Lorsque l’on considère qu’Israël dans l’Ancien
Testament est la préfiguration de l’Eglise Catholique dans le Nouveau, et que
les Philistins, ennemis de longue date des Israélites sont une préfiguration
des ennemis de l’Eglise, il est difficile de ne pas faire la comparaison avec
notre époque.
Jamais l’Eglise n’a été aussi harcelée par ses
ennemis; jamais avec autant de succès.
Jamais auparavant l’Eglise n’avait mené un
combat aussi décisif contre ses ennemis. C’est vraiment pour elle la montagne
de Gelboé.
La bataille est féroce. Les Philistins sont les
modernistes naturellement. Les Israélites sont les catholiques fidèles à leur
sainte Foi. Là les Philistins s’étaient réunis en une force terrible pour
répondre à l’humiliation subie avec le meurtre de Goliath; à notre époque ce
sont les modernistes, humiliés sous le règne de Saint Pie X, qui ont assailli
l’Eglise avec une vigueur nouvelle.
Cependant les braves d’Israël - les Catholiques
fidèles - tombent peu à peu, massacrés dans ce funeste combat.
La constitution d’une grande armée
Un dimanche de novembre 1964, au retour de la
Messe dominicale, je me rappelle avoir été sérieusement démoralisé. C’était le
premier dimanche de l’Avent, et les premiers changements opérés par Paul VI
avaient été introduits dans la Messe. Plus de prières au bas de l’autel, plus
de dernier Evangile. La Messe dialoguée avait été introduite, et quelques
hymnes aux consonances protestantes avaient résonné à nos oreilles. Toutes
choses qui ont été largement dépassées par les standards actuels d’aberration
liturgique; mais instinctivement, je me rendis compte alors que quelque chose
de profond n’allait vraiment pas dans l’Eglise Catholique. Magré mes quatorze
ans, je sentis que la religion protestante s’était infiltrée dans l'Eglise
Catholique.
Ma vie ne devait plus jamais être la même. Le
désarroi intérieur provoqué en moi par les changements ne fit qu’empirer avec
le temps. Les changements s’ajoutaient les uns aux autres; l’Eglise - ou ce qui
semblait l’être - était toujours plus protestantisée.
En 1967 j’entrai au séminaire diocésain pour
suivre mes études secondaires. Naïvement j’avais pensé que le séminaire serait
un paradis d’orthodoxie et de conservatisme par rapport à la paroisse libérale.
En fait, à ma grande tristesse, je découvris dès le premier jour que c’était
tout le contraire. Je me rappelle avoir été horrifié en entendant des
séminaristes plus âgés réclamer le mariage pour les prêtres entre autres
changements libéraux.
Vers 1970 je compris que je ne serais jamais
capable de tenir une fonction dans le contexte de Vatican II, de sa religion du
futur. Je me rendis compte alors de ce qu’allait devenir la religion du Novus
Ordo - exactement ce qu’elle est maintenant. Les
séminaristes libéraux de cette époque sont maintenant prêtres ou évêques, et il
faut s’attendre à bien davantage encore de leur part.
Avec quelques autres séminaristes nous nous
sommes mis à la recherche de diocèses plus conservateurs. En ce temps-là tout
ce que nous recherchions ou espérions était un certain conservatisme, un petit
abri où résister à la tempête du libéralisme. Presque tous les conservateurs
pensaient que l’orage serait bientôt passé, à partir du moment où le
Saint-Père, Paul VI à l’époque, aurait réalisé ce que tramaient les méchants
libéraux, et les aurait châtiés.
Nous pensions tous: Le Saint-Père ignore tout de
ce qui se passe - voilà quelle est la raison du libéralisme. - Chaque année le
séminaire devenait plus libéral; et tous les ans je me disais, “C’est pour l’an
prochain, ça va craquer”. Ca n’a jamais craqué.
Dans la tête de tout conservateur il y avait
toujours l’idée implicite que les libéraux étaient de vrais catholiques, mais
qu’ils se laissaient entraîner. Une fois qu’ils auraient vu que les changements
n’allaient pas, ils feraient marche arrière.
C’est au cours de ces années-là qu’avec d’autres
séminaristes, nous nous mîmes à fréquenter la Fordham University dans le Bronx
pour écouter les conférences du Dr von Hildebrand sur les changements.
Je fus introduit par le Dr William Marra, bien
connu aujourd’hui. Je lisais également le magazine Triumph
et toutes les publications traditionnelles ou conservatrices
sur lesquelles je pouvais mettre la main.
Mais rien n’y faisait. Tout allait de mal en
pis.
Finalement, fin 1970, un de mes camarades
séminaristes eut l’idée d’écrire à The Voice,
journal traditionnel publié dans le nord du comté de New York, pour demander si
quelqu’un aurait entendu parler de l’existence d’un séminaire traditionnel
quelque part dans le monde.
La lettre fut publiée. Un prêtre du nom de
Father Ramsey répondit. Il disait ne rien connaître de valable aux Etats Unis,
mais il avait entendu parler d’un petit séminaire tout récemment fondé, en
Suisse, par un Archevêque français. En outre, cet Archevêque devait venir aux
Etats Unis au printemps prochain.
Intéressé évidemment, j’écrivais à cet
Archevêque et, assez rapidement, recevais une aimable réponse. Il venait en
mars et serait heureux de me rencontrer ainsi que d’autres séminaristes
intéressés. Cette rencontre avec Mgr Lefebvre eut lieu à New York le lundi 15
mars 1971. Encore une fois ma vie prenait un tournant décisif.
Cette conversation avec Mgr Lefebvre contenait en
germe toutes les forces et tous les problèmes qui
seraient le partage du mouvement traditionnel dans le futur.
Son Excellence était en chemin pour Covington,
Kentucky, où elle devait rencontrer un autre membre de la Congrégation du
Saint-Esprit, l’Evêque de Covington.
L’Archevêque entama la conversation en nous
montrant l’approbation qu’il avait obtenue du Diocèse de Fribourg pour la
Fraternité. Il était donc clair qu’il avait l’intention de travailler à
l’intérieur de la structure du Novus Ordo.
A l’époque aucun d’entre nous n’aurait jamais pensé agir diversement - nous
cherchions seulement un refuge, un endroit où pouvoir être catholique et nous
occuper de nos propres affaires.
Dans la suite de la conversation cependant,
Monseigneur Lefebvre expliqua qu’il était nécessaire de conserver la Messe Latine
exclusivement, et que c’était la messe en usage dans son séminaire.
Quoiqu’heureux à l’idée de retrouver la Messe Latine traditionnelle, car je haïssais
la Nouvelle Messe, l’idée de conserver la traditionnelle me
troublait. Considérant que Paul VI était le Pape, ce que nous pensions tous à
l’époque, comment pouvais-je lui résister sur ce point? Je me rappelle que l’un
des séminaristes lui souleva cette objection.
L’Archevêque donna une vague réponse concernant
sa légalité, et il insista davantage sur la nécessité de conserver la Messe
traditionnelle pour sauvegarder la Foi. Il avait évidemment raison mais la
question de la légalité demeurait, déconcertante et troublante.
Cette conversation faisait présager tous les
événements qui se dérouleraient par la suite. Le désir de collaborer avec le Novus
Ordo allait finalement entrer en conflit avec la
résolution de maintenir la Messe traditionnelle et la Foi Catholique en
général.
L’Archevêque, et avec lui la Fraternité, allait passer vingt-cinq ans
d’agonie à essayer de marier ces deux éléments contradictoires: le Novus
Ordo et la Foi Catholique. Et parce que le Novus
Ordo est promulgué par le “pape”, l’Archevêque et la
Fraternité chercheront une voie moyenne impossible entre reconnaître en lui
l’autorité du Christ et résister en lui à l’autorité du Christ.
