31 janvier 2011

[Le Blog du Mesnil - Correspondance Européenne] Très Saint-Père, nous Vous en supplions, fuyez “l’esprit d’Assise”!

SOURCE - Le Blog du Mesnil - Correspondance Européenne n° 229 - 31 janvier 2011

Je viens de recevoir, ce 31 janvier au soir, le n°229 de “Correspondance Européenne“, publication du “Centro Lepanto“, et fort de l'autorisation que m'a donnée le professeur Roberto de Mattei, que je remercie encore très chaleureusement, je veux sans aucun retard répercuter sur ce blogue cette “lettre ouverte” à notre Saint-Père le Pape que viennent de publier des catholiques italiens «très reconnaissants», Le suppliant pour que ne soient pas renouvelées les confusions syncrétistes…

Très Saint-Père, 
Nous sommes quelques catholiques très reconnaissants de l’œuvre accomplie par vous en tant que pasteur de l’Eglise universelle ces dernières années : reconnaissants pour votre grande estime pour la raison humaine, pour la concession du motu proprio Summorum Pontificum, pour votre relation fructueuse avec les Anglicans qui reviennent dans l’unité, et pour bien d’autres choses encore. 
Nous prenons l’audace de vous écrire après avoir entendu, précisément pendant le massacre de chrétiens coptes, votre intention de convoquer à Assise, pour le mois d’octobre, un grand rassemblement interreligieux, 25 années après “Assise 1986″. 
Nous nous souvenons tous de cet événement d’il y a si longtemps. Un événement médiatique comme peu d’autres, qui, indépendamment des intentions et des déclarations eut pour effet indéniable d’encourager dans le monde catholique l’indifférence et le relativisme religieux. 
C’est à partir de cet événement qu’apparaît dans le peuple chrétien l’idée que l’enseignement séculaire de l’Église, «une, sainte, catholique et apostolique», sur le caractère unique du Sauveur, était en quelque sorte relégué aux archives. 
Nous nous souvenons tous des représentants de toutes les religions réunis dans une église catholique, l’église Sainte Marie des Anges, avec un rameau d’olivier à la main : comme pour signifier que la paix ne passe pas par le Christ mais, indistinctement, par tous les fondateurs d’un credo quel qu’il soit (Mahomet, Bouddha, Confucius, Kali, le Christ…). 
Nous nous souvenons de la prière des musulmans à Assise, la ville d’un saint qui avait fait de la conversion des musulmans un de ses objectifs. 
Nous nous souvenons de la prière des animistes, de leur invocation aux esprits des éléments, et de celle d’autres croyants ou représentants de “religions athées” comme le jaïnisme. 
Ce “prier ensemble”, quel qu’en soit le but, qu’on le veuille ou non, a eu pour effet de faire croire à beaucoup que tous priaient “le même Dieu”, seulement avec des noms différents. Au contraire, les Écritures sont claires: «Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi» (premier commandement), «Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie: nul ne vient au Père que par Moi» (Joan. XIV, 6). 
Ceux qui écrivent ici ne contestent nullement le dialogue, avec chaque personne, quelle que soit sa religion. Nous vivons dans le monde et chaque jour nous parlons, discutons, aimons, même ceux qui ne sont pas chrétiens car ils peuvent être athées, dans le doute ou appartenir à d’autres religions. Mais cela ne nous empêche pas de croire que Dieu est venu sur la terre et s’est laissé tuer, pour nous enseigner justement le Chemin et la Vérité et pas seulement l’un des nombreux chemins et l’une des nombreuses croyances possibles. Le Christ est pour nous chrétiens, le Sauveur : l’unique Sauveur du monde. 
Nous nous rappelons donc avec consternation, revenant 25 années en arrière, les poulets décapités sur l’autel de Sainte-Claire selon des rituels tribaux et le sanctuaire de l’église Saint-Pierre profané par une statue de Bouddha placée sur l’autel, au-dessus des reliques du martyr Vittorino, tué 400 ans après Jésus-Christ pour témoigner de sa foi. 
Nous nous rappelons les prêtres catholiques qui se sont prêtés à des rites d’initiation d’autres religions : des scènes horribles car, si il est “stupide” de baptiser dans la foi catholique un adulte qui ne croit pas, il est tout aussi absurde qu’un prêtre catholique ait à subir un rituel dont il ne reconnaît pas la validité ou l’utilité. En faisant ainsi, on finit juste par faire passer une idée : que les rites, tous les rites, ne sont que des gestes humains vides de sens et sans effets. Que toutes les conceptions du divin se valent. Que toutes les morales qui émanent de toutes les religions, sont interchangeables. 
Voilà, cet “esprit d’Assise” sur lequel les médias et les secteurs les plus relativistes de l’Eglise ont brodé, jetant la confusion. Il nous semble étranger à l’Evangile et à l’Eglise du Christ, qui jamais, depuis deux mille ans, n’avait choisi d’agir ainsi. Nous aurions voulu réécrire alors ces observations ironiques d’un journaliste français : «En présence de tant de dieux, on croira plus facilement que tous se valent ou s’il y en a seulement un de vrai. Le parisien moqueur imitera ce collectionneur sceptique dont l’ami venait de faire tomber une idole d’une table : ‘Ah, malheureux, ce pourrait être le vrai Dieu’.» 
Nous trouvons donc un réconfort à nos perplexités dans de nombreuses déclarations de papes qui ont toujours condamné un tel “dialogue”. 
Un congrès de toutes les religions avait déjà été organisé, en effet, à Chicago en 1893 et à Paris en 1900. Mais le pape Léon XIII était intervenu pour interdire toute participation des catholiques. 
La même attitude fut celle de Pie XI, le pape qui condamna l’athéisme nazi et communiste, mais déplora dans le même temps la tentative d’unir les gens au nom d’un sentiment vague et indistinct, sans religion, sans le Christ. Dans son encyclique Mortalium animos (Epiphanie 1928), relativement aux congrès œcuméniques, le pape Pie XI affirmait: «Convaincus qu’il est très rare de rencontrer des hommes dépourvus de tout sens religieux, on les voit nourrir l’espoir qu’il serait possible d’amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences, religieuses, à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle. C’est pourquoi, ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des conférences, fréquentés par un nombre appréciable d’auditeurs, et, à leurs discussions, ils invitent tous les hommes indistinctement, les infidèles de tout genre comme les fidèles du Christ, et même ceux qui, par malheur, se sont séparés du Christ ou qui, avec âpreté et obstination, nient la divinité de sa nature et de sa mission. 
De telles entreprises ne peuvent, en aucune manière, être approuvées par les catholiques, puisqu’elles s’appuient sur la théorie erronée que les religions sont toutes plus ou moins bonnes et louables, en ce sens que toutes également, bien que de manières différentes, manifestent et signifient le sentiment naturel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à reconnaître avec respect sa puissance. En vérité, les partisans de cette théorie s’égarent en pleine erreur, mais de plus, en pervertissant la notion de la vraie religion ils la répudient, et ils versent par étapes dans le naturalisme et l’athéisme». 
Avec le recul, nous pouvons dire que le pape Pie XI avait raison, même au niveau de la simple opportunité : quel a été, en fait, l’effet d’ “Assise 1986”, malgré les justes déclarations du Pape Jean-Paul II, visant à prévenir une telle interprétation? 
Quel est le message relancé par les organisateurs, les médias, et même de nombreux clercs modernistes, désireux de bouleverser la tradition de l’Église? 
Le message qui est passé auprès de beaucoup de chrétiens à travers les images qui sont toujours les plus évocatrices et à travers les journaux et la télévision est très clair : le relativisme religieux, qui est l’équivalent de l’athéisme. 
Si tous prient “ensemble”, ont conclu beaucoup, alors toutes les religions sont “égales”, mais si c’est le cas, cela signifie qu’aucune d’elles n’est vraie. 
À cette époque, vous, cardinal et préfet de la Congrégation de la Foi, avec le cardinal Giacomo Biffi, et avec plusieurs d’autres, avez été parmi ceux qui ont exprimé de sérieux doutes. Pour cette raison, dans les années suivantes, vous n’avez jamais participé aux répliques proposées chaque année par la Communauté de Sant’Egidio. 
En fait, comme vous l’avez écrit dans “Foi, Vérité et tolérance. Le Christianisme et les religions du monde”, justement en critiquant l’œcuménisme indifférentiste, «il doit être clair pour les catholiques qu’il n’existe pas “les religions” en général, qu’il n’existe pas une idée commune de Dieu et une foi commune en lui, que la différence ne concerne pas uniquement la portée des images et des formes conceptuelles changeantes, mais les choix ultimes eux-mêmes». 
Vous êtes donc parfaitement en accord avec Léon XIII et Pie XI sur le danger de contribuer par des gestes comme ceux d’“Assise 1986” au syncrétisme et à l’indifférentisme religieux. Ce risque fut également mis en évidence par les Pères du Concile Vatican II, qui dans Unitatis Redintegratio, à propos de l’œcuménisme non avec les autres religions, mais avec les autres “chrétiens”, appela à la prudence: «Toutefois, la communication dans les choses sacrées ne devrait pas être considérée comme un moyen à utiliser sans distinction pour le rétablissement de l’unité chrétienne… »
Vous avez enseigné ces dernières années, sans être toujours compris même par des catholiques, que le dialogue a lieu et peut avoir lieu, non pas entre les différentes théologies, mais entre les différentes cultures, et non pas entre les religions, mais entre les hommes, à la lumière de ce qui nous distingue tous : la raison humaine. 
Et cela doit se faire sans recréer le Panthéon païen antique, sans que l’intégrité de la foi ne soit compromise par l’amour pour le compromis théologique, sans que la Révélation, qui n’est pas nôtre, ne soit modifiée par les hommes et les théologiens dans le but de concilier l’inconciliable, sans que le Christ, “signe de contradiction” ne soit mis sur le même plan que Bouddha ou Confucius qui d’ailleurs n’ont jamais dit qu’ils étaient Dieu.  
C’est pourquoi nous sommes ici pour vous exposer nos préoccupations. 
Nous craignons que, quoi que vous disiez, les télévisions, les journaux et de nombreux catholiques l’interpréteront à la lumière du passé et de l’indifférentisme en vigueur ; que, quoi que vous affirmiez, l’événement sera lu comme une continuation de la manipulation de la figure de François, transformé par les œcuménistes d’aujourd’hui, en un iréniste, un syncrétiste sans foi. C’est déjà le cas … 
Nous avons peur que quoi que vous direz, pour plus de clarté, les simples fidèles, que nous sommes aussi, partout dans le monde ne verront qu’un fait (et on ne lui montrera que cela, par exemple, à la télévision) : le Vicaire du Christ non seulement parlant, débattant, dialoguant avec les représentants des autres religions, mais aussi priant avec eux. Comme si la manière et le but de la prière étaient indifférents. 
Et beaucoup penseront à tort que l’Église a désormais capitulé et reconnaîtront, en accord avec la pensée du New Age, que prier le Christ, Allah, Bouddha, ou Manitou est la même chose. Que la polygamie animiste et islamique, les castes hindoues ou le spiritualisme animiste polythéiste peuvent aller avec la monogamie chrétienne, la loi de l’amour et du pardon et du Dieu Un et Trine. 
Mais comme vous l’avez aussi écrit dans l’ouvrage cité : «Avec l’indifférenciation entre les religions et l’idée qu’elles sont toutes certes discernables, mais malgré tout égales, on n’avance pas».
Très Saint-Père, nous croyons qu’avec un nouvel “Assise 1986”, aucun chrétien en terres d’Orient ne sera sauvé, ni en Chine communiste, ni en Corée du Nord ni au Pakistan ou en Irak… De nombreux fidèles, au contraire, ne comprendront pas pourquoi justement dans ces pays, il y en a encore qui meurent en martyrs pour ne pas renoncer à leur rencontre, non pas avec une religion, mais avec le Christ. Comme eux,  les Apôtres sont morts. 
En face de la persécution, il existe des voies politiques et diplomatiques, des dialogues personnels et d’Etat : c’est cette voie-là qu’il faut plutôt suivre, sans oublier Votre amour et Votre désir de paix pour tous les hommes. Mais cela doit se faire sans donner à ceux qui veulent semer la confusion et augmenter le relativisme religieux, antichambre de tous les relativismes, une occasion médiatique aussi appétissante que la réédition d’“Assise 1986”.
Avec une dévotion filiale.
Francesco Agnoli, Lorenzo Bertocchi, Roberto de Mattei, Corrado Gnerre, Alessandro Gnocchi, Camillo Langone, Mario Palmaro

[summorum-pontificum.fr] La Fraternité Saint-Pierre à Nantes

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 31 janvier 2011

Le 9 janvier dernier l’évêque de Nantes, Mgr James a rendu visite à la Fraternité Saint-Pierre de Nantes et au groupe Europa-Scout rattaché à la communauté traditionnelle de Nantes. Une belle occasion d’échanges avec l’évêque dans le cadre d’une fête familiale dont de nombreuses photos témoignent sur le blog très actif de la Fraternité Saint-Pierre nantais (ICI). Occasion pour moi de donner un aperçu de cette communauté à travers la vidéo de la messe que l’on trouvera ci-dessous.

