12 mars 1983

[1983] [Sainte Congrégation pour la Doctrine de la Foi] Notification

SOURCE - Sainte Congrégation pour la Doctrine de la Foi - 12 mars 1983

Au mois de janvier 1976, S. Exc. Mgr Pierre Martin Ngo Dinh-Thuc, archevêque titulaire de Bulla Regia, avait procédé d’une manière tout à fait illégitime à plusieurs ordinations presbytérales et épiscopales dans la ville de Palmar de Troya (Espagne). Pour cette raison, la S. Congrégation pour la Doctrine de la Foi publia, en date du 17 septembre de la même année, un décret rappelant les peines canoniques encourues par lui-même et les personnes ordonnées par lui. Dans la suite, le prélat demanda et obtint la levée de l’excommunication spécialement réservée au Saint-Siège qui le frappait. Il résulte maintenant à cette S. Congrégation que S. Exc. Mgr Ngo Dinh-Thuc, à partir de 1981, a de nouveau procédé à des ordinations presbytérales contraires aux prescriptions du canon 955. Bien plus, il a encore procédé, cette même année, en violation des normes du canon 953, sans mandat pontifical ni provision canonique, à l’ordination épiscopale du religieux français M.-L. Guérard des Lauriers, O.P., et des prêtres mexicains Moises Carmona et Adolfo Zamora; dans la suite, Moises Carmona a pour sa part conféré l’ordination épiscopale aux prêtres mexicains Benigno Bravo et Roberto Martinez, ainsi qu’au prêtre américain George Musey.

En outre, S. Exc. Mgr Ngo Dinh-Thuc a voulu légitimer son action, notamment par une déclaration datée de Munich le 25 février 1982, dans laquelle il affirme que le Siège apostolique est actuellement vacant, et qu’il lui revient, «en tant qu’évêque, d’assurer la continuité de l’Église catholique romaine, en vue du salut des âmes».

En raison de la gravité de ces délits et du caractère aberrant de ces affirmations, la S. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, par mandat spécial de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, estime nécessaire de rappeler la substance de son décret du 17 septembre 1976, qui s’applique à nouveau pleinement dans le cas présent, à savoir:

1. Les évêques qui ont ordonné d’autres évêques, et les évêques qu’ils ont ordonnés encourent, outre les sanctions prévues par les canons 2370 et 2373, § 1 et 3 du Code de droit canonique, l’excommunication ipso facto très spécialement réservée au Siège apostolique, dont il est question dans le décret publié par la S. Congrégation du Saint-Office le 9 avril 1951 (AASXLIII, 1951, p. 217 et s.). La peine prévue par le canon 2370 s’applique aussi aux prêtres assistants, s’il y en avait.

2. Les prêtres ainsi ordonnés illégitimement sont, en vertu du canon 2374, suspendus ipso facto, de l’Ordre qu’ils ont reçu, et même frappés d’irrégularité s’ils accomplissent un acte réservé à cet ordre (can. 987, § 7).

3. Enfin, quoi qu’il en soit de la validité des ordres, l’Église ne reconnaît ni ne reconnaîtra l’ordination de ceux qui, déjà, ont ainsi été ordonnés illégitimement ou de ceux qui éventuellement seraient ordonnés par eux. Pour tous les effets juridiques, l’Église considère que chacun d’eux est resté dans l’état qui était le sien auparavant, demeurant fermes, jusqu’à ce qu’ils reviennent à résipiscence, les sanctions pénales indiquées ci-dessus. Nonobstant toutes choses contraires.

Cette Congrégation doit enfin mettre en garde les fidèles, afin qu’ils ne donnent en aucune manière leur participation et leur soutien aux activités liturgiques ou autres organisées par les personnes sus-indiquées (1).

Donné à Rome, au siège de la S. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 12 mars 1983.

Joseph Card. Ratzinger
Préfet
+ Fr. Jérôme Hamer, O.P.
Archevêque tit. de Lorium
Secrétaire
-----
(1) Dans le nouveau Code de droit canonique, les canons précités correspondent aux canons: 1015 § 1, 1013, 1382, 1383,1041.

7 mars 1983

[Mgr Lefebvre - FSSPX - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs (n°24)] "Vous avez sans doute appris la nouvelle du décès de notre cher Père Barrielle..."

SOURCE - Mgr Lefebvre - FSSPX - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs (n°24) - 7 mars 1983

Chers Amis et Bienfaiteurs,

Vous avez sans doute appris la nouvelle du décès de notre cher Père Barrielle survenu dans les premières heures du 1er jour de mars. Saint Joseph, pour lequel il avait une grande dévotion, est venu le chercher. Il était dans sa quatre vingt sixième année. Il tenait une grande place dans les cœurs de tous les membres de la Fraternité, aussi son départ nous laisse tous orphelins. Mais sa tombe demeure à Ecône et nous sommes certains qu’il obtiendra de nombreuses grâces à tous ceux qui continueront de s’adresser à lui. Nous recommandons l’âme de ce vaillant serviteur de Dieu à vos prières.