Ces deux tendances contradictoires de
Monseigneur Lefebvre, travailler avec le Novus Ordo d’un
côté et de l’autre préserver la Foi Catholique, seront à l’origine des deux
factions qui prendront naissance à Ecône: la ligne
des mous, les libéraux qui préféreront le compromis avec
la Foi Catholique dans le but d’obtenir l’approbation du Novus
Ordo, et la ligne des
durs qui préféreront abandonner tout espoir
d’approbation de la part du Novus Ordo plutôt
que de compromettre la Foi.
Comme je le disais il y a dix ans dans un
article intitulé
The Crux of the Matter,
Monseigneur donna aux deux factions des motifs d’espérance. Certaines
déclarations et certains actes se rangeaient du côté des
mous,
d’autres du côté des
durs.
Le résultat fut que chaque parti pouvait se vanter d’être l’interprète des
idées et des tendances de Monseigneur.
En fait celui-ci suivait une voie qui n’était ni
celle de l’un ni celle de l’autre parti. La méthode qu’il préconisait pour
résoudre la crise de l’Eglise consistait à mettre sur pied une grande armée de
prêtres traditionalistes qui seraient
envoyés partout
dire la Messe; par leur Messe et leur apostolat ils auraient
attiré les catholiques. Le
Novus Ordo périra
faute de vocations, pensait-il, et rapidement le Vatican et les évêques devront
capituler devant le fait que les seuls prêtres à demeurer seront
traditionalistes. Bon gré mal gré ils devront retourner à la tradition. Par
ailleurs, Monseigneur sentait qu’il était absolument nécessaire de préserver la
doctrine catholique, la liturgie et la pratique et par conséquent de résister à
l’autorité du
Novus Ordo,
c’est-à-dire, en particulier à Paul VI.
De ce double propos naquit la seule solution
possible: “le filtrage”. Reconnaître l’autorité du Novus Ordo comme l’autorité
catholique, mais passer au filtre ses doctrines, ses lois et sa liturgie pour
retenir ce qui est catholique et rejeter ce qui ne l’est pas.
Aussi Monseigneur Lefebvre chercha-t-il à former
des séminaristes qui acceptent cette solution et, bien entendu, regardent la
Fraternité - c’est-à-dire lui - comme l’autorité habilitée à jouer ce rôle de
“filtre”. C’est ainsi que prit naissance le “
culte de
Monseigneur”. Incapables de résoudre le problème de
l’autorité, les séminaristes considéraient Monseigneur Lefebvre comme le
porte-parole exceptionnel de Dieu dans cette crise. Rome n’était plus un
problème du moment que Monseigneur était là pour en interpréter la pensée et
pour nous conduire entre les divers obstacles modernistes qu’elle suscitait.
De 1970 à 1975, ces trois courants,
ligne
des durs,
ligne des mous et
ligne de Monseigneur se développèrent parallèlement et n’eurent que de rares
accrochages d’ordre mineur. Les “durs” faisaient connaître ouvertement leurs
opinions sédévacantistes vis -à-vis de Paul VI. Ils ne voyaient pas non plus la
nécessité de cacher leur allégeance au Bréviaire et aux rubriques de Saint Pie
X , et partout dans le séminaire, on pouvait voir des séminaristes avec ces
bréviaires.
En classe, les “durs” bataillaient contre les
professeurs de tendance moderniste; un certain anglais bien connu, maintenant
évêque, menait la troupe. Les “mous” défendaient les professeurs et harcelaient
les “
durs”. Monseigneur
Lefebvre restait généralement en dehors.
En 1974, le Vatican décida d’effectuer une
enquête sur Ecône et envoya des Visiteurs interviewer enseignants et
séminaristes. Prévoyant que le rapport serait mal reçu, Monseigneur Lefebvre
fit sa fameuse Déclaration qui plut beaucoup aux “
durs”
et fut un coup pour les “
mous”.
Un an plus tard, en mai 1975, Paul VI interdisait la Fraternité. Monseigneur
Lefebvre décida de résister et maintint ouvert son séminaire d’Ecône. Les “
durs”
jubilaient, pleins d’enthousiasme pour cette nouvelle guerre ouverte avec le
modernisme plus particulièrement localisé au Vatican. Ils n’avaient rien à
faire de l’interdiction, considérant les actes de Paul VI comme nuls et non
avenus.
Pour les “
mous”
c’était la tempête. Beaucoup quittèrent Ecône. Ceux de la ligne de Monseigneur
se turent et continuèrent loyalement à le suivre.
Les événements, de 1975 à 1978, firent présager
le triomphe des “
durs”.
Monseigneur semblait abandonner tout espoir, et même tout désir de se
réconcilier avec le moderniste Montini. Il parlait de l’église de Vatican II
comme d’“une église schismatique” et de la nouvelle Messe comme d’une “ Messe
bâtarde”. A ce moment-là il semblait que la dichotomie du Monseigneur Lefebvre
des années précédentes se soit résolue avec la décision logique et cohérente de
poursuivre la guerre avec le
Novus Ordo.
La Fraternité aurait été la grande armée de l’Eglise Catholique face à ses
ennemis modernistes, les Philistins, à l’intérieur des murs, les murs du
Vatican principalement. Elle aurait attiré les vocations du monde entier, les
aurait formées selon l’esprit de l’Eglise catholique et anti-moderniste pour
les renvoyer ensuite sur les champs de bataille de tous les coins de la terre.
Le futur s’annonçait brillant, sûr, glorieux.
C’est alors qu’eut lieu un événement qui fit la
joie de beaucoup de gens: Paul VI cessa de vivre. C’était le 6 août 1978.
L’embrassement fatal
Les quelques jours concédés à Luciani étant
écoulés, c’est l’actuel et apparemment immortel Wojtyla qui fut élu, en octobre
1978, comme troisième “pape” de Vatican II.
Monseigneur voulut voir le nouveau “pape”. La
rencontre eut lieu peu de temps après l’élection de Wojtyla. Au cours de cette
conversation historique, Wojtyla déclara à Mgr Lefebvre qu’il pouvait continuer
tout en “acceptant le Concile à la lumière de la tradition”, formule que
Monseigneur avait toujours utilisée jusqu’alors dans sa tentative de
coexistence avec “le
Novus Ordo”.
Cela signifiait: pour Monseigneur, évaluer le Concile pour en retenir seulement
ce qui était catholique; pour Wojtyla, avoir une autre couleur dans le spectre
des idées. Pour Monseigneur Lefebvre c’était la reprise des espoirs, nourris
avant le pontificat de Paul VI, de recevoir l’approbation de la part du
Novus
Ordo ; pour Wojtyla, c’était le moyen de réintégrer
les traditionalistes dans une “High Church”. Pour Mgr Lefebvre c’était l’espoir
d’obtenir une chapelle latérale traditionaliste à l’intérieur de la cathédrale
moderniste; pour Wojtyla également.
Cet espoir de réconciliation les ayant réunis,
Wojtyla donna à Monseigneur une accolade fatale. La guerre était finie.
Du moins celle-là. Après cette entrevue, il ne
restait à Monseigneur qu’une chose à faire:
transformer la ligne dure de sa Fraternité
rangée en ordre de bataille en un instrument de compromis plein de souplesse.
Le dialogue allait être l’ordre du jour pour les années à venir, et il avait
besoin derrière lui d’un clergé qui travaille, non pas l’épée mais la plume en
main, à la signature d’un traité de paix avec les saboteurs du catholicisme.
Il s’ensuivit un règne de terreur à l’intérieur
de la Fraternité. Convaincu qu’il avait désormais à mettre sur pied une armée
de dialogueurs et de gens disposés au compromis pour faire aboutir sa longue
recherche en vue de l’approbation du Vatican moderniste, Monseigneur réalisa
qu’il devait ou convertir ou éliminer l’opposition. C’est ce qu’il fit avec une
décision implacable et même cruelle. Le sédévacantisme fut banni. Il vous
fallait ou bien reconnaître que Jean-Paul II était pape, ou bien vous en aller
et vivre dans l’exil et la pauvreté.
