SOURCE - Philippe Courtois - 29 octobre 2011
Allocution de M. Philippe Courtois prononcée pour le 40ème anniversaire de M l’abbé Paul Aulagnier, célébré dans la Collégiale de Mantes la Jolie, le 29 octobre 2011
Nous sommes en 1943, la France est occupée depuis 3 ans par les troupes allemandes qui réquisitionnent une grande partie de la production du Pays. C’est vous dire que pour la population française de l’époque, la vie n’est pas drôle du tout, car il est très difficile de se procurer du ravitaillement.
C’est dans ce contexte, cher Monsieur l’Abbé, que vous arrivez en ce monde, le 25 mai 1943. Votre père est notaire à Ambert. S’il est l’autorité du foyer, votre mère en est l’âme profonde. Ce sont d’excellents chrétiens pratiquants qui s’efforceront de vous donner la meilleure éducation possible – éducation qui ne sera d’ailleurs pas étrangère à votre future vocation.
A la fin de vos études secondaires, en juin 1963, vous entrez à l’Université de Droit de Clermont-Ferrand. Mais 1 an après, en septembre 1964 : changement total d’orientation. Vous décidez d’entrer au Séminaire Français de Rome pour 3 années de Philosophie et une année de Théologie.
En juin 1967, vous décrochez votre licence de Philosophie.
Nous arrivons à la fameuse année1968 : vous avez 25 ans. Vous êtes sursitaire et vous êtes appelé au service militaire. Tout de suite vous vous faites remarquer en arrivant à votre régiment en soutane !
Mais, grâce à votre caractère jovial, vous serez apprécié de tous.
Octobre 1969 : votre service militaire est terminé.
Durant votre séjour au séminaire de Rome, vous aviez rencontré de nombreuses fois Mgr Lefebvre et, très rapidement, un excellent contact s’était établi entre vous. Aussi, c’est tout naturellement que vous le rejoignez en Suisse, à Fribourg et vous participez avec lui à la toute première fondation de ce qui deviendra la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X.
Après avoir terminé vos études de Théologie, vous êtes ordonné Prêtre par Mgr Lefebvre en la fête de Ste Marguerite- Marie Alacoque, la messagère du Sacré-Cœur. Ce fut pour vous le signe de la Miséricorde Divine sur votre Sacerdoce. C’est à ce moment-là, malheureusement, que votre père décède et Mgr Lefebvre, dans sa grande bonté, vous permettra de rester pendant 1 an auprès de votre Mère.
De retour en Suisse en septembre 1973 vous êtes nommé professeur d’Ecriture Sainte et vice-recteur du séminaire d’Ecône.
A cette même période, vous êtes élu Premier Assistant de Mgr Lefebvre.
Le 15 août 1976, vous êtes élevé à la fonction de Supérieur du District de France de la Fraternité. Vous avez 33 ans. Poste que vous conserverez jusqu’en 1994.
Et c’est au cours de ces 18 années que l’on pourra mesurer l’ampleur de vos capacités d’action, grâce en particulier à vos qualités humaines qui font que vous pouvez obtenir beaucoup de vos subordonnés.
- La fameuse revue FIDELITER, c’est vous qui l’avez créée.
- Le quadrillage de la France, pour l’implantation de plus de 30 prieurés, c’est vous.
- De 2 instituts universitaires à Paris et à Lyon, c’est vous.
- L’ouverture de 8 établissements pour l’enseignement du second degré, hors contrat, c’est vous.
- De 17 écoles primaires, réparties sur l’ensemble de la France, c’est toujours vous.
Bref, si nous les fidèles, nous devons beaucoup à la Fraternité, mais surtout à Mgr Lefebvre, elle aussi vous doit beaucoup.
Durant les années 70, alors que les réformes conciliaires vont bon train bouleversant l’Eglise, déboussolant complètement les Catholiques, comme par exemple, dans nos belles églises, la suppression, quand ce n’est pas la destruction des beaux autels, remplacés par des tables de cuisine, cassant du même coup l’incitation au recueillement.
Il aura fallut l’intervention des Architectes des Bâtiments de France pour que soit mis fin à ce scandale, et c’est dans cette ambiance que vous organisez le 23 septembre 1979, le Jubilé de Mgr Lefebvre pour ses 50 années de Sacerdoce, dans le grand hall du Parc des Expositions dela Portede Versailles, à Paris.
