30 août 2006

Mgr Williamson : « … les esprits modernes sont très malades… et Benoît XVI a un esprit moderne… »
The Angelus / Stephen Heiner - 30 août 2006
Extrait mis en ligne par http://rorate-caeli.blogspot.com
Traduction | L'interview entière paraîtra dans le numéro d'octobre de The Angelus
EXCLUSIF : Mgr Williamson : « … les esprits modernes sont très malades… et Benoît XVI a un esprit moderne… »
Première partie de notre Interview Week (« Semaine des interviews » ?)
Voici, tiré du numéro d’octobre de The Angelus, un extrait de l’interview stupéfiante accordée à Stephen Heiner par Mgr Richard Williamson, l’un des quatre évêques consacrés par Mgr Marcel Lefebvre et co-consacrés par Mgr Antonio de Castro Mayer en 1988 au nom de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), un an exactement après la visite que Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité, a faite au Saint-Père à Castelgandolfo.
- … Votre Excellence, pour en revenir à l’interview que j’ai faite en avril de Mgr [Bernard] Tissier [de Mallerais, l’un des trois autres évêques consacrés en 1988] pour le compte du Remnant, l’abbé Anthony Cekada [clerc sédévacantiste assez connu en Amérique] a écrit en réponse un article disant que selon Mgr Tissier, professer l’hérésie ne tirait pas à conséquence. Cela reflète-t-il les propos exacts de Mgr Tissier ?
Mgr Tissier a sûrement voulu dire que ce qu’il appelle l’hérésie de Benoît XVI a de très graves conséquences, à savoir la destruction de l’Église catholique !
- Alors, que pensez-vous que l’abbé Cekada avait à l’esprit ?
De la destruction actuelle de l’Église, l’abbé Cekada conclut que Benoît XVI ne peut être vraiment pape. L’abbé Cekada souhaite certainement que Mgr Tissier parvienne à la même conclusion.
- Qui a raison ? L’abbé Cekada ou Mgr Tissier ?
Pour ma part, je crois que Benoît XVI est vraiment pape ; c’est pourquoi je pense que Mgr Tissier a raison.
- Mais alors, qu’en est-il de l’hérésie de Benoît XVI ?
Pour être hérétique au point de se mettre en dehors de l’Église catholique, donc de ne plus pouvoir en être la tête, c’est-à-dire le pape, il faut avoir conscience de nier ce que l’on sait être le dogme établi de la Foi catholique, car un tel déni équivaut à une apostasie délibérée. Devenir ou rester catholique est un choix. Si je sais ce qu’un catholique doit croire pour être catholique et si je refuse d’y croire, je choisis alors d’être un hérétique, non un catholique, et je me place en dehors de l’Église.
- Donc, l’abbé Cekada pense que tel est le cas de Benoît XVI, et vous êtes d’un avis contraire ?
C’est exact.
- Pourquoi ?
Parce que les esprits modernes sont très malades, et Benoît XVI a un esprit moderne, comme des millions et des millions de ses contemporains, y compris des hommes d’Église.
- D’abord, en quoi consiste cette maladie ? Ensuite, comment Benoît XVI ne peut-il en être conscient ?
Cette maladie consiste à croire qu’il n’existe pas de vérité immuable et objective qui exclue absolument l’erreur. Elle pourrait m’amener à croire, par exemple, que deux et deux font quatre, mais aussi qu’ils peuvent également faire cinq, six, six cent mille, etc. La « vérité » serait alors telle que mon esprit voudrait qu’elle soit. Mais l’esprit est fait pour la vérité objective comme les poumons sont faits pour l’oxygène, et un esprit sans apport de vérité extérieure est atteint d’une maladie mortelle, comme le sont des poumons sans apport d’oxygène extérieur.
- Et comment diagnostique-t-on cette maladie chez quelqu’un comme Benoît XVI ?
Benoît XVI croit que la « vérité » catholique est susceptible d’évolution. Par exemple, il voit dans des déclarations de vérité catholique aussi sérieuses que le Syllabus ou Pascendi de simples « ancrages substantiels » dans la doctrine de l’Église, voulant dire par là que l’Église peut s’y ancrer, et même le faire utilement pendant un temps, mais qu’à l’époque moderne, elle a besoin de nouveaux « ancrages substantiels » dans la doctrine. Il ne voit pas que de par sa nature même, cette doctrine catholique antimoderniste de ses prédécesseurs ne peut changer et que même un pape ne peut la changer. Son pauvre esprit, pourtant brillant, est malade de cette philosophie moderne – allemande, surtout – qui déconnecte l’esprit de son objet comme on couperait des poumons de leur source d’oxygène.
- Mais – et ce sera ma question complémentaire – comment se peut-il que Benoît XVI ne soit pas conscient de son état ? C’est un homme instruit, un prince de l’Église féru de philosophie et de théologie !
Oui, mais comme tant de princes de l’Église, même d’avant Vatican II, il est féru de fausse philosophie ! Et depuis notre époque malade, la fausse philosophie (deux et deux font quatre, mais peuvent aussi faire ou devenir cinq) est devenue la « norme » ; c’est pourquoi il ne peut imaginer qu’il puisse se tromper. Lorsque Jean-Paul II a promu le « conservatisme » conciliaire, deux mille évêques l’ont félicité d’être « conservateur », mais deux mille autres ont tiré sur lui à boulets rouges parce qu’ils le croyaient, eux aussi, « conservateur ». Seuls, deux évêques ont osé lui reproché en face de n’être pas du tout conservateur, puisqu’il était conciliaire. Humainement parlant – je le répète : humainement parlant –, comment aurait-il pu penser que les deux évêques en question étaient normaux et que les quatre mille autres étaient anormaux ? Comment n’aurait-il pu penser être lui-même « normal » ?
- Oui, au fait, comment ?
Au bon vieux temps, un pape catholique nommait au Saint-Office – connu alors sous le nom d’Inquisition – des théologiens très intelligents et très orthodoxes, qui interrogeraient aujourd’hui un néo-moderniste en ces termes : « Vous avez écrit que Pascendi n’était qu’un ˝ancrage substantiel˝. C’est une hérésie. Soit vous vous rétractez, soit le pape a pouvoir de vous excommunier. Choisissez. » Et le néo-moderniste devrait choisir, ayant été placé devant son hérésie par l’autorité de l’Église.
- En d’autres termes, un hérétique pouvait s’aveugler lui-même, mais notre Mère l’Église usait alors de l’autorité que Dieu lui avait conférée pour l’obliger à prendre conscience de son hérésie.
Exactement. Mais les clercs d’aujourd’hui sont privés de ce dernier recours, car ce sont eux l’autorité ! Ainsi que Mgr Lefebvre l’a dit dans les années soixante-dix aux membres du Saint-Office conciliaire qui l’interrogeaient sur son opposition au Concile : « C’est moi qui devrais être assis à votre place, et vous à la mienne ». Que Dieu le bénisse de n’avoir jamais perdu prise sur la vérité catholique objective !
- Donc, des hommes d’Église tels que Benoît XVI sont entièrement innocents de ce qu’ils font ?
Je n’ai pas dit cela. S’ils sont les autorités de l’Église de Dieu, alors en toute logique, le Seigneur Dieu met à leur disposition toutes les grâces dont ils ont besoin pour bien conduire l’Église, et s’ils la fourvoient, ils refusent ces grâces, ce qui signifie qu’en leur for intérieur, ils ne peuvent être innocents. Mais on aborde là des arcanes si secrets que Dieu seul peut en être juge.
Note sur la situation des fidèles traditionalistes dans le Diocèse aux Armées Françaises
Patrick Le Gal, évêque aux Armées Françaises - 30 août 2006
Mise en ligne par le forum catholique
Lors de l’assemblée de la Conférence des Evêques de France à Lourdes en avril 2006, il a été question de la situation des chrétiens et des communautés traditionalistes. Plusieurs interventions orales à l’occasion de ce débat ont évoqué une présence marquante de fidèles traditionalistes parmi les militaires. A la suite de ce débat, j’ai rédigé une note sur ce sujet pour présenter de façon plus objective la situation. Cette note a été adressée à tous les évêques après relecture et correction par le Conseil Presbytéral de juin 2006. On lira ci-après les deux derniers paragraphes de cette note qui rappelle la discipline en vigueur dans le D.A.F. à cet égard.
1 - L’application dans le D.A.F. de l’indult «Ecclesia Dei»
Du fait de la spécificité du diocèse aux Armées, de la dispersion de ses fidèles sur tout le territoire national et au-delà, il n’est guère possible d’envisager -sauf dans un ou deux cas où le diocèse civil répond pleinement aux demandes éventuelles (à Paris en particulier)- l’application de l’indult «Ecclesia Dei».
En effet, la messe dominicale -principalement concernée- n’est pas célébrée systématiquement dans les différentes garnisons et il n’y a quasiment jamais deux messes dominicales, la même semaine, dans une même chapelle militaire. La raison en est qu’aujourd’hui les unités militaires sont quasiment vides pendant le week-end et la pastorale aux Armées se vit principalement aux heures de travail.
En opération et dans les lieux isolés, il en va différemment, mais alors il n’est guère pensable de multiplier les messes dans un même lieu pour un public d’ailleurs restreint.
Si la question de principe de l’application de l’indult «Ecclesia Dei» dans les Armées m’a été plusieurs fois posée par des militaires concernés, ma réponse invariable a, dans la plupart des cas, été bien reçue : compte tenu de la spécificité et de la dispersion du diocèse, l’indult «Ecclesia Dei» ne reçoit pas d’application aux Armées mais les militaires qui le souhaitent sont invités à fréquenter les lieux du diocèse civil de leur résidence désignés par l’autorité épiscopale locale.
Quand des demandes particulières ont été présentées pour des mariages, des baptêmes et des obsèques, généralement, ces demandes ont abouti dans le cadre des lieux «Ecclesia Dei» des diocèses civils. Dans quelques cas, le diocèse aux Armées a facilité les choses en prenant directement les contacts nécessaires avec le diocèse civil concerné. Quelques cas peu nombreux n’ont pas pu être résolus de façon satisfaisante (mariages).
L’effort du diocèse est davantage tourné vers l’attention à la qualité de la préparation et des célébrations liturgiques, que vers l’application de l’indult «Ecclesia Dei», dans l’état actuel des dispositions romaines à ce sujet.
En ambiance internationale, la langue latine pour l’ordinaire de la messe peut trouver sa place, y compris pour les chants.
2 - Situation des prêtres appartenant à des communautes « Ecclesia Dei »
Depuis une dizaine d’années, des prêtres issus de communautés « Ecclesia Dei » ont été nommés aumôniers militaires, certains à temps partiel, d’autres à plein temps. Leur nombre s’est élevé jusqu’à huit. Il est aujourd’hui de quatre, dont deux à plein temps.
Chaque fois qu’un prêtre appartenant à une communauté « Ecclesia Dei » est disposé à entrer au service des Armées, il lui est systématiquement demandé d’accepter par écrit la discipline du diocèse en matière liturgique (cf. § 1) -dans le cadre évidemment de sa participation à la pastorale aux Armées-. Cet accord de principe est également présenté à son supérieur pour ne pas mettre l’intéressé dans une situation délicate par rapport à la discipline propre à sa communauté. Il faut préciser ici que le ministère d’aumônier militaire, surtout dans des postes à temps partiel, implique généralement une faible activité liturgique.
Dans quelques cas, il a été convenu que le prêtre « Ecclesia Dei » ferait appel à tel ou tel autre aumônier pour la célébration de la messe (par ex. pour la fête patronale de l’arme) tout en assurant lui-même l’accueil et l’homélie, le cas échéant.
Dans plusieurs cas, après les autorisations nécessaires, l’aumônier « Ecclesia Dei » a choisi de célébrer lui-même selon le rite de Paul VI.
Patrick LE GAL
Evêque aux Armées Françaises
Le 30 août 2006

