31 mai 2008
[Agoravox] La jeune diversité rituelle de Notre-Dame-de-Clignancourt
30 mai 2008
[Jean Madiran - Présent] La communion dans la main a du plomb dans l’aile
SOURCE - Jean Madiran - Présent - mise en ligne par leforumcatholique.org - 30 mai 2008
L‘événement arrivé à Rome pour la Fête-Dieu, le 22.05.08, va lui aussi changer peu à peu l’ambiance et la perspective, comme ne cesse de le faire le motu proprio du 07.07.07 : Benoît XVI, célébrant la messe à Saint-Jean-de-Latran, avait fait disposer un agenouilloir pour les communiants, et donné la communion seulement selon le rite traditionnel (cf. Présent d’avant-hier).
On ne pourra plus dire que les catholiques ne voulant pas de la communion dans la main sont des intégristes, des schismatiques, des dissidents exclus de la participation à la « pleine communion ».
Quasiment plus personne ne sait aujourd’hui quand, ni comment, ni pourquoi, ni par qui la communion dans la main a été installée dans les églises catholiques et même dans la plupart des monastères.
Ce fut un coup de force, une sorte de coup d’Etat ecclésiastique, qui eut lieu du 29 mai au 19 juin 1969.
Le 29 mai 1969 est la date de l’Instruction Memoriale Domini, « rédigée par mandat spécial du Souverain Pontife Paul VI » et « approuvée par lui-même » ; elle est promulguée par la Congrégation du culte divin, elle porte les signatures du cardinal Gut, préfet, et d’Hannibal Bugnini, secrétaire.
Cette Instruction pontificale constate que « certains » ont demandé la communion dans la main, et même ont pratiqué cette façon de faire sans attendre l’autorisation demandée. Là contre l’Instruction révèle que le Saint-Siège a déjà consulté à ce sujet tous les évêques de l’Eglise latine et qu’une très forte majorité d’entre eux est hostile à la communion dans la main. Avec un ample exposé des motifs, l’Instruction explique pourquoi « le Souverain Pontife n’a pas pensé devoir changer la façon traditionnelle de distribuer la communion aux fidèles », et lance une exhortation solennelle à « respecter attentivement la loi toujours en vigueur et qui est confirmée à nouveau, en prenant en considération tant le jugement émis par la majorité de l‘épiscopat que la forme utilisée actuellement et enfin le bien commun de l’Eglise ».
L’Instruction se terminait en ajoutant que « là où est déjà introduit » l’usage de la communion dans la main, il appartiendrait aux conférences épiscopales de régler l’affaire au cas par cas.
Par cette exception à peine entr’ouverte est passée aussitôt une impérieuse généralisation de la communion dans la main, contre la volonté clairement exprimée du Pape et de la « forte majorité » de l‘épiscopat.
Dès le 6 juin 1969, c’est-à-dire seulement une semaine plus tard, la même Congrégation, avec pour préfet le même cardinal Gut, envoie à la conférence épiscopale française (et sans doute aux autres conférences européennes) une « Lettre » qui transmet l’Instruction précédente, l’interprétant comme l’autorisation générale de l’« introduction du nouveau rite », promu au rang d‘être « la nouvelle manière de communier », sans plus aucun rappel de la condition restrictive du « seulement là où ».
Puis, au terme de sa réunion du 17 au 19 juin, le conseil permanent de l‘épiscopat français publie en « communiqué » une « Note » qui parachève le coup de force. Au nom du « souhait de plus en plus fortement exprimé », et parce que le Saint-Père aurait « pris en considération le fait que des désirs très nets s’expriment en certaines régions », cette Note tourne allègrement le dos à l’Instruction du 29 mai et à son injonction de conserver le rite traditionnel de la communion.
Le 20 juillet 1969, dans une déclaration publique, le cardinal Gut gémit sur les initiatives liturgiques prises sans autorisation : « On ne pouvait plus, bien souvent, les arrêter, car cela s‘était répandu trop loin. Dans sa grande bonté et sa sagesse, le Saint-Père a alors cédé, souvent contre son gré. » Il a bien dit : « souvent ».
Dans les débuts de son pontificat, Jean-Paul II distribuait la communion seulement sur la langue. Puis il a cédé lui aussi, sous la formidable conjugaison de la pression intérieure exercée par le parti révolutionnaire et de la pression extérieure qui est en permanence celle des médias profanes.
Mais, depuis la Fête-Dieu du 25.02.08, a ouvertement commencé le retour à la communion reçue à genoux et sur la langue.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 6599 de Présent, du Vendredi 30 mai 2008
29 mai 2008
[François-Xavier Peron - Christus Imperat] Pourquoi la Fraternité est cette dernière cartouche
28 mai 2008
[Paix Liturgique] Que se passe-t-il dans le diocèse d’Evreux ?
SOURCE - lettre 107 de Paix Liturgique - 28 mai 2008
Aux marches du diocèse d’Evreux, la paroisse de Thiberville, avec ses 13 clochers, est probablement un exemple unique en France de ce qu’il convient d’appeler une application parfaite du Motu Proprio Summorum Pontificum. Un cas d’école en somme. C’est le seul endroit du diocèse d’Evreux où la messe traditionnelle est célébré qui plus est par un prêtre diocesain qui est aussi le curé de la paroisse...
En effet, l’abbé Francis Michel, qui est curé de la paroisse depuis 1986 célèbre lui-même chaque dimanche et fêtes depuis environ 10 ans, une messe dans la forme extraordinaire du rite romain en plus des trois autres qu’il célèbre dans la forme ordinaire. N’ayant jamais voulu opposer les rites ni les fidèles il a su accueillir toutes les âmes de la paroisse quelles que soient leur sensibilité liturgique.
Le zèle apostolique, la foi et le dévouement de ce curé a permis à cette petite paroisse territoriale (environ 4.500 âmes sur les 13 clochers) de faire figure d’exemples en bien des domaines… 3 à 4 messes chaque dimanche (église pleine), 120 enfants au catéchisme, environ 30 premières communions et 30 professions de Foi chaque année, processions de la Fête-Dieu et fêtes patronales des 13 clochers, crèche géante sur la place de l’église chaque année (véritable attraction pour le village et ses environs)... Le nombre d’intentions de messes que l’abbé Francis Michel adresse à l’évêché chaque année et le denier du culte récolté sur la paroisse de Thiberville en disent également long sur la vitalité, le sens de l’Église et la générosité des fidèles et du curé de la paroisse.