Rappelons que la Fraternité Saint-Pierre dessert à Nantes l’église Saint-Clément (dimanche soir et en semaine) et la chapelle Saint-Stanislas (dimanche et fêtes à 10h30). Elle édite un bulletin fort bien fait, Duc in altum. Sous l’autorité du curé de Saint-Clément, l’abbé Yves Chéreau, les deux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, les abbés Jouachim et Roseau, ont le titre de vicaire. Ils résident à la Maison Sainte-Anne (10, rue du Maréchal Joffre, Nantes).
 

30 janvier 2011

[Abbé Xavier Beauvais, fsspx] Et si l’on commençait l’année comme il faut ?

SOURCE - laportelatine.org - Abbé Xavier Beauvais, fsspx, prieur de Saint-Nicolas-du-Chardonnet - Le Chardonnet n° 264 de janvier 2011

Il faut revenir à une chose essentielle : apprendre à raisonner selon les principes chrétiens, cela empêchera toujours la confusion d’augmenter dans nos esprits. A force de voir des scandales de plus en plus grands se produire, à force de voir une licence morale de plus en plus affichée, on finit par s’accoutumer soi-même à de moindres déviations, à ne plus y prêter d’importance ou même, à ne plus savoir que tel ou tel usage – quoique banalisé chez les meilleurs d’entre vous – n’en est pas moins imprégné de naturalisme.
C’est pourquoi – suivant en cela quelques rappels donnés par notre supérieur de district dont cet éditorial est pétri – je me permets de rappeler qu’il est anormal de voir de plus en plus de dames et de jeunes filles venir à la messe en pantalon, d’en voir de plus en plus qui ne se couvrent pas la tête à l’église, encore plus anormal de voir les jupes raccourcir de plus en plus. Ne croyez pas que nos yeux traînent par plaisir là où il ne le faut pas mais ne nous obligez pas, si cette tendance ne se corrige pas, à refuser, au nom de la bienséance, la communion à celles dont les jupes ne couvrent pas les genoux.
Quant aux hommes, nombreux sont-ils à la tenue relâchée, pas rasés, pas coiffés.Mais je vous le demande : où est le respect dû à Dieu, au culte public que vous venez Lui rendre ? Dans cette église, on vous a souvent alertés contre le modernisme – et bien d’autres choses – et c’était et c’est normal. Vous ne pourrez pas nous accuser de revenir souvent sur la question des tenues. Alors, tout simplement merci d’en tenir compte, pour nous certes, mais d’abord par respect pour ce lieu consacré et par respect pour vous-mêmes. Il y a des opinions qui chez nous peuvent corrompre l’intégrité de la foi, et la question de la modestie n’est pas si secondaire ; elle peut corrompre un jour cette intégrité de la foi, car du relativisme en cette matière, il n’y a souvent qu’un pas au relativisme doctrinal. 
Dans un souci apostolique 
« Vous perdez votre temps, Monsieur le curé » diront certains même parmi les meilleurs d’entre vous. D’autres diront : « Pourquoi vous épuiser à perfectionner la morale et la foi que quelques-uns vivent déjà tant bien que mal, alors qu’il vaudrait mieux chercher à convertir ceux qui se trouvent hors de l’Eglise, en quête de votre apostolat ? » Faux raisonnement…D’abord parce qu’il ne se passe pas une semaine sans que bien des conversions s’opèrent dans cette église et, ensuite, parce que ces mêmes convertis sont parfois bien déçus du relâchement de ceux qui, pourtant, ont tant reçu ici depuis longtemps. D’autres diront : « Mais Monsieur le curé, quelle imprudence de rappeler les règles de tenue à l’église et dehors (la modestie en effet se pratique non seulement à l’église mais dans la rue) car c’est déjà tellement méritoire pour beaucoup de venir ici à Saint-Nicolas, c’est déjà tellement méritoire de vivre chrétiennement dans un monde si hostile à Dieu, à l’Eglise, au catholicisme, que vous courez le risque de perdre jusqu’aux meilleurs. Alors ne surchargez pas les fidèles de minuties irritantes ».
Mes bien chers frères, comprenez bien ce zèle qui est le nôtre en tant que prêtres catholiques, nous ne sommes pas des paladins exaltés, inintelligents et obstinés. Mais si vous, vous restez sur vos obstinations en ces points, ces obstinations mêmes vous empêcheront irrémédiablement de progresser. Je n’ai pas le droit de me contenter du fait que certains et certaines tiendront compte de ce que je viens de demander et d’autres, non. La foi comme la morale ne se contentent pas simplement de quelques lignes générales, mais elles exigent l’intégrité et la plénitude de soi. 
Le sens de l’intégrité 
Prenez, côté morale, la vertu de pureté. Je ne crois pas que, sur ce point, on vienne oser me dire que cela ne vous concerne pas. A cet égard, toute concession prend un caractère de tache sombre, toute imprudence la met tout entière en danger. On a quelquefois comparé l’âme pure à une personne debout sur une sphère. Tant qu’elle conserve sa position d’équilibre, elle n’a rien à craindre, mais toute imprudence, tout faux pas de sa part, même minime, peut la faire glisser rapidement et parfois même jusqu’au fond de l’abîme. La condition essentielle à la conservation de cette vertu est la prudence vigilante et intransigeante d’abord avec soi-même.
Côté foi, on peut en dire tout autant. Tant que le catholique se place sur le point d’équilibre parfait, sa persévérance sera sûre et facile. Ce point d’équilibre – il faut le préciser – ne consiste pas dans l’acceptation de quelques lignes générales de foi, mais dans la profession de toute la doctrine de l’Eglise, une profession faite avec l’âme tout entière, impliquant l’acceptation loyale et cohérente de ce que le Magistère enseigne et de toutes les conséquences de cet enseignement. Pour cela, il faut que le fidèle possède cette foi vive pour laquelle il est capable d’humilier sa raison personnelle devant le magistère infaillible et de discerner avec pénétration tout ce qui – directement ou indirectement – s’oppose à l’enseignement de l’Eglise. S’il abandonne un tant soit peu cette position de parfait équilibre, il commence à sentir l’attraction de l’abîme. Une foi éclairée et robuste n’est pas le privilège des savants, elle est une vertu et, dans l’Eglise, les vertus sont accessibles à tous les fidèles ignorants ou savants, riches ou pauvres. L’exemple de sainte Jeanne d’Arc est flagrant.
Pour que nous ayons un peuple ferme et logique dans sa foi, il n’est pas nécessaire que nous en fassions un peuple de théologiens. Il suffit que celui qui aime profondément l’Eglise s’instruise des vérités révélées selon son niveau de culture générale, et possède les vertus de pureté, d’humilité nécessaires pour réellement croire, comprendre et goûter les choses de Dieu. Quand la population d’un diocèse possède l’intégralité de l’esprit catholique, elle est à même d’affronter, avec l’aide de la grâce de Dieu, les vagues d’impiété et d’immoralité.
Il est évident que notre foi doit dépasser les formules extérieures et répétées sans amour et sans conviction, car il y a toujours le risque que la sève ne circule plus. Il est donc de la plus grande importance de veiller à la plénitude de la foi, à l’esprit de foi. Les attitudes que nous avons à l’Eglise ne sont pas le tout d’un chrétien, certes, mais elles contribuent à cet esprit de foi. Croyez-vous que le fait de venir assister à la messe en mâchant un chewing-gum (témoins les nombreux chewing-gums, sous les chaises ou écrasés sur le sol) ; croyez-vous que le fait d’assister à la messe en s’affalant ou s’écroulant sur une chaise ou en passant la moitié de la messe à admirer la belle chevelure de la belle jeune fille assise devant vous – et qui n’a pas de foulard – ou en allant communier les bras ballants, croyez-vous que cela agisse peu sur l’esprit de foi, sur la ferveur, sur les fruits à recueillir de la messe, de la communion ?
« Vous perdez votre temps, Monsieur le curé, tout ce temps et ces efforts que vous employez « pour perfectionner les fidèles dans la foi » – comme vous dites – sont un temps et des efforts dérobés aux fidèles ». Non, il ne peut y avoir opposition car l’intégralité de la foi produit parmi les catholiques beaucoup de fruits de vertu et répand dans l’Eglise la bonne odeur de Jésus-Christ, qui attire à elle les infidèles, en sorte que le bien fait aux fils de l’Eglise profitera forcément à ceux qui sont récemment convertis (et il y en a beaucoup ici) ou à ceux qui se trouvent hors du bercail. 
L’appât des nouveautés
Un des fruits de la ferveur de la foi sera nécessairement le zèle apostolique. Multiplier les apôtres, c’est perfectionner les infidèles. Ne soyez pas « contre-apôtres » par vos attitudes. Et puis, Notre-Seigneur – en formant les apôtres et les disciples, et donc en perfectionnant un groupe de privilégiés – s’est-il pour autant désintéressé du reste de l’humanité ? C’est à toute époque qu’il faut prendre en compte ce qu’écrivait le pape Pie XII à l’épiscopat brésilien :
« Le danger le plus urgent, aujourd’hui, n’est pas celui d’un attachement trop rigide et exclusif à la tradition, mais principalement celui d’un goût exagéré et peu prudent pour toute nouveauté quelle qu’elle soit. C’est au snobisme des nouveautés que l’on doit la multiplication des erreurs cachées sous une apparence de vérité, et très fréquemment sous une terminologie prétentieuse et obscure ». La sensualité et l’orgueil ont toujours suscité – et susciteront jusqu’à la fin des siècles – la révolte de certains fils de l’Eglise contre la doctrine et l’esprit de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ne soyez pas de ces révoltés.
« Ces fauteurs de révolte, disait saint Pie X, deviendront plus fréquents à mesure qu’on s’acheminera vers la fin des temps ».
De plus, si la cause des erreurs et des crises, est la faiblesse de la nature déchue, c’est aussi l’action du démon. Il lui a été donné jusqu’à la fin des siècles de tenter les hommes dans les vertus et par conséquent aussi dans la vertu de foi qui est le fonctionnement même de la vie surnaturelle. Il est donc évident que, jusqu’à la consommation des siècles, l’Eglise sera exposée à des jaillissements internes de l’esprit d’hérésie et qu’il n’y a pas de progrès qui, pour ainsi dire, immunise définitivement contre ce mal.
Or, l’allié que le démon arrive à implanter au-dedans des armées fidèles est son plus précieux instrument de combat, une 5e colonne qui surpasse en efficacité les plus terribles armements. La tumeur étant formée dans les milieux catholiques, les forces se divisent, les énergies qui devraient être utilisées entièrement dans la lutte contre l’ennemi extérieur, s’épuisent en discussions entre frères.
L’Eglise aura donc toujours à souffrir de cet investissement intérieur par l’esprit des ténèbres. Pour que l’action de l’ennemi reste intérieure, il convient qu’elle soit déguisée. La fourberie est la règle fondamentale de qui agit en secret dans le camp de l’adversaire. Le démon insuffle alors l’esprit de confusion qui séduit les âmes et les conduit à professer l’erreur habilement dissimulée sous les apparences de vérité. Il ne faut pas s’attendre, dans cette lutte, à ce que l’adversaire émette des sentences clairement opposées à des vérités déjà définies. Non ! il ne le fera que lorsqu’il se jugera entièrement maître du terrain. Et la plupart du temps, il fera pulluler les erreurs cachées sous une apparence de vérité et sous une terminologie prétentieuse et obscure. La manière de propager cette multitude d’erreurs sera elle-même voilée et insidieuse.
La tactique de l’adversaire est de proposer l’erreur dans des propositions qui, à beaucoup, peuvent paraître claires et orthodoxes, ou confuses mais susceptibles de bonne interprétation, ou de la noyer dans des demi-teintes, assez habilement disposées pour qu’elle se diffuse mais qu’elle soit difficile à combattre.
La tactique de l’adversaire sera alors de mettre ainsi dans une position embarrassante ceux qui lui sont opposés. De cette façon, elle attirera parfois contre nous l’antipathie de personnes qui n’ont pas la plus petite intention de favoriser le mal. Par crainte de ces critiques, certains auraient peut-être l’idée de reculer devant l’adversaire. Non, sans exagération, sans précipitation, sans jugement non motivé, il faut malgré tout crier, chaque fois que l’adversaire caché sous la peau de brebis se présente devant vous, sans lui céder un pouce de terrain par crainte qu’il ne vous accuse d’un d’excès que votre conscience ne vous reproche pas. Notre effort à dénoncer l’erreur, à maintenir cette ligne dans la modestie chrétienne, n’a d’autre but que de vous conduire plus sûrement vers Dieu.
De cette façon seulement, nous faisons oeuvre positive et durable. Vous avez beaucoup de mérites à persévérer dans les circonstances difficiles que nous traversons ; la morale catholique, la foi catholique engagent beaucoup d’entre vous, pas toujours tous hélas, dans des choix difficiles et exigeants.
C’est bien pour cela que, malgré ces rappels du début sur les tenues à observer – par amour de Dieu – c’est un encouragement que je vous adresse, encouragement à tenir bon dans cette guerre. Puissent ces recommandations, puisse le dévouement des prêtres de Saint-Nicolas, l’amour qu’ils ont réellement pour vous, puisse la liturgie catholique ranimer, en vous, l’esprit de sacrifice qui permet d’éviter tout relâchement en matière de morale et en matière de foi. Le spectacle de la vie peu facile de bien des familles confrontées à toute sorte de soucis, le spectacle aussi d’une jeunesse qui fait tous ses efforts pour ramer à contre-courant dans cette société matérialiste et hédoniste, m’avaient fait hésiter à vous rappeler ce que certains appellent des « minuties », sachant qu’elles en irriteront quelquesuns et quelques-unes, sachant qu’elles seront même souvent incomprises.
Mais faut-il que nos sermons soient là simplement pour charmer vos oreilles, n’ont-ils pas pour but de nous faire progresser ensemble, vous et nous ? Que faire ? Vous répéter les exigences de la vie chrétienne, les répéter à une masse de fidèles qui refuse de les entendre, se bute et s’obstine ? Ou renoncer, pour ne pas user notre autorité à répéter les minuties les plus délicates et constater par la suite l’attiédissement des fidèles et une susceptibilité grandissante face à des remarques pourtant déjà devenues parfois trop timides de notre part.
Puissent ces quelques paroles s’inspirer de cette alliance délicate de l’intransigeance qu’on trouvait chez Monseigneur Lefebvre à ne rien concéder des principes, et son souci pastoral de trouver les moyens les plus adéquats pour qu’ils soient compris et mis en oeuvre pour vous tous.