20 août 2006

"...emprunts d'une très grande courtoisie et d'un grand respect..."
Message de l'intendant de Notre-Dame de Paris, sur le blog de Patrice de Plunkett - 20 août 2006 - plunkett.hautetfort.com
Xavier Nolveau (intendant de la cathédrale) nous écrit, à propos de la note du 15 août : Cher Patrice et lecteurs - En tant qu'intendant de la cathédrale de Paris, je tiens à remercier Patrice de Plunkett pour ce compte rendu fidèle. Une seule petite correction: les Renseignements Généraux ont comptabilisé 8000 personnes dans la procession du 15 août ; ils ne prennent pas en compte les participants non marcheurs situés sur les trottoirs. Le 14 août, lors de la procession fluviale, 3800 personnes étaient passagers de nos navires. Je tiens à signaler que même mes rapports avec la procession de Saint-Nicolas du Chardonnet ont été emprunts d'une très grande courtoisie et d'un grand respect, notamment de la part de l'abbé Chotard. En effet, un "dysfonctionnement préparatoire" de la Préfecture faisait "croiser" à deux reprises nos processions. Remarque entendue plusieurs fois dans leur procession: "Vivement le temps où nous honorerons ensemble la Sainte Vierge; nous serons alors plus de quinze mille" ! A l'an prochain, ou bien le 3/09 pour l'inauguration de la place Jean-Paul II.
Xavier NOLVEAU
intendant de la cathédrale de Paris

12 août 2006

[Aletheia n°96] Un ouvrage inédit de Soeur Lucie de Fatima - par Yves Chiron


Aletheia n°96 - 12 août 2006
Un ouvrage inédit de Soeur Lucie de Fatima - par Yves Chiron
L’ouvrage, inédit, de Sœur Lucie, la dernière des voyantes de Fatima, décédée il y un an, était annoncé comme devant paraître aux Editions Parole et Silence (Agence Zenit le 2 juin 2006, cf. Aletheia n° 93, 4 juin 2006). À ce jour, l’ouvrage n’est pas paru à ces éditions. En revanche, il existe déjà en portugais, en anglais, en allemand, en italien… et en français à Fatima[1]. En voici donc une présentation.
Dans son titre complet, l’ouvrage s’intitule : Comment je vois le message à travers le temps et les événements. Il existe des Mémoires de Sœur Lucie, dont on sait qu’ils furent rédigés à partir de 1935. Selon Sœur Lucie elle-même, ces Mémoires ont été écrits « à la hâte, sans avoir eu le temps nécessaire d’entrer dans les détails » (p. 9 de Comment je vois…). L’appréciation est vraie pour le premier Mémoire, rédigé en moins de quinze jours. Mais ce 1er Mémoire a été complété par quatre autres[2]. Pourtant, à la demande de son confesseur, Sœur Lucie a accepté d’écrire encore sur les faits de 1917 et leur préparation. D’où ce nouveau livre, posthume parce qu’inachevé (le récit et le commentaire de Sœur Lucie ne vont pas au-delà de l’apparition d’août 1917).
Les apparitions angéliques préparatoires et les quatre premières apparitions de la Vierge font l’objet non pas d’un nouveau récit complet, mais de précisions, et surtout d’un commentaire spirituel et doctrinal.  Ce commentaire relève à la fois de l’exégèse et de l’interprétation.
On ne retiendra, ici, que quelques points saillants de ce livre :
• Concernant l’apparition du 13 juin. Sœur Lucie avait déjà écrit : « Elle [la Sainte Vierge] ouvrit les mains et nous communiqua, pour la seconde fois, le reflet de cette lumière immense. En Elle, nous nous vîmes comme submergés en Dieu. » Cette fois, sa description est plus précise et son commentaire donne le sens d’une telle grâce : « …la céleste Messagère, dans un geste de protection maternelle, ouvrit les bras et nous enveloppa dans le reflet de la lumière de l’Etre immense de Dieu.
Cette grâce nous marqua pour toujours dans l’ordre du surnaturel. »
• Le 13 juillet, les trois voyants eurent une vision, effrayante, de l’Enfer. Dans un entretien accordé en 1992 au cardinal Padiyara – entretien dont la teneur, publiée, a été injustement contestée – , Sœur Lucie avait dit : « L’enfer est une réalité. C’est un feu surnaturel et non physique et qui ne peut être comparé au feu qui brûle, feu de bois ou de charbon, ni à ces feux que certains ont l’habitude de mettre ici, dans nos forêts.[3] » Cette fois, elle commente ainsi cette vision de l’enfer du 13 juillet 1917 : « on voyait le feu, mais ce que je ne sais pas, c’est de quelle sorte de feu il s’agissait. Ce n’était certainement pas un feu matériel, comme les feux que nous sommes habitués à voir sur la terre. Dans l’ordre du surnaturel, il n’existe pas de matériaux pour alimenter pareil feu. […] quel est le combustible qui alimente cette fournaise qui brûle toujours sans diminuer ni s’éteindre ? Et nous ne savons pas combien d’autres feux Dieu a pu allumer dans le domaine du surnaturel, chacun étant adapté à la fin pour laquelle Dieu l’a créé. Dans les œuvres de la création, nous voyons qu’il y a beaucoup de secrets que les hommes, malgré tout leur savoir, ne sont pas encore venus à percer. Nous ne sommes vraiment rien devant la toute-puissance de Dieu ! […] Quoi qu’il en soit, ce qui est certain, c’est que l’enfer existe et qu’il est pour Notre Dame l’objet d’une grande préoccupation. »
La consécration de la Russie demandée par la Sainte Vierge à Fatima a été faite, finalement, par Jean-Paul II le 25 mars 1984.  Certains auteurs et publications contestent que cette consécration ait été accomplie selon les demandes de la Vierge et estiment que « Jean-Paul II n’a pas consacré la Russie comme la Sainte Vierge l’a demandé »[4].
Dans Comment je vois le message…, Sœur Lucie affirme à nouveau que la consécration accomplie en 1984 a correspondu à ce que demandait la Vierge. Elle écrit : « Cette consécration a été faite par le Saint-Père Jean-Paul II, à Rome, publiquement, le 25 mars 1984, devant la statue de Notre Dame, qu’on vénère à la Capelinha des Apparitions, à la Cove da Iria, à Fatima. » (p. 54). Sœur Lucie ajoute, significativement, à propos de la visite de Gorbatchev à Jean-Paul II qui a lieu en 1989 : « Mieux encore, il [Dieu] incitait l’un des principaux dirigeants du communisme athée à se mettre en route pour Rome, afin de rencontrer le Saint-Père – qui peut être sans s’en rendre compte achevait de faire la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, demandée par Notre Dame, à Fatima – ; par cette rencontre, il le reconnaissait comme le suprême représentant de Dieu, de Jésus-Christ, sur la terre, comme le chef de l’unique et véritable Eglise fondée par Jésus-Christ ; c’était aussi pour donner le baiser de paix, en demandant pardon pour les erreurs de son parti ; il donnait ainsi au monde un témoignage de foi et de confiance en l’Eglise du Dieu unique et véritable. » (p. 55). Le passage, souligné par nous, donne une interprétation surnaturelle, inédite, de cette visite de 1989.
• La Sainte Vierge avait promis, suite à sa demande de consécration de la Russie : « Si l’in écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. […] il sera donné au monde un certain temps de paix ».
Certains ont interprété cette double promesse comme une conversion soudaine et massive de la Russie au catholicisme et comme l’avènement d’une paix universelle. Sœur Lucie explique pourquoi on peut estimer qu’il y a eu conversion de la Russie et que la promesse de paix s’est réalisée. On ne résumera pas ici les pages – 53 à 56 – consacrées à ces deux faits. On relèvera néanmoins l’apostrophe de Sœur Lucie : « il y a encore des aveugles qui ne voient pas ou ne veulent pas voir, et qui disent : Notre Dame a promis la paix, et il y a encore des guerres à travers le monde ! Oui, quand Notre Dame a promis la paix, c’était par rapport aux guerres provoquées dans le monde par le communisme athée, mais non par rapport aux guerres civiles qui, elles, ont toujours existé et existeront toujours, jusqu’à ce Dieu transforme ce monde… ».
----------
Cette édition du livre posthume de Sœur Lucie, comme le précédent titre édité par le Carmel de Coimbra (Sœur Lucie. Souvenirs sur sa vie), n’est pas, semble-t-il, diffusée par les librairies françaises. C’est un sujet d’étonnement sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Aussi, cette fois encore, Aletheia contribue, modestement, à la diffusion du message authentique de Fatima.
Pour commander: envoyer ses nom, prénom, adresse complète, ainsi qu'un chèque (5 euros port compris par exemplaire commandé).
Paiement à l’ordre des Editions Nivoit  5 rue du Berry / F–36250 NIHERNE
----------
[1] Comment je vois le message à travers le temps et les événements, Edition Carmel de Coimbra – Secrétariat des Pastoureaux, juin 2006, 63 pages.
[2] L’édition définitive est parue en 1991.
[3] Carlo Evaristo, Fatima. Sœur Lucie témoigne, présentation et notes par Yves Chiron, Editions du Chalet, 1999, p. 68.
[4] Dominicus, « Jean-Paul II a-t-il consacré la Russie comme la sainte Vierge le demandait ? », Le Sel de la Terre, n° 53, été 2005, p. 87. Cet article, anonyme, expose la position des religieux d’Avrillé, qui est aussi celle de certains prêtres de la Fraternité Saint-Pie X, de la Contre-Réforme Catholique de l’abbé de Nantes, du P. Grüner et de divers sites fatimistes.

10 août 2006

Le Card. Tarcisio Bertone, choisi par Benoît XVI, parle de l'Eglise
10 août 2006 - eucharistiemisericor.free.fr - Sources: © Ctb/apic/imedia/ami/pr
ROME, Jeudi 10 août 2006. Pour la première fois depuis l’annonce de sa prochaine nomination au poste de secrétaire d’Etat du Saint-Siège par le pape Benoît XVI, le cardinal italien Tarcisio Bertone s’est livré à certaines confidences dans une interview accordée au mensuel italien Trenta Giorni daté de juillet-août 2006.

Le Card. Tarcisio Bertone choisi par Benoît XVI nous livre ses confidences

De la Fraternité saint Pie X à l'affaire Milingo

Pour la première fois depuis l’annonce de sa prochaine nomination au poste de secrétaire d’Etat du Saint-Siège par le pape Benoît XVI, le cardinal italien Tarcisio Bertone s’est livré à certaines confidences dans une interview accordée au mensuel italien Trenta Giorni daté de juillet-août 2006.

