SOURCE - La Lettre de Paix liturgique - N°61 – 15 février 2007
Le bel exemple du Cardinal Ricard
« Je pense que cette communion qui est un don de Dieu est aussi une tâche à réaliser et que cette tâche est réalisable. Elle demande relations, connaissance mutuelle, dialogue et échange ».
C'est par ces magnifiques paroles que Monseigneur Jean-Pierre Ricard, Cardinal archevêque de Bordeaux et Président de la Conférence épiscopale de France, commentait dans les colonnes de La Croix en date du 4 février dernier, la Convention conclue entre l’Archidiocèse de Bordeaux et l’Institut du Bon Pasteur.
Remercions de tout coeur Monseigneur Ricard pour ces paroles de paix.
Remercions de tout coeur Monseigneur Ricard de se comporter en père attentif envers chacun des enfants qui lui est confié sans distinction.
Oui remercions-le – sans nier ni craindre les différences – d'oeuvrer pour l’unité non seulement en paroles mais aussi en actes.
Souvenons-nous en effet que par le passé, les différends entre le Cardinal Ricard et l’abbé Laguérie, supérieur de l’Institut du Bon Pasteur, ont pu être importants et même aller jusque dans les prétoires…
Malgré cela, c’est le pardon, le respect mutuel et l’amour du prochain qui l’ont emporté de part et d’autre contre l’exclusion et le repli sur soi.
Malgré les pressions, malgré les attaques et les critiques de toutes parts, dans un contexte difficile et polémique, Monseigneur Ricard a eu le courage pastoral de prendre ses responsabilités et de se comporter en père plutôt qu’en Procureur.
Quel bel exemple !
Plutôt que de se réfugier dans on ne sait trop quel prétexte, plutôt que d’invoquer « les blessures du passé » pour refuser d’accueillir ses enfants, pour refuser le dialogue, il a préféré marcher sur le chemin de la confiance, de l’ouverture et de la connaissance mutuelle.
Une telle attitude dépasse nécessairement les limites géographiques de l’archidiocèse de Bordeaux et demeure un exemple pour tous les catholiques qui, à la suite du Pape Benoît XVI, souhaitent en vérité et en actes – et non pas seulement en paroles – l’unité de l’Eglise catholique.
Ce bel exemple prend d’autant plus de relief que dans de nombreux diocèses, malgré les discours de façade, malgré les effets d’annonce, l’autorité diocésaine continue de dire et de faire comme s’il n’existait aucun problème liturgique, continue de refuser de simplement rencontrer les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle.
Dans de nombreux endroits, on feint de ne pas prendre toute la mesure de la forte demande et l’autorité diocésaine continue de préférer le modèle de la « réserve indienne » à l’endroit des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise plutôt que celui de l’accueil « large et généreux »…
Mais que se passe-t-il dans le diocèse de Nanterre ?
► La décision du Père Aybram – que Monseigneur Gérard Daucourt, évêque de Nanterre, a chargé de gérer le dossier des « Traditionalistes » – de transférer la communauté traditionnelle de l’église Sainte-Marie des Fontenelles de Nanterre à l’église Notre-Dame des Airs de Saint-Cloud est donc officielle depuis qu’une « note d’information » a été remise aux fidèles à la sortie de la messe de Sainte Marie des Fontenelles du 4 février dernier.
A dire vrai, ce n’est pas là un véritable scoop, puisque les pèlerins du chapitre Sainte Marie des Fontenelles se souviennent que déjà, lors du pèlerinage de Chartres à la Pentecôte dernière, le sujet avait été largement abordé avec le Père Aybram, à la suite des nombreuses « fuites » que son projet avait suscité dans la communauté de Saint-Cloud.
Cette décision mûrie de longue date par le Père Aybram ne manque cependant pas de surprendre et de susciter de profondes interrogations.
En effet, on se souvient que le choix de l’église du diocèse pour mettre en place l’expérience de paix et de réconciliation voulue par notre évêque, Monseigneur Gérard Daucourt, avait été mûrement réfléchi.
Ainsi, un prêtre du sud du diocèse, nous expliquait-il peu de temps avant que le choix de l’église de Nanterre ne soit retenu, qu’il avait d’abord été envisagé que la messe traditionnelle soit célébrée à Saint-Cloud, mais que compte tenu des « très fortes oppositions de la communauté paroissiale de Saint-Cloud » cette hypothèse avait dû être écartée.
De même, le Père Aybram confirmait l’information selon laquelle sur les dix-neuf églises du diocèse identifiées comme susceptibles de pouvoir accueillir la célébration de l’unique messe traditionnelle autorisée du diocèse, seule celle de Sainte-Marie des Fontenelles de Nanterre avait pu finalement le faire.