Pourtant, le 13 mai dernier, le quotidien local « Le Pays d’Auge » titrait un article « l’abbé Francis Michel quitterait la paroisse », renforçant ainsi la rumeur qui gonflait depuis plusieurs jours à Thiberville.
Voici le texte de l’article :
Étonnement (feint ?) du côté du service communication de l’évêché d’Evreux, silence de rigueur du côté de l’intéressé, le départ prochain, on parle de septembre, de l’abbé Francis Michel, curé de quelque treize paroisses est il une information fondée ou une simple rumeur ?
Un dicton populaire dit qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Certes. Mais on sait également qu’une rumeur peut se répandre sans qu’on connaisse véritablement son origine. Reste que dans le cas présent, c’est la multiplication de petites informations qui fait que la rumeur enfle : une chorale du canton qui souhaitait chanter dans l’église Saint-Turien en octobre à laquelle on ne peut plus donner confirmation, des responsables de secteurs paroissiaux qui prennent l’affaire très au sérieux et qui parlent déjà de lancer des pétitions en faveur du maintien de l’abbé sur le secteur. Et puis, même s’il se refuse à parler de quoi que ce soit, il y a cette espèce de tristesse, voire de résignation, qui habite le visage du prêtre depuis plusieurs jours, lui habituellement avenant et souriant. Sans vouloir lui manquer de respect et avec toute l’amitié qu’on lui porte, on pourrait même aller jusqu’à dire que l’abbé Michel a pris un coup de vieux ». Interrogé à la fin de l’office de ce dimanche à Saint-Aubin de Scellon, le père nous a simplement répondu : « Je ne sais pas. Pour le moment je suis toujours là… » Du côté service communication de l’Évêché, les informations sont tout autant évasives : » les nominations ne seront officiellement annoncées que le 1er juillet, quant au départ du père Francis Michel de Thiberville, vous en savez plus que nous… » Même si ce n’est pas la première fois qu’un tel bruit court dans le canton, l’affaire est à suivre »
Depuis la publication de cet article, de très nombreux messages nous parviennent, messages desquels il ressort de manière unanime : incompréhension, tristesse et colère.
Au terme de ces lettres, c’est bien la « spécificité » de l’abbé Michel (curé de paroisse en soutane, bi-ritualiste appliquant sans état d’âme le Motu Proprio de Benoît XVI) qui serait ainsi sanctionné par sa mutation. De plus, l’abbé Michel ferait l’objet de beaucoup d’irritations de la part de ses confrères voisins en déployant autant de zèle au service des fidèles, en faisant « église pleine » et en faisant beaucoup de choses que ses confrères ne font plus mais que les fidèles demandent (processions, déplacement au cimetière, baptêmes individuels, célébration de messes d’enterrement, adoration du Saint Sacrement, célébration de la messe et des sacrements dans la forme extraordinaire du rite romain pour ceux qui le souhaitent…). Le ministère de l’abbé Michel ferait beaucoup d’envieux… Ainsi, après tant et tant de mauvais coups, des confrères de l’abbé Michel aurait obtenu de Monseigneur Nourrichard le départ de l’abbé Michel qu’ils n’avaient pas réussi à obtenir de ses prédécesseurs Monseigneur David et Monseigneur Gaillot avec qui l’abbé Michel a toujours entretenu des relations filiales, courtoises et respectueuses. Déclarations bien étranges quand on sait que l’abbé Michel et Monseigneur Nourrichard se connaissent depuis longtemps et sont d’anciens camarades de promotion au séminaire.
Quoi qu’il en soit c’est la stupéfaction dans la région Thiberville et personne ne comprend qu’on puisse « remercier » aussi brutalement l’abbé Michel, après tant d’années de bons et loyaux services.
A ce jour, les 13 villages s’organisent et entrent en résistance.
On apprend aujourd’hui que les maires des 13 clochers de la paroisse de l’abbé Michel eux-mêmes (!) ont entrepris de faire signer des pétitions dans les rues de leurs communes pour que l’abbé Michel ne quitte pas Thiberville.
Situation surréaliste… C’est toute une agglomération de communes qui fait bloc. Pratiquants, non-pratiquants, tout le monde se mobilise et s’apprête à faire front. Les villageois refusent que la paroisse de Thiberville qui fait figure d’exception grâce à au charisme de son curé ne devienne le désert spirituel et pastoral que sont hélas devenues de nombreuses paroisses de ce diocèse de Normandie…
Affaire à suivre dans les prochaines lettres de Paix Liturgique...
Les réactions de Paix Liturgique
- La paroisse de Thiberville est une paroisse très dynamique avec un taux de pratique remarquable. C’est aussi le seul endroit du diocèse d’Evreux où la messe traditionnelle est célébrée en vertu du Motu Proprio Ecclesia Dei puis de Summorum Pontificum. On peut dès lors comprendre que le départ annoncé du curé soit une source de tristesse et d’inquiétude pour ses nombreux paroissiens, notamment ceux attachés à la forme extraordinaire du rite romain.
- Officiellement le départ de l’abbé Michel est justifié par le fait que l’abbé est curé de Thiberville depuis 1986 et qu’âgé de 59 ans, il est temps pour lui de changer d’affectation… Si nous ne contestons pas qu’il appartient à l’évêque de décider des affectations des prêtres de son diocèse, le contexte de l’annonce du départ de l’abbé Michel n’en demeure pas moins surprenant. En effet, après plus de vingt ans passés en qualité de curé des paroisses de Thiberville, l’abbé Michel se voit proposer un poste… de vicaire ad experimetum à l’autre bout du diocèse… Ce n’est donc pas – a priori – parce que Monseigneur Nourrichard souhaite utiliser le savoir-faire et l’expérience pastorale de l’abbé Michel dans une autre paroisse du diocèse plus défavorisée qu’il lui demanderait de quitter Thiberville. Si alors ce n’est pas un besoin pastoral qui justifie la décision épiscopale, pourquoi alors quitter la paroisse de Thiberville, ses 13 clochers, et tous les paroissiens qui souhaitent que l’abbé reste ? A 59 ans, l’abbé Michel est un jeune prêtre diocésain, en pleine santé. On ne comprend donc pas non plus l’argument lié à l’âge de l’abbé.