Rappelons que le Saint-Père Benoît XVI a accepté la démission du Cardinal Angelo Sodano de la charge de Secrétaire d'Etat, qui reste néanmoins en fonction à tous titres jusqu'au 15 septembre prochain. Le 15 septembre, le Cardinal Tarcisio Bertone, SDB, actuellement Archevêque de Gênes (Italie) sera nommé Secrétaire d'Etat.

L’archevêque de Gênes, qui succédera le 15 septembre prochain au cardinal Angelo Sodano à la tête de la Secrétairerie d’Etat, a confié quelques souvenirs, dont certains concernant la Fraternité saint Pie X, le 3e secret de Fatima ou l’affaire Milingo.

En 1988, Tarcisio Bertone a fait partie d’un groupe d’experts assistant le cardinal Ratzinger dans les discussions avec Mgr Marcel Lefebvre, le responsable de la Fraternité traditionaliste saint Pie X en désaccord avec Rome. "Il s’est agi d’une expérience très pénible et intéressante, même si le résultat n’a pas été positif", reconnaît désormais le cardinal Bertone. Ce dernier se dit aujourd’hui "tout de même convaincu" que "s’il y a une volonté sincère de revenir dans la pleine communion avec le Saint-Siège de la part des Lefebvristes, il ne sera pas difficile de trouver les moyens adaptés pour obtenir ce résultat". Et ceci, "particulièrement après l’audience historique accordée l’an dernier par Benoît XVI à Mgr Fellay", l’actuel supérieur de la fraternité séparée de Rome. (2)

Le cardinal italien, secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi aux côtés du cardinal Joseph Ratzinger de 1995 à 2002, évoque ensuite des "années de dur labeur". Durant cette période, en 2000, il s’était vu confier la publication de la 3e partie du secret de Fatima (Portugal). Interrogé pour savoir s’il restait encore une partie non dévoilée des paroles de la Vierge aux trois jeunes voyants de Fatima, en 1917, le cardinal Bertone a répondu par la négative.

En 2001, le mariage dans la secte Moon de l'archevêque zambien Mgr Emmanuel Milingo avec une coréenne avait agité le Vatican et le monde des médias. Le cardinal Bertone s’était alors chargé d’obtenir le repentir de l’ancien archevêque de Lusaka, avec succès. Retiré près de Rome, Mgr Milingo est réapparu sur le devant de la scène en juillet dernier, à Washington (Etats-Unis), intervenant en faveur du mariage des prêtres. Le cardinal confie sa "tristesse" après "cette seconde chute". "J’espère et je prie pour qu’il revienne définitivement reprendre sa place dans l’Eglise catholique", a précisé le haut prélat.

Celui qui occupera le poste de "numéro deux" du Saint-Siège dès le 15 septembre prochain rappelle aussi son opposition à l’intervention militaire en Irak, en 1991 comme en 2003. Selon lui, "la situation actuelle en Irak prouve bien que cette position était prophétique". Concernant la guerre contre le Liban, le cardinal Bertone déclare prier et invite à la prière, "chaque jour, pour que le Seigneur nous donne la paix, non pas demain ni après-demain, mais qu’il nous donne la paix aujourd’hui. Et qu’il nous préserve d’autres massacres inutiles".

A propos des rapports économiques entre les pays du nord de la planète et ceux du sud, le cardinal Bertone estime que "les prêts internationaux de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international, ou les prêts entre pays, sont à usure et devraient être déclarés illégaux". Il dénonce aussi le fait que "certains technocrates, surtout ceux des multinationales, de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire, ont imposé des conditions inacceptables aux populations pauvres comme la stérilisation obligatoire ou l’obligation de fermer les écoles catholiques".

De façon plus anecdotique, le cardinal italien confirme sa passion pour le football et, en particulier, l’équipe de la Juventus de Turin dont il est le supporter "depuis l’enfance". Affirmant avoir étudié le français, avoir effectué quelques séjours en Allemagne, mais aussi parler "moyennement" l’espagnol et le portugais, le cardinal Bertone confie que l’anglais est son "point faible". "Je l’ai dit au Saint-Père quand il m’a proposé de l’assister comme secrétaire d’Etat", révèle-t-il, mais Benoît XVI l’a rassuré en lui disant que "des personnalités importantes comme le grand chancelier Helmut Kohl ne connaissaient pas l’anglais".

Prêtre salésien âgé de 71 ans, le cardinal Tarcision Bertone a été choisi par Benoît XVI pour succéder au cardinal Angelo Sodano comme secrétaire d’Etat du Saint-Siège. L’homme de confiance du pape prendra ses nouvelles fonctions le 15 septembre, comme cela a été annoncé le 22 juin dernier par le Bureau de presse du Saint-Siège.

Repères:
1- le Saint-Père Benoît XVI a accepté la démission du Cardinal Angelo Sodano de la charge de Secrétaire d'Etat, qui reste néanmoins en fonction à tous titres jusqu'au 15 septembre prochain. Le 15 septembre, le Cardinal Tarcisio Bertone, SDB, actuellement Archevêque de Gênes (Italie) sera nommé Secrétaire d'Etat: Benoît XVI
2- Déclaration que fit Mgr Fellay, Supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X après sa rencontre avec Benoît XVI dans la résidence pontificale de Castelgondolfo, le 29 août 2005: Benoît XVI
Le Pape Benoît XVI a reçu en juillet aux Combes le Cardinal Tarcisio Bertone, Archevêque de Gênes et, à partir de septembre, Secrétaire d'État du Vatican. Deux sujets ont particulièrement été abordés dans le programme de la réunion : les mesures à prendre en ce qui concerne l'Archevêque Emmanuel Milingo, qui a récemment abandonné l'Église Catholique pour rejoindre la secte Moon: Benoît XVI

Sources: © Ctb/apic/imedia/ami/pr

7 août 2006

"Un million de chapelets"
Appel de la FSSPX, diffusé sur internet par laportelatine.org le 7 août 2006
Inscrivez-vous par courriel au bouquet spirituel de un million de chapelets
UN MILLION DE CHAPELETS
La Fraternité Saint-Pie X a l’intention de présenter au Souverain Pontife un bouquet spirituel d’un million de chapelets pour la fin du mois d’octobre, le mois du Rosaire.
Les chapelets seront récités aux intentions suivantes.
1. Obtenir du Ciel pour le pape Benoît XVI la force nécessaire afin qu’il libère totalement la Sainte Messe de toujours, dite de Saint Pie V.
2. Pour le retour de la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ.
3. Pour le triomphe du Coeur Immaculé de Marie.
Envoyez votre courriel pour votre promesse
(1) Vous pouvez envoyer vos promesses par fax à Suresnes (01 47 28 45 32) qui transmettra à La Porte Latine .