Y a-t-il du nouveau dans les relations avec Rome ? Cette question m’est sans cesse posée au cours de mes voyages.

Or il me semble pouvoir dire qu’il y a en effet une étape importante qui est franchie, d’autant plus importante qu’elle l’a été non seulement pour nous mais aussi pour les prêtres de Campos du Brésil.

En effet c’est la première fois depuis les échanges de vues avec Rome que le Vatican parle de laisser la liberté aux prêtres de célébrer la Messe d’avant le Concile, tandis que jusqu’à présent, sans affirmer que la Messe de Saint Pie V était interdite, on voulait nous obliger à adopter la Messe nouvelle, en affirmant comme le Cardinal Baggio l’a fait publiquement aux prêtres du diocèse de Campos, qu’il était impossible qu’on revienne à la Messe ancienne et donc qu’il fallait adopter la nouvelle, que l’ancienne était périmée.

On nous accusait de désobéissance, de diviser l’Eglise. Or voici qu’aussi bien aux prêtres de Campos, qu’à la Fraternité et même à l’Eglise universelle, on donnerait la liberté de célébrer la Messe ancienne pourvu que l’on reconnaisse que la nouvelle Messe est légitime, catholique et qu’on ne détourne pas les fidèles d’y prendre part.

Il est évident qu’il s’agit là d’une attitude nouvelle, beaucoup plus conciliante, mais qui est assortie d’une condition que les prêtres de Campos ont déjà rejetée, à juste titre. Si nous devons considérer la Messe nouvelle comme ayant les mêmes titres que l’ancienne, pourquoi ne l’avons-nous pas adoptée et pourquoi continuer à célébrer l’ancienne ? Les motifs qui nous ont fait supporter une dure et injuste persécution seraient donc futiles ! Un attachement folklorique au passé ! Alors que nous ne cessons d’affirmer : la nouvelle Messe a été faite en collaboration avec des protestants et pour leur plaire ; elle a toujours une définition protestante et elle fait des protestants. Ce sont là des motifs plus que suffisants pour ne pas lui conférer les titres réservés à la Messe catholique de toujours, quels que soient les rites.

Il nous reste à persévérer dans la prière pour que cette condition soit supprimée et que de même que Rome demande le retour au catéchisme du Concile de Trente, elle encourage au retour à la Messe du Concile de Trente. C’est le seul moyen de mettre un terme à la destruction de l’Eglise et de la foi catholique.

Une deuxième question nous est désormais posée : Que pensez-vous du nouveau Droit Canon ?

Nous sommes malheureusement obligés de répondre que, malgré certaines modifications utiles, l’esprit qui a présidé à cette refonte générale est le même que celui qui a inspiré le changement des livres liturgiques, des catéchismes et de la Bible. La Constitution apostolique qui présente le nouveau Droit Canon le dit explicitement à la page XI de l’édition vaticane : « L’ouvrage, qu’est le Code, concorde parfaitement avec la nature de l’Eglise, surtout telle qu’elle s’est proposée par le Concile Vatican II. Bien plus, ce nouveau Droit peut être conçu comme un effort pour exposer en langage canonique cette doctrine c’est-à-dire l’Ecclésiologie conciliaire… Les éléments de cette Ecclésiologie sont les suivants : Eglise = peuple de Dieu ; autorité hiérarchique = service collégial ; Eglise = communion ; enfin l’Eglise et son devoir d’œcuménisme. ».

Voilà bien autant de notions ambiguës, qui vont permettre aux erreurs protestantes et modernes d’inspirer désormais la législation de l’Eglise. C’est l’autorité du Pape et des Evêques qui va en souffrir, c’est aussi la distinction du clergé et du laïcat qui s’amenuise, c’est le caractère absolu et nécessaire de la foi catholique qui s’atténue au profit de l’hérésie et du schisme, et les réalités fondamentales du péché et de la grâce qui s’estompent.

Ce sont autant d’atteintes dangereuses pour la doctrine de l’Eglise et pour le salut des âmes.

Prions pour que ce nouveau Droit n’entre jamais en vigueur.
----------
Depuis la dernière lettre, 6 jeunes diacres ont été ordonnés prêtres, 55 jeunes gens ont rejoint nos 4 Séminaires ; c’est l’Amérique du Sud qui est en nette progression, d’où la nécessité de poursuivre la construction du grand Séminaire.

Nous comptons sur 13 nouveaux jeunes prêtres pour le 29 juin, sans compter ceux qui ne viennent pas de la Fraternité. Il faudrait en ordonner le double ou le triple pour répondre à toutes les demandes.

Que Dieu nous vienne en aide et vous bénisse par l’intercession de la Vierge Marie et de saint Joseph.

+ Marcel LEFEBVRE

le 7 Mars 1983