SOURCE - Daniel Hamiche - Abbé Celier - Radio Courtoisie - 31 août 2005
20050831_celier.courtoisie.mp3
[Le fichier audio s'ouvre dans une nouvelle fenêtre]
31 août 2005
[infocatho.cef.fr] Le vrai problème de l'intégrisme catholique
SOURCE - infocatho.cef.fr - 31 août 2005
Répondant à la presse sur la question des intégristes, le cardinal italien Francesco Pompedda relève que le vrai problème, c’est leur rejet du concile Vatican II.
Interrogé par le quotidien italien "La Repubblica" au lendemain de la rencontre entre le pape Benoît XVI et Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, le cardinal Pompedda a souhaité que la Fraternité "fasse les pas nécessaires à sa réintégration dans l'Eglise" car le vrai problème qui oppose les catholiques intégristes au Vatican "n'est pas la messe en latin", mais leur rejet du concile Vatican II.
Tant que les catholiques qui, en 1988, ont suivi dans le schisme Mgr Marcel Lefebvre "ne reconnaissent pas la validité doctrinale du Concile comme mouvement historique de renouveau de l'Église en ligne avec la tradition, je ne crois pas qu'il y aura du nouveau", a-t-il ajouté.
Les catholiques intégristes rejettent les orientations du Concile Vatican II (1962-1965) et notamment l'oecuménisme, le dialogue interreligieux et la reconnaissance de la liberté religieuse.
Une partie non négligeable du courant lefèvbriste entend rester intransigeant dans ces "rejets". La première rencontre officielle entre un pape et le chef de file des intégristes depuis la rupture de 1988 est en effet critiquée par l'aile dure de ce courant qui craint une "trahison", et ceci sous la houlette de Mgr Williamson.
"Il ne faudrait pas que la glorieuse resistance de Mgr Lefebvre se perde dans les sables de la négociation pour la négociation", a estimé un des chefs historiques de la Fraternité Saint Pie X en France, l'abbé Guillaume de Thalouarn.
Il s'exprimait mardi sur le site d'un courant dissident de la Fraternité Saint Pie X baptisé "canal historique". Le débat sur le rapprochement avec le Vatican est très animé sur les très nombreux sites internet des catholiques intégristes. (source : presse - La Repubblica)
Répondant à la presse sur la question des intégristes, le cardinal italien Francesco Pompedda relève que le vrai problème, c’est leur rejet du concile Vatican II.
Interrogé par le quotidien italien "La Repubblica" au lendemain de la rencontre entre le pape Benoît XVI et Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, le cardinal Pompedda a souhaité que la Fraternité "fasse les pas nécessaires à sa réintégration dans l'Eglise" car le vrai problème qui oppose les catholiques intégristes au Vatican "n'est pas la messe en latin", mais leur rejet du concile Vatican II.
Tant que les catholiques qui, en 1988, ont suivi dans le schisme Mgr Marcel Lefebvre "ne reconnaissent pas la validité doctrinale du Concile comme mouvement historique de renouveau de l'Église en ligne avec la tradition, je ne crois pas qu'il y aura du nouveau", a-t-il ajouté.
Les catholiques intégristes rejettent les orientations du Concile Vatican II (1962-1965) et notamment l'oecuménisme, le dialogue interreligieux et la reconnaissance de la liberté religieuse.
Une partie non négligeable du courant lefèvbriste entend rester intransigeant dans ces "rejets". La première rencontre officielle entre un pape et le chef de file des intégristes depuis la rupture de 1988 est en effet critiquée par l'aile dure de ce courant qui craint une "trahison", et ceci sous la houlette de Mgr Williamson.
"Il ne faudrait pas que la glorieuse resistance de Mgr Lefebvre se perde dans les sables de la négociation pour la négociation", a estimé un des chefs historiques de la Fraternité Saint Pie X en France, l'abbé Guillaume de Thalouarn.
Il s'exprimait mardi sur le site d'un courant dissident de la Fraternité Saint Pie X baptisé "canal historique". Le débat sur le rapprochement avec le Vatican est très animé sur les très nombreux sites internet des catholiques intégristes. (source : presse - La Repubblica)
30 août 2005
[Abbé de Tanoüarn - Molitor] Rome/FSSPX : Accords en vue ?
SOURCE - frat.canalhistorique.free.fr - Entretien abbé de Tanoüarn / Molitor - 30 août 2005
Accord ? Pas d’accord ? Monseigneur Fellay supérieur général de la Fraternité Saint Pie X a rencontré Benoît XVI à Castelgandolfo le 29 août. Il s’agit de la première rencontre officielle entre un pape et les autorités de la Fraternité Saint-Pie X depuis 1988... Elle engage bien sûr l’avenir de toute la mouvance catholique traditionnelle dans l’Eglise... Dès lundi, les interprétations de l’événement se multipliaient. Devant le mutisme des autorités officielles de la Fraternité Saint-Pie X, nous avons demandé à M. l’abbé de Tanoüarn, longtemps vicaire à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, actuellement responsable, toujours à Paris, du Centre Culturel Saint-Paul, ce qu’il pense de la manière dont s’est déroulée cette rencontre, tant attendue, tant redoutée...
La Tradition catholique dans sa riche diversité a, de par Dieu, la vocation de réunir autour d’elle tous les hommes de bonne volonté. C’est son service qui mobilise et mobilisera, sous l’égide du souverain pontife, les chrétiens qui essaient d’être dignes de ce nom.
--
Entretien réalisé par Jean-Marie Molitor
Accord ? Pas d’accord ? Monseigneur Fellay supérieur général de la Fraternité Saint Pie X a rencontré Benoît XVI à Castelgandolfo le 29 août. Il s’agit de la première rencontre officielle entre un pape et les autorités de la Fraternité Saint-Pie X depuis 1988... Elle engage bien sûr l’avenir de toute la mouvance catholique traditionnelle dans l’Eglise... Dès lundi, les interprétations de l’événement se multipliaient. Devant le mutisme des autorités officielles de la Fraternité Saint-Pie X, nous avons demandé à M. l’abbé de Tanoüarn, longtemps vicaire à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, actuellement responsable, toujours à Paris, du Centre Culturel Saint-Paul, ce qu’il pense de la manière dont s’est déroulée cette rencontre, tant attendue, tant redoutée...
M. l’abbé, l’audience accordée par le pape Benoît XVI à Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie X constitue-t-elle, selon vous, un véritable événement ?On s’est employé, à droite et à gauche, à minimiser la portée de cette rencontre. Ce serait une grave erreur de faire comme s’il ne s’était rien passé à Rome ce 29 août. Derrière l’apparente sobriété du communiqué commun, répercuté immédiatement par l’Agence France Presse, se cache un événement que je n’hésite pas à qualifier d’historique et qui engage gravement, pour l’avenir, la responsabilité des deux partis. “Conscients des difficultés ” qui se présentent et se présenteront sur la route d’un véritable accord, les deux protagonistes s’engagent, disent-ils, à “ procéder par étapes et dans un délai raisonnable ”, “ dans un climat d’amour de l’Eglise et de désir de parvenir à la pleine communion ”. Autrement dit, nous ne sommes plus dans une situation de rejet mutuel. Il ne s’agit pas non plus d’un simple gentlemen agrement, les deux partis reconnaissant loyalement leurs points de désaccords, au sens où l’on pourrait dire, avec les Anglais : They agree that they don’t agree (ils sont d’accord sur le fait qu’ils ne sont pas d’accord). Non! Ce qui a été décidé, à Rome, ce 29 août, c’est d’établir ce que l’on nomme dans un autre contexte (celui de l’Intifada palestinienne) une véritable feuille de route. Il y aura des étapes. Cela prendra du temps. Mais on y arrivera., avec le temps. Il s’agit avant tout, dans cette déclaration, pour Mgr Fellay comme pour Benoît XVI, de “ donner du temps au temps ” comme disait François Mitterrand… Les fondements doctrinaux de la querelle ne sont pas évoqués. Aucune mention des bases historiques sur lesquelles se fonde le mouvement traditionaliste pour “accuser le concile ” comme disait Mgr Lefebvre. Toute l’attention des deux protagonistes de la rencontre s’est focalisée sur les modalités pratiques d’un accord. En ce sens, la rencontre entre Mgr Fellay et Benoît XVI crée les conditions d’un climat nouveau et d’un dialogue différent entre Rome et Ecône.
Votre optimisme me surprend. N’avez-vous pas l’impression au contraire que Mgr Fellay tente surtout de jouer la montre, face aux exigences du nouveau Pontife? Un communiqué interne de la Fraternité Saint-Pie X dont nous avons pu prendre connaissance déclarait au mois de juin dernier : “ Il n’est aucunement question à ce jour de reprendre de quelconques négociations mais de faire acte de présence de la Tradition à Rome ”. Croyez-vous vraiment que Mgr Fellay soit prêt à un accord ? Son propre communiqué de presse déclare simplement : “ Nous sommes arrivés à un consensus sur le fait de procéder par étapes ”. C’est maigre comme consensus !Mgr Fellay a toute la prudence de son Helvétie natale. Effectivement, il avance lentement. Il a besoin de temps, comme je viens de vous le dire, mais il me semble indéniable qu’au moins à titre personnel, comme il le déclarait dans un entretien récent avec l’abbé Alain Lorans, il estime qu’un accord est inéluctable. Cela dit, il rencontre de fortes oppositions à l’intérieur de son propre camp. Beaucoup de responsables importants de la Fraternité sont a priori hostiles à un accord, sans oser le dire trop fort. Le district de France par exemple organise au début du mois de septembre un symposium, destiné à déclarer nulle l’autorité du concile Vatican II. De son côté, Benoît XVI rencontre l’hostilité a priori des évêques français, récemment réaffirmée par le président de la conférence épiscopale, Mgr Ricard. Le moins que l’on puisse dire est qu’entre le pape et l’évêque, la météo est particulièrement mauvaise. Mais ce qui est important, c’est, comme je vous l’ai dit, que Mgr Fellay ait accepté le principe d’un calendrier des négociations… Si les réunions se multiplient entre les deux partis, pourra-t-il longtemps se dérober ? Soit il devra solennellement réaffirmer les divergences doctrinales qui existent entre Rome et Ecône, ce qu’il s’est toujours gardé de faire durant les onze années de son supériorat, soit il devra signer...
Vous qui ne faites plus partie de la Fraternité Saint-Pie X depuis quelques mois, quel est votre sentiment personnel sur cette rencontre ?Je crois que, malgré quelques essais plus ou moins réussis, il manque à la Fraternité Saint-Pie X une approche vraiment doctrinale de la crise actuelle, qui lui permettrait d’envisager sereinement sa position actuelle dans l’Eglise. L’extrême prudence de Mgr Fellay risque, à la longue, de passer pour de l’opportunisme. Les fidèles, énervés (au sens étymologiques du terme) par des rumeurs contradictoires, perdent confiance et pratiquent de plus en plus le zapping liturgique, allant d’une paroisse à l’autre, d’une chapelle à l’autre, parce qu’ils ne voient plus les raisons profondes du combat traditionaliste. Il ne faudrait pas que la glorieuse résistance de Mgr Lefebvre se perde dans les sables de la négociation pour la négociation. Il me semble que l’avenir appartient – sans aucune exclusive – à ceux qui oseront poser les vraies questions (qui ne sont plus tout à fait celles des années 70).
La Tradition catholique dans sa riche diversité a, de par Dieu, la vocation de réunir autour d’elle tous les hommes de bonne volonté. C’est son service qui mobilise et mobilisera, sous l’égide du souverain pontife, les chrétiens qui essaient d’être dignes de ce nom.
--
Entretien réalisé par Jean-Marie Molitor
[Sam Gamegie - Le Forum Catholique] Interview de l'A. de Tanouarn sur Canal +
SOURCE - Sam Gamegie - Le Forum Catholique - 30 août 2005
Voici le script de l'itv de l'abbé de tanouarn sur canal + dans le journal de ce matin. Ce qui fait sourire dans cette histoire, c'est qu'on ne voit pas à la tv et à la radio les zautorités du District de France.
Voici le script de l'itv de l'abbé de tanouarn sur canal + dans le journal de ce matin. Ce qui fait sourire dans cette histoire, c'est qu'on ne voit pas à la tv et à la radio les zautorités du District de France.
La journaliste de Canal:Dans sa résidence d’été de Castelgandolfo Benoît XVI a accordé une audience privée aux supérieurs des catholiques intégristes de la fraternité Saint Pie X excommuniés en 1988 par Jean Paul II. L’ancien vicaire de Saint Nicolas du Chardonnet, une paroisse catholique intégriste à Paris, estime qu’il y a un espoir de reconnaissance par le Vatican.
Guillaume de Tanoüarn (ancien vicaire à St Nicolas du Chardonnet):Nous étions un peu les sans-papiers de l’Eglise, c’est vrai, mais ça ne changera rien ni à notre foi, ni surtout à notre espérance de voir ce combat de 30, de 40 ans reconnu dans sa légitimité. Il y avait des deux côtés des gens qui traînaient les pieds, eh bien à ces gens qui traînent les pieds, Monseigneur Fellay d’une part et le pape Benoît XVI d’autre part disent : « Il va y avoir un accord" et c’est la fin d’un malentendu, la fin envisagée, la fin entrevue comme possible et, encore une fois, l’engagement des deux parties à une feuille de route.
[Henri Tincq - Le Monde] Le pape veut une réconciliation par étapes avec les traditionalistes
SOURCE - Henri Tincq - Le Monde - 30 août 2005
Le tapis rouge n'a pas été déroulé, lundi 29 août, à Castelgandolfo, pour la réception de Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité schismatique Saint-Pie X. Mais cette première rencontre entre Benoît XVI et le chef de file des catholiques traditionalistes avait valeur de reconnaissance pour les "brebis égarées" de Vatican II (1962-1965). Jamais depuis la rébellion de Mgr Lefebvre, porte-parole de la minorité du concile hostile aux réformes, un évêque excommunié par Jean Paul II n'avait franchi la porte du Vatican. C'est chose faite. Il n'y a pas eu de bulletin de victoire après ce huis clos de trente-cinq minutes entre Benoît XVI et Mgr Fellay. Le schisme est loin d'être surmonté, mais au moins la glace a-t-elle été brisée... L'entretien a donné lieu à un communiqué de Joaquin Navarro-Valls, porte-parole du Vatican, qui a pris soin de rappeler que le rendez-vous avait été demandé par les traditionalistes. Selon lui, la rencontre a manifesté "un climat d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la pleine communion" , c'est-à-dire à la réintégration des fidèles schismatiques.
Mgr Fellay, aussi, a fait preuve de courtoisie en rappelant que "la Fraternité Saint-Pie X était toujours attachée et le sera toujours au Saint-Siège, à la Rome éternelle" et qu'elle priait "afin que le Saint Père puisse trouver la force de mettre fin à la crise de l'Eglise en restaurant toutes choses dans le Christ" , selon la formule de Pie X, le pape le plus conservateur du XXe siècle.
Benoît XVI et Mgr Fellay sont tombés d'accord pour "procéder par étapes et dans des délais raisonnables" . Mais aucun calendrier n'a été fixé. Aucune partie n'a désigné ses négociateurs, même si on peut supposer que, du côté du Vatican, c'est la commission Ecclesia Dei, présidée par le cardinal colombien Castrillon-Hoyos présent lors de l'entretien , qui sera chargée d'entretenir le contact. Cette commission avait été fondée au lendemain du schisme de 1988, dans le but de rallier les "lefebvristes".
Le pape n'a pris aucun engagement sur les deux points réclamés par Mgr Fellay : la levée du décret d'excommunication des quatre évêques dont lui-même consacrés par Mgr Lefebvre en 1988 et l'extension du droit de célébrer la messe selon le rite ancien de l'Eglise (en latin, selon le rite dit de saint Pie V). Au Vatican, on laisse entendre que si de nouvelles facilités pourraient être trouvées pour la messe en latin, la levée de l'excommunication est plus difficilement envisageable. Quel serait, en effet, le statut des quatre évêques consacrés en 1988 sans l'autorisation du pape et des prêtres (environ 400) ordonnés par des évêques excommuniés ?
Le pronostic sur l'avenir de ce dialogue est extrêmement réservé. La position de Mgr Fellay est fragile dans la famille traditionaliste, où le rapprochement avec le Vatican suscite de violentes oppositions. Un groupe se réclamant de la "majorité silencieuse des laïcs traditionalistes qui craignent une autodestruction" s'est constitué en "canal historique de la Fraternité" . Il vient d'ouvrir un site Internet et de publier un Manifeste qui, louant le "combat de géant de Mgr Lefebvre" , s'en prend à son successeur, Mgr Fellay, dont il dénonce "les compromis, les lâchetés, les abandons, les trahisons".
Benoît XVI bénéficie d'une bonne cote chez les traditionalistes, qui louent l'orthodoxie doctrinale de l'ex-cardinal Ratzinger, son attachement à l'ancienne liturgie, ses positions plus prudentes que celles de Jean Paul II dans le dialogue interreligieux. C'est "celui qui connaît le mieux notre dossier" , dit-on au siège de la Fraternité Saint-Pie X.
Mais la réintégration des traditionalistes paraît illusoire, alors que rien n'est réglé sur le fond : désaccord sur la "nouvelle messe", hostilité à toute forme de dialogue avec les autres religions... Ils affirment vouloir se réconcilier avec Benoît XVI, tout en protestant contre sa visite à la synagogue de Cologne et après avoir combattu tous les gestes de rapprochement avec les juifs accomplis par Jean Paul II. Or le nouveau pape a fait du dialogue interreligieux la priorité de son pontificat. C'est pour lui un terrain non négociable.
Henri Tincq - Article paru dans l'édition du 31.08.05
Le tapis rouge n'a pas été déroulé, lundi 29 août, à Castelgandolfo, pour la réception de Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité schismatique Saint-Pie X. Mais cette première rencontre entre Benoît XVI et le chef de file des catholiques traditionalistes avait valeur de reconnaissance pour les "brebis égarées" de Vatican II (1962-1965). Jamais depuis la rébellion de Mgr Lefebvre, porte-parole de la minorité du concile hostile aux réformes, un évêque excommunié par Jean Paul II n'avait franchi la porte du Vatican. C'est chose faite. Il n'y a pas eu de bulletin de victoire après ce huis clos de trente-cinq minutes entre Benoît XVI et Mgr Fellay. Le schisme est loin d'être surmonté, mais au moins la glace a-t-elle été brisée... L'entretien a donné lieu à un communiqué de Joaquin Navarro-Valls, porte-parole du Vatican, qui a pris soin de rappeler que le rendez-vous avait été demandé par les traditionalistes. Selon lui, la rencontre a manifesté "un climat d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la pleine communion" , c'est-à-dire à la réintégration des fidèles schismatiques.
Mgr Fellay, aussi, a fait preuve de courtoisie en rappelant que "la Fraternité Saint-Pie X était toujours attachée et le sera toujours au Saint-Siège, à la Rome éternelle" et qu'elle priait "afin que le Saint Père puisse trouver la force de mettre fin à la crise de l'Eglise en restaurant toutes choses dans le Christ" , selon la formule de Pie X, le pape le plus conservateur du XXe siècle.
Benoît XVI et Mgr Fellay sont tombés d'accord pour "procéder par étapes et dans des délais raisonnables" . Mais aucun calendrier n'a été fixé. Aucune partie n'a désigné ses négociateurs, même si on peut supposer que, du côté du Vatican, c'est la commission Ecclesia Dei, présidée par le cardinal colombien Castrillon-Hoyos présent lors de l'entretien , qui sera chargée d'entretenir le contact. Cette commission avait été fondée au lendemain du schisme de 1988, dans le but de rallier les "lefebvristes".
Le pape n'a pris aucun engagement sur les deux points réclamés par Mgr Fellay : la levée du décret d'excommunication des quatre évêques dont lui-même consacrés par Mgr Lefebvre en 1988 et l'extension du droit de célébrer la messe selon le rite ancien de l'Eglise (en latin, selon le rite dit de saint Pie V). Au Vatican, on laisse entendre que si de nouvelles facilités pourraient être trouvées pour la messe en latin, la levée de l'excommunication est plus difficilement envisageable. Quel serait, en effet, le statut des quatre évêques consacrés en 1988 sans l'autorisation du pape et des prêtres (environ 400) ordonnés par des évêques excommuniés ?
Le pronostic sur l'avenir de ce dialogue est extrêmement réservé. La position de Mgr Fellay est fragile dans la famille traditionaliste, où le rapprochement avec le Vatican suscite de violentes oppositions. Un groupe se réclamant de la "majorité silencieuse des laïcs traditionalistes qui craignent une autodestruction" s'est constitué en "canal historique de la Fraternité" . Il vient d'ouvrir un site Internet et de publier un Manifeste qui, louant le "combat de géant de Mgr Lefebvre" , s'en prend à son successeur, Mgr Fellay, dont il dénonce "les compromis, les lâchetés, les abandons, les trahisons".
Benoît XVI bénéficie d'une bonne cote chez les traditionalistes, qui louent l'orthodoxie doctrinale de l'ex-cardinal Ratzinger, son attachement à l'ancienne liturgie, ses positions plus prudentes que celles de Jean Paul II dans le dialogue interreligieux. C'est "celui qui connaît le mieux notre dossier" , dit-on au siège de la Fraternité Saint-Pie X.
Mais la réintégration des traditionalistes paraît illusoire, alors que rien n'est réglé sur le fond : désaccord sur la "nouvelle messe", hostilité à toute forme de dialogue avec les autres religions... Ils affirment vouloir se réconcilier avec Benoît XVI, tout en protestant contre sa visite à la synagogue de Cologne et après avoir combattu tous les gestes de rapprochement avec les juifs accomplis par Jean Paul II. Or le nouveau pape a fait du dialogue interreligieux la priorité de son pontificat. C'est pour lui un terrain non négociable.
Henri Tincq - Article paru dans l'édition du 31.08.05
[Jacques Berset - Ariane Rollier - APIC] Rome: Conditions à la pleine communion avec les traditionalistes de la Fraternité St-Pie X
SOURCE - Jacques Berset - Ariane Rollier - APIC - 30 août 2005
"Se soumettre à l'autorité du pape"
Rome, 30 août 2005 (Apic) La pleine communion avec les lefebvristes pourra être atteinte seulement si la Fraternité St-Pie X "se soumet à l'autorité légitime du pape" et reconnaît les résolutions adoptées par le Concile Vatican II "comme des actes doctrinaux". Cette ferme mise au point a été faite par le cardinal Mario Francesco Pompedda.