3 août 2006

Un “accord purement pratique" avec Rome ne serait pas la pensée de Mgr Lefebvre !
"Un regard sur le monde politique et religieux" n° 98 - 3 août 2006 - abbé Paul Aulagnier - http://la.revue.item.free.fr/
Un “accord purement pratique” avec Rome ne serait pas la pensée de Mgr Lefebvre !
C’est, du moins, la pensée des capitulants du Chapitre Général de la FSSPX, réunis à Ecône, le 16 juillet 2006
On sait que le Chapitre Général de la FSSPX, composé de quarante membres, s’est réuni au séminaire d’Ecône,  dans les premiers jours de juillet 2006. Sa fonction essentielle était celle d’élire le supérieur général et ses deux assistants. Mgr Fellay fut reconduit dans ses fonctions de Supérieur Général qu’il exerce depuis 12 ans déjà ; la stabilité est une bonne chose. Deux nouveaux assistants ont été choisis : M l’abbé Pfluger et  Monsieur l’abbé Nelly, un suisse et un français, tous deux ayant occupé dans la Fraternité, au fil du temps,  des fonctions importantes. Ils sauront donner un « élan  nouveau » dans le gouvernement de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Ce qui sera une bonne chose. « Nova et Vetera »…Cette sagesse toute évangélique s’imposa aux capitulants. Deo Gratias !
Nommés tous les trois pour gouverner la FSSPX,  je leur souhaite de gouverner et de bien gouverner en donnant joie et élan missionnaire à tous et chacun, dans l’amour de l’Eglise  catholique, notre Mère. Et si par aventure, ils voulaient reprendre contact avec moi, je suis à leur disposition…
A l’issue du Chapitre, une « lettre » et une « déclaration officielle » ont été publiées sur le site de « la Porte Latine ». Site officiel de la FSSPX.
Dans sa lettre, Mgr Fellay nous apprend que : «  La Fraternité a l’intention de présenter au Souverain Pontife un bouquet spirituel d’un million de chapelets pour la fin du mois d’octobre, le mois du Rosaire. Les chapelets seront récités aux intentions suivantes.
1. Obtenir du Ciel pour le pape Benoît XVI la force nécessaire afin qu’il libère totalement la Sainte Messe de toujours, dite de saint Pie V.
2. Pour le retour de la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ.
3. Pour le triomphe du Cœur Immaculé de Marie ». Il précisera bientôt le mode et les conditions. Je m’y unirais volontiers… C’est là une noble intention. Ce sont de nobles buts.
Dans la « déclaration » qu’ils appellent « déclaration du Chapitre », les capitulants réaffirment leur volonté de fidélité à la pensée de Mgr Lefebvre. Ils citent de nouveau la fameuse déclaration de principe du 21 novembre 1974 qui est, de fait, comme la « charte » de la FSSPX et les principes de son « combat ».
Ils réaffirment la nécessité et le bien fondé des deux préalables à tout dialogue avec Rome  « La liberté entière et sans conditions pour la Messe tridentine et le retrait du décret d’excommunication des quatre évêques de la Fraternité ».
Ils réaffirment qu’une fois ces choses obtenues, le dialogue pourra s’ouvrir «  dans le but de faire résonner plus fortement dans l’Église la voix de la doctrine traditionnelle ».  Souhaitons le vraiment …Je n’ai jamais remarqué en cette affaire une grande ouverture d’esprit ni une grand détermination. Je pourrais donner des preuves.  De plus,  n’y a-t-il pas là un  peu de prétention ? Ne pourrait-on pas utiliser enfin un langage un peu plus humble…un peu plus réaliste, comme si nous étions encore les seuls à vivre et à parler le langage de la Tradition…Depuis 1991, date de la mort de Mgr Lefebvre, les choses ont bien un peu évolué…Tout de même…
Ce qui est clair c’est que « le chapitre général » exclut de toute façon,  « tout accord pratique » avec Rome : « En effet, les contacts qu’elle entretient épisodiquement avec les autorités romaines ont pour seul but de les aider à se réapproprier la Tradition que l’Église ne peut renier sans perdre son identité, et non la recherche d’un avantage pour elle-même, ou d’arriver à un impossible “accord” purement pratique ».
Et ils fondent de nouveau cette  déclaration de principe  sur la position de Mgr Lefebvre telle qu’il l’exprimait le 2 juin 1988, juste après l’échec des  discussions concernant « précisément un accord pratique » avec Rome. N’est-ce pas un peu cocasse et contradictoire ? N’ayant pu obtenir les conditions pratiques, bien évidemment doctrinales et canoniques  qu’il demandait à Rome, il renvoyait l’affaire  à des jours meilleurs …Ce qui ne voulait pas dire, pour autant, qu’il renonçait définitivement à une solution pratique...On sait combien Monseigneur Lefebvre  réagissait au moindre espoir…Pratique, il était. Pratique il fit. Pratique il restera…toute sa vie…Ce n’est pas Monsieur l’abbé Groche qui me contredira. On ne change pas fondamentalement un  caractère…
Je voudrais en effet montrer que Mgr Lefebvre, s’il fut toujours préoccupé par la doctrine et sa rectitude, préoccupé par le triomphe de la Tradition  - l’épitaphe sur son tombeau: « Tradidi quod et accepi »  le montre - avait un sens éminemment pratique des choses. Il le manifesta en Afrique  et toute sa vie. Ainsi je ne peux pas penser qu’il ait  perdu ce sens pratique alors qu’il se trouvait en opposition avec Rome. Il gardait la même préoccupation. C’est bien,  quoiqu’en  disent les capitulants du quatrième chapitre générale de la FSSPX, ce sens pratique que l’on trouve et dans la fondation de la FSSPX et dans les accords pratiques qu’il proposait à Rome en 1987, suite à la visite de Mgr Gagnon. Je voudrais le rappeler.
J’ai déjà écrit ces remarques dans un Regard sur le monde, celui du 2 mars 2006, n° 80. Le titre en était : « Les accords avec Rome. Mgr Lefebvre, un précurseur ».
Il me parait opportun, puisque l’occasion m’en est donné, et que les membres du Chapitre Général en ont délibéré de vous proposer de nouveau cette lecture et ces réflexions… Les capitulants pourraient y réfléchir ainsi que la Maison Générale. Si j’avais pu participer au Chapitre Général…  je n’aurais pas signé ce texte. J’en aurais donné les raisons…J’en aurais bien influencé quelques uns…
A- La pensée de Mgr Lefebvre sur l’affaire d’un « accord avec Rome ». 1- Les circonstances historiques
Avançant en âge et préoccupé très sérieusement et essentiellement par l'avenir du sacerdoce catholique, bien plus que par sa propre œuvre sacerdotale - son œuvre n'étant qu'une condition circonstancielle pour assurer la pérennité du sacerdoce - Mgr Lefebvre annonça lors du sermon des ordinations de juin 1987, à Ecône, son intention de se donner des successeurs dans l'épiscopat. Il l'envisage comme nécessaire au maintien du sacerdoce catholique et de la Tradition. Il s'instituerait des auxiliaires avec la seule mission d'assurer les ordinations et les confirmations, sans juridiction. Ni secret ! Ni schisme ! Le cardinal Castrillon Hoyos vient de le rappeler…
Cette annonce provoqua une très intense et immédiate inquiétude du côté de Rome.
Le cardinal Ratzinger se chargea immédiatement du dossier. Il entre en contact avec Mgr Lefebvre et l'invite à une rencontre à Rome. Cette rencontre a lieu le 14 juillet. C'est avec égard et déférence que Mgr Lefebvre est reçu au siège de l'ex Saint Office.
Un communiqué est signé. On peut y lire : " Les entretiens se sont déroulés dans une atmosphère de dialogue ouvert et sincère. Ils ont eu pour objet les problèmes concernant les rapports entre la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et le Saint Siège. Les deux parties se sont engagés à ne pas diffuser d'autre communiqué " (Fideliter n°60)
Le 28 juillet 1987, le cardinal adresse une lettre à Mgr Lefebvre. Elle contient, nous dira Mgr Lefebvre, " des offres généreuses auxquelles on ne s'attendait plus ". En effet, sans plus parler d'obtenir de lui une signature préalable de reconnaissance de ses torts comme on voulait l'y astreindre précédemment, - encore que Mgr Lefebvre par deux fois, en deux lettres, l’une le 8 mars 1980 au Souverain Pontife et l’autre, le 4 avril 1981 au cardinal Seper, l’admettait et l’écrivait même - Rome offrait à la Fraternité :
- la possibilité d'utiliser, sans entrave, le rite de la messe tridentine, les livres liturgiques dits de Jean XXIII, de 1962, - la possibilité, dans les cinq séminaires de la Fraternité, de former les candidats au sacerdoce selon le " charisme " propre à la Fraternité. Ce mot faisait sourire Mgr Lefebvre. Le cardinal parlait aussi de l'envoi d'un visiteur apostolique, ce que Mgr Lefebvre souhaitait depuis longtemps. Toutefois ce visiteur aurait joui, dans la pensée du cardinal, des pouvoirs les plus étendus. Qu'on en juge : " …le cardinal visiteur se portera garant de l'orthodoxie de l'enseignement dans vos séminaires, de l'esprit ecclésial et de l'unité avec le Saint Siège. Au cours de cette période (précédant l'approbation de la structure juridique définitive de la Fraternité), le Cardinal Visiteur décidera également de l'admission des séminaristes au sacerdoce en tenant compte de l'avis des supérieurs compétents ".
Le 1er octobre, Mgr Lefebvre répond à la lettre du cardinal et donne son accord pour la visite, voit quelques indices qui permettent d'espérer d'arriver à une solution mais affirme ne pouvoir se départir de son autorité vis-à-vis des séminaristes, " ce serait contraire au droit que vous avez l'intention de nous accorder " (Fideliter, hors série, juin 1988). Rome accepte sur ce point de modifier son exigence.
Ce sont bien là des choses concrètes et pratiques !
Le 29 octobre, le cardinal Ratzinger informe les membres du Synode des évêques qui se tient à Rome, des " pourparlers " avec Mgr Lefebvre. Il donne le communiqué suivant : " En ce qui concerne le dialogue en cours entre le Saint Siège et Mgr Lefebvre, je suis en mesure de fournir à l'assemblée synodale les informations suivantes : Comme cela a déjà été annoncé par la Salle de Presse du Saint Siège, une rencontre avec ce prélat a eu lieu le 18 octobre, à l'issue de laquelle le prélat a accepté la proposition concernant la nomination d'un visiteur apostolique ayant mission de recueillir tous les éléments d'information susceptibles de permettre de régler la situation canonique de la Fraternité Sacerdotale saint Pie X. A ce sujet, je peux maintenant ajouter que le Saint Père a nommé le visiteur canonique en la personne de S. Em. le cardinal Edouard Gagnon, qui lui rendra compte directement du déroulement de sa mission. Evidemment la solution définitive souhaitée repose sur la condition nécessaire de l'obéissance due au Souverain Pontife et la fidélité au Magistère de l'Eglise ".
La visite eut lieu, de fait, fin novembre, pour se terminer le 8 décembre 1987. Le cardinal assista en " habit de chœur " à la messe solennelle célébrée par Mgr Lefebvre en cette fête et signa le livre d'or du séminaire. Il écrivait : " Que la Vierge immaculée écoute nos prières ferventes pour que l'œuvre de formation merveilleusement accomplie en cette maison, trouve son rayonnement pour la vie de l'Eglise ".
A l'issue de cette visite canonique, Mgr Lefebvre lui remit un pli. Il est daté du 21 novembre 1987. Il comprend une lettre personnelle adressée au cardinal et un dossier intitulé : " Proposition de Règlement apportant une solution au problème des Œuvres et des Initiatives en faveur de la liturgie traditionnelle dans l'Eglise ".
Dans ces deux textes, Mgr Lefebvre précise sa pensée sur le règlement d’un modus vivendi entre Rome et la FSSPX.
Nous trouvons là ce que j'appellerais volontiers la « jurisprudence » lefebvre. Si l'on veut agir dans la fidélité à la pensée de notre fondateur, il faut les bien connaître pour s'en inspirer. C'est ce que nous allons faire.
2- la lettre de Mgr  Lefebvre au cardinal Gagnon.
Elle est une déclaration claire d'intention. Mgr Lefebvre rappelle ce que nous sommes et rappelle notre " idéal ".
" Nous formons une grande famille, vivant dans cette ambiance et cette atmosphère catholique attachée à l'Eglise Romaine, attachée à Pierre et à ses Successeurs, mais absolument et radicalement allergique à l'esprit conciliaire de la liberté religieuse, de l'œcuménisme, de la collégialité, à l'esprit d'Assise, fruits du modernisme, du libéralisme tant de fois condamnés par le Saint Siège. Les conséquences de cet esprit sont désastreuses et nous les fuyons comme la peste de nos esprits et de nos cœurs ; nous faisons tout pour nous en protéger et en protéger la jeunesse de nos foyers catholiques. Comparez-nous à Israël au milieu des nations perverses, aux Macchabées et encore à tous ces saints réformateurs du clergé : Saint Charles Borromée, Saint Vincent de Paul, Saint Jean Eudes, Monsieur Olier. Voilà la réalité, nous formons une armada décidée à tout prix à demeurer catholique face à la déchristianisation qui s'opère à l'extérieur et à l'intérieur de l'Eglise " Il  affirme, en plus, être disposé à " apporter (sa) collaboration au renouveau de l'Eglise " dès lors que nous serions " reconnus par le Pape tels que nous sommes ". Nous désirons avoir un siège dans la Ville Eternelle ", " nous n'avons jamais voulu rompre avec le Successeur de Pierre, ni considérer que le Saint Siège est vacant, malgré les épreuves que cela nous a values ". Se protéger des erreurs, rester indemne de toutes influences " modernistes " exprime bien la pensée de Mgr Lefebvre.
Toutefois, avant même le règlement des problèmes doctrinaux existant réellement dans le sein de l'Eglise, Mgr Lefebvre envisageait comme possible d' " apporter sa collaboration au renouveau de l'Eglise ", in sinu Eccleisae, dès lors que nous serions acceptés tels que " nous sommes " et qu'on nous en laisse les moyens. Se protéger de toutes influences pernicieuses était la préoccupation majeure de Mgr Lefebvre. Attendre le règlement des problèmes doctrinaux pour œuvrer " au renouveau de l'Eglise " dans le sein même de l'Eglise ne me paraît pas être la position de Mgr Lefebvre. On peut penser différemment et vouloir surtout régler ce problème doctrinal pour aller plus avant. Mais il faut savoir que cette opinion n'est certainement pas la pensée de Mgr Lefebvre… Cette condition n'entre pas dans la " jurisprudence Lefebvre ". Son intention est autre. Se garder du mal est très certainement sa pensée. Mais une fois cette garde assurée, ne pas craindre d'aller au front, dans la mêlée pour aider au renouveau de l'Eglise. Participer à ce renouveau de l'Eglise doit se faire ou peut se faire à l'intérieur de l'Eglise dès lors que l'on a les garanties suffisantes de garder notre " idéal ". On peut, encore une fois, ne pas partager ce point de vue…Mais alors qu'on ne parle pas au nom de Mgr Lefebvre…
C’est bien un accord pratique qui anime Monseigneur Lefebvre. C’est sa pensée.
Dans ce but clairement affirmé et pour permettre de l'atteindre sûrement, Mgr Lefebvre remet au cardinal et soumet à son attention un projet, un projet de réintégration et de normalisation de nos rapports avec Rome : " Nous vous soumettons un projet de réintégration et de normalisation de nos rapports avec Rome ".
Je vous prie de noter les termes. Tous les mots ont du être pesés par Mgr Lefebvre avant d'être couchés sur le papier…
Et on voudrait exclure au nom de la pensée de Mgr Lefebvre tout accord pratique…Ce ne me parait pas sérieux.
B- Les propositions de Règlement
1- sa finalité.
J'attire votre attention sur le titre même de ces propositions: " Proposition de règlement apportant une solution au problème des Œuvres et des Initiatives en faveur de la liturgie traditionnelle dans l'Eglise ".
Cette solution est éminemment « pratique ».
Vous remarquerez la finalité des deux différentes propositions. Mgr Lefebvre considère les choses sous l'angle de leur finalité. ". 1- La finalité du " règlement " est d'apporter une solution au problème de " ces Oeuvres et Initiatives ". 2- La finalité de ces " Œuvres elles-mêmes et de leurs Initiatives " est d'être centrées " sur la liturgie traditionnel dans l'Eglise ". Ces œuvres ont toutes pour particularité d'être " en faveur de la liturgie traditionnelle dans l'Eglise ". C'est vrai pour toutes les œuvres. Quelles soient féminines, masculines, contemplatives, éducatives, apostoliques, missionnaires…
Je peux conclure que la finalité essentielle de ce règlement doit être lui aussi en " faveur de la liturgie traditionnelle dans l'Eglise ", pour la protéger certainement, pour qu'elle reste bien la propriété de ces Œuvres, ce sacrifice dans le rite ancestral les constituant dans ce qu'elles sont toutes. Qu'on veuille bien nous prendre " tels que nous sommes " répétera Mgr Lefebvre. Mais la messe tridentine est notre " être ", dit ce que nous sommes.
2- L'analyse du texte : " Proposition de règlement "
Ce texte " Proposition " qui expose la " jurisprudence Lefebvre ", comprend 24 articles en trois sections précédées d'une introduction. L'introduction fait les six premiers articles. La 1er section concerne le " secrétariat romain " à créer. C'est l'objet des articles 7 à 11. La 2ème section concerne le statut canonique des diverses sociétés attachées à la messe traditionnelles. Il s'intitule exactement : " Statut canonique des diverses sociétés des prêtres, religieux, religieuses isolés. Relation avec le Secrétariat romain ". Il va de l'article 12 à 18. La 3ème section traite de l'incardination et de la juridiction des prêtres de ces Œuvres. " Incardination et Juridiction vis-à-vis des fidèles ". Il comprend trois articles : du numéro 19 au numéro 22. Puis le texte se termine par un conclusion : les numéros 23 et 24. Voilà la présentation " matérielle " de ce texte : " jurisprudence Lefebvre ".
Il convient de l'analyser.
a- le N°10 de Presbyterorum ordinis.
Dans le premier paragraphe, Mgr Lefebvre cite un texte du Concile Vatican II, celui de " Presbyterorum ordinis ", le n° 10.
Ce texte semble être pour Mgr Lefebvre très important. Il le cite en effet deux fois à des moments particulièrement solennels de son action apostolique : lors de la fondation du séminaire de Fribourg et de la Fraternité Sacerdotale en 1969 et dans ce texte qu'il remet dans les mains du cardinal Gagnon, alors qu'il envisage très sérieusement la procédure d'une " réintégration et d'une normalisation " de nos rapports avec Rome. Ces moments sont de fait particulièrement importants. On me le concédera sans difficulté.
Que dit cet article 10 : " Là où les conditions de l'apostolat la réclameront, on facilitera non seulement la répartition des prêtres, mais encore les œuvres pastorales adaptées aux différents milieux sociaux à l'échelle d'une région, d'une nation ou de divers endroits dans le monde. Il pourra être utile de créer à cette fin des séminaires internationaux, diocèses particuliers, prélatures personnelles, et autres institutions auxquelles les prêtres pourront être affectés ou incardinés pour le bien commun de toute l'Eglise, suivants des modalités à établir pour chaque cas et toujours dans le respect des droits des ordinaires locaux ".
Voilà une déclaration de principe du Concile particulièrement souple, -et pratique - tout à fait pastoral permettant de prendre en compte facilement la richesse de la vie faite de particularités, de circonstances propres…pour leur donner cependant un cadre juridique nécessaire dans une société hiérarchisée qu'est l'Eglise.
Je résumerai volontiers cet article en disant que l'Eglise aime l'ordre mais aussi les initiatives. Elles ne doivent pas être étouffées, mais, bien au contraire, aidées. Ce principe est à l'opposé de tout centralisme, centralisme qui est le fait de tout esprit " jacobin et socialiste ".
Là, dans cet article 10, l'Eglise donne un principe réaliste qui épouse la vie qui est toujours diverse et variée.
C'est ce principe vrai, nullement laxiste que Mgr Lefebvre va invoquer pour présenter ses initiatives – pratiques - à la hiérarchie catholique, hier, la création de son séminaire à Fribourg, de sa Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, aujourd'hui, cette réintégration et cette normalisation des " forces de la Tradition " dans le sein de l'Eglise. Il veut, ici et là, l'appliquer à la réalité, à la vie de la " Tradition ".
Il prend en compte cette réalité : face au progressisme, s'est dressé, se dresse un courant traditionaliste. C'est un fait qu'on ne peut nier. Ce courant perdure, s'intensifie. On a tout fait pour le faire disparaître. Rien n'y a fait. Il demeure et s'est développé. C'est une condition particulière dans l'apostolat d'après le Concile. Les autorités ne peuvent éternellement nier la réalité. De guerre lasse, peut être, mais c'est ainsi. Il faut la prendre en compte. Des fidèles sont attachés, restent attachés à la messe latine et grégorienne, ancienne, dite de saint Pie V. Il faut les prendre en compte. Voilà une condition particulière de l'après concile. C'est incontournable. On peut le regretter. Ce regret ne facilitera pas le règlement du problème…On en sait quelque chose. On peut le tolérer, la situation s'améliorera alors. On peut le justifier, on finit par reconnaître la légitimité de cette réaction, une solution sera alors facilement trouvée. Cette " condition nouvelle ", ce courant de la tradition fut, de fait, pris en compte dans le discours du cardinal Ratzinger au Chili alors qu'il s'adressait à l'épiscopat chilien, juste après les sacres. C'est très important de le noter ici au passage… Mgr Ricard de Bordeaux nous a dit, samedi, 18 février,  que l’épiscopat français allait se réunir à Lourdes en mars prochain et allait examiner cette réalité…Il faut prier… Ils  pourraient se fonder alors sur l'article 10 de " Presbyterorum ordinis ". Cet article prévoît que, les circonstances le réclamant, on puisse faciliter " les œuvres pastorales adaptées aux différents milieux sociaux à l'échelle d'une région, - si la " condition nouvelle" touche une région- , d'une nation - s'il en est de même pour une nation - ou de divers endroits dans le monde - si le problème est planétaire. C'est alors que l'on pourra faciliter la création de séminaires internationaux, séminaires qui permettront une répartition plus aisée des prêtres de part le monde ; la création mêmes de diocèses particuliers, même de prélatures personnelles ou toutes autres institutions. Les circonstances justifieront de telles créations. Ces créations permettront ainsi plus facilement l'affectation et l'incardination des prêtres pour le bien commun de toute l'Eglise, sans faire fi des droits légitimes des ordinaires locaux.
Quelle sagesse dans cet article.
N’est-ce pas avoir le sens pratique ?