- A tort ou à raison, la vraie raison du départ de l’abbé Michel de Thiberville – alors que tout va bien, qu’il fait l’unanimité dans ses paroisses et qu’aucune autre véritable mission ne lui est proposée par l’évêque – réside pour les paroissiens de l’abbé Michel dans le fait qu’âgé seulement de 59 ans, l’abbé Michel, prêtre en soutane, bi-ritualiste, dynamique et zélé, ne correspond pas aux standards attendus à l’évêché d’Evreux et est prié de quitter sa paroisse qui doit être « normalisée", à l’image des autres paroisses du diocèse… Si tout cela s’avérait exact, quel horrible gâchis, quel mépris incompréhensible des fidèles. Nous ne sommes plus dans les années 70 mais en 2008… La chasse aux sorcières n’a plus de sens.
- Thiberville et sa coexistence pacifique des deux formes du rite romain dans le cadre paroissial est un exemple magnifique de ce que le Saint Père propose dans son Motu Proprio Summorum Pontificum. A n’en pas douter, départ ou pas de l’abbé Francis Michel, la permanence d’un groupe stable de fidèles désireux de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain au sein de cette paroisse depuis de nombreuses années, rend impossible en pratique l’arrêt de la célébration hebdomadaire de la messe et des autres sacrements dans la forme extraordinaire. C’est à l’évêque de décider ce dont il convient en la matière étant précisé qu’après cette célébration par le curé de la paroisse lui même pendant des années, toute solution qui consisterait en une application irrégulière ou limitée du Motu Proprio devrait être rejetée d’emblée pour la paroisse de Thiberville.
- Nous le disons d’avance : si le départ de l’abbé Michel est une sanction pour « délit de Motu Proprio » comme « on » le dit à Thiberville et si on casse ce qui fonctionne en dépit de l’avis des fidèles, des conseils paroissiaux et des maires, quand on agit de manière brutal et sans concertation, il ne faut pas s’étonner des réactions les plus vives… Qui sème le vent récolte la tempête dit le proverbe et il ne serait pas acceptable que l’idéologie qui règne encore dans certains évêchés brise des paroisses entières. Tout cela paraîtrait bien anachronique à l’heure du Motu Proprio de Benoît XVI.
Pour en savoir plus, manifester votre soutien à la paroisse de Thiberville ou signer la pétition vous pouvez écrire à thiberville27@yahoo.fr
Vous pouvez également écrire aux adresses ci-dessous pour témoigner de votre indignation :
Nonciature apostolique en France
Le Nonce apostolique est le représentant du Pape en France. Tous les courriers ou dossiers que voudront lui adresser les fidèles de France, serons transmis par lui, et au plus vite, vers les différents services du Saint-Siège.
Nonciature Apostolique en France
10, avenue du Président Wilson
75116 PARIS
France
Fax : 01 47 23 65 44
noncapfr@wanadoo.fr
Commission Ecclesia Dei
Il est très important que cette commission chargée par le Saint-Père de s’occuper des catholiques attachés à la forme extraordinaire du rite latin soit régulièrement informée des joies et des difficultés rencontrées par les fidèles dans leurs relations avec les Églises locales.
Piazza del S. Uffizio, 11
00193 Rome
Italie
Fax : 00 39 06 69 88 34 12
eccdei@ecclsdei.va
Sylvie Mimpontel
Présidente du mouvement pour la Paix Liturgique et la Réconciliation dans l’Église.
27 mai 2008
[Antoine - Christus Imperat] Hommage à un grand chef
Hommage à un grand chef
Vous nous le rappelez sans cesse pour nous motiver et nous donner du cœur à l'ouvrage, et là encore je salue votre leadership, c'est-à-dire que je salue en vous un chef qui ne se contente pas de gérer, mais qui propose, qui construit, qui va de l'avant. Mgr Williamson, quant à lui, ne croit plus à l'efficacité de la vérité dans le combat contre le modernisme, tant la raison humaine est perturbée par les modes de pensée contemporains... Et il a terriblement raison : L'intelligence est tellement malade chez ces personnes là, leur raison étant capable de concilier l'inconciliable, de faire passer l'erreur pour la vérité….
[Jean Madiran - Présent] Le Pape a donné l’exemple
24 mai 2008
[Mgr Williamson] Dernière cartouche
23 mai 2008
[Fides Saint Maur] L'association Fides Saint-Maur a rencontré le cardinal Hoyos
Le Président et le Vice-président de l’Association Fides Saint-Maur ainsi qu’un représentant de l’association Pro tridentin de Chartres avaient rendez-vous ce lundi 19 mai au Vatican à la Commission Ecclesia Dei chargée de l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum Cura du 7 juillet 2007 du Pape Benoît XVI ayant libéré la messe traditionnelle.
Ce rendez-vous s’est déroulé pendant 1h10 avec le Président de la Commission, le Cardinal Dario CASTRILLON HOYOS et son Vice-président, Mgr Camille PERL.
Ce rendez-vous avait pour but premier de remercier pour son soutien la Commission, avec qui Fides Saint-Maur est en relation depuis sa création, mais également d’exposer l’application concrète de la volonté du Pape dans le diocèse de Créteil, et d’exprimer le souhait des fidèles de Saint-Maur-des-Fossés de vivre une vie paroissiale chrétienne et traditionnelle complète dans la paix et favoriser ainsi l’unité de l’Eglise dans le respect de sa diversité et des charismes propres de chacun.
Les représentants de l’association ont tenu à faire part à la Commission de la grande bienveillance de Mgr Michel SANTIER, Evêque de Créteil, ainsi que du Père Stéphane AULARD, Doyen-Curé de Saint-Maur-des-Fossés, qui ont très vite proposé une messe dominicale à la demande du groupe de fidèles stable représenté par l’association Fides Saint-Maur. Les responsables de la Commission ont fait part de leur satisfaction de voir la volonté du Pape si vite reçue dans le Diocèse de Créteil. Ils nous ont redit la volonté du Pape d’offrir avec libéralité la liturgie traditionnelle comme bien à toute l’Eglise sans opposer ni entrave ni difficulté mais au contraire de la proposer partout même sans demande particulière.
Le Cardinal a appris avec satisfaction qu’à ce jour, 800 personnes avaient demandé ou bénéficiaient de la messe traditionnelle à Saint-Maur-des-Fossés dont 142 familles représentant 632 fidèles qui avaient signé la demande de paroisse personnelle auprès de Mgr SANTIER, et qu’en pratique, 200 à 300 fidèles assistaient habituellement à la messe dominicale traditionnelle.