A la grande joie des
mous,
tout
dur de la
Fraternité fut systématiquement démoli, soit par la conversion obtenue par des
pressions, soit par l’expulsion. C’est avec l’expulsion des quatre prêtres
italiens que se conclut le procédé en 1986, et pas un de ceux qui considéraient
Wojtyla comme l’ennemi ne demeura à la Fraternité. La voie était dès lors
ouverte pour un compromis qui permettrait la coexistence, la chapelle latérale
dans la Cathédrale moderniste de l’OEcuménisme.
En dépit de l’échec de la réunion d’Assise, et
malgré d’autres crimes oecuméniques outrageants de la part de Wojtyla, les
négociations avec l’ennemi poursuivirent leur cours jusqu’au jour fatidique du
Protocole:
5 mai 1988, fête de Saint Pie V, quelle coïncidence!
Après des mois de négociation avec Ratzinger, un
document considéré comme préparatoire avant le dernier accord définitif plus
formel, fut présenté à la signature de Monseigneur Lefebvre. Dans ce fatidique
Protocole,
comme on l’appelle, Monseigneur Lefebvre 1) promettait fidélité à Jean-Paul II
et au corps des évêques du
Novus Ordo;
2) il était d’accord pour accepter le chapitre 25 de
Lumen
Gentium, reconnaissant ainsi Vatican II comme
l’enseignement de l’Eglise catholique sans aucune réserve; 3) il acceptait le
dialogue avec le Vatican sur des points disputés à Vatican II, la nouvelle
liturgie, les problèmes disciplinaires, en “évitant toute polémique”, autrement
dit en abandonnant la dénonciation publique d’erreur; 4) il reconnaissait la
validité de la Nouvelle Messe et des nouveaux sacrements tels qu’ils étaient
promulgués par Paul VI et Jean-Paul II dans leurs éditions officielles, ce qui
implique qu’il s’agit là de rites Catholiques promulgués par l’Eglise ne
pouvant donc être invalides; 5) il reconnaissait le Code de Droit Canon qu’il
avait de sa propre bouche déclaré rempli d’erreurs sinon d’hérésies.
En retour Ratzinger concédait à la Fraternité
une place dans ce que Monseigneur Lefebvre avait toujours appelé “l’église
conciliaire”. De plus, il était d’accord pour suggérer au “Saint Père” de
nommer un évêque choisi parmi les membres de la Fraternité. En outre encore le
Vatican acceptait de constituer une “Commission de la Tradition” pour aider à
sauvegarder les pratiques traditionnelles.
Le lendemain même, le 6 mai, Monseigneur Lefebvre
violait l’accord à peine accepté en disant à Ratzinger que si le “Pape” n’avait
pas nommé un évêque et préparé le Mandat Apostolique (la permission de
consacrer) à la mi-juin, il procéderait sans plus attendre à la cérémonie. Il
avançait comme raison le fait que remettre l’événement à plus tard causerait
chez les traditionalistes une sentiment de désillusion. De plus, ajoutait-il,
“hôtels, moyens de communication, tentes immenses à monter pour la cérémonie,
devraient être retenus”.
Ratzinger et Monseigneur se rencontrèrent le 24
mai. Ratzinger assura Monseigneur que le “Saint Père” choisirait un évêque dans
la Fraternité et qu’il approuverait une consécration faite le 15 aôut,
quarante-cinq jours seulement après le 30 juin tant désiré. Monseigneur répondit
par deux lettres, l’une à Ratzinger, l’autre à Wojtyla; il insistait sur le
nombre trois pour les évêques, sur la date du 30 juin pour la consécration, et
il demandait que la “Commission pour la Tradition” comporte une majorité de
membres de la Fraternité.
Ratzinger répondait le 30 mai en insistant sur
les termes du
Protocole du
5 Mai, et sur la soumission de l’Archevêque au “Pape” en ce qui concernait la
consécration. Le 2 juin Monseigneur répondait en dénonçant l’esprit de Vatican
II, et il annonçait à Ratzinger qu’il avait l’intention de procéder à la
consécration le 30 juin, se réclamant de la “permission” accordée par Rome pour
le 15 août.
Les tergiversations continuaient. Le 15 juin,
Monseigneur Lefebvre donnait une conférence de presse dans laquelle il
déclarait que Jean-Paul II n’est pas catholique, qu’il est excommunié, qu’il
est en dehors de l’Eglise, mais qu’il est néanmoins le chef de l’Eglise. Le 16,
il disait à un journaliste qu’il changerait d’opinion si Jean-Paul II - qui la
veille n’était même pas catholique - approuvait ses quatre évêques.
Le 30 juin Monseigneur Lefebvre consacrait ses
quatre évêques. Le 2 juillet Jean-Paul II l’excommuniait lui et tous ceux qui
le suivent.
Les deux visages de l’Archevêque
Le
déroulement de ces tractations avec le Vatican moderniste montre de façon
évidente qu’il y avait en Monseigneur Lefebvre deux aspects opposés, capable
chacun de dicter sa propre théorie distincte et contradictoire ainsi que son
propre mode d’action.
D’un côté il y avait la foi de Monseigneur. Je
le connaissais depuis de nombreuses années et je peux attester du fait que,
de
coeur, il était profondément catholique,
anti-libéral, antimoderniste.
Il détestait les changements de Vatican II, et,
comme nous tous, aspirait au retour de la Foi catholique.
D’autre part il y avait la diplomatie de
l’Archevêque. Il y croyait fermement, et, bien entraîné dans cet art pour avoir
été Délégué Apostolique, il pensait pouvoir résoudre les problèmes de l’Eglise
au moyen de la diplomatie.
Libérée des considérations diplomatiques, sa foi
resplendissait, enflammée par sa force d’âme. Les énonciations qu’il faisait
dans ces moments d’humeur non-diplomatique et sans calcul étaient excellents.
Ils étaient exactement ce dont l’Eglise avait besoin: une simple déclaration
sans ambiguïté de la vérité, une dénonciation directe des modernistes, un
programme fort d’action positive contre eux au moyen de la formation et de
l’ordination de prêtres traditionnels. C’est dans ce dernier aspect que réside
toute la grandeur de Monseigneur Lefebvre.
Par contre, lorsque la diplomatie dictait ses
pensées et ses actions, une toute autre personne se faisait jour. Prêt à faire
de honteuses capitulations pour atteindre son but, il offrait en pâture aux
modernistes des affirmations ambiguës, espérant qu’ils s’en contenteraient pour
lui
assurer une place à la table moderniste. Par
exemple, tout en ne voulant rien savoir de la Nouvelle Messe, il accepta
officiellement d’autoriser la célébration d’une Nouvelle Messe dans la vaste
église parisienne de Saint-Nicolas-du-Chardonnet:
Le Cardinal [Ratzinger] nous fait savoir
qu’il serait alors nécessaire d’autoriser la célébration d’une Nouvelle Messe à
Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Il insiste sur l’existence d’une seule église,
celle de Vatican II. Malgré ces déceptions, je signe le Protocole du 5 mai. [Dossier sur les consécrations épiscopales, Ecône 1988, p. 4.]
Sous l’influence de la diplomatie, son courage
habituel se transformait en une faiblesse indicible et craintive devant les
adversaires de l’Eglise. Ainsi en 1974, c’est en réalisant que sa brillante
Déclaration
était une
gaffe diplomatique,
qu’il avait présenté comme excuse au Cardinal Seper, excuse indigne de sa foi
et de sa force, qu’elle avait été composée dans un moment de colère.
A Ratzinger, dans une tentative d’amener le
Vatican à approuver les consécrations espérées, il avançait comme raison que
les “tentes étaient déjà louées”, comme si ces consécrations n’étaient guère
davantage qu’une réception de mariage.
