28 février 2017

[Paix Liturgique] Summorum Pontificum, une oasis spirituelle pour les prêtres d'aujourd'hui

SOURCE - Paix Liturgique - lettre 584 - 28 février 2017

Le droit canon prévoit que tout prêtre, séculier ou régulier, suive chaque année un temps de retraite spirituelle (canons 276 et 719). Diocèses et instituts proposent des exercices annuels à leurs prêtres, mais, du moins en ce qui concerne le clergé séculier, le choix de ces retraites est laissé à l’initiative individuelle. Souvent, ces retraites permettent à des prêtres « ordinaires » de vivre durant quelques jours au rythme de la liturgie et de la spiritualité traditionnelles ; en particulier, et comme c’est le cas en France, dans le silence discret des monastères.

Dans de nombreux pays toutefois, ces oasis monastiques n’existent pas et les prêtres liés ou tout simplement attirés par la forme extraordinaire du rite romain doivent s’organiser entre eux. C’est ainsi le cas en Italie où, à l’initiative du RP Vincenzo Nuara, op, l’Amitié sacerdotale Summorum Pontificum offre depuis sept ans une telle opportunité à des prêtres qui, parfois, n’ont jamais fait auparavant l’expérience de la Tradition.
I – 3 QUESTIONS AU RP NUARA
1) RP Nuara, comment se déroulent ces journées de retraite spirituelle ?

RP Nuara : De façon très traditionnelle, dirais-je ! Nous en sommes à notre septième édition. Chaque année, nous invitons un prédicateur différent qui illustre un thème de son choix portant sur tel ou tel aspect de la vie sacerdotale et spirituelle. Cette année, l’Amicizia Sacerdotale Summorum Pontificum est heureuse de recevoir le fondateur des moines de Nursie, le RP Cassian Folsom, osb, qui nous instruit sur la sainte liturgie comme source de sanctification. Le prédicateur donne deux instructions chaque jour, après tierce et après none. Nos journées sont en effet rythmées par la récitation en commun de l’Office divin, des laudes aux complies. Pour le reste, c’est le silence qui prévaut. Sinon, les prêtres s’alternent tout au long de la journée aux quatre autels prévus à cet effet pour la célébration de leur messe privée.

2) Qui participe à vos retraites ?

RP Nuara : Tous les prêtres sont les bienvenus. Qu’ils soient diocésains ou non, qu’ils célèbrent ou non la forme extraordinaire du rite romain, qu’ils viennent d’Italie ou de l’étranger (cette année, nous avons un missionnaire polonais venu d’Asie par exemple !). Souvent, ils viennent à deux, l’un entraînant l’autre. Bien sûr, même quand ils ne sont pas familiers de la forme extraordinaire, tous sont attirés par la spiritualité traditionnelle. Pour certains, c’est l’occasion de renouer avec leur identité sacerdotale, avec leur vocation. Certains reconnaissent en effet avoir délaissé la pratique de la retraite spirituelle, lassés du bruit et de la superficialité de celles qu’ils fréquentaient. Le silence qu’ils découvrent chez nous, même s’il est parfois difficile de le respecter, est un trésor dont ils font provision.

3) Au-delà des fruits individuels inhérents à une telle retraite, y voyez-vous des fruits collectifs ?

RP Nuara : Tout d’abord, je voudrais dire que cette retraite annuelle naît elle-même comme un fruit du motu proprio de Benoît XVI. Ensuite, au bout de sept éditions, il est évident que les fruits de cette semaine d’intense vie spirituelle et liturgique dépassent le cadre individuel.
De l’avis des participants, elle est à la fois une expérience de charité sacerdotale, de charité fraternelle et de charité spirituelle.
  • Elle est une expérience de charité sacerdotale car elle pourvoit à un besoin primordial de la vie sacerdotale qui correspond, en même temps, un devoir canonique des prêtres. Certains prêtres souffrent de ne pouvoir trouver dans les retraites qui leur sont proposées par leur diocèse ou leur communauté la nourriture spirituelle dont ils ont besoin. C’est ce moment clé de leur vie spirituelle que nous leur offrons grâce au motu proprio Summorum Pontificum.
     
  • Elle est une expérience de charité fraternelle car elle permet à des prêtres souvent isolés, en particulier en raison de leur sensibilité traditionnelle, de se retrouver entre frères. C’est pour eux l’occasion de partager, avec ce que le cardinal Sarah a justement appelé « la force » du silence, un intense moment de prière, de réflexion et de méditation. Pendant quelques jours ils n’ont plus l’impression d’être des étrangers...
     