Abbé Xavier BEAUVAIS

Extrait du Chardonnet n° 264 de janvier 2011

[summorum-pontificum.fr] Deux messes pontificales prévues en Hollande

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 30 janvier 2011

Établie à Amsterdam, la Fraternité Saint-Pierre y dessert Sint-Agneskerk avec deux prêtres, les abbés Kromann Knudsen et A. Komorowski. Le site de la paroisse (répercuté par Rorate Cæli) annonce que cette année deux messes pontificales y seront célébrées. La première aura lieu le 10 avril prochain, pour le Dimanche de la Passion et sera célébrée par l’évêque de Copenhague, Mgr Czeslaw Kozon. La seconde est prévue le 17 septembre et marquera le cinquième anniversaire de la présence de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre dans cette église dédiée à Saint-Agnès.

Comme tous les commentateurs le notent, ces nouvelles ne sont pas dépourvues de signification. L’Église aux Pays-Bas a été profondément touchée par la crise moderniste et le progressisme. Il suffit de rappeler la question du Catéchisme hollandais dans les années soixante, plus arien que catholique. Publié le 4 octobre 1966, ce « nouveau catéchisme » (c’était son nom) avait reçu l’imprimatur du cardinal Alfrink et fut publié sous l’égide de la conférence épiscopale des Pays-Bas. Il entendait traduire dans l’enseignement officiel de l’Église l’apport du Concile Vatican II et de son esprit. Très vite, il fut mis en cause parce qu’il affirmait des choses contraires à la foi ou des vérités de façon ambiguë. Des négociations eurent lieu entre le Saint-Siège et l’épiscopat hollandais car quatorze points majeurs étaient à revoir ainsi que quarante-cinq points considérés comme plus mineurs. La révision du Catéchisme fut présentée à une commission cardinalice à laquelle appartenaient notamment les cardinaux Journet, Browne et Palazzini. Il fallut encore revoir le texte et la proclamation du « Credo du peuple de Dieu » par Paul VI sera considérée comme une réponse à cette déviance doctrinale majeure de tout un épiscopat.

L’Église catholique aux Pays-Bas était avant le Concile l’une des Églises les plus fécondes d’Europe, notamment en nombre de prêtres et de religieux, de taux d’assistance à la messe, d’activité missionnaire. À partir de 1960, cette Église subit une saignée du nombre de prêtres. Entre 1960 et 1977, les ordinations sont tombées de 318 à… 16. L’assistance à la messe a subi le même déclin et 4 300 religieux et religieuse ainsi que plus 2 000 prêtres ont défroqué. Pour répondre à cette situation, Jean-Paul II s’employa à un changement systématique dans l’épiscopat.

29 janvier 2011

[Mgr Williamson - Commentaire Eleison] Infection traditionnelle

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 29 janvier 2011
Le libéralisme est une maladie incroyable, capable de pourrir les esprits et les cœurs les meilleurs. Si on le cerne le plus brièvement possible comme l'homme se libérant de Dieu, alors il est vieux comme le monde, mais jamais il n'a  été aussi profond, aussi répandu, aussi normal - en apparence - qu'aujourd'hui. Or la liberté religieuse se situe au cœur du libéralisme. En effet, à quoi servirait-il de se libérer de tout et de tous si l'on ne se libérait de Dieu ?  Donc si Benoît XVI se lamentait il y a trois semaines que « La liberté religieuse est menacée dans le monde entier », le Pape en est certainement infecté. Alors, que les fidèles de la Tradition catholique ne se fassent pas forts d'en être à l'abri. Voici un courriel que j'ai reçu il y a quelques jours d'un laïc en Europe :--

« Pendant longtemps, plus ou moins vingt ans, j'ai été pétri de libéralisme. Par la grâce de Dieu je me suis converti auprès de la Fraternité St Pie X. Quelle surprise désagréable que de rencontrer un comportement libéral même dans les rangs de la Tradition !  J'en ai été choqué. On entend toujours, il ne faut pas penser que la situation actuelle soit aussi mauvaise que cela. De la franc-maçonnerie comme ennemi de l'Eglise on ne fait plus guère mention, parce que cela pourrait nuire à ses intérêts personnels. On se comporte comme si, en gros, tout est encore en ordre dans le monde.

On entend même la recommandation de recourir à la psycho-pharmacie pour soulager ce stress qui fait partie de la vie de tout catholique de la Tradition, et de chercher son bonheur auprès des médecins si l'on veut avoir la vie plus facile.

La conséquence de cette façon de faire, c'est un indifférentisme qui est le vivier du libéralisme. Tout d'un coup il n'est plus si mauvais d'assister à la Nouvelle Messe, de faire cause commune avec les modernistes, de changer de principes d'un jour à l'autre, de ne plus manifester sa Foi en public, d'étudier dans une université d'Etat, de faire confiance à l'Etat et de prêter à tout le monde de bonnes intentions - après tout, personne n'est méchant.

Notre Seigneur a eu là-dessus des paroles fortes : les tièdes il « va les vomir de sa bouche » (Apoc. III, 16). Pour paradoxal que cela puisse paraître, les pires ennemis de l'Eglise sont les catholiques libéraux. Il y a même un Traditionalisme libéral !!! » (fin de citation du laïc).

Alors quel antidote y a-t-il pour ce poison qui nous menace tous ?  La grâce sanctifiante, sans doute (Rom. VII, 25), qui peut éclairer l'esprit et fortifier la volonté pour qu'elle fasse le bien tel qu'il est présenté par l'esprit. Et comment puis-je m'assurer la grâce sanctifiante ?  C'est un peu comme si on demandait, comment puis-je m'assurer la persévérance finale ?  L'Eglise enseigne que l'on ne peut pas se l'assurer, parce que c'est un don - le plus grand des dons - de Dieu. Mais ce qui est toujours dans mon pouvoir, c'est de prier tous les jours en moyenne cinq Mystères du Saint Rosaire - au mieux quinze, si c'est du tout possible. Qui fait cela, fait ce que la Mère de Dieu nous demande à tous, et elle a un pouvoir maternel comme sans limites sur son Fils, Notre Seigneur et Dieu, Jésus Christ.

Kyrie eleison.

28 janvier 2011

[Jean Madiran - Présent] Vingt-cinq ans après - L’esprit d’Assise

SOURCE - Jean Madiran - Présent - mis en ligne sur le Forum Catholique - 28 janvier 2011

Une délégation catholique conduite par le patriarche d’Antioche vient de porter au ministre égyptien des affaires religieuses une traduction authentique, en arabe, du discours prononcé le 10 janvier par Benoît XVI devant le corps diplomatique.

Ce discours avait été suivi d’une rupture, par Al Azhar, de son dialogue avec le Vatican.

La démarche officielle du patriarche d’Antioche a, selon La Croix, exprimé au ministre égyptien l’espoir qu’Al Azhar « se rendra bien à Assise, en octobre, à l’invitation de Benoît XVI pour commémorer les 25 années de la première rencontre ».

Il y a donc peu de chance que cette commémoration d’octobre puisse être annulée. L’annonce a été faite, les invitations sont arrivées, le Saint-Siège y voit même une occasion et un argument pour la reprise du dialogue avec l’islam. La supplique à Benoît XVI pour une annulation ne sera pas exaucée, mais elle aura posé des questions, suggéré des réflexions, et peut-être fait avancer le débat.

