28 février 2007

[CCCSP] Communiqué de l'Institut du Bon Pasteur

SOURCE - CCCSP - 28 février 2007

L’Institut du Bon Pasteur, première communauté traditionaliste fondée sous les auspices du pape Benoît XVI le 8 septembre dernier, va procéder à des ordinations sacerdotales le samedi 3 mars 2007, à 10 H, dans l’église paroissiale de Courtalain (Eure-et-Loir), où a été ouvert cette année le séminaire de l’Institut du Bon Pasteur. L’évêque qui officiera est Mgr Luigi De Magistris archevêque émérite de Nova et ancien grand Pénitencier au Vatican. Les deux futurs prêtres, l’abbé Claude Prieur et l’abbé David Belon, ont effectué l’essentiel de leurs études à Ecône, en Suisse, avant de rejoindre l’Institut du Bon Pasteur lors de sa fondation. Par ailleurs, au cours de cette cérémonie, deux séminaristes seront ordonnés diacres. C’est la première fois que des ordinations célébrées selon la liturgie traditionnelle peuvent avoir lieu en France dans une église paroissiale. Signe d’une évolution des mentalités, cet événement marque la progression dans notre pays, de la volonté de réconciliation entre les catholiques, affichée dès le début de son pontificat par le pape Benoît XVI et réaffirmée à Lourdes, en novembre dernier, par le cardinal Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence épiscopale.
 
Sur place, après la cérémonie, M. l’abbé Philippe Laguérie, ancien curé de Saint-Nicolas du Chardonnet, aujourd’hui Supérieur général de l’IBP, accompagné de M. l’abbé Guillaume de Tanoüarn, son assistant, animera un Point presse à 13 H pour répondre aux questions des journalistes.

27 février 2007

[Jean-Marie Guenois - La Croix] L'Eglise confirme la rupture avec Saint-Nicolas-du-Chardonnet

SOURCE - Jean-Marie Guenois - La Croix - 27 février 2007

Par un communiqué publié mardi 27 février, jour du 30e anniversaire de l'occupation par la force de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, le diocèse de Paris récuse toute normalisation d'une telle situation. "La déchirure demeure", insiste le texte 
L’archevêché de Paris a haussé le ton, mardi 27 février, trente ans jour pour jour après l’occupation de force par des intégristes de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, au cœur du Quartier latin. Par un communiqué, Mgr André Vingt-Trois a voulu rappeler « la rupture » que « bien des chrétiens assistant aux offices religieux de Saint-Nicolas-du-Chardonnet ignorent ». Des chrétiens qui pourraient d’ailleurs être « abusés par les propos tenus par les clercs de cette église ».
 
Le communiqué rappelle les motifs de cette rupture : « Il y a trente ans, des prêtres et des chrétiens ont occupé par force et contrairement à la loi une église de Paris, Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Ils en ont chassé le curé et les prêtres légitimes, et ils ont privé les fidèles de l’usage de leur église paroissiale. Onze ans plus tard, les prêtres occupant cette église ont adhéré à l’acte schismatique de Mgr Marcel Lefebvre du 30 juin 1988. La déchirure était consommée. Cette déchirure demeure. »
 
Le communiqué du diocèse insiste sur le fait que les prêtres officiant actuellement à Saint-Nicolas-du-Chardonnet « ne sont pas incardinés au diocèse de Paris ni dans un autre diocèse ou une communauté de l’Église catholique. Ils n’ont reçu aucune mission de l’archevêque de Paris. » Surtout, plus qu’il y a dix ans, le nouvel archevêque semble vouloir mettre en évidence que le problème vient de l’état d’esprit des occupants et non du diocèse.
L'unité, "un devoir pour tous les disciples de Jésus-Christ"
« Ils ne reconnaissent pas l’entière validité et la rectitude de l’enseignement » de Vatican II, et restent sourds à la main tendue. « Le pape Jean-Paul II a multiplié en vain les tentatives de dialogue pour le maintien et le rétablissement de l’unité, tant avant qu’après l’acte schismatique de Mgr Lefebvre. Le pape Benoît XVI poursuit cet effort pour ramener tous les fidèles catholiques dans l’unité. » Le communiqué rappelle enfin que le cardinal Jean-Marie Lustiger avait demandé aux curés de trois églises parisiennes (Sainte-Odile, Saint-Eugène et Notre-Dame-du-Lys) de célébrer « pour ces chrétiens la messe selon le missel en vigueur avant le concile Vatican II ». Il se conclut par un appel à « tous les catholiques » de Paris de prier pour l’unité, qui « demeure un devoir pour tous les disciples de Jésus-Christ ».
 
Le nouvel archevêque de Paris se situe ainsi clairement dans la ligne de son prédécesseur. En aucun cas, Mgr Vingt-Trois n’entend admettre une normalisation de ce qu’il considère comme un état de fait acquis par la force. Une normalisation, par installation dans le temps, que pouvait laisser entendre la célébration de cet anniversaire, le 18 février, par Mgr Bernard Fellay.
 
Dans son homélie, le supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (ordonné évêque illicitement par Mgr Lefebvre en 1988) a justifié « pour longtemps » l’état de « nécessité » qui a transformé cette « action héroïque » en « acte de restitution au culte catholique romain de cette église ».
« La Fraternité ne bougera pas »
Mgr Fellay a également salué le courage de ceux qui, il y a trente ans, ont accompli cette « prise d’église », en mouvement de « libération » contre ces « évêques et pasteurs qui, suite au Concile, asphyxient la vie catholique ». Et il a prévenu que si Rome publie un motu proprio libéralisant l’usage de la messe de saint Pie V, ce « premier pas nécessaire » ne changerait absolument rien : « La Fraternité ne bougera pas », a-t-il lancé dans une église comble, estimant qu’il faut changer aussi « les principes morbides, empoisonnés qui paralysent l’Église depuis quarante ans », visant « l’irénisme, l’œcuménisme, la liberté religieuse, la démolition de l’autorité personnelle et hiérarchique »…
 
Sans le nommer, Mgr Fellay a également attaqué l’attitude du grand absent de ce 30e anniversaire : l’abbé Philippe Laguérie, qui fut curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet jusqu’en 1997. Et pour cause : ce dernier, encensé pour sa pugnacité au moment du 20e anniversaire, a été ensuite exclu de la Fraternité. Nommé par Rome il y a six mois supérieur de l’Institut du Bon-Pasteur créé à Bordeaux, il a été autorisé à célébrer selon l’ancien rite et à former des prêtres.
 
Derrière lui, une partie des fidèles de Mgr Lefebvre qui se trouvent fort divisés, dont des anciens paroissiens de Saint-Nicolas réunis dans l’association Sensus Fidei et animés par une volonté de retour au sein de l’Église catholique. Le 18 février, Mgr Fellay, en chaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, fustigeait ce genre d’accord conclu avec le Vatican : « C’est perdu d’avance, c’est un suicide qui remet en cause tout ce combat. »
 
Jean-Marie GUENOIS

[Pro Liturgia] Benoît XVI va-t-il céder?

SOURCE - Pro Liturgia - 27 février 2007

Les fidèles attendaient un redressement de la liturgie; il n'a pas lieu. Certains espéraient un motu proprio en faveur de la liturgie ancienne; il n'est pas arrivé. Nombreux sont ceux qui souhaitaient des nominations d'évêques issus d'une génération étrangère aux idées encore trop présentes de 68; elles ne semblent pas être à l'ordre du jour... Benoît XVI serait-il en train de décevoir? C'est en tout cas une idée qui se dégage à la lecture de nombreux sites internet. Mais ne convient-il pas de dépasser les premières impressions et d'analyser les choses plus en détail pour ce qui touche directement à la situation de la France?
 
Concernant la liturgie: que peut faire le pape face à une fronde épiscopale déclenchée par l'idée d'un motu proprio libéralisant la liturgie d'avant Vatican II? Que peut faire le pape lorsqu'il doit s'appuyer sur des évêques persuadés qu'il n'y a pas de problèmes en liturgie? Que peut faire le pape lorsqu'il est face à des évêques convaincus que les orientations conciliaires sont appliquées dans les diocèses?
 
Revenons un instant sur le communiqué que les évêques de la province ecclésiastique de l'Est (Besançon) ont adressé à Benoît XVI en apprenant la publication d'un motu proprio et voyons ce qu'il révèle.
 
Texte: "Réunis, le 25 octobre 2006 à Lons-le-Saunier, dans le cadre de l'Instance Régional Evêques Prêtres, les évêques de la Province ecclésiastique de Besançon et les évêques des diocèses concordataires de Strasbourg et de Metz ont décidé de faire part au Saint-Siège de leurs inquiétudes suscitées par la création de l'Institut du Bon Pasteur, dans l'archidiocèse de Bordeaux, et l'éventualité de la publication d'un Motu proprio du Pape Benoît XVI généralisant l'usage du rite tridentin pour la célébration de la messe."
 
Commentaire. Comment ne pas avoir l'impression que des évêques font comprendre qu'eux, de là où ils sont, ont une vision claire et objective des problèmes de l'Eglise que le pape, n'a pas? Et qu'en est-il du charisme d'infaillibilité? Est-ce le Successeur de Pierre qui en jouit, ou un collectif d'évêques?
 
Texte: "Les évêques, soucieux du bien commun et de l'unité de l'Eglise, ont pris cette initiative en raison du trouble ressenti par beaucoup de fidèles, de diacres et de prêtres de leurs diocèses respectifs."
Commentaire. Il est pour le moins curieux de voir des pasteurs diocésains s'inquiéter de l'unité de l'Eglise, alors que pendant des années il ne fut question que de "pluralisme" et de "respect des diverses sensibilités". On peut aussi être surpris d'apprendre que des fidèles ont été "troublés". De quels fidèles s'agit-il ici? Des 5% qui pratiquent encore? De quels prêtres parle-t-on? De ceux qui constituent ce clergé n'ayant jamais été capable de célébrer la liturgie issue de Vatican II faute de n'avoir jamais bénéficié d'une formation théologique solide?

Il devient assez difficile de croire que signataires du communiqué adressé au Siège apostolique soient au courant de la réalité.
 
Texte: "Estimant que la liturgie est l'expression de la théologie de l'Eglise, les évêques redoutent que la généralisation de l'usage du Missel romain de 1962 ne relativise les orientations du concile Vatican II. Une telle décision risquerait aussi de mettre à mal l'unité entre les prêtres, autant qu'entre les fidèles."
Commentaire. Si la liturgie est l'expression de la théologie de l'Eglise, comment se fait-il qu'on ne trouve pas aujourd'hui deux messes célébrées de la même façon? Comment peut-on justifier que chaque célébrant, puisse s'autoriser à accomoder la liturgie à sa façon?
 
Mais il y a plus consternant: les signataires du communiqué laissent clairement entendre qu'une décision prise par le pape mettrait à mal l'unité entre les prêtres autant qu'entre les fidèles. Le Successeur de Pierre est donc présenté ici comme un diviseur potentiel au sein de l'Eglise. Gravissime allégation! Qui ne voit que nos évêques font ici, à l'encontre du pape, preuve d'une inconvenance qui n'a que l'excuse de l'insuffisance de leur formation théologique?
 