Le cardinal Pompedda, préfet émérite du Tribunal suprême de la signature apostolique, était interrogé par La Stampa le 30 août 2005, au lendemain de la rencontre entre Benoît XVI et Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité St-Pie X.
"La pleine communion avec les lefebvristes pourra seulement être atteinte si la Fraternité St-Pie X se soumet à l'autorité légitime du pape, reconnaît les résolutions adoptées par le Concile Vatican II comme des actes doctrinaux de renouveau et d'ouverture de l'Eglise au monde", a déclaré le cardinal Pompedda. "La validité des élections papales advenues depuis la mort de Pie XII jusqu'à aujourd'hui" doit être également reconnue. En effet, la Fraternité schismatique met en cause "les élections papales de Jean XXIII, Paul VI et Jean Paul II (…) parlant (…) de siège vacant continu commencé avec la mort de Pie XII".
Interrogé sur la rencontre entre Benoît XVI et Mgr Fellay, dont les échos ont été positifs, le préfet émérite du Tribunal de la Signature apostolique a répondu qu'il ne parlerait "pas d'un climat nouveau entre les deux parties, d'autant que ce n'est pas le Saint-Siège qui a créé la rupture et, par conséquent, a rompu les rapports". "Je parlerais plutôt d'un climat qui peut indubitablement ouvrir à l'espoir que la Fraternité puisse vraiment faire des pas lui permettant d'être insérée dans l'Eglise catholique", a-t-il affirmé.
Concernant les quatre évêques illégalement ordonnés en 1988 par Mgr Lefebvre et excommuniés par Jean Paul II, le cardinal Pompedda a expliqué que "ces quatre monseigneurs furent ordonnés validement, parce que Lefebvre était un évêque, mais illégitimement parce que sans l'accord du pape".
"C'est une question sur laquelle seule le pape peut intervenir", a-t-il alors précisé. Quoi qu'il en soit pour leur réintégration dans l'Eglise catholique, il est fondamental qu'il y ait de leur part la proclamation d'obéissance au pontife, a-t-il estimé.
De son côté, l'abbé Franz Schmidberger, premier assistant général aux côtés de Mgr Fellay au sein de la Fraternité St-Pie X - qui accompagnait ce dernier à Castel Gandolfo le 29 août - a déclaré au quotidien italien "Il Giornale" du 30 août, que "pour nous, il y a déjà la communion, nous nous considérons en union avec l'Eglise et avec sa tradition, avec le rite qui a été célébré pendant des siècles, avec tous les saints du ciel".
A propos de la levée des excommunications de 1988 comme préalable au dialogue, il a répondu être persuadé "qu'au sein du chemin commencé aujourd'hui, on parviendra à déclarer que ces excommunications n'existent pas". Et d'affirmer tout de go que "ces ordinations épiscopales étaient à notre avis nécessaires pour l'Eglise". Sur les raisons de leur venue auprès de la plus haute instance de l'Eglise catholique, le prêtre intégriste a expliqué que "pour nous, la chose la plus importante est de manifester notre attachement à l'Eglise et au siège de Pierre. Ce que nous avons dit est que nous sommes disposés à travailler pour le bien de l'Eglise, non pour la détruire ou la diviser".
L'ancien supérieur général de la Fraternité estime que même si la libéralisation du missel reste la "demande fondamentale" des traditionalistes, "nous n'avons pas parlé de cela", a-t-il encore affirmé, interrogé sur le contenu des propos lors de la rencontre avec le pape. "Nous avons parlé de la crise qui traverse l'Eglise…".
Interrogé sur l'évocation par le pape d'une solution juridique permettant de réintégrer la Fraternité dans l'Eglise catholique, il a répondu: "c'est le dernier des problèmes et l'on trouvera certainement une solution satisfaisante" en temps voulu. En attendant, pour lui, le premier pas sera un signal concret pour la libéralisation de l'usage du missel de Saint Pie V. "Puis nous continuerons sur un chemin déjà initié de discussions et de rencontres sur la crise de l'Eglise", a-t-il précisé.
Dans une déclaration datée du 29 août 2005, le porte-parole du Saint-Siège avait affirmé que "devant les difficultés dont elles ont conscience", les parties se sont mises d'accord pour procéder "par étape et dans un délai raisonnable" afin d'arriver à "la communion parfaite". (apic/imedia/ar/be)
30.08.2005 - Jacques Berset Ariane Rollier
"Se soumettre à l'autorité du pape"
Rome, 30 août 2005 (Apic) La pleine communion avec les lefebvristes pourra être atteinte seulement si la Fraternité St-Pie X "se soumet à l'autorité légitime du pape" et reconnaît les résolutions adoptées par le Concile Vatican II "comme des actes doctrinaux". Cette ferme mise au point a été faite par le cardinal Mario Francesco Pompedda.
Le cardinal Pompedda, préfet émérite du Tribunal suprême de la signature apostolique, était interrogé par La Stampa le 30 août 2005, au lendemain de la rencontre entre Benoît XVI et Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité St-Pie X.
"La pleine communion avec les lefebvristes pourra seulement être atteinte si la Fraternité St-Pie X se soumet à l'autorité légitime du pape, reconnaît les résolutions adoptées par le Concile Vatican II comme des actes doctrinaux de renouveau et d'ouverture de l'Eglise au monde", a déclaré le cardinal Pompedda. "La validité des élections papales advenues depuis la mort de Pie XII jusqu'à aujourd'hui" doit être également reconnue. En effet, la Fraternité schismatique met en cause "les élections papales de Jean XXIII, Paul VI et Jean Paul II (…) parlant (…) de siège vacant continu commencé avec la mort de Pie XII".
La messe en latin n'est pas le vrai problème"Si ces points sont acceptés, alors la messe en latin ne sera plus un problème, d'autant que Jean Paul II l'a déjà concédée", ajoute le cardinal italien. La Fraternité St-Pie X demande la libéralisation de la messe selon le rite dit de "saint Pie V" comme condition pour le dialogue avec l'Eglise catholique. Pour le cardinal Pompedda, "le vrai problème n'est pas la messe en latin", puisqu'"elle existe déjà". En revanche, "une des prémices auxquelles on ne peut renoncer est que la Fraternité sorte de cette attitude de condamnation du Concile Vatican II, comme ce qu'elle a fait jusqu'ici".
Interrogé sur la rencontre entre Benoît XVI et Mgr Fellay, dont les échos ont été positifs, le préfet émérite du Tribunal de la Signature apostolique a répondu qu'il ne parlerait "pas d'un climat nouveau entre les deux parties, d'autant que ce n'est pas le Saint-Siège qui a créé la rupture et, par conséquent, a rompu les rapports". "Je parlerais plutôt d'un climat qui peut indubitablement ouvrir à l'espoir que la Fraternité puisse vraiment faire des pas lui permettant d'être insérée dans l'Eglise catholique", a-t-il affirmé.
Concernant les quatre évêques illégalement ordonnés en 1988 par Mgr Lefebvre et excommuniés par Jean Paul II, le cardinal Pompedda a expliqué que "ces quatre monseigneurs furent ordonnés validement, parce que Lefebvre était un évêque, mais illégitimement parce que sans l'accord du pape".
"C'est une question sur laquelle seule le pape peut intervenir", a-t-il alors précisé. Quoi qu'il en soit pour leur réintégration dans l'Eglise catholique, il est fondamental qu'il y ait de leur part la proclamation d'obéissance au pontife, a-t-il estimé.
De son côté, l'abbé Franz Schmidberger, premier assistant général aux côtés de Mgr Fellay au sein de la Fraternité St-Pie X - qui accompagnait ce dernier à Castel Gandolfo le 29 août - a déclaré au quotidien italien "Il Giornale" du 30 août, que "pour nous, il y a déjà la communion, nous nous considérons en union avec l'Eglise et avec sa tradition, avec le rite qui a été célébré pendant des siècles, avec tous les saints du ciel".
A propos de la levée des excommunications de 1988 comme préalable au dialogue, il a répondu être persuadé "qu'au sein du chemin commencé aujourd'hui, on parviendra à déclarer que ces excommunications n'existent pas". Et d'affirmer tout de go que "ces ordinations épiscopales étaient à notre avis nécessaires pour l'Eglise". Sur les raisons de leur venue auprès de la plus haute instance de l'Eglise catholique, le prêtre intégriste a expliqué que "pour nous, la chose la plus importante est de manifester notre attachement à l'Eglise et au siège de Pierre. Ce que nous avons dit est que nous sommes disposés à travailler pour le bien de l'Eglise, non pour la détruire ou la diviser".
"Nous avons parlé de la crise qui traverse l'Eglise…"Pour l'abbé Schmidberger, la rencontre avec Benoît XVI a d'ailleurs été très positive, se déroulant "dans un climat cordial et d'attention réciproque". "Quelque chose de positif est survenu", a-t-il déclaré. "Quand nous avons dit que nous étions là par amour de l'Eglise", le pape "nous a répondu :'c'est très important'. Nous avons commencé un chemin nécessaire pour assainir de profondes blessures", a poursuivi le prêtre allemand âgé de 59 ans.
L'ancien supérieur général de la Fraternité estime que même si la libéralisation du missel reste la "demande fondamentale" des traditionalistes, "nous n'avons pas parlé de cela", a-t-il encore affirmé, interrogé sur le contenu des propos lors de la rencontre avec le pape. "Nous avons parlé de la crise qui traverse l'Eglise…".
Le responsable traditionaliste dénonce les "déformations nées du Concile Vatican II"De son côté, "le pape reconnaît certainement qu'il y a des abus, qu'il y a des choses qui ne vont pas. Il suffit de rappeler sa méditation pour la Via Crucis, quand il parlait de la 'saleté' dans l'Eglise, et le discours prononcé à la veille du conclave quand il dénonçait 'la dictature du relativisme'", a estimé le prêtre. Il s'est dit à ce sujet parfaitement d'accord, "même s'il faut aller à la racine du problème, aux causes profondes de la crise, qui pour nous remontent à beaucoup de déformations nées du Concile Vatican II et à une certaine façon de comprendre l'œcuménisme et la liberté de religion".
Interrogé sur l'évocation par le pape d'une solution juridique permettant de réintégrer la Fraternité dans l'Eglise catholique, il a répondu: "c'est le dernier des problèmes et l'on trouvera certainement une solution satisfaisante" en temps voulu. En attendant, pour lui, le premier pas sera un signal concret pour la libéralisation de l'usage du missel de Saint Pie V. "Puis nous continuerons sur un chemin déjà initié de discussions et de rencontres sur la crise de l'Eglise", a-t-il précisé.
Vers la levée des excommunications ?A ce sujet, le prêtre a rapporté qu'il avait ces deux derniers mois rencontré différents cardinaux et chefs de dicastères de la curie romaine. "Nous avons fait parvenir des demandes, des explications, des contributions, des demandes relatives à la réforme liturgique et à l'œcuménisme". "Nous demanderons au pape de mettre sous observation ce que nous faisons et comment nous le faisons et l'on pourrait arriver à lever les excommunications", a encore espéré l'abbé Schmidberger.
Dans une déclaration datée du 29 août 2005, le porte-parole du Saint-Siège avait affirmé que "devant les difficultés dont elles ont conscience", les parties se sont mises d'accord pour procéder "par étape et dans un délai raisonnable" afin d'arriver à "la communion parfaite". (apic/imedia/ar/be)
30.08.2005 - Jacques Berset Ariane Rollier
[Courrier International] Vatican - Vers la fin d'un schisme
SOURCE - Courrier International - 30 août 2005
Après dix-sept ans de divisions, le pape Benoît XVI a rencontré, le 29 août à Castel Gandolfo, le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, successeur de Mgr Lefebvre, qui fut jusqu'à sa mort, en 1991, le chef de file des catholiques intégristes. L'évêque français, qui s'était installé à Econe en Suisse, avait obstinément refusé les réformes introduites dans la vie de l'Eglise par le concile Vatican II.
"En 1976, Mgr Lefebvre avait été suspendu par Paul VI pour avoir célébré la messe en latin selon le rite de saint Pie V. En 1988, il avait été excommunié pour avoir ordonné quatre évêques sans autorisation papale", rappelle La Repubblica. Selon le porte-parole de la Fraternité Saint-Pie X, la rencontre s'est déroulée "dans un climat d'amour et de désir d'arriver à la pleine communion".
"La messe en latin est un problème mineur, il faut que la Fraternité se soumette aux lois du concile. L'obéissance au pape est la condition première pour la réunification", a déclaré le cardinal Pompedda, chargé de la conciliation par le Vatican. Pour la petite histoire, le quotidien de Rome rappelle qu'en 1988 "le cardinal Ratzinger avait été chargé du dossier d'excommunication de Mgr Lefebvre".
Après dix-sept ans de divisions, le pape Benoît XVI a rencontré, le 29 août à Castel Gandolfo, le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, successeur de Mgr Lefebvre, qui fut jusqu'à sa mort, en 1991, le chef de file des catholiques intégristes. L'évêque français, qui s'était installé à Econe en Suisse, avait obstinément refusé les réformes introduites dans la vie de l'Eglise par le concile Vatican II.
"En 1976, Mgr Lefebvre avait été suspendu par Paul VI pour avoir célébré la messe en latin selon le rite de saint Pie V. En 1988, il avait été excommunié pour avoir ordonné quatre évêques sans autorisation papale", rappelle La Repubblica. Selon le porte-parole de la Fraternité Saint-Pie X, la rencontre s'est déroulée "dans un climat d'amour et de désir d'arriver à la pleine communion".
"La messe en latin est un problème mineur, il faut que la Fraternité se soumette aux lois du concile. L'obéissance au pape est la condition première pour la réunification", a déclaré le cardinal Pompedda, chargé de la conciliation par le Vatican. Pour la petite histoire, le quotidien de Rome rappelle qu'en 1988 "le cardinal Ratzinger avait été chargé du dossier d'excommunication de Mgr Lefebvre".
[Laurent Nicolet - Le Temps] Le pape à l'écoute des traditionalistes
Laurent Nicolet - Le Temps (Suisse) - 30 août 2005
CATHOLICISME. Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité Saint Pie X, s'est entretenu hier avec Benoît XVI à Castelgandolfo. Mais une réconciliation entre l'Eglise et Ecône reste plus que jamais problématique
«Une lueur d'espérance»: c'est ce qu'avait déclaré Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité Saint Pie X, lors de l'élection de Benoît XVI. Hier, le chef des catholiques traditionalistes a été reçu, à sa demande, à Castelgandolfo par le pape. Une première depuis le schisme, les rapports entre Mgr Felley et Jean Paul II s'étant résumés à une brève rencontre le 30 décembre 1999 lors de la messe privée du pape, mais qui ne signifie pas forcément un retour de flammes.
Hier, le communiqué du porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, soulignait prudemment que, d'un côté comme de l'autre, se serait manifestée une «volonté de procéder par étapes et dans des délais raisonnables», le tout agrémenté d'une conscience commune des «difficultés». Certes, les divergences liturgiques – la Fraternité réclame le droit de dire la messe en latin selon le rituel tridentin, issu du Concile de Trente au XVIe siècle et banni par le concile de Vatican II – ne semblent pas être un obstacle majeur à la réconciliation, le nouveau pape n'ayant jamais caché un faible pour la messe traditionnelle. Mais sur les autres pommes de discorde nées de Vatican II, en revanche, une réconciliation semble peu probable. Les traditionalistes rejettent certains tournants majeurs du concile – l'œcuménisme, le dialogue interreligieux – sur lesquels Benoît XVI risque difficilement de lâcher du lest: il en a fait une des priorités de son pontificat. Le communiqué semble d'ailleurs indiquer que, pour l'heure, même les exigences les plus faciles à satisfaire – l'annulation des excommunications de 1988 et le droit pour tous les prêtres qui le souhaitent de dire la messe en latin – n'ont pas trouvé grâce aux yeux du pape, même s'il ne s'agit pas d'un refus définitif, d'autant que le cardinal Ratzinger y était favorable. Benoît XVI n'avance toutefois pas en terrain inconnu: alors cardinal, il avait été chargé par Jean Paul II en 1986 de conclure un accord avec Mgr Lefebvre, accord qui fut sur le point d'aboutir, avant que le fondateur d'Ecône ne se rétracte. Mais les «difficultés» sont bien réelles et, avant même la rencontre de Castelgandolfo, la «lueur» n'était pas loin de l'extinction, comme en témoigne une conférence donnée en juin dernier à Bruxelles par Mgr Fellay. Lequel relevait d'abord que Benoît XVI n'avait pas une formation thomiste, mais plutôt hégélienne et pouvait donc être suspecté d'une conception «évolutive» de la vérité. Et de rapporter, pour preuve, ce dialogue, en 1987, entre le cardinal Ratzinger et un Mgr Lefebvre commençant par affirmer que la liberté religieuse était contraire à «Quanta Cura de Pie IX»; réplique de Ratzinger: «Mais, Excellence, nous ne sommes plus au temps de Quanta Cura.» «C'est la fin de la vérité, s'est exclamé Mgr Fellay à Bruxelles, c'est la fin de la vérité, notez-le bien et c'est très, très grave.»
Le supérieur de la Fraternité reconnaît ensuite la conversion du cardinal Ratzinger à un certain conservatisme qui porterait de bons diagnostics, mais n'oserait prescrire les remèdes appropriés. Ratzinger, «celui qui nous connaît le mieux», s'est ainsi souvent prononcé contre la nouvelle messe, non pour rétablir l'ancienne mais pour instituer, afin d'éviter des vagues, «une nouvelle nouvelle messe». Toujours selon Mgr Fellay, le futur pape aurait dans ses écrits bien démasqué les modernistes: «Le cardinal montre que pour cette théologie il n'y a plus d'enfer, le purgatoire on n'en parle pas, mais il n'y a pas non plus de ciel.» Mais pour ensuite proposer de «les comprendre». «Pétard mouillé!» s'exclame Mgr Fellay qui préconise, lui, face «à cette nouvelle théologie» des réponses «assez radicales»: la poubelle, l'aspirateur, le bûcher, l'excommunication, on n'en parle plus...»
Et d'ajouter: «Si vous regardez notre nouveau pape, vous voyez que les débuts de son pontificat ne laissent pas beaucoup de place à l'espérance.» Tout est dit. Exit la lueur, même si Mgr Fellay termine en parlant du «devoir de garder des relations avec Rome», ne serait-ce que pour éviter de finir en vulgaire secte, rappelant que ceux qui s'écartent du pape «finissent toujours par se donner un pape, leur pape. Aujourd'hui il y en a une quinzaine! L'un d'entre eux m'a écrit, il se fait appeler Pierre II. Et il m'a demandé l'autorisation de garder le Saint-Sacrement dans son garage.»
Tout le monde, dans la Fraternité, ne partage pas ce point de vue. Ainsi, l'aile la plus dure, avec à sa tête l'évêque Richard Williamson, refuse tout dialogue avec Rome C'est Mgr Williamson d'ailleurs qui a «cafté», la semaine dernière, rendant public le rendez-vous de Castelgandolfo, dans le but assez évident de le faire capoter.
CATHOLICISME. Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité Saint Pie X, s'est entretenu hier avec Benoît XVI à Castelgandolfo. Mais une réconciliation entre l'Eglise et Ecône reste plus que jamais problématique
«Une lueur d'espérance»: c'est ce qu'avait déclaré Mgr Fellay, supérieur de la Fraternité Saint Pie X, lors de l'élection de Benoît XVI. Hier, le chef des catholiques traditionalistes a été reçu, à sa demande, à Castelgandolfo par le pape. Une première depuis le schisme, les rapports entre Mgr Felley et Jean Paul II s'étant résumés à une brève rencontre le 30 décembre 1999 lors de la messe privée du pape, mais qui ne signifie pas forcément un retour de flammes.
Hier, le communiqué du porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, soulignait prudemment que, d'un côté comme de l'autre, se serait manifestée une «volonté de procéder par étapes et dans des délais raisonnables», le tout agrémenté d'une conscience commune des «difficultés». Certes, les divergences liturgiques – la Fraternité réclame le droit de dire la messe en latin selon le rituel tridentin, issu du Concile de Trente au XVIe siècle et banni par le concile de Vatican II – ne semblent pas être un obstacle majeur à la réconciliation, le nouveau pape n'ayant jamais caché un faible pour la messe traditionnelle. Mais sur les autres pommes de discorde nées de Vatican II, en revanche, une réconciliation semble peu probable. Les traditionalistes rejettent certains tournants majeurs du concile – l'œcuménisme, le dialogue interreligieux – sur lesquels Benoît XVI risque difficilement de lâcher du lest: il en a fait une des priorités de son pontificat. Le communiqué semble d'ailleurs indiquer que, pour l'heure, même les exigences les plus faciles à satisfaire – l'annulation des excommunications de 1988 et le droit pour tous les prêtres qui le souhaitent de dire la messe en latin – n'ont pas trouvé grâce aux yeux du pape, même s'il ne s'agit pas d'un refus définitif, d'autant que le cardinal Ratzinger y était favorable. Benoît XVI n'avance toutefois pas en terrain inconnu: alors cardinal, il avait été chargé par Jean Paul II en 1986 de conclure un accord avec Mgr Lefebvre, accord qui fut sur le point d'aboutir, avant que le fondateur d'Ecône ne se rétracte. Mais les «difficultés» sont bien réelles et, avant même la rencontre de Castelgandolfo, la «lueur» n'était pas loin de l'extinction, comme en témoigne une conférence donnée en juin dernier à Bruxelles par Mgr Fellay. Lequel relevait d'abord que Benoît XVI n'avait pas une formation thomiste, mais plutôt hégélienne et pouvait donc être suspecté d'une conception «évolutive» de la vérité. Et de rapporter, pour preuve, ce dialogue, en 1987, entre le cardinal Ratzinger et un Mgr Lefebvre commençant par affirmer que la liberté religieuse était contraire à «Quanta Cura de Pie IX»; réplique de Ratzinger: «Mais, Excellence, nous ne sommes plus au temps de Quanta Cura.» «C'est la fin de la vérité, s'est exclamé Mgr Fellay à Bruxelles, c'est la fin de la vérité, notez-le bien et c'est très, très grave.»