Les membres du Conseil paroissial de Sainte-Marie des Fontenelles quant à eux nous ont expliqué qu’ils n’avaient pas eu le choix de nous accueillir puisque « tout le monde » avait refusé que la communauté traditionnelle ne s’implante chez eux.
A la lecture de cette « note d’information », nous sommes donc extrêmement soulagés de déduire que les « très fortes oppositions » – en particulier à Saint-Cloud d’ailleurs… – qui avaient rendu absolument impossible la mise en place, il y a un peu plus d’un an, de la célébration de la messe traditionnelle ailleurs qu’à Nanterre, auraient aujourd’hui disparu…
Plus sérieusement, cela ne règle pas la question fondamentale qu'aujourd'hui tout le monde se pose : Pourquoi nous demande-t-on de quitter l’église de Sainte-Marie des Fontenelles ?
A ce jour nous n’avons aucune explication et toutes les hypothèses sont donc envisageables.
Cette expérience de Nanterre voulue par notre évêque n’est-elle pas une réussite de paix liturgique ?
Les fidèles de Sainte-Marie des Fontenelles ont été, dès la célébration de la première messe traditionnelle dans cette paroisse, convaincus de l’excellence et de la justesse du choix de Monseigneur Gérard Daucourt.
Aujourd’hui, un peu plus d’un an seulement après cette première messe, c’est une communauté dynamique qui est heureuse de faire Eglise à Sainte-Marie des Fontenelles. Des groupes de catéchisme, un groupe Domus Christiani ont vu le jour. Le Groupe Scout Saint-Michel avec toutes ses unités (jeannettes, louveteaux, scouts, guides et routiers) s’est rattaché à notre communauté à la rentrée de septembre. Tout se passe au mieux.
Alors oui, pour tout cela, remercions encore une fois notre évêque qui a su prendre la bonne décision en nommant de saints prêtres pour célébrer la messe traditionnelle dans une belle église bien située eu égard à la configuration géographique du diocèse, une église avec la possibilité de stationner. Remercions notre évêque pour les travaux très importants que le diocèse a financé pour aménager le chœur. Remercions notre évêque d’avoir choisi une communauté d’accueil où 95 % des fidèles nous ont généreusement accueilli et même souvent compris puisque plusieurs paroissiens de Sainte-Marie des Fontenelles assistent désormais régulièrement à la messe traditionnelle de 9 h 30.
Pourquoi alors tenter de briser cette si belle expérience ?
Serait-il possible qu'on nous dise clairement quel est le problème ?
Si la volonté de notre évêque est que la communauté traditionnelle soit transférée de Nanterre à Saint-Cloud, bien sûr nous obéirons. Nous ne sommes pas les terroristes que ceux qui nous refusent le dialogue tentent de faire croire que nous sommes.
Toutefois, qu’il nous soit permis d’être profondément choqués par l’absence totale de respect qui consiste à « transférer » une communauté sans en parler avec elle au préalable et la mettre devant le fait accompli en disant « j’ai décidé ».
Cette gestion humaine catastrophique, cette absence de dialogue et de concertation, l’absence de motifs clairs sur la raison de ce « transfert », tout cela créé un climat d’incompréhension et réveille bêtement les blessures du passé.
Pourquoi une simple lettre d’information, polie et respectueuse, adressée à nos frères de la paroisse de Notre-Dame des Airs pour leur simplement demander s’ils sont au courant de notre arrivée et s’ils en sont d’accord, met-elle le Père Aybram dans une furie noire ?
Nous voulons la transparence !
Pourquoi le Père Aybram prétend-il en chair à Notre-Dame des Airs ou à Saint Clodoald à Saint-Cloud que les personnes qui ont distribué cette lettre d'information utilisent des méthodes « communistes » ou que l’association qui a diffusé cette lettre est « diabolique » ?
Nous ne comprenons pas pourquoi les fidèles de Notre-Dame des Airs que nous avons pu rencontrer nous disent que le Père Aybram leur a demandé de ne pas dialoguer avec d’autres personnes que celles qu’il a lui-même choisies pour son « Comité de fidèles » ou bien encore pourquoi le Père Aybram leur dit que les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle seront « dilués dans les activités de la paroisse Notre Dame des Airs»…
De même, nous ne comprenons pas pourquoi il est question à Notre-Dame des Airs du « Protocole secret » que le Père Aybram aurait pris par écrit auprès de son vicaire en charge de Notre-Dame des Airs, par lequel il s’engage à ne procéder à aucun aménagement particulier du chœur et de l’église après le transfert de la communauté traditionnelle à Saint-Cloud…
Disons le clairement, le transfert vers l’église Notre-Dame des Airs est la plus mauvaise chose qui pouvait être envisagée, essentiellement parce que cette église est inaccessible et qu’il est impossible de s’y garer. Les fidèles venant des quatre coins du diocèse pour assister à l'unique messe traditionnelle autorisée du diocèse, la question du stationnement est évidemment fondamentale.