Texte: "Depuis de nombreuses années d'importants efforts de formation liturgique ont été réalisés, les évêques s'en réjouissent et encouragent leurs diocésains à poursuivre le travail engagé."
 
Commentaire. Et pourtant... partout - à de très rares exceptions près - où la liturgie est organisée par des fidèles ayant bénéficié d'une "formation" dispensée au sein des instances diocésaines, c'est la catastrophe.
 
Une autre question mérite d'être posée ici: c'est celle qui concerne les récentes nominations d'évêques. A première vue, il y a de quoi être dubitatif. Mais là encore, il faut regarder plus loin - avec les yeux de la foi - et considérer les choix qui s'offrent à Benoît XVI pour nommer des pasteurs diocésains dans le contexte que connaît l'Eglise en France.
 
Première possibilité: transférer tel évêque déjà en poste à un nouveau siège. On ne fait alors que déplacer le problème. Dépouiller Pierre pour habiller Paul n'est pas une solution d'avenir, comme chacun peut le comprendre. 
 
Deuxième possibilité: sacrer évêques des personnes bien en vue, et qui ont déjà su faire parler d'elles. Le problème, dans ce cas, est que nous finirions à n'avoir plus que des carriéristes à la tête des diocèses, des gens ayant tout fait pour être mitrés et se faire appeler "monseigneur"... Mais l'on sait que le pape se méfie de ces clercs souvent aussi ambitieux qu'intrigants: il l'a dit en commentant le Chemin de Croix du Colisée en 2005, et il vient de le répéter aux jeunes gens qui se préparent à la prêtrise au Séminaire de Rome.
 
Troisième possibilité: trouver un prêtre vraiment capable d'assumer une charge épiscopale. Il en existe dans les diocèses... Mais le problème vient de ce que de plus en plus souvent, ces hommes, généralement discrets, refusent d'accéder à l'épiscopat. Il en ont le droit. Qui pourrait leur faire grief de refuser une fonction qui leur ferait perdre leur santé spirituelle, psychologique et physique? Car quel homme serait assez fou pour accepter de n'être plus que le gérant de structures diocésaines qui tournent à vide, le responsable d'un clergé vieillisant, théologiquement peu formé et sans relève? Quel homme serait assez fou pour imaginer pouvoir redresser une situation dont les chiffres révèlent qu'elle est plus qu'inquiétante?
 
Il est donc évident que les marges de manoeuvre du pape sont assez limitées en France: heureux est-il s'il trouve encore des prêtres simplement capables, une fois sacrés évêques, d'administrer des structures diocésaines sans faire de vagues, ni dans un sens ni dans l'autre, et de trouver leur place au sein d'un épiscopat qui demeure le moins diplômé dans l'Eglise universelle (Au lieu d'y trouver des hommes ayant une solide formation théologique, on n'y voit que des gens ayant touché un peu à tout, mais sans vraiment rien approfondir).
 
Nous avons, bien sûr, le droit d'être déçus de cette situation, mais nous n'avons pas le droit d'en être inquiets ou désespérés. Qui, aujourd'hui, se souvient de la situation dans laquelle se trouvait l'Eglise aux Pays-Bas lorsque Jean-Paul II fut nommé pape? Qui se souvient qu'une émission télévisée qui présentait l'Eglise en Hollande avait dû être diffusée... accompagnée du "carré blanc" qui signifiait à l'époque que le document était interdit aux moins de 18 ans? Telle était alors la situation dans ce pays autrefois si catholique. Mais bien des années, plus tard, alors que l'Eglise s'y est redressée, une théologienne des Pays-Bas disait à des catholiques français qui évoquaient la crise traversée par l'Eglise dans leur pays: "Vous, en France, vous continuez à descendre lentement mais sûrement; cependant, vous n'avez pas encore touché le fond de la piscine comme nous l'avons touché, nous, bien avant vous, aux Pays-Bas. Quand vous l'aurez touché, alors vous pourrez donner le coup de pied qui vous fera enfin remonter à la surface."
 
Alors déçus? Oui, sûrement. Inquiets? Non... Evitons de nous comporter comme les disciples dont la barque était prise dans une tempête pendant que le Maître dormait paisiblement. "Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi?" leut dit-il... (cf. Mt 8, 25). Et à ceux qui pensent que le Souverain Pontife devrait diriger l'Eglise de façon autoritaire avant tout, il faut leur rappeler que l'épiscopat français n'est plus composé que d'évêques bénis-oui-oui tels qu'on en a connus au XIXème siècle, et leur conseiller vivement la (re)lecture de Jean, 21, 15-17.

[Pro Liturgia] Une urgence: Former correctement les prêtres

SOURCE - Pro Liturgia - 27 février 2007

Dans un courrier envoyé le 10 décembre 2006 à plusieurs Evêques de France, le Président de Pro Liturgia a posé la question suivante: "(...) comment expliquer - ou comprendre - que des évêques, pour x raisons sur lesquelles je n'ai pas à me prononcer, acceptent de célébrer ou de faire célébrer dignement, solennellement, fidèlement, respectueusement la messe dite "de S. Pie V", mais s'avèrent réticents dès qu'il s'agit de célébrer ou de faire célébrer en paroisses la liturgie actuelle (dite "de Paul VI") avec la même dignité, la même solennité, la même fidélité, le même respect, le même sens du sacré? Autrement dit, comment expliquer qu'il est aujourd'hui plus facile de trouver une messe célébrée intégralement comme le demande l'ancien missel, qu'une messe célébrée intégralement comme le demande le missel romain actuel? (...)" Un seul Evêque diocésain a répondu par retour de courrier; et sa réponse doit être connue tant elle a le mérite d'être courageuse. Voici ce qu'il écrit: "(...) Il me semble que vous pourriez trouver une partie de la réponse à la question que vous vous posez, précisément dans le livre "L'esprit de la Liturgie" du Cardinal Ratzinger. Mais également dans l'allocution prononcée le 26 octobre 2006 par le Cardinal Arinze, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements, à l'occasion du 50ème anniversaire de l'Institut Supérieur de liturgie à Paris."
 
Ces quelques lignes sont éclairantes pour plusieurs raisons:

1. L'Evêque ne rejette pas la question posée: il y répond, donnant par là la preuve que le problème liturique évoqué est bien réel.
2. L'Evêque répond en se réfèrant à deux personnalités - le Cardinal Ratzinger et le Cardinal Arinze - généralement peu citées dans le milieu épiscopal français. Cela mérite d'être signalé.
3. Enfin, l'Evêque renvoie à deux documents: un livre du Cardinal Ratzinger et une récente conférence du Cardinal Arinze. C'est là, dit-il, qu'on peut trouver "une partie de la réponse" à la question posée au sujet du problème liturgique.
 
Or, que disent les deux Cardinaux? Que bon nombre de problèmes actuels sont le résultat d'une mauvaise formation donnée aux prêtres, et parfois même à une totale absence de formation. Ainsi, dans "L'esprit de la Liturgie", le Cardinal Ratzinger insiste-t-il sur la nécessité d'un parcours éducatif qui devrait porter à rétablir la conscience que la liturgie est un don et non pas une démonstration des capacités humaines, étant donné que la liturgie, comme la théologie, ne vit pas tant de ce que l'on pense d'elle que de ce que l'on reçoit d'elle.
 
Quant au Cardinal Arinze, il dit clairement que "beaucoup d'abus, dans le domaine de la Liturgie, ont pour origine, non pas la mauvaise volonté, mais l'ignorance (...), la place indue qui est accordée à la spontanéité, ou à la créativité, ou bien une fausse idée de la liberté, ou encore cette erreur qui a pour nom "horizontalisme" et qui consiste à placer l'homme au centre de la célébration liturgique au lieu de porter son attention vers le haut, c'est-à-dire vers le Christ et ses Mystères." Et, citant le pape Jean-Paul II, le Cardinal Arinze ajoute qu' "i1 est urgent que dans les communautés paroissiales, dans les associations et dans les mouvements ecclésiaux on assure des cours appropriés de formation, afin que la Liturgie soit mieux connue dans toute la richesse de son langage et qu'elle soit vécue dans toute sa plénitude." (cf. Lettre du Pape Jean-Paul Il au Cardinal Arinze, 3 mars 2005, n. 5).

Enfin, le Préfet de la Congrégation pour le Culte divin souligne dans son discours que "la promotion de l'ars celebrandi [ne pourra se faire que grâce à] une solide base théologico-liturgique, une formation de qualité dans le domaine de la foi, et le respect du caractère propre de la Liturgie."
 
Le manque de formation solide des prêtres - curés, aumôniers... et même évêques! - disent les Cardinaux Ratzinger et Arinze: c'est là que se trouve la racine du mal qui ronge actuellement la liturgie et prive les fidèles qui soient un véritable reflet de la foi de l'Eglise.
 
Il est donc inutile d'espérer sortir du marasme actuel tant que la liturgie sera laissée entre les mains de prêtres auxquels on n'a jamais appris à faire correctement ce qu'ils ont à faire, et qui parfois même donnent l'impression de ne plus vraiment saisir le sens ni mesurer la richesse de ce qu'ils font ou devraient normalement faire.

26 février 2007

[Diocèse de Paris] Communiqué au sujet des trente ans de l’occupation de l’église Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris

Diocèse de Paris - 26 février 2007

Il y a 30 ans, des prêtres et des chrétiens ont occupé par force et contrairement à la loi une église de Paris, Saint-Nicolas du Chardonnet. Ils en ont chassé le curé et les prêtres légitimes, et ils ont privé les fidèles de l’usage de leur église paroissiale. Onze ans plus tard, les prêtres occupant cette église ont adhéré à l’acte schismatique de Mgr Marcel Lefebvre du 30 juin 1988. La déchirure était consommée. Cette déchirure demeure.
 
Les prêtres actuels de Saint-Nicolas du Chardonnet ne sont pas incardinés au diocèse de Paris, ni dans un autre diocèse ou une Communauté de l’Église Catholique. Ils n’ont reçu aucune mission de l’archevêque de Paris. Ils ne reconnaissent pas l’entière validité et la rectitude de l’enseignement donné par les quatre Constitutions, les Décrets et les Déclarations promulgués par le pape Paul VI au Concile Vatican II.
 
Bien des chrétiens assistant aux offices religieux de Saint-Nicolas du Chardonnet ignorent cette rupture. Ne sont-ils pas abusés par les propos tenus par les clercs de cette église ?
 
Le pape Jean-Paul II a multiplié en vain les tentatives de dialogue pour le maintien et le rétablissement de l’unité, tant avant qu’après l’acte schismatique de Mgr Lefebvre. Le Pape Benoît XVI poursuit cet effort pour ramener tous les fidèles catholiques dans l’unité.
 