Il a été particulièrement heureux d’apprendre les témoignages qui nous arrivent de personnes qui nous disent revenir à la messe après avoir abandonné la pratique parfois pendant des années et mêmes des décennies. Il nous a demandé d’en faire part directement au Saint-Père dans une lettre qu’il lui remettrait personnellement.
Nous avons conclu ce rendez-vous en rappelant la légitime demande que nous avons faite à notre Evêque conformément à l’article 10 du Motu Proprio afin d’obtenir une paroisse personnelle à Saint-Maur-des-Fossés pour vivre pleinement notre vie chrétienne en bénéficiant de la richesse d’une vie paroissiale complète : messe dominicale mais également vêpres, messe et confessions en semaine, catéchisme pour les enfants et pour les adultes, cérémonies de la semaine sainte, œuvres de jeunesse.
Nous avons rappelé que les deux exemples de paroisses personnelles érigées en France étaient des réussites contribuant à l’unité et à la paix du diocèse dans le respect de l’identité des fidèles attachés à la vie traditionnelle de l’Eglise. Une paroisse personnelle traditionnelle à Saint-Maur-des-Fossés, demandée par des centaines de fidèles saint-mauriens, serait de la même manière, nous en sommes persuadés, un gage de paix et un facteur d’union, de sanctification et d’apostolat.
Nous continuons à œuvrer en ce sens et vous invitons tous à prier à cette intention, pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes. Nous avons pris rendez-vous pour rencontrer à nouveau prochainement notre Evêque.
Le Cardinal CASTRILLON HOYOS a conclu notre rendez-vous en nous accordant sa bénédiction.
Nous avons eu la grâce d’avoir par deux reprises la Messe traditionnelle dans la Basilique Saint Pierre de Rome. Elles ont été dites sur le tombeau de Saint Pie X spécialement pour notre délégation.
Vous pourrez trouver sur le lien suivant quelques photos de notre rencontre et de la Sainte Messe ! PHOTOS
Le président, Dorian ABOUT
Le vice-président, Jérôme TRIOMPHE
22 mai 2008
[Zenit] Première paroisse de Rome pour « la forme extraordinaire » de la liturgie
L’Eglise confiée à la fraternité sacerdotale Saint-Pierre
Il s'agit de l'église Santissima Trinità dei Pellegrini, confiée à la fraternité sacerdotale Saint-Pierre, qui s'est réjouie de la nouvelle, estimant que les structures de l'église San Gregorio dei Muratori étaient trop petites pour accueillir les nombreux fidèles lors des célébrations liturgiques.
En application à la lettre apostolique de Benoît XVI « Summorum Pontificum », le cardinal Camillo Ruini, Vicaire du pape pour le diocèse de Rome, a proposé de confier l'église Santissima Trinità dei Pellegrini à la fraternité.
Le dimanche de Pâques, le pape a décrété l'érection de la paroisse « afin de satisfaire aux besoins pastoraux de la communauté entière des fidèles traditionnels résidents dans le dit diocèse ».
Pour la fraternité elle constitue une vraie pierre angulaire car c'est non seulement le dixième apostolat à avoir été érigé en paroisse personnelle à part entière, mais le tout premier à avoir été institué en Europe.
L'abbé Joseph Kramer, nommé premier curé de la paroisse Santissima Trinità dei Pellegrini, et recteur de l'église, a expliqué à Zenit que l'apostolat de la Fraternité avait commencé à Rome en 1988 sous les auspices de la commission Ecclesia Dei et l'approbation du pape.
Aujourd'hui, quelque 200 prêtres de la fraternité œuvrent dans plusieurs diocèses à travers le monde. Ils servent les fidèles attachés à la messe et aux sacrements du rite romain traditionnel.
Interrogé sur le ressenti de la fraternité après l'annonce de la charge qui leur est confiée, l'abbé Kramer s'est dit profondément reconnaissant au diocèse de cette « marque de confiance » et a souligné la « grande responsabilité » qui les attend, vu que « Rome a toujours été un exemple pour le reste de l'Eglise ».
L'abbé espère que « cette paroisse particulière ne servira pas seulement les paroissiens locaux mais qu'elle fournira aussi un exemple approprié de la beauté et de la solennité de la célébration de la forme extraordinaire du rite romain aux nombreux pèlerins et étudiants qui viennent à Rome ».
L'église Santissima Trinità dei Pellegrini fut construite par la Confraternité de la Très Sainte Trinité des Pèlerins sur une inspiration et sous la direction de saint Philippe Néri, avec la mission spécifique d'héberger et d'entretenir les pèlerins à Rome.
En étant nommé premier curé de la paroisse Santissima Trinità dei Pellegrini, l'abbé Kramer devient également recteur de la vénérable Archiconfrérie du même nom. « Saint Philippe, a-t-il souligné, fut le premier à répandre la Dévotion aux quarante heures ici à Rome et nous ferons en sorte que cette tradition se perpétue ».
Mais « nous sommes également attachés à notre service de charité auprès des convalescents que nous suivons à domicile » a-t-il ajouté ; et « comme saint Philippe, qui assistaient tous ceux qui étaient renvoyés des hôpitaux, par manque de places, au XVIème siècle, nous rendrons visite aux malades et nous nous occuperons de tous ceux qui ne peuvent sortir de chez eux ».
Le recteur de la nouvelle paroisse a par ailleurs en projet d'organiser un centre d'accueil à l'intention des nombreux pèlerins de Rome ; et de devenir, au regard du fait que Rome propose sans cesse de nouveaux programmes universitaires, « un point de référence spirituel pour tous ceux qui viennent ici pour étudier mais aussi pour approfondir leur foi ».
L'église de la Trinité a été édifiée en 1597 dans le sillage de la réforme liturgique tridentine, et l'abbé Kramer a souligné les nombreux éléments qui la rendent idéale pour la fraternité.
« La visibilité de l'autel, ainsi que le haut et grand tabernacle, bien éclairé, et la balustrade du chœur, reflètent la configuration typique des églises de la contre-réforme, comme l'église du Gesù et la Chiesa Nuova », a-t-il précisé.
« Il y a huit chapelles latérales, mais pas de nefs latérales et tout se concentre sur le maître-autel », a-t-il expliqué.
L'église renferme aussi de nombreuses œuvres d'art, comme la « Vierge à l'Enfant au milieu de saints » réalisée par le Chevalier d'Arpin, sous la direction duquel le Caravage avait travaillé, et « Saint Grégoire le Grand libérant les âmes du purgatoire » réalisé par Baldassarre Croce.