Il permettait la création de séminaires internationaux. Il permit la création, avec l’autorisation de Mgr Charrière, du séminaire  de Fribourg, celui d’Ecône, avec l’autorisation de Mgr Adam.. 
Il permettrait la création même de " diocèses particuliers ".
Voilà tout un diocèse sans dessus dessous, dans la division, des églises qui restent attachées à l'ordinaire du lieu. Des églises " sauvages " créées tout à côté. Des fidèles voulaient garder la messe " tridentine ". Un nombre important de prêtres du diocèse soutient cette réaction. Le nouvel évêque fait tout pour contrer cette réaction. Rien n'a faire. Des prêtres de son clergé veulent continuer à célébrer la messe de leur ordination. Ils ne lâchent pas, bien au contraire. La situation est vraiment pénible. Rome trouve là une "situation particulière ", une condition nouvelle. Elle finit par trouver cette fidélité à la messe tridentine bien légitime. Elle veut régler le problème. Les circonstances le permettent. Un nouvel évêque est nommé dans le diocèse. Il se trouve qu'il a des amis dans ce clergé " rebelle ", des amis de " coeur ". Les vraies amitiés sont éternelles… Une solution est trouvée. Et les prêtres de Campos au Brésil sont organisés en véritable " diocèse " par la création d'une Administration apostolique. Un évêque est nommé à sa tête avec juridiction cumulative, l'un sur le territoire, l'autre sur les fidèles qui veulent la Tradition. Certains, même des évêques, pourront trouver la chose étonnante, voire même la refuser dans leur diocèse…Toujours est-il qu'aujourd'hui la paix règne, là où il y avait la guerre. Et la situation canonique trouvée respectent parfaitement " l'idéal " et des prêtres et des fidèles. Rome les a pris tous " comme ils sont ". Ils gardent la messe tridentine et tous les autres sacrements. Les fidèles entendent la prédication qu'ils ont toujours entendue, le catéchisme qui leur fut toujours enseigné. La paix règne. Deo Gratias. Mgr Rifan, tout dernièrement, nous la confirmait. C’est là l’essentiel de son témoignage. Incontournable. Même si l’on peut « discuter » certaines de ses explications théologiques…Nous ne nous en sommes pas privés lors de son séjour en France, les 15 et 23 février 2006.
L'article 10 de " Presbyterorum ordinis " permet de prendre en compte de telles circonstances. L'Eglise s'est même engagée solennellement, dans un Concile, d'en prendre acte et de faciliter la création d'œuvres pastorales adaptées à de légitimes désirs. Dans cette création, le droit est respecté, celui prévu par l'article 10 de Presbyterorum ordinis, le droit des fidèles et des prêtres à garder la " tradition latine ", le droit de l'ordinaire du lieu. Vraiment cet article 10 est la preuve que l'Eglise sait garder grand amour du respect de la vie.
Elle a le sens pratique.
Quelle sagesse dans cet article.
Voilà tout un ensemble de fidèles de par le monde qui résiste à « l'esprit faussement conciliaire » une grande famille attachée à l'Eglise Romaine, attachés à Pierre et à ses Successeurs, mais absolument et radicalement allergique à l'esprit conciliaire de la liberté religieuse, de l'œcuménisme tel que pratiqué à Assise, de la collégialité comprise en dehors de la " nota brevia " de Paul VI… Voilà " une armada décidée à tout prix à demeurer catholique face à la déchristianisation qui s'opère à l'extérieur et à l'intérieur de l'Eglise "…L'Eglise doit en prendre compte Ces circonstances sont aujourd'hui considérées, peu ou prou, comme légitimes par le Vatican. Alors l'Eglise pourrait envisager d'organiser une structure particulière pour gérer ce problème pastoral nouveau à l'échelon du monde entier. Cela est prévu par le n° 10 : " On facilitera… les œuvres pastorales adaptées aux différents milieux sociaux à l'échelle d'une région, d'une nation, ou de divers endroits dans le monde. Il pourra être utile de créer à cette fin des séminaires internationaux, diocèses particuliers, prélatures personnelles et autres institutions ".
L'avantage évident de ces créations " possibles ", " légitimes ", est de prendre en compte non seulement des circonstances particulières, mais aussi d'assurer " l'affectation et l'incardination des prêtres pour le bien commun de toute l'Eglise ".
Ainsi, fort de ce principe reconnu, déclaré solennellement par l'Eglise au Concile Vatican II, Mgr Lefebvre donne, dans son pli du 21 novembre 1987, " sa " solution, une jurisprudence et précise les " modalités " à établir pour une telle fondation. Il le fait dans le respect et l'amour de l'Eglise et du Bien commun.
N’est-ce pas là proposer un accord pratique ? Je le crois vraiment. Qui dirait le contraire serait-il vraiment fidèle à la pensée de Mgr Lefebvre ? On peut suivre son propre pensée croyant suivre la pensée de Mgr Lefebvre…et être dans l’illusion…
b- la condition « sine qua non ».
Mgr Lefebvre précise dès le départ une condition qui est pour lui " sine qua non " pour aboutir à une solution souhaitée : " Il nous semble indispensable avant d'aller plus avant dans les entretiens avec le Saint Siège d'exprimer une condition " sine qua non " nous faisant l'écho de tous les prêtres et fidèles attachés à la Tradition " (n° 3) Cette condition ne lui est pas personnelle. Il la formule au nom de tous les prêtres et des fidèles. Il se fait en quelque sorte leur écho. C'est important de remarquer cela. C'est aussi un principe de gouvernement.
Quelle est donc cette condition dite " sine qua non " ?
" Si le Saint Siège désire sincèrement que nous devenions officiellement des collaborateurs efficaces pour le renouveau de l'Eglise, sous son autorité, il est de toute nécessité que nous soyons reçus comme nous sommes, qu'on ne nous demande pas de modifier notre enseignement, ni nos moyens de sanctification, qui sont ceux de l'Eglise de toujours ". (n°4)
Or l'application de cette condition " sine qua non ", - et là on voit le réalisme pratique, pastoral de Mgr Lefebvre - suppose que ces relations, ces entretiens, ces contacts qui aboutiront à cette " œuvre " à créer selon l'article 10 de Presbyterorum ordinis soient confiées à des personnes jouissant de deux qualités : " à la fois très respectueuses et attachées au Saint Siège, mais aussi convaincues de l'urgente nécessité pour l'Eglise de favoriser les initiatives qui maintienne la Tradition et de ne rein faire qui les contraignent à s'éloigner de nouveau ". (n° 5)
Ce sont donc de telles personnes, animées et de l'amour du Saint Siège et de l'amour de la Tradition et de son maintien ou de son retour qui doivent composer le " Secrétariat Romain " dont Mgr Lefebvre suggère la création. Il serait une sorte de Congrégation Romaine chargée de cette Tradition à sauvegarder, à développer, à respecter. Un peu, comme le dira plus loin Mgr Lefebvre, un peu comme la Congrégation des Eglises orientales, " l'Orientale ", chargée de la protection et de la sauvegarde des spécificités propres aux églises uniates, aux églises d'Orient restées ou revenues dans l'unité romaine. Dès lors, comme toutes les Congrégations romaines, ce " Secrétariat Romain " aura à sa tête un cardinal, un secrétaire et des " minutanti ", tous animés d'un même amour du saint Siège et de Tradition ancestrale. (n°6)
On sait que c’est sur cette condition  que le dialogue échoua…Mgr Lefebvre n’ayant pu obtenir la majorité des membres dans cette « organisme de protection ». C’était là quelque chose de hautement pratique…
c- Le " secrétariat romain "
son but :
Le premier but
Il existera pour « le maintien et le développement de la liturgie latine selon les prescriptions de Jean XXIII ". (n°7)
Ce secrétariat va tirer, de sa finalité, sa raison d'être, son existence. Ce secrétariat existera " pour le maintien et le développement de la liturgie latine selon les prescriptions de Jean XXIII ".
Je ne vois pas ici que Mgr Lefebvre ait réclamé, comme on le fit plus tard, en 2001, la déclaration du " droit pour tout prêtre de célébrer la messe ancienne ". Il savait bien que cela était un droit….Mais il savait aussi que les circonstances de l’Eglise ne permettrait pas de déclarer la chose  possible. Dans une négociation, il faut aussi avoir le sens du relatif…Et Mgr Lefebvre l’avait et bigrement.
Ainsi il est juste de reconnaître que cette réclamation du " droit pour tout prêtre de dire la messe saint Pie V " ne fait pas partie de la " jurisprudence » de Mgr Lefebvre.
Il lui suffisait, - mais c'était là une condition sine qua non, - que " ce droit à la liturgie latine selon les prescriptions de Jean XXIII " soit reconnu, maintenu, et permis – en attendant mieux  - au niveau des " Œuvres " entrant dans cette structure juridique à créer.
On peut être contre une telle demande. On peut la juger trop minimaliste ou tout autre chose. On peut de fait demander "comme condition préalable à toute " négociation " le droit de tout prêtre à dire la messe saint Pie V…Mais qu'on ne prétende pas alors la demander au nom de Mgr Lefebvre et dans sa fidélité..
Dans une " négociation ", il faut aussi avoir le sens du " relatif ". Et Mgr Lefebvre l'avait et bigrement.
Ne nous disait-il pas un jour, j’y insiste, c'était le 3 avril 1977, je le cite intégralement tellement ce passage me parait important… pour bien connaître l'esprit de Mgr Lefebvre, (le garde-t-on, dans la FSSPX, cet esprit? On a l'impression que la dureté est devenue la seule loi ou mode possible de fidélité) : " Et si demain, il s'avérait que les hommes qui occupent les postes d'autorité reprennent une ligne droite (…) nous serions les premiers à leur demander leur bénédiction " nous sommes à votre service ". Pas de se rebeller pour se rebeller contre l'autorité (…) bien au contraire. J'espère que ce jour viendra. Quand on verra que nos prieurés, quand on verra que nos paroisses ne prêchent que la vérité, que la vertu, que le bien…ne manifestent que les vertus de Notre Seigneur et bien ce n'est pas possible qu'un jour ne vienne pas où les évêques diront : " Qu'est-ce qu'on peut leur reprocher ? Ils enseignent la doctrine de l'Eglise, ils enseignent les vertus de l'Eglise, ils ont le rite que l'Eglise a toujours pratiqué, ils ont les sacrements que l'Eglise a toujours enseigné. Qu'est-ce qu'on peut leur reprocher ? Rien ". Mais ne pouvant rien reprocher, il n'est pas possible qu'un jour les évêques conscients de leur charge ne finissent par dire : " Eh bien, oui, on est obligé de les reconnaître. Eh bien, cette paroisse est reconnue désormais ", même peut-être dans une situation un peu hybride, je dirai, en ce sens qu'ils diraient : " Eh bien les paroisses actuelles continuent dans ce qu'elles ont fait jusqu'à présent, mais nous reconnaissons cette paroisse personnelle pour toutes les personnes qui veulent y venir et fréquenter les prêtres, nous les reconnaissons aussi ". Ce serait peut-être une solution…je dirai…une étape, peut-être, je n'en sais rien, je ne connais pas l'avenir, je ne suis pas prophète. Mais c'est possible. En tout cas, il faut être dans ces dispositions et non pas dans une disposition de rupture et une disposition d'opposition pour opposition, d'opposition à l'Eglise, pas le moins du monde ". (Cité dans DICI n°7) Ah que cette phrase est importante. Elle exprime une pensée, un mode d'être… Gardons le, de grâce ! Voilà pourquoi, Mgr lefebvre était ouvert à un accord pratique… Retenez ces expressions de " situation hybride ", " ce serait peut être une solution.. .Je dirai.. .une étape ". Là se trouve le véritable esprit de Mgr Lefebvre, un esprit de prudence pastorale, fait d'absolu mais aussi de relatif. Voilà la vraie prudence pastorale. Qu'on se le dise.
le deuxième but
Ce " secrétariat " romain aurait pour but aussi " de veiller au développement harmonieux et dans la paix vis-à-vis des évêques diocésains et de la part de ceux-ci ".
Sur ce sujet très important, le cardinal Ratzinger avait fait des réflexions très heureuses alors qu'il recevait les " communautés Ecclesia Dei Adflicta ", venues à Rome, le 24 octobre 1998, en pèlerinage d'action de grâces pour le " Motu Proprio " du même nom de juillet 1988. Il indiquait quelques conditions pour assurer la paix liturgique dans un diocèse acceptant le bi ritualisme. J'ai repris cette analyse dans le chapitre 7 de mon livre " la Bataille de la messe " aux éditions de Paris, septembre 2005.
Voilà la pensée de Mgr Lefebvre sur ce " Secrétariat Romain ".
C- Les exigences de Mgr Lefebvre :
1- La levée des « suspens et interdits » 
Avant tout, il demande la levée des suspens et interdits : " Avant de procéder à l'étude et à la normalisation de toutes ces sociétés et personnes adonnées à la Tradition, ce qui peut se réaliser avec le temps, il est urgent de lever les suspens et interdits ".
2- La reconnaissance des statuts de la FSSPX
Ensuite, Mgr Lefebvre demande que soit reconnu, de nouveau, les statuts de la FSSPX, comme avant 1975 : (n° 12-2).
Je ferais remarquer que Mgr Lefebvre utilise le verbe " reconnaître ". Il demande une reconnaissance des statuts….alors qu'il a toujours affirmé que les statuts de la FSSPX étaient toujours valables parce qu'injustement abrogés. C'est pourquoi, et de la même manière, je peux parler de retrouver le " sein de l'Eglise ", " in sinu Ecclesiae "…alors que je sais pertinemment n'avoir jamais quitté l'Eglise…Mais les circonstances étant ce qu'elles sont, il est bien légitime de soumettre, comme le fait Mgr Lefebvre, " un projet de réintégration et de normalisation de nos rapports avec Rome ". (lettre du 21 nov. 1987). De " réintégration " ?…Alors nous étions en dehors ? De " reconnaissance " ? Alors nous étions condamnés ? Il y a des gens qui ont tellement " l'esprit géométrique " qu'ils ne comprennent jamais rien ? Mais ils savent se dire pourtant les vrais " fidèles de Mgr Lefebvre " !
3- Assurer la pérennité de l’œuvre par l’octroi de l’épiscopat.
Il est encore urgent, dit-il, d'assurer la pérennité de l'œuvre en prévoyant la succession épiscopale de Mgr Lefebvre. C'est le troisième point du n° 12 : " Il est urgent de modifier quelques articles de ses statuts afin de pourvoir à la succession épiscopale de Mgr Lefebvre ".
Le principe fut accepté dans le protocole du 5 mai 1888 mais aucune date ne fut prévue et Rome resta sur ce sujet dans le vague, ce qui inquiéta Mgr lefebvre et lui fit retirer sa signature du protocole du 5 mai 1988.
C'est ce qui fut prévu pourtant et là obtenu  - le temps passe et les circonstances aussi  - lors du règlement de l'affaire de Campos. Le pape, le 25 décembre 2001, écrivait à Mgr Rangel : " …Après avoir considéré toutes ces choses et ayant devant les yeux la gloire de Dieu, le bien de la sainte Eglise, ainsi que cette loi suprême qu'est la salut des âmes, et étant d'accord sincèrement avec votre requête de pouvoir être admis à l'entière communion avec l'Eglise catholique, nous reconnaissons que vous lui appartenez canoniquement.
En même temps, nous vous informons, Vénérable frère, qu'un document législatif va être préparé, document qui établira la forme juridique de la confirmation de vos biens ecclésiastiques et par lequel, le respect de vos biens sera garanti. Par ce document, l'Union sera érigée canoniquement en une Administration apostolique personnelle qui sera directement soumise au Siège apostolique et aura son territoire dans le diocèse de Campos. La question de la juridiction cumulative avec l'ordinaire du lieu sera traitée. Son gouvernement vous sera confié, Vénérable Frère, et votre succession sera prévue ".
N'oublions pas que Mgr Rangel fut sacré évêque par Mgr Tissier de Mallerais…
Ainsi le Pape prévoyait-il dans cette lettre, comme le suggérait Mgr Lefebvre dans son rapport au cardinal Gagnon, d'assurer la pérennité de l'œuvre des pères de Campos, par la création de cette Administration, ayant à sa tête un évêque qui préside à son gouvernement. Ici comme là, il était nécessaire de " pourvoir à la succession épiscopale " et de Mgr Lefebvre et Mgr Rangel. Si cette succession épiscopale était difficilement acceptable par Rome en 1988, pour la FSSPX, elle ne le fut plus en 2002 pour les pères de Campos. Les mentalités en avaient accepté le principe et la nécessité. La succession épiscopale était nécessaire pour maintenir la liberté des œuvres dans leur choix de la liturgie traditionnelle.
4-comme un « ordinariat aux armées ».
Enfin et c'est le quatrième point, il est urgent que l'on s'inspire pour l'organisation canonique de ces œuvres désirant garder la liturgie traditionnelle, du document daté du 21 avril 1986, créant ce qu'on appelle aujourd'hui, l'Ordinariat aux armées, publié par Jean Paul II dans sa constitution apostolique : " Spirituali militum curae ".
C'est un document très simple de 14 articles qui prévoit l'organisation de ce qu'on appelait jadis les " Vicariats militaires ". J'ai publié ce texte dans le n° 37 de DICI en date du 11 janvier 2002. Ce problème canonique, de fait, n'est pas un problème difficile dès lors que l'on veut bien respecter l'entité de ces œuvres attachées à la Tradition latine et les recevoir vraiment dans l'Eglise.
C’est bien là  un « accord pratique »
" Respecter l'entité de ces œuvres attachées à la liturgie latine "… mais c'est ce qu'a demandé à plusieurs reprises le cardinal Ratzinger. Une seule citation, celle d'un des ses derniers livres, " Voici quel est notre Dieu ". Il écrivait : " Pour la formation de la conscience dans le domaine de la liturgie,, il est important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu'en 1970. Celui qui, à l'heure actuelle, intervient pour la validité de cette liturgie, ou qui la pratique, est traité comme un lépreux : c'est la fin de toute tolérance. Elle est telle qu'on n'en a pas connu durant toute l'histoire de l'Eglise. On méprise par là tout le passé de l'Eglise. Comment pourrait-on avoir confiance en elle au présent, s'il en est ainsi. J'avoue aussi que je ne comprends pas pourquoi beaucoup de mes confrères évêques se soumettent à cette loi d'intolérance, qui s'oppose aux réconciliations nécessaires dans l'Eglise sans raison valable ". (p. 291) Tout cela me donne personnellement bon espoir !
5- la juridiction
Mgr Lefebvre attire l'attention sur le problème de la juridiction de cet ordinariat. C'est le § 4 de " Spirituali militum curae " qui dit : " La juridiction de l'Ordinariat militaire est :
-personnelle, de sorte qu'elle s'exerce sur les personnes qui appartiennent à l'Ordinariat, même si elles se trouvent parfois en dehors des frontières nationales ; -ordinaire, tant au for interne qu'au for externe, -propre, mais cumulative avec la juridiction de l'évêque diocésain, car les personnes appartenant à l'Ordinariat continuent à être des fidèles de cette église particulière dont ils sont une partie du peuple en raison du domicile ou du rite ". L'intérêt de cet article –essentiellement pratique - sur la juridiction cumulative n'a pas échappée à Mgr Lefebvre. Lui-même écrit dans son texte : " … Viendra alors une étude plus approfondie des applications à faire de l'exemple de l'Ordinariat aux armées à la situation de la Fraternité saint Pie X. Ainsi l'application de la juridiction cumulative semble très réaliste et résout beaucoup de problème ". (n° 16) 6- des relations des différentes œuvre appartenant à  cet « ordinariat ».
Enfin dans son article 18, Mgr Lefebvre parle des relations entre les différentes œuvres amies qui appartiendraient à cette " Ordinariat pour la liturgie latine " : " Les relations entre les diverses Œuvres et initiatives d'une part et la Fraternité d'autres part, demeureraient celles qu'elles sont actuellement pour les ordinations, confirmations et autres assistances : bénédictions, retraites, cérémonies de professions etc.. .Mais tout ce qui concerne le statut canonique et les dispenses à soumettre à Rome, irait directement au Secrétariat Romain ". (n° 18).
Ainsi, j'y insiste, rien ne serait changé, par suite de la création de ce cadre juridique légitime, dans nos relations avec ce que nous avons connu jusque là… …sinon que les choses se feraient dans l'ordre et légitimement.
Voilà ce que j’appelle un « accord pratique ». Voilà la position de Mgr Lefebvre.
La forme canonique aurait bien son intérêt…Ne pas le voir m'étonna, m'étonnera toujours. Je l'ai dit…On m'a mis dehors…invoquant une soi disant désobéissance…On aurait bien pu le prendre un peu plus en compte…