Pour les chrétiens qui le désirent et demeurent en pleine communion avec l’Eglise Catholique, le Pape a concédé la possibilité de participer à la messe selon le missel en vigueur avant le Concile Vatican II. En communion avec le Pape, le cardinal Lustiger, archevêque de Paris, a demandé aux curés des paroisses Ste Odile (XVIIème arrondissement) et St Eugène (IXème arrondissement) et au chapelain de Notre Dame du Lys (XVème arrondissement) de célébrer pour ces chrétiens la messe selon le missel en vigueur avant le Concile Vatican II.
 
La prière pour l’unité demeure un devoir pour tous les disciples de Jésus-Christ. La déchirure provoquée par l’occupation de Saint-Nicolas du Chardonnet appelle encore cette intercession de tous les catholiques de Paris.
 
Paris, le 26 février 2007

25 février 2007

[Mgr Bernard Fellay - DICI] Lettre aux amis et bienfaiteurs n° 70

SOURCE - Mgr Bernard Fellay - DICI - 25 février 2007

Lettre aux amis et bienfaiteurs n° 70 Chers Amis et bienfaiteurs,
 
Depuis longtemps, nous désirons vous envoyer cette lettre pour vous donner des nouvelles de notre chère Fraternité. Nous avons différé son envoi car nous voulions vous exposer notre attitude après la publication du motu proprio annoncé depuis quelques mois sur la permission de la Messe de saint Pie V.
 
En effet, au mois d’octobre pendant que nous assemblions notre bouquet spirituel pour obtenir la libération de la sainte messe, tout semblait indiquer une prochaine publication d’un motu proprio de Benoît XVI concernant cette question.
 
Mais il semble bien que les oppositions farouches de certains épiscopats aient forcé le Souverain Pontife à différer « un peu ».
 
Cet « un peu » est en train de devenir une durée indéterminée, si bien que nous n’attendrons plus davantage pour vous donner quelques appréciations sur la situation.
 
Soyez tout d’abord vivement remerciés pour votre généreuse prière. Notre Chapitre s’était donné pour but d’arriver à offrir un million de chapelets pour la fin du mois d’octobre. La moisson fut abondante puisque nous avons finalement envoyé au pape un bouquet spirituel de deux millions et demi de chapelets. Nous avons indiqué dans notre lettre accompagnant le bouquet que nous voulions montrer par cet acte concret notre volonté de collaborer à la reconstruction de l’Eglise et de la Chrétienté. Il est évident pour nous que cette crise terrible qui afflige l’Eglise depuis le concile Vatican II ne se terminera pas sans un vaste effort et une très grande détermination de la part de la hiérarchie, à commencer pas le Vicaire du Christ. Car il s’agit en l’occurrence de vaincre non seulement la léthargie créée par une mauvaise habitude, il s’agit de combattre des erreurs et même des hérésies, et d’autres attitudes totalement incompatibles avec la doctrine de l’Eglise, Epouse du Christ et qui se sont incrustées dans le Corps mystique. On ne peut pas espérer de résultat heureux sans l’aide puissante du Ciel. C’est pourquoi nous nous sommes tournés et nous nous tournons toujours vers Notre Dame et Notre Seigneur pour obtenir un mieux dans l’Eglise.
 
Même si jusqu’ici le résultat attendu n’est pas encore réalisé, cependant, en ce mois d’octobre nous avons été témoin d’une scène encore jamais vue dans ces dernières décennies en ce qui concerne la messe de toujours. En effet, contrairement au slogan habituel, qui attribue à la nostalgie ou à une sensibilité particulière l’attachement à la liturgie latine ancienne, cette fois-ci des arguments sérieux ont été évoqués : la liberté de la messe tridentine pose des problèmes doctrinaux, nous dit-on ; cette messe met en danger les acquis de Vatican II. Comment ne pas se réjouir de cette subite découverte ?
 
Si nous considérons de près les arguments avancés cette fois-ci, en particulier dans l’épiscopat français, mais aussi à Rome et en Allemagne, l’on s’aperçoit que les évêques ont en fait peur de cette messe. Même Rome prend un soin extrême pour ne pas désavouer la réforme de Paul VI lorsqu’elle esquisse la possibilité d’un retour de l’ancienne Messe. La crainte des progressistes est telle, qu’il faut justifier à l’extrême et avec force arguments la permission élargie de la Messe tridentine. Certainement, cela explique aussi pourquoi jusqu’ici, nous n’avons reçu ni remerciement ni réponse, tant du Souverain Pontife que du Vatican.
 
De la situation présente, nous pouvons et devons tirer des conclusions pour le futur, même si nous ne connaissons pas encore la teneur exacte de ce fameux motu proprio.
 
1. Si nous considérons comment les documents romains de cette dernière décennie ont été reçus par l’épiscopat et les fidèles, nous devons bien dire que ce qui domine est une très grande indifférence qui a rendu pratiquement inefficace les mesures que préconisaient ces textes. Qu’il s’agisse de la place des laïcs dans la liturgie ou plus récemment de prescriptions liturgiques, qu’il s’agisse de la déclaration « Dominus Jesus » ou de la condamnation de l’avortement et de l’euthanasie, force est de constater que les documents n’ont eu aucun effet réel. On peut dès à présent se demander si le motu proprio ne connaîtra pas le même sort.
 
2. Cependant, comme le document accorde une faveur plutôt qu’une restriction et que d’autre part il s’adresse à des personnes qui y trouvent un grand intérêt, il se pourrait bien que les attentes des fidèles et des prêtres tirent les hiérarchies de certains pays de leur léthargie et les bousculent dans leur résistance. C’est dans ce sens que certains évêques évoquent le risque d’une anarchie liturgique dans leur diocèse. Lorsque l’on voit la multiplicité des formes qu’a prise dans le concret la nouvelle messe, on peut se demander d’où peut bien provenir cette crainte de « division ». Bien au contraire, la liturgie traditionnelle s’est toujours montrée facteur d’unité, en particulier par la langue sacrée du latin.
 
3. Il est fort peu probable que ce motu proprio sera suivi d’une réaction de masse. Les prêtres et les fidèles qui désirent la liturgie ancienne sont proportionnellement peu nombreux et les autres en ont perdu le goût et l’intérêt. Il faudra beaucoup d’efforts sérieux pour remettre à l’honneur dans toute l’Eglise le rite vénérable et sacré qui a sanctifié des siècles et des siècles de chrétienté.
 
4. Ce sera plutôt un mouvement qui démarrera lentement, mais qui petit à petit prendra de la force, à mesure que l’on redécouvrira les richesses et la beauté de la liturgie perdue. En effet, pour autant que l’on accorde à la messe tridentine simplement le droit d’exister (cette messe n’a jamais été supprimée !), elle s’imposera peu à peu, la nouvelle messe ne pouvant rivaliser avec elle.
 
5. De toute façon, une permission plus large de célébrer l’ancienne messe est une bénédiction pour l’Eglise. Certes la parution de ce document pourrait engendrer « chez nous » une certaine confusion, dans le sens où cela pourra donner l’impression d’un rapprochement entre l’Eglise officielle et la Tradition. Il faut s’attendre de la part de Rome à un appel à l’unité renouvelé à cette occasion. Pour la Fraternité, la libéralisation plus large de la sainte messe est une cause de réjouissance, un pas dans la direction de la restitution de la Tradition ; mais pour autant la méfiance de trente ans de défense et de combat contre « ceux qui devraient être nos pasteurs » ne pourra pas être vaincue si facilement. Il faut en effet considérer que la nouvelle messe est bien davantage un effet qu’une cause de la crise qui fait souffrir l’Eglise depuis bientôt quarante ans. En d’autres termes, notre situation n’est quasiment pas changée par le retour de l’ancienne messe tant que celui-ci n’est pas accompagné d’autres mesures de reprise en mains absolument essentielles.
 
6. L’œcuménisme, le libéralisme et cet esprit du monde qui souille l’Epouse du Christ sont toujours les principes qui font vivre l’Eglise conciliaire. Ces principes tuent l’Esprit de Dieu, l’esprit chrétien. Il nous faut plus que jamais bien comprendre les racines de la crise afin d’éviter de se jeter éperdument dans la situation nouvelle que provoquerait la parution du motu proprio. Il est indispensable, avant de songer à des mesures de régularisation canonique globales, de passer par une discussion de fond sur ces questions. Nous espérons que Rome entende enfin notre demande de les faire précéder par ce que nous appelons des préalables, dont l’un d’eux pourrait être réalisé par le motu proprio. Pendant trente ans nous avons refusé de prendre le poison ; c’est à cause de cela que nous sommes rejetés, et c’est encore la condition (plus ou moins cachée) qu’impose Rome pour nous accepter. L’œcuménisme, la liberté religieuse et la collégialité sont toujours les points incontournable sur lesquels nous buttons.
 
7. Jusqu’ici ce que nous venons de dire n’est que spéculation. Les circonstances concrètes, les dispositions réelles du motu proprio demanderons peut-être d’autres précisions.
 
En abordant le Carême, souvenons nous que les dons du Ciel s’obtiennent par la prière et la pénitence purificatrices. Que Dieu écoute plus volontiers la prière d’un cœur pur et qui s’humilie. Continuons donc notre croisade de prière, joignons-y un peu de pénitences volontaires pour arracher au Ciel ce que les hommes d’Eglise ont tant de peine à donner à nos âmes. Même si Dieu semble ne pas écouter nos suppliques, ne nous décourageons pas. Il nous met à l’épreuve et veut nous faire gagner davantage de mérites encore.
 
En ce 1er dimanche de Carême
Le 25 février 2007
+ Bernard Fellay

24 février 2007

[Michèle Reboule - Monde et Vie] Recension sur "Benoît XVI et les traditionalistes"

Michèle Reboule - Monde et Vie (n°775) - 24 février 2007

Michèle Reboule dans Monde et Vie n°775 - 24 février 2007 Ce livre comporte trois parties, présent, passé et futur. Le présent permet de connaître la biographie des deux auteurs, le passé et l’histoire de la Fraternité Saint-Pie X qui ne s’explique que par la crise de l’Eglise dûe en particulier au Concile, à la nouvelle théologie et à la nouvelle liturgie et le futur concerne la possibilité et les conditions d’un accord de la Fraternité avec Rome. De plus, c’est la première fois que grâce à une édition grand public (Entrelacs, filiale d’Albin Michel) les lecteurs, même non catholiques, pourront avoir accès aux causes de la crise de l’Eglise et à ses éventuels remèdes. Ce livre s’inscrit dans une collection qui s’appelle “Connivences”.
 
Comme le dit dans l’ouverture son directeur, Jean-Luc Maxence : « il m’a semblé utile, surtout à l’heure où le pape Benoît XVI veut courageusement recoudre la tunique déchirée de l’Eglise, de proposer… un dialogue sans langue de bois, avec une absolue liberté, sur la question d’un rapprochement entre la Fraternité Saint Pie X et Rome. »
 
Avant l’entretien sur ce sujet, on découvre le parcours du prêtre et du journaliste jusqu’en 2007. L’abbé Célier, né en 1958, est « un pur fils de l’école laïque », à l’école Emile Zola de St-Ouen fondée par Jules Ferry puis au lycée Honoré de Balzac près de la porte de Clichy. Au lycée, il croisa sans leur parler Michel Field « gauchiste enragé, leader de la campagne contre la loi Debré en 1973 » et Joëlle Aubron, « l’un des cinq dirigeants historiques d’Action directe ». Après un bac scientifique et 2 ans à l’université, il obtint un diplôme universitaire de technologie en Hygiène et Sécurité du travail. Il travailla alors pendant un an dans une entreprise d’usinage d’uranium qui fournissait l’industrie nucléaire et l’aéronautique. Il n’y persévéra pas puisqu’il entra en octobre 1979 à Ecône. Ses parents avaient accepté l’évolution de l’Eglise et lui-même servait chaque dimanche la messe de Paul VI célébrée en latin, chantée en grégorien, dans le respect des rubriques.
 