Le supérieur de la Fraternité reconnaît ensuite la conversion du cardinal Ratzinger à un certain conservatisme qui porterait de bons diagnostics, mais n'oserait prescrire les remèdes appropriés. Ratzinger, «celui qui nous connaît le mieux», s'est ainsi souvent prononcé contre la nouvelle messe, non pour rétablir l'ancienne mais pour instituer, afin d'éviter des vagues, «une nouvelle nouvelle messe». Toujours selon Mgr Fellay, le futur pape aurait dans ses écrits bien démasqué les modernistes: «Le cardinal montre que pour cette théologie il n'y a plus d'enfer, le purgatoire on n'en parle pas, mais il n'y a pas non plus de ciel.» Mais pour ensuite proposer de «les comprendre». «Pétard mouillé!» s'exclame Mgr Fellay qui préconise, lui, face «à cette nouvelle théologie» des réponses «assez radicales»: la poubelle, l'aspirateur, le bûcher, l'excommunication, on n'en parle plus...»
Et d'ajouter: «Si vous regardez notre nouveau pape, vous voyez que les débuts de son pontificat ne laissent pas beaucoup de place à l'espérance.» Tout est dit. Exit la lueur, même si Mgr Fellay termine en parlant du «devoir de garder des relations avec Rome», ne serait-ce que pour éviter de finir en vulgaire secte, rappelant que ceux qui s'écartent du pape «finissent toujours par se donner un pape, leur pape. Aujourd'hui il y en a une quinzaine! L'un d'entre eux m'a écrit, il se fait appeler Pierre II. Et il m'a demandé l'autorisation de garder le Saint-Sacrement dans son garage.»
Tout le monde, dans la Fraternité, ne partage pas ce point de vue. Ainsi, l'aile la plus dure, avec à sa tête l'évêque Richard Williamson, refuse tout dialogue avec Rome C'est Mgr Williamson d'ailleurs qui a «cafté», la semaine dernière, rendant public le rendez-vous de Castelgandolfo, dans le but assez évident de le faire capoter.
[Hervé Yannou - Le Figaro] Benoît XVI entrouvre la porte aux intégristes
Hervé Yannou - Le Figaro - 30 août 2005
La rencontre d'une demi-heure s'est déroulée à la demande des intégristes et aurait dû rester secrète. Mais l'un des évêques de la Fraternité, le Britannique Richard Williamson, opposé à tout compromis avec le Vatican, avait vendu la mèche en début de semaine dernière. Pour autant, le Vatican est resté très discret. Sur l'agenda officiel du Pape n'apparaissaient hier que les audiences du nouvel ambassadeur d'Equateur et d'un évêque mexicain. Mgr Fellay est entré par la petite porte au palais de Castel Gandolfo.
Le rendez-vous, auquel participait également le cardinal Dario Castrillon Hoyos, chargé par Jean-Paul II de travailler à la réconciliation, s'est déroulé «dans un climat d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la pleine communion». Pour y parvenir, la Fraternité Saint-Pie X invoque la «liberté» de la messe selon le rite abandonné depuis le concile Vatican II. Aujourd'hui, Benoît XVI pourrait assouplir les possibilités pour célébrer la messe selon le rite tridentin.
Mais pour les intégristes, il y a une condition préalable à l'avancée du dialogue : la levée de l'excommunication relative à l'ordination de quatre évêques, dont Mgr Fellay, par Mgr Marcel Lefebvre en 1988. Au Vatican, la question est délicate. Si les évêques ordonnés sans l'autorisation de Rome rentraient dans le giron de l'Eglise, ils devraient normalement y retrouver leur ancienne place de prêtre.
Benoît XVI est bien placé pour conduire les discussions avec la fraternité schismatique. Cardinal, il ne jugeait pas illégitimes les mouvements traditionalistes dans lesquels il jouit d'une bonne image. Il y a trois ans, il a correspondu avec Mgr Fellay pour une reprise du dialogue sur des questions théologiques. Le Pape sait que le mouvement est loin d'être marginal. La fraternité Saint-Pie X compte officiellement près de 450 prêtres dans 59 pays, 200 religieuses, 6 séminaires, 180 maisons, 260 chapelles et 200 autres lieux de culte et deux instituts universitaires. La messe préconciliaire est célébrée régulièrement dans environ 650 églises.
Aucun calendrier et aucune modalité n'ont encore été avancés pour ces négociations. Au Vatican, on espère parvenir à ce que de nombreux membres de la Fraternité Saint-Pie X retrouvent le chemin de Rome. Mais on doute aussi, en raison de leurs divisions internes, que tous puissent un jour être réunis autour du Pape.
Mgr Fellay a été reçu pendant une demi-heure par le Pape à Castel GandolfoBenoît XVI a ouvert la porte aux négociations avec les catholiques intégristes. Un pas en avant après les atermoiements du pontificat de Jean-Paul II. Le Pape et leur chef de file, Mgr Bernard Fellay, se sont rencontrés hier. «Conscients des difficultés», ils ont manifesté «leur volonté de procéder par étapes et dans des délais raisonnables» pour parvenir à la réintégration dans l'Eglise de la Fraternité schismatique Saint-Pie X, a indiqué le porte-parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls. «Nous sommes arrivés à un consensus» pour résoudre les problèmes, a déclaré au diapason Mgr Fellay. Et d'espérer que Benoît XVI «trouve la force de mettre fin à la crise dans l'Eglise».
La rencontre d'une demi-heure s'est déroulée à la demande des intégristes et aurait dû rester secrète. Mais l'un des évêques de la Fraternité, le Britannique Richard Williamson, opposé à tout compromis avec le Vatican, avait vendu la mèche en début de semaine dernière. Pour autant, le Vatican est resté très discret. Sur l'agenda officiel du Pape n'apparaissaient hier que les audiences du nouvel ambassadeur d'Equateur et d'un évêque mexicain. Mgr Fellay est entré par la petite porte au palais de Castel Gandolfo.
Le rendez-vous, auquel participait également le cardinal Dario Castrillon Hoyos, chargé par Jean-Paul II de travailler à la réconciliation, s'est déroulé «dans un climat d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la pleine communion». Pour y parvenir, la Fraternité Saint-Pie X invoque la «liberté» de la messe selon le rite abandonné depuis le concile Vatican II. Aujourd'hui, Benoît XVI pourrait assouplir les possibilités pour célébrer la messe selon le rite tridentin.
Mais pour les intégristes, il y a une condition préalable à l'avancée du dialogue : la levée de l'excommunication relative à l'ordination de quatre évêques, dont Mgr Fellay, par Mgr Marcel Lefebvre en 1988. Au Vatican, la question est délicate. Si les évêques ordonnés sans l'autorisation de Rome rentraient dans le giron de l'Eglise, ils devraient normalement y retrouver leur ancienne place de prêtre.
Benoît XVI est bien placé pour conduire les discussions avec la fraternité schismatique. Cardinal, il ne jugeait pas illégitimes les mouvements traditionalistes dans lesquels il jouit d'une bonne image. Il y a trois ans, il a correspondu avec Mgr Fellay pour une reprise du dialogue sur des questions théologiques. Le Pape sait que le mouvement est loin d'être marginal. La fraternité Saint-Pie X compte officiellement près de 450 prêtres dans 59 pays, 200 religieuses, 6 séminaires, 180 maisons, 260 chapelles et 200 autres lieux de culte et deux instituts universitaires. La messe préconciliaire est célébrée régulièrement dans environ 650 églises.
Aucun calendrier et aucune modalité n'ont encore été avancés pour ces négociations. Au Vatican, on espère parvenir à ce que de nombreux membres de la Fraternité Saint-Pie X retrouvent le chemin de Rome. Mais on doute aussi, en raison de leurs divisions internes, que tous puissent un jour être réunis autour du Pape.
[AUDIO] [Radio Suisse Romande] Le rapprochement amorcé a de quoi surprendre, par Evelyne Oberson [audio]
Evelyne Oberson - Radio Suisse Romande - 30 août 2005
20050830_oberson.rsr.mp3
[Le fichier audio s'ouvre dans une nouvelle fenêtre]
20050830_oberson.rsr.mp3
[Le fichier audio s'ouvre dans une nouvelle fenêtre]
[Sensus Fidei] "Cette prise de position va en effet très largement dans le sens souhaité..."
Sensus Fidei - 30 août 2005
Sensus Fidei a pris connaissance avec un vif intérêt du communiqué de la Fraternité Saint-Pie X, annonçant un « consensus » sur l’ouverture d’une négociation « par étapes » avec le Vatican, en vue de la « résolution des problèmes » qui l’en séparent.
Cette prise de position va en effet très largement dans le sens souhaité par Sensus Fidei dans son rapport moral, approuvé à l’unanimité par son assemblée générale du 22 juin 2005. Il nous a, d’ailleurs, été rendu possible de réitérer ce souhait, verbalement et par écrit, auprès des Autorités Romaines en juillet 2005.
Il demeure que les négociations qui vont s’ouvrir nécessiteront de la part des la Fraternité une dimension spirituelle, morale et intellectuelle, qui ne peut qu’être douloureusement affectée par la crise intérieure qu’elle traverse aujourd’hui. C’est dire combien il paraît nécessaire qu’une ample réconciliation entre ses prêtres puisse intervenir afin d’aboutir à un accord qui préserve tout ce que nous devons à la lucidité et à la sereine obstination de Mgr Lefébvre, lequel doit espérer – aujourd’hui plus que jamais – qu’un même amour réunisse à nouveau tous ses enfants.
Paris le 30 août 2005
Sensus Fidei a pris connaissance avec un vif intérêt du communiqué de la Fraternité Saint-Pie X, annonçant un « consensus » sur l’ouverture d’une négociation « par étapes » avec le Vatican, en vue de la « résolution des problèmes » qui l’en séparent.
Cette prise de position va en effet très largement dans le sens souhaité par Sensus Fidei dans son rapport moral, approuvé à l’unanimité par son assemblée générale du 22 juin 2005. Il nous a, d’ailleurs, été rendu possible de réitérer ce souhait, verbalement et par écrit, auprès des Autorités Romaines en juillet 2005.
Il demeure que les négociations qui vont s’ouvrir nécessiteront de la part des la Fraternité une dimension spirituelle, morale et intellectuelle, qui ne peut qu’être douloureusement affectée par la crise intérieure qu’elle traverse aujourd’hui. C’est dire combien il paraît nécessaire qu’une ample réconciliation entre ses prêtres puisse intervenir afin d’aboutir à un accord qui préserve tout ce que nous devons à la lucidité et à la sereine obstination de Mgr Lefébvre, lequel doit espérer – aujourd’hui plus que jamais – qu’un même amour réunisse à nouveau tous ses enfants.
Paris le 30 août 2005
[Viviane Ceccarelli - La Tribune de Genève] L'Eglise d'Ecône tente de renouer avec Rome - Schisme: Mgr Fellay parie sur le conservatisme de Benoît XVI
Viviane Ceccarelli - La Tribune de Genève - 30 août 2005
C'était «le schisme du XXe siècle»: la rencontre hier à Rome entre Benoît XVI et le supérieur de la Fraternité traditionaliste de Saint Pie X, quatre mois après l'élection du nouveau pape, marque, avec une éclatante discrétion, le redémarrage du dialogue. L'enjeu: l'Eglise post-conciliaire face à la tradition préconciliaire.
Le contact a donc été repris, au plus haut niveau. Mais les difficultés viennent de loin. En 1971, la réforme liturgique voulue par Paul VI avait été rejetée par Mgr Lefebvre, au nom de la messe en latin de Pie V (concile de Trente, XVIe siècle). Puis les griefs s'étaient cristallisés: le concile, Paul VI, Jean Paul II, furent accusés d'avoir trahi l'Eglise. En 1988, Mgr Lefebvre ordonnait quatre évêques, créant ainsi une nouvelle hiérarchie: c'était le schisme, et l'excommunication. Point d'achoppement: non seulement la liturgie, mais l'œcuménisme, en particulier la grande réunion d'Assise où Jean Paul II avait convié tous les responsables religieux à prier ensemble pour la paix.
Pourquoi le tournant, aujourd'hui? Mgr Fellay l'avait suggéré lui-même aussitôt après l'élection de Benoît XVI: ce pape, disait-il, a affirmé lui-même que l'Eglise est une barque qui fait eau de toutes parts (Chemin de croix du Vendredi- Saint), il s'est élevé contre les abus de la nouvelle messe, fait l'éloge du latin et des rituels anciens, on peut penser qu'il a été élu en réaction contre le progressisme. Son élection peut constituer un espoir pour sortir de la crise profonde qui travaille l'Eglise catholique. Bref: c'est le côté «conservateur» prêté à Ratzinger qui a sans doute encouragé les Lefebvristes à reprendre le dialogue.
Peut-être aussi leurs propres difficultés, des dissensions internes, la nostalgie de l'unité. La Fraternité tentait depuis des années de renouer un dialogue direct avec Jean Paul II, organisant des conférences de presse sous les fenêtres du Vatican, mais sans succès. L'opposition interne se manifestait aussi: l'un des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre, Richard Williamson, a invité dans une lettre la Fraternité à ne pas céder, dit-on de bonne source. Mais dans le même temps, des jeunes du groupe Juventutem liés à la Fraternité ont participé aux Journées mondiales de la jeunesse à Cologne…
Plus sérieusement, la question est de savoir si l'Eglise doit choisir le repli sur le passé, ou l'ouverture à l'autre.
Fondée à Ecône, la Fraternité de Saint Pie X devenait ainsi une Eglise dissidente, et son chef Mgr Lefebvre tombait sous le coup de l'excommunication - puisqu'il s'était placé, expliquait-on au Vatican, en dehors de la communauté ecclésiale. Mgr Lefebvre devait mourir en 1991, non réconcilié avec Rome qu'il taxait de trahison.
Dans une Europe alors en voie de déchristianisation, les exigences et la rigueur de l'ancien archevêque de Dakar exercèrent un attrait sur certains jeunes en quête d'absolu. Aujourd'hui en chiffres, la communauté compte quelque 500 000 fidèles, présents dans 59 pays, six séminaires, deux instituts universitaires. Mais certains ont choisi de rallier l'Eglise catholique - notamment au Brésil -, et des contacts discrets se sont poursuivis avec le responsable de la congrégation pour le clergé, le cardinal Dario Castrillon Hoyos, présent à l'entretien avec Benoît XVI.
V.C.
Un signe d'espoir en Valais
Le début d'un dialogue. La rencontre entre le pape Benoît XVI et le supérieur de la Fraternité St-Pie X Mgr Bernard Fellay est un signe d'espoir pour l'évêché de Sion. Ce n'est toutefois que le début d'un dialogue et l'évêché attend la suite.
L'unité des chrétiens. «Nous prions toujours pour l'unité des chrétiens», a déclaré hier le vicaire épiscopal Bernard Broccard. «Si un moyen de réconciliation est trouvé nous ne pourrons que nous en réjouir, il faut toujours garder l'espérance», a-t-il ajouté.
Nouvelle tentative. La Fraternité Saint-Pie X, qui compte des adeptes en Valais où elle a un séminaire basé à Ecône, avait été excommuniée par le pape Jean Paul II en 1988. Chaque tentative de renouer le dialogue avait depuis été vouée à l'échec. (ats)
C'était «le schisme du XXe siècle»: la rencontre hier à Rome entre Benoît XVI et le supérieur de la Fraternité traditionaliste de Saint Pie X, quatre mois après l'élection du nouveau pape, marque, avec une éclatante discrétion, le redémarrage du dialogue. L'enjeu: l'Eglise post-conciliaire face à la tradition préconciliaire.
Trente-quatre ans de frondeL'entretien avait été demandé par le chef de la communauté d'Ecône et successeur de Mgr Lefebvre, Mgr Bernard Fellay, requête acceptée aussitôt par Joseph Ratzinger - qui, préfet de la Congrégation de la foi lors de l'excommunication de Mgr Lefebvre en 1988, a «vécu» l'affaire de près. Les commentateurs distillaient le doute - positions trop distantes, difficultés au sein de la communauté d'Ecône. Et pourtant: après 34 ans de fronde et 17 de schisme, l'entretien, précise un communiqué du porte-parole du Vatican Joaquin Navarro-Vals, «s'est déroulé dans une atmosphère d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la parfaite communion». Non sans réalisme: «Bien que conscients des difficultés, la volonté a été manifestée de procéder par degrés et en des délais raisonnables».
Le contact a donc été repris, au plus haut niveau. Mais les difficultés viennent de loin. En 1971, la réforme liturgique voulue par Paul VI avait été rejetée par Mgr Lefebvre, au nom de la messe en latin de Pie V (concile de Trente, XVIe siècle). Puis les griefs s'étaient cristallisés: le concile, Paul VI, Jean Paul II, furent accusés d'avoir trahi l'Eglise. En 1988, Mgr Lefebvre ordonnait quatre évêques, créant ainsi une nouvelle hiérarchie: c'était le schisme, et l'excommunication. Point d'achoppement: non seulement la liturgie, mais l'œcuménisme, en particulier la grande réunion d'Assise où Jean Paul II avait convié tous les responsables religieux à prier ensemble pour la paix.
Pourquoi le tournant, aujourd'hui? Mgr Fellay l'avait suggéré lui-même aussitôt après l'élection de Benoît XVI: ce pape, disait-il, a affirmé lui-même que l'Eglise est une barque qui fait eau de toutes parts (Chemin de croix du Vendredi- Saint), il s'est élevé contre les abus de la nouvelle messe, fait l'éloge du latin et des rituels anciens, on peut penser qu'il a été élu en réaction contre le progressisme. Son élection peut constituer un espoir pour sortir de la crise profonde qui travaille l'Eglise catholique. Bref: c'est le côté «conservateur» prêté à Ratzinger qui a sans doute encouragé les Lefebvristes à reprendre le dialogue.
Peut-être aussi leurs propres difficultés, des dissensions internes, la nostalgie de l'unité. La Fraternité tentait depuis des années de renouer un dialogue direct avec Jean Paul II, organisant des conférences de presse sous les fenêtres du Vatican, mais sans succès. L'opposition interne se manifestait aussi: l'un des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre, Richard Williamson, a invité dans une lettre la Fraternité à ne pas céder, dit-on de bonne source. Mais dans le même temps, des jeunes du groupe Juventutem liés à la Fraternité ont participé aux Journées mondiales de la jeunesse à Cologne…
Respecter l'orthodoxieLa Fraternité souhaiterait obtenir l'annulation des excommunications et le droit de dire la messe en latin sans autorisation préalable, dit-on. Mais même en cas d'accord, déclare l'abbé Marc Nely, supérieur de la Fraternité italienne d'Albano, «nous ne pourrions pas ne pas continuer à dénoncer les erreurs. Notre rôle est de veiller pour faire respecter l'orthodoxie».
Plus sérieusement, la question est de savoir si l'Eglise doit choisir le repli sur le passé, ou l'ouverture à l'autre.
Une Eglise dissidenteIls étaient ensemble au Concile: Joseph Ratzinger, jeune théologien accompagnant le cardinal de Cologne Frings, et Mgr Lefebvre, archevêque de Dakar, chef de file des traditionalistes. L'un est devenu pape il y a quatre mois, l'autre a rompu avec l'Eglise, fondé une église parallèle et été excommunié. Le schisme a commencé avec le «non placet» (non) voté par Mgr Lefebvre au concile contre le décret sur la liberté religieuse. Il s'est développé en 1971 avec le refus de la réforme liturgique (messe en langue vulgaire, prêtre face au peuple) voulue par Paul VI. Il s'est concrétisé en 1988 avec la consécration de quatre évêques, en dépit des appels répétés de Jean Paul II.
Fondée à Ecône, la Fraternité de Saint Pie X devenait ainsi une Eglise dissidente, et son chef Mgr Lefebvre tombait sous le coup de l'excommunication - puisqu'il s'était placé, expliquait-on au Vatican, en dehors de la communauté ecclésiale. Mgr Lefebvre devait mourir en 1991, non réconcilié avec Rome qu'il taxait de trahison.
Dans une Europe alors en voie de déchristianisation, les exigences et la rigueur de l'ancien archevêque de Dakar exercèrent un attrait sur certains jeunes en quête d'absolu. Aujourd'hui en chiffres, la communauté compte quelque 500 000 fidèles, présents dans 59 pays, six séminaires, deux instituts universitaires. Mais certains ont choisi de rallier l'Eglise catholique - notamment au Brésil -, et des contacts discrets se sont poursuivis avec le responsable de la congrégation pour le clergé, le cardinal Dario Castrillon Hoyos, présent à l'entretien avec Benoît XVI.
V.C.
Un signe d'espoir en Valais
Le début d'un dialogue. La rencontre entre le pape Benoît XVI et le supérieur de la Fraternité St-Pie X Mgr Bernard Fellay est un signe d'espoir pour l'évêché de Sion. Ce n'est toutefois que le début d'un dialogue et l'évêché attend la suite.
L'unité des chrétiens. «Nous prions toujours pour l'unité des chrétiens», a déclaré hier le vicaire épiscopal Bernard Broccard. «Si un moyen de réconciliation est trouvé nous ne pourrons que nous en réjouir, il faut toujours garder l'espérance», a-t-il ajouté.
Nouvelle tentative. La Fraternité Saint-Pie X, qui compte des adeptes en Valais où elle a un séminaire basé à Ecône, avait été excommuniée par le pape Jean Paul II en 1988. Chaque tentative de renouer le dialogue avait depuis été vouée à l'échec. (ats)
[AFP] Le vrai problème des intégristes est Vatican II (Cardinal italien)
AFP - 30 août 2005
Le cardinal italien Francesco Pompedda a relevé mardi que le vrai problème qui oppose les catholiques intégristes au Vatican "n'est pas la messe en latin", mais leur rejet du concile Vatican II.
Interrogé par le quotidien La Reppublica au lendemain de la rencontre entre le pape Benoît XVI et Mgr Fellay, supérieur de la fraternité sacerdotale Saint Pie X, le cardinal Pompedda a souhaité que la Fraternité "fasse les pas nécessaires à sa réintégration dans l'Eglise".