Pensait-il réellement que le Vatican se
laisserait toucher par une histoire de tentes?
Pensait-il vraiment que l’inconvénient de
décommander les tentes avait quelque chose à voir avec l’affaire du moment?
Bien sûr que non. En réalité Monseigneur savait dans son coeur que Jean-Paul II
n’était pas plus pape que vous et moi, et ses relations avec lui n’étaient pas
la traduction d’un esprit de soumission à son “autorité” mais plutôt une
tentative pour obtenir de Wojtyla ce que Wojtyla pouvait donner: une apparence
de légitimité.
La preuve en est dans la position qu’il exprima
aux quatre futurs évêques le 28 aôut 1987, juste avant que commence le long
processus des négociations finales: “La Chaire de Pierre”, leur écrit-il, “et
les positions d’autorité à Rome sont occupées par des antéchrists” [Dossier sur les consécrations épiscopales, Ecône 1988, p. 4.]. Comment pouvait-il honnêtement mener des négociations
avec ces antéchrists s’efforcer d’obtenir d’eux la reconnaissance, de façon à
travailler de concert avec eux? On se le demande. Comment pouvait-il appeler
Vicaire du Christ celui qu’il condamnait comme antéchrist?
La réponse réside dans les deux visages de
Monseigneur Lefebvre.
Comme deux disques aux
enregistrements différents qui tournent en même temps, les deux aspects de
Monseigneur Lefebvre, celui de la foi et celui de la diplomatie, pouvaient se
manifester simultanément, parfois le même jour, dans ses déclarations, dans ses
prises de position et dans ses actes.
LES DEUX VISAGES DE MONSEIGNEUR LEFEBVRE
D’UN COTE:
LETTRE DE MONSEIGNEUR LEFEBVRE A JEAN-PAUL II, POUR
DEMANDER RECONNAISSANCE ET COEXISTENCE - 8
mars 1980 (cf.
Itinéraires,
août 1982, pp. 22-23)
Séminaire International Saint Pie X, 8 mars 1980
Très Saint Père,
Afin de mettre fin à
des doutes qui se répandent actuellement soit à Rome, soit dans certains
milieux traditionalistes d’Europe et même d’Amérique concernant mon attitude et
ma pensée vis-à-vis du Pape, du Concile et de la Messe du Novus Ordo et
craignant que ces doutes ne parviennent jusqu’à Votre Sainteté, je me permets
d’affirmer à nouveau ce que j’ai toujours exprimé:
1) Que je n’ai aucune hésitation sur la légitimité et
la validité de Votre élection et qu’en conséquence je ne puis tolérer que l’on
n’adresse pas à Dieu les prières prescrites par la Sainte Eglise pour Votre
Sainteté. J’ai dû déjà sévir et continue de le faire vis-à-vis de quelques
séminaristes et quelques prêtres qui se sont laissés influencer par quelques
ecclésiastiques étrangers à la Fraternité.
2) Que je suis pleinement d’accord avec le jugement
que Votre Sainteté a porté sur le Concile Vatican II, le 6 novembre 1978 à la
réunion du Sacré Collège: “que le Concile doit être compris à la lumière de
toute la Sainte Tradition et sur la base du magistère constant de la Sainte
Eglise”.
3) Quant à la Messe du Novus Ordo, malgré toutes les
réserves qu’on doit faire à son égard, je n’ai jamais affirmé qu’elle est de
soi invalide ou hérétique.
Je rendrais grâce à Dieu et à Votre Sainteté, si ces
claires déclarations pouvaient hâter le libre usage de la Liturgie
traditionnelle et la reconnaissance par l’Eglise de la Fraternité sacerdotale
Saint Pie X ainsi que de tous ceux qui, souscrivant à ces déclarations, se sont
efforcés de sauver l’Eglise en perpétuant sa Tradition.
Que Votre Sainteté daigne agréer mes sentiments de
profond et filial respect en Jésus et Marie.
Marcel Lefebvre ancien Archevêque de Tulle
DE
L’AUTRE:
EXTRAIT DE LA DECLARATION DE MONSEIGNEUR LEFEBVRE DU 2
août 1976 (cf.
Itinéraires, n° spécial avril 1977,
La
condamnation sauvage de Mgr Lefebvre, pp. 175-177, 8ème édition)
D’autre part il nous apparaît beaucoup plus certain
que la foi enseignée par l’Eglise pendant vingt siècles ne peut contenir
d’erreurs, qu’il n’est d’absolue certitude que le pape soit vraiment pape.
L’hérésie, le schisme, l’excommunication ipso facto, l’invalidité de l’élection
sont autant de causes qui, éventuellement, peuvent faire qu’un pape ne l’ait
jamais été ou ne le soit plus. Dans ce cas évidemment très exceptionnel,
l’Eglise se trouverait dans une situation semblable à celle qu’elle connaît
après le décès d’un souverain pontife.
Car enfin un problème grave se pose à la conscience et
à la foi de tous les catholiques depuis le début du pontificat de Paul VI.
Comment un pape vrai successeur de Pierre, assuré de l’assistance du Saint-Esprit,
peut-il présider à la destruction de l’Eglise, la plus profonde et la plus
étendue de son histoire en l’espace de si peu de temps, ce qu’aucun hérésiarque
n’a jamais réussi à faire?
Tous ceux qui coopèrent à l’application de ce
bouleversement, acceptent et adhèrent à cette nouvelle Eglise conciliaire comme
la désigne Son Excellence Mgr Benelli dans la lettre qu’il m’adresse au nom du
Saint Père, le 25 juin dernier, entrent dans le schisme.
Une armée qui combat pour la coexistence
avec les hérétiques
On entend souvent dire que s’il n’y avait pas eu
Monseigneur Lefebvre, il n’y aurait pas de mouvement traditionaliste du tout,
pas de prêtres, pas de Messe traditionnelle, rien.
Cette affirmation est en grande partie vraie.
Remarquons qu’il est impossible de dire ce qu’auraient fait d’autres évêques si
le mouvement traditionnel n’avait pas été “pris en mains” par Mgr Lefebvre. Il
est aussi permis de penser que certains évêques peuvent s’être éloignés,
effrayés par ce qu’ils percevaient comme une position essentiellement
non-catholique consistant à affirmer que Wojtyla a l’autorité de Pape, et à
l’ignorer dans le même temps. Du fait de cette position impossible de
Monseigneur Lefebvre, presque tout le mouvement traditionnel porte sur son
visage une flétrissure non-catholique. C’est à Monseigneur Lefebvre cependant
qu’il appartient d’avoir conçu l’idée d’une grande armée de prêtres disséminés
dans le monde entier qui travaillent d’une manière cohérente et unifiée contre
le clergé moderniste. C’est à lui que revient le mérite d’avoir mis en place un
système pour réaliser ce but avec la fondation de séminaires et l’implantation
de nombreuses maisons religieuses, d’écoles, de couvents et de noviciats. C’est
encore à lui que revient le mérite d’avoir formé une armée bien équipée, du
moins sur le plan matériel et organisationnel.
Grâce à cette prouesse matérielle et organisationnelle,
ainsi qu’au charisme qui lui attirait naturellement tant de gens, il entraîna
derrière lui presque toutes les vocations à la prêtrise de ceux qui résistaient
aux changements. La création d’Ecône en 1970 fut l’appel au clairon des troupes
de l’Eglise pour la dernière bataille avec les puissances des ténèbres, avec
les portes de l’enfer. Beaucoup répondirent à l’appel et continuent à y
répondre. C’est la jeunesse choisie d’Israël dans la bataille féroce contre les
Philistins.
Cependant comme lors de la bataille sur la
montagne de Gelboé, notre jeunesse d’élite est en train de se faire massacrer
et l’armée de se faire battre par les Philistins.