Le déclic vint de son assistance à la messe à l’église Saint-Nicolas du Chardonnet Le futur abbé Célier ressentit là profondément « le mystère de Dieu. Et par comparaison, la pauvreté, l’indigence même de la messe de Paul VI, y compris pieusement célébrée ». Il y a un parallèle et une complémentarité entre l’abbé Célier qui admire la doctrine catholique « cathédrale dogmatique qui enserre le mystère du Christ Rédempteur » et Olivier Pichon fasciné par la connaissance, la découverte et la compréhension du monde dont la base est l’étude du grec et du latin. « J’appartiens, dit-il, à la dernière génération des humanités dites classiques… moyen de découvrir les formidables secrets du savoir ». « La perte contemporaine de la culture chrétienne est une perte pour l’intelligence, et la renaissance catholique devra être accompagnée d’une renaissance parallèle du savoir et de la culture » constate cet agrégé d’histoire. O. Pichon est également docteur en sociologie politique. Son professeur de thèse était Annie Kriegel et le sujet de cette thèse était « La Pologne de 1940 jusqu’à Solidarnosc-Un modèle de résistance nationale et catholique ». C’est « cette universelle curiosité intellectuelle » qui le fait interroger l’abbé Célier. Afin d’étudier l’historique de la FSSPX comme réaction et remède à la crise de l’Eglise, l’abbé Célier commence dans la seconde partie intitulée “Passé”, par rappeler le coup de force du cardinal Liénart au concile. Alors qu’une commission (où était Mgr Lefebvre) avait préparé pendant trois ans vingt schémas qui devaient être étudiés et éventuellement adoptés à Vatican II, le cardinal Liénart deux jours après l’ouverture du concile, le 11 octobre 1962, demanda le report des élections et la possibilité pour les conférences épiscopales de présenter des listes. Cela lui fut accordé avec l’approbation de Jean XXIII et l’Alliance européenne, avec Mgrs Liénart, Garrone et Frings, prit la direction du concile. Dans la dernière partie “Futur”, l’abbé Célier répond aux sévères objections d’Olivier Pichon. La question centrale posée par ce dernier est celle-ci : Benoît XVI offre une occasion historique qui ne se représentera pas. Il faut saisir le kairos, le temps opportun d’un accord. En réponse, l’abbé Célier explique pourquoi la Fraternité Saint-Pie X n’a pas donné suite aux propositions de Rome en 1997, 2 000 et 2004 pour la régulariser et indique ce qui permettrait de signer un accord. L’abbé Célier rappelle que la Fraternité s’est toujours voulue une part de l’Eglise. C’est pourquoi un accord purement canonique et pratique n’est pas envisageable. O. Pichon le souhaite comme ouverture du processus de réconciliation mais l’abbé Célier pense qu’il doit être le terme d’un processus. Un jour, moins éloigné qu’il ne paraît, proclame l’abbé Célier, « cette réconciliation se fera, et nous serons tous réunis visiblement dans une Eglise qui aura pleinement retrouvé sa splendeur apostolique et missionnaire enracinée dans sa tradition ».

23 février 2007

[Golias] Marché de dupes à l’institut Bon Pasteur, ou quand l’abbé Laguérie refuse une « lettre de regrets »

SOURCE - Golias - 23 février 2007

"Il faut du temps au dialogue pour qu’il s’instaure véritablement, il y a eu trop de blessures, d’invectives, de mots durs.
 
Il faut du temps pour que la raison, la foi et le pardon l’emportent sur la passion.
 
Le Père Ricard a demandé à l’abbé Laguerie, en préalable, à toute recherche commune, une lettre de regret et de communion à l’Eglise qui l’accueille pour ouvrir de nouvelles relations.
 
Nous avons réaffirmé notre détermination à rester ouverts sur les défis de la mission, lucides sur les enjeux de l’annonce de l’évangile aujourd’hui et la nécessité de faire Église ensemble. - mais pas à n’importe quelles conditions – dans la diversité des vocations, de ministères et des sensibilités, "dans la charité et la vérité".
 
C’est en ces termes que l’Aquitaine, le bulletin du diocèse de Bordeaux, rapportait cette partie des débats du Conseil pastoral qui traitait de "l’érection" de la paroisse du Bon Pasteur sur instructions formelles – faudrait-il parler d’oukases- du Vatican.

Cette demande du cardinal Ricard, trente ans après l’occupation de Saint Nicolas du Chardonnet par… l’abbé Laguérie, n’était pas dénuée de bon sens, car s’il a obéi "en bon soldat" il ne doit se faire aucune illusion sur la sincérité et la loyauté des manœuvres qui ont abouti à l’installation de ce cheval de Troie sur le territoire de l’église de France.
 
C’est en réalité une tête de pont qui a été établi par les milieux conservateurs de Rome. C’est à partir de cette tête de pont que le "quarteron" de nostalgiques d’une église où le rite l’emporte sur le sens va se lancer à l’assaut des bastions faibles de cette église.
 
On ne doit, en effet, nourrir aucune illusion sur la capacité de résistance de certains diocèses dont l’évêque est proche de la sensibilité du commando de Bordeaux. D’autant que l’abbé Laguérie ne désespère pas d’essaimer dans plusieurs diocèses. Il annonce fièrement à plusieurs reprises que plusieurs évêques sont prêts à collaborer avec lui !
 
La convention entre le diocèse de Bordeaux et l’ancien dictateur lefebvriste a été finalement signée. On ne saurait dire qu’elle a été accueillie avec une joie débordante dans le camp des "ralliés". Et les échos qui filtrent des troupes demeurées fidèles aux héritiers purs et durs de Mgr Lefebvre sont encore plus pessimistes.
 
Pensez-donc ! L’archevêque de Bordeaux aux termes de la convention qu’il a finalement passée avec "l’abbé" Laguerie, récupère en quelque sorte la paroisse Saint-Eloi où il se réserve le droit de pouvoir célébrer l’office divin. Horesco referens ! L’office de Vatican II dans la paroisse concédée aux tenants de la liturgie traditionnelle.
 
Il était donc normal que l’archevêque de Bordeaux demande à l’abbé Laguerie de revenir sur un certain nombre de propos ( le vicaire de Mgr Ricard a été notamment traité de trotskiste) marqués au coin de la charité la plus fraternelle. Il était normal – et sain – qu’il n’accueille sur ordre cette équipe dont il n’a pas grand chose à attendre qu’après une reconnaissance sans équivoque de l’injustice flagrante des propos tenus par celui qui demandait à être accueilli dans cette "Église qui est à Bordeaux ".
 
Peut-être nous objectera-t-on qu’il ne "demandait" pas mais qu’il entendait, assuré de son bon droit, entrer botté et casqué dans le lit de la belle dans la vieille tradition des soudards de tous les temps. Or, Mgr Ricard dut se résoudre à « conventionné » avec l’abbé Laguérie, sans « lettre de regret ».
Petit rappel croustillant : un abbé toujours au dessus des lois
A la fin du siècle dernier, en 1999, mais ce n’est pas si loin, un certain abbé Laguérie se faisait chronométrer sur l’autoroute 10 à 190 km/heure. Ce jour-là, pour aggraver encore son cas, il circulait sans permis ce qui lui valut dans la lettre ouverte d’un journaliste de l’Humanité de s’entendre rappeler qu’il est des gens qui prenne l’habitude de "s’asseoir sur la législation comme d’autres sur leur missel". Devant le tribunal de Saintes où il comparaissait il trouvait pour seule explication que sa voiture "s’était emballée". Sûrement un coup du Malin !
 
Mais il est des accommodements avec la Justice comme avec le ciel. Avec une amende de principe de 2.800 francs (427 euros) notre saint homme devait écoper d’une suspension de permis de deux mois. Toutefois, dans le cadre de ces "accommodements" il lui fut signifié qu’il devait se séparer de son permis du dimanche soir 24 heures au lundi matin 10 heures. Qu’il bénéficie d’une telle mansuétude est incompréhensible … à moins qu’il ne trouve sa source dans des préjugés d’un autre temps.
 
Ce qui est plus révoltant, cependant, c’est de voir un Savonarole au petit pied, donneur de leçons et thuriféraire de grands principes qui refuse de s’appliquer à lui-même les règles élémentaires de morale publique.
 
Faire le coup de poing pour protester contre l’exposition d’une photographie de Bettina Rheims représentant une femme aux seins nus sur une croix, peut encore passer aux yeux de certains comme la réaction d’un homme indigné qui se fait justice à lui-même.
 
Mais mettre en danger la vie d’autrui quand on prône les grands principe c’est tout simplement ignoble. Ou c’est le signe d’un incommensurable orgueil.
 
Mais c’est plus certainement les deux à la fois.