Le retable d'autel est un chef-d'œuvre peint par Guido Reni au sommet de sa carrière. L'artiste a réalisé sa Très sainte Trinité pour l'année jubilaire de 1625, en prévision de l'arrivée de milliers de pèlerins qui auraient visité l'Eglise.
L'ouverture officielle de la paroisse aura lieu le 8 juin prochain.
Le cardinal Darío Castrillón Hoyos, président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, a défini l'érection de la paroisse « un acte important qui applique à Rome le récent motu proprio 'Summorum Pontificum' de Benoît XVI ».
« Cet acte est le fruit d'une disposition du pape pour le diocèse de Rome qui a une valeur en soi dans le parcours progressif mis en œuvre quant à l'application du motu proprio sur l'utilisation de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970 », a-t-il expliqué.
A la nouvelle paroisse, lit-on dans le décret du cardinal Ruini, sont reconnus les mêmes droits dont disposent les autres paroisses de la ville. L'administration et les moyens de subsistance du curé seront assurés conformément aux normes établies par la Conférence épiscopale italienne et par le Vicariat de Rome.
Elizabeth Lev
Traduction française : Isabelle Cousturié
21 mai 2008
[Americatho] Les ordinations traditionnelles de la FSSP retransmises sur EWTN
Les ordinations traditionnelles de la FSSP retransmises sur EWTN
17 mai 2008
[Présent] La trahison des commissaires - Entretien avec Jean Madiran
SOURCE - 17 mai 2008 - Présent
La trahison des commissaires
Entretien avec Jean Madiran
« Ce livre est une chronique et un procès de la nouvelle religion qui s’est introduite dans le clergé catholique et dans sa hiérarchie : la religion se disant conciliaire et collégiale. » Dans cette troisième édition « augmentée » de La trahison des commissaires, Jean Madiran « en analyse les épisodes récents les plus significatifs ». Pour les lecteurs de Présent l’auteur commente dans cet entretien les nouvelles révélations que contient son livre. J.C.
— « Commissaire » ?… Celui qui est chargé de certaines fonctions « spéciales et temporaires ». C’est l’appellation que vous donnez aux évêques qui composent la « commission doctrinale de la conférence des évêques de France ». Est-ce pour marquer le caractère « temporaire » et provisoire de leur mission ?
— J’utilise « commissaire » dans son sens courant de « membre d’une commission ». Le noyau dirigeant qui manipule la « collégialité épiscopale » en France multiplie les commissions et les comités ayant en quelque sorte délégation du pouvoir épiscopal pour tous les diocèses. J’appelle « commissaires » les évêques membres d’une commission, et « comitards » ceux qui sont membres d’un comité. Au moyen de ces comitards et commissaires, encadrés, manipulés, instrumentalisés par le noyau dirigeant, celui-ci instille les principes d’une religion nouvelle.
— C’est en effet de la « religion nouvelle » que votre ouvrage, La trahison des commissaires, fait l’analyse à partir de plusieurs points significatifs. Il s’agit aujourd’hui de sa 3e édition. La première était de novembre 2004. La page du titre souligne que cette troisième édition est « complétée ». En quoi consiste ce complément ?
— Il concerne le fait que Mgr Bruguès, qui était président de la commission doctrinale, a connu depuis 2004 trois promotions aussi spectaculaires qu’inattendues ; trois promotions en trois ans :
– « consulteur » à la congrégation pontificale pour les instituts de vie consacrée ;
– « consulteur » puis « secrétaire » à la très importante congrégation pour l’éducation catholique : « secrétaire » signifie en effet commandant en second !
— Ces promotions attesteraient donc que, selon vous, la « religion nouvelle, venue coloniser de l’intérieur la religion traditionnelle », aurait des adeptes bien placés dans les hautes sphères de la hiérarchie catholique ?
— A l’occasion de la troisième promotion, la plus importante, les journaux catholiques ont publié, plus ou moins résumé, un aperçu de la carrière ecclésiastique de Mgr Bruguès. Aucun d’entre eux, je dis bien aucun, à ma connaissance, n’a mentionné la fonction la plus importante qu’il ait occupé, celle de président de la commission doctrinale, à ce titre représentant et détenteur, par délégation, de l’autorité doctrinale de l’épiscopat. Une information essentielle a ainsi été omise par les uns, caviardée dans les renseignements donnés aux autres. Or c’est en cette qualité de président de la commission doctrinale qu’il avait fait les déclarations publiques les plus scandaleuses : par exemple celles où il attribuait à l’exégèse moderne la découverte de « l’existence de frères et sœurs de Jésus », qui venait, disait-il, « questionner la compréhension de l’énoncé dogmatique de la virginité perpétuelle de Marie » !
— Une allégation que vous réfutez d’autant plus aisément que le sens du mot « frère » en hébreu a été expliqué par les Pères de l’Eglise quasiment dès l’origine du christianisme : des cousins de Jésus ?
— Exactement. Il y a aussi, entre autres, son extravagante déclaration sur la lecture chrétienne de l’Ecriture qui ne conteste pas la lecture juive niant la divinité de Jésus. Que « l’une des deux [lectures] ait raison, prétend-il, n’entraîne pas que l’autre ait tort ». L’analyse de ces affirmations délirantes figurait dans la première édition de La trahison, elle demeure bien sûr dans cette troisième édition, mais celle-ci comporte le « complément » annoncé : l’exposé de la situation résultant de la promotion « au sein de la Curie », comme dit La Croix, d’un Jean-Louis Bruguès n’ayant rétracté aucune de ses contre-vérités.
