Profondément convaincus que la source de vie se trouve dans le Christ crucifié et donc dans le Sacrifice qu'Il nous a légué, les membres de la Fraternité découvriront avec une joie toujours plus grande que l'Épouse mystique de Notre Seigneur, née du Coeur transpercé de Jésus n'a rien eu de plus à coeur que de transmettre, avec une magnificence inspirée de l'Esprit Saint, ce précieux testament.
De là les splendeurs de la liturgie, qui chante Jésus crucifié et ressuscité. L'Eglise a su nous présenter et nous faire vivre de ces mystères d'une manière vraiment divine, qui captive les coeurs, élève les âmes. Tout a été aménagé avec un amour d'épouse fidèle et de mère miséricordieuse. Tout est sujet d'édification dans les lieux sacrés, dans les cérémonies, les ornementations, les chants, le choix des prières, du Missel, du Bréviaire, du Pontifical, du Rituel.
Comment l'âme qui vit de la foi et qui modèle sa foi sur celle de l'Eglise pourrait rechercher la désacralisation ? Les membres de la Fraternité attachés à cette spiritualité de l'Eglise inscrite dans les pierres, dans les livres liturgiques traditionnels, s'efforceront non seulement d'appliquer ces principes de vie spirituelle à eux-mêmes, mais d'en découvrir les merveilles aux fidèles.
Les conséquences de cet attachement à la Liturgie se manifesteront dans le soin vigilant de la beauté et de la propreté des lieux sacrés, des linges, des objets servant au culte. Elles se manifesteront aussi dans la beauté des cérémonies, des chants, dans la régularité et la récitation édifiante de l'Office divin.
Rien n’est petit, rien n'est mesquin au service d'un tel Seigneur et Roi. Ayons-en toujours conscience. C'est un moyen très efficace d'apostolat. Si la Liturgie est avant tout louange de la Trinité Sainte, Offrande et Sacrifice, source de vie divine, elle est aussi la plus vivante des catéchèses, la plus efficace. Heureux les fidèles qui ont des prêtres qui ont une âme éprise de la Liturgie de l'Eglise!
Nous nous inspirerons des sentiments de l'Eglise pour dispenser les choses saintes, de son respect pour Notre Seigneur et pour ce qui se rapporte à Lui, comme le fit la Vierge Marie. Respect profond, mais aussi humilité et simplicité, évitant toute originalité ou invention personnelle. Auronsnous l'audace de croire que notre attitude personnelle, nos manières de faire seraient préférables à celles de l'Eglise ?
Les actes de la Liturgie sont des actes publics et non des actes de dévotion privée. Nous devons donc les accomplir selon l'esprit et la volonté de l'Eglise et non selon nos caprices, ni ceux de réformateurs inspirés par l'esprit protestant.
Prenons garde à la précipitation et à trop de lenteur. Les deux malédifient les fidèles. Évitons une accumulation de cérémonies qui seraient contraires à l'Esprit de l'Eglise. Tenons compte de la disponibilité des fidèles dans l'établissement des horaires des cérémonies, dans leur durée en ce qui concerne les cérémonies paraliturgiques, les prédications, toujours dans le but d'édifier et non de satisfaire nos préférences.
Mais, en ces temps de laïcisation, les fidèles éprouvent le besoin de prier, de manifester leur foi dans les processions, pèlerinages, adorations nocturnes. C'est en ces circonstances que la prudence pastorale doit s'exercer pour trouver la juste mesure.
Demandons à la Vierge Marie de nous communiquer ses lumières sur les Saints Mystères auxquels elle a été si intimement présente au cours de sa vie terrestre.
+ Marcel LEFEBVRE - le 26 septembre 1981