaque autel détruit, chaque paroisse ou chapelle qui ferme représente une victoire pour le démon et des âmes qui se perdent.

Que vos prières et vos sacrifices interviennent auprès de Notre Seigneur par l’intercession de la Vierge Immaculée pour que ne cesse pas, mais augmente, la prédication de Jésus et de Jésus crucifié.

Que Dieu vous bénisse.

+ Marcel LEFEBVRE

en la fête de Saint Joseph 19 mars 1978