Car aussi lontemps que l’armée des prêtres
résistant au modernisme ne réalise pas que les Philistins sont l’ennemi, elle
sera anéantie.
En effet si c’est à Monseigneur Lefebvre que
revient le mérite d’avoir levé et équipé cette armée de prêtres, c’est
également à lui que revient la responsabilité d’avoir entraîné ces prêtres -
ainsi que les simples laïcs qu’ils assistent - dans le piège du grand ennemi.
Ce piège de l’ennemi consiste à appâter la résistance au modernisme en la
faisant passer pour une branche traditionnelle de la religion moderniste, une
“High Church”, sur le modèle du rameau conservateur de l’anglicanisme.
Ce piège, cette “solution” du problème de
Vatican II et de ses réformes sert parfaitement les fins du modernisme. Comme
l’araignée dans sa toile, il capture ainsi virtuellement à l’intérieur de sa
religion réformée, hérétique, toute résistance que pourrait lui opposer le
catholicisme. Il la capture, il lui pose ses conditions, la contient et la
dévirilise. L’Eglise “catholique” serait alors aux yeux du monde entier
semblable à l’Eglise d’Angleterre, une église où l’adhésion à la Foi catholique
serait réduite à la pompe liturgique et où la “croyance catholique” serait en
communion avec l’hérésie. Un tel système réduit l’Eglise catholique à une
secte, car elle ne peut prêter le nom de catholique aux hérétiques modernistes
et en même temps s’appeler la véritable Eglise du Christ.
C’est pourtant la solution que les lefebvristes
voient aux problèmes de l’Eglise:
coexistence des modernistes et des catholiques
dans la même Eglise, au sein de laquelle ils auraient leurs églises et nous les
nôtres, tous sous le même pape qui serait le Saint-Père tant des hérétiques que
des catholiques.
Cette attitude n’est pas de Dieu. Jamais dans
l’histoire de l’Ancien ou du Nouveau Testament, Dieu n’a fait de compromis avec
ses ennemis. Jamais Il n’a permis le mélange de fausses religions avec Sa
doctrine sacrée. C’est même, en fait, pour cette raison, parce qu’il cherchait
toujours à mélanger sa foi divinement révélée avec les religions païennes des
peuples voisins, que dans l’Ancien Testament le peuple élu était continuellement
châtié.
Non, ou bien Vatican II est de Dieu, ou bien il
n’est pas de Dieu. Ou bien les changements apportés par ce Concile viennent du
Saint-Esprit ou ils ne viennent pas du Saint-Esprit. S’ils viennent du
Saint-Esprit, ils doivent être alors acceptés et notre résistance est péché.
S’ils ne viennent pas du Saint-Esprit, c’est qu’ils viennent du démon et il
n’existe qu’une réponse de l’Eglise dans ce cas, c’est l’
anathème,
mille fois l’
anathème et
l’excommunication de tous les hérétiques. Pas de coexistence avec l’hérésie et
les hérétiques. Réclamer une telle coexistence, c’est réduire l’Eglise à une
secte, comme celles des protestants.
La résistance que nous opposons à Vatican II et
à ses changements n’a donc pas pour but l’obtention d’une chapelle latérale
traditionnelle à l’intérieur de la grande cathédrale moderniste. Non, notre
voix s’élève pour rejeter et dénoncer l’hérésie, c’est la voix de la foi contre
ces hérétiques qui ont envahi nos édifices sacrés et les ont remplis de
l’abomination hérétique.
Monseigneur Lefebvre a pourvu ses prêtres de
tout excepté de la théologie adéquate pour distinguer les ennemis de l’Eglise;
il a formé une armée qui ne sait pas où est l’ennemi. Ils combattent pour la
“reconnaissance” par les “autorités” modernistes. Ils cherchent à être absorbés
par les Philistins, pas à les vaincre. Ils veulent travailler avec le
modernisme à l’intérieur de Vatican, et non l’en extraire. Ils combattent pour
la coexistence avec les modernistes, pour le partage de la même Eglise avec les
hérétiques.
L’esprit de “négociation avec Rome” continue à
faire son chemin à l’intérieur de la Fraternité. Le terme même sonne
schismatique car les catholiques ne négocient pas avec Rome, ils se soumettent
à Rome. Peu de temps après les consécrations de 1988, Monseigneur Lefebvre
déclarait que les négociations continuaient, et qu’il se pouvait que dans cinq
ans tout soit résolu. Récemment encore nous avons entendu parler de nouvelles
négociations, de nouveaux pas vers Wojtyla.
Veritas
Splendor, la dernière encyclique de Wojtyla, a fait
l’objet de l’éloge du
Recteur d’Ecône (!)
qui l’a qualifiée “d'anti-libérale, anti-oecuménique, anticollégiale” “ne
nécessitant aucune révision”.
La racine du problème
La
raison pour laquelle la Fraternité poursuit la voie de la négociation avec les
modernistes, avec pour but ultime d’être absorbée par eux, c’est qu’elle
considère que Wojtyla a l’autorité papale. Elle sent la nécessité de se
soumettre à lui, d’être reconnue par lui, pour être soumise au Christ, pour être
reconnue par le Christ. Car l’autorité papale est l’autorité du Christ
Cependant, dans le même temps, à la Fraternité, ils regardent presque tout ce
que dit ou fait Wojtyla comme hérétique, erroné, scandaleux ou dangereux pour
les âmes. Ils disent ouvertement qu’un catholique ne peut pas survivre
spirituellement au
Novus Ordo.
C’est-àdire que la Messe et les sacrements, la doctrine et la discipline qui
nous ont été donnés officiellement par le Pape (Pape à leurs yeux) sont
tellement nocifs pour les âmes que c’est pour elles une cause de mort
spirituelle.
Devant ce danger de mort spirituelle pour les
âmes, la Fraternité considère qu’elle a
carte blanche pour
continuer tout l’apostolat qu’elle veut dans n’importe quel diocèse du monde.
Dans le même temps, elle poursuit les
négociations avec l’agent de mort spirituelle, dans l’espoir de pouvoir
travailler coude à coude avec lui dans les diocèses, comme le fait la
Fraternité Saint-Pierre.
Que la Fraternité abandonne cette position
insoutenable et adopte la position
catholique,
et elle deviendra alors la véritable et courageuse armée de résistance qu’elle
aurait toujours dû être.
Leur position est absurde parce qu'avec leur
façon de voir ils
combattent la
véritable Eglise catholique dont ils veulent faire partie. Mais les catholiques
ne
combattent pas
leur Eglise, ils s’y soumettent parce qu'elle est indéfectible et infaillible.
Elle est l’Eglise du Christ, et son autorité est l’autorité du Christ.
Il est donc impossible que l’autorité catholique
- l’autorité du Christ - prescrive pour l’Eglise catholique tout entière des
doctrines, des disciplines, des Messes ou des sacrements erronés ou fauteurs de
mort; telle est la position catholique. Puisque les réformes de Vatican II sont
fausses et cause de mort, il est impossible qu’elles procèdent de l’autorité
catholique, l’autorité du Christ. Il est par conséquent impossible que Wojtyla
ait l’autorité papale qu’il prétend posséder. Il ne représente pas l’Eglise
catholique. Les réformes de Vatican II ne nous viennent pas de l’Eglise
catholique.
La conclusion pratique de la position catholique
est évidente:
il ne peut y avoir de compromis avec les
hérétiques des chancelleries vaticane et épiscopales. Il
est du devoir de l’Eglise de dénoncer les modernistes et les imposteurs qui
prétendent avoir l’autorité catholique, et de pousser les catholiques à ne pas
leur donner de crédit, à leur refuser le nom
de catholique. Cette dénonciation de leur fausse
autorité est essentielle à l’indéfectibilité de l’Eglise, car l’Eglise serait
défectible si elle acceptait comme catholiques les doctrines, disciplines et
liturgie non-catholiques qui sont émanées de Vatican II, de Montini et de
Wojtyla.
