SOURCE - FSSPX Actualités - 30 juin 2017
Dans un récent entretien accordé au National Catholic Register, l’ancien consultant de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Mgr Nicolas Bux fait écho de façon inattendue au constat de la Fraternité Saint-Pie X concernant la crise de la foi largement répandue au sein même de l’Eglise.
L’entretien consiste en trois questions toutes axées autour de ce que le Register décrit comme une « anarchie doctrinale » répandue dans l’Eglise, et de ses conséquences dans le Corps mystique du Christ.
Dans un récent entretien accordé au National Catholic Register, l’ancien consultant de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Mgr Nicolas Bux fait écho de façon inattendue au constat de la Fraternité Saint-Pie X concernant la crise de la foi largement répandue au sein même de l’Eglise.
L’entretien consiste en trois questions toutes axées autour de ce que le Register décrit comme une « anarchie doctrinale » répandue dans l’Eglise, et de ses conséquences dans le Corps mystique du Christ.
Mgr Bux voit un premier effet de la confusion doctrinale actuelle dans l’esprit de division qui affecte l’Eglise au plus haut niveau : « lorsque des cardinaux gardent le silence ou se mettent à accuser leurs confrères ; lorsque des évêques qui pensent, parlent et écrivent d’une certaine manière, se mettent à dire l’inverse pour Dieu sait quelle raison ; lorsque des prêtres contestent la tradition liturgique de l’Eglise ; alors oui, c’est l’apostasie qui s’établit avec une dissolution de l’esprit catholique ».
Seul un rappel fort des principales vérités dogmatiques peut, selon l’ancien consultant en liturgie, ramener la paix dans l’Eglise : « car c’est la fonction propre du Magistère fondée sur la vérité même du Christ : ramener tout le troupeau dans l’unité catholique ».
Dans un deuxième temps, Mgr Bux se voit interrogé sur les conséquences d’une telle « anarchie doctrinale » sur les fidèles. Le professeur de liturgie de Bari rappelle alors le danger qui consiste à s’aligner sur les fausses valeurs de ce monde : « lorsqu’on est applaudi par le monde, cela signifie qu’on lui appartient : puisse l’Eglise catholique toujours garder à l’esprit qu’elle est composée de ceux qui se sont convertis au Christ sous l’inspiration du Saint-Esprit : tout être humain a vocation à lui être uni, mais cela ne se réalise pas sans une réelle conversion ».
Dans sa troisième et dernière question, le Register s’interroge sur les moyens pouvant contribuer à résoudre cette confusion. Pour Mgr Bux, c’est au pape qu’il revient d’agir sans tarder, et d’opérer la distinction entre sa fonction pontificale dont le but est d’affermir la foi des fidèles, et sa personne privée : « pour être clair, le pape peut exprimer des idées ou des opinions sur des matières non encore définies par l’Eglise, et dans ce cas il agit en tant que théologien privé ; mais en aucun cas il ne peut le faire en contredisant la foi, même de façon privée, au risque de formuler des propositions hérétiques ».
L’ancien collaborateur du cardinal Sarah au Culte divin rappelle à ce propos qu’il existe dans l’Eglise un « sensus fidei », un bon sens commun surnaturel qui rend capable chaque croyant de percevoir « ce qui relève vraiment de la foi catholique » ; et dans cette perspective, « n'importe quel croyant peut demander des comptes au souverain pontife ».
Cette précision permet à Mgr Bux de rebondir sur la question des doutes légitimes - concernant l’explication d’un point appartenant au dépôt de la foi - qui peuvent être soumis à l’autorité suprême de l’Eglise : « celui qui pense que le fait de présenter des ‘dubia’ au pape est une marque de désobéissance n’a toujours pas compris - et cela 50 ans après Vatican II - la nature du lien qui unit le pape à l’Eglise tout entière ». Une manière de contrer ceux qui reprochent aux quatre cardinaux d’avoir demandé au Saint-Père de faire la clarté sur les points les plus controversés de l’exhortation post-synodale Amoris lætitia.
Tout comme la Fraternité Saint-Pie X ne cesse de le souligner par la voix de son Supérieur général, le prélat conclut que « l’obéissance au pape repose uniquement sur le fait qu’il est lié à la doctrine catholique, à la foi qu’il doit confesser de façon continuelle à la face de toute l’Eglise ». C’est pourquoi Mgr Bux émet le souhait de voir le pape - à l’instar de Paul VI en son temps (30 juin 1968. NDLR) - promulguer une Profession de foi solennelle affirmant ce qui est vraiment catholique et corrigeant les propos et les actes ambigus - d’où qu’ils viennent, du pape lui-même ou des évêques - qui sont interprétés dans un sens contraire à la foi ».
Ces propos d’un spécialiste de la liturgie s’inscrivent dans la ligne des positions défendues par la Fraternité, et semblent faire écho à ce que Mgr Fellay déclarait dans sa Lettre aux amis et bienfaiteurs de novembre 2010 : « Le chemin de Mgr Lefebvre est toujours actuel. Ce qu’il disait il y a trente ans, quarante ans, est encore parfaitement valable aujourd’hui. Cela nous oblige à une très grande action de grâces à Dieu de nous avoir donné – ainsi qu’à toute l’Eglise – un tel évêque. Il ne fait aucun doute que, si l’on suivait dans l’Eglise ses précieuses indications, tout le Corps mystique se porterait mieux et sortirait bientôt de cette crise. »