Une Messe pontificale grandiose, un orgue tout spécialement transporté, la chorale polyphonique de Saint Nicolas du Chardonnet, dirigée de façon magnifique par M. Sissung. 15.000 personnes entendront le fameux sermon de Monseigneur, au cours duquel il prononcera avec cet accent que nous ne pourrons jamais oublier :
«NOVI ET AETERNI TESTAMENTI»
Alors que nous étions arrivés le matin, encore désabusés par les innovations conciliaires, nous sommes rentrés chez nous ce soir-là en nous disant : » Et bien, tout n’est pas fichu ! »
Les retombées de cette journée furent vraiment bénéfiques.
Le 15 août 1989 : les pouvoirs publics célèbrent à grand bruit le bicentenaire de la Révolution Française de 1789 – Révolution durant laquelle les Conventionnels mettront en œuvre le plan d’extermination et de d’anéantissement de la Vendée, allant jusqu’à jeter des hommes et des femmes dans des fours !
- Sans parler de ce monstre de Carrier, promoteur des noyades de Nantes.
-La Vendée fut le théâtre du premier génocide de l’Histoire Contemporaine.
- L’horrible mise à mort du Bon Roi Louis XVI le 21 janvier 1793.
- Les privilèges devaient être supprimés, ils sont revenus de façon scandaleuse, mais profitent à d’autres.
Voilà ce qu’était la Révolution.
Vous vous élevez, cher Monsieur l’Abbé, contre le tapage de ce bicentenaire, en organisant à votre manière une Contre-Révolution. C’est un défi inimaginable, alors que les parisiens sont en congé en plein mois d’août.
Et bien ce sont 30.000 personnes qui se pressent Place du Louvre ;la Préfecture de Paris vous ayant refusé, et pour cause,la Place de la Concorde.
Résonne encore dans nos têtes l’inoubliable discours de Brigneau !
Nous voyons encore, dressé au Centre dela Place, cette horrible guillotine, symbolisant l’horreur dela Révolution.
Mais, quelques mois plus tard, le 19 novembre 1989, c’est tout autre chose.
C’est la très grande fête de Mgr Lefebvre, pour ses 60 années de sacerdoce. Vous avez tout fait, cher Monsieur l’Abbé, pour qu’elle soit magnifique. Et bien elle le fut!
Mais ce sera malheureusement la dernière.
C’est au Bourget. Une Messe splendide, dans un décorum comme seulela Traditionsait le faire. Après la cérémonie, un repas fut servi par un excellent traiteur, sur une multitude de tables rondes fleuries. Journée gravée dans nos mémoires, marquant le renouveau et le plein essor dela Traditioncatholique en France.
Hélas ! hélas le 25 mars 1991 c’est la mort de Mgr Lefebvre. Elle va marquer malheureusement pour vous, cher Monsieur l’Abbé, le commencement d’une période pénible. Nous allons le voir.
Dès le mois d’août 1994, par ordre du nouveau supérieur , vous êtes remplacé à la tête du District de France par l’Abbé de Jorna. Lui-même sera remplacé peu de temps après. Et, sans affectation particulière, il vous sera demandé d’apprendre l’anglais.
Mais, lassé d’être sans affectation, vous apprenez qu’un poste est vaquant à Gavrus
dans le Calvados. Vous proposez votre candidature, elle sera acceptée au mois d’août 1995. C’est dans un ancien et joli corps de ferme qu’est installé le prieuré de Gavrus. Vous y resterez 5 ans.
- Vous fondez le cours primaire St Jean Eude de la 10ème à la 7ème.
- Vous entreprenez la restauration des bâtiments.
- Vous éditez le bulletin « St Jean Eude ».
- Vous assurez l’aumônerie chez les Dominicaines enseignantes de St Manvieux-Norey qui possèdent une magnifique école secondaire, hors contrat, dans des bâtiments splendides du 13ème siècle.
- Vous organisez également le pèlerinage de Lisieux, avec départ de Firfol vers la basilique Ste Thérèse.
En septembre 1996, c’est le décès de l’Abbé Montgomery-Wright, un ancien anglican écossais converti au catholicisme, – mais au catholicisme d’avant le Concile.
Il est curé du petit village du Chamblac depuis 40 ans. Et lorsque l’évêque d’Evreux viendra avec ses gros souliers lui demander d’appliquer le Concile, l’abbé Montgomery lui répondra tout simplement : » Mais Monseigneur, ce n’était vraiment pas la peine que je me convertisse…. » A la suite de quoi, l’autorité diocésaine n’osera plus insister et ne viendra plus le déranger.