"Le vrai problème n'est pas la messe en latin" à laquelle les catholiques intégristes restent attachés, puisque elle peut déjà être célébrée, a souligné le haut-prélat, qui siège dans plusieurs congrégations de la Curie.
Mais si les catholques qui en 1988 ont suivi dans le schisme Mgr Marcel Lefebvre "ne reconnaissent pas la validité doctrinale du Concile comme mouvement historique de renouveau de l'Eglise en ligne avec la traditionje ne crois pas qu'il y aura du nouveau", a-t-il ajouté.
Les catholiques intégristes rejettent les orientations du Concile Vatican II (1962-1965) et notamment l'oecuménisme, le dialogue interreligieux et la reconnaissance de la liberté religieuse.
La première rencontre officielle entre un pape et le chef de file des intégristes depuis la rupture de 1988 est par ailleurs critiquée par l'aile dure de ce courant qui craint une "trahison".
"Il ne faudrait pas que la glorieuse resistance de Mgr Lefebvre se perde dans les sables de la négociation pour la négociation", a estimé un des chefs historiques de la Fraternité Saint Pie X en France, l'abbé Guillaume de Thalouarn.
Le prêtre qui a été durant des années vicaire de l'église parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet occupée depuis 1977 par les intégristes, a quitté il y a quelques mois la Fraternité et accuse ses dirigeants d'opportunisme.
Il s'exprimait mardi sur le site d'un courant dissident de la Fraternité Saint Pie X baptisé "canal historique". Le débat sur le rapprochement avec le Vatican est très animé sur les très nombreux sites internet des catholiques intégristes, a constaté l'AFP.
Le pape et Mgr Fellay ont convenu lundi qu'il fallait "procéder par étapes et dans un délai raisonnable" pour surmonter les obstacles à la réintégration de la Fraternité dans l'Eglise.
Le cardinal italien Francesco Pompedda a relevé mardi que le vrai problème qui oppose les catholiques intégristes au Vatican "n'est pas la messe en latin", mais leur rejet du concile Vatican II.
Interrogé par le quotidien La Reppublica au lendemain de la rencontre entre le pape Benoît XVI et Mgr Fellay, supérieur de la fraternité sacerdotale Saint Pie X, le cardinal Pompedda a souhaité que la Fraternité "fasse les pas nécessaires à sa réintégration dans l'Eglise".
"Le vrai problème n'est pas la messe en latin" à laquelle les catholiques intégristes restent attachés, puisque elle peut déjà être célébrée, a souligné le haut-prélat, qui siège dans plusieurs congrégations de la Curie.
Mais si les catholques qui en 1988 ont suivi dans le schisme Mgr Marcel Lefebvre "ne reconnaissent pas la validité doctrinale du Concile comme mouvement historique de renouveau de l'Eglise en ligne avec la traditionje ne crois pas qu'il y aura du nouveau", a-t-il ajouté.
Les catholiques intégristes rejettent les orientations du Concile Vatican II (1962-1965) et notamment l'oecuménisme, le dialogue interreligieux et la reconnaissance de la liberté religieuse.
La première rencontre officielle entre un pape et le chef de file des intégristes depuis la rupture de 1988 est par ailleurs critiquée par l'aile dure de ce courant qui craint une "trahison".
"Il ne faudrait pas que la glorieuse resistance de Mgr Lefebvre se perde dans les sables de la négociation pour la négociation", a estimé un des chefs historiques de la Fraternité Saint Pie X en France, l'abbé Guillaume de Thalouarn.
Le prêtre qui a été durant des années vicaire de l'église parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet occupée depuis 1977 par les intégristes, a quitté il y a quelques mois la Fraternité et accuse ses dirigeants d'opportunisme.
Il s'exprimait mardi sur le site d'un courant dissident de la Fraternité Saint Pie X baptisé "canal historique". Le débat sur le rapprochement avec le Vatican est très animé sur les très nombreux sites internet des catholiques intégristes, a constaté l'AFP.
Le pape et Mgr Fellay ont convenu lundi qu'il fallait "procéder par étapes et dans un délai raisonnable" pour surmonter les obstacles à la réintégration de la Fraternité dans l'Eglise.
29 août 2005
[AUDIO] [swissinfo] De la création de la «Fraternité» au schisme: interview de Jean-François Mayer [audio]
Swissinfo - Jean-François Mayer - 29 août 2005
20050829_mayer.histoire.mp3
[Le fichier audio s'ouvre dans une nouvelle fenêtre]
20050829_mayer.histoire.mp3
[Le fichier audio s'ouvre dans une nouvelle fenêtre]
[Zenit] Le pape reçoit le successeur de Mgr Lefebvre - Dans un « climat d’amour pour l’Eglise »
Zenit - ZF05082904 - 29 août 2005
ROME, Lundi 29 août 2005 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a reçu ce lundi Mgr Bernard Fellay, successeur de l’archevêque Marcel Lefebvre comme supérieur général de la Fraternité Saint Pie X.
Le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, M. Joaquín Navarro Valls précise dans un communiqué que « la rencontre s’est déroulée dans un climat d’amour pour l’Eglise et de désir d’arriver à la parfaite communion ».
« Bien que conscients des difficultés, poursuit M. Navarro Valls, la volonté de procéder par étape et dans des temps raisonnables, a été manifestée ».
Le communiqué de la salle de presse précise que la rencontre a eu lieu dans le palais apostolique de Castel Gandolfo en réponse à une demande de Mgr Fellay.
Il ajoute que le pape était accompagné du « cardinal Darío Castrillón Hoyos, président de la commission pontificale « Ecclesia Dei », qui a été « instituée par le Pape Jean Paul II avec le Motu Proprio promulgué le 2 juillet 1988 à la suite de l'acte schismatique des ordinations épiscopales illégales effectuées par l'Archevêque Marcel Lefebvre à Ecône en Suisse », comme l’explique le site du Vatican (www.vatican.va).
Mgr Fellay a révélé à l’issue de l’entretien, dans un communiqué, que « la rencontre a duré environ 35 minutes et qu’elle s’est déroulée dans un climat serein ».
« L’audience a été l’occasion pour la Fraternité de manifester qu’elle a toujours été attachée – et qu’elle le sera toujours – au Saint-Siège, la Rome Eternelle », affirme-t-il.
« Nous avons abordé les difficultés sérieuses déjà connues, dans un esprit de grand amour pour l’Eglise », poursuit-il.
« La Fraternité Saint Pie X prie afin que le Saint-Père puisse trouver la force de mettre fin à la crise de l’Eglise, ‘en restaurant toutes choses dans le Christ’ », conclut le communiqué de Mgr Fellay.
Dans un entretien accordé à DICI, l’agence de la Fraternité Saint Pie X, trois mois après l’élection du pape Benoît XVI, Mgr Fellay déclarait que s’il rencontrait le pape il demanderait deux choses : « Je lui demanderais la liberté de la messe pour tous et dans le monde entier. Dans notre situation personnelle, il s’agira également de rétracter ce décret d’excommunication relatif aux sacres », a-t-il déclaré.
ROME, Lundi 29 août 2005 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a reçu ce lundi Mgr Bernard Fellay, successeur de l’archevêque Marcel Lefebvre comme supérieur général de la Fraternité Saint Pie X.
Le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, M. Joaquín Navarro Valls précise dans un communiqué que « la rencontre s’est déroulée dans un climat d’amour pour l’Eglise et de désir d’arriver à la parfaite communion ».
« Bien que conscients des difficultés, poursuit M. Navarro Valls, la volonté de procéder par étape et dans des temps raisonnables, a été manifestée ».
Le communiqué de la salle de presse précise que la rencontre a eu lieu dans le palais apostolique de Castel Gandolfo en réponse à une demande de Mgr Fellay.
Il ajoute que le pape était accompagné du « cardinal Darío Castrillón Hoyos, président de la commission pontificale « Ecclesia Dei », qui a été « instituée par le Pape Jean Paul II avec le Motu Proprio promulgué le 2 juillet 1988 à la suite de l'acte schismatique des ordinations épiscopales illégales effectuées par l'Archevêque Marcel Lefebvre à Ecône en Suisse », comme l’explique le site du Vatican (www.vatican.va).
Mgr Fellay a révélé à l’issue de l’entretien, dans un communiqué, que « la rencontre a duré environ 35 minutes et qu’elle s’est déroulée dans un climat serein ».
« L’audience a été l’occasion pour la Fraternité de manifester qu’elle a toujours été attachée – et qu’elle le sera toujours – au Saint-Siège, la Rome Eternelle », affirme-t-il.
« Nous avons abordé les difficultés sérieuses déjà connues, dans un esprit de grand amour pour l’Eglise », poursuit-il.
« La Fraternité Saint Pie X prie afin que le Saint-Père puisse trouver la force de mettre fin à la crise de l’Eglise, ‘en restaurant toutes choses dans le Christ’ », conclut le communiqué de Mgr Fellay.
Dans un entretien accordé à DICI, l’agence de la Fraternité Saint Pie X, trois mois après l’élection du pape Benoît XVI, Mgr Fellay déclarait que s’il rencontrait le pape il demanderait deux choses : « Je lui demanderais la liberté de la messe pour tous et dans le monde entier. Dans notre situation personnelle, il s’agira également de rétracter ce décret d’excommunication relatif aux sacres », a-t-il déclaré.
[AUDIO] [Radio Suisse Romande] Rencontre Benoît XVI / Mgr Fellay: Interviews de l'abbé Henry Vuilloud, du prieuré St-Nicolas de Flue à Soleure, de Mgr Bernard Genoud, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, du curé Charles-Henri Salamolard, et de l'abbé Dominique Rimat, directeur du Centre romand des vocations [audio]
SOURCE - Radio Suisse Romande - abbé Henry Vuilloud - Mgr Bernard Genoud - abbé Dominique Rimat - 29 août 2005
[Le fichier audio s'ouvre dans une nouvelle fenêtre]
[Golias - Communiqué] Benoît XVI et les Intégristes 29 août 2005
SOURCE - Golias - 29 août 2005
Lyon, le 29 Août 2005
Benoît XVI a donc rencontre Mgr Bernard Fellay, l’un des évêques de la Fraternité Saint Pie X, sacrés par Mgr Lefevre en 1988. Suisse romand, Mgr Fellay incarne dans la Fraternité Saint Pie X l’aile la plus modérée et la plus incline à la réconciliation avec Rome.
La Fraternité Saint Pie X est profondément divisée entre une tendance dure, radicale, penchant vers le sédé vacatisme (thèse selon laquelle le siège de Rome serait vacant et le pape actuel non légitime) et une tendance plus pondérée envers le giron romain.
A l’opposé de Mgr Fellay, Mgr Williamson, évêque américain, lui aussi sacré par Mgr Lefebre, refuse toute idée d’un accord.
Cet accord pourrait aussi attirer un certain nombre d’éléments plus ou moins indépendants qui, bien que partageant la sensibilité de la Fraternité Saint Pie X, ont pour certains rompu avec la Fraternité, pour d’autres en ont été exclus.
Parmi ces derniers citons l’abbé Aulagnier, et l’abbé Laguérie qui n’ont jamais voulu rompre avec la Fraternité par fidélité de mémoire à Mgr Lefebvre, mais qui de tout cœur souhaitent une réconciliation ; on citera surtout l’abbé Lorans, le directeur de l’Institut Universitaire St Pie X de Paris.
Une réconciliation a déjà eu lieu au Brésil.
Un groupe schismatique qui avait été à l’origine composé de fidèles et prêtres du diocèse de Campos avec un évêque à leur tête, Mgr Risan, a été réintégré pleinement en 2003 par l’Institution catholique officielle .
Rome considère cette première réussite comme un modèle du genre et espère vivement pouvoir l’étendre aux autres dissidents intégristes. Depuis des années, le cardinal Castrillon Hoyos œuvre en ce sens avec des chauds et des froids.
Il y a quatre ans déjà, en 2001, un espoir de réconciliation était caressée. Il semble que les nombreuses réticences de plusieurs épiscopats locaux aient freiné les ardeurs réconciliatrices voulues par Jean Paul II et le cardinal Castrillon. A ce moment là, ce dernier a cependant célébré une messe de Saint Pie V à la Basilique St Marie Majeure de Rome en signe de clin d’œil.
De même, peu après, le président de la conférence épiscopale française, Mgr Ricard, a célébré des ordinations au monastère du Barroux.
Cependant, les critiques récurrentes des religieux intégristes à l’endroit des initiatives œcuméniques ont exaspéré le Vatican qui espérait plus de loyalisme. Les tentatives de réconciliation ont fait alors « chou blanc ». L’élection de Joseph Ratzinger modifie la donne.
Sans doute, à bien des égards, le nouveau pape est aux antipodes des tenants de Mgr Lefebvre. Néanmoins, il incarne en sa personne une volonté de rupture avec l’attitude bienveillante et positive à l’égard du monde moderne qui était prééminente dans l’attitude conciliaire.
Si l’analyse que fait Joseph Ratzinger de la crise dans l’Eglise est bien plus subtile et nuancée que celle de Mgr Lefebvre, il n’en demeure pas moins que l’un comme l’autre, considèrent l’esprit d’ouverture au monde comme la cause de la crise actuelle qui touche l’Eglise catholique. En outre, Joseph Ratzinger, beaucoup plus que Jean Paul II, se soucie de la conservation, sinon de la restauration de la liturgie. Il a lui même célébré des messes anciennes au Barroux et en Allemagne.
Mais surtout Joseph Ratzinger a préfacé deux pamphlets du liturgiste allemand Klaus Gamberg écriant avec grande sévérité les réformes liturgiques conciliaires.
Enfin, et ce point est très important, Joseph Ratzinger n’aurait jamais fait Assise, a refusé de s’y rendre la première fois et n’a pas caché ses réserves.
Pour les intégristes, Joseph Ratzinger reste donc un allié objectif de la lutte contre le relativisme, et l’inverse est également vrai. En soi, la reprise d’un dialogue est une bonne chose, à condition que ce dialogue soit sincère de part et d’autre. En même temps, et ce problème ne saurait être oublié une réconciliation avec les intégristes peut signifier aussi une volonté commune de mettre un terme à un certain esprit du concile, autrement dit à une vision plus large, plus libérale, moins dogmatique du message.
A bien des égards, la théologie politique de Joseph Ratzinger est en contraste très net avec le virage théocratique de nos intégristes français .
Pourtant, de part et d’autre, il y a une prétention à édicter des normes et des obligations, non seulement pour les catholiques mais pour la société toute entière. L’interprétation ratzigérienne de l’expression « L’Eglise experte en humanité » conduit en définitive la hiérarchie actuelle à réinventer le modèle intransigeant et dominateur dont les intégristes refusent la disparition.
En ce sens, il y a une véritable connivence entre la restauration en cours et le courant intégriste. Une réconciliation entre Rome et une frange d’Ecône ne serait pas simplement à saluer comme la fin d’une brouille ou encore moins le retour d’un enfant prodigue.
Soyons clairs, il s’agit pour les uns et pour les autres de faire front à la modernité et à ses dérives, à l’esprit des Lumières, au relativisme qui constitue aussi bien pour Joseph Ratzinger que pour la Fraternité Saint Pie X le grand fléau.
L’éventuelle réconciliation entre Rome et Ecône a un prix.
Il s’agit tout simplement de donner une interprétation minimaliste du concile, d’en étouffer la dynamique libératrice et de tourner le dos à la revendication d’autonomie de l’Homme perçue finalement comme le péché par excellence.
Si cette réconciliation se confirmait cela serait un signe de plus que le rêve du pape Jean a été bien oublié.
Lyon, le 29 Août 2005
Benoît XVI a donc rencontre Mgr Bernard Fellay, l’un des évêques de la Fraternité Saint Pie X, sacrés par Mgr Lefevre en 1988. Suisse romand, Mgr Fellay incarne dans la Fraternité Saint Pie X l’aile la plus modérée et la plus incline à la réconciliation avec Rome.
La Fraternité Saint Pie X est profondément divisée entre une tendance dure, radicale, penchant vers le sédé vacatisme (thèse selon laquelle le siège de Rome serait vacant et le pape actuel non légitime) et une tendance plus pondérée envers le giron romain.
A l’opposé de Mgr Fellay, Mgr Williamson, évêque américain, lui aussi sacré par Mgr Lefebre, refuse toute idée d’un accord.
Cet accord pourrait aussi attirer un certain nombre d’éléments plus ou moins indépendants qui, bien que partageant la sensibilité de la Fraternité Saint Pie X, ont pour certains rompu avec la Fraternité, pour d’autres en ont été exclus.
Parmi ces derniers citons l’abbé Aulagnier, et l’abbé Laguérie qui n’ont jamais voulu rompre avec la Fraternité par fidélité de mémoire à Mgr Lefebvre, mais qui de tout cœur souhaitent une réconciliation ; on citera surtout l’abbé Lorans, le directeur de l’Institut Universitaire St Pie X de Paris.
Une réconciliation a déjà eu lieu au Brésil.
Un groupe schismatique qui avait été à l’origine composé de fidèles et prêtres du diocèse de Campos avec un évêque à leur tête, Mgr Risan, a été réintégré pleinement en 2003 par l’Institution catholique officielle .
Rome considère cette première réussite comme un modèle du genre et espère vivement pouvoir l’étendre aux autres dissidents intégristes. Depuis des années, le cardinal Castrillon Hoyos œuvre en ce sens avec des chauds et des froids.
Il y a quatre ans déjà, en 2001, un espoir de réconciliation était caressée. Il semble que les nombreuses réticences de plusieurs épiscopats locaux aient freiné les ardeurs réconciliatrices voulues par Jean Paul II et le cardinal Castrillon. A ce moment là, ce dernier a cependant célébré une messe de Saint Pie V à la Basilique St Marie Majeure de Rome en signe de clin d’œil.
De même, peu après, le président de la conférence épiscopale française, Mgr Ricard, a célébré des ordinations au monastère du Barroux.
Cependant, les critiques récurrentes des religieux intégristes à l’endroit des initiatives œcuméniques ont exaspéré le Vatican qui espérait plus de loyalisme. Les tentatives de réconciliation ont fait alors « chou blanc ». L’élection de Joseph Ratzinger modifie la donne.
Sans doute, à bien des égards, le nouveau pape est aux antipodes des tenants de Mgr Lefebvre. Néanmoins, il incarne en sa personne une volonté de rupture avec l’attitude bienveillante et positive à l’égard du monde moderne qui était prééminente dans l’attitude conciliaire.
Si l’analyse que fait Joseph Ratzinger de la crise dans l’Eglise est bien plus subtile et nuancée que celle de Mgr Lefebvre, il n’en demeure pas moins que l’un comme l’autre, considèrent l’esprit d’ouverture au monde comme la cause de la crise actuelle qui touche l’Eglise catholique. En outre, Joseph Ratzinger, beaucoup plus que Jean Paul II, se soucie de la conservation, sinon de la restauration de la liturgie. Il a lui même célébré des messes anciennes au Barroux et en Allemagne.
Mais surtout Joseph Ratzinger a préfacé deux pamphlets du liturgiste allemand Klaus Gamberg écriant avec grande sévérité les réformes liturgiques conciliaires.
Enfin, et ce point est très important, Joseph Ratzinger n’aurait jamais fait Assise, a refusé de s’y rendre la première fois et n’a pas caché ses réserves.
Pour les intégristes, Joseph Ratzinger reste donc un allié objectif de la lutte contre le relativisme, et l’inverse est également vrai. En soi, la reprise d’un dialogue est une bonne chose, à condition que ce dialogue soit sincère de part et d’autre. En même temps, et ce problème ne saurait être oublié une réconciliation avec les intégristes peut signifier aussi une volonté commune de mettre un terme à un certain esprit du concile, autrement dit à une vision plus large, plus libérale, moins dogmatique du message.
A bien des égards, la théologie politique de Joseph Ratzinger est en contraste très net avec le virage théocratique de nos intégristes français .
Pourtant, de part et d’autre, il y a une prétention à édicter des normes et des obligations, non seulement pour les catholiques mais pour la société toute entière. L’interprétation ratzigérienne de l’expression « L’Eglise experte en humanité » conduit en définitive la hiérarchie actuelle à réinventer le modèle intransigeant et dominateur dont les intégristes refusent la disparition.
En ce sens, il y a une véritable connivence entre la restauration en cours et le courant intégriste. Une réconciliation entre Rome et une frange d’Ecône ne serait pas simplement à saluer comme la fin d’une brouille ou encore moins le retour d’un enfant prodigue.
Soyons clairs, il s’agit pour les uns et pour les autres de faire front à la modernité et à ses dérives, à l’esprit des Lumières, au relativisme qui constitue aussi bien pour Joseph Ratzinger que pour la Fraternité Saint Pie X le grand fléau.
L’éventuelle réconciliation entre Rome et Ecône a un prix.
Il s’agit tout simplement de donner une interprétation minimaliste du concile, d’en étouffer la dynamique libératrice et de tourner le dos à la revendication d’autonomie de l’Homme perçue finalement comme le péché par excellence.
Si cette réconciliation se confirmait cela serait un signe de plus que le rêve du pape Jean a été bien oublié.
[AFP] Le chef des catholiques intégristes souligne son attachement au Saint-Siège
AFP - 29 août 2005
Le supérieur général de la fraternité sacerdotale Saint Pie X Mgr Bernard Fellay, reçu lundi par le pape Benoît XVI, a souligné dans la soirée son attachement au Saint-Siège, dans un communiqué se félicitant du "climat serein" de l'entrevue.
Mgr Fellay a indiqué que sa rencontre avec le souverain pontife qui "a duré environ 35 minutes", s'est déroulée "dans un climat serein".
"L'audience a été l'occasion pour la Fraternité de manifester qu'elle a toujours été attachée --et qu'elle le sera toujours-- au Saint-Siège, la Rome éternelle", a ajouté Mgr Fellay.
Le chef de la Fraternité a été excommunié en 1988 par Jean Paul II en même temps que le fondateur du mouvement, Mgr Marcel Lefebvre, qui l'a consacré évêque sans l'autorisation du pape.
Selon le chef des catholiques intégristes, la rencontre a permis d'arriver "à un consensus sur le fait de procéder par étapes dans la résolution des problèmes".