La Fraternité Saint-Pierre, une fille de
Monseigneur Lefebvre
Les effets désastreux de la diplomatie de
Monseigneur Lefebvre et de la fausse ecclésiologie sur laquelle elle est basée,
on les voit dans la Fraternité Saint-Pierre et dans la Messe de l’Indult. La
seule et unique raison pour laquelle nous avons et l’une et l’autre est que
Monseigneur Lefebvre les a demandées et a travaillé dur pour les obtenir.
L’idée d’une congrégation religieuse travaillant
à l’intérieur des structures diocésaines du
Novus
Ordo, tout en conservant dans le même temps la Messe
et la théologie traditionnelles, a été, dès le début, le rêve de Monseigneur
Lefebvre. Ce rêve se réalisa lorsque le
Protocole fut
posé devant lui pour qu’il y appose sa signature. Il obtenait enfin ce que, si
longtemps et grâce à une habile diplomatie, il avait cherché à obtenir et
projeté. Et si l’on peut dire que, sans Monseigneur Lefebvre, nous n’aurions
aucun prêtre traditionaliste, on peut également dire que, sans Monseigneur
Lefebvre, nous n’aurions pas de Fraternité Saint-Pierre ni de Messe avec
Indult. Je crois qu’avec le temps, Fraternité Saint-Pierre et Messe de l’Indult
supplanteront la Fraternité Saint-Pie X. C’est une question de bon sens: si
Wojtyla est le Pape et Vatican II un vrai Concile catholique, comment
pouvons-nous logiquement leur résister alors qu’ils nous offre une niche traditionaliste?
Comment pouvons-nous dire logiquement que leurs doctrines sont erronées ou leur
liturgie fauteuse de mort? Evidemment nous ne le pouvons pas. Avec la
Fraternité Saint-Pierre, “vous tuez la poule et vous avez les oeufs”,
c’est-à-dire que vous avez la tradition et Wojtyla en même temps. Si vous vous
en tenez à la Fraternité Saint-Pie X, vous demeurez avec le problème constant
et lancinant de l’autorité.
L’“autorité du Christ” a excommunié la
Fraternité Saint-Pie X. Que peut-elle apporter comme réponse à ce problème si
ce n’est que “l’autorité du Christ se trompe”?
Nous constatons aussi la chute de la vaillante
jeunesse de l’Eglise dans le nombre significatif de défections de la Fraternité
Saint-Pie X. Lorsque des prêtres quittent ce groupe, c’est toujours
vers
la gauche qu’ils s’orientent, c’est-à-dire toujours plus
près du
Novus Ordo via
la Fraternité Saint-Pierre ou l’Indult. Jamais ils ne s’éloignent du
Novus
Ordo. Voilà qui en dit long sur la formation qu’ils
reçoivent dans les séminaires lefebvristes.
Le Père John Rizzo en est un exemple. C’était
l’un de mes séminariste à Ridgefield. Il était très dur à l’époque sur ses
positions théologiques, et ne voulait rien avoir affaire avec le Novus Ordo. A
l’heure actuelle nous lisons qu’il a été accepté dans un diocèse du
Novus
Ordo et qu’il travaille avec les modernistes. Que
s’est-il passé? Simplement dix ans de lefebvrisme.
Pendant ces dix ans on lui a inculqué que la
position dure des “neuf mauvais prêtres” [qui quittèrent le Fraternité en 1983,
n.d.r.] était schismatique parce qu’ils ne reconnaissaient pas le Pape. Eh
bien, chapeau à vous de la Fraternité Saint-Pie X pour avoir pris en charge un
bon séminariste et l’avoir ruiné, car il n’a rien fait d’autre que de mener à
leur conclusion logique vos positions théologiques! Si vous n’abandonnez pas
vos positions inconsistantes et dangereuses, vous verrez le fiasco du Père
Rizzo se multiplier à grande échelle.
Aucune base logique pour l’apostolat
Car
aussi longtemps que la Fraternité reconnaîtra à Wojtyla la pleine possession de
l’autorité papale, elle n’offrira aucune base logique qui justifie son
apostolat.
Lorsqu’un prêtre exerce cet apostolat en temps
normal, il ne peut pratiquer aucune activité sacerdotale sans y être autorisé
par l’autorité compétente, autrement dit l’évêque du diocèse.
C’est cette autorisation qui fait que la Messe
du prêtre et ses sacrements sont
catholiques,
c’est en tant qu’administrés par un agent dûment autorisé de l’Eglise
catholique. C’est ce défaut d’autorisation qui fait de la Messe grecque
orthodoxe une Messe non-catholique: bien que validement ordonné et bien qu’il
dise une Messe valide, le prêtre n’agit pas au nom de l’Eglise catholique mais
contre elle.
Quand le prêtre traditionaliste exerce sa
fonction, donc qu’il dit la Messe et distribue les sacrements sans la
permission de l’évêque du lieu, il doit justifier d’une façon ou d’une autre le
fait de le faire sans autorisation. La seule justification possible qu’il
pourrait présenter est la suivante: “l’Eglise veut que je le fasse”. Aucune
autorité ne l’a autorisé à dire la Messe et à distribuer les sacrements, aussi
doit-il avoir un argument cohérent et convainquant pour dire que l’Eglise - en
dernière instance le Christ - veut qu’il fasse ainsi.
Mais si le prêtre traditionaliste dit que
l’autorité est revêtue par Wojtyla ou l’évêque du lieu, comment peut-il alors
mettre en avant que l’Eglise veut qu’il exerce un apostolat nonautorisé?
Si l’autorité du Christ repose dans l’évêque du
lieu, comment donc l’autorité du Christ peut-elle vouloir que le prêtre
traditionaliste agisse contre l’évêque du lieu? Si c’est en Wojtyla que réside
l’autorité du Christ, comment le Christ peut-il désirer qu’un groupe de prêtres
exerce un apostolat au mépris de Wojtyla? Le Christ est-il contre le Christ?
Regardons aussi l’autre face de la médaille? Si
l’autorité du Christ ne réside pas en Wojtyla, comment donc le Christ, ou
l’Eglise, autorise-t-Il l’apostolat de ceux qui affirment avec insistance que
Wojtyla l’hérétique est véritablement le Pape? Comment le Christ, ou l’Eglise,
peut-il désirer l’apostolat de prêtres qui cherchent à amener les fidèles dans
le troupeau des faux bergers, des bergers hérétiques? De prêtres qui dénoncent
comme schismatiques ceux qui ne reconnaissent pas les faux bergers?
Tout cela pour dire qu’il n’est pas possible de
séparer l’autorité de l’Eglise de l’autorité du Christ, non plus que séparer
l’autorité de l’Eglise de l’Eglise elle-même. C’est une seule et même chose. On
ne peut donc prétendre représenter l’Eglise catholique si l’on agit contre son
autorité. On ne peut pas non plus prétendre représenter l’Eglise catholique si
l’on reconnaît une fausse autorité.
Là où est
Pierre, là est l’Eglise. Si votre apostolat n’est pas celui de
Pierre, votre apostolat n’est pas celui de l’Eglise, ni celui du Christ.
Reconnaître comme Pierre celui qui condamne votre apostolat c’est condamner par
conséquent de votre propre bouche votre propre apostolat.