A près son décès, vous prenez tout naturellement sa place, puisqu’il avait exprimé nettement et officiellement qu’il ne voulait être remplacé que par un prêtre de la Tradition.
Pour ne pas être trop long nous passerons sur vos démêlés avec Mgr David et sur le combat que vous avez dû engager pendant 1 an pour essayer de maintenir ce que l’abbé Montgomery avait réalisé au Chamblac.
Enfin, grâce à vos bonnes relations avec ce cher abbé Francis Michel, curé de Thiberville (qui en a vu lui aussi avec l’évêque d’Evreux)la Fraternité pourra utiliser l’église du petit village du Planquay, en remplacement du Chamblac, repris par l’évêque d’Evreux au mépris des vœux exprimés par l’abbé Montgomery.
Le 15 août 2000,la Direction vous retire de Gavrus et vous nomme responsable de la Communication au sein de la Fraternité. Mais un an plus tard, en juillet 2001 vous êtes envoyé en Belgique, à Bruxelles, afin de desservir, en tant que prieur, l’église St Joseph, rue de la Concorde, propriété de la Fraternité.
Le 15 août 2002, voilà qu’une année sabatique vous est accordée, mais hors de France. C’est au Québec, à Levis, que l’on vous envoie. Mais très rapidement, vous êtes nommé prieur de la maison de Chavanigane, avec célébration de Messe à Montréal.
Le 24 mai 2003, vous apprenez qu’une messe tridentine solennelle est célébrée à Rome, en la basilique Ste Marie-Majeur. C’est la première depuis le Concile. Elle revêt à vos yeux un événement significatif, prouvant la bonne volonté de Rome. En véritable fils spirituel de Mgr Lefebvre, comme le prouve la confiance qu’il vous a toujours accordée, ainsi que les nombreuses lettres qu’il vous a adressées, vous vous permettez d’exprimer votre sentiment sur un accord que vous jugez possible entre le Saint-Siège et la Fraternité. Surtout après 30 années de séparation, ainsi qu’au regard de ce qui avait pu être réalisé en faveur dela Traditiondans le diocèse de Campos au Brésil. Ce qui malheureusement ne vous sera pas pardonné parla Directionde Menzingen.
Octobre 2003 : c’est l’épreuve qui vous tombe soudainement sur le dos. Vous êtes remercié et, du jour au lendemain, mon pauvre Monsieur l’Abbé, vous vous
retrouvez à la rue, seul, sans aucune ressource.
Vous en tomberez malade, car jamais vous n’auriez imaginé pouvoir être un jour mis à la porte de la Fraternité, à laquelle vous vous étiez consacré, corps et âme, depuis si longtemps. 32 ans !
Nous devons noter que peu de temps après vous, ce sont presqu’une douzaine de prêtres qui seront exclus à leur tour, ou qui partiront d’eux-mêmes.
Chez un grand nombre de fidèles, c’est la stupeur, l’incompréhension et le désarroi ; car précisément nous avions beaucoup d’estime pour ces prêtres, comme nous en
avions aussi d’ailleurs pour la Fraternité. Fort heureusement, grâce à votre Foi profonde, grâce aussi à votre solide constitution, peu à peu votre santé se rétablit.
En bon samaritains, monsieur et madame Dubujadoux, parents de l’abbé Guillaume Dubujadoux, vous accueillent généreusement à Vichy. Voilà un exemple de charité.
C’est l’occasion pour nous de leur rendre ici un vibrant hommage.
Vos bonnes relations avec le cardinal Castrillon-Hoyos, préfet de la Congrégation du Clergé au Vatican, vous permettent d’obtenir votre « celebret » auprès de votre diocèse d’origine, celui de Clermont-Ferrand, dans lequel vous êtes incardiné depuis 1971.
Aucun ministère ne vous est cependant proposé. Mais la Providence veille sur vous, comme nous allons le voir.
Entre 2004 et 2005 vos connaissances en informatique vous permettent la création d’une paroisse virtuelle sur internet. Ainsi vous est-il possible de prêcher l’Evangile de Jésus un peu partout dans le monde.
C’est aussi les premières éditions de votre revue « ITEM ».
Le 1er mai 2005, vous avez la grande joie de retrouver à Paris ce cher Abbé Guillaume de Tanoüarn, un exclu lui aussi de la Fraternité!
Mais qui a su très rapidement et brillamment se reconvertir d’une manière tout-à-fait exceptionnelle.