  • Elle est enfin une expérience de charité spirituelle car elle leur permet de reposer, soigner et fortifier leur âme. C’est pour tous une opportunité de raviver le don de Dieu, la grâce sacramentelle reçue lors de leur ordination. Ainsi, ils refont le plein de zèle apostolique et sont donc, de retour dans leur paroisse ou leur office, mieux au service des âmes qui leur sont confiées.

II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Les monastères ayant conservé ou repris la liturgie traditionnelle sont aujourd’hui nombreux de par le monde et constituent pour la plupart des oasis où les prêtres de sensibilité traditionnelle – qu’ils célèbrent ou non la forme extraordinaire – viennent volontiers se retirer, se recueillir et se ressourcer. En plus de cela, les instituts Ecclesia Dei et la Fraternité Saint-Pie X organisent eux aussi des retraites sacerdotales ouvertes au clergé diocésain. La France est cependant très privilégiée car ces îlots spirituels traditionnels sont bien répartis sur le territoire et chaque prêtre peut en trouver un à portée de voiture. Ailleurs, la situation est plus compliquée même si, comme l’illustre l’Amitié sacerdotale du RP Nuara, des fraternités sacerdotales se sont constituées ou renforcées grâce à Summorum Pontificum.

2) Renouer avec son identité sacerdotale, raviver la grâce sacramentelle de l’ordination, faire provision de silence : les raisons qui attirent les prêtres dans les retraites du Père Nuara sont celles qui motivent également de nombreux fidèles, souvent en rupture de pratique religieuse, à embrasser la forme extraordinaire du rite romain. Pour nous, laïcs, le silence des saints mystères tels qu’ils ont été célébrés par l’Église durant les siècles nous aide à retrouver le sens de notre foi, à renouveler les promesses de notre baptême, en une image, à abandonner notre dépouille de vieil homme pour mieux nous revêtir du Christ. Bien sûr, cette quête de transcendance, de nourriture spirituelle dénote dans une société, y compris catholique, toujours plus horizontale, matérialiste et immédiate. D’où la nécessité de pouvoir profiter de moments pour recharger notre âme : pèlerinages, exercices spirituels, dévotions privées ou publiques qui, d’ailleurs, foisonnent parmi tout le peuple Summorum Pontificum.

3) Quant aux prêtres, ils sont tenus à poursuivre la sainteté, « puisque consacrés à Dieu à un titre nouveau par le sacrement de l’ordre, ils sont les dispensateurs des mystères de Dieu au service de son peuple », dit le canon 276. Plus encore que les fidèles, ils sont tenus de se livrer régulièrement à des « exercices » qui leur permettent de mieux examiner leur conscience, de faire le bilan devant Dieu de leur vie sacerdotale, de raviver leur pratique de l’oraison, de se fortifier dans l’ascèse et la vie vertueuse. Sans doute le peuvent-ils dans divers lieux et au moyen de diverses retraites proposées, mais le cadre de la liturgie traditionnelle est, selon ce qu’enseigne l’expérience, particulièrement propre à ce ressourcement de leur existence.

4) La liturgie traditionnelle a, en dehors de ses qualités spirituelles et doctrinales ad extra, c’est-à-dire en direction des fidèles, une puissante « valeur nutritive » ascétique et mystique pour les prêtres qui la célèbrent. Cet appel à la sainteté, et à la piété du ministre qui offre les saints mystères, est inscrit avec une très grande force dans l'usus antiquior au moyen des nombreuses prières qui encadrent les grands moments du sacrifice (prières de préparation des ministres, prières d’application du sacrifice à l’offertoire, prières de préparation à la communion et prières d’action de grâces). D’ailleurs, de l’aveu du principal réformateur de la liturgie, Monseigneur Annibale Bugnini, lorsque la messe nouvelle en gestation fut présentée pour la première fois à des évêques, à savoir à ceux de l’assemblée du Synode de 1967, leur impression fut très négative notamment parce que beaucoup la trouvaient « appauvrie », précisément en raison de la suppression de tout ce magnifique corpus de prières (Annibale Bugnini, La réforme de la liturgie (1948-1975), Desclée de Brouwer, 2015, pp. 375).

5) Enfin, en arrière-fond de l’œuvre du RP Nuara et d’autres œuvres semblables (nous pensons par exemple à l’Opus sacerdotale, aujourd'hui dirigée par l’abbé François Scrive, dont une des activités est précisément d’organiser des exercices spirituels dans des monastères traditionnels), se trouve le thème crucial de la nécessaire réforme du clergé diocésain. Historiquement, les grands relèvements de l’Église – la réforme grégorienne, la contre-réforme du Concile de Trente – ont été structurés par un exigeant renouveau spirituel, ascétique et doctrinal du clergé, en particulier du clergé diocésain, avec l’aide d’instituts fondés pour fournir cette aide aux clercs « de terrain » ou qui se sont eux-mêmes réformés en ce sens (voir les innombrables fondations de séminaires par la Compagnie de Saint-Sulpice, les Eudistes, les Lazaristes, etc., ou les exercices spirituels organisés par la Compagnie de Jésus pour les prêtres). Aujourd'hui, alors que la crise libérale née du concile Vatican II poursuit ses ravages, ce schéma vertueux se retrouve dans ce que l’on pourrait qualifier de « réforme par la messe traditionnelle », l'invitation au renouveau venant des communautés et instituts vivant au rythme de la forme extraordinaire du rite romain.