Le litige entre le Saint-Siège et les catholiques intégristes de la fraternité Saint-Pie X porte sur l'abandon de la messe en latin selon l'ancien rite et, au delà, sur les réformes mises en oeuvre par le concile Vatican II, notamment l'oécuménisme.
"La fraternité Saint Pie X prie afin que le Saint Père puisse trouver la force de mettre fin à la crise de l'Eglise en +restaurant toutes choses dans le Christ+", conclut le communiqué, allusion à la conviction de la Fraternité que l'Eglise doit revenir à sa théologie et sa liturgie d'avant Vatican II.
Le supérieur général de la fraternité sacerdotale Saint Pie X Mgr Bernard Fellay, reçu lundi par le pape Benoît XVI, a souligné dans la soirée son attachement au Saint-Siège, dans un communiqué se félicitant du "climat serein" de l'entrevue.
Mgr Fellay a indiqué que sa rencontre avec le souverain pontife qui "a duré environ 35 minutes", s'est déroulée "dans un climat serein".
"L'audience a été l'occasion pour la Fraternité de manifester qu'elle a toujours été attachée --et qu'elle le sera toujours-- au Saint-Siège, la Rome éternelle", a ajouté Mgr Fellay.
Le chef de la Fraternité a été excommunié en 1988 par Jean Paul II en même temps que le fondateur du mouvement, Mgr Marcel Lefebvre, qui l'a consacré évêque sans l'autorisation du pape.
Selon le chef des catholiques intégristes, la rencontre a permis d'arriver "à un consensus sur le fait de procéder par étapes dans la résolution des problèmes".
Le litige entre le Saint-Siège et les catholiques intégristes de la fraternité Saint-Pie X porte sur l'abandon de la messe en latin selon l'ancien rite et, au delà, sur les réformes mises en oeuvre par le concile Vatican II, notamment l'oécuménisme.
"La fraternité Saint Pie X prie afin que le Saint Père puisse trouver la force de mettre fin à la crise de l'Eglise en +restaurant toutes choses dans le Christ+", conclut le communiqué, allusion à la conviction de la Fraternité que l'Eglise doit revenir à sa théologie et sa liturgie d'avant Vatican II.
[Le Nouvel Observateur] Le pape renoue avec la Fraternité Saint-Pie X
Le Nouvel Observateur - 29 août 2005
Religion. Le pape Benoît XVI a décidé de reprendre le dialogue, interrompu par Jean Paul II, avec les catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X.
Le pape Benoît XVI a accepté lundi 29 août de reprendre le dialogue avec les catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, lors d'une rencontre avec leur supérieur Mgr Bernard Fellay à Castelgandolfo, sa résidence d'été.
Un communiqué du porte-parole du Vatican Joaquin Navarro-Valls a indiqué lundi 29 août que le pape a reçu lundi 29 août matin Mgr Fellay "qui en avait fait la demande".
Cette rencontre, à laquelle participait également le cardinal Dario Castrillon Hoyos, membre de la Curie, s'est déroulée "dans un climat d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la pleine communion", relève le communiqué.
La Fraternité Saint-Pie X réclame le retour de la messe en latin selon l'ancien rite abandonné depuis le concile Vatican II et refuse les enseignements de ce concile, notamment l'oecuménisme et le dialogue interreligieux.
L'archevêque français Marcel Lefebvre, alors chef de file de la Fraternité Saint Pie X, avait été excommunié par Jean Paul II pour avoir procédé lui-même à des ordinations d'évêques.
Religion. Le pape Benoît XVI a décidé de reprendre le dialogue, interrompu par Jean Paul II, avec les catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X.
Le pape Benoît XVI a accepté lundi 29 août de reprendre le dialogue avec les catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, lors d'une rencontre avec leur supérieur Mgr Bernard Fellay à Castelgandolfo, sa résidence d'été.
Un communiqué du porte-parole du Vatican Joaquin Navarro-Valls a indiqué lundi 29 août que le pape a reçu lundi 29 août matin Mgr Fellay "qui en avait fait la demande".
Cette rencontre, à laquelle participait également le cardinal Dario Castrillon Hoyos, membre de la Curie, s'est déroulée "dans un climat d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la pleine communion", relève le communiqué.
Refus de Vatican 2Il précise que Benoît XVI et le chef de file des catholiques intégristes ont manifesté "leur volonté de procéder par étapes et dans des délais raisonnables", "conscients des difficultés" pour parvenir à la réintégration dans l'Eglise des fidèles de la Fraternité, excommuniée par Jean Paul II en 1988.
La Fraternité Saint-Pie X réclame le retour de la messe en latin selon l'ancien rite abandonné depuis le concile Vatican II et refuse les enseignements de ce concile, notamment l'oecuménisme et le dialogue interreligieux.
L'archevêque français Marcel Lefebvre, alors chef de file de la Fraternité Saint Pie X, avait été excommunié par Jean Paul II pour avoir procédé lui-même à des ordinations d'évêques.
[Jean-Marie Guénois - Nicolas Senèze - La Croix] Dialogue renoué entre Rome et Ecône
SOURCE - Jean-Marie Guénois - Nicolas Senèze - La Croix - 29 août 2005
D’abord tenue secrète, une audience sans précédent a été accordée par Benoît XVI au successeur de Mgr Marcel Lefebvre, lundi 29 août à Castel Gandolfo
Joaquin Navarro-Valls commence par y préciser que Mgr Fellay « avait fait la demande » de ce rendez-vous et que le pape y était assisté par le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission « Ecclesia Dei ». Deux phrases ensuite, dans ce communiqué, pour caractériser le contenu et le ton des entretiens : « La rencontre s'est déroulée dans un climat d'amour de l'église et de désir d'arriver à la parfaite communion. Bien que conscients de la difficulté, s'est manifestée la volonté de procéder par étapes et dans des délais raisonnables. »
De son côté, Mgr Fellay a confirmé lundi 29 août après-midi par communiqué, depuis Albano, siège romain de leur Fraternité, que la rencontre s'était déroulée dans un « climat serein ». Il a ajouté : « L'audience a été l'occasion pour la Fraternité de manifester qu'elle a toujours été attachée - et qu'elle le sera toujours - au Saint-Siège, la Rome éternelle. Nous avons abordé les difficultés sérieuses, déjà connues, dans un esprit de grand amour pour l'Église. Nous sommes arrivés à un consensus sur le fait de procéder par étapes dans la résolution des problèmes. » En conclusion, la Fraternité assure le pape de sa prière « pour qu'il puisse trouver la force de mettre fin à la crise de l'Église en "restaurant toutes choses dans le Christ" ».
Le plus spectaculaire de ces rattachements est celui de l'Union Saint-Jean-Marie-Vianney, à Campos (Brésil) : une structure créée par Mgr de Castro Mayer, évêque ami de Mgr Lefebvre et qui avait concélébré avec lui les ordinations épiscopales illicites de 1988 (notre photo) et fut donc excommunié. En 2001, à la suite des discussions entamées par Rome avec le mouvement intégriste, Mgr Licinio Rangel, successeur de Mgr de Castro Mayer, obtenait pour l'Union Saint-Jean-Marie-Vianney le statut particulier d'administration apostolique personnelle.
Néanmoins, il serait prématuré d'attendre des résultats immédiats de la rencontre du 29 août. En 2001, c'est en demandant pardon que Mgr Rangel s'était adressé à Jean-Paul II. Or, les déclarations de Mgr Fellay cet été sont loin d'avoir le même ton : c'est plutôt une certaine méfiance à l'égard de Benoît XVI qui se dégageait des textes publiés par le mouvement intégriste avant le contact du 29 août.
La rencontre du 29 août pourrait ainsi confirmer la place élevée du dossier liturgique dans son pontificat, même si cela va de pair avec son engagement pour Vatican II et l'oecuménisme, donnés comme prioritaires juste après son élection. Mais c'est précisément cet engagement qui déplaît fortement à ses interlocuteurs intégristes, même si cette position constante de Benoît XVI ne les surprend pas. Cette condition leur pose surtout une limite infranchissable, qu'il faudrait bien concilier avec un éventuel accord, car Benoît XVI, lui non plus, ne transigera pas sur le Concile.
- le premier composé principalement de la première génération de prêtres et séminaristes qui avaient suivi Mgr Lefebvre, dès avant le schisme. Se définissant comme le « canal historique », ce courant est plutôt favorable à une discussion en vue d'une résorption du schisme ;
- à l'opposé, toute une frange de la FFSPX (rassemblée principalement derrière Mgr Richard Williamson, un des quatre évêques ordonnés illicitement par Mgr Lefebvre - c'est lui qui, la semaine dernière, avait révélé à la presse le rendez-vous du 29 août) s'oppose à tout dialogue avec une Rome jugée définitivement « moderniste » et « protestantisée » ;
- au centre, enfin, les dirigeants de la Fraternité (dont Mgr Fellay, qui arrive en fin de son mandat de douze ans en juillet 2006), plutôt favorables à la discussion avec Rome, mais pas au prix de l'éclatement de la FSSPX.
Jean-Marie GUÉNOIS et Nicolas SENÈZE
D’abord tenue secrète, une audience sans précédent a été accordée par Benoît XVI au successeur de Mgr Marcel Lefebvre, lundi 29 août à Castel Gandolfo
1. Que s'est-il passé lundi 29 août ?D'abord tenue secrète - elle ne figurait même pas, lundi 29 août au matin, dans la liste officielle des personnalités que le pape devait recevoir - l'audience accordée, le 29 août à 11 heures à Castel Gandolfo, à Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, par Benoît XVI, a finalement été officialisée par un communiqué du directeur de la Salle de presse du Vatican en milieu de journée.
Joaquin Navarro-Valls commence par y préciser que Mgr Fellay « avait fait la demande » de ce rendez-vous et que le pape y était assisté par le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission « Ecclesia Dei ». Deux phrases ensuite, dans ce communiqué, pour caractériser le contenu et le ton des entretiens : « La rencontre s'est déroulée dans un climat d'amour de l'église et de désir d'arriver à la parfaite communion. Bien que conscients de la difficulté, s'est manifestée la volonté de procéder par étapes et dans des délais raisonnables. »
De son côté, Mgr Fellay a confirmé lundi 29 août après-midi par communiqué, depuis Albano, siège romain de leur Fraternité, que la rencontre s'était déroulée dans un « climat serein ». Il a ajouté : « L'audience a été l'occasion pour la Fraternité de manifester qu'elle a toujours été attachée - et qu'elle le sera toujours - au Saint-Siège, la Rome éternelle. Nous avons abordé les difficultés sérieuses, déjà connues, dans un esprit de grand amour pour l'Église. Nous sommes arrivés à un consensus sur le fait de procéder par étapes dans la résolution des problèmes. » En conclusion, la Fraternité assure le pape de sa prière « pour qu'il puisse trouver la force de mettre fin à la crise de l'Église en "restaurant toutes choses dans le Christ" ».
2. Y a-t-il eu des précédents ?Aucun, à ce niveau. Seuls ont eu lieu des entretiens officieux, depuis le schisme en 1988 - sauf qu'à cette époque, des catholiques avaient refusé de suivre Mgr Marcel Lefebvre dans le schisme : leur statut avait été réglé par Jean-Paul II par le biais du motu proprio Ecclesia Dei adflicta qui avait conduit notamment à la création de la Fraternité Saint-Pierre pour les prêtres et séminaristes d'Écône revenus vers Rome. Plusieurs fractions du mouvement lefebvriste se sont depuis agrégées aux communautés régies par ce statut « Ecclesia Dei » qui confère le droit de célébrer selon le rite de saint Pie V en union avec Rome, mais sous réserve de l'accord de l'évêque du lieu.
Le plus spectaculaire de ces rattachements est celui de l'Union Saint-Jean-Marie-Vianney, à Campos (Brésil) : une structure créée par Mgr de Castro Mayer, évêque ami de Mgr Lefebvre et qui avait concélébré avec lui les ordinations épiscopales illicites de 1988 (notre photo) et fut donc excommunié. En 2001, à la suite des discussions entamées par Rome avec le mouvement intégriste, Mgr Licinio Rangel, successeur de Mgr de Castro Mayer, obtenait pour l'Union Saint-Jean-Marie-Vianney le statut particulier d'administration apostolique personnelle.
3. Quelles sont les implications concrètes de cette rencontre ?Pour le moment aucune, même si le dialogue n'avait encore jamais repris à ce point et à un tel niveau. Du point de vue du mouvement lefebvriste, l'idéal serait d'obtenir un statut de prélature personnelle, à l'instar de l'Opus Dei, qui lui permettrait de s'organiser et de se développer en structure parallèle aux diocèses, avec un évêque propre. Mais c'est une solution différente qui avait été choisie à Campos : l'administration apostolique personnelle, statut provisoire proche de la «prélature territoriale» (qui est notamment celui de la Mission de France), où les fidèles qui le souhaitent sont rattachés au prélat, mais dans les limites géographiques de la prélature.
Néanmoins, il serait prématuré d'attendre des résultats immédiats de la rencontre du 29 août. En 2001, c'est en demandant pardon que Mgr Rangel s'était adressé à Jean-Paul II. Or, les déclarations de Mgr Fellay cet été sont loin d'avoir le même ton : c'est plutôt une certaine méfiance à l'égard de Benoît XVI qui se dégageait des textes publiés par le mouvement intégriste avant le contact du 29 août.
4. Quel est l'enjeu fondamental de cette audience ?Le fait que Benoît XVI accorde une telle audience quatre mois après son élection traduit une volonté claire de dialogue avec les intégristes. Espère-t-il pour autant résorber ce schisme, vécu à Rome comme un échec majeur du pontificat précédent ? À tout le moins, le nouveau pape entend sortir d'une situation de blocage. L'enjeu, pour lui, est double : d'une part, assurer sa mission d'unité de l'Église catholique ; et d'autre part, donner gages aux catholiques qui restent insatisfaits de la réforme liturgique issue de Vatican II, comme l'a été le cardinal Ratzinger lui-même. Sans penser à un retour en arrière, Benoît XVI souhaite notamment revaloriser la sacralité des célébrations.
La rencontre du 29 août pourrait ainsi confirmer la place élevée du dossier liturgique dans son pontificat, même si cela va de pair avec son engagement pour Vatican II et l'oecuménisme, donnés comme prioritaires juste après son élection. Mais c'est précisément cet engagement qui déplaît fortement à ses interlocuteurs intégristes, même si cette position constante de Benoît XVI ne les surprend pas. Cette condition leur pose surtout une limite infranchissable, qu'il faudrait bien concilier avec un éventuel accord, car Benoît XVI, lui non plus, ne transigera pas sur le Concile.
5. Les intégristes sont-ils d'accord entre eux ?Forte de 453 prêtres, dont un tiers de Français (soit 0,64% des prêtres français), et de 178 séminaristes, établie dans 59 pays, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) rassemblerait 200.000 fidèles, dont la moitié en France. Elle est aussi fortement - et publiquement - divisée en trois courants principaux :
- le premier composé principalement de la première génération de prêtres et séminaristes qui avaient suivi Mgr Lefebvre, dès avant le schisme. Se définissant comme le « canal historique », ce courant est plutôt favorable à une discussion en vue d'une résorption du schisme ;
- à l'opposé, toute une frange de la FFSPX (rassemblée principalement derrière Mgr Richard Williamson, un des quatre évêques ordonnés illicitement par Mgr Lefebvre - c'est lui qui, la semaine dernière, avait révélé à la presse le rendez-vous du 29 août) s'oppose à tout dialogue avec une Rome jugée définitivement « moderniste » et « protestantisée » ;
- au centre, enfin, les dirigeants de la Fraternité (dont Mgr Fellay, qui arrive en fin de son mandat de douze ans en juillet 2006), plutôt favorables à la discussion avec Rome, mais pas au prix de l'éclatement de la FSSPX.
Jean-Marie GUÉNOIS et Nicolas SENÈZE
[FSSPX] Communiqué de la FSSPX - 29 août 2005
SOURCE - FSSPX - 29 août 2005
+Albano Laziale, le 29 août 2005
Aujourd’hui, Mgr Bernard Fellay, Supérieur Général de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, a rencontré le Saint Père Benoît XVI dans sa résidence de Castelgandolfo. A l’issue de l’audience, il a fait la déclaration suivante :
La rencontre a duré environ 35 minutes, elle s’est déroulée dans un climat serein.
L’audience a été l’occasion pour la Fraternité de manifester qu’elle a toujours été attachée - et qu’elle le sera toujours - au Saint-Siège, la Rome éternelle.
Nous avons abordé les difficultés sérieuses, déjà connues, dans un esprit de grand amour pour l’Église.
Nous sommes arrivés à un consensus sur le fait de procéder par étapes dans la résolution des problèmes.
La Fraternité saint Pie X prie afin que le Saint Père puisse trouver la force de mettre fin à la crise de l’Église en « restaurant toutes choses dans le Christ ».
+Bernard Fellay
Supérieur Général de la Fraternité Saint Pie X
+Albano Laziale, le 29 août 2005
Aujourd’hui, Mgr Bernard Fellay, Supérieur Général de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, a rencontré le Saint Père Benoît XVI dans sa résidence de Castelgandolfo. A l’issue de l’audience, il a fait la déclaration suivante :
La rencontre a duré environ 35 minutes, elle s’est déroulée dans un climat serein.
L’audience a été l’occasion pour la Fraternité de manifester qu’elle a toujours été attachée - et qu’elle le sera toujours - au Saint-Siège, la Rome éternelle.
Nous avons abordé les difficultés sérieuses, déjà connues, dans un esprit de grand amour pour l’Église.
Nous sommes arrivés à un consensus sur le fait de procéder par étapes dans la résolution des problèmes.
La Fraternité saint Pie X prie afin que le Saint Père puisse trouver la force de mettre fin à la crise de l’Église en « restaurant toutes choses dans le Christ ».
+Bernard Fellay
Supérieur Général de la Fraternité Saint Pie X
[AFP] Les intégristes espèrent "un moyen de réconciliation" avec le Vatican
AFP - Genève - 29 août 2005
Les catholiques traditionalistes espèrent trouver "un moyen de réconciliation" avec le Vatican, a indiqué lundi la Fraternité Saint-Pie X, alors que le pape Benoît XVI a reçu en audience privée leur supérieur, Mgr Bernard Fellay.
"Nous prions toujours pour l'unité des chrétiens", a déclaré à l'agence de presse suisse ATS un responsable de l'Eglise schismatique, le vicaire épiscopal Bernard Broccard. "Si un moyen de réconciliation est trouvé, nous ne pourrons que nous en réjouir, il faut toujours garder l'espérance".
La Fraternité Saint-Pie X compte de nombreux adeptes en Suisse, où elle a un séminaire basé à Ecône (sud-ouest).
Benoît XVI a accepté de reprendre officiellement le dialogue avec les catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, excommuniée en 1988 par Jean Paul II, à l'issue d'une audience privée accordée lundi à Mgr Fellay.
La rencontre à Castelgandolfo, la résidence d'été du pape, entre le souverain pontife et le successeur de l'archevêque schismatique Mgr Marcel Lefebvre a été entourée de la plus grande discrétion.
Un communiqué du porte-parole du Vatican a cependant officialisé l'événement, soulignant que la rencontre s'était déroulée "dans un climat d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la pleine communion", c'est-à-dire le retour des Lefebvristes dans le sein de l'Eglise.
Les catholiques traditionalistes espèrent trouver "un moyen de réconciliation" avec le Vatican, a indiqué lundi la Fraternité Saint-Pie X, alors que le pape Benoît XVI a reçu en audience privée leur supérieur, Mgr Bernard Fellay.
"Nous prions toujours pour l'unité des chrétiens", a déclaré à l'agence de presse suisse ATS un responsable de l'Eglise schismatique, le vicaire épiscopal Bernard Broccard. "Si un moyen de réconciliation est trouvé, nous ne pourrons que nous en réjouir, il faut toujours garder l'espérance".
La Fraternité Saint-Pie X compte de nombreux adeptes en Suisse, où elle a un séminaire basé à Ecône (sud-ouest).
Benoît XVI a accepté de reprendre officiellement le dialogue avec les catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, excommuniée en 1988 par Jean Paul II, à l'issue d'une audience privée accordée lundi à Mgr Fellay.
La rencontre à Castelgandolfo, la résidence d'été du pape, entre le souverain pontife et le successeur de l'archevêque schismatique Mgr Marcel Lefebvre a été entourée de la plus grande discrétion.
Un communiqué du porte-parole du Vatican a cependant officialisé l'événement, soulignant que la rencontre s'était déroulée "dans un climat d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la pleine communion", c'est-à-dire le retour des Lefebvristes dans le sein de l'Eglise.
[Bernard Léchot - swissinfo] Un pont entre Ecône et le Vatican?
Bernard Léchot - swissinfo - 29 août 2005
Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, doit être reçu lundi en audience par le pape Benoît XVI.
Le souverain pontife espère ainsi pouvoir relancer le dialogue avec les catholiques traditionalistes qui ont rompu avec Rome.
Selon des sources dans l'entourage du pape, la rencontre entre l'évêque Bernard Fellay et Benoît XVI aura lieu dans la résidence papale d'été, à Castel Gandolfo, en présence du cardinal Dario Castrillón Hoyos.
Celui-ci dirige le département du Vatican qui avait été créé après le schisme de 1988 pour ramener dans le rang les partisans de l'archevêque français Marcel Lefebvre, décédé en 1991.
De l'acceptation au conflit ouvert
La 'Fraternité Sacerdotale Saint Pie X' a été lancée à Fribourg, puis installée à Ecône, en Valais, au tout début des années 70, par Marcel Lefebvre.
Le contexte général de la création de ce mouvement, «c'était celui des turbulences de l'après-Concile Vatican II», explique Jean-François Mayer, chercheur et chargé de cours en science comparée des religions à la Faculté des lettres de l'Université de Fribourg, par ailleurs rédacteur responsable de plusieurs sites web, dont 'Religioscope'.
Les fidèles d'Ecône refusent les évolutions liturgiques décidées à cette occasion, et insistent notamment pour célébrer la messe en latin. Par ailleurs, ils s'opposent catégoriquement à l'oecuménisme et au dialogue interreligieux.