— Dans la Postface de cette 3e édition vous vous posez la question : que peuvent faire des laïcs pour résister aux théologiens de la nouvelle religion ? Vous répondez : « Ils peuvent d’abord invoquer mon compatriote saint Prosper d’Aquitaine (Ve siècle) qui n’était ni docteur diplômé, ni prêtre, ni même diacre ; mais chroniqueur, essayiste, controversiste et poète. »
— Oui, j’appelle au secours Prosper et son exemple. Ce libre théologien laïc s’était fait connaître d’abord en appuyant saint Augustin contre les chicanes de quelques moines de Lérins ; il soutint la controverse contre les pélagiens et semi-pélagiens qui croyaient que sans la grâce les hommes peuvent, de leur propre initiative, commencer l’œuvre de la conversion et du salut. Le pélagianisme reste d’actualité, notamment avec la religion MK dans La Croix, proclamant qu’il faut aujourd’hui passer d’une foi « héritée » à une foi « choisie » : à la racine de cette prétention, c’est bien une erreur pélagienne ou, si vous voulez, semi-pélagienne. En invoquant Prosper, j’entends bien marquer qu’il ne s’agit point là du « pouvoir temporel du laïcat chrétien » dont j’ai parlé dans l’avant-propos de mon opuscule sur L’accord de Metz. Il s’agit là, j’en ai bien conscience, de l’intervention du laïcat dans un problème proprement religieux, – dans la crise du catholicisme, de la théologie catholique, du clergé et de sa hiérarchie. Nous ne sommes plus dans le temporel, mais dans ce qui est, de soi, le domaine de l’autorité spirituelle, c’est-à-dire de l’évêque. Son autorité épiscopale ne le met pas à l’abri de requêtes et de protestations légitimes que les laïcs ont éventuellement le droit voire le devoir de lui adresser. Par exemple un laïc qui s’entend prêcher qu’il faut désormais passer d’une foi héritée à une foi choisie sent tout de suite que cela ne va pas, n’est en accord ni avec l’Ecriture, ni avec l’acte de foi. Tout laïc perçoit également avec évidence qu’on ne peut pas tenir l’affirmation et la négation de la divinité de Jésus pour deux lectures de l’Ecriture également légitimes.
— Dans cette Postface, vous intervenez d’une façon plus personnelle que d’habitude ?
— Ce n’est pas sûr. Voyez mon Maurras de 1992 et mon Maurras toujours là de 2004, tous deux toujours disponibles chez DPF (Chiré), sans parler de mon Brasillach de 1958, réédité en 1985 : au détour des pages, le lecteur attentif aperçoit que je m’y suis de temps en temps mis en scène, peut-être un peu plus qu’il ne convient. Les « confessions » personnelles ne me paraissent possibles que dans la mesure où elles ont une portée « didactique ». Et vous avez eu tout récemment mes totales « confessions didactiques » avec les deux longues confessions, et une très brève, recueillies sous le titre Les vingt cinq ans de « Présent », et le sous-titre : confessions didactiques justement. Mais puisque nous parlons de livres, et puisque j’ai nommé DPF, je voudrais terminer par ce qui ne sera une dégression qu’en apparence.
Entre les éditeurs et les libraires, il existe, toute-puissante et inconnue du public, la redoutable corporation des diffuseurs.
Cette corporation tend à monopoliser la communication entre éditeurs et libraires, en la rendant par son intermédiaire plus commode, plus rapide, et quasiment indispensable. Ce qui lui permet, par son abstention, d’empêcher la distribution des ouvrages démocratiquement « incorrects ». Si vous avez près de chez vous un libraire qui ait en magasin et qui expose en vitrine nos livres, c’est-à-dire ceux de Sanders, de Rémi Fontaine, d’Yves Chiron, de Dillinger, de Trémolet, – et les miens, sans nulle vanité – vous avez une chance rarissime, favorisez-le en lui réservant toutes vos commandes et en le faisant connaître autour de vous. Dans ce domaine aussi il faut une activité militante. Mais si vous n’avez pas cette chance, n’allez plus jamais chez des libraires qui nous ignorent ou qui mettent quinze jours, et seulement sur commande payée d’avance, pour vous procurer nos ouvrages. Adressez-vous à DPF (Chiré), c’est l’œuvre magnifique de Jean Auguy, aujourd’hui menacée comme nous tous par l’asphyxie de la lecture, l’amenuisement du public cultivé, l’asservissement des intelligences sous l’arbitraire abrutissant des médias. Défendez-nous. Défendez-vous !
Propos recueillis par Jean Cochet
• Jean Madiran : La trahison des commissaires , Via Romana, 15 euros.
Article extrait du n° 6590 de Présent, du Samedi 17 mai 2008
[Abbé Barthe - Monde&Vie] Où en est le Motu proprio ?
Abbé Barthe. Historiquement, on remarque que la France a souvent été le lieu privilégié des grandes batailles religieuses (jansénisme, infaillibilité, modernisme, et même américanisme). Ainsi en a-t-il été, et en est-il toujours, pour la messe tridentine et pour ce qu’elle représente du point de vue doctrinal. La réception épiscopale française au Motu proprio de 2007 a consisté globalement à « traîner les pieds ». Quant à la réaction du clergé, elle est très diverse. Il est encore impossible de dresser un bilan précis d’une situation encore très évolutive. Grosso modo, on peut dire qu’il y a eu, non pas ce raz de marée que craignaient ses adversaires, qui jouaient à se faire peur pour faire peur, mais un ébranlement de fond : demandes au total très nombreuses, prêtres en quantité assez importante apprenant à célébrer la « forme extraordinaire », augmentation certes relativement modeste, mais « grignotante », des célébrations dominicales. Très concrètement, les évêques ont essayé de dresser des coupe-feu, c'est-à-dire qu’ils ont accordé plus de messes selon l’indult de 1988, pour éviter que leurs curés ne soient obligés d’accorder des messes selon l’indult de 2007. L’essentiel est que le nombre des messes tridentines ait augmenté. Il y avait 300 lieux de culte dominicaux Saint-Pie-V avant le motu proprio de 2007. Y en a-t-il 30 de plus, 10% ? En revanche, le nombre de demandes non encore satisfaites est proprement considérable.
A.B. Le Motu proprio crée une situation juridique paradoxale : il affirme un droit radical pour tous les fidèles de rite latin, celui de la forme ancienne, mais au lieu d’exiger (pour l’instant) que le clergé fasse en sorte que ce droit soit applicable, il dispose que ceux qui veulent le voir appliquer doivent le demander sous forme de « groupes ». D’une certaine manière, on pourrait dire que le texte pontifical prend acte du fait que la messe tridentine s’est maintenue durant 40 ans du fait d’une pression de fidèles, et qu’il institutionnalise cette pression. Dans ces groupes (légaux) « de pression », il y a ceux qui prennent l’initiative, ceux qui adhérent par leurs signatures à l’initiative, et ensuite ceux qui assistent aux célébrations obtenues. Selon mes sondages, les deux premières catégories sont indistinctement composées de fidèles St-Pie-X et de fidèles Ecclesia Dei. En revanche, la grande surprise est qu’une part minoritaire mais notable des fidèles qui assistent aux messes traditionnelles nouvellement célébrées (ou bien déjà existantes, mais devenues encore plus « légales » depuis le motu proprio) sont des fidèles qui pratiquaient antérieurement selon le missel de Paul VI. Et si les messes nouvellement proposées l’étaient en des lieux et à des heures convenables, ce qui est loin d’être toujours le cas (à Paris, en tout cas), cette catégorie de fidèles croîtrait sensiblement, peut-être même spectaculairement.