1. En fondant 12 rue St Joseph à Paris son Centre St Paul. Centre rayonnant de conférences prestigieuses.
2. C’est aussi le plus important centre de messes tridentines de l’IBP à Paris. Deux messes tous les jours de la semaine, 5 messes tous les dimanches.
3. En devenant un des principaux rédacteurs à l’excellente revue «Monde et Vie» pour toutes les questions religieuses, avec ses collègues Joël Prieur et madame Claire Thomas.
4. En devenant également patron d’émission à Radio Courtoisie, émissions toujours très écoutées.
Finalement, bienheureuse exclusion.
Grâce à lui, vous retrouverez, cher Monsieur l’Abbé, de nombreux amis et fidèles bienfaiteurs.
En date du 27 août 2005, le marquis de Gonteau-Biron, qui vous connait bien et qui connait surtout vos capacités, vous adresse une lettre au terme de laquelle il vous propose de faire revivre son domaine de Courtalain, dans l’Eure-et-Loir.
Vous visiterez les lieux le 3 septembre 2005. Proche de Paris, diocèse de Chartres, desservi par le train, un cadre délicieux, il n’en faut pas plus pour que soit décidé, avec vos confrères les abbés Philippe Laguérie, Guillaume de Tanoüarn, ChristophexHéry et Henri Forestier, la création d’un séminaire traditionaliste.
Et ce sera le succès, grâce en grande partie à vos lettres datées du 1er juin et 18 novembre 2006, auxquelles ont répondu rapidement et généreusement près de 300 fidèles et bienfaiteurs que vous avez su mobiliser et convaincre.
Ainsi les travaux de restauration indispensables ont pu être effectués avant l’arrivée des séminaristes.
Enfin le vendredi 8 septembre 2006, à Rome en la fête de la Nativité de la Sainte Vierge, le cardinal Castrillon-Hoyos, au nom du Saint-Siège, érige l’Institut du Bon Pasteur en Société de vie apostolique, regroupant sous la houlette de l’abbé Philippe Laguérie : vous, cher monsieur l’Abbé, ainsi que les anciens prêtres de la Fraternité.
Cette communauté nouvelle, entièrement vouée àla Tradition, marque la volonté du Pape Benoît XVI d’en finir avec le séparatisme traditionaliste.
- Reconnu de droit pontifical,
- relevant directement du Saint-Siège,
- avec pour son supérieur le pouvoir de juridiction sur tous ces membres,
- création réalisée en plein accord avec le Président dela Conférence épiscopale française de l’époque, le cardinal Ricard.
En 5 ans, nous assistons à un développement remarquable de cette œuvre :
- Ce sont de nombreux nouveaux lieux de Messe : Paris, Bordeaux, Marseille, Tournan-en-Brie, Presly, Manou, Ste Anne, Blois, Vendôme, Courtalain et de Courtalain 3 dessertes dominicales, écoutez-bien : à la demande de Mgr Michel Pansard, évêque de Chartres, venu visiter le nouveau séminaire le 12 mai 2010.
Diocèse victime de dépeuplement et du vieillissement sacerdotale, nous a dit Mgr Pansard.
- Et bien sûr Rolleboise, visité tout récemment par Mgr Eric Aumônier, évêque de Versailles ; ainsi qu’à Montmirail dans le diocèse du Mans.
Et dans toutes ces villes, nous devons constater que tout se passe très très bien.
- Mais également à l’étranger : en Pologne, en Colombie, au Chili et tout récemment à Monte San Vito en Italie, deux écoles primaires.
- Le séminaire St Vincent de Paul de Courtalain, dirigé actuellement avec beaucoup de zêle par monsieur l’abbé Roch Perrel. Il y avait l’an passé 32 séminaristes. Il y en a près de 40 cette année.
- Dernière fondation particulièrement précieuse, dans le Berry à Presly : « l’Angelus », magnifique œuvre de jeunesse, ouverte depuis le mois de septembre 2010 pour un collège de garçons, avec internat jusqu’à la 3ème et l’ouverture d’une classe de lycée chaque année, pour parvenir à la classe terminale. Pédagogie spécifique d’avant-garde, beaucoup de sport, le scoutisme y est pratiqué. Et pendant les grandes vacances d’été, une colonie de vacances y est organisée, encadrée par les séminaristes de l’Institut.
- Plusieurs projets sont en cours au Brésil, en Amérique du Nord.