21 février 2007

[Aletheia n°105] « Combats » ou réformes ? - par Yves Chiron

Aletheia n°105 - 21 février 2007
« Combats » ou réformes ? - par Yves Chiron
Le motu proprio sur la messe traditionnelle, qui portera aussi sur « la nouvelle messe » dit-on à Rome, est toujours en attente de publication. Le 17 février dernier, lors de la célébration, à Paris, du 30e anniversaire de la « prise » de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, Mgr Fellay, Supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, a reconnu : « Jusqu’où va-t-il ? Nous n’en savons franchement rien. »
Il a insisté surtout sur la nécessité de poursuivre le « combat ». La publication d’un motu proprio sur la messe ne sera qu’une étape, a estimé Mgr Fellay. Il a ajouté : « Est-ce que cela veut dire la fin d’un combat ? […] Si vous le pensez, vous vous trompez. […] L’histoire de notre combat pour la Tradition n’est pas finie. […] Notre combat n’est pas que la messe. […] Il y a tout le reste. Et cela nous vaudra encore de bons combats. »
Cette position du Supérieur général de la FSSPX est, bien sûr, celle de l’abbé Grégoire Celier dans les entretiens qu’il a eus avec Olivier Pichon et qui sont publiés dans un volume à paraître le 2 mars. L’ouvrage, déjà annoncé dans le précédent numéro d’Aletheia, s’intitule : Benoît XVI et les traditionalistes. Le titre est assez trompeur, car il est, finalement, peu question de Benoît XVI, de ce qu’il a déjà accompli en tant que Souverain Pontife et de sa vision ecclésiale. Mais le livre mérite d’être lu car il expose, de manière approfondie et claire, la perception de la crise de l’Eglise qu’a la FSSPX[1].
L’abbé Celier, qui joue un rôle grandissant dans la communication de la FSSPX, répond aux questions d’Olivier Pichon, ancien professeur en classe préparatoire, agrégé d’histoire, ancien élu politique, directeur du magazine bimensuel Monde et Vie depuis 2003. Ce magazine, qui a été longtemps l’écho de la FSSPX en France, a, depuis 2003, pris davantage d’indépendance.
C’est Jean-Luc Maxence, rédacteur à Monde et Vie, et directeur  de la collection « Connivences » aux éditions Entrelacs, qui est à l’origine de ce livre d’entretiens. Le ton entre les deux interlocuteurs est libre, même si l’on comprend bien, à lire le livre, que les questions et les réponses n’ont pas fait seulement l’objet d’un dialogue oral mais aussi d’un travail écrit. Olivier Pichon pose des questions sans concession, poussant l’abbé Celier dans ses retranchements,  bien qu’il n'arrive pas toujours à obtenir de réponse claire de la part de son interlocuteur[2].
On passera sur les quelques erreurs factuelles, telle celle de faire figurer le grand théologien suisse Hans Urs von Balthasar parmi les représentants de la « nouvelle théologie » au concile Vatican II. Balthasar ne fut point parmi les « periti » officiels  du concile ni même théologien de quelque évêque ; il en fut d’ailleurs quelque peu chagriné.
Autre point historiquement contestable : le rôle des six observateurs non-catholiques au sein du Consilium créé en 1964 pour mettre en œuvre la réforme liturgique voulue par Paul VI. L’abbé Celier, à la suite de nombreux auteurs et journalistes traditionalistes depuis plus de trente ans, majore leur rôle et leur influence et les voit comme les agents d’une protestantisation de la nouvelle messe. Mgr Bugnini, qui fut le secrétaire de ce Consilium, a contesté cette influence dans son gros livre sur la réforme liturgique[3].
Qu’ils n’aient pas été inactifs et silencieux, on en conviendra aisément. Les recherches en cours de Stéphane Wailliez montreront sans doute l’influence réelle qu’ils ont pu avoir. Mais, on voit mal comment ces 6 « observateurs », anglicans et  protestants, auraient pu avoir un rôle déterminant dans un Consilium qui a compté 58 « membres », plus de 150 « consulteurs » et plus de 70 « conseillers ».
J’ajouterai qu’un de ces observateurs non-catholiques, Max Thurian, s’est converti ensuite au catholicisme et il est devenu prêtre. Lui qui avait écrit, en 1969, que la « nouvelle messe » pouvait être dite par des protestants (« théologiquement c’est possible » écrivait-il), a été, dans les années 1990,  très sévère pour l’application de la réforme liturgique.
Cela dit, on sera tout à fait d’accord avec l’abbé Celier pour estimer que dans cette question de la réforme liturgique, « Paul VI n’a été ni trompé, ni circonvenu : il a su, il a voulu, et on ne peut l’exonérer de la responsabilité première de la situation actuelle de la liturgie. »
On sera attentif aussi  aux éléments positifs qu’il reconnaît dans la réforme liturgique : « Une partie de ce qui a été mis en œuvre dans la réforme liturgique postconciliaire est d’ailleurs intéressant. Par exemple, le fait d’allumer le cierge pascal au cours du baptême constitue une innovation, mais qui se trouve profondément en accord avec la tradition liturgique. Personnellement, je trouve que saint Pie V a eu la main un peu lourde en supprimant certaines préfaces : on pourrait songer à les réintroduire. Mgr Lefebvre, pour sa part, était favorable à ce que les lectures du début de la messe (ce que l’on appelle aujourd’hui la « liturgie de la Parole ») soient faites face au peuple, et non pas à l’autel. Nous ne sommes pas des opposants de principe à toute réforme liturgique ».
Ce genre de propos est trop peu souvent lu sous la plume de prêtres de la FSSPX pour ne pas être relevé. Plus loin, on lira les pages sur l’avenir possible de la liturgie en France : la « messe pipaule » (mélange du rite « Pie » et du rite « Paul »). Hormis ceux qui peuvent, et pourraient à l’avenir, célébrer exclusivement selon le rite traditionnel, l’abbé Celier pense que les autres prêtres pourraient, progressivement, « réenraciner dans la tradition liturgique la liturgie qu’ils célèbrent en public (donc la liturgie nouvelle) », en y important « tout simplement des parties de la liturgie traditionnelle qu’ils célèbrent plus occasionnellement. »
Cette vision, assortie d’un nom comique, n’est pas loin de celle de la « réforme de la réforme » évoquée depuis longtemps par celui qui est devenu le pape Benoît XVI.
Les analyses de l’abbé Celier sur le concile Vatican II constituent une autre partie importante du livre. Même s’il ne le dit pas, on sait que pendant très longtemps, les textes du concile Vatican II n’étaient pas étudiés dans les séminaires de la FSSPX.  L’abbé Celier pense le moment venu d’ une « étude vraiment globale, vraiment systématique et vraiment scientifique du concile » par la FSSPX[4].
On trouvera d’autres analyses intéressantes dans ce livre de dialogues. Les évêques de France qui, pour la plupart, n’ont qu’une connaissance superficielle de la FSSPX, pourraient le lire avec profit. Même s’ils risquent de conclure comme Olivier Pichon : « J’ai beaucoup appris en votre compagnie, même si je ne suis pas convaincu en tout point par vos explications. »
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[1] Olivier Pichon et abbé Grégoire Celier, Benoît XVI et les traditionalistes, Editions Entrelacs (204 boulevard Raspail, 75014 Paris), 250 pages.
[2] Évoquant le protocole d’accord signé le 5 mai 1988 entre Mgr Lefebvre et le cardinal Ratzinger, protocole rompu par le premier le lendemain, l’abbé Celier estime : « il aurait été rompu de toutes les façons par le cardinal Ratzinger le 7 mai ou à peu près ». Son interlocuteur s’étonne : « Etes-vous bien sûr que le cardinal Ratzinger, compte tenu de ce que nous savons maintenant de lui comme pontife, aurait rompu l’accord ? ». L’abbé Celier se contente d’affirmer : « chacun est allé à la limite de son élasticité et a compris que, pour le moment, l’accord n’est pas vraiment possible ». La position du cardinal Ratzinger était, me semble-t-il, très différente.
[3] Annibale Bugnini, La Riforma liturgica (1948-1975), Rome, CLV-Edizioni liturgiche, 1983, p. 203-205.
[4] Il en arrive ainsi  à considérer – même s’il ne les cite pas – les colloques sur le concile Vatican II organisés par des institutions de la FSSPX ou proches d’elle comme des « premières analyses forcément fragmentaires ».

[Yves Chiron - Aletheia] « Combats » ou réformes ?

SOURCE - Yves Chiron - Aletheia (n°105) - 21 février 2007

« Combats » ou réformes ? - par Yves Chiron
Le motu proprio sur la messe traditionnelle, qui portera aussi sur « la nouvelle messe » dit-on à Rome, est toujours en attente de publication. Le 17 février dernier, lors de la célébration, à Paris, du 30e anniversaire de la « prise » de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, Mgr Fellay, Supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, a reconnu : « Jusqu’où va-t-il ? Nous n’en savons franchement rien. »
 
Il a insisté surtout sur la nécessité de poursuivre le « combat ». La publication d’un motu proprio sur la messe ne sera qu’une étape, a estimé Mgr Fellay. Il a ajouté : « Est-ce que cela veut dire la fin d’un combat ? […] Si vous le pensez, vous vous trompez. […] L’histoire de notre combat pour la Tradition n’est pas finie. […] Notre combat n’est pas que la messe. […] Il y a tout le reste. Et cela nous vaudra encore de bons combats. »
Cette position du Supérieur général de la FSSPX est, bien sûr, celle de l’abbé Grégoire Celier dans les entretiens qu’il a eus avec Olivier Pichon et qui sont publiés dans un volume à paraître le 2 mars. L’ouvrage, déjà annoncé dans le précédent numéro d’Aletheia, s’intitule : Benoît XVI et les traditionalistes. Le titre est assez trompeur, car il est, finalement, peu question de Benoît XVI, de ce qu’il a déjà accompli en tant que Souverain Pontife et de sa vision ecclésiale. Mais le livre mérite d’être lu car il expose, de manière approfondie et claire, la perception de la crise de l’Eglise qu’a la FSSPX[1].
 
L’abbé Celier, qui joue un rôle grandissant dans la communication de la FSSPX, répond aux questions d’Olivier Pichon, ancien professeur en classe préparatoire, agrégé d’histoire, ancien élu politique, directeur du magazine bimensuel Monde et Vie depuis 2003. Ce magazine, qui a été longtemps l’écho de la FSSPX en France, a, depuis 2003, pris davantage d’indépendance.
 
C’est Jean-Luc Maxence, rédacteur à Monde et Vie, et directeur  de la collection « Connivences » aux éditions Entrelacs, qui est à l’origine de ce livre d’entretiens. Le ton entre les deux interlocuteurs est libre, même si l’on comprend bien, à lire le livre, que les questions et les réponses n’ont pas fait seulement l’objet d’un dialogue oral mais aussi d’un travail écrit. Olivier Pichon pose des questions sans concession, poussant l’abbé Celier dans ses retranchements,  bien qu’il n'arrive pas toujours à obtenir de réponse claire de la part de son interlocuteur[2].
 
On passera sur les quelques erreurs factuelles, telle celle de faire figurer le grand théologien suisse Hans Urs von Balthasar parmi les représentants de la « nouvelle théologie » au concile Vatican II. Balthasar ne fut point parmi les « periti » officiels  du concile ni même théologien de quelque évêque ; il en fut d’ailleurs quelque peu chagriné.
 
Autre point historiquement contestable : le rôle des six observateurs non-catholiques au sein du Consilium créé en 1964 pour mettre en œuvre la réforme liturgique voulue par Paul VI. L’abbé Celier, à la suite de nombreux auteurs et journalistes traditionalistes depuis plus de trente ans, majore leur rôle et leur influence et les voit comme les agents d’une protestantisation de la nouvelle messe. Mgr Bugnini, qui fut le secrétaire de ce Consilium, a contesté cette influence dans son gros livre sur la réforme liturgique[3].
 
Qu’ils n’aient pas été inactifs et silencieux, on en conviendra aisément. Les recherches en cours de Stéphane Wailliez montreront sans doute l’influence réelle qu’ils ont pu avoir. Mais, on voit mal comment ces 6 « observateurs », anglicans et  protestants, auraient pu avoir un rôle déterminant dans un Consilium qui a compté 58 « membres », plus de 150 « consulteurs » et plus de 70 « conseillers ».
 
J’ajouterai qu’un de ces observateurs non-catholiques, Max Thurian, s’est converti ensuite au catholicisme et il est devenu prêtre. Lui qui avait écrit, en 1969, que la « nouvelle messe » pouvait être dite par des protestants (« théologiquement c’est possible » écrivait-il), a été, dans les années 1990,  très sévère pour l’application de la réforme liturgique.
 