Cette supplique est celle de plusieurs laïcs italiens, universitaires, journalistes, intellectuels : Francis Agnoli, Lorenzo Bertochi, Roberto de Mattei, Corrado Gnerre, Alessandro Gnocchi, Camilio Langone, Mario Palmaro, premiers signataires. Leur inquiétude est de voir se maintenir un esprit d’Assise qui – pour le dire en résumé – ne tient pas compte de la différence, pourtant énoncée il y a vingt-cinq ans, entre « prier ensemble » et « être ensemble pour prier ».

A vrai dire, la différence énoncée n’a jamais été expliquée. On voit bien la différence verbale, qui rassure : il y a donc une différence, c’est bien. Mais on voit mal, ou pas du tout, en quoi cette différence consiste. Quand il se trouve que c’est dans une église que l’on est « ensemble pour prier », cela ressemble beaucoup à « prier ensemble »…

Il n’y aurait pas cette difficulté si l’on considérait la réunion d’Assise il y a vingt-cinq ans et bientôt sa réitération non pas comme une démarche religieuse, mais comme une démarche diplomatique en vue de la paix dans le monde. D’ailleurs il s’agit là de la paix temporelle, problème politique, et non pas de la paix des âmes (qui, chez les saints, demeure même en pleine guerre). S’il est clair que c’est une politique du Saint-Siège qui est en question, il va de soi que ses aspects et conséquences discutables puissent être discutés. Si c’est une pastorale religieuse (et missionnaire ?), cela devient plus délicat.

C’est le Pape qui a réalisé Assise, c’est encore un pape qui va le recommencer, le Souverain Pontife est donc le rassembleur des religions, il se trouve en quelque sorte à leur tête, il est un chef d’orchestre. La défaillance mondiale des pouvoirs temporels, leur impuissance devant les féodalités financières internationales, leur refus de toute loi divine supérieure à la conscience humaine les frappent d’une disqualification morale aussi radicale que leur nuisance politique. Rendez à César…, mais le Saint-Siège ne trouve plus en face de lui un César digne de ce nom. C’est une situation d’exception.

De même qu’il y a eu un « esprit du Concile » terriblement ravageur en ce qu’il rejetait tout ce qui lui était antérieur, de même on distingue un « esprit d’Assise » niveleur en ce qu’il incite à croire que toutes les religions sont de même nature et convergent également vers le bien. Pour que la parole soit enfin officiellement libérée en décembre 2005 sur l’« esprit du Concile », il a fallu que passent et s’estompent quarante années et trois papes. Pour qu’elle soit officiellement libérée sur l’« esprit d’Assise », il faudra peut-être beaucoup moins. Ce pourrait être, pourquoi pas, l’inattendu d’octobre.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 7274 de Présent du Vendredi 28 janvier 2011

27 janvier 2011

[summorum-pontificum.fr] Une victoire pour l’abbé Laguérie

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 27 janvier 2011

Est-ce une première victoire dans la triste affaire des Infiltrés contre la mouvance traditionnelle et, par delà, contre le Pape Benoît XVI accusé de lui avoir ouvert les portes de l’Église ? Il est trop tôt pour le dire. En tous les cas, l’abbé Laguérie, supérieur de l’Institut du Bon-Pasteur (IBP) est parvenu à faire reculer le Journal du dimanche (JDD) qui lui avait prêté des propos antisémites. Sur son blog, l’abbé Laguérie raconte l’affaire. En voici un extrait :
De la même manière que les Infiltrés avait inventé la désormais fameuse cave de Saint-Eloi qui n’a jamais existé mais qui était nécessaire à leurs diffamations, le JDD m’avait inventé des propos antisémites que je n’ai jamais tenus. En outre, je n’ai jamais donné de cours aux enfants de Saint-Projet, si ce n’est, en 2007, de leur apprendre la suavité et la douceur du chant grégorien. Voilà la véritable histoire, revisitée par le JDD suite au délire médiatique engendré par l’émission des Infiltrés.
Ces gens-là auraient dû savoir – ils le savent maintenant – que j’ai de bons avocats et même, disons-le, d’excellents. J’ai gagné, jusqu’à présent, tous les procès que j’ai intentés, y compris contre la LICRA en 1987. Maître Jérôme Triomphe, encore lui, prend ma cause en main, fait constater les faits par voie d’huissier et assigne le JDD au tribunal pour diffamation. Et voilà le travail, moins d’un an après : le communiqué du JDD me présentant ses excuses. Un texte officiel intitulé « Précisions » mis en ligne sur leur site. Il n’y restera peut-être pas longtemps, le passage judiciairement attaqué ayant été supprimé. Je l’ai donc fait dûment constater et je vous le livre :
« Le 4 juin 2010, le jdd.fr a mis en ligne sur son site un article intitulé « Une école pas assez ouverte » évoquant un reportage sur les conditions d’enseignement au cours Saint-Projet de Bordeaux, diffusé dans le cadre de l’émission « Les Infiltrés » sur France 2.
En relatant le contenu de ce reportage, l’article du jdd.fr a relayé les commentaires de l’auteur de l’émission diffusée sur France 2 évoquant des propos qui auraient été tenus en classe par des professeurs qualifiés dans l’émission de « ouvertement antisémites ».
En tout état de cause, c’est par une très regrettable erreur que nous avons imputé de tels propos à l’abbé Philippe Laguérie. En aucune manière, la rédaction du jdd.fr n’a cherché, de près ou de loin, à nuire à la réputation de l’abbé Laguérie, encore moins à inventer des propos qu’il n’a pas tenus ».
A tout péché miséricorde. Le JDD, certes sous la pression d’une action judiciaire, a cependant reconnu son erreur et a présenté ses excuses. Je me suis donc désisté de mon action. L’aveu me paraît plus important qu’une condamnation judiciaire.
Reste, bien sûr, que le mal a été fait et que la vision diffusée par les Infiltrés et relayée en l’espèce par le JDD, s’est inscrite dans la mentalité de nombre de téléspectateurs et de lecteurs de ce journal qui même s’ils lisent les excuses du JDD se diront quand même : « il n’y a pas de fumée sans feu ».
C’est la force de la Révolution de ne pas lésiner sur les moyens, même illégaux et immoraux, et de susciter le doute, la crainte, le repli sur soi. C’est bien pourquoi il nous semble nécessaire que des actions en justice soient entreprises si nécessaires et qu’une véritable riposte catholique s’organise dans le domaine de l’information, de la réinformation et de la formation. Vous le savez, il s’agit là du but du portail Riposte catholique (auquel appartient ce très modeste blog) que vous pouvez soutenir financièrement pour qu’il puisse non seulement continuer mais amplifier son action.

26 janvier 2011

[Paix Liturgique] Visites ad limina des évêques de France et motu proprio

SOURCE - Paix Liturgique, lettre 267 - 26 janvier 2011

Les évêques de France, région par région, vont se rendre à Rome en 2011 et 2012 pour faire leurs visites ad limina. Un des dossiers qui seront abordés, non pas le plus important de tous, mais assurément l’un des plus sensibles, sera celui de l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum. C’est une plaisanterie classique dans les Congrégations romaines : les évêques français y passent pour très bruyants et assez sûrs d’eux-mêmes, mais lorsque le cardinal qu’ils visitent ou un secrétaire qui assiste au colloque évoque discrètement la liturgie tridentine, on entendrait soudain une mouche planer.

Les inquiétudes des évêques français

Elles tiennent à un certain nombre d’éléments, disons de mauvaise conscience :

• Ils sont d’abord desservis par la situation pastorale catastrophique qui est celle de leur pays. Certes, l’état du catholicisme d’Allemagne, de Suisse, de Belgique, est au moins aussi désastreux. Mais la France est la France, et son passé catholique est notamment représenté par le nombre de ses diocèses, une centaine, dont certains – la liste ne cesse de s’allonger – ne vont bientôt plus être que des noms sur la carte ecclésiastique, tels ces diocèses qui auront au mieux une dizaine de prêtres sur le terrain dans 10 ans. Finances, vocations, catéchismes surtout, tout est « dans le rouge ». Sauf, horresco referens, dans les paroisses et les communautés, où se célèbre la liturgie selon la forme extraordinaire (ou une copie de celle-ci).

• A ce sentiment de culpabilité s’ajoute le fait que ces évêques estiment qu’ils arrivent dans des dicastères où ils sont constamment desservis par des « dénonciations » déposées par les « intégristes », lesquelles, selon eux, sont complaisamment écoutées par les organes du Saint-Siège. En réalité, s’ils se mouchent, comme on dit… Ils savent, en effet, qu’ils y donnent prise, notamment par des abus liturgiques criants et réitérés. Et quant à l’origine des « dénonciations », ils préfèrent crier haro sur l’intégriste et feindre d’ignorer qu’elles viennent dans la majorité des cas de clercs exaspérés de leur propre presbyterium, pas toujours « de droite » d’ailleurs.

• Ils se sont déjà entendus reprocher maintes fois de n’avoir plus de vocations, alors que les traditionalistes, eux, sans en regorger, font très bonne figure : pour 90 ordinations « ordinaires » par an, une vingtaine d’« extraordinaires » ; pour 700 séminaristes ordinaires au grand maximum, 140 extraordinaires.

• Et surtout sur le fond, ils savent bien, pour la plupart, qu’ils ont résisté de toute leur inertie - au Souverain Pontife d’abord, à la demande exprimée ou latente de la forme extraordinaire ensuite. En faisant valoir la concession de toutes les messes depuis 2007, qui relèvent d’ailleurs pour la plupart du Motu Proprio de 1988 sous étroit contrôle épiscopal, nos pasteurs, parfois flanqués de leurs vicaires généraux (c’est un usage français, qui étonne toujours à Rome) ne pourront guère exciper que d’une petite centaine de messes dominicales en plus, alors que trois fois plus de demandes sérieuses ont été enterrées par eux. Et d’accuser leurs « accusateurs ». Saviez-vous que les sondages qui leur répètent qu’un tiers de leurs ouailles assisteraient volontiers à la messe extraordinaire dans leurs paroisses sont « contraires à la communion » ? Que ceux qui les organisent (lesquels, souvent, assistent aussi à la messe ordinaire) « n’ont pas l’esprit du Concile » ?

Rome en ordre de bataille ?

Outre-Tibre, on les attend donc. Il est probable que celui-ci ou celui-là de nos pasteurs vont se faire « remonter la ceinture », fût-elle ce jour-là violette, dans le bureau de tel Préfet ou de tel Secrétaire, au sujet d’un « abus » qu’il aura commis ou laissé commettre. Le Pape, lors du bref entretien qu’il aura avec chacun d’eux, posera des questions sur les affaires liturgiques qui obtiendront des réponses volubiles et un peu bafouillantes.

On peut cependant regretter, concernant le sujet qui nous occupe, que l’application du Motu Proprio reste au total du genre dinette de poupée que l’on donnerait à des affamés qui font la queue aux restos du cœur. Et l’on peut, toute révérence et même immense filiale affection sauves, se poser un certain nombre de questions :

• Pourquoi le texte d’application du Motu Proprio, en préparation depuis 2007, fin prêt (sauf quelques détails…), n’a-t-il toujours pas vu le jour ?

• De quels pouvoirs réels dispose la Commission Pontificale Ecclesia Dei, lorsque le curé pressenti par un groupe de demandeurs a refusé d’accorder la messe en forme extraordinaire, puis que l’évêque informé n’a pas fait en sorte que la demande soit exaucée ? Autrement dit, de quel pouvoir de coercition dispose la Commission pour que l’article 7 de Summorum Pontificum ne reste pas lettre morte ?