Alors quel est le but de ce transfert ? Nous mettre en colère devant un aussi mauvais choix et ainsi donner raison au père Rondepierre, curé doyen de Nanterre qui dès le mois de juin 2005 déclarait « on va vous proposer quelque chose, mais vous refuserez car de toutes les façons, vous n’êtes jamais contents et vous ne serez jamais satisfaits des décisions et des choix de notre évêque »… Ce en quoi il a eu tort…
Nous mettre en colère, raviver les blessures du passé, entraver le processus de paix initié dans le diocèse après des décennies d’exclusion des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise, casser un début d'expérience réussi, ne sont-ce pas là les raisons réelles de ce changement décidé sans consultation et sans bon sens ? La question mérite d’être posée.
Plus que jamais, aujourd’hui, il nous semble absolument indispensable de rencontrer notre évêque Monseigneur Gérard Daucourt.
Il est le seul à pouvoir solutionner la situation qui pourrit faute de dialogue et de respect.
Il est le Père commun du diocèse et nous le supplions d’intervenir pour rétablir la paix qu’il avait commencé de mettre en place.
Sylvie Mimpontel
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Le texte du mois
► « La position du prêtre tourné vers le peuple a fait de l’assemblée priante une communauté refermée sur elle-même. Celle-ci n’est plus ouverte ni vers le monde à venir, ni vers le Ciel. La prière en commun vers l’est ne signifiait pas que la célébration se faisait en direction du mur, ni que le prêtre tournait le dos au peuple – on n’accordait d’ailleurs pas tant d’importance au célébrant. De même que dans la synagogue tous regardaient vers Jérusalem, de même tous ensemble regardaient "vers le Seigneur". Il s’agissait donc, pour reprendre les termes de J. A. Jungmann, un des pères de la Constitution sur la Liturgie de Vatican II, d’une orientation commune du prêtre et du peuple, conscients d’avancer ensemble en procession vers le Seigneur. Ils ne s’enfermaient pas dans un cercle, ne se regardant pas l’un l’autre mais, peuple de Dieu en marche vers l’Orient, ils se tournaient ensemble vers le Christ qui vient à notre rencontre. »
L’esprit de la liturgie (2001), Cardinal Joseph Ratzinger, aujourd'hui Benoit XVI.
Qui sommes-nous ?
► Ce que nous sommes
- Des catholiques romains attachés à leur Eglise.
- Des fidèles attachés au Saint-Père.
- Des diocésains qui respectent leurs évêques et qui attendent beaucoup d'eux comme des enfants de leur père.
- Des croyants soucieux de respecter l’enseignement de l’Eglise conformément aux définitions qui ont été renouvelées par le Catéchisme de l’Eglise catholique publié par Jean Paul II en 1992.
- Des chrétiens très nombreux qui désirent vivre leur foi catholique dans l'Eglise au rythme de la liturgie traditionnelle comme le pape l'autorise, notamment depuis la promulgation du motu proprio Ecclesia Dei en 1988.
► Ce que nous désirons
- Une application « large et généreuse » des privilèges accordés par l'Eglise en faveur des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle.
- Il est nécessaire que ces lieux soient des églises où sera célébrée chaque dimanche et fête la liturgie traditionnelle selon le missel de 1962.
- L’enseignement de la foi catholique selon les schémas définis par le catéchisme de l’Eglise catholique publié par le Vatican en 1992.
- L’accès pour tous aux sacrements de la Sainte Eglise.
- La possibilité de développer dans la paix toutes les oeuvres chrétiennes nécessaires aux besoins des fidèles (scoutisme, patronage, chorale, Conférences Saint Vincent de Paul, Domus Christiani, récollections, pèlerinage...)
- Ces communautés en communion avec l’évêque doivent être dirigées par des prêtres bienveillants, soucieux de paix et de réconciliation.
► Pourquoi nous le désirons
- Les querelles dans l’Eglise doivent cesser.
- C’est notre sensibilité et le pape a demandé que cette sensibilité soit accueillie et respectée.
- Au moment où l’Eglise traverse en France une crise grave, il est urgent de mettre en oeuvre une réconciliation entre tous les fidèles : les fidèles des paroisses, les catholiques qui vivent leur foi au sein des communautés « Ecclesia Dei » en dehors du diocèse et ceux qui, pour des raisons diverses, ont préféré suivre le mouvement de Monseigneur Lefebvre.
- C’est par ce moyen et lui seul que se renoueront des liens de dialogue, de charité fraternelle et de respect et que cesseront les invectives.
- C’est surtout répondre au précepte évangélique d’agir en tout pour l’unité des catholiques malgré leurs différences et leurs diversités.
C’est ainsi que l’on pourra véritablement prétendre favoriser l’oecuménisme et entreprendre tous ensemble la nouvelle évangélisation réclamée par l'Eglise.