Cela dit, on sera tout à fait d’accord avec l’abbé Celier pour estimer que dans cette question de la réforme liturgique, « Paul VI n’a été ni trompé, ni circonvenu : il a su, il a voulu, et on ne peut l’exonérer de la responsabilité première de la situation actuelle de la liturgie. »
 
On sera attentif aussi  aux éléments positifs qu’il reconnaît dans la réforme liturgique : « Une partie de ce qui a été mis en œuvre dans la réforme liturgique postconciliaire est d’ailleurs intéressant. Par exemple, le fait d’allumer le cierge pascal au cours du baptême constitue une innovation, mais qui se trouve profondément en accord avec la tradition liturgique. Personnellement, je trouve que saint Pie V a eu la main un peu lourde en supprimant certaines préfaces : on pourrait songer à les réintroduire. Mgr Lefebvre, pour sa part, était favorable à ce que les lectures du début de la messe (ce que l’on appelle aujourd’hui la « liturgie de la Parole ») soient faites face au peuple, et non pas à l’autel. Nous ne sommes pas des opposants de principe à toute réforme liturgique ».
 
Ce genre de propos est trop peu souvent lu sous la plume de prêtres de la FSSPX pour ne pas être relevé. Plus loin, on lira les pages sur l’avenir possible de la liturgie en France : la « messe pipaule » (mélange du rite « Pie » et du rite « Paul »). Hormis ceux qui peuvent, et pourraient à l’avenir, célébrer exclusivement selon le rite traditionnel, l’abbé Celier pense que les autres prêtres pourraient, progressivement, « réenraciner dans la tradition liturgique la liturgie qu’ils célèbrent en public (donc la liturgie nouvelle) », en y important « tout simplement des parties de la liturgie traditionnelle qu’ils célèbrent plus occasionnellement. »
 
Cette vision, assortie d’un nom comique, n’est pas loin de celle de la « réforme de la réforme » évoquée depuis longtemps par celui qui est devenu le pape Benoît XVI.
 
Les analyses de l’abbé Celier sur le concile Vatican II constituent une autre partie importante du livre. Même s’il ne le dit pas, on sait que pendant très longtemps, les textes du concile Vatican II n’étaient pas étudiés dans les séminaires de la FSSPX.  L’abbé Celier pense le moment venu d’ une « étude vraiment globale, vraiment systématique et vraiment scientifique du concile » par la FSSPX[4].
 
On trouvera d’autres analyses intéressantes dans ce livre de dialogues. Les évêques de France qui, pour la plupart, n’ont qu’une connaissance superficielle de la FSSPX, pourraient le lire avec profit. Même s’ils risquent de conclure comme Olivier Pichon : « J’ai beaucoup appris en votre compagnie, même si je ne suis pas convaincu en tout point par vos explications. »

[1] Olivier Pichon et abbé Grégoire Celier, Benoît XVI et les traditionalistes, Editions Entrelacs (204 boulevard Raspail, 75014 Paris), 250 pages.
 
[2] Évoquant le protocole d’accord signé le 5 mai 1988 entre Mgr Lefebvre et le cardinal Ratzinger, protocole rompu par le premier le lendemain, l’abbé Celier estime : « il aurait été rompu de toutes les façons par le cardinal Ratzinger le 7 mai ou à peu près ». Son interlocuteur s’étonne : « Etes-vous bien sûr que le cardinal Ratzinger, compte tenu de ce que nous savons maintenant de lui comme pontife, aurait rompu l’accord ? ». L’abbé Celier se contente d’affirmer : « chacun est allé à la limite de son élasticité et a compris que, pour le moment, l’accord n’est pas vraiment possible ». La position du cardinal Ratzinger était, me semble-t-il, très différente.
 
[3] Annibale Bugnini, La Riforma liturgica (1948-1975), Rome, CLV-Edizioni liturgiche, 1983, p. 203-205.
 
[4] Il en arrive ainsi  à considérer – même s’il ne les cite pas – les colloques sur le concile Vatican II organisés par des institutions de la FSSPX ou proches d’elle comme des « premières analyses forcément fragmentaires ».

20 février 2007

[Correspondance Européenne] In memoriam: décès du RP Franck Quoëx

SOURCE - Correspondance Européenne - 20 février 2007

In memoriam: décès du RP Franck Quoëx (Correspondance européenne)
Le 2 janvier 2007, est mort à Lausanne où, tout comme à Genève, il exerçait son ministère, le RP Franck Quoëx. Né le 22 juin 1967 à Bonneville, en Savoie, de famille savoyarde, non française comme il aimait à le préciser, le RP Quoëx perdit son père quand il était encore enfant et fut élevé par ses grands-parents paternels animés par une foi catholique ardente.
Il étudia chez les salésiens avant d'entrer au Séminaire de la Fraternité Saint Pie X à Econe, pour passer à celui de Gricigliano dans lequel il fut ordonné le 24 juin 1992 et où il fit ses premières preuves comme liturgiste et cérémoniaire en donnant à l'Institut du Christ-Roi une impulsion liturgique décisive. Pendant six ans, il fut l'aumônier de la communauté traditionnelle romaine et effectua dans la Ville éternelle ses études ainsi qu'une fervente oeuvre d'apostolat en faveur de la Messe traditionnelle. En 2001, il fut incardiné au Liechtenstein, par l'Archevêque du lieu, S. Exc. Mgr Haas.
Diplômé en théologie près l'Université pontificale Angelicum, il obtint, en 2001, le titre de docteur près cette même Université avec une thèse portant sur Les actes extérieurs du culte dans l'histoire du Salut selon Saint Thomas d'Aquin, thèse qui fut très appréciée par celui qui était alors le Cardinal Ratzinger.
 
Il avait débuté depuis longtemps une vaste production d'études d'histoire de la liturgie qui l'ont rendu célèbre et respecté comme spécialiste dans le monde académique. En 2006, il fut diplômé de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris.
Professeur de liturgie au séminaire de Wigratzbad de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, avec laquelle il collaborait depuis longtemps, il fut l'un des fondateurs et le premier Président de la Societé Barbier de Montault, dédiée à l'étude et à la valorisation de l'oeuvre du célèbre liturgiste et historien de la liturgie. Le RP Quoëx a été un historien profond de la liturgie contemporaine ainsi qu'un cérémoniaire et un liturgiste incomparable. Il est l'auteur de nombreuses études liturgiques de haut niveau scientifique et historique qui ont placé la pratique et la théorie de la liturgie sur une solide base tant aux plans historique et scientifique que théologique. Au nombre de ses oeuvres les plus importantes, citons Morphogenèse de l'espace ecclésial et religieux au Moyen-Âge, Catalogues et manuscrits liturgiques de la bibliothèque capitulaire de Vercelli, Etude sur la messe papale.

La bataille que le RP Quoëx mena toute sa vie concerna la Messe et la liturgie traditionnelle pour laquelle il se montra d'une rigueur et d'une intégrité sans faille. Pour la Messe, il a renoncé, sans remords, à des opportunités importantes en termes de carrière et de position. Une grande partie de son combat en faveur de la Messe traditionnelle n'est pas, comme ses écrits, tangible mais consiste en l'enseignement de la liturgie et dans la formation liturgique des séminaristes et des cérémoniaires. On ne peut assez souligner le rôle du RP Quoëx en matière de transmission des connaissances liturgiques, de véritable reconstruction de liturgies abolies, de bataille fervente contre ceux qui voulaient détruire jusqu'au souvenir et à la possibilité de la continuité de la grande liturgie classique.
 
Sa disparition représente une grave perte non seulement pour le mouvement traditionnel mais également pour le monde académique et pour l'enseignement concret de la liturgie et laissera de grands regrets à ceux qui eurent la chance de le connaître et de l'apprécier. (M. B.) (CE 161/09 du 20/02/07)

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[District de France de la FSSPX] Communiqué - Benoît XVI et les traditionalistes : l'abbé Celier sur radio Courtoisie

SOURCE - District de France de la FSSPX - 20 février 2007

A l’occasion de la sortie de son nouveau livre, un entretien avec Olivier Pichon publié aux éditions Entrelacs et intitulé Benoît XVI et les traditionalistes, l’abbé Grégoire Celier participera à l’émission de Radio Courtoisie animée par Daniel Hamiche :
le mercredi 28 février 2007 de 19 h 30 à 21 h 00
Il répondra durant cette émission aux questions de Christophe Dickès, historien, Christophe Geffroy, directeur du mensuel La Nef, et Philippe Maxence, rédacteur en chef du bimensuel L’Homme Nouveau.
Le vendredi 2 mars aura lieu la première vente publique de l’ouvrage : Olivier Pichon et l’abbé Celier dédicaceront leur ouvrage de 15 h 00 à 19 h 00 à la librairie France Livres, 6 rue du Petit-Pont, 75005 Paris (tél. : 01.43.25.36.67).

17 février 2007

[Sophie de Ravinel - Le Figaro] Les lefebvristes fêtent le trentième anniversaire de la « prise » de Saint-Nicolas-du-Chardonnet

SOURCE - Sophie de Ravinel - Le Figaro - 17 février 2007

Trente ans après le début de l'occupation illégale d'une église du Quartier latin, les fidèles de la Fraternité Saint-Pie X persistent et signent. 

Les occupants de l'église parisienne Saint-Nicolas-du-Chardonnet peuvent sans doute se targuer d'avoir effectué le plus long squat de France. Les lefebvristes tiennent en effet depuis trente ans, contre vents et marées, malgré les décisions de justice et les voeux du Conseil de Paris. Rien n'y a fait : ils sont toujours là, au coeur du Quartier latin, avec ce sentiment développé à l'extrême d'être le dernier bastion catholique de France. À l'heure de l'apaisement entre la Fraternité lefebvriste Saint-Pie X et Rome, sous l'égide de Benoît XVI qui s'apprête à libéraliser la messe tridentine en latin, l'archevêché semble vouloir laisser planer cette affaire en apesanteur juridique. À midi, l'heure d'une des trois messes quotidiennes, Maria, d'origine indienne, se justifie : « Il vaut mieux que ce soit nous qui occupions cette église plutôt que des artistes mal inspirés. » Cette étudiante est fidèle de la paroisse hors la loi, car elle estime que s'y trouve « la vérité ».*
 
À l'intérieur de la vaste église, une plaque de marbre commémore le 27 février 1977, lorsque des centaines de fidèles opposés au concile Vatican II ont répondu à l'appel de Mgr Ducaud-Bourget. Ce prélat octogénaire, viscéralement attaché à « la Tradition », veut alors en découdre avec les autorités ecclésiastiques qui lui refusent une église pour y célébrer « la messe de toujours ». Sous ses injonctions et au son de tonitruantes litanies, l'église est investie et les occupants légaux violemment expulsés. L'organiste officiel aura la mâchoire fracassée par une batte de base-ball.
Une église gardée
Des jours d'incertitude et d'euphorie s'ensuivent. Les médias accourent. L'action est tout de suite soutenue par Mgr Marcel Lefebvre, déjà en conflit avec ses autorités. « Aujourd'hui, assure Jean Tiberi, maire du Ve arrondissement, une telle occupation ne serait plus possible. Les curés font appel, dans l'instant, aux forces de l'ordre. »
 