Ce fait de reconnaître l’autorité du Pape d’un
côté mais d’“agir pour son propre compte” de l’autre, a été un signe révélateur
de nombreux hérétiques et schismatiques. C’était l’attitude des Jansénistes et
des Gallicans, celle également des Vieux Catholiques. Elle fut condamnée par le
Pape Pie XI:
“
A quoi sert de
proclamer à haute voix le dogme de la suprématie de Saint Pierre et de ses
successeurs? A quoi sert de répéter et répéter la profession de foi en l’Eglise
catholique et d’obédience au Siège Apostolique si les actions démentissent les
paroles? En outre, le fait que l’obédience soit reconnue comme un devoir ne
rend-elle pas la rébellion encore plus impardonnable? Et qui plus est,
l’autorité du Saint-Siège ne s’étend-elle pas à l’approbation des mesures
qu’elle s’est trouvée dans l’obligation de prendre, ou bien est-il suffisant
d’être en communion de foi avec le Siège Apostolique sans y ajouter la
soumission de l’obéissance; n’est-ce pas là une chose qui ne peut être soutenue
sans dommage pour la foi catholique?...
En réalité, vénérables frères et très
chers fils, il s’agit de reconnaître l’autorité (de ce Siège) sur vos églises
aussi, et pas seulement en ce qui regarde la foi, mais également en ce qui concerne
la discipline. Qui le nie est hérétique; qu’il soit anathème celui qui, tout en
le reconnaissant, s’y refuse obstinément (Quæ in patriarchatu, 1er septembre
1876; au clergé et aux fidèles de rit chaldéen)
Et nous ne pouvons passer sous silence
l’audace de ceux qui, ne supportant pas la saine doctrine, prétendent que:
“Quant à ces jugements et à ces décrets du Siège Apostolique dont l’objet
regarde manifestement le bien général de l’Eglise, ses droits et sa discipline,
on peut, du moment qu’ils ne touchent pas aux dogmes relatifs à la foi et aux
moeurs, leur refuser l’assentiment et l’obéissance, sans péché et sans cesser en
rien de professer le catholicisme”
(Enc. Quanta Cura, 8 décembre 1864).
La position de la Fraternité n’est donc pas une
position catholique. Que pratiquement toute la jeunesse de l’Eglise, les
vaillants d’Israël, aient eu le crâne bourré de principes noncatholiques dans
leur combat contre le modernisme, voilà qui est rien moins qu’un désastre.
Cela signifie qu’il n’y a aucune voix vraiment
catholique de résistance au modernisme, mise à part celle de ces quelques
prêtres disséminés dans le monde qui dénoncent les modernistes comme privés
d’autorité.
C’est, pour l’Eglise, la montagne de Gelboé.
Une fausse notion de l’Eglise
Le problème de fond de la Fraternité et de ses
membres est qu’ils travaillent à partir d’une fausse notion de l’Eglise. Ils
considèrent l’élection de Wojtyla par un collège de cardinaux du
Novus
Ordo, et de là ils concluent qu’il est un pontife
légitime.
Et comme la difficulté d’être en communion avec
un hérétique ne leur échappe pas non plus, ils disent que Jean-Paul II est à la
tête de deux églises: l’une, l’Eglise conciliaire et l’autre, l’Eglise
catholique. Parfois il parle et agit en tant que chef de l’Eglise conciliaire; parfois
il parle et agit en tant que chef de l’Eglise catholique.
Comment savoir ce qui est de l’une ou de
l’autre? Par Monseigneur Lefebvre qui a reçu de Dieu la mission de peser les
faits et les paroles de ces papes modernistes, et de nous dire ce qu’il faut
croire, ce qu’il faut faire et ce qu’il faut penser. Maintenant que Monseigneur
est mort, cette autorité est passée à l’abbé Franz Schmidberger.
De ce principe on devrait tirer la conclusion
logique que l’infaillibilité et l’indéfectibilité de l’Eglise catholique, le
dépôt de la Foi, le salut de tous les fidèles sont entre les mains de l’abbé
Franz Schmidberger. L’Eglise catholique, la Foi catholique, la validité des
sacrements, ce que nous devons croire pour être sauvés, tout est confié au
jugement de l’abbé Franz Schmidberger.
On pourrait comparer ce type d’ecclésiologie, ou
de théologie de l’Eglise, aux “différentes sonneries” des lignes téléphoniques.
Pour l’arrivée d’un fax, vous avez une sonnerie; pour un coup de téléphone, une
autre. Ainsi, par analogie, si Wojtyla dit quelque chose de catholique, vous
recevez de la Fraternité un certain son de cloche; s’il dit quelque chose de
moderniste, vous recevez de la Fraternité un autre son de cloche.
Inutile de dire que non seulement un tel système
est absurde mais qu’il réduit à zéro l’infaillibilité de l’Eglise catholique.
Dans un système de ce genre l’autorité n’est plus le Pape, mais le Supérieur
général de la Fraternité Saint-Pie X, pour le présent l’abbé Franz Schmidberger.
Leur système est défectueux en ce sens qu’ils ne
comprennent pas que c’est la détention de l’
autorité
papale qui fait que le pape est Pape. Cette autorité
garantie par le Saint-Esprit en matière de doctrine, morale, liturgie et
discipline générale,
ne peut pas prescrire
pour l’Eglise de fausses doctrines ou de mauvaises lois que le fidèle serait
dans la nécessité de rejeter, auxquelles il devrait nécessairement résister.
Mais en général, le mouvement traditionaliste porte en soi le rejet
systématique des doctrine, morale, liturgie et discipline générale du
Novus
Ordo, au point d’avoir mis en oeuvre un apostolat en
opposition avec celui du “pape” et des évêques de diocèse. Il agit ainsi parce
qu’il a saisi, à juste titre, que doctrine, morale, liturgie, et discipline
générale du
Novus Ordo sont
condamnées par l’enseignement antérieur de l’Eglise catholique romaine. Mais
alors, s’il est nécessaire de résister à leurs doctrine, morale, liturgie et
discipline générale, il faut en conclure que ces “papes” ne détiennent pas
véritablement l’autorité papale et qu’ils ne sont donc pas de vrais papes. Et
ce, quel que soit le procédé électoral qui les a désignés pour cette charge.
Car l’élection ne fait que les
désigner pour
recevoir le pouvoir, elle ne leur donne pas le pouvoir lui-même. Le pouvoir
vient du Christ: c’est pour cette raison même que notre soumission au Pape est
une soumission au Christ.
Considérer, cependant, que les “papes” du
Novus
Ordo sont de vrais Papes - ce que pense la Fraternité
- revient à identifier l’Eglise catholique avec eux, car
là
où est Pierre, là est l’Eglise. Mais identifier
l’Eglise catholique avec eux établit une sorte d’attraction gravitationnelle
exercée sur les membres de la Fraternité par Jean-Paul II et sa religion. De
toute façon, par une voie ou par une autre, la Fraternité doit réintégrer le
giron de Wojtyla.
Cette attraction gravitationnelle vers le
Novus
Ordo considéré comme l’Eglise est responsable du
libéralisme des prêtres de la Fraternité et des nombreuses défections en faveur
du
Novus Ordo ou
de la Fraternité Saint-Pierre.
Cette notion de deux Eglises, une catholique,
une autre conciliaire, n’est pas conforme à la réalité. La réalité est que
Wojtyla fut élu pour être un Pape catholique, et qu’il prétend être le Pape
catholique. Il ne prétend à rien d’autre, qu’à être le chef de l’Eglise
catholique. La réalité, c’est qu’il essaye de flanquer les structures de l’Eglise
catholique d’une nouvelle religion, le modernisme. Du fait même qu’il tente de
remplacer la Foi catholique par une nouvelle religion, il est impossible qu’il
possède l’autorité papale qu’il prétend avoir, ou semble avoir, ou qu’il était
désigné pour avoir. Pourquoi? Parce que la nature de l’autorité est d’amener la
communauté à ses propres fins. Et l’une des fins
essentielles
de l’Eglise catholique étant le maintien de la Foi
catholique, quiconque tente de mettre obstacle à cette fin ne peut être tenu pour
détenteur de l’autorité de l’Eglise catholique qui est l’autorité du Christ.
Il est par conséquent impossible que ces papes
de Vatican II soient de vrais papes, car ils veulent pour les structures de
l’Eglise catholique une fin essentiellement désordonnée.