A.B. Votre expression de « clergé ordinaire » n’est pas dans le motu proprio… Certains prêtres diocésains sont très heureux et apprennent à célébrer selon la « forme extraordinaire ». Certains sont très hostiles. Le cas le plus intéressant, du point de vue de la psychologie religieuse, est celui des prêtres hostiles qui acceptent cependant les demandes : je connais quelques cas de conversion, et inversement un cas de dépression (pas encore d’infarctus !) Concernant la célébration de la « forme extraordinaire », à moyen terme, on ne peut que faire appel aussi aux prêtres formés à la messe traditionnelle : ils seront, toutes tendances confondues, 10% à 20% des prêtres français en activité dans une dizaine d’année. Mais plus largement, dans ces dix ans, bien des choses vont changer : le nombre des prêtres en activité va s’effondrer dramatiquement ; un certain nombre de diocèses français vont pratiquement cesser d’exister (et à Rome ? Si Dieu prête vie au pape, il aura, dans dix ans, 91 ans). Bref, tous les prêtres de toutes tendances et nuances devront répondre à une situation de passage probable du catholicisme à la marginalité. Chez tous, traditionnels et « officiels », inévitablement, beaucoup de choses seront nécessairement bousculées.
A.B. Les évêques récalcitrants invoquent l’un des trois ou les trois motifs suivants : 1°/ La possibilité d’assister à la « forme extraordinaire » existe déjà en suffisance dans le diocèse ; 2°/ La célébration dans telle paroisse va « diviser » les fidèles ; 3°/ Nous faisons un gros effort pour avoir du Paul VI digne. Concrètement, c’est dans les diocèses où sont déjà célébrées le plus de messes tridentines que le nombre de groupes demandant des célébrations paroissiales est le plus important. Je reviens donc à mon idée (n’y voyez aucune irrévérence !) : il y a une espèce d’utilisation du principe démocratique dans le renversement (ou au moins dans l’équilibrage) liturgique que le pape veut instituer ; et du coup, comme en matière de capitalisme dominant, en matière de liturgie traditionnelle « à la demande », la richesse appelle la richesse… Mais pour continuer à filer cette plaisante métaphore : il faut chercher à éliminer de plus en plus la misère liturgique !
15 mai 2008
[Vittoria Prisciandaro - revue "Jésus"] Dario Castrillon Hoyos : Tradition sans contestation
« Avec le Motu proprio, le Pape a voulu offrir à tous une nouvelle occasion de profiter de l'énorme richesse spirituelle, religieuse et culturelle présente dans la liturgie de rite grégorien. Le Motu proprio a été conçu comme un trésor offert à tous, et non fondamentalement pour répondre aux lamentations ou aux demandes de qui que ce soit. Un bon nombre de personnes qui n’étaient pas initialement impliquées dans cette forme extraordinaire du rite romain ont maintenant pour lui une grande estime. Parmi les fidèles, je distinguerais trois groupes : ceux qui ont un lien quasi organique avec la Fraternité Saint Pie X ; ceux de la Fraternité Saint-Pierre ; et enfin ceux du groupe le plus important et le plus nombreux, formé de personnes éprises de culture religieuse de tous les temps et qui, aujourd'hui, découvrent l'intensité spirituelle du rite ancien, dont de nombreux jeunes. Au cours de ces mois-ci sont nées de nouvelles associations de personnes appartenant à ce dernier groupe ».
« Ils n'ont pas lu le Motu proprio, parce que le Pape affirme que les deux formes doivent s’enrichir mutuellement. Et il est évident que cette richesse liturgique ne va pas être gaspillée. Dans le novus ordo, en quelques années, on lit pratiquement toute la Bible, et c’est là une richesse qui ne s'oppose pas au rite extraordinaire, mais s’y intègre ».
« C’est une multiplicité enrichissante ; c'est un surcroît de liberté culturelle que le Pape introduit sous une forme audacieuse. Du reste, dans les paroisses, il y a beaucoup de différences dans les célébrations, et je ne veux pas parler des abus, parce que ce ne sont pas les abus qui constituent la raison principale du Motu proprio ».
« C’est le cardinal Bertone qui l’a annoncé, et il a le droit de le faire. Mais moi qui suis un serviteur du Pape, je ne l'annoncerai que quand le Pape me dira de le faire. Notre Commission a indiqué au Souverain Pontife que de nombreuses demandes arrivent de chaque partie du monde, dont un très grand nombre sont justifiées, mais dont certaines sont basées sur un manque de connaissance. Le Saint-Père, et seulement lui, dira s'il convient de publier un tel document et quand ».
« La première concerne le latin, parce que - disent les auteurs de ce type de demande - célébrer dans une langue qu’on ne connaît n’est pas pratique. Malheureusement les séminaristes, et même certains prêtres, ne l'ont pas étudié et il leur est donc difficile de célébrer sous la forme extraordinaire. Pour ce faire, ils devraient au moins connaître le canon de la Messe – la partie de la consécration. Nous autres d‘« Ecclesia Dei », nous nous équipons et nous préparons des rencontres, des cours et une communication informatique en vue d’une connaissance approfondie de la liturgie antérieure. Plusieurs cours déjà sont en activité en France, en Allemagne, au Brésil, en Amérique centrale et aux États-Unis. À Tolède, en Espagne, par exemple, nous sommes en train d’évaluer s'il convient de créer un séminaire supplémentaire pour la préparation au rite extraordinaire ou de donner des cours spéciaux dans le séminaire du diocèse. En général on remarque dans le monde académique un certain intérêt pour un retour au latin. Il a été triste au cours de ces années de constater l'abandon non seulement de la langue, mais même de certains contenus théologiques liés à la précision sémantique de la langue latine ».« S'il manque de prêtres dans un diocèse et que seuls trois ou quatre fidèles demandent le rite extraordinaire, le bon sens dit qu’il est difficile de satisfaire cette demande. Cependant, puisque l'intention, la mens du Pape est de concéder ce trésor pour le bien de l'Église, le mieux pour les endroits où il n’y a pas de prêtres, serait d’offrir une célébration selon le rite extraordinaire dans une des Messes dominicales paroissiales. Ce serait une Messe pour tous ; tous, même les jeunes générations, profiteraient de la richesse du rite extraordinaire, par exemple de ces instants de contemplation qui, dans le novus ordo, ont disparu ».