Trente ans et un schisme - qu'ils refusent de reconnaître - plus tard, les lefebvristes revendiquent 600 mariages et 3 400 baptêmes, affirment accueillir 3 500 fidèles chaque dimanche, et aussi effectuer encore chaque année quelque 2 800 heures de surveillance des lieux. Car l'église se sent encore menacée. Sylvain Garel, élu Vert du XVIIIe arrondissement, a ainsi tenté de la faire occuper par des sans-papiers en décembre 2003 afin qu'elle soit évacuée par la police et rendue à son curé légal, celui de Saint-Séverin. Mais le père Matthieu Villemot, vicaire de cette paroisse voisine, raconte que « l'archevêché de Paris s'est bien gardé de demander l'évacuation. La police aurait été obligée de faire partir les intégristes avec les sans-papiers et là, nous aurions eu le droit à une guerre ouverte, sans doute violente ». Au 39, boulevard Saint-Germain, dans la partie du presbytère défendue par des séminaristes du diocèse lors de « la prise » de Saint-Nicolas, une messe est dite chaque jour à midi, dans le petit oratoire, afin de prier « pour cette situation douloureuse », explique le père Villemot. Dans la petite cour privée voisine de l'église et du presbytère, « c'est checkpoint Charlie, plaisante-t-il. Il y a des provocations et des signes amicaux entre les gardes-frontière, mais chacun veille à ne pas aller trop loin. »
 
« Prieur » de Saint-Nicolas, l'abbé Xavier Beauvais se veut rassurant : « La Fraternité Saint-Pie X n'a plus vraiment besoin d'occuper des églises. Les maires sont nombreux à vouloir vendre leurs églises, dit-il, et il vaut mieux qu'elles soient à nous plutôt qu'aux musulmans. » Héritier spirituel de Mgr Marcel Lefebvre, Mgr Bernard Fellay interviendra cet après-midi à la Mutualité et célébrera demain une messe « pontificale ». Tout le ban et l'arrière-ban seront présents. En souvenir des heures ­historiques.

16 février 2007

[Nicolas Senèze - La Croix] Messe de "saint Pie V", messe de Paul VI

SOURCE - Nicolas Senèze - La Croix - 16 février 2007

S'il n'y a qu'un seul rite romain et une seule foi catholique, il existe deux manières de célébrer la messe avec la différence fondamentale qu'autrefois, les fidèles "assistaient" à la messe, aujourd'hui ils y "participent"

Qu’est-ce la messe tridentine ?
En 1570, par la bulle Quo primum tempore, le pape Pie V promulgue un nouveau missel. Il répond ainsi au désir du concile de Trente, terminé sept ans plus tôt, d’unifier la liturgie de l’Église catholique latine.

Mais il s’agit d’une étape dans une longue continuité depuis les premiers missels apparus à la fin du Ve siècle : ce missel dit « de saint Pie V » connaîtra lui-même de nombreux amendements. Ainsi Pie XII réforma-t-il en profondeur les offices de la Semaine sainte, notamment en rétablissant la veillée pascale.

La dernière édition en a été publiée en 1962, sous Jean XXIII : c’est celle que les prêtres traditionalistes sont actuellement autorisés à utiliser. S’y ajoutent les rituels des sacrements en usage avant que le concile Vatican II demande une révision complète de la liturgie.

Qu’est-ce que Vatican II a voulu changer ?
En 1965, Paul VI disait aux prêtres de Rome : « Il s’agit de changer les habitudes ; (…) il s’agit, dans toute assemblée de fidèles, de donner un enseignement plus poussé concernant la prière et le culte ; (…) il s’agit en un mot d’associer le peuple de Dieu à l’action liturgique sacerdotale. » Le Concile n’a pas voulu révolutionner la liturgie. Mais, en retrouvant l’inspiration biblique, en restaurant « une noble simplicité », en revenant à « la pratique liturgique de l’Église des saints Pères », en promouvant la participation active des fidèles, la constitution Sacrosanctum Concilium entendait engager « la restauration générale de la liturgie elle-même » (n. 21).

Restauration, donc, et non pas révolution. C’est ce que souligne très clairement Paul VI dans la constitution apostolique Missale romanum par laquelle, en 1969, il promulgue le nouveau Missel romain : il y parle de l’« adaptation » de celui-ci « aux besoins de notre époque » (n. 2).
Le latin est-il réservé à l’ancien rite ?
« La célébration liturgique se fera en latin ou dans une autre langue, pourvu que les textes liturgiques aient été légitimement approuvés », précise le code de droit canonique (1983, c. 928), rappelant que le latin reste en quelque sorte la langue officielle de l’Église catholique.

Ainsi tout prêtre peut légitimement célébrer la messe en latin selon le missel de Paul VI, ce qui est souvent le cas lors de rassemblements internationaux. En outre, c’est en latin que sont publiées les éditions de référence – dites « typiques » – des textes liturgiques. Il faut toutefois rappeler que le latin n’est apparu qu’à la fin du IVe siècle dans la liturgie romaine. Jusqu’alors, celle-ci était principalement célébrée en grec : ce que rappelle le Kyrie eleison (« Seigneur prend pitié ») lors de la préparation pénitentielle.
Quelles différences y a-t-il entre le rite « de saint Pie V » et celui « de Paul VI » ?
Pour les spécialistes de la liturgie, il n’y a qu’un seul rite romain, qui peut se célébrer de deux manières : c’est la même foi catholique qui y est exprimée. Il existe toutefois une différence essentielle entre les deux missels : « Le Missel de Trente prévoit la manière dont le prêtre doit dire “sa” messe , souligne un théologien. Celui de Vatican II, pour sa part, commence par ces mots : “Lorsque le peuple est rassemblé…” L’un est le livre du prêtre, l’autre souhaite que la communauté chrétienne puisse entrer au mieux dans la prière de l’Église, pour la gloire de Dieu et sa propre édification. » En d’autres termes : autrefois, les fidèles «assistaient» à la messe , aujourd’hui ils y «participent».

Selon les traditionalistes, cette insistance sur la dimension communautaire et la participation active des fidèles aurait abouti à gommer la présence du sacrifice de la croix et l’adoration envers la présence réelle, qui seraient mieux exprimées dans la messe tridentine. 
Qui peut célébrer la messe tridentine ?
« En promulguant l’édition officielle du Missel romain, Notre prédécesseur saint Pie V présentait celui-ci au peuple chrétien comme un instrument de l’unité liturgique et un témoin du culte authentique dans l’Église. (…) Nous espérons cependant que ce missel sera reçu, lui aussi, par les chrétiens comme un signe et un instrument d’unité », écrit Paul VI dans Missale romanum.

Il laisse ainsi penser que le nouveau Missel remplace purement et simplement l’ancien, dans la continuité duquel il se place. Toutefois, certains relèvent que Paul VI n’a jamais formellement abrogé l’ancien Missel, qui serait ainsi resté en vigueur.

Depuis 1984, les évêques ont la possibilité de « permettre aux prêtres et aux fidèles, (…) de célébrer la Messe en utilisant le Missel Romain édité officiellement en 1962 ». Il s’agit d’un indult, une permission spéciale dérogeant à la règle générale. En 1988, dans le motu proprio Ecclesia Dei adflicta, publié après le schisme de Mgr Lefebvre, Jean-Paul II avait demandé aux évêques une « application large et généreuse » de ces dispositions.

Nicolas SENEZE

15 février 2007

[Lettre de Paix liturgique] Agir pour la réconciliation ou susciter le désordre ?

SOURCE - La Lettre de Paix liturgique - N°61 – 15 février 2007

Le bel exemple du Cardinal Ricard

« Je pense que cette communion qui est un don de Dieu est aussi une tâche à réaliser et que cette tâche est réalisable. Elle demande relations, connaissance mutuelle, dialogue et échange ».

C'est par ces magnifiques paroles que Monseigneur Jean-Pierre Ricard, Cardinal archevêque de Bordeaux et Président de la Conférence épiscopale de France, commentait dans les colonnes de La Croix en date du 4 février dernier, la Convention conclue entre l’Archidiocèse de Bordeaux et l’Institut du Bon Pasteur.

Remercions de tout coeur Monseigneur Ricard pour ces paroles de paix.

Remercions de tout coeur Monseigneur Ricard de se comporter en père attentif envers chacun des enfants qui lui est confié sans distinction.

Oui remercions-le – sans nier ni craindre les différences – d'oeuvrer pour l’unité non seulement en paroles mais aussi en actes.

Souvenons-nous en effet que par le passé, les différends entre le Cardinal Ricard et l’abbé Laguérie, supérieur de l’Institut du Bon Pasteur, ont pu être importants et même aller jusque dans les prétoires…

Malgré cela, c’est le pardon, le respect mutuel et l’amour du prochain qui l’ont emporté de part et d’autre contre l’exclusion et le repli sur soi.

Malgré les pressions, malgré les attaques et les critiques de toutes parts, dans un contexte difficile et polémique, Monseigneur Ricard a eu le courage pastoral de prendre ses responsabilités et de se comporter en père plutôt qu’en Procureur.

Quel bel exemple !

Plutôt que de se réfugier dans on ne sait trop quel prétexte, plutôt que d’invoquer « les blessures du passé » pour refuser d’accueillir ses enfants, pour refuser le dialogue, il a préféré marcher sur le chemin de la confiance, de l’ouverture et de la connaissance mutuelle.
Une telle attitude dépasse nécessairement les limites géographiques de l’archidiocèse de Bordeaux et demeure un exemple pour tous les catholiques qui, à la suite du Pape Benoît XVI, souhaitent en vérité et en actes – et non pas seulement en paroles – l’unité de l’Eglise catholique.

Ce bel exemple prend d’autant plus de relief que dans de nombreux diocèses, malgré les discours de façade, malgré les effets d’annonce, l’autorité diocésaine continue de dire et de faire comme s’il n’existait aucun problème liturgique, continue de refuser de simplement rencontrer les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle.

Dans de nombreux endroits, on feint de ne pas prendre toute la mesure de la forte demande et l’autorité diocésaine continue de préférer le modèle de la « réserve indienne » à l’endroit des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise plutôt que celui de l’accueil « large et généreux »…

Mais que se passe-t-il dans le diocèse de Nanterre ?
La décision du Père Aybram – que Monseigneur Gérard Daucourt, évêque de Nanterre, a chargé de gérer le dossier des « Traditionalistes » – de transférer la communauté traditionnelle de l’église Sainte-Marie des Fontenelles de Nanterre à l’église Notre-Dame des Airs de Saint-Cloud est donc officielle depuis qu’une « note d’information » a été remise aux fidèles à la sortie de la messe de Sainte Marie des Fontenelles du 4 février dernier.

A dire vrai, ce n’est pas là un véritable scoop, puisque les pèlerins du chapitre Sainte Marie des Fontenelles se souviennent que déjà, lors du pèlerinage de Chartres à la Pentecôte dernière, le sujet avait été largement abordé avec le Père Aybram, à la suite des nombreuses « fuites » que son projet avait suscité dans la communauté de Saint-Cloud.