Pourquoi Fribourg et le Valais? «Mgr Lefebvre lance son projet à Fribourg, parce qu'il y a là une faculté de théologie qui a une certaine réputation. Mais aussi parce qu'à Fribourg, puis en Valais, il trouve un milieu qui ne lui est pas défavorable. Il faut rappeler que la Fraternité Saint Pie X est érigée avec l'accord de Mgr Charrière, qui est alors l'évêque du diocèse. A cette époque, on n'est pas encore dans la dynamique du conflit ouvert avec Rome», explique Jean-François Mayer.
Entre Rome et Ecône, le ton se durcira déjà au cours des années 70, quand l'archevêque intégriste décide d'ordonner des prêtres formés entièrement à Ecône et sans l'approbation des autorités diocésaine. Et la rupture sera totale en 1988: Jean-Paul II excommunie Marcel Lefebvre après que celui-ci eut sacré quatre évêques. Le schisme est consommé.
Ces ordinations provoquent donc la rupture radicale avec Rome, mais également l'apparition d'un groupe de gens qui refusent de suivre Mgr Lefebvre jusque là, et qui vont trouver des voies d'accord avec Rome. C'est alors notamment la naissance d'un groupe appelé la Fraternité Saint-Pierre, constituée de transfuges d'Ecône qui acceptent l'autorité romaine.
Beau temps pour une rencontre
Pour Jean-François Mayer, il y a depuis les années 80, à Rome, le développement d'une réflexion critique sur les conséquences des réformes liturgiques. Selon lui, «certains personnages au Vatican considèrent d'un œil sympathique, non pas le schisme avec Mgr Lefebvre, mais des approches traditionalistes qu'ils ne jugent pas illégitimes».
Cela justement «dans les milieux qui se trouvent être celui de l'ex-cardinal Ratzinger ou de ses proches», explique le professeur. «Les conditions d'un rapprochement sont donc sans doute plus favorables que jamais, parce que l'image de marque de l'ex-Cardinal Ratzinger est positive dans les courants traditionalistes».
«Il est par exemple intéressant de voir qu'il y a eu une présence active de ces milieux – soumis au pape, mais utilisant des rites traditionnels – lors des Journées Mondiales de la Jeunesse. Avec des évêques qui sont venus célébrer des offices dans le rite traditionnel», ajoute Jean-François Mayer.
Y aurait-il donc une oreille plus réceptive à l'intégrisme chez Benoît XVI que chez Jean-Paul II? «Il faut attendre pour voir. Mais surtout, il ne faut pas tout concentrer sur la personne de Benoît XVI. Il faut aussi voir les efforts qui sont fournis par un certain nombre de prélats autour de lui.»
Quoi qu'il en soit, la dispute ne sera pas aisée à résoudre. «Le problème, c'est que la critique de la Fraternité Saint Pie X ne porte pas seulement sur le rite. Si c'était le cas, si elle ne touchait qu'à la liturgie, la question serait relativement facile à résoudre. Au-delà de la question rituelle, il y a la question de l'œcuménisme. Or Benoît XVI a affirmé dans ses premières déclarations qu'il entendait poursuivre une politique d'oecuménisme et de dialogue interreligieux» rappelle Jean-François Mayer.
Qui ajoute: «La question est de savoir jusqu'où chacun est prêt à aller en termes de concessions. Surtout que les deux camps ne sont pas monolithiques. Il est notoire que dans la fraternité Saint Pie X, les positions des évêques ne sont pas toutes sur la même ligne par rapport à des possibilités de réunion avec le Vatican».
Quel poids accorder à la réunion de lundi? «Il ne faut pas la surévaluer. C'est une prise de contact. Je serais très surpris qu'elle débouche sur des décisions rapides», conclut le chercheur.
swissinfo, Bernard Léchot
Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, doit être reçu lundi en audience par le pape Benoît XVI.
Le souverain pontife espère ainsi pouvoir relancer le dialogue avec les catholiques traditionalistes qui ont rompu avec Rome.
Selon des sources dans l'entourage du pape, la rencontre entre l'évêque Bernard Fellay et Benoît XVI aura lieu dans la résidence papale d'été, à Castel Gandolfo, en présence du cardinal Dario Castrillón Hoyos.
Celui-ci dirige le département du Vatican qui avait été créé après le schisme de 1988 pour ramener dans le rang les partisans de l'archevêque français Marcel Lefebvre, décédé en 1991.
De l'acceptation au conflit ouvert
La 'Fraternité Sacerdotale Saint Pie X' a été lancée à Fribourg, puis installée à Ecône, en Valais, au tout début des années 70, par Marcel Lefebvre.
Le contexte général de la création de ce mouvement, «c'était celui des turbulences de l'après-Concile Vatican II», explique Jean-François Mayer, chercheur et chargé de cours en science comparée des religions à la Faculté des lettres de l'Université de Fribourg, par ailleurs rédacteur responsable de plusieurs sites web, dont 'Religioscope'.
Les fidèles d'Ecône refusent les évolutions liturgiques décidées à cette occasion, et insistent notamment pour célébrer la messe en latin. Par ailleurs, ils s'opposent catégoriquement à l'oecuménisme et au dialogue interreligieux.
Pourquoi Fribourg et le Valais? «Mgr Lefebvre lance son projet à Fribourg, parce qu'il y a là une faculté de théologie qui a une certaine réputation. Mais aussi parce qu'à Fribourg, puis en Valais, il trouve un milieu qui ne lui est pas défavorable. Il faut rappeler que la Fraternité Saint Pie X est érigée avec l'accord de Mgr Charrière, qui est alors l'évêque du diocèse. A cette époque, on n'est pas encore dans la dynamique du conflit ouvert avec Rome», explique Jean-François Mayer.
Entre Rome et Ecône, le ton se durcira déjà au cours des années 70, quand l'archevêque intégriste décide d'ordonner des prêtres formés entièrement à Ecône et sans l'approbation des autorités diocésaine. Et la rupture sera totale en 1988: Jean-Paul II excommunie Marcel Lefebvre après que celui-ci eut sacré quatre évêques. Le schisme est consommé.
Ces ordinations provoquent donc la rupture radicale avec Rome, mais également l'apparition d'un groupe de gens qui refusent de suivre Mgr Lefebvre jusque là, et qui vont trouver des voies d'accord avec Rome. C'est alors notamment la naissance d'un groupe appelé la Fraternité Saint-Pierre, constituée de transfuges d'Ecône qui acceptent l'autorité romaine.
Beau temps pour une rencontre
Pour Jean-François Mayer, il y a depuis les années 80, à Rome, le développement d'une réflexion critique sur les conséquences des réformes liturgiques. Selon lui, «certains personnages au Vatican considèrent d'un œil sympathique, non pas le schisme avec Mgr Lefebvre, mais des approches traditionalistes qu'ils ne jugent pas illégitimes».
Cela justement «dans les milieux qui se trouvent être celui de l'ex-cardinal Ratzinger ou de ses proches», explique le professeur. «Les conditions d'un rapprochement sont donc sans doute plus favorables que jamais, parce que l'image de marque de l'ex-Cardinal Ratzinger est positive dans les courants traditionalistes».
«Il est par exemple intéressant de voir qu'il y a eu une présence active de ces milieux – soumis au pape, mais utilisant des rites traditionnels – lors des Journées Mondiales de la Jeunesse. Avec des évêques qui sont venus célébrer des offices dans le rite traditionnel», ajoute Jean-François Mayer.
Y aurait-il donc une oreille plus réceptive à l'intégrisme chez Benoît XVI que chez Jean-Paul II? «Il faut attendre pour voir. Mais surtout, il ne faut pas tout concentrer sur la personne de Benoît XVI. Il faut aussi voir les efforts qui sont fournis par un certain nombre de prélats autour de lui.»
Quoi qu'il en soit, la dispute ne sera pas aisée à résoudre. «Le problème, c'est que la critique de la Fraternité Saint Pie X ne porte pas seulement sur le rite. Si c'était le cas, si elle ne touchait qu'à la liturgie, la question serait relativement facile à résoudre. Au-delà de la question rituelle, il y a la question de l'œcuménisme. Or Benoît XVI a affirmé dans ses premières déclarations qu'il entendait poursuivre une politique d'oecuménisme et de dialogue interreligieux» rappelle Jean-François Mayer.
Qui ajoute: «La question est de savoir jusqu'où chacun est prêt à aller en termes de concessions. Surtout que les deux camps ne sont pas monolithiques. Il est notoire que dans la fraternité Saint Pie X, les positions des évêques ne sont pas toutes sur la même ligne par rapport à des possibilités de réunion avec le Vatican».
Quel poids accorder à la réunion de lundi? «Il ne faut pas la surévaluer. C'est une prise de contact. Je serais très surpris qu'elle débouche sur des décisions rapides», conclut le chercheur.
swissinfo, Bernard Léchot
[AUDIO] [swissinfo.org] Jean-François Mayer, sur les contacts entre Rome et la FSSPX
SOURCE - swissinfo.org - 29 août 2005
[Jean-François Mayer est chercheur et chargé de cours en science comparée des religions à la Faculté des lettres de l'Université de Fribourg]
20050829_mayer.histoire.mp3
[Le fichier audio s'ouvre dans une nouvelle fenêtre]
[Jean-François Mayer est chercheur et chargé de cours en science comparée des religions à la Faculté des lettres de l'Université de Fribourg]
20050829_mayer.histoire.mp3
[Le fichier audio s'ouvre dans une nouvelle fenêtre]
[Henri Tincq - Le Monde] Le pape Benoît XVI reçoit pour la première fois depuis le schisme le chef de file des traditionalistes
Henri Tincq - Le Monde - 29 août 2005
Le pape Benoît XVI devait recevoir pour la première fois, lundi 29 août, à Castel Gandolfo, sa résidence d'été, Mgr Bernard Fellay, évêque excommunié, supérieur de la fraternité sacerdotale Saint-Pie X et chef de file des catholiques traditionalistes. Ceux-ci sont estimés à 200 000, dont la moitié en France.
Mgr Fellay, un Suisse de 48 ans, est le successeur de Mgr Marcel Lefebvre, évêque français dissident du concile Vatican II (1962-1965), excommunié en 1988, en même temps que les quatre évêques dont Mgr Fellay qu'il avait consacrés à Ecône (Suisse) malgré l'interdiction de Jean Paul II. Mgr Lefebvre est décédé en 1991.
Depuis longtemps, Mgr Fellay tentait de forcer la porte du pape. Il avait été brièvement reçu, sans protocole, par Jean Paul II, le 30 décembre 1999. En septembre 2000, il avait déclaré : "Si le pape m'appelle, j'y cours, par obéissance filiale envers le chef de l'Eglise." Le 19 avril 2005, les traditionalistes s'étaient bruyamment réjouis de l'élection du cardinal Ratzinger, considéré comme la personnalité du Vatican la plus proche d'eux.
A la tête de la congrégation pour la doctrine, le cardinal Ratzinger s'était interposé en vain pour éviter le schisme, en 1988. Depuis, il avait multiplié les contacts officieux. Chargée de négocier avec les traditionalistes, la commission Ecclesia Dei du Vatican s'était engagée dans une voie de compromis qui avait permis, en janvier 2002, le ralliement des traditionalistes brésiliens du diocèse de Campos.
Sur la lancée, le cardinal colombien Castrillon-Hoyos, président de cette commission, qui devait assister à l'entretien entre Benoît XVI et Mgr Fellay, avait choqué les catholiques progressistes en célébrant une messe selon le rite préconciliaire (en latin, selon le rite de saint Pie V) dans l'une des quatre basiliques majeures de Rome.
En recevant Mgr Fellay, Benoît XVI fait plus qu'un geste d'apaisement. Il engage un processus de réconciliation et de réintégration de la Fraternité Saint-Pie X 440 prêtres et 6 séminaires dans 59 pays dans le giron de l'Eglise. Mais sur quelle base ? Et à quel prix ? Mgr Fellay entend réclamer au pape la levée de l'excommunication des évêques lefebvristes et le droit pour les traditionalistes de célébrer, partout où ils le désirent, la messe selon l'ancien rite. Il ne semble plus exiger un statut d'exception au sein de l'Eglise, longtemps revendiqué.
Le résultat est loin d'être acquis, mais le pari que fait Benoît XVI est risqué. Le camp traditionaliste, divisé sur la question du rapprochement avec le Vatican et traversé par des haines fratricides, est au bord de l'explosion. En 2003, un "dur", l'abbé Philippe Laguérie, ancien curé de Saint-Nicolas du Chardonnet, fief intégriste de Paris, puis de Saint-Eloi, à Bordeaux, avait été exclu pour "mutinerie" pour avoir refusé sa mutation au Mexique. Aujourd'hui, c'est Mgr Richard Williamson, un Anglais l'un des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre qui s'oppose publiquement à l'initiative de son supérieur de se rendre chez Benoît XVI et s'expose à des sanctions identiques.
L'entretien entre le pape et le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X risque surtout d'irriter la grande majorité des catholiques, dits "conciliaires", qui redoutent de nouvelles concessions à l'esprit et à la lettre du concile Vatican II. Car rien ne laisse présager un assouplissement des positions traditionalistes sur les contentieux qui avaient été à l'origine de la rébellion de Mgr Lefebvre : la réforme de la liturgie, qu'ils résument par l'abandon du latin et la "nouvelle messe" qu'ils exècrent ; la reconnaissance de la liberté de religion ; le dialogue avec les "hérétiques" protestants, les juifs ou les musulmans, selon cet "esprit d'Assise" qui était cher à Jean Paul II et qu'ils rejettent comme une manifestation de "syncrétisme" .
Toute leur littérature rapporte que les papes Jean XXIII, Paul VI, Jean Paul II, acteurs et héritiers du concile, ont "bradé" l'Eglise, taillé en pièces la "sainte doctrine " et préparé l'"apostasie" .
Le pape Benoît XVI devait recevoir pour la première fois, lundi 29 août, à Castel Gandolfo, sa résidence d'été, Mgr Bernard Fellay, évêque excommunié, supérieur de la fraternité sacerdotale Saint-Pie X et chef de file des catholiques traditionalistes. Ceux-ci sont estimés à 200 000, dont la moitié en France.
Mgr Fellay, un Suisse de 48 ans, est le successeur de Mgr Marcel Lefebvre, évêque français dissident du concile Vatican II (1962-1965), excommunié en 1988, en même temps que les quatre évêques dont Mgr Fellay qu'il avait consacrés à Ecône (Suisse) malgré l'interdiction de Jean Paul II. Mgr Lefebvre est décédé en 1991.
Depuis longtemps, Mgr Fellay tentait de forcer la porte du pape. Il avait été brièvement reçu, sans protocole, par Jean Paul II, le 30 décembre 1999. En septembre 2000, il avait déclaré : "Si le pape m'appelle, j'y cours, par obéissance filiale envers le chef de l'Eglise." Le 19 avril 2005, les traditionalistes s'étaient bruyamment réjouis de l'élection du cardinal Ratzinger, considéré comme la personnalité du Vatican la plus proche d'eux.
A la tête de la congrégation pour la doctrine, le cardinal Ratzinger s'était interposé en vain pour éviter le schisme, en 1988. Depuis, il avait multiplié les contacts officieux. Chargée de négocier avec les traditionalistes, la commission Ecclesia Dei du Vatican s'était engagée dans une voie de compromis qui avait permis, en janvier 2002, le ralliement des traditionalistes brésiliens du diocèse de Campos.
Sur la lancée, le cardinal colombien Castrillon-Hoyos, président de cette commission, qui devait assister à l'entretien entre Benoît XVI et Mgr Fellay, avait choqué les catholiques progressistes en célébrant une messe selon le rite préconciliaire (en latin, selon le rite de saint Pie V) dans l'une des quatre basiliques majeures de Rome.
En recevant Mgr Fellay, Benoît XVI fait plus qu'un geste d'apaisement. Il engage un processus de réconciliation et de réintégration de la Fraternité Saint-Pie X 440 prêtres et 6 séminaires dans 59 pays dans le giron de l'Eglise. Mais sur quelle base ? Et à quel prix ? Mgr Fellay entend réclamer au pape la levée de l'excommunication des évêques lefebvristes et le droit pour les traditionalistes de célébrer, partout où ils le désirent, la messe selon l'ancien rite. Il ne semble plus exiger un statut d'exception au sein de l'Eglise, longtemps revendiqué.
Le résultat est loin d'être acquis, mais le pari que fait Benoît XVI est risqué. Le camp traditionaliste, divisé sur la question du rapprochement avec le Vatican et traversé par des haines fratricides, est au bord de l'explosion. En 2003, un "dur", l'abbé Philippe Laguérie, ancien curé de Saint-Nicolas du Chardonnet, fief intégriste de Paris, puis de Saint-Eloi, à Bordeaux, avait été exclu pour "mutinerie" pour avoir refusé sa mutation au Mexique. Aujourd'hui, c'est Mgr Richard Williamson, un Anglais l'un des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre qui s'oppose publiquement à l'initiative de son supérieur de se rendre chez Benoît XVI et s'expose à des sanctions identiques.
L'entretien entre le pape et le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X risque surtout d'irriter la grande majorité des catholiques, dits "conciliaires", qui redoutent de nouvelles concessions à l'esprit et à la lettre du concile Vatican II. Car rien ne laisse présager un assouplissement des positions traditionalistes sur les contentieux qui avaient été à l'origine de la rébellion de Mgr Lefebvre : la réforme de la liturgie, qu'ils résument par l'abandon du latin et la "nouvelle messe" qu'ils exècrent ; la reconnaissance de la liberté de religion ; le dialogue avec les "hérétiques" protestants, les juifs ou les musulmans, selon cet "esprit d'Assise" qui était cher à Jean Paul II et qu'ils rejettent comme une manifestation de "syncrétisme" .
Toute leur littérature rapporte que les papes Jean XXIII, Paul VI, Jean Paul II, acteurs et héritiers du concile, ont "bradé" l'Eglise, taillé en pièces la "sainte doctrine " et préparé l'"apostasie" .
[AFP] Le pape accepte de reprendre le dialogue avec les intégristes
AFP - 29 août 2005
CITE DU VATICAN, Le pape Benoît XVI a accepté de reprendre officiellement le dialogue avec les catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, excommuniée en 1988 par Jean Paul II, à l'issue d'une audience privée accordée lundi à leur supérieur, Mgr Bernard Fellay.
La rencontre à Castelgandolfo, la résidence d'été du pape, entre le souverain pontife et le successeur de l'archevêque schismatique Mgr Marcel Lefebvre a été entourée de la plus grande discrétion.
Un communiqué du porte-parole du Vatican a cependant officialisé l'événement, soulignant que la rencontre s'est déroulée "dans un climat d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la pleine communion", c'est-à-dire le retour des Lefebvristes dans le sein de l'Eglise.
Le communiqué note sobrement que les protagonistes sont "conscients des difficultés" pour parvenir à cet objectif et qu'il a été décidé de "procéder par étapes et dans un délai raisonnable".
Il s'agit de la première rencontre officielle depuis 1988 entre un pape et le chef de la branche la plus intransigeante des catholiques conservateurs, qui refusent obstinément depuis plus de 40 ans les réformes introduites dans la vie de l'Eglise par le concile Vatican II.
Une brève entrevue d'à peine quelques minutes avait eu lieu en décembre 2000 entre Mgr Fellay et Jean Paul II à l'issue d'une messe du pape dans sa chapelle privée au Vatican.
Les dirigeants de la Fraternité, qui ont salué avec espoir la montée sur le trône des papes du cardinal conservateur Joseph Ratzinger, n'ont pas pour autant abandonné leurs griefs envers l'Eglise concernant l'abandon de la messe en latin selon le rite dit "de Saint-Pie V", mais aussi le dialogue oecuménique et le développement des relations avec les autres religions.
Bien que favorable au latin et à un recentrage de l'Eglise, Benoît XVI a souligné à plusieurs reprises sa volonté de rester fidèle aux orientations de Vatican II.
Un pilier du camp conservateur au Vatican, le cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé, a participé à la rencontre de lundi.
Le haut prélat a joué pendant des années les intermédiaires entre le Vatican et les dirigeants de la Fraternité, excommuniés après que Mgr Lefebvre eut franchi la ligne rouge en ordonnant lui-même quatre évêques, dont Mgr Felley, 48 ans. Mgr Lefebvre est mort en 1991.
Jean Paul II, qui ne s'est jamais résigné au schisme, avait chargé dès 1988 le cardinal Castrillon Hoyos de rechercher les voies d'une réconciliation en le nommant à la tête d'une commission baptisée Ecclesia Dei (Eglise de Dieu).
Ecclesia Dei est parvenu à regrouper dans la "fraternité Saint-Pierre" les traditionalistes qui ne se résignaient pas à une rupture avec le Vatican, puis à faire revenir en 2002 dans le giron de l'Eglise la branche brésilienne de la Fraternité Saint-Pie X.
Surtout présente en France et en Suisse, où elle a son siège à Ecône, ainsi qu'en Amérique latine, celle-ci reste cependant un pôle d'attraction pour les nostalgiques de la messe en latin comme pour les réfractaires aux sociétés influencées par la philosophie des Lumières.
En France, où elle occupe illégalement depuis 1977 l'église Saint-Nicolas du Chardonnet, en plein centre de Paris, ses fidèles se comptent notamment parmi les courants royalistes et ceux proches du Front National.
La Fraternité compte 460 prêtres, 178 séminaristes, 70 frères, 133 religieuses et 68 oblats pour guider les quelque 150.000 fidèles revendiqués dans 50 pays du monde. Elle compte également 7 séminaires, 496 églises et chapelles, 2 instituts universitaires et 71 écoles.
CITE DU VATICAN, Le pape Benoît XVI a accepté de reprendre officiellement le dialogue avec les catholiques intégristes de la Fraternité Saint-Pie X, excommuniée en 1988 par Jean Paul II, à l'issue d'une audience privée accordée lundi à leur supérieur, Mgr Bernard Fellay.
La rencontre à Castelgandolfo, la résidence d'été du pape, entre le souverain pontife et le successeur de l'archevêque schismatique Mgr Marcel Lefebvre a été entourée de la plus grande discrétion.
Un communiqué du porte-parole du Vatican a cependant officialisé l'événement, soulignant que la rencontre s'est déroulée "dans un climat d'amour pour l'Eglise et de désir d'arriver à la pleine communion", c'est-à-dire le retour des Lefebvristes dans le sein de l'Eglise.