• A défaut de pouvoir de coercition, la Commission est-elle en mesure d’exercer une forte pression persuasive sur un évêque récalcitrant ?

• Sachant que dans une Église postconciliaire en état d’anarchie latente, le seul pouvoir sérieux qui reste entre les mains de chaque autorité, à tous les niveaux, est celui des nominations, le processus romain de la nomination des évêques de France prend-il en compte le « critère Motu Proprio » ? Autrement dit, y a-t-il des relations entre la Congrégation des Évêques, le Nonce apostolique, aussi bien en général, pour fixer une « ligne » en ce domaine, qu’en particulier, dans l’examen de chaque candidat présenté ?

• Existe-t-il des instructions venues d’en-haut, à savoir du Secrétaire d’État, favorisant un processus de nominations conforme, non seulement à ce texte décisif du pontificat, mais à tout ce qui va avec (catéchismes, vocations, etc.) ? La vie liturgique des paroisses ne sera revivifiée (présence de la forme extraordinaire ; influence de la forme extraordinaire sur la forme ordinaire) que si un l’épiscopat est donné à la France pour ce faire. Quand saint Pie X a voulu enrayer le modernisme, il a nommé des files d’évêques « intégraux » ; inversement, quand Pie XI a voulu casser l’Action française, il a nommé en masse des évêques d’Action catholique ; et entre ces deux options, quand Pie XII a voulu écarter le risque gallican version années 50, il a nommé des évêques de personnalité diaphane (qui ensuite ont cru tout de bon que Vatican II dynamisé par Mai 68 était une nouvelle Pentecôte !)

• En définitive, la question des questions concerne la volonté politique de la Curie favorable au Motu Proprio (qui n’est pas toute la Curie, malheureusement) : les hauts responsables de la Curie de Benoît XVI veulent-ils vraiment son application ?

Des portes qui ne se refermeront plus

Il n’est pas question d’ouvrir ici les dossiers des plus stupéfiants échecs du Motu Proprio en France. Nous en avons abordés d’ailleurs d’une manière ou d’une autre un certain nombre. Elle serait longue la liste des paroisses où l’existence d’un groupe est incontestable, où sa demande a été faite, d’abord au curé, puis a été portée ensuite à l’évêque, pour être enfin élevée devant la Commission Pontificale. Avec quelles possibilités de sa part ?

Nous savons bien que les difficultés contextuelles sont immenses : souvent les évêques concernés peuvent faire valoir qu’ils ont accordé d’autres messes, en d’autres endroits ; et puis ces évêques ne sont pas les plus « progressistes » de la Conférence épiscopale ; et puis bien d’autres choses encore. Mais l’article 5 du Motu Proprio porte-t-il bien : « Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la messe selon le rite du Missel romain édité en 1962 » ? Summorum Pontificum, art. 5, ne précise pas : « …sauf si l’évêque a désigné un curé pour célébrer cette messe dans son diocèse » ; « …sauf si une communauté Ecclesia Dei assure la célébration de la forme extraordinaire en un autre endroit » ; « …sauf si l’évêque a des titres tels qu’il est au-dessus de la loi » ; « …sauf si, etc. ». L’article 5 dit : « Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la messe selon le rite du Missel romain édité en 1962 ». Point. Et il rajoute (article 7) : si le groupe n’est pas entendu, qu’il en appelle à Rome.

Il se trouve que la Commission Ecclesia Dei est un des organes du Saint-Siège les mieux disposés et les mieux composés, sous la houlette de son Secrétaire, pour une solide reprise en main doctrinale et liturgique. Mais selon la loi de tout gouvernement, un rouage de niveau inférieur, pour tout simplement conserver sa crédibilité, ne peut, à sa hauteur, s’exposer que s’il a l’assurance d’être couvert par ses supérieurs. Il n’a de pouvoir que dans la mesure de leur vouloir.

Qu’on nous entende bien : nous constatons seulement une situation, comme des laïcs d’après Vatican II que nous sommes, auxquels on a donné la parole (et qui se disent d’ailleurs parfois, que les laïcs d’avant Vatican II, supposés moins « adultes » que nous, étaient tout compte fait mieux respectés). Ce disant, nous ne voudrions pas surtout pas paraître pessimistes, au contraire. Tout le monde sait que notre rôle de laïcs engagés est de tirer quelques sonnettes, de dire et de réveiller, de prêcher opportune, importune pour le retour à une vraie et fructueuse paix liturgique dans nos paroisses.

Dans les temps de désert de la foi et de la pratique pour l’Église d’Occident et pour l’Église de France en particulier dans lesquels nous nous enfonçons chaque jour davantage, ce que l’on peut appeler le « catholicisme du Motu Proprio », avec ses prêtres spécialisés ou non, ses fidèles, groupes, scoutisme, communautés religieuses traditionnelles ou retraditionalisés, paroisses tridentines ou bi-formalistes ou réforme de la réforme, écoles, vocations, représente dans son ensemble un poids toujours plus considérable (= devant être considéré). C’est pitié, en un sens, car ce poids d’un monde traditionnel au sens large est tout relatif à celui global d’un catholicisme qui disparaît !

Dans ce contexte, le Motu Proprio apparaît comme un acte bien plus libératoire que coercitif (encore qu’il édicte un droit, dont on pourrait donc exciper devant des tribunaux ecclésiastiques). Dans l’ère du post-concile, c’est le seul moyen d’action que les « restaurateurs » croient pouvoir employer. Du coup, concrètement, Summorum Pontificum a pour effet principal, et vraiment providentiel, d’ouvrir les portes de la liberté à la liturgie traditionnelle opprimée par la réforme Bugnini. Nous ne cessons et ne cesserons d’en rendre grâces au Saint-Père. Si nous regrettons que son application n’est pas ce qu’elle pourrait être, nous savons aussi – et les évêques de France qui vont aller à Rome le savent aussi bien que nous – que ces portes ne pourront plus jamais se refermer, et que bien des prêtres, bien des séminaristes les ont déjà passées, donnant du coup l’assurance que l’antique liturgie de l’Église de Rome ne mourra jamais.

[summorum-pontificum.fr] Audience papale pour l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 26 janvier 2011

La dernière lettre du « Saint Francis de Sales Oratory » de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre (ICRSP) aux États-Unis nous apprend que lors d’une audience papale récente, les supérieurs de cet Institut ont remis au Saint-Père plusieurs présents, dont le dernier C.D. enregistré au séminaire de Gricigliano, et l’album de photographies des ordinations de l’année dernière effectuées par le cardinal Burke, Mgr Cordilione et Mgr Schneider. Mais le cadeau principal remis à Benoît XVI fut une magnifique chasuble. Mgr Wach et Mgr Michael Schmitz, provincial des Etats-Unis, et qui fut ordonné par le cardinal Ratzinger, ont pu présenté cet ornement liturgique au Saint-Père. Selon nos informations, le secrétaire du Pape, ami personnel de Mgr Schmitz, a fait savoir combien Benoît XVI s’était montré satisfait de ce présent. De ce fait, il serait question de  préparer pour le  Saint-Père d’autres ornements liturgiques dans le même ton. On trouvera sur le site de l’ICRSP les photographies de cette rencontre.

25 janvier 2011

[DICI] Suisse : Réédition du testament spirituel de Mgr Marcel Lefebvre

SOURCE - DICI - 25 janvier 2011

Le Séminaire International Saint-Pie X d’Ecône vient de rééditer l’Itinéraire spirituel de Mgr Marcel Lefebvre. Composé en 1990, soit un an avant sa mort, cet ouvrage est regardé à juste titre comme le testament spirituel du fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Dans sa préface, il rapporte le rêve qu’il fit un jour dans la cathédrale de Dakar : « devant la dégradation progressive de l’idéal sacerdotal, transmettre, dans toute sa pureté doctrinale, dans toute sa charité missionnaire, le sacerdoce catholique de Notre-Seigneur Jésus-Christ, tel qu’Il l’a transmis à ses apôtres et tel que l’Eglise romaine l’a transmis jusqu’au milieu du XXe siècle ». Et il donne le moyen de transformer ce rêve en réalité : « non seulement transmettre le sacerdoce authentique, non seulement la ‘sana doctrina’ approuvée par l’Eglise, mais l’esprit profond et immuable du sacerdoce catholique et de l’esprit chrétien lié essentiellement à la grande prière de Notre Seigneur qu’exprime éternellement son sacrifice de la Croix ».

A la fin du prologue, l’archevêque missionnaire écrit qu’une « seule chose est nécessaire pour la continuation de l’Eglise : des évêques pleinement catholiques, sans aucune compromission avec l’erreur, qui fondent des séminaires catholiques, où des jeunes aspirants pourront se nourrir au lait de la vraie doctrine, mettront Notre-Seigneur Jésus-Christ au centre de leurs intelligences, de leurs volontés, de leurs cœurs ; une foi vive, une charité profonde, une dévotion sans bornes les uniront à Notre Seigneur, ils demanderont comme saint Paul que l’on prie pour eux, pour qu’ils avancent dans la science et la sagesse du Mysterium Christi où ils découvriront tous les trésors divins. »

Mgr Marcel Lefebvre, Itinéraire spirituel, 92 p. – 15 euros ou 20 CHF
A commander auprès de l’Association IRIS  
Chemin du Séminaire
  CH – 1908 RIDDES -- Tél : +41.(0) 27.305.10.80  – 
Fax : +41.(0) 27.305.10.91 – Courriel : 
editions.iris@bluewin.ch

[Abbé Philippe Laguérie, ibp] Les Infiltrés : première justice pour les calomniés de Bordeaux.

SOURCE - Abbé Philippe Laguérie, ibp - 25 janvier 2011

Dans le délire de haine qui s’est abattu notamment sur la paroisse Saint-Eloi et l’école saint-Projet à Bordeaux lors de la scandaleuse émission des « infiltrés » du 27 avril 2010, le JDD (Journal Du Dimanche) avait cru bon d’y aller de son petit couplet. Sur le site internet du journal, Gaël Vaillant avait osé écrire : « L’Institut du Bon-Pasteur, dirigé par le sulfureux abbé Laguérie ; filmé, à son insu, ce dernier avait lancé, devant les enfants, des propos violemment antisémites ». Et vas-y de bon cœur !

De la même manière que les Infiltrés avait inventé la désormais fameuse cave de Saint-Eloi qui n’a jamais existé mais qui était nécessaire à leurs diffamations, le JDD m’avait inventé des propos antisémites que je n’ai jamais tenus. En outre, je n’ai jamais donné de cours aux enfants de Saint-Projet, si ce n’est, en 2007, de leur apprendre la suavité et la douceur du chant grégorien. Voilà la véritable histoire, revisitée par le JDD suite au délire médiatique engendré par l’émission des Infiltrés.

Ces gens-là auraient dû savoir - ils le savent maintenant - que j’ai de bons avocats et même, disons-le, d’excellents. J’ai gagné, jusqu’à présent, tous les procès que j’ai intentés, y compris contre la LICRA en 1987. Maître Jérôme Triomphe, encore lui, prend ma cause en main, fait constater les faits par voie d’huissier et assigne le JDD au tribunal pour diffamation. Et voilà le travail, moins d’un an après : le communiqué du JDD me présentant ses excuses. Un texte officiel intitulé « Précisions » mis en ligne sur leur site. Il n’y restera peut-être pas longtemps, le passage judiciairement attaqué ayant été supprimé. Je l’ai donc fait dûment constater et je vous le livre :

« Le 4 juin 2010, le jdd.fr a mis en ligne sur son site un article intitulé « Une école pas assez ouverte » évoquant un reportage sur les conditions d’enseignement au cours Saint-Projet de Bordeaux, diffusé dans le cadre de l’émission « Les Infiltrés » sur France 2.