Cette décision mûrie de longue date par le Père Aybram ne manque cependant pas de surprendre et de susciter de profondes interrogations.

En effet, on se souvient que le choix de l’église du diocèse pour mettre en place l’expérience de paix et de réconciliation voulue par notre évêque, Monseigneur Gérard Daucourt, avait été mûrement réfléchi.

Ainsi, un prêtre du sud du diocèse, nous expliquait-il peu de temps avant que le choix de l’église de Nanterre ne soit retenu, qu’il avait d’abord été envisagé que la messe traditionnelle soit célébrée à Saint-Cloud, mais que compte tenu des « très fortes oppositions de la communauté paroissiale de Saint-Cloud » cette hypothèse avait dû être écartée.

De même, le Père Aybram confirmait l’information selon laquelle sur les dix-neuf églises du diocèse identifiées comme susceptibles de pouvoir accueillir la célébration de l’unique messe traditionnelle autorisée du diocèse, seule celle de Sainte-Marie des Fontenelles de Nanterre avait pu finalement le faire.

Les membres du Conseil paroissial de Sainte-Marie des Fontenelles quant à eux nous ont expliqué qu’ils n’avaient pas eu le choix de nous accueillir puisque « tout le monde » avait refusé que la communauté traditionnelle ne s’implante chez eux.

A la lecture de cette « note d’information », nous sommes donc extrêmement soulagés de déduire que les « très fortes oppositions » – en particulier à Saint-Cloud d’ailleurs… – qui avaient rendu absolument impossible la mise en place, il y a un peu plus d’un an, de la célébration de la messe traditionnelle ailleurs qu’à Nanterre, auraient aujourd’hui disparu…

Plus sérieusement, cela ne règle pas la question fondamentale qu'aujourd'hui tout le monde se pose : Pourquoi nous demande-t-on de quitter l’église de Sainte-Marie des Fontenelles ?

A ce jour nous n’avons aucune explication et toutes les hypothèses sont donc envisageables.

Cette expérience de Nanterre voulue par notre évêque n’est-elle pas une réussite de paix liturgique ?

Les fidèles de Sainte-Marie des Fontenelles ont été, dès la célébration de la première messe traditionnelle dans cette paroisse, convaincus de l’excellence et de la justesse du choix de Monseigneur Gérard Daucourt.

Aujourd’hui, un peu plus d’un an seulement après cette première messe, c’est une communauté dynamique qui est heureuse de faire Eglise à Sainte-Marie des Fontenelles. Des groupes de catéchisme, un groupe Domus Christiani ont vu le jour. Le Groupe Scout Saint-Michel avec toutes ses unités (jeannettes, louveteaux, scouts, guides et routiers) s’est rattaché à notre communauté à la rentrée de septembre. Tout se passe au mieux.

Alors oui, pour tout cela, remercions encore une fois notre évêque qui a su prendre la bonne décision en nommant de saints prêtres pour célébrer la messe traditionnelle dans une belle église bien située eu égard à la configuration géographique du diocèse, une église avec la possibilité de stationner. Remercions notre évêque pour les travaux très importants que le diocèse a financé pour aménager le chœur. Remercions notre évêque d’avoir choisi une communauté d’accueil où 95 % des fidèles nous ont généreusement accueilli et même souvent compris puisque plusieurs paroissiens de Sainte-Marie des Fontenelles assistent désormais régulièrement à la messe traditionnelle de 9 h 30.

Pourquoi alors tenter de briser cette si belle expérience ?

Serait-il possible qu'on nous dise clairement quel est le problème ?

Si la volonté de notre évêque est que la communauté traditionnelle soit transférée de Nanterre à Saint-Cloud, bien sûr nous obéirons. Nous ne sommes pas les terroristes que ceux qui nous refusent le dialogue tentent de faire croire que nous sommes.

Toutefois, qu’il nous soit permis d’être profondément choqués par l’absence totale de respect qui consiste à « transférer » une communauté sans en parler avec elle au préalable et la mettre devant le fait accompli en disant « j’ai décidé ».

Cette gestion humaine catastrophique, cette absence de dialogue et de concertation, l’absence de motifs clairs sur la raison de ce « transfert », tout cela créé un climat d’incompréhension et réveille bêtement les blessures du passé.

Pourquoi une simple lettre d’information, polie et respectueuse, adressée à nos frères de la paroisse de Notre-Dame des Airs pour leur simplement demander s’ils sont au courant de notre arrivée et s’ils en sont d’accord, met-elle le Père Aybram dans une furie noire ?

Nous voulons la transparence !

Pourquoi le Père Aybram prétend-il en chair à Notre-Dame des Airs ou à Saint Clodoald à Saint-Cloud que les personnes qui ont distribué cette lettre d'information utilisent des méthodes « communistes » ou que l’association qui a diffusé cette lettre est « diabolique » ?

Nous ne comprenons pas pourquoi les fidèles de Notre-Dame des Airs que nous avons pu rencontrer nous disent que le Père Aybram leur a demandé de ne pas dialoguer avec d’autres personnes que celles qu’il a lui-même choisies pour son « Comité de fidèles » ou bien encore pourquoi le Père Aybram leur dit que les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle seront « dilués dans les activités de la paroisse Notre Dame des Airs»…

De même, nous ne comprenons pas pourquoi il est question à Notre-Dame des Airs du « Protocole secret » que le Père Aybram aurait pris par écrit auprès de son vicaire en charge de Notre-Dame des Airs, par lequel il s’engage à ne procéder à aucun aménagement particulier du chœur et de l’église après le transfert de la communauté traditionnelle à Saint-Cloud…

Disons le clairement, le transfert vers l’église Notre-Dame des Airs est la plus mauvaise chose qui pouvait être envisagée, essentiellement parce que cette église est inaccessible et qu’il est impossible de s’y garer. Les fidèles venant des quatre coins du diocèse pour assister à l'unique messe traditionnelle autorisée du diocèse, la question du stationnement est évidemment fondamentale.

Alors quel est le but de ce transfert ? Nous mettre en colère devant un aussi mauvais choix et ainsi donner raison au père Rondepierre, curé doyen de Nanterre qui dès le mois de juin 2005 déclarait « on va vous proposer quelque chose, mais vous refuserez car de toutes les façons, vous n’êtes jamais contents et vous ne serez jamais satisfaits des décisions et des choix de notre évêque »… Ce en quoi il a eu tort…

Nous mettre en colère, raviver les blessures du passé, entraver le processus de paix initié dans le diocèse après des décennies d’exclusion des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise, casser un début d'expérience réussi, ne sont-ce pas là les raisons réelles de ce changement décidé sans consultation et sans bon sens ? La question mérite d’être posée.
 
Plus que jamais, aujourd’hui, il nous semble absolument indispensable de rencontrer notre évêque Monseigneur Gérard Daucourt.

Il est le seul à pouvoir solutionner la situation qui pourrit faute de dialogue et de respect.

Il est le Père commun du diocèse et nous le supplions d’intervenir pour rétablir la paix qu’il avait commencé de mettre en place.
Sylvie Mimpontel

Si ces réflexions et documents vous semblent utiles, diffusez-les autour de vous. Nous ne disposons pas des mêmes moyens médiatiques que ceux qui chaque jour s’expriment dans les grands journaux pour critiquer le Saint-Père et sa volonté de paix. Faites-nous connaître, communiquez-nous des courriels afin que notre voix de simples fidèles soit entendue.

Le texte du mois
« La position du prêtre tourné vers le peuple a fait de l’assemblée priante une communauté refermée sur elle-même. Celle-ci n’est plus ouverte ni vers le monde à venir, ni vers le Ciel. La prière en commun vers l’est ne signifiait pas que la célébration se faisait en direction du mur, ni que le prêtre tournait le dos au peuple – on n’accordait d’ailleurs pas tant d’importance au célébrant. De même que dans la synagogue tous regardaient vers Jérusalem, de même tous ensemble regardaient "vers le Seigneur". Il s’agissait donc, pour reprendre les termes de J. A. Jungmann, un des pères de la Constitution sur la Liturgie de Vatican II, d’une orientation commune du prêtre et du peuple, conscients d’avancer ensemble en procession vers le Seigneur. Ils ne s’enfermaient pas dans un cercle, ne se regardant pas l’un l’autre mais, peuple de Dieu en marche vers l’Orient, ils se tournaient ensemble vers le Christ qui vient à notre rencontre. »

L’esprit de la liturgie (2001), Cardinal Joseph Ratzinger, aujourd'hui Benoit XVI.

Qui sommes-nous ?
► Ce que nous sommes
  • Des catholiques romains attachés à leur Eglise.
  • Des fidèles attachés au Saint-Père.
  • Des diocésains qui respectent leurs évêques et qui attendent beaucoup d'eux comme des enfants de leur père.
  • Des croyants soucieux de respecter l’enseignement de l’Eglise conformément aux définitions qui ont été renouvelées par le Catéchisme de l’Eglise catholique publié par Jean Paul II en 1992.
  • Des chrétiens très nombreux qui désirent vivre leur foi catholique dans l'Eglise au rythme de la liturgie traditionnelle comme le pape l'autorise, notamment depuis la promulgation du motu proprio Ecclesia Dei en 1988.
► Ce que nous désirons
  • Une application « large et généreuse » des privilèges accordés par l'Eglise en faveur des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle.
  • Il est nécessaire que ces lieux soient des églises où sera célébrée chaque dimanche et fête la liturgie traditionnelle selon le missel de 1962.
  • L’enseignement de la foi catholique selon les schémas définis par le catéchisme de l’Eglise catholique publié par le Vatican en 1992.
  • L’accès pour tous aux sacrements de la Sainte Eglise.
  • La possibilité de développer dans la paix toutes les oeuvres chrétiennes nécessaires aux besoins des fidèles (scoutisme, patronage, chorale, Conférences Saint Vincent de Paul, Domus Christiani, récollections, pèlerinage...)
  • Ces communautés en communion avec l’évêque doivent être dirigées par des prêtres bienveillants, soucieux de paix et de réconciliation.
► Pourquoi nous le désirons
  • Les querelles dans l’Eglise doivent cesser.
  • C’est notre sensibilité et le pape a demandé que cette sensibilité soit accueillie et respectée.
  • Au moment où l’Eglise traverse en France une crise grave, il est urgent de mettre en oeuvre une réconciliation entre tous les fidèles : les fidèles des paroisses, les catholiques qui vivent leur foi au sein des communautés « Ecclesia Dei » en dehors du diocèse et ceux qui, pour des raisons diverses, ont préféré suivre le mouvement de Monseigneur Lefebvre.
  • C’est par ce moyen et lui seul que se renoueront des liens de dialogue, de charité fraternelle et de respect et que cesseront les invectives.
  • C’est surtout répondre au précepte évangélique d’agir en tout pour l’unité des catholiques malgré leurs différences et leurs diversités.
C’est ainsi que l’on pourra véritablement prétendre favoriser l’oecuménisme et entreprendre tous ensemble la nouvelle évangélisation réclamée par l'Eglise.