La Fraternité ne regarde qu’aux structures
externes de l’Eglise, elle remarque la continuité qu’elles présentent entre les
périodes pré-conciliaire et post-conciliaire, et elle en conclue que le
Novus
Ordo est l’Eglise catholique. Le clergé moderniste
est de fait en possession des structures catholiques, mais cela ne signifie pas
qu’il représente l’Eglise catholique.
C’est ainsi que la Fraternité est la proie d’une
attraction fatale vers la hiérarchie moderniste en possession de nos édifices
catholiques. Cette attraction fatale est dévastatrice, car elle fait de leur
combat un combat pour obtenir la reconnaissance de la part des modernistes.
Cette “légitimité” que les modernistes peuvent accorder n’a rien d’une
légitimité, elle n’en a que l’apparence, et aux dépens de la pureté de la Foi
catholique. Pourtant la Fraternité est éblouie, hypnotisée par ce vain espoir
de “légitimité”, un peu comme le daim égaré sur une autoroute qui, ébloui,
s’arrête le regard fixé sur les phares d’une voiture lui arrivant droit dessus
et rencontre ainsi une fin tragique.
Face à cette tentative inique des modernistes de
mettre en oeuvre ce plan qui consiste à remplir de leurs abominations nos
églises catholiques, il est du plus solennel devoir des catholiques de
les
dénoncer comme de fausses autorités, et donc de prendre
une position catholique qui préserve l’infaillibilité et l’indéfectibilité, une
position qui refuse d’identifier l’Eglise catholique avec une fausse hiérarchie
investie d’une fausse autorité.
L’avenir du mouvement traditionaliste
Qu’on le veuille ou non, l’avenir du mouvement
traditionaliste est en grande partie lié à celui de la Fraternité Saint Pie X,
ou du moins à ses membres actuels. En ce temps de crise pour l’Eglise, ce sont
eux qui ont les vocations au sacerdoce et, en tant que tels, ils sont les
vaillants
d’Israël.
Comme un missile expédié hors de sa trajectoire
par une mise à feu manquée, ces vocations, prêtres et séminaristes, progressent
à pleine vitesse en direction d’une réconciliation avec les ennemis de
l’Eglise. Rien ne pourrait plaire d’avantage aux modernistes, et au démon.
C’est presque toute l’énergie, toute la puissance de la foi catholique
concentrées en une arme qui s’est enrayée.
Que plusieurs membres de la Fraternité finissent
par se rendre au
Novus Ordo sous
une forme ou sous une autre, voilà qui est inévitable. Il est probable que la
Fraternité concluera un accord avec le
Novus Ordo,
qu’elle obtiendra la “reconnaissance” en des termes considérés par elle comme
plus acceptables que ceux de l’accord avec la Fraternité Saint-Pierre, et
qu’elle se trouvera ainsi absorbée par la religion moderniste. A mon avis, un
tel accord devrait provoquer la défection d’environ 20% de leurs adhérents
actuels qui quitteront et se regrouperont, mais seulement pour redémarrer le
même processus. Ils reprendront le flambeau du lefebvrisme, d’une absurde
théologie de l’Eglise, un pied dans chacune des deux religions, catholique et
moderniste, continuant à filtrer documents et décrets du Vatican. Et,
inévitablement, ce noyau des 20%, tensions et forces de contradiction le feront
éclater une nouvelle fois.
Le véritable avenir du mouvement traditionaliste
qui est aussi l’avenir de la réponse catholique à l’ennemi moderniste, se
trouve dans une position
catholique vis-à-vis
de l’autorité papale et de la nature de l’Eglise catholique. Voilà pourquoi je
considère qu’il est de la plus urgente et suprême nécessité que nous, prêtres
et laïcs qui ne voulons pas de compromis avec l’ennemi, travaillions de concert
à l’établissement de séminaires catholiques.
Et il n’est pas moins important que des jeunes
gens issus de nos “paroisses” renoncent aux multiples attraits du monde et
s’offrent à l’Eglise pour le saint sacerdoce.
Si nous manquons à ce devoir - former des
prêtres catholiques adéquatement et correctement préparés - nous aurons manqué
devant Dieu à n’avoir pas protégé notre bien le plus précieux, notre foi
catholique. Et ce trésor sacré qui nous a été transmis avec un soin jaloux par
nos ancêtres, au prix parfois de leur propre sang, aura été, par notre
négligence, jeté comme des miettes aux chiens modernistes.
Nous ne pouvons pas nous soustraire au devoir de
former des prêtres catholiques qui à notre époque pensent juste, savent qui est
l’ennemi de l’Eglise, savent où il se trouve et qui veuillent le combattre avec
une ardeur zélée et sacrée plutôt que de signer un compromis avec lui. Si nous
manquons à ce devoir, nous recevrons ce que nous méritons: ces chapelles et ces
écoles que nous avons préservées avec tant de soin et de peine du modernisme
seront prises en mains par des prêtres - même s’ils sont validement ordonnés -
qui ont trahi la pureté de la foi catholique en se faisant reconnaître par les
hérétiques modernistes.
Un appel à la Fraternité Saint-Pie X
Vous
avez presque toute la valeureuse jeunesse de l’Eglise dans vos rangs. Dans vos
séminaires, vous les avez formés à penser que la coexistence avec la hiérarchie
moderniste est la solution aux problèmes de l’Eglise. A cause de cela vous avez
donné naissance à la Messe de l’Indult et à la Fraternité Saint-Pierre et à
d’autres organisations de même nature.
Vous continuez à dialoguer avec les hérétiques,
vous efforçant d’être réabsorbés par eux.
Vous dénoncez comme schismatiques tous les
prêtres déclarant que les hérétiques n’ont pas d’autorité sur les catholiques.
Vous les avez persécutés, chassés, calomniés, et réduits en de nombreux cas à
la pauvreté et à la misère.
Encore maintenant votre organisation gémit sous
les tensions des contradictions inhérentes à votre position et abrite, à
l’intérieur de ses murs, “libéraux” et “conservateurs” qui se définissent en
fonction du prix qu’ils mettent pour le compromis avec les hérétiques
modernistes considérés par eux comme la véritable autorité de l’Eglise
catholique romaine.
Maintenant qu’approche votre Chapitre de juillet
et l’élection de votre nouveau Supérieur Général, laissez tomber une fois pour
toutes votre désir de coexistence avec les hérétiques.
Déclarez la guerre une fois pour toutes à ceux
qui ont détruit notre foi. Dénoncez-les comme hérétiques et adoptez la position
catholique considérant que ne peuvent avoir reçu du Christ la mission de
diriger l’Eglise ceux qui imposent à l’Eglise une foi différente. La première
mission de l’Eglise catholique, avant toute autre, est de témoigner de la
vérité. Notre Seigneur a dit: “C’est pour cela que je suis né, et c’est pour
cela que je suis venu en ce monde, pour témoigner de la vérité”. Si Vatican II
n’est pas la vérité, et vous savez qu’il ne l’est pas, celui qui l’enseigne comme
vrai à l’Eglise ne peut avoir reçu du Christ la mission d’enseigner la vérité.
Cessez de vous emparer des jeunes de l’Eglise
qui se présentent à vous pour être instruits et d’en faire les apôtres d’une
impossible théologie qui les amène à embrasser le
Novus
Ordo.
Cessez d’être la Gelboé de l’Eglise dans son
combat contre les Philistins.
Soyez plutôt David contre l’Eglise des
Philistins. Prenez une position catholique contre les ennemis de l’Eglise, une
position claire, droite, simple. Dénoncez l’ennemi comme ennemi, et armés non
pas de diplomatie humaine mais de force divine, abattez le Goliath du
Novus
Ordo.
FRATERNITAS, FRATERNITAS,CONVERTERE AD
DOMINUM DEUM NOSTRUM