Déclaration du chapitre
16 juillet 2006, en la fête de Notre Dame du Mont Carmel
Pour la gloire de Dieu, pour le salut des âmes et pour le vrai service de l’Église, à l’occasion de son 3ème Chapitre général, tenu du 3 au 15 juillet 2006 à Écône en Suisse, la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X tient à déclarer sa ferme résolution de poursuivre son action, Dieu aidant, dans la ligne doctrinale et pratique tracée par son vénéré fondateur, Monseigneur Marcel Lefebvre. Marchant sur ses pas dans le combat pour la défense de la foi catholique, la Fraternité fait pleinement siennes ses critiques envers le concile Vatican II et ses réformes, telles qu’il les a exprimées dans ses conférences et ses sermons, et en particulier dans sa déclaration du 21 novembre 1974 :
« Nous adhérons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la Foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette Foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité. Nous refusons par contre, et nous avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues.»
Dans les échanges qu’elle a eus en ces dernières années avec Rome, la Fraternité a pu constater le bien-fondé et la nécessité des deux préalables(1) qu’elle a réclamés, qui procureraient un très grand bien à l’Eglise en restituant à celle-ci au moins une partie de ses droits à sa propre Tradition. Non seulement le trésor de grâces dont jouit la Fraternité serait sorti de dessous le boisseau, mais il apporterait ainsi le remède dont le Corps mystique a tant besoin pour guérir.
Si, après leur accomplissement, la Fraternité attend la possibilité de discussions doctrinales, c’est encore dans le but de faire résonner plus fortement dans l’Église la voix de la doctrine traditionnelle. En effet, les contacts qu’elle entretient épisodiquement avec les autorités romaines ont pour seul but de les aider à se réapproprier la Tradition que l’Église ne peut renier sans perdre son identité, et non la recherche d’un avantage pour elle-même, ou d’arriver à un impossible “accord” purement pratique. Le jour où la Tradition retrouvera tous ses droits,
« le problème de la réconciliation n’aura plus de raison d’être et l’Église retrouvera une nouvelle jeunesse ». (2)
Dans ce long travail de reconquête, le Chapitre encourage tous les membres de la Fraternité à vivre encore plus intensément, dans la conformité aux Statuts, de cette grâce qui lui est propre : l’union à la grande prière du Souverain Prêtre, au saint Sacrifice de la Messe. Qu’ils soient convaincus, avec leurs fidèles, que c’est dans cet effort d’une sanctification toujours plus grande au cœur de l’Église que se trouve la seule solution aux malheurs présents : la restauration de l’Église par la restauration du sacerdoce.
A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera.