« Je dirais que oui. D’ailleurs cette possibilité avait déjà été approuvée à l'unanimité en 1986 par une commission cardinalice à laquelle participait le cardinal Ratzinger lui-même (mais elle n'était pas devenue opérationnelle). Je serais sûr que cela serait faisable maintenant. ».
« C’est une question de bon sens : pourquoi faire un problème si les personnes qui demandent le rite viennent de paroisses différentes ? Si elles se réunissent et, ensemble, demandent une Messe, elles deviennent un groupe stable, même si elles ne se connaissaient pas au départ. Même le nombre est une question de bonne volonté. Dans certaines paroisses, en particulier à la campagne, les jours ouvrables, les personnes qui participent à la Messe ordinaire sont trois ou quatre et le même cas se produit dans de nombreuses maisons religieuses. Si ces trois personnes demandent la Messe ancienne, faut-il, d’un point de vue pastoral, la leur refuser ? ».
« Oui, mais il faut le voir non pas comme quelque chose qui va à l’encontre des autres, de la majorité, mais qui vise à leur enrichissement et toujours en évitant toute forme d’antagonisme ».
« A première vue, il y a certainement quelques problèmes par rapport à l'Ordination, à l’Onction des malades et même aux divergences de calendrier. En ce qui concerne l'Ordination, dans la forme ancienne, il y avait la tonsure, les ordres mineurs et le sous-diaconat. Cette forme est encore en service et continuera à l'être dans les Institutions liées de façon stable au rite ancien, comme la Fraternité Saint-Pierre, la Fraternité Saint Pie X et d’autres Institutions. Pour l’Onction, avant même le Motu proprio, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait déjà indiqué qu'il n'y a pas de conflit entre les deux formules, et que la formule nouvelle comme l'ancienne sont valides, et elle a dit la même chose au sujet des autres sacrements dont les formules diffèrent. En ce qui concerne les calendriers qui ne coïncident pas toujours, il y a effectivement des problèmes comme dans les cas des fêtes patronales d'une paroisse, des sanctuaires, des congrégations et des instituts religieux, etc. On usera de prudence et de bon sens pour réaliser les accommodements nécessaires. La Commission pontificale « Ecclesia Dei » » s’en occupe aussi.
« Il y a des signes positifs ; il y a un dialogue non interrompu. Il y a quelques jours à peine, j’ai écrit une nouvelle lettre à monseigneur Fellay, le supérieur de la Fraternité, en réponse à sa lettre précédente. Outre les rencontres et la correspondance, nous nous parlons au téléphone. Je considère viable une réconciliation avec la Fraternité Saint Pie X parce que, comme nous l'avons souvent dit à « Ecclesia Dei », il ne s'agit pas d'un vrai schisme mais d'une situation anormale apparue après l'« action schismatique » de monseigneur Lefebvre avec l'attribution de l'épiscopat sans mandat pontifical, à l’encontre de la volonté exprimée par le Pape. Dans mon cœur, j'ai une grande confiance que le Saint-Père réussira à retisser les liens de l'Église avec l’accès de ces frères à la pleine communion. Il restera toujours quelques différences, comme nous en avons toujours eu dans l'histoire de l'Église ».
« Oui, en effet, il y des difficultés relatives à l'interprétation des témoins du Concile à ce sujet et à certaines pratiques concrètes œcuméniques, mais aucun évêque de la Fraternité Saint Pie X ne dira qu'il ne faut pas chercher l'unité des chrétiens ».
« Oui, et d’autres souhaitent le faire aussi. Mais j'ai l'espoir que le groupe entier vienne ; je ne voudrais pas qu'il se divise. Cependant si une personne vient et dit qu'elle veut être rapidement en unité avec le Pape, nous devons l’accepter. Le Motu proprio a aussi suscité le rapprochement d’autres personnes. Par exemple, le 28 mars, j'ai reçu la lettre d'un évêque non catholique qui a décidé d'entrer dans l'Église catholique avec d’autres évêques et des prêtres qui célèbrent la Messe tridentine ».
« Le Pape Benoît XVI, qui possède l'autorité sur toute l'Église, sur chacun des fidèles et des évêques, a établi les nouvelles règles dans le Motu proprio, et la Commission pontificale n’est qu’un moyen à la disposition du Vicaire du Christ pour faire appliquer sa décision. « Ecclesia Dei » est attentive à l'application du Motu proprio en fraternelle harmonie, en compréhension et en collaboration avec les évêques. Il faut éviter les attitudes de divergence avec les pasteurs de la part de personnes, de groupes ou d’institutions à cause du Motu proprio. Les pasteurs, dans l’obéissance au Pape, auront certainement de la compréhension pour les fidèles qui ont un amour particulier envers la tradition liturgique. Avec les évêques qui se sont mis en contact avec nous, j’ai toujours eu de la compréhension ».
« Le Pape Jean XXIII a incorporé la liturgie dans son désir de dialogue entre l'Église et la culture contemporaine. Paul VI a donné un caractère organique aux réformes nées de ce désir. L'Esprit Saint, qui accompagne l'Église en permanence, inspire les changements nécessaires à tout moment de l'histoire, sans rupture violente du processus de perfectionnement qu'il a lui-même inspiré au cours de l’histoire. Benoît XVI, avec ce Motu proprio, unit les richesses des deux stades du processus, en dissipant le malaise de ceux qui ont cru qu’il y avait eu dans le domaine liturgique une rupture inacceptable ».
« N'est-il pas une bonne chose de prier pour nos frères, fils d'Abraham comme nous ? Abraham est le père de la foi, mais il s’inscrit dans une chaîne de salvification dans laquelle on attend le Messie. Et le Messie est arrivé. Dans les Actes des Apôtres nous lisons que 5000 juifs se sont convertis en un jour. Je ne conteste pas la prière du novus ordo, mais je considère comme parfaite celle, actuelle, du rite extraordinaire. Et je prie volontiers pour la conversion de mes nombreux amis juifs, parce que je crois vraiment que Jésus est le Fils de Dieu et le Sauveur de tous ».