SOURCE - Jean Madiran - Présent - 27 mai 2008
Pour l’application du 07.07.07 Le Pape a donné l’exemple
Les déclarations que l’abbé John Berg, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP), a faites à Daniel Hamiche et que publie L’Homme nouveau de samedi dernier, apportent à propos de l‘érection à Rome d’une paroisse personnelle, des précisions capitales sur l’application du motu proprio du 07.07.07 par le Pape, dans le diocèse dont il est l‘évêque.
# Des précisions rendues publiques par l’abbé John Berg ressort notamment :
1. – Le desservant de la paroisse, l’abbé Kramer, a été « présenté par le Supérieur général et agréé par le diocèse ».
2. – Le décret d‘érection « stipule clairement qu’elle [la paroisse] est confiée à la FSSP ». (…) L’abbé Kramer est donc à la fois curé et recteur de l‘église, ce qui garantit que la FSSP en aura l’usage continu (…). C’est une paroisse pleine et entière, où l’on aura le catéchisme et les activités de groupes de fidèles qui façonnent la vie d’une paroisse ».
3. – Car voici le plus important, qui authentifie explicitement les points précédents : « Le contrat passé avec le diocèse de Rome (…) souligne les devoirs [du desservant] de demeurer fidèle au charisme particulier de sa communauté. »
# On accueille sans surprise, mais avec toute l’indignation légitime, la révélation du fait que cette paroisse personnelle de Rome est « la première obtenue par la FSSP en Europe ». Il y a donc tout de même un diocèse en Europe où le Pape peut imposer sa volonté : c’est le sien. Les autres paroisses personnelles de la FSSP sont aux Etats-Unis (six), au Canada (deux), au Nigeria (une). L‘épiscopat européen, ou plus exactement, les sectaires qui exploitent et manipulent sa « collégialité », conservent à l‘égard des rites traditionnels de l’Eglise une hostilité farouche et militante, quasiment haineuse.
# C’est ainsi que se manifeste une tendance épiscopale qui est exactement l’inverse de ce que Benoît XVI a fait à Rome. Elle consiste, en France, à transformer l’accueil des tradis (devenu inévitable) en un piège avec plusieurs étapes. C’est-à-dire détacher de la FSSP les prêtres qui en sont membres pour les intégrer progressivement aux rites diocésains actuels : la catéchèse pour adultes de gauche à la place du catéchisme pour enfants baptisés, la funeste concélébration avec l’arrogante communion dans la main, l’agenouillement interdit, la célébration spectaculaire face aux fidèles, la soumission à la prépotence de la laïcité républicaine et de sa lutte contre toute espèce de discrimination, pour le métissage universel des religions, des ethnies et des civilisations. Tout cela relève d’un même esprit et participe à la même subversion.
# Depuis une quarantaine d’années, la fidélité intrépide à la messe, aux sacrements, au catéchisme traditionnels, de prêtres et de laïcs plus ou moins regroupés dans ou autour de la FSSP, la FSSPX, l’ICRSR, l’IBP, la CRC (etc.) apporte à l’Eglise un vivant témoignage sur la continuité de son être historique et sur la nécessaire permanence surnaturelle et temporelle de son apostolat. Tel est, avec l‘élan de leur jeunesse, le « charisme » commun de ces divers instituts. Il y a ici ou là des problèmes canoniques et des questions administratives à régler, oui. Mais non pas en écrasant ou en cherchant à piéger ce charisme.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 6596 du Mardi 27 mai 2008