Le communiqué note sobrement que les protagonistes sont "conscients des difficultés" pour parvenir à cet objectif et qu'il a été décidé de "procéder par étapes et dans un délai raisonnable".
Il s'agit de la première rencontre officielle depuis 1988 entre un pape et le chef de la branche la plus intransigeante des catholiques conservateurs, qui refusent obstinément depuis plus de 40 ans les réformes introduites dans la vie de l'Eglise par le concile Vatican II.
Une brève entrevue d'à peine quelques minutes avait eu lieu en décembre 2000 entre Mgr Fellay et Jean Paul II à l'issue d'une messe du pape dans sa chapelle privée au Vatican.
Les dirigeants de la Fraternité, qui ont salué avec espoir la montée sur le trône des papes du cardinal conservateur Joseph Ratzinger, n'ont pas pour autant abandonné leurs griefs envers l'Eglise concernant l'abandon de la messe en latin selon le rite dit "de Saint-Pie V", mais aussi le dialogue oecuménique et le développement des relations avec les autres religions.
Bien que favorable au latin et à un recentrage de l'Eglise, Benoît XVI a souligné à plusieurs reprises sa volonté de rester fidèle aux orientations de Vatican II.
Un pilier du camp conservateur au Vatican, le cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé, a participé à la rencontre de lundi.
Le haut prélat a joué pendant des années les intermédiaires entre le Vatican et les dirigeants de la Fraternité, excommuniés après que Mgr Lefebvre eut franchi la ligne rouge en ordonnant lui-même quatre évêques, dont Mgr Felley, 48 ans. Mgr Lefebvre est mort en 1991.
Jean Paul II, qui ne s'est jamais résigné au schisme, avait chargé dès 1988 le cardinal Castrillon Hoyos de rechercher les voies d'une réconciliation en le nommant à la tête d'une commission baptisée Ecclesia Dei (Eglise de Dieu).
Ecclesia Dei est parvenu à regrouper dans la "fraternité Saint-Pierre" les traditionalistes qui ne se résignaient pas à une rupture avec le Vatican, puis à faire revenir en 2002 dans le giron de l'Eglise la branche brésilienne de la Fraternité Saint-Pie X.
Surtout présente en France et en Suisse, où elle a son siège à Ecône, ainsi qu'en Amérique latine, celle-ci reste cependant un pôle d'attraction pour les nostalgiques de la messe en latin comme pour les réfractaires aux sociétés influencées par la philosophie des Lumières.
En France, où elle occupe illégalement depuis 1977 l'église Saint-Nicolas du Chardonnet, en plein centre de Paris, ses fidèles se comptent notamment parmi les courants royalistes et ceux proches du Front National.
La Fraternité compte 460 prêtres, 178 séminaristes, 70 frères, 133 religieuses et 68 oblats pour guider les quelque 150.000 fidèles revendiqués dans 50 pays du monde. Elle compte également 7 séminaires, 496 églises et chapelles, 2 instituts universitaires et 71 écoles.
[AUDIO] [Radio Suisse Romande] Rencontre Benoît XVI / Mgr Fellay: interview de Jean-Blaise Fellay, jésuite [audio]
SOURCE - Jean-Blaise Fellay, jésuite - Radio Suisse Romande - 29 août 2005
20050829_fellay.rsr.mp3
[Le fichier audio s'ouvre dans une nouvelle fenêtre]
20050829_fellay.rsr.mp3
[Le fichier audio s'ouvre dans une nouvelle fenêtre]
28 août 2005
[VAB - Le Forum Catholique] Je trouve cette initiative... (détails sur la rencontre Mgr Fellay/Benoît XVI)
SOURCE - VAB - Le Forum Catholique - 28 août 2005
Je trouve cette initiative très bonne, cher XA, de fermer le FC demain. Il nous faut prier ce jour la pour que le Saint Esprit daigne éclairer le Pape et Mgr Fellay. Je célébrerai la Messe à cette intention ci demain lundi 9 août.
Voici le programme de Mgr Bernard Fellay:
- arrivée aujourd'hui à l'aéroport de Fiumincino (Leonardo da Vinci) en provenance de Zurich. Hébergement au siège de la FSSPX à Albano.
- audience chez le Saint Père à Castel Gandolfo(10 minutes du prieuré en voiture) à 11h
- Mgr Fellay sera conduit par un prêtre, avec comme accompagnateur pour l'audience l'abbé Franz Schmidberger, 1er assistant, et ancien Supérieur Général de la FSSPX
- le Saint Père sera entouré de son secrétaire particulier Mgr Georg Gänswein (originaire de Forêt Noire)et du Cardinal Dario Casstrillo-Hoyos
- l'entretien se passera en allemand, probablement, Mgr le secrétaire ne parlant pas le français.
"Ut unum sint"
VAB
Je trouve cette initiative très bonne, cher XA, de fermer le FC demain. Il nous faut prier ce jour la pour que le Saint Esprit daigne éclairer le Pape et Mgr Fellay. Je célébrerai la Messe à cette intention ci demain lundi 9 août.
Voici le programme de Mgr Bernard Fellay:
- arrivée aujourd'hui à l'aéroport de Fiumincino (Leonardo da Vinci) en provenance de Zurich. Hébergement au siège de la FSSPX à Albano.
- audience chez le Saint Père à Castel Gandolfo(10 minutes du prieuré en voiture) à 11h
- Mgr Fellay sera conduit par un prêtre, avec comme accompagnateur pour l'audience l'abbé Franz Schmidberger, 1er assistant, et ancien Supérieur Général de la FSSPX
- le Saint Père sera entouré de son secrétaire particulier Mgr Georg Gänswein (originaire de Forêt Noire)et du Cardinal Dario Casstrillo-Hoyos
- l'entretien se passera en allemand, probablement, Mgr le secrétaire ne parlant pas le français.
"Ut unum sint"
VAB
[Vittorio Messori - Corriere della Sera] Les héritiers de Lefebvre chez le Pape : "Un retour constituerait une guerre continue ?"
SOURCE - Vittorio Messori - Corriere della Sera - Corriere della Sera - version française sur Le Forum Catholique - 28 août 2005
Il y a la confirmation officielle : don Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (les lefebvristes, pour nous entendre) sera reçu lundi, à Castelgandolfo, de Benoît XVI. Il n'y a pas un ordre du jour, aucun schéma, nous nous abandonnerons à ce que l'Esprit Saint voudra suggérer au Pontife et à nous, la rencontre pourrait durer trente minutes ou quelques heures. Elle pourrait se résoudre dans une simple reprise de contacte, vu que nous connaissons bien Ratzinger comme cardinal mais pas comme pape. Ou bien, la Providence pourrait ouvrir des voies imprévisibles, la dispute entre nous et une hiérarchie qui nous a excommuniés, après tant d'années, connaître un tournant. Tout est possible", me dit l’abbé Marc Nely, Supérieur de ce qu’ils appellent le "District italien". Il me confirme de considérer "très significatif" le fait que le pontife ait répondu immédiatement à la demande d'une rencontre, avancée en mode informel par le secrétaire. Pour quelques uns d’entre d'eux, cette sollicitude courtoise est la confirmation de ce que dans la Fraternité il s’est toujours répété : pour Ratzinger, ce qui est né de la rébellion de mons. Marcel Lefebvre, arrivé jusqu'au schisme, représenterait une sorte de "mauvaise conscience", presque une obsession "un complexe de culpabilité". Vatican II, répète-t-il inlassablement, aurait dû se dérouler selon les voies de la Tradition, fixées par ce coriace conservateur, ce grand fidèle de Pie IX que fut Jean XXIII et qui pensait faire approuver, en très peu de mois, les schémas préparés par le "carabinier de la foi" du Saint Office, le cardinal Ottaviani. Cela se serait passé vraiment ainsi, disent-ils, s'il n'était pas intervenu le "coup de main" de quelques évêques français et allemands. Mais une des deux relations qui déterminèrent le tournant qu'ils jugent désastreux, le document lu en salle par le cardinal de Cologne, fut écrit d'un jeune théologien, un brillant conseiller, le professeur Joseph Ratzinger. Lequel, pendant tout le Concile, fera ensuite partie du brain trust de l'aile progressiste. Un passé qui n'a été jamais oublié, à tel point que, parlant des critiques énoncées par le card. Ratzinger en 1985, dans mon ouvrage « Entretien sur le Foi », le commentaire impitoyables des lefebvristes fut résumé dans un dicton populaire : "Qui sème le vent récolte la tempête".
Il y a, naturellement, de l'injustice dans le fait de s'acharner contre un homme qui défendait (bien que, peut-être, de manière trop marquée, due à son jeune âge et au Zeitgeist, l'esprit du temps d’alors) les même choses que Marcel Lefebvre ne condamnait pas : l'archevêque français, en effet, donna son vote favorable à tous les documents de Concile, sauf à celui sur la liberté religieuse, où son désaccord se limitait à certaines expressions. Ratzinger, de toute façon, fut prêt à se rendre compte que le postconcile allait bien outre combien les Pères du Vatican II avaient souhaité et imaginé. Le sien, donc, ne fut pas une "conversion" au traditionalisme, mais une fidélité renouvelée au Concile "vrai", pas à celui imaginaire prêché des bruyants contestataires. Il est de fait que, dans la dénonciation de la dérive moderniste et illuministe, le cardinal Prefet de la foi et l'archevêque fini dans le schisme eurent souvent des points communs, surtout à propos de la dévastation liturgique. Mais cette proximité de perspectives, au lieu de favoriser de la sympathie des lefebvristes a augmenté leurs attitude polémique : parce qu’il était conscient du désastre et qu’il était intelligent et lucide, Ratzinger est plus coupable que d'autres et son soutien à une théologie et à des pastorales en voie de collision avec la Tradition est particulièrement dévastateur.
On admet toutefois quelques circonstances atténuantes. Don Nely me dit : "Même dans la dernière rencontre que notre Supérieur Général a eu avec Jean Paul II et dans les entretiens avec le cardinal Ratzinger, nous avons relevé de la compréhension, voire de la bienveillance. Mais nous avons eu confirmation qu’ils ne pouvaient pas décider comme ils le désiraient, étant sous la pression de certains épiscopats comme celui français et allemand qui disaient, et disent : "c’est eux ou nous". Il y a beaucoup d'évêques qui doivent leur carrières à des progressistes et ne peuvent pas reconnaître leurs torts. Beaucoup sont arrivés à menacer que, si le schisme était résolu avec nous, on en ouvrirait un autre, avec eux. Le résultat est paradoxal : l'Église a dialogué et dialogue avec tous sauf avec nous, qui voulons simplement rester catholique, sans solutions de continuité avec vingt siècles d'histoire. Souvent, les recommandations de Rome à la tolérance à notre égard ne sont pas acceptées par les épiscopats, comme cela s'est passé récemment à Fatima où, pour déranger notre prière, on a allumé de bruyants aspirateurs et on a mis à fond la sono, en couvrant avec un vacarme assourdissant le rosaire que nous récitions. Et, ceci, malgré les recommandations favorables venues du Vatican".
Il y a, donc, ce prêtre français à la tête des traditionalistes de notre Pays, comme est également français le directeur du "Si si, No no", le détesté et aimé périodique (et même craint, dans la Curie romaine et dans celles locales, pour la franchise du langage et des contenus) de la Fraternité. L'histoire de France se mélange, chez ces prêtres, aux perspectives théologiques : Louis XVI, avec l'horreur pour la Révolution qui osa décapiter le dernier roi de droit divin, Charles Maurras, peut-être le maestro de certains "athées fidèles" actuels, avec le nationalisme fascisant pétri d’admiration pour la tradition catholique, Pétain exalté et de Gaulle vilipendé, Giscard d'Estaing honni parce que (à l’instar de Mitterrand et de Chirac) mis dans le même sac d'une franc-maçonnerie qui aurait inspiré une constitution européenne dont l'échec a été applaudi.
Dans une Église anémique de vocations, la Fraternité saint Pie X - le pape qui foudroya le modernisme - exhibe des chiffres qui ne laissent pas indifférents le Vatican : au-delà de 450 prêtres, en grande majorité jeunes, préparés, motivés à l’extrême, 160 séminaristes, 200 soeurs, un réseau de "chapelles" dans tous les Continents fréquentées pour la liturgie en latins d'une grande masse de fidèles. Les italiens ? Le supérieur du District nous confie avec quelque regret : "Les prêtres de votre Pays (l’Italie, ndt) ne sont pas nombreux, parce qu'une grande partie d’entre eux est passée 'sedevacantiste' ". Il s’agit de ceux qui accusent les lefebvristes de manque de cohérence parce que, dans leurs maisons religieuses, ils exposent le portrait du pape régnant et prient pour lui dans chaque messe, en jugeant objectivement infidèle à la Tradition beaucoup de son enseignement mais sans en contester le rôle légitime. D’autres par contre - et à ceux-ci ils se sont ajoutés beaucoup des Italiens - affirment que, depuis Paul VI, le Siège est "vacant" et que les papes récents ne seraient pas des vrais papes. De toute façon, il a été écrit dans notre langue (l’italien) et d'un chercheur laïque provenant du Piémont, même si résident dans le Canton de Ticino et devenu citoyen suisse, le gros volume qui est considéré la somme théologique des lefebvristes. Il s’agit de Iota unum, les presque 700 pages de Romain Amerio qui - il faut aussi le reconnaître - avec vigueur et extraordinaire érudition a entendu dénoncer les « variations de l'Église catholique dans le Postconcile », comme le dit le sous-titre.
Si l’on me permet un souvenir personnel, je souris en repensant à un épisode qui aurait pu inspirer Dan Brown dans le Code de Vinci, quelque page de sa fatantathéologie, sur fond d’improbables mystères et d'intrigues cléricales. Il s’agit d’un rendez-vous, évidemment discret, que l’on m’avait fixé à Milan, à l'entrée de l'autoroute menant aux lacs; s’ensuit le transbordement de mon auto à une Mercedes, longue et noire, comme il se doit ; la frontière suisse ; l'arrivée dans une villa, entourée d'un grand parque humide de pluie, dans le canton de Zug. À m'attendre, dans un salon à l'élégance austère - dans la cheminée, de la bonne bûche crépitante - quelques prêtres, impeccables dans les longues soutanes noires et de candides cols romains. Dans les présentations, beaucoup de noms nobles allemands et français, conversation dans beaucoup de langues européennes, dîner frugal, sans vins (c’était le Carême), mais avec un service de classe. L’abbé Fellay, le Général de la Fraternité, qui dans cette villa a son siège mondial, voulait connaître le chroniqueur qui avait un livre avec Ratzinger et avec Wojtyla, considérant que ce dernier devait se rendre compte en personne de la réalité des soi-disants "lefebvristes". D'où cette invitation dans le "repaire du loup", comme avec ironie ils l'appelaient, puis, dans la Suisse francophone, un séjour dans la célèbre forge de prêtres, le grand séminaire d'Econe, cauchemar pour certains, terre promise pour d’autres.
Cette expérience confirma un de mes soupçons, à savoir que l’écart théologique s’est tellement aggravé durant ces dernières décennies que, au moins à des vues humaines, une guérison de la fracture semble impossible. Quelle que soit la solution proposée des canonistes (prélature personnelle, administration apostolique, vicariat de type "castrense", ordre religieux spécial), les disciples de Mgr Lefebvre ne pourraient pas vivre dans une sorte d'Église parallèle, en ignorant ce qui se produit auprès d'elle. Don Nely me le confirme : "Nous ne pourrions pas ne pas continuer à dénoncer les erreurs. Notre rôle est de veiller pour que l'orthodoxie soit respectée. Et pas parce que nous sommes meilleurs, mais parce que nous connaissons à fond la nature de la Tradition, aujourd'hui ignorée de la majorité des catholiques, même dans la hiérarchie". Donc, dis-je, un retour se résoudrait dans une sorte de guerre continue ? "C’est possible", soupire l'influent interlocuteur. Il n'est pas question, ici, seulement de liturgie en latin : il y a une ecclésiologie et, avec elle, toute une théologie qui maintenant divergent et que, pour paradoxal que cela semble, c’est précisément pendant le pontificat de Jean Paul II que cette divergence a augmenté. Il y a le thème de l'œcuménisme qui brûle plus que jamais et est central, inaliénable, même dans la perspective du pape Benoît.
Ceci montre le nécessaire réalisme des hommes. Mais tant le Pape que le Chef des "schismatiques" croient, en hommes de foi, dans la Providence et dans ses miracles. Donc, leur espoir est que la rencontre de lundi ne se résolve pas dans une rencontre de courtoisie formelle. Des deux côtés la séparation crée une douleur sincère et est une entrave à cette "nouvelle des évangélisation" qui a été au centre du grand rêve de Wojtyla. L'appel à la Providence est donc justifié.
Il y a la confirmation officielle : don Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (les lefebvristes, pour nous entendre) sera reçu lundi, à Castelgandolfo, de Benoît XVI. Il n'y a pas un ordre du jour, aucun schéma, nous nous abandonnerons à ce que l'Esprit Saint voudra suggérer au Pontife et à nous, la rencontre pourrait durer trente minutes ou quelques heures. Elle pourrait se résoudre dans une simple reprise de contacte, vu que nous connaissons bien Ratzinger comme cardinal mais pas comme pape. Ou bien, la Providence pourrait ouvrir des voies imprévisibles, la dispute entre nous et une hiérarchie qui nous a excommuniés, après tant d'années, connaître un tournant. Tout est possible", me dit l’abbé Marc Nely, Supérieur de ce qu’ils appellent le "District italien". Il me confirme de considérer "très significatif" le fait que le pontife ait répondu immédiatement à la demande d'une rencontre, avancée en mode informel par le secrétaire. Pour quelques uns d’entre d'eux, cette sollicitude courtoise est la confirmation de ce que dans la Fraternité il s’est toujours répété : pour Ratzinger, ce qui est né de la rébellion de mons. Marcel Lefebvre, arrivé jusqu'au schisme, représenterait une sorte de "mauvaise conscience", presque une obsession "un complexe de culpabilité". Vatican II, répète-t-il inlassablement, aurait dû se dérouler selon les voies de la Tradition, fixées par ce coriace conservateur, ce grand fidèle de Pie IX que fut Jean XXIII et qui pensait faire approuver, en très peu de mois, les schémas préparés par le "carabinier de la foi" du Saint Office, le cardinal Ottaviani. Cela se serait passé vraiment ainsi, disent-ils, s'il n'était pas intervenu le "coup de main" de quelques évêques français et allemands. Mais une des deux relations qui déterminèrent le tournant qu'ils jugent désastreux, le document lu en salle par le cardinal de Cologne, fut écrit d'un jeune théologien, un brillant conseiller, le professeur Joseph Ratzinger. Lequel, pendant tout le Concile, fera ensuite partie du brain trust de l'aile progressiste. Un passé qui n'a été jamais oublié, à tel point que, parlant des critiques énoncées par le card. Ratzinger en 1985, dans mon ouvrage « Entretien sur le Foi », le commentaire impitoyables des lefebvristes fut résumé dans un dicton populaire : "Qui sème le vent récolte la tempête".
Il y a, naturellement, de l'injustice dans le fait de s'acharner contre un homme qui défendait (bien que, peut-être, de manière trop marquée, due à son jeune âge et au Zeitgeist, l'esprit du temps d’alors) les même choses que Marcel Lefebvre ne condamnait pas : l'archevêque français, en effet, donna son vote favorable à tous les documents de Concile, sauf à celui sur la liberté religieuse, où son désaccord se limitait à certaines expressions. Ratzinger, de toute façon, fut prêt à se rendre compte que le postconcile allait bien outre combien les Pères du Vatican II avaient souhaité et imaginé. Le sien, donc, ne fut pas une "conversion" au traditionalisme, mais une fidélité renouvelée au Concile "vrai", pas à celui imaginaire prêché des bruyants contestataires. Il est de fait que, dans la dénonciation de la dérive moderniste et illuministe, le cardinal Prefet de la foi et l'archevêque fini dans le schisme eurent souvent des points communs, surtout à propos de la dévastation liturgique. Mais cette proximité de perspectives, au lieu de favoriser de la sympathie des lefebvristes a augmenté leurs attitude polémique : parce qu’il était conscient du désastre et qu’il était intelligent et lucide, Ratzinger est plus coupable que d'autres et son soutien à une théologie et à des pastorales en voie de collision avec la Tradition est particulièrement dévastateur.
On admet toutefois quelques circonstances atténuantes. Don Nely me dit : "Même dans la dernière rencontre que notre Supérieur Général a eu avec Jean Paul II et dans les entretiens avec le cardinal Ratzinger, nous avons relevé de la compréhension, voire de la bienveillance. Mais nous avons eu confirmation qu’ils ne pouvaient pas décider comme ils le désiraient, étant sous la pression de certains épiscopats comme celui français et allemand qui disaient, et disent : "c’est eux ou nous". Il y a beaucoup d'évêques qui doivent leur carrières à des progressistes et ne peuvent pas reconnaître leurs torts. Beaucoup sont arrivés à menacer que, si le schisme était résolu avec nous, on en ouvrirait un autre, avec eux. Le résultat est paradoxal : l'Église a dialogué et dialogue avec tous sauf avec nous, qui voulons simplement rester catholique, sans solutions de continuité avec vingt siècles d'histoire. Souvent, les recommandations de Rome à la tolérance à notre égard ne sont pas acceptées par les épiscopats, comme cela s'est passé récemment à Fatima où, pour déranger notre prière, on a allumé de bruyants aspirateurs et on a mis à fond la sono, en couvrant avec un vacarme assourdissant le rosaire que nous récitions. Et, ceci, malgré les recommandations favorables venues du Vatican".
Il y a, donc, ce prêtre français à la tête des traditionalistes de notre Pays, comme est également français le directeur du "Si si, No no", le détesté et aimé périodique (et même craint, dans la Curie romaine et dans celles locales, pour la franchise du langage et des contenus) de la Fraternité. L'histoire de France se mélange, chez ces prêtres, aux perspectives théologiques : Louis XVI, avec l'horreur pour la Révolution qui osa décapiter le dernier roi de droit divin, Charles Maurras, peut-être le maestro de certains "athées fidèles" actuels, avec le nationalisme fascisant pétri d’admiration pour la tradition catholique, Pétain exalté et de Gaulle vilipendé, Giscard d'Estaing honni parce que (à l’instar de Mitterrand et de Chirac) mis dans le même sac d'une franc-maçonnerie qui aurait inspiré une constitution européenne dont l'échec a été applaudi.