En relatant le contenu de ce reportage, l’article du jdd.fr a relayé les commentaires de l’auteur de l’émission diffusée sur France 2 évoquant des propos qui auraient été tenus en classe par des professeurs qualifiés dans l’émission de « ouvertement antisémites ».

En tout état de cause, c’est par une très regrettable erreur que nous avons imputé de tels propos à l’abbé Philippe Laguérie. En aucune manière, la rédaction du jdd.fr n’a cherché, de près ou de loin, à nuire à la réputation de l’abbé Laguérie, encore moins à inventer des propos qu’il n’a pas tenus ».

A tout péché miséricorde. Le JDD, certes sous la pression d’une action judiciaire, a cependant reconnu son erreur et a présenté ses excuses. Je me suis donc désisté de mon action. L’aveu me paraît plus important qu’une condamnation judiciaire.

Pourquoi ? Tout simplement parce que le JDD n’a fait que « relayer » l’émission des Infiltrés. La diffamation commise (et aujourd’hui réparée) n’a été qu’une conséquence de l’émission des Infiltrés qui a entraîné le torrent de haine et de délire que l’on sait, répercuté par les plus grands médias, qui, hier encore, dénonçaient les Infiltrés pour ses méthodes, indignes de journalistes, celles-là même qu’ils ont utilisées contre nous !

Il serait trop long de rappeler ici les montages, amalgames et manipulations, sur la base notamment des délires de deux garçons exogènes, dont l’un milite aujourd’hui à l’extrême-gauche. Cela viendra en son temps.

Mais il faut dénoncer les préjudices subis : des prêtres qui se font insulter et cracher au visage dans la rue, une école en partie fermée, des familles entières calomniées et montrées du doigt, des personnes menacées dans leur travail, des maisons taguées, une vitrine de librairie catholique vandalisée par deux voyous qui venaient de voir l’émission, une famille obligée de se mettre à l’abri et qui a failli perdre un enfant en gestation, des menaces de mort etc.…

Et puis, ce sont des dizaines de gardes à vue et des centaines d’auditions – dont votre serviteur – par la section anti-terroriste de Bordeaux, s’il vous plaît, pour calmer une agitation médiatico-politique entièrement fomentée. Cela ne débouchera sur rien faute d’avoir trouvé la moindre infraction pénale.

Il faudra en rendre compte et réparer ce qui peut l’être. Plusieurs procédures ont été engagées contre les auteurs, producteurs et présentateur des Infiltrés, par mon avocat et les avocats des victimes diffamées par les Infiltrés. Elles sont en cours d’instruction à Bordeaux et à Paris.

La force éphémère de ces méchants, c’est la faiblesse qu’ils ont présumée de nous. Ils ont pensé qu’ils pourraient nous calomnier sans que nous ayons la capacité de réagir contre le délire médiatique ainsi créé. Nous avons contre-attaqué et ils ne s’en doutaient pas. Ils le savent désormais et ont quelque raison de craindre.

Le JDD est le premier à avoir rendu justice. Je lui en sais gré et lui pardonne à présent.

A moins que, par miracle, les Infiltrés en fassent de même, que ses manipulateurs n’attendent aucune faiblesse de notre part. Ecoutez Beaumarchais sur l’air de la calomnie :

"La calomnie, Monsieur ? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens près d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreur, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville, en s’y prenant bien ; et nous avons ici des gens d’une adresse ! ... D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano, vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine et, rinforzando de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez Calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ?"

Depuis le Barbier de Séville, les calomniateurs ont cessé de susurrer. Ils écrivent et ils filment, c’est plus rapide, plus efficace. Au nom de la Vertu, s’il vous plait ! Ils ne vont pas tarder d’apprendre que la calomnie fait rapidement plus de tort à celui qui la profère qu’à celui qu’elle dénigre. « Qui se sert de l’épée, périra par l’épée… ».

[Golias] L'Espagne se met aussi à la Messe de saint Pie V

SOURCE - Golias - 25 janvier 2011

Bien que très conservateur sur la doctrine et encore plus sur les moeurs, l’épiscopat espagnol, prompt à partir en croisade contre le chef du gouvernement, José Luis Zapatero, a très peu pratiqué la célébration de la messe selon les anciens livres liturgiques. Même si l’ancien archevêque de Tolède, le cardinal Antonio Canizarès Llovera, actuel préfet de la congrégation pour la liturgie, est très favorable à ce courant et à ce retour en arrière.

L’archevêque de Saragosse, un prélat très conservateur, solide théologien au demeurant, Mgr Manuel Urena Pastor, en rupture par rapport à la ligne plus centriste sinon libérale de son prédécesseur, Mgr Yanès, a cependant célébré la messe dans la forme traditionnelle du rite romain. La cérémonie s’est déroulée le 15 janvier dernier. Il s’agissait d’une messe de requiem old style. C’est le site The New Liturgical Movement qui en donne l’annonce. Il s’agit d’une première qui a cependant valeur de précédent.

Commentant l’information, le site "Summorum pontificum observatus" rappelle qu’au moment de la réforme liturgique - et ce malgré certains cardinaux favorables à cette dernière comme le cardinaux Arturo Tabera - on avait pu constater une forte résistance du clergé. Ainsi, Mgr Josemaria Escriva de Balaguer, fondateur de l’Opus Dei, avait même obtenu du Pape le droit de ne jamais utilisé le nouveau missel. Un congrès de prêtres s’était même tenu à Madrid les 10-11 et 12 février 1970 pour faire face à «  l’auto-démolition de l’Église ». Par la suite, la réforme fut adoptée, y compris par les plus conservateurs. Qui quelquefois se montraient même étonnement intransigeants dans le refus de concéder des célébrations à l’ancienne. Une constante, par exemple, chez le cardinal Suquia, archevêque de Santiago de Compostelle puis de Madrid par ailleurs peu suspect de progressisme. Il est vrai par ailleurs que le style des liturgies espagnols (vêtements, décorum..) est parfois moins éloigné des célébrations d’antan qu’en France.

En tout cas, Mgr Urena Pastor ouvre une brèche. D’autres vont s’y engouffrer.

[summorum-pontificum.fr] La situation aux Philippines

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 25 janvier 2011

Le site Rorate Cæli a publié un intéressant post concernant la célébration de la messe selon la forme extraordinaire aux Philippines. Il ressort de cette étude que celle-ci est désormais célébrée de manière quotidienne au Séminaire Saint Maximilien-Marie à Paranaque. Le célébrant est unfrère mineur conventuel, le même ordre que saint Maximilien Kolbe. Manille contient maintenant quatre lieux de célébration quotidienne de l’usus antiquior (trois motu proprio et un prieuré de la Fraternité Saint-Pie X). Plusieurs évêques à la retraite ont célébré ou célèbrent cette messe.

Rorate Caeli indique aussi le décès le 18 octobre dernier de Mgr Melancio De Vera, ancien recteur de la cathédrale de Manille. Bien qu’ayant accepté la réforme liturgique il a continué à célébrer la messe traditionnelle entre 1970 et 1987, année où l’usus antiquior a été à nouveau autorisé en vertu du motu proprio Ecclesia Dei. Avec sa mort, la seule messe traditionnelle dans l’archidiocèse de Manille a disparu, créant cette situation paradoxale que la situation de l’usus antiquior est aujourd’hui pire qu’en 1987 dans ce diocèse.

24 janvier 2011

[summorum-pontificum.fr] La messe traditionnelle diffusée à la radio…

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 24 janvier 2011

Hier, dimanche 23 janvier, la célébration de la sainte messe dans sa forme antique a été diffusée sur les ondes de Radio Maria (Italie) depuis le siège de la Fondazione Lepanto. Le célébrant était Don M. Cueno.

La Fondation Lépante est une association fondée à Washington, D.C., en mars 2001. Elle s’est donnée pour finalité la défense des principes et des institutions de la civilisation chrétienne. Son président est le professeur Roberto de Mattei, vice-président du Consiglio Nazionale delle Ricerche (CNR, équivalent italien de notre CNRS). Auteur de plusieurs ouvrages, il vient de publier en Italie, en attendant une parution en français, un important sur le Concile Vatican II : Il Concilio Vaticano II, Una storia mai scritta.

Il est également le directeur de la revue trimestrielle, Nova Historica, du mensuel, Radici Cristiane et de l’agence d’information, Correspondance européenne.

Si vous comprenez l’italien, voici un entretien avec le professeur de Mattei sur son livre sur le Concile Vatican II.
 

[skynet.be] Mgr Léonard adepte de la messe en latin?

SOURCE - skynet.be - 24 Janvier 2011

(AgencePol) Dimanche prochain, l'archevêque de Belgique répondra à l'invitation d'une Fraternité conservatrice de l'Eglise pour célébrer une messe "à l'ancienne" en l'église des Minimes à Bruxelles

André-Mutien Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles et primat de Belgique, ne passera jamais pour un avant-gardiste au sein de l'Eglise belge. Ses prises de position souvent très conservatrices ne sont d'ailleurs pas unanimement appréciées par les catholiques du royaume. Dimanche 30 janvier, il apportera en quelque sorte une indication supplémentaire sur sa vision de l'Eglise. Il a en effet répondu favorablement à l'invitation de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre et célébrera en l'église des Minimes de Bruxelles une messe tridentine, c'est-à-dire en latin et le dos tourné au peuple, révèle l'hebdomadaire Brussel Deze Week. Le rite tridentin a été abandonné après le Concile Vatican II il y a cinquante ans, mais en 2007, le pape Benoît XVI a supprimé l'obligation de demander l'autorisation à un supérieur hiérarchique pour pouvoir le célébrer. Pour le vicaire épiscopal pour Bruxelles, le chanoine Herman Cosijns, le primat de Belgique a donc tout à fait le droit de célébrer cette messe teintée de nostalgie. "Mais cela ne me réjouit pas", explique-t-il à Brussel Deze Week. "Pour l'unité de l'Eglise, il ferait mieux de s'abstenir de ce genre de choses". La Fraternité sacerdotale Saint-Pierre a été fondée en 1988 par le Pape Jean-Paul II afin de répondre aux aspirations des catholiques attachés aux traditions liturgiques et disciplinaires de l'Eglise Romaine. Elle a été créée, explique l'hebdomadaire, par les partisans les plus modérés de l'archevêque français ultra-conservateur monseigneur Lefebvre. A l'occasion de la messe célébrée par Mgr Léonard, le Supérieur général de la Fraternité Saint Pierre, l'abbé John Berg, sera également présent à Bruxelles. (L.M.)

23 janvier 2011

[summorum-pontificum.fr] Rendez-vous à Cork en juillet prochain

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 23 janvier 2011

Du 9 au 11 juillet prochain aura lieu à Cork en Irlande – pays pourtant peu touché par l’application du motu proprio Summorum Pontificum – la quatrième conférence internationale de liturgie.

Placée sous le haut patronage de son Éminence le cardinal Raymond Leo Burke, préfet de la Signature apostolique, cette rencontre réunira plusieurs spécialistes internationaux qui s’appuieront sur les propos de Benoît XVI pour déterminer les aspects du renouveau liturgique. Parmi les intervenants des bénédictins, un jésuite, un membre de la Fraternité Saint-Pierre, un oratorien et des laïcs. Je reproduis ci-dessous le programme (en anglais) de cette rencontre.

Il me paraît intéressant de noter qu’à côté de la diffusion de la messe tridentine dans les paroisses ou au sein des instituts Ecclesia Dei, de sa rédécouverte ou de sa découverte tout court par des prêtres et des laïcs, une réflexion liturgique de fond se fasse jour, associant des personnalités de provenance et d’expérience différentes. Il est à noter qu’à côté d’autres cardinaux – le cardinal Ranjith, par exemple ou, dans son domaine, le cardinal Bertolluci –, on rencontre de plus en plus dans ce type de réunion, le cardinal Burke, appelé à Rome par le pape Benoît XVI. C’est un indice, non seulement de la romanité du cardinal Burke, mais également des raisons pour lesquelles il est actuellement attaqué, notamment en France.