- Enfin l’installation du Secrétariat Central de l’Institut dans le département de la Vienne aux environs de Poitiers, à Migné-Auxances, réalisé au mois d’août dernier, représente un progrès énorme pour la Direction de l’institution et son implantation dans le centre de la France. Et c’est encore un lieu de messe supplémentaire.
La formation sacerdotale demeurant la préoccupation principale du Supérieur, à laquelle il tient comme à la prunelle de ses yeux.
Oui, l’Institut du Bon Pasteur est véritablement une œuvre providentielle et unique que du haut du Ciel Mgr Lefebvre ne peut que bénir.
A nous maintenant les fidèles de la Tradition catholique, d’orienter notre soutien par nos dons et nos prières vers cette œuvre qui rempli tous nos espoirs.
Pour la rédaction de cette allocution, nous nous sommes inspirés, cher Monsieur l’Abbé, d’un de vos meilleurs ouvrages qui a pour titre «La Traditionsans peur » sorti en 2001 qui se lit d’autant plus facilement qu’il est composé sous la forme questions/réponses, joliment préfacé par Monsieur l’abbé Philippe Laguérie.
Les questions sont posées par l’abbé de Tanoüarn. Inutile de vous dire que le questionneur ajoute beaucoup de «piquant» à la lecture, car ses questions sont éminemment pertinentes. Et malgré les années qui passent, ce livre est toujours d’actualité, parce qu’il est au cœur de la crise de l’Eglise. Crise qui a commencé, alors que vous étiez au Séminaire Français de Rome de 1964 à 1968. Vous décrivez si bien et même avec beaucoup d’humour les clivages qui se formaient au sein même du séminaire à cette époque, non seulement chez les séminaristes, mais encore chez les professeurs. Il y avait d’un côté les «tradis» bien sûr et de l’autre les libéraux progressistes.
A la même époque, le docteur Dickès, qui avait séjourné au séminaire d’Issy-les-Moulineaux, décrivait comme vous l’ambiance délétère qui s’installait dans les séminaires à la suite de Vatican II.
Pour être honnêtes, nous devons reconnaître qu’actuellement il y a beaucoup plus de sérieux dans l’Eglise conciliaire, qui se traditionalise chaque jour un peu plus, comme l’ont montré les JMJ de Madrid du 16 au 21 août dernier.
Mais c’est aussi un livre prémonitoire, car lors de son élaboration, les trois prêtres en question faisaient encore partie intégrante de la Fraternité. Ils ignoraient, l’un comme l’autre, qu’ils seraient appelés tous les trois quelques années après, à fonder une autre institution religieuse. Comme quoi, les voies du Seigneur sont impénétrables.
A ceux de nos amis, qui nous taxent de ralliés, nous leur disons que nous n’avons rien cédé, tant sur le plan de la liturgie que sur celui de la doctrine. Ils n’ont qu’à venir àla Messele dimanche à Rolleboise. Ils s’en rendront compte. D’ailleurs, faut-il encore le rappeler, les prêtres du Bon Pasteur ne peuvent célébrerla Messeque dans le rite extraordinaire.
Et, rentré de Rome en septembre 2006 après la constitution de l’Institut du Bon Pasteur, ce cher abbé Guillaume de Tanoüarn pouvait nous écrire: «Rome nous accorde tout.»
Et, comme Mgr Lefebvre le désirait, les prêtres du Bon Pasteur se donnent aussi pour but de développer : séminaires, lieux de Messe, prieurés et surtout des écoles véritablement catholiques, comme l’Angélus, d’où sortirons les futurs parents, capables d’inculquerla Foichrétienne à leurs enfants, mais aussi des écoles où pourront éclore les futures vocations de prêtres et de religieux, dontla Francea terriblement besoin.
Le gros avantage d’être reconnus par Rome permet au Bon Pasteur de prétendre à la reconquête des églises délaissées, abandonnées. Certes, trop nombreux sont encore les évêques qui nous les refusent. Mais, petit à petit, les choses bougent et elles vont bouger de plus en plus par la force des événements, exemption juridique obtenue ou non.
Cher Monsieur l’Abbé, la générosité que Rome a montré en 2006 à l’égard du Bon Pasteur, tout ce que cette institution a déjà réalisé en cinq ans et les perspectives immenses qui s’ouvrent devant elle, prouvent que vos intuitions de 2003 sur un possible rapprochement étaient fondées. Vous aviez vu juste. D’ailleurs, depuis un certain temps, plusieurs indices nous permettaient de penser que les dirigeants de la Fraternité seraient disposés à envisager votre réintégration. Depuis une quinzaine de jours, nous en détenons une preuve écrite.