Dans une Église anémique de vocations, la Fraternité saint Pie X - le pape qui foudroya le modernisme - exhibe des chiffres qui ne laissent pas indifférents le Vatican : au-delà de 450 prêtres, en grande majorité jeunes, préparés, motivés à l’extrême, 160 séminaristes, 200 soeurs, un réseau de "chapelles" dans tous les Continents fréquentées pour la liturgie en latins d'une grande masse de fidèles. Les italiens ? Le supérieur du District nous confie avec quelque regret : "Les prêtres de votre Pays (l’Italie, ndt) ne sont pas nombreux, parce qu'une grande partie d’entre eux est passée 'sedevacantiste' ". Il s’agit de ceux qui accusent les lefebvristes de manque de cohérence parce que, dans leurs maisons religieuses, ils exposent le portrait du pape régnant et prient pour lui dans chaque messe, en jugeant objectivement infidèle à la Tradition beaucoup de son enseignement mais sans en contester le rôle légitime. D’autres par contre - et à ceux-ci ils se sont ajoutés beaucoup des Italiens - affirment que, depuis Paul VI, le Siège est "vacant" et que les papes récents ne seraient pas des vrais papes. De toute façon, il a été écrit dans notre langue (l’italien) et d'un chercheur laïque provenant du Piémont, même si résident dans le Canton de Ticino et devenu citoyen suisse, le gros volume qui est considéré la somme théologique des lefebvristes. Il s’agit de Iota unum, les presque 700 pages de Romain Amerio qui - il faut aussi le reconnaître - avec vigueur et extraordinaire érudition a entendu dénoncer les « variations de l'Église catholique dans le Postconcile », comme le dit le sous-titre.
Si l’on me permet un souvenir personnel, je souris en repensant à un épisode qui aurait pu inspirer Dan Brown dans le Code de Vinci, quelque page de sa fatantathéologie, sur fond d’improbables mystères et d'intrigues cléricales. Il s’agit d’un rendez-vous, évidemment discret, que l’on m’avait fixé à Milan, à l'entrée de l'autoroute menant aux lacs; s’ensuit le transbordement de mon auto à une Mercedes, longue et noire, comme il se doit ; la frontière suisse ; l'arrivée dans une villa, entourée d'un grand parque humide de pluie, dans le canton de Zug. À m'attendre, dans un salon à l'élégance austère - dans la cheminée, de la bonne bûche crépitante - quelques prêtres, impeccables dans les longues soutanes noires et de candides cols romains. Dans les présentations, beaucoup de noms nobles allemands et français, conversation dans beaucoup de langues européennes, dîner frugal, sans vins (c’était le Carême), mais avec un service de classe. L’abbé Fellay, le Général de la Fraternité, qui dans cette villa a son siège mondial, voulait connaître le chroniqueur qui avait un livre avec Ratzinger et avec Wojtyla, considérant que ce dernier devait se rendre compte en personne de la réalité des soi-disants "lefebvristes". D'où cette invitation dans le "repaire du loup", comme avec ironie ils l'appelaient, puis, dans la Suisse francophone, un séjour dans la célèbre forge de prêtres, le grand séminaire d'Econe, cauchemar pour certains, terre promise pour d’autres.
Cette expérience confirma un de mes soupçons, à savoir que l’écart théologique s’est tellement aggravé durant ces dernières décennies que, au moins à des vues humaines, une guérison de la fracture semble impossible. Quelle que soit la solution proposée des canonistes (prélature personnelle, administration apostolique, vicariat de type "castrense", ordre religieux spécial), les disciples de Mgr Lefebvre ne pourraient pas vivre dans une sorte d'Église parallèle, en ignorant ce qui se produit auprès d'elle. Don Nely me le confirme : "Nous ne pourrions pas ne pas continuer à dénoncer les erreurs. Notre rôle est de veiller pour que l'orthodoxie soit respectée. Et pas parce que nous sommes meilleurs, mais parce que nous connaissons à fond la nature de la Tradition, aujourd'hui ignorée de la majorité des catholiques, même dans la hiérarchie". Donc, dis-je, un retour se résoudrait dans une sorte de guerre continue ? "C’est possible", soupire l'influent interlocuteur. Il n'est pas question, ici, seulement de liturgie en latin : il y a une ecclésiologie et, avec elle, toute une théologie qui maintenant divergent et que, pour paradoxal que cela semble, c’est précisément pendant le pontificat de Jean Paul II que cette divergence a augmenté. Il y a le thème de l'œcuménisme qui brûle plus que jamais et est central, inaliénable, même dans la perspective du pape Benoît.
Ceci montre le nécessaire réalisme des hommes. Mais tant le Pape que le Chef des "schismatiques" croient, en hommes de foi, dans la Providence et dans ses miracles. Donc, leur espoir est que la rencontre de lundi ne se résolve pas dans une rencontre de courtoisie formelle. Des deux côtés la séparation crée une douleur sincère et est une entrave à cette "nouvelle des évangélisation" qui a été au centre du grand rêve de Wojtyla. L'appel à la Providence est donc justifié.
[Jacques Berset - APIC] Rome: Le chef de file des schismatiques d'Ecône ce lundi chez le pape Benoît XVI - 35 ans de relations chaotiques entre l'Eglise et la Fraternité St-Pie X
Jacques Berset - APIC - 28 août 2005
Rome - Le pape Benoît XVI reçoit ce lundi 29 août 2005 à Castel Gandolfo Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale St Pie X. Il va s'entretenir avec lui des différends entre Rome et la fraternité schismatique depuis les ordinations épiscopales illicites célébrées par Mgr Lefebvre en 1988.
Mgr Bernard Fellay, 48 ans, avait vu dans l'élection du cardinal Joseph Ratzinger à la charge de Souverain pontife "une lueur d'espérance pour sortir de la profonde crise qui secoue l'Eglise catholique". Il estimait aussi que c'était une nouvelle porteuse d'espoir pour la Fraternité sacerdotale St-Pie X, dont le siège est à Menzingen, dans le canton de Zoug. Notamment parce que lors de la messe précédant le conclave, le cardinal Ratzinger avait dénoncé la "dictature du relativisme" dont la dernière mesure est "son propre ego et ses désirs". "Avoir une foi claire selon le credo de l'Eglise est souvent étiqueté comme fondamentalisme", avait-il ajouté.
Benoît XVI s'apprête donc à rencontrer à Castel Gandolfo, le 29 août 2005, le supérieur général de la Fraternité sacerdotale St-Pie X, Mgr Bernard Fellay, pour s'entretenir des différends entre Rome et la fraternité schismatique. Cette rencontre est une nouvelle étape dans la longue et tumultueuse série de rapprochements et de crises entre le Saint-Siège et les fidèles de Mgr Lefebvre, depuis son excommunication prononcée en 1988.
La mésentente entre le Saint-Siège et la Fraternité sacerdotale St-Pie X trouve ses racines dans le Concile Vatican II (1962-1965). Le fondateur de la Fraternité, l'évêque français Marcel Lefebvre, avait alors condamné avec virulence l'œcuménisme, la liberté religieuse et la réforme liturgique, issus du Concile œcuménique.
En 1984, Jean Paul II permet aux évêques de décider s'ils veulent autoriser la célébration de la messe tridentine, c'est-à-dire selon la liturgie traditionnelle préconciliaire. Malgré les fortes critiques de Mgr Lefebvre sur la rencontre interreligieuse d'Assise en 1986, un accord de réconciliation fut alors sur le point d'être conclu avec l'évêque traditionaliste, sous le patronage du cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Suivirent alors douze années de contacts épisodiques et officieux entre l'Eglise catholique et la fraternité schismatique, qui n'aboutirent à aucune réconciliation. Il fallut attendre le Grand jubilé de l'an 2000 pour une amorce de rapprochement.
C'est la même année que le Souverain pontife nomma le cardinal Dario Castrillon Hoyos, déjà préfet de la Congrégation pour le clergé, à la tête de la commission pontificale "Ecclesia Dei", chargée des négociations avec les "lefebvristes". Le cardinal colombien connaissait bien les responsables de la Fraternité St-Pie X.
Cependant, en janvier 2002, un accord fut trouvé avec la Fraternité brésilienne St-Jean-Marie-Vianney, du diocèse de Campos. Cette fraternité schismatique, dont l'évêque avait été ordonné par un évêque de la Fraternité St-Pie X, revint sous l'autorité de Rome sous la forme d'une administration apostolique personnelle, indépendante de l'évêché local et limitée à son territoire. Pendant ce temps, les négociations entre Rome et la Fraternité semblèrent se poursuivre sans succès.
A l'annonce de cette célébration, des rumeurs circulèrent sur un rapprochement de Rome avec une partie de la Fraternité. Cette dernière considéra pour sa part que l'Eglise voulait la "diviser". Malgré tout, Mgr Fellay qualifia cette messe de "geste important de la part de Rome".
L'Instruction "Redemptionis Sacramentum" de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements du 25 mars 2004 "sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie" contribua cependant à rassurer les lefebvristes, fondamentalement inquiets sur la "nouvelle messe" et la façon dont elle est célébrée.
En mai 2004, en collaboration avec la commission "Ecclesia Dei" et l'archevêché de Berlin (Allemagne), un oratoire de Saint-Philippe Néri fut constitué par des prêtres, diacres, et séminaristes ayant quitté la Fraternité St-Pie X. Dernier épisode en date, l'élection même de Benoît XVI, en qui Mgr Fellay "voit une lueur d’espoir", même s'il regrette l'attachement de ce dernier au Concile Vatican II.
La rencontre de ce 29 août avec le pape Benoît XVI, confirmée par la Fraternité lefebvriste sur son site internet (www.fssp.org) le 24 août dernier, marque le dernier épisode de la longue série, commencée en 1988, de contacts tumultueux, entrecoupée de rumeurs d'accords définitifs ou de ruptures totales.
L'abbé Philippe Laguérie, 51 ans, de la paroisse lefebvriste de Saint-Eloi, à Bordeaux, après l'abbé Christophe Héry, s'est fait exclure de la Fraternité pour "mutinerie": il a refusé cet été sa mutation sanction au Mexique. A l'instar d'un partie de la Fraternité, il avait en effet fortement critiqué en juillet 2004 la gestion des séminaires traditionalistes, condamnant une trop forte sélection des postulants. L'abbé Laguérie, 51 ans, avait critiqué le fait que des séminaristes de la Fraternité étaient renvoyés pour des "broutilles".
Enfin, une aile dure, menée par l'évêque Richard Williamson, s'oppose à celle plus favorable, derrière Mgr Fellay, à un rapprochement avec Rome. L'annonce de la prochaine rencontre de ce dernier avec Benoît XVI a d'ailleurs été révélée par l'évêque schismatique anglais, sans doute dans le but de faire échouer ces négociations.
Basée à Menzingen, en Suisse, la Fraternité Saint Pie X comptait, fin 2004, 441 prêtres, dont un tiers de Français, dans 59 pays, ainsi que 6 séminaires. Ces derniers accueillent une cinquantaine de séminaristes chaque année. La Fraternité affirme regrouper 200'000 fidèles, dont 100'000 en France. (apic/imedia/gt/be)
28.08.2005 - Jacques Berset
Rome - Le pape Benoît XVI reçoit ce lundi 29 août 2005 à Castel Gandolfo Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale St Pie X. Il va s'entretenir avec lui des différends entre Rome et la fraternité schismatique depuis les ordinations épiscopales illicites célébrées par Mgr Lefebvre en 1988.
Mgr Bernard Fellay, 48 ans, avait vu dans l'élection du cardinal Joseph Ratzinger à la charge de Souverain pontife "une lueur d'espérance pour sortir de la profonde crise qui secoue l'Eglise catholique". Il estimait aussi que c'était une nouvelle porteuse d'espoir pour la Fraternité sacerdotale St-Pie X, dont le siège est à Menzingen, dans le canton de Zoug. Notamment parce que lors de la messe précédant le conclave, le cardinal Ratzinger avait dénoncé la "dictature du relativisme" dont la dernière mesure est "son propre ego et ses désirs". "Avoir une foi claire selon le credo de l'Eglise est souvent étiqueté comme fondamentalisme", avait-il ajouté.
Benoît XVI s'apprête donc à rencontrer à Castel Gandolfo, le 29 août 2005, le supérieur général de la Fraternité sacerdotale St-Pie X, Mgr Bernard Fellay, pour s'entretenir des différends entre Rome et la fraternité schismatique. Cette rencontre est une nouvelle étape dans la longue et tumultueuse série de rapprochements et de crises entre le Saint-Siège et les fidèles de Mgr Lefebvre, depuis son excommunication prononcée en 1988.
La racine du conflit: le Concile Vatican IILe pape Benoît XVI a fait de la réconciliation entre chrétiens une priorité de son pontificat. Il va donc tenter lundi une ouverture vers l'aile la plus intransigeante du catholicisme quelque 17 ans après l'excommunication par Jean Paul II de son chef de file, Mgr Marcel Lefebvre.
La mésentente entre le Saint-Siège et la Fraternité sacerdotale St-Pie X trouve ses racines dans le Concile Vatican II (1962-1965). Le fondateur de la Fraternité, l'évêque français Marcel Lefebvre, avait alors condamné avec virulence l'œcuménisme, la liberté religieuse et la réforme liturgique, issus du Concile œcuménique.
La rupture d'EcôneAinsi, après le Concile, en 1970, Mgr Lefebvre fonda, à Fribourg, en Suisse, une fraternité de prêtres, suivant le rite dit 'tridentin' (issu du Concile de Trente au XVIe siècle), avec l'accord diocésain. C'est la création, sans autorisation de Rome, du séminaire d’Ecône, en Suisse, et l’ordination illicite de prêtres qui le conduisirent à sa suspension a divinis en 1976, lui enlevant ainsi le droit de célébrer les sacrements.
En 1984, Jean Paul II permet aux évêques de décider s'ils veulent autoriser la célébration de la messe tridentine, c'est-à-dire selon la liturgie traditionnelle préconciliaire. Malgré les fortes critiques de Mgr Lefebvre sur la rencontre interreligieuse d'Assise en 1986, un accord de réconciliation fut alors sur le point d'être conclu avec l'évêque traditionaliste, sous le patronage du cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Le refus à la dernière minute de Mgr LefebvreMais Mgr Lefebvre refusa au dernier moment de signer l'accord et, le 30 juin 1988, ordonna quatre évêques sans le consentement de Rome. Cet acte entraînera son excommunication latae sententiae (par le fait même), ainsi que celle des quatre consacrés parmi lesquels Mgr Bernard Fellay. Le 2 juillet 1988, par le Motu proprio "Ecclesia Dei", le pape Jean Paul II confirma le caractère schismatique de la Fraternité St-Pie X et créa la commission "Ecclesia Dei". Attachée à la Congrégation vaticane pour la doctrine de la foi, cette commission devait chercher à permettre aux traditionalistes le désirant de conserver le rite préconciliaire.
Suivirent alors douze années de contacts épisodiques et officieux entre l'Eglise catholique et la fraternité schismatique, qui n'aboutirent à aucune réconciliation. Il fallut attendre le Grand jubilé de l'an 2000 pour une amorce de rapprochement.
Amorce de rapprochement lors du Grand jubilé de l'an 2000Le 30 décembre 1999, Mgr Fellay rencontra brièvement Jean Paul II lors de sa messe privée. Mais c'est surtout au cours du pèlerinage jubilaire à Rome de la Fraternité que des contacts furent noués. Les 5'000 pèlerins obtinrent une autorisation spéciale du Saint-Siège leur permettant notamment de célébrer une messe en rite traditionnel dans la cathédrale de Rome Saint-Jean-de-Latran. Image forte, les fidèles de la Fraternité Saint Pie X firent une procession remarquée sur la via de la Conciliazione qui mène à la basilique Saint-Pierre. Mgr Bernard Fellay déclara alors en septembre 2000: "Si le pape m'appelle, je vais, ou plutôt, je cours, par obéissance filiale envers le chef de l'Eglise".
C'est la même année que le Souverain pontife nomma le cardinal Dario Castrillon Hoyos, déjà préfet de la Congrégation pour le clergé, à la tête de la commission pontificale "Ecclesia Dei", chargée des négociations avec les "lefebvristes". Le cardinal colombien connaissait bien les responsables de la Fraternité St-Pie X.
Mgr Fellay exige la levée des excommunicationsEn préalable aux négociations, Mgr Fellay exigeait la levée des excommunications, et le droit pour tous les prêtres du monde de célébrer la messe traditionnelle, sans aucune restriction. L'Eglise jugea cette dernière exigence "excessive", et les avancées dans le dialogue furent de courte durée. La Fraternité St-Pie X estima, de son côté, que Rome refusait le débat théologique tout en s'arc-boutant sur des solutions juridiques, secondaires à ses yeux.
Cependant, en janvier 2002, un accord fut trouvé avec la Fraternité brésilienne St-Jean-Marie-Vianney, du diocèse de Campos. Cette fraternité schismatique, dont l'évêque avait été ordonné par un évêque de la Fraternité St-Pie X, revint sous l'autorité de Rome sous la forme d'une administration apostolique personnelle, indépendante de l'évêché local et limitée à son territoire. Pendant ce temps, les négociations entre Rome et la Fraternité semblèrent se poursuivre sans succès.
Signe de rapprochement venant de RomeSigne de rapprochement venant de Rome, une messe traditionnelle fut célébrée le 23 mai 2003 par la Fraternité St-Pierre (traditionaliste mais en communion avec Rome, qui l'autorisa en 1988) au sein même de la basilique Saint-Pierre. Le lendemain, ce fut le cardinal Castrillon Hoyos lui-même qui célébra une messe en rite tridentin, dans la basilique romaine de Sainte-Marie-Majeure, "pour rendre un hommage au pape dans l'année du 25e anniversaire de son pontificat".
A l'annonce de cette célébration, des rumeurs circulèrent sur un rapprochement de Rome avec une partie de la Fraternité. Cette dernière considéra pour sa part que l'Eglise voulait la "diviser". Malgré tout, Mgr Fellay qualifia cette messe de "geste important de la part de Rome".
Durcissement des positionsLes positions réciproques se durcirent cependant lorsqu'en février 2004 la Fraternité schismatique organisa devant la place Saint-Pierre une conférence de presse sur le sujet "de l'œcuménisme à l'apostasie silencieuse", reprenant ainsi une expression de Jean Paul II. La Fraternité envoya aussi une lettre aux cardinaux du monde les exhortant à condamner l'œcuménisme.
L'Instruction "Redemptionis Sacramentum" de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements du 25 mars 2004 "sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie" contribua cependant à rassurer les lefebvristes, fondamentalement inquiets sur la "nouvelle messe" et la façon dont elle est célébrée.
La "nouvelle messe" au cœur des débats
En mai 2004, en collaboration avec la commission "Ecclesia Dei" et l'archevêché de Berlin (Allemagne), un oratoire de Saint-Philippe Néri fut constitué par des prêtres, diacres, et séminaristes ayant quitté la Fraternité St-Pie X. Dernier épisode en date, l'élection même de Benoît XVI, en qui Mgr Fellay "voit une lueur d’espoir", même s'il regrette l'attachement de ce dernier au Concile Vatican II.
La rencontre de ce 29 août avec le pape Benoît XVI, confirmée par la Fraternité lefebvriste sur son site internet (www.fssp.org) le 24 août dernier, marque le dernier épisode de la longue série, commencée en 1988, de contacts tumultueux, entrecoupée de rumeurs d'accords définitifs ou de ruptures totales.
La Fraternité St-Pie X traverse une forte crise interneLa Fraternité St-Pie X traverse aujourd'hui une forte crise interne. Une "majorité silencieuse de laïcs traditionalistes qui craignent une autodestruction de la Fraternité Sacerdotale St-Pie X" ont lancé le site internet www.crisefraternite.com dans le but de documenter, de leur point de vue, les causes de cette crise profonde. L'abbé Arnaud Sélégny secrétaire général de la Fraternité, veut plutôt parler de "petite crise locale" qui agite le District de France de la Fraternité St-Pie X, "mais qui a certes des retentissements au-delà".
L'abbé Philippe Laguérie, 51 ans, de la paroisse lefebvriste de Saint-Eloi, à Bordeaux, après l'abbé Christophe Héry, s'est fait exclure de la Fraternité pour "mutinerie": il a refusé cet été sa mutation sanction au Mexique. A l'instar d'un partie de la Fraternité, il avait en effet fortement critiqué en juillet 2004 la gestion des séminaires traditionalistes, condamnant une trop forte sélection des postulants. L'abbé Laguérie, 51 ans, avait critiqué le fait que des séminaristes de la Fraternité étaient renvoyés pour des "broutilles".
Le cas Laguérie et d'autres encoreL'abbé Arnaud Sélégny affirme que les chiffres fournis par l'abbé rebelle sont faux. Ecône n'aurait ainsi connu que 49 départs ces huit dernières années, et non pas une soixantaine. Il n'y aura pas l'an prochain en France trois ordinations, selon les chiffres de l'abbé Laguérie, mais au minimum cinq. En Allemagne, au séminaire Sacré Cœur de Zaitzkofen, contrairement aux affirmations de l'abbé Laguérie, il n'y aura jamais eu autant d'ordinations. Aux Etats-Unis, il n'y a pas eu 20 départs du séminaire de St-Thomas d’Aquin de Winona, mais 15.
Enfin, une aile dure, menée par l'évêque Richard Williamson, s'oppose à celle plus favorable, derrière Mgr Fellay, à un rapprochement avec Rome. L'annonce de la prochaine rencontre de ce dernier avec Benoît XVI a d'ailleurs été révélée par l'évêque schismatique anglais, sans doute dans le but de faire échouer ces négociations.
Basée à Menzingen, en Suisse, la Fraternité Saint Pie X comptait, fin 2004, 441 prêtres, dont un tiers de Français, dans 59 pays, ainsi que 6 séminaires. Ces derniers accueillent une cinquantaine de séminaristes chaque année. La Fraternité affirme regrouper 200'000 fidèles, dont 100'000 en France. (apic/imedia/gt/be)
28.08.2005 - Jacques Berset
Inscription à :
Articles (Atom)