(1) La liberté entière et sans conditions pour la Messe tridentine et le retrait du décret d’excommunication des quatre évêques de la Fraternité
(2) Lettre de Mgr Lefebvre du 2 juin 1988 au pape Jean-Paul II.

1 août 2006

[Aletheia n°95] L’abjuration du Pasteur Sten Sandmark et la conversion du Pasteur Roger Schutz - par Yves Chiron


Yves Chiron - Aletheia n°95 - 1er août 2006
L’abjuration du Pasteur Sten Sandmark et la conversion du Pasteur Roger Schutz - par Yves Chiron
Hier 30 juillet, en l’église de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à Paris, un pasteur luthérien suédois, Sten Sandmark, et un autre protestant, ont abjuré solennellement  « toute erreur, hérésie et secte contraires à la sainte Eglise catholique, apostolique et romaine ». Le pasteur Sandmark avait fait, en juillet dernier, une « Déclaration publique » pour expliquer les raisons de son « retour à l’Eglise » (texte complet ci-joint).
Cette conversion a attiré l’attention des médias suédois et allemands. La cérémonie solennelle d’abjuration, qui a eu lieu hier, contraste avec la conversion, discrète, qui avait été celle du Pasteur Schutz, fondateur de la Communauté de Taizé. Conversion si discrète qu’elle ne fut apparente que le jour des funérailles de Jean-Paul II lorsque le cardinal Ratzinger, aujourd’hui Benoît XVI, lui donna la communion. Certains se sont indignés, et s’indignent encore, que le futur Benoît XVI ait donné la communion à « un protestant ». C’est qu’ils ignoraient que frère Roger Schutz avait fait, depuis plusieurs années, profession de foi catholique.

L’abjuration du pasteur Sandmark
Le pasteur Sandmark a manifesté l’intention de rejoindre la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Aussi la cérémonie d’adjuration d’hier était-elle présidée par Mgr Tissier de Mallerais, assisté de l’abbé Schmidberger et de l’abbé de Cacqueray, supérieur du District de France de la Fraternité Saint-Pie X.
La cérémonie d’abjuration a eu lieu avant la messe. Après un discours de présentation fait par Mgr Tissier de Mallerais, le Pasteur Sandmark s’est agenouillé devant l’évêque et a prononcé une Professio fidei  qui était à la fois une abjuration solennelle de ses erreurs de jadis et une profession solennelle de la foi catholique (texte complet ci-joint). Puis son compagnon a fait de même.
Après le chant du Miserere (le Psaume 50), Mgr Tissier de Mallerais a absout les deux convertis des peines canoniques qui frappent les hérétiques et les schismatiques. Puis il leur a conféré le sacrement de confirmation, avant qu’ils ne reçoivent la communion au cours de la messe qui a suivi. 
Cette cérémonie, solennelle et émouvante, s’est déroulée dans une église bondée. C’est la première fois qu’une cérémonie publique d’abjuration par un pasteur protestant avait lieu dans une église de la FSSPX.
“L’Eglise conciliaire empêche les conversions” a déclaré Mgr Tissier de Mallerais dans son discours d’ouverture de la cérémonie. L’expression, polémique, est exagérée. En revanche, il est vrai que la cérémonie d’abjuration telle qu’elle s’est déroulée hier à Saint-Nicolas-du-Chardonnet n’existe plus dans ce que Mgr Tissier de Mallerais appelle “l’Eglise conciliaire”. En témoignent les conversions des pasteurs Max Thurian et Roger Schutz, les deux fondateurs de la Communauté de Taizé.