C’est sans aucun doute la réhabilitation implicite que nous souhaitions à votre égard.
Mais, l’éventualité de votre départ provoquerait certainement bien des déceptions chez vos confrères et chez les séminaristes du Bon Pasteur.
Sachez également, cher Monsieur l’Abbé, que tous vos fidèles de Rolleboise n’ont qu’un souhait : celui de vous garder le plus longtemps possible, car nous vous aimons. Oui, nous vous aimons beaucoup parce que vous avez su créer parmi nous un véritable esprit de famille.
Vous avez su nous « galvaniser » pour apporter à l’église de Rolleboise toutes les améliorations, toutes les restaurations et toutes les décorations possibles. L’achat de l’orgue, la chorale et surtout la polyphonie, le grégorien, la formation des enfants de chœur et des servants de Messe, tout concourt à ce que les cérémonies soient belles et poussent au recueillement et à la prière.
Peu à peu, l’église de Rolleboise se fait connaître. Chaque dimanche, des têtes nouvelles apparaissent. Que de changements depuis la grange de Madame Boissau !
Madame Boissau, ici présente, est la fondatrice de l’école primaire hors contrat dela Sablonnière, à Goussonville, tenue aujourd’hui par les religieuses Dominicaines enseignantes, – école qu’elle a dirigé pendant de longues années. Ah merci chère Madame ! Merci de nous avoir accueillis avec beaucoup de gentillesse, alors que nous n’avions pas encore d’église.
Il faut noter aussi que la paroisse St Michel de Rolleboise a son site internet particulièrement bien étoffé et régulièrement mis à jour par Mr Philippe OGEZ, ici présent, que nous remercions chaleureusement. Il y consacre beaucoup de temps.
Nous savons pouvoir compter sur vous, cher Monsieur l’Abbé, pour baptiser nos enfants, leur donner l’instruction religieuse traditionnelle. Avec vous nous savons que ce ne sera pas avec des « Pierres vivantes » ou autres fantaisies mais avec de bons catéchismes qui ont fait leurs preuves.
En plus des confessions, Communions, mariages et derniers sacrements, nous apprécions beaucoup les visites que vous faites dans nos familles. Vous n’avez peutêtre pour le moment qu’un seul clocher, peut-être bientôt deux, mais nous savons que vous exercez d’autres activités : en plus des visites aux malades et maisons de retraites, vous êtes aussi professeur au Séminaire St Vincent de Paul de Courtalain.
Vous y enseignez l’Histoire récente de l’Eglise de 1962 à nos jours, ainsi que les encycliques et les actes du Magistère, sans compter les nombreux contacts utiles que vous entretenez un peu partout en France.
Vous arrivez à l’âge où Mgr Lefebvre commençait seulement la partie la plus importante de sa vie. Et comme nous nous souvenons de son 50ème anniversaire sacerdotal àla Portede Versailles, nous nous souviendrons du vôtre à la collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie.
Nous supplions le Seigneur etla Vierge Mariede vous conserver encore longtemps la santé, afin que ce que vous avez si bien réalisé dans le passé pourla Fraternité, vous puissiez l’accomplir dorénavant en faveur du développement harmonieux de l’Institut du Bon Pasteur, en apportant tout votre soutien et votre expérience à son Supérieur Général, qui vous apprécie beaucoup. Nous pouvons vous l’assurer.
Nous voudrions terminer sur un vœu, car ce vœu est aussi exprimé par une très large majorité des fidèles de toutes les obédiences dela Tradition. C’est celui d’une entente meilleure entre toutes les communautés traditionalistes, dans un véritable esprit de charité, puisque toutes œuvrent dans le même sens, celui de nous faire gagner le Ciel, pardi !
C’est un appel pressant que nous lançons vers les communautés reconnues par Rome bien sûr, mais aussi et surtout vers celles qui ne le sont pas encore.
En cette époque de matérialisme et d’indifférentisme crasse, où les médias nous serinent avec le socialisme et la laïcité à toutes les sauces et sur toutes les chaînes de télévision. Alors que nos dirigeants de droite comme de gauche permettent à l’islam d’envahir peu à peu notre beau pays chrétien.
Nous vous sommes infiniment reconnaissants d’avoir voulu que cette journée toute orientée vers le Sacerdoce soit belle, grandiose, joyeuse aussi, car la vocation du prêtre a plus que jamais besoin d’être valorisée.
Un très grand merci, cher Monsieur l’Abbé !