Le programme :
1. Prof. Dr. Dieter Bohler, SJ, St. Georgen, Frankfurt
The Eucharist of the Church, the Lord’s Supper and Israel’s Sacrifice: Reflections on Pope Benedict’s axiom “The Christian liturgy cannot be understood in isolation from the Old Testament Inheritance”.
http://www.sankt-georgen.de/lehrende/boehler.html
2. Fr. Sven Leo Conrad FSSP,  Augsburg
Liturgy as “a transcending movement” (J. Ratzinger) – Reflections on the Form and Theology of the Opening Rites in the Roman Missal.
3. Dom Cassian Folsom, OSB, Sant’Anselmo, Rome
The Roman Missal in « Summorum Pontificum”
4. Dom Paul Gunter, OSB, Sant’Anselmo, Rome
The History and Development of the Roman Missal
5. Prof. Dr. Helmut Hoping, Albert-Ludwigs-Universität, Freiburg
The Ordo Missae of 1965 and the Latin-German Altar Missal
http://www.theol.uni-freiburg.de/institute/ist/doe/hoping/hoping
6.  Prof. Dr. Manfred Hauke, Lugano, Switzerland
The « basic structure » (Grundgestalt) of the Eucharistic celebration according to Joseph Ratzinger
7. Fr. Uwe Michael Lang, CO
The Church’s Voice of Prayer: Benedict XVI and the language of the liturgy
8. Prof. William Mahrt, Stanford University, U.S.A.
9. Prof. Lauren Pristas, Ph.D., Professor of Theology, Caldwell College, Caldwell, New Jersey, U.S.A.
The Post-Vatican II Revision of the Collects of the Roman Missal.
10. Dr. Janet Rutherford, Maynooth Patristic Symposium
The Anglican Patrimony: What is it, and what to do with it?

22 janvier 2011

[AgoraMag - XA] Où est célébrée la Forme Extraordinaire du rite romain ? (suite)

SOURCE - AgoraMag - XA - 22 janvier 2011

"Je publiais le 13 février dernier le fruit d'une étude réalisée sur le nombre de messes célébrées dans le monde selon la forme extraordinaire du rite romain, avec une répartition par pays. Voici, un an après, une étude actualisée. Cliquez ici pour ouvrir le document (pdf). En cas de reprise, merci de citer sa source."

[Mgr Williamson - Commentaire Eleison] Peu d'élus?

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 22 janvier 2011
Pourquoi semble-t-il si difficile de sauver son âme ?  Pourquoi - comme on nous le dit - si peu d'âmes sont-elles sauvées en comparaison avec le nombre d'âmes damnées ?  Puisque Dieu veut que toutes les âmes soient sauvées (I Tim.II, 4), pourquoi n'a-t-il pas rendu le salut plus facile, comme il aurait sûrement pu le faire ?

La réponse rapide et simple, c'est qu'il n'est pas si difficile que cela de sauver son âme. Une partie de l'agonie des âmes en Enfer, c'est qu'elles savent clairement avec quelle facilité elles auraient pu éviter la damnation. Les non catholiques damnés peuvent dire, « Je savais que le catholicisme était quelque chose de sérieux, mais je n'ai pas voulu l'étudier davantage  parce que je prévoyais que je devrais changer de vie. »  (Winston Churchill a dit une fois que tout homme rencontre à un moment donné de sa vie la vérité, mais que la plupart des hommes s'en détourne.)  Les catholiques damnés peuvent dire, « Dieu m'avait donné la Foi, et j'ai su qu'il me suffisait de faire une bonne confession, mais j'ai trouvé plus commode de le remettre à plus tard, aussi suis-je mort en état de péché mortel... »  Toute âme en Enfer sait qu'elle s'y trouve par sa propre faute, par son propre choix. Elle ne peut pas s'en prendre à Dieu. De plus, en se rappelant sa vie sur terre, elle voit clairement tout ce qu'a fait Dieu pour essayer de l'empêcher de se jeter en Enfer, mais elle a choisi librement son destin, et Dieu a respecté son choix. Mais poussons la question plus loin.

Etant infiniment bon, infiniment généreux et infiniment heureux, Dieu a choisi - il n'y  était point obligé - de créer des êtres qui fussent capables de partager son bonheur. Puisqu'il est Esprit pur (Jn, IV, 24), de tels êtres devaient être spirituels et pas seulement matériels, comme les animaux, végétaux et minéraux. D'où la création des anges sans aucune matière en eux, et des hommes qui ont une âme spirituelle dans un corps matériel. Mais cet esprit même qui rend capables de participer à la félicité divine les anges et les hommes, inclut nécessairement la raison et le libre-arbitre, même, c'est le libre-arbitre qui en choisissant librement Dieu mérite de participer à cette félicité. Mais comment ce choix de Dieu pouvait-il être vraiment libre s'il n'y avait aucune alternative à choisir qui refusât Dieu ?  Quel mérite un garçon aurait-il à choisir dans une librairie un volume de Racine si celle-ci ne vendait rien d'autre que des livres de Racine ?  Et si la mauvaise alternative existe, et que le libre-arbitre n'est pas qu'une illusion, comment veut-on qu'il n'y ait aucun ange ni homme qui la préfère ?

Néanmoins, on peut insister : comment Dieu a-t-il pu prévoir et permettre que la majorité des âmes encoure la punition terrible du refus de son amour (Mt.VII, 13-14; XX, 16) ?  A quoi il faut répondre que plus l'Enfer est terrible, et plus il est certain que Dieu offre à tout homme qui a vécu et qui vivra la grâce, lumière et force suffisantes pour qu'il ne se damne pas, mais, comme dit St Thomas d'Aquin, la plupart des hommes préfère les délices présentes et connues des sens aux joies futures et inconnues du Paradis. Mais alors pourquoi Dieu a-t-il attaché aux sens des plaisirs si forts ? En partie sans doute pour assurer que les parents auraient des enfants pour peupler son Ciel, mais sûrement aussi pour rendre d'autant plus méritoire tout choix d'un homme qui préfère à la poursuite du plaisir dans cette vie les vraies joies de la vie à venir, joies qu'il nous suffit de vouloir pour les avoir, à condition de les vouloir avec assez de « violence » (Mt.XI, 12) !

Dieu n'est point un Dieu médiocre, et il ne veut point offrir aux âmes qui l'aiment un Paradis médiocre !

Kyrie eleison.

[Abbé Lorans, fsspx - DICI] Nous ne prierons pas ensemble à Assise

SOURCE - Abbé Lorans, fsspx - DICI - 22 janvier 2011

Benoît XVI lors de sa visite à Paris, en 2008, avait repris la formule de son prédécesseur au tout début de son pontificat : « N’ayez pas peur ». Aujourd’hui, alors qu’il annonce la célébration des 25 ans de la rencontre interreligieuse d’Assise, des intellectuels catholiques italiens lui disent : Très Saint-Père, nous avons peur de voir le relativisme – que par ailleurs vous combattez – encouragé par votre présence au milieu des représentants de toutes les confessions du monde. Nous avons peur que les catholiques qui aujourd’hui souffrent persécution pour leur foi en Jésus-Christ au Pakistan, en Irak, en Corée du Nord, en Chine… ne voient leurs bourreaux confortés par la reconnaissance publique et l’importance médiatique que le catholicisme leur accordera en organisant cette nouvelle rencontre interreligieuse.

Lors de la première rencontre interreligieuse d’Assise, en 1986, pour tenter de rassurer ceux qui objectaient à juste titre qu’un tel rassemblement de toutes les religions ne pouvait qu’entretenir la confusion et encourager le syncrétisme, les organisateurs eurent recours à cette subtilité dérisoire : on ne priait pas ensemble, on était ensemble pour prier. Autrement dit, il n’était pas question pour les fidèles de Jésus-Christ, d’Allah, de Bouddha, de Shiva … de prier ensemble ; mais s’ils étaient ensemble c’était pour prier séparément !

En octobre prochain, nous ne prierons pas ensemble à Assise. Nous serons avec les victimes en Irak, au Pakistan, priant avec elles et pour elles.

Abbé Alain Lorans

[Disputationes Theologicae] Des positions contradictoires et ambigües dans la Fraternité saint Pie X - Réflexions théologiques sur quelques déclarations récentes