La conversion du pasteur Roger Schutz
Ces conversions se sont accomplies dans une telle discrétion qu’elles ont été connues non au moment où elles se sont produites mais à l’occasion d’autres événements. C’est quand l’ordination sacerdotale de Max Thurian a été rendue publique en 1988 (ordination célébrée par l’archevêque de Naples l’année précédente), que sa conversion au catholicisme a été connue. C’est quand Roger Schutz a reçu la communion au cours des obsèques de Jean-Paul II, en avril 2005, que l’on a supputé son appartenance à l’Eglise catholique. La chose fut si surprenante que le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, après les obsèques, a interpellé le cardinal Kasper, Président du Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des chrétiens, sur cette communion urbi et orbi. Tout le monde, ou presque, croyait Frère Roger encore protestant. Le cardinal Kasper a répondu : « Frère Roger est formellement catholique »[1].
Après avoir interrogé l’évêché d’Autun,  le Conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens et le Prieur de la Communauté de Taizé, on peut essayer d’établir l’itinéraire de la conversion, discrète, de Roger Schutz.
La communauté semi-monastique que le Pasteur Schutz a fondée, en 1940, à Taizé, communauté vouée au rapprochement entre les chrétiens, n’a compté, au départ, que des protestants.  À partir de 1949, Roger Schutz et Max Thurian ont été reçus régulièrement au Vatican, par Mgr Montini  d’abord (le futur Paul VI), puis par les papes eux-mêmes à partir de Jean XXIII. Les deux pasteurs de Taizé furent parmi les « observateurs » non-catholiques invités au concile Vatican II, dès la première session (1962). Max Thurian sera aussi, à partir de 1966, parmi les six observateurs non-catholiques au Consilium chargé de préparer les réformes liturgiques qui aboutiront, notamment, à la promulgation d’un Novus Ordo Missæ.
À partir de 1969, la Communauté de Taizé a accueilli des « frères » catholiques puis, en 1971, un accord fut trouvé pour instituer un « représentant » de la Communauté de Taizé auprès du Saint-Siège. Ce « représentant » avait comme mission « de traiter les questions communes entre Taizé et l’Eglise catholique en harmonie avec la pensée du Saint-Père ; de permettre une meilleure collaboration dans les activités œcuméniques entre Taizé et l’Eglise catholique ; et de favoriser l’établissement de liens organiques entre elles »[2].
Cet accord, rendu public à l’époque (L’Osservatore romano, 9-10 août 1971), préparait en fait, semble-t-il,  le passage à l’Eglise catholique des deux fondateurs de Taizé, Roger Schutz et Max Thurian. Ce « passage », cette conversion, se firent en 1972, dans la chapelle de l’évêché d’Autun, diocèse où se trouve Taizé. Il y eut profession de la foi catholique puis communion des mains de Mgr Le Bourgeois.
Aucun acte écrit ne reste, semble-t-il, de cet événement mais Frère Roger a donné le témoignage oral de cette adhésion à la Foi catholique au successeur de Mgr Le Bourgeois, Mgr Séguy.
Par la suite, des pratiques catholiques, comme l’adoration eucharistique et le sacrement de la confession, seront établies dans la Communauté de Taizé. Roger Schutz, devenu catholique, n’a plus, évidemment, célébré le culte protestant à Taizé ou ailleurs et, puisqu’il n’était pas devenu prêtre, il recevait la communion d’un prêtre catholique. « Pour ce qui est du ministère du Pape, il déclarait et écrivait que l’unité des chrétiens devait se faire autour du pasteur de l’Eglise du Christ, qu’est l’évêque de Rome »[3].
Roger Schutz aimait à dire : « J’ai trouvé ma propre identité de chrétien en réconciliant en moi-même la foi de mes origines avec le mystère de la foi catholique, sans rupture de communion avec quiconque » (allocution au pape Jean-Paul II, en 1980, lors de la Rencontre européenne des jeunes à Rome). La formule, reprise encore dans son dernier livre (Dieu ne peut qu’aimer), peut-être jugée très insatisfaisante parce qu’elle ne dit rien des rétractations nécessaires à une conversion. Mais Roger Schutz n’était pas un théologien.
Il est vrai que la discrétion de sa conversion n’a pas eu la limpidité et la solennité d’une abjuration. Mais qui oserait douter de sa sincérité ? Le cardinal Ratzinger, en lui donnant la communion en avril 2005, avait agi, bien sûr, en connaissance de cause. Et c’est être mal informé que de l’accuser, aujourd’hui encore, d’ « avoir donné la communion à un protestant »[4].
----------
Annexes
Déclaration publique du pasteur Sten Sandmark à l'occasion de son entrée dans l'Eglise Catholique
Veritas liberabit vos - La Vérité vous rendra libre (Joan VIII,32)
Pourquoi mon retour à l'Eglise de mes pères d'avant 1517?
Il n'y a qu'un seul Dieu, qui s'est révélé lui-même comme le Dieu tri ne : le Père, le Fils qu'Il  a engendré, et le Saint-Esprit qui procède des deux. Le Fils de Dieu a été envoyé dans le monde et s'est fait homme pour nous racheter du péché et de la mort par son sacrifice sur la Croix. Il a fondé l'Eglise, qu'Il a établie sur Pierre (Matth. XVI, 16-19), afin que, après sa Résurrection et son Ascension, elle poursuive Son œuvre de Rédemption dans le temps et dans l'espace par la prédication de l'Evangile, l'offrande du Saint Sacrifice de la Messe, l'administration des sept sacrements et la mission pastorale qu'Il lui a confiée lorsqu'Il a dit: « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie.» (Joan. XX, 21)
De même donc qu'il n'y a qu'un seul Dieu, de même n'y a-t-il qu'un seul Sauveur,Notre-Seigneur Jésus-Christ; ainsi il n'existe qu'une seule Eglise qu'Il a fondée, Lui l'Homme-Dieu: l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique; elle est le Corps mystique du Seigneur Lui-même (1 Cor. XII, 27).
Seul Pierre a reçu du Seigneur le mandat de La paître (Joan. XXI, 15-17). C'est lui qui a établi l'Eglise à Rome et y a souffert le martyre, et qui trouve son successeur légitime dans le Souverain Pontife romain.
L'appartenance à cette Eglise est de nécessité de salut: « Celui qui vous écoute, m'écoute; celui qui vous méprise, me méprise. Mais celui qui me méprise, méprise Celui qui m'a envoyé» (Luc X,16).
Pour son propre malheur, c'est en 1517 que Luther s'est séparé de cette Eglise, tant dans son enseignement que dans son culte ou sa discipline, et qu'il a entraîné des nations entières dans cette funeste séparation. Par la suite, et dans le sillage de cette déchirure, d'innombrables sectes se sont formées qui toutes se réclament du Christ, mais dont aucune ne peut se prévaloir de remonter à Lui par une succession ininterrompue dans l'unité avec le successeur de Pierre, pas même l'Eglise de Suède. L'ordination de femmes comme « prêtresses» ainsi que la bénédiction accordée aux unions homosexuelles montrent à l'envie combien cette dernière s'est éloignée de la mission du Christ et de l’enseignement des apôtres.
Après de nombreuses années de lutte et beaucoup de prières, je quitte cette communauté pour revenir à l'Eglise fondée par le Christ, à l'Epouse de l'Agneau immolé, même si cette Eglise est aujourd'hui secouée par une grave crise. C'est à Elle et Elle seule que le Christ a confié sa promesse que les portes de l'enfer ne prévaudront point contre Elle (Matth. XVI, 18).
Je me recommande à la prière de tous les chrétiens et prie moi-même pour que tous trouvent dans le troupeau du Christ le refuge et finalement le salut éternel. Cette prière débordante d'espérance,je l'adresse de manière toute particulière à Marie, la Mère de Dieu fait homme, modèle de l'Eglise en son Immaculée Conception et sa Virginité. Sainte Brigitte, vous la femme forte de l'unique Eglise unie à Rome, priez pour votre patrie et la mienne, la Suède!
Oskarshamn, le 16 juillet 2006
Sten Sandmark
----------
Profession Fidei
Moi, N.N... , ayant devant les yeux les Saints Evangiles, que je touche de mes propres mains, je reconnais que personne ne peut être sauvé en dehors de la Foi que professe, croit, prêche et enseigne la sainte Eglise catholique apostolique et romaine; je regrette vivement d'avoir erré gravement contre cette foi, parce que, né hors de l'Eglise Catholique, j'ai reçu et admis des doctrines contraires à son enseignement.
Maintenant, éclairé par la grâce divine, je fais profession de croire que la sainte Eglise catholique, apostolique et romaine, est la seule véritable Eglise établie par Jésus-Christ sur cette terre, et je me soumets à elle de tout cœur. Je crois tous les articles qu'elle propose à ma croyance; je réprouve et condamne tout ce qu'elle réprouve et condamne, et je suis prêt à observer tout ce qu'elle me commande. En particulier, je fais profession de croire:
Un seul Dieu en trois personnes divines, distinctes et égales, à savoir: Le Père, le Fils et le Saint-Esprit ;
la doctrine catholique sur l'Incarnation, la Passion, la Mort et la Résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ; l'union hypostatique des deux natures, divine et humaine; la maternité divine de Marie, en même temps que sa virginité sans tache et son immaculée conception;
la présence véritable, réelle et substantielle du corps, joint à l'âme et à la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, au Très Saint Sacrement de l'Eucharistie;
les sept Sacrements institués par Jésus-Christ pour le salut du genre humain, à savoir: le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitence, l'extrême-onction, l'ordre et le mariage;
le purgatoire, la résurrection des morts, la vie éternelle;
la primauté, non seulement d'honneur, mais aussi de juridiction, du Pontife Romain, successeur de saint Pierre, prince des Apôtres et Vicaire de Jésus-Christ;
le culte des saints et de leurs images;
l'autorité des traditions apostoliques et ecclésiastiques, et des Saintes Ecritures, qui ne doivent être interprétées et entendues que dans le sens qu'a adopté et adopte notre Mère la sainte Eglise Catholique;
et tout ce qui a été en outre défini et déclaré par les saints canons et les conciles œcuméniques, spécialement par le saint concile de Trente et celui du Vatican.
C'est pourquoi, d'un cœur sincère et d'une foi ferme, je déteste et abjure toute erreur, hérésie et secte contraires à cette sainte Eglise catholique, apostolique et romaine. Que Dieu me soit en aide ainsi que les Saints Evangiles que je touche de mes propres mains !
----------
[1] Témoignage écrit de Mgr Séguy, ancien évêque d’Autun, à l’auteur, le 19 janvier 2006.
[2] Lettre de Mgr Johan Bonny, du Conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens, à l’auteur, le 13 mai 2006.
[3] Id.
[4] L’accusation figure dans le procès qu’instruisent, déjà, contre Benoît XVI des sites traditionalistes français et américains et certaines revues traditionalistes.