SOURCE - paris-normandie.fr - 18 janvier 2011
Religion. Le Vatican vient de trancher. En confirmant les décrets de l'évêque d'Evreux, le Saint-Siège condamne le curé de Thiberville à quitter sa paroisse.
Ce mardi après-midi, Mgr Christian Nourrichard, évêque d'Evreux (à gauche), a sommé à nouveau l'abbé Francis Michel, curé de Thiberville, de quitter son ministère
C'est sans doute la fin d'une longue histoire, celle de l'abbé Francis Michel, curé de Thiberville dans l'Eure depuis 1986, que l'évêque d'Evreux, Mgr Christian Nourrichard, avait prié de partir à la suite de l'intégration de sa paroisse dans une communauté plus large. Des années de conflit et de résistance ont abouti, l'été dernier, à une dernière sommation de l'évêque, sous peine de suspension, puis à des recours engagés par le prêtre auprès du Vatican.
Le tribunal suprême de la signature apostolique vient de rendre son jugement. Le Saint-Siège confirme les décrets pris par l'évêque d'Evreux concernant le statut de l'ancien groupement inter-paroissial de Thiberville dont l'abbé Francis Michel était le curé ", a annoncé ce mardi après-midi Mgr Christian Nourrichard. " Je lui réitère mon invitation à quitter Thiberville pour l'exercice de son ministère ", ajoute-t-il.
Une messe de 10 minutes
Mais avant d'en arriver à cette confirmation du Vatican, il faut remonter à la veille de Noël 2009 pour retrouver le décret concernant le « départ » du curé. L'évêque d'Evreux fait alors part officiellement de la révocation, pour le 3 janvier 2010, du curé du Groupement interparoissial de Thiberville. Et ce n'est d'ailleurs pas vraiment une surprise pour l'intéressé qui a déjà opposé plusieurs refus à l'évêché.
Ce même 3 janvier à Thiberville, un dimanche, des banderoles accueillent Mgr Nourrichard qui vient présider la messe à l'occasion du « départ » de l'abbé Michel. Une "mutation" qui déplaît fortement aux paroissiens, et plus généralement aux habitants et élus du canton, qui le font savoir en se rendant nombreux à cette messe qui ne dure du coup qu'une dizaine de minutes. Des pétitions de la part de paroissiens circulent même pour réclamer son maintien.
L'évêché décide de dissoudre ce groupement interparoissial auquel se substitue l'une des communautés de la paroisse Notre-Dame de la Charentonne de Bernay, dont le curé n'est autre que l'abbé Jean Vivien, qui gère, outre celle de Thiberville, celles de Bernay, Courbépine, Plasnes, Saint-Aubin-le-Vertueux.
"Attitude partisane"
Quelques mois plus tard, fin juillet 2010, l'abbé Michel monte au créneau, par un beau dimanche alors que l'église est pleine à craquer. « Vous avez sans doute lu ou entendu à propos de notre situation que Rome avait parlé, que l'affaire était réglée et que je devais quitter les lieux lundi, explique le prêtre. Mais le temps passe et il y a du nouveau. Il n'est pas tout à fait exact de dire que Rome a parlé. Rome n'a pas fini de parler et va se pencher sur ma demande d'appel, non pas comme jusqu'à présent sur la forme mais sur le fond c'est-à-dire sur la foi, la liturgie et sur vous mes frères ».
Mais Thiberville se coupe en deux. Les membres de la Libre pensée montent à leur tour au créneau. Ce collectif de défenseurs des principes de la laïcité juge inappropriée la position de certains élus du canton dans cette affaire, dont ils dénoncent « l'attitude partisane ». L'association met en cause les élus « qui ne sont pas dans leur rôle en faisant des déclarations solennelles pour défendre la présence de l'abbé Michel »
Aujourd'hui, semble-t-il, la messe est dite.