SOURCE - Disputationes Theologicae - 22 janvier 2011

Les bons vœux de M. l’abbé de Cacqueray : « N’allez pas aux messes du Motu proprio »
C’est avec un certain scandale que nous lisons les très récents propos [1] de M. l’abbé Régis de Cacqueray, supérieur du district de France de la Fraternité saint Pie X – le plus ancien et le plus prestigieux district de la Fraternité – à propos de l’assistance à la messe de saint Pie V, lorsqu’elle est célébrée par des prêtres canoniquement reconnus par le Saint-Siège. Ce prêtre, dont l’influence est très grande sur les fidèles, et qui est très estimé par ses supérieurs au point d’avoir été chargé de l’un des rôles les plus importants dans sa Société, s’exprime dans son texte de vœux pour l’année 2011 dans les termes suivants : « Pour être complet sur ce sujet [il parle de l’importance d’assister à la messe traditionnelle, même si elle est difficile à trouver], il nous faut encore citer ces autres messes de saint Pie V célébrées à la faveur des indults successifs, puis finalement du Motu proprio. Il est vrai que nous vous en déconseillons la fréquentation ». Selon lui, il ne faudrait pas fréquenter les sacrements donnés par des prêtres qui tiennent des positions autres que celles de la Fraternité, tout en affirmant en même temps, dans l’actuel climat d’attente d’un accord canonique imminent, qu’il serait opportun que les prêtres diocésains s’approchent du rite traditionnel… mais sans pouvoir compter, puisqu’il le leur déconseille, sur les fidèles de la Fraternité.
Il est difficile de dire, dans ces propos, quelle est la part du contenu « théologique », et quelle est la part du contenu « idéologique » – ou même de la simple querelle partisane. Quelle que soit l’intention de M. l’abbé de Cacqueray, le problème reste néanmoins, comme il le disait à propos de l’annonce d’une réunion à Assise au mois d’octobre prochain, « le danger qui s’en suit pour les âmes ». En effet, la phrase de M. l’abbé de Cacqueray, bien qu’elle soit gravement scandaleuse, n’est accompagnée d’aucune justification théologique, et moins encore d’un exposé rigoureux des présupposés d’une telle affirmation, ainsi que des conséquences qui en découlent. Mais l’impression d’un raisonnement de « Petite Eglise » ne manquera pas au lecteur prudent.
Une argumentation très structurée
En revanche, on trouve chez un autre théologien de la Fraternité, l’abbé Jacques Mérel (ancien professeur au séminaire d’Ecône, en poste au sein du même district de France), une pensée bien plus profonde spéculativement, et bien mieux structurée dans son argumentation. Dans un article [2] qui a fait école, étant reproduit à de nombreuses reprises depuis 2008 dans diverses publications locales de la Fraternité, et qui a peut-être inspiré les propos plus vagues de son supérieur, il s’exprime en des termes théologiques accessibles et selon un raisonnement extrêmement bien construit. Son raisonnement est simple : la messe de saint Pie V, prise en elle-même, est une chose bonne ; en revanche, assister à la messe de saint Pie V n’est pas toujours une chose bonne, mais dépend des circonstances. On pourrait, jusqu’ici, être d’accord. Mais M. l’abbé Mérel poursuit en affirmant que là où la messe est célébrée par un prêtre dépendant de la commission Ecclesia Dei, il serait mauvais d’y participer. Car on peut faire, explique l’auteur, un usage mauvais d’une chose bonne. En buvant du rhum – l’exemple est tiré du texte – qui est une chose bonne en soi, on peut aussi s’enivrer, et donc commettre un péché. Et quelles seraient les circonstances qui rendraient mauvaise, ici, la participation à la messe ? M. l’abbé Mérel poursuit : « Il ne faut pas assister à la messe chez les ralliés [entendez par là les « traîtres » qui dépendent d’Ecclesia Dei et non pas de la Fraternité – en rapport avec le « ralliement » des catholiques français à la République sous le pontificat de Léon XIII], parce qu’ils se soumettent à la hiérarchie conciliaire ». Et un peu plus loin : « La messe d’un prêtre rallié est la messe d’un prêtre qui, officiellement au moins, obéit à l’évêque du lieu et au pape […] un prêtre qui, en obéissant à des autorités libérales et modernistes va inévitablement dévier, un prêtre qui, finalement, trahit tout ce qu’a fait Mgr Lefebvre, qui trahit les âmes, les trompe ».
L’auteur ne met pas de côté non plus les questions pastorales, mais elles restent secondaires dans l’économie de son discours : il affirme par exemple que le fidèle trouvera dans les églises des « ralliés » des publications pleines d’erreurs qui pourraient le troubler, ou qu’il devra écouter des homélies peu orthodoxes, faites durant la messe traditionnelle par des prêtres qui ne le sont pas, ou même fréquenter « des fidèles bien moins formés dans la foi », et qu’il risque donc à leur contact « de se laisser attirer ». M. l’abbé Mérel, avec le talent qui le caractérise, donne donc le véritable motif théologique qui fonde son discours : ce n’est pas un argument individuel et circonstanciel, qui concernerait les prêtres qui prêchent « mal » ; c’est un argument universel, qui concerne absolument tous les prêtres « ralliés », sans exception : le prêtre soumis canoniquement à Rome « n’a pas une position juste dans l’Eglise. Il n’est pas en ordre avec le bon Dieu ». Et il conclut : « On ne peut pas déplaire à Dieu ! Ces messes ne sont pas pour nous ! ». Et si, pour des raisons exceptionnelles, il fallait assister aux messes des instituts Ecclesia Dei, il serait donc nécessaire de « s’abstenir de communier », afin de montrer ostensiblement une résistance passive. Il applique donc ici l’assistance prévue par les moralistes à un rite protestant ou gréco-schismatique.
En somme, assister à la messe d’un prêtre qui n’adhère pas aux positions de la Fraternité est un péché, puisque c’est une chose qui « déplaît à Dieu » en raison du ministre. Si on ne doit pas y participer, ce n’est pas en raison de l’hétérodoxie de l’homélie, qui est pour lui un facteur secondaire et variable, mais en raison du seul fait que le célébrant soit soumis à une autorité à laquelle il ne faudrait rien faire d’autre, sous peine de péché, que résister. Remarquons d’ailleurs que l’auteur ne prend pas le risque de rendre licite l’assistance aux messes sans homélie – il serait alors obligé d’admettre que le sacrement est valide, licite, et ne risque pas de contaminer la foi des fidèles ; ni d’interdire la participation aux messes de prêtres de la Fraternité qui tiennent des propos dangereux pour la foi. C’est la soumission canonique à Rome, et elle seule, qui fait qu’on ne peut communier à la messe : le moyen-terme du raisonnement étant que tout prêtre qui se trouve dans cette situation omet de résister à Rome.
Une magistrale déclaration de schisme
L’article est une magistrale déclaration de schisme – même si du point de vue de l’auteur, le péché de schisme (ou d’hérésie, ou les deux, le texte ne le spécifie pas) est bien plus à imputer au Pape et à tous ceux qui lui sont soumis : la hiérarchie catholique aurait, dans son ensemble, commis la faute de s’éloigner de la vérité et on ne pourrait donc plus entrer avec eux en communion, dans les sacrements, même si le rite est traditionnel. Ce texte a été écrit, remarquons-le, durant l’été 2008, dans le but d’indiquer aux fidèles comment ils doivent se comporter après le Motu proprio – réclamé au Pape, on s’en souvient, en demandant aux fidèles de prier un million de chapelets.
Pour être complet, il faut préciser que ce que dit M. l’abbé de Cacqueray n’est pas totalement faux : on peut parfois déconseiller à quelqu’un d’assister à une messe. Ce pourrait être le cas, même pour des célébrations dans le rite traditionnel, si la signification théologique de la messe de toujours était gravement déformée ou même si elle était simplement réduite, comme on l’a vu parfois, à un pur phénomène théâtral mêlant encens, soies précieuses et homélies hétérodoxes. Mais il est totalement insoutenable que ce principe puisse s’appliquer de façon universelle, en raison de la soumission canonique au Pape : une telle rupture de la communicatio in sacris avec ceux qui ne souscrivent pas aux positions de la Fraternité n’est rien d’autre que la mise en pratique d’une théorie schismatique. Lorsque saint Thomas d’Aquin définit le schisme, il donne en effet deux façons de commettre ce péché : soit en se séparant de l’autorité ecclésiastique ; soit en refusant de communier in sacris avec d’autres parties de l’Eglise [3]. Ce dernier cas ne revient à rien d’autre qu’à déchirer le Corps Mystique du Christ.
Enfin, il faut préciser, si cela est nécessaire, qu’être soumis à une autorité d’institution divine comme celle du Pape ne signifie d’aucune façon soumettre publiquement son intelligence à tout ce qu’une telle autorité soutient, ou laisse entendre, ou semble approuver lorsqu’il parle comme théologien privé ou lorsqu’il agit comme personne privée. Ce n’est pas là la doctrine catholique du Primat, et nul ne saurait affirmer que le Pontife régnant n’ait jamais réclamé une telle soumission. En fait, bien qu’on puisse concéder qu’une certaine frange du traditionalisme est prête à s’avilir, avec un piètre sens de la théologie, en dogmatisant à la virgule près les affirmations de toute autorité ecclésiastique, même seulement locale, il faut reconnaître, avec un peu d’honnêteté, que cela est assez rare. Par contre, affirmer que nécessairement, par le fait même de l’obéissance canonique, on pècherait contre la foi par omission de défense de la vérité est non seulement un mensonge et une tromperie envers les fidèles, mais c’est aussi une absurdité théologique. Car cela reviendrait à dire que l’autorité suprême est devenue formellement hérétique, et avec elle tous ceux qui lui sont soumis visiblement, par le seul fait d’y être soumis.
La Fraternité, si elle ne veut pas encourir le péché de schisme, doit donc reconnaître qu’elle est déjà visiblement soumise à l’autorité du Pontife Romain, tout autant que l’est un prêtre diocésain. Ontologiquement, la soumission de la Fraternité à l’autorité ecclésiastique ne diffère pas de celle de tous les autres Instituts, traditionnels ou non ; mais c’est un problème canonique qui demeure, et qui doit être résolu au plus vite, puisque la durée de cet état anormal risque d’amener certains de ses membres à tenir des thèses théologiques gravement erronées. Les articles cités ici le confirment.
Les incohérences d’une politique ecclésiastique ambigüe
Ajoutons que s’il est bien naturel et compréhensible que les prêtres de la Fraternité se soucient de rester fidèles aux principes de leur fondateur, il est aussi une chose bonne, et même moralement nécessaire, d’être cohérent dans les propos tenus publiquement. Or la thèse que nous combattons ici, car elle est théologiquement insoutenable, rend aussi impossible dès le départ toute issue aux discussions en cours entre le Saint-Siège et la Fraternité ; elle démontre au contraire une claire volonté de maintenir cette situation d’exclusion mutuelle, sans même communiquer dans la communauté des sacrements en rite traditionnel. Car si, pour pouvoir communiquer in sacris avec le Pape, il faut attendre l’accord doctrinal par lequel le Saint-Siège adopte la position de la Fraternité, alors il faut avoir l’honnêteté de déclarer ouvertement que toute la hiérarchie catholique est dans le schisme ou dans l’hérésie. Tertium non datur.
Mais si, au contraire, un accord canonique est possible et même imminent, selon les termes de Mgr Fellay lui-même ; et si le supérieur général de la Fraternité procède véritablement à cet accord canonique – tout en maintenant publiquement ses réserves sur le projet de la réunion d’Assise et son désaccord sur certains choix du Pape – M. l’abbé de Cacqueray déconseillera-t-il alors à « ses » fidèles d’assister aux messes des prêtres de la Fraternité, et de communier des mains de Mgr Fellay, une fois conclu cet accord « pratique » ? La cohérence entre les propos de ces deux importants responsables de l’œuvre fondée par Mgr Lefebvre est tout au moins délicate à saisir : elle semble plutôt le reflet d’une politique ambigüe. Nous avons déjà exprimé ici notre ferme conviction de l’opportunité d’un accord canonique, qui ne prétende précisément pas être « doctrinal » : du point de vue dogmatique, l’idée d’un accord « doctrinal » auquel le Vicaire du Christ devrait se soumettre semble absurde ; du point de vue pratique, les faits démontrent qu’il est illusoire de prétendre résoudre en quelques traits de plume, ou en quelques épisodiques rencontres entre spécialistes, la complexité de la situation actuelle de l’Eglise, en même temps que les problèmes soulevés par certains textes magistériels. Il n’est au contraire pas absurde, ni théologiquement ni prudentiellement, de reconnaître canoniquement l’autorité de Pierre, tout en conservant une autonomie dans le débat théologique sur certains points qui laissent perplexes.
Nous sommes prêts à publier ici-même, si cela est nécessaire, n’importe quelle correction ou précision qui provienne des supérieurs légitimes de la Fraternité saint Pie X sur cette question, et à rendre publique une éventuelle rectification ou prise de distance par rapport aux écrits discutés ici. Nous attendons aussi, pour notre part, une réponse claire à la question de l’accomplissement du précepte dominical pour un fidèle qui assiste à une messe célébrée par un prêtre de la Fraternité saint Pierre, ou qui reçoit la communion d’un prêtre de l’Institut du Bon Pasteur, du Christ-Roi ou de n’importe quel diocèse : le fidèle commet-il là un péché?
La Fraternité saint Pie X, qui ne peut pas être accusée de laxisme, a toujours su donner les précisions nécessaires – et parfois punir ses prêtres avec fermeté – lorsque les opinions de l’un ou l’autre se trouvaient être en contraste avec sa ligne générale. Si les opinions de « Petite Eglise », aujourd’hui ouvertement tenues par certains de ses prêtres, ne sont pas partagées par la Fraternité, il faut donc qu’elles soient, avec la même fermeté, démenties publiquement. Sinon, on devra en conclure que les ambigüités sont volontairement entretenues.

[1] Le texte intégral peut être consulté sur La porte latine, site officiel de la Fraternité saint Pie X en France, à l’adresse suivante : voeux de M. l'abbé de Cacqueray pour 2011
 [2] Abbé Jacques Mérel, « Discussion de parvis sur la messe des ralliés », in Le Pélican, juillet-août 2008 ; publié intégralement dans Le Sel de la Terre, n°70, Automne 2009, pp. 188-193.
[3] Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, IIa-IIae, qu. 39, a. 1, corpus : “Ecclesiae autem unitas in duobus attenditur, scilicet in connexione membrorum Ecclesiae ad invicem, seu communicatione; et iterum in ordine omnium membrorum Ecclesiae ad unum caput (…). Et ideo schismatici dicuntur qui subesse renuunt summo pontifici, et qui membris Ecclesiae ei subiectis communicare recusant