27 février 2017

[Andrea Tornielli - La Stampa] La Fraternité Saint Pie X, à petits pas vers l'accord

SOURCE - Andrea Tornielli - La Stampa - traduction par aleteia - 27 février 2017

Le Pape a reçu en audience le secrétaire de la Commission Ecclesia Dei. Le Saint-Siège attend que Fellay signe la nouvelle déclaration doctrinale. On parle d'un possible nouveau siège romain.

À petits pas vers un accord. Le chemin se poursuit doucement et devrait aboutir dans quelques mois, au retour de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, – fondée par Mgr Marcel Lefebvre – dans la pleine communion de l’Église catholique, après la rupture de 1988. Le secrétaire de la Commission pontificale Ecclesia Dei, Mgr Guido Pozzo, a été reçu en audience par le Pape, le 27 février au matin. Depuis quelques jours, des rumeurs font état de la possibilité que la Fraternité achète un bâtiment avec une église adjacente, pour y transférer son siège à Rome. Il est beaucoup question du complexe de Santa Maria Immacolata à l’Esquilin, non loin du Latran.
Des rumeurs ?
Le complexe en question est formé d’une église néogothique construite au début du XXe siècle pour les frères de la charité, et d’un édifice occupé jadis par une école (primaire et cours moyen), et appartenant aujourd’hui à un ordre religieux. Le pape François et la commission Ecclesia Dei, disent ces rumeurs, auraient favorisé cette acquisition. En fait, rien de tout cela : ni la commission Ecclesia Dei ni le vicariat de Rome ne sont impliqués. Les propriétés de l’institut et de l’église de l’Immaculée sont en effet distinctes : cette dernière, où la messe est régulièrement célébrée, a un presbytère et un appartement juste à côté, pour loger le recteur. Les lefebvristes sont intéressés depuis longtemps par l’achat d’une maison à Rome. Mais pour vendre, l’ordre qui est en possession de la structure devra obtenir l’autorisation de vente de la Congrégation pour les Religieux. Et au cas où l’acquisition se faisait, pour pouvoir utiliser l’église, il faudra demander au diocèse de Rome, qui en est propriétaire.

L’accord de toute façon, qui prévoit l’institution d’une prélature personnelle sur le modèle de celle accordée à l’Opus Dei, dans les années 80, n’est ni pour demain ni pour les semaines à venir. Cela fait un an que le Saint-Siège attend que le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, Mgr Bernard Fellay, signe la nouvelle déclaration doctrinale. Étape nécessaire avant de définir une quelconque forme juridique. On s’en souvient, c’est justement sur la déclaration doctrinale qu’avaient échoué les négociations en 2012. Le texte actuel résulte beaucoup plus synthétique que celui de 2012. Comme expliqué par Mgr Pozzo au gré de différentes interviews. Autant le premier document cherchait à régler tout contentieux et à éclaircir chaque point laissé en suspens, autant la nouvelle déclaration se limite à demander aux lefebvristes ce qui est nécessaire pour être catholiques, laissant tout le reste à de futures discussions après la pleine communion.
Le Saint-Siège pas pressé
Concrètement, le nouveau texte propose la «professio fidei», la profession de foi ; l’acceptation de la primauté du Pape et de la collégialité épiscopale exprimée dans la constitution conciliaire « Lumen gentium » ; la définition de la relation entre la tradition et le magistère ; la reconnaissance de la validité des sacrements célébrés avec le rituel suite à la réforme post-conciliaire ; et enfin l’acceptation du Concile Vatican II à la lumière de la tradition de l’Église. En revanche, on n’y parle pas d’oecuménisme, de dialogue avec les autres religions ni de la liberté religieuse, questions sur lesquelles la Fraternité, comme on le sait, continue de manifester beaucoup d’objections et d’opposition par rapport au chemin entrepris par l’Église catholique durant ces cinquante dernières années.

Jusqu’ici Mgr Fellay n’a toujours pas signé le document. Mais le Saint-Siège n’est pas pressé. Il sait que le processus est long et que le supérieur a besoin de temps pour expliquer et faire accepter l’accord au sein de la Fraternité. Ce n’est que lorsque la déclaration doctrinale sera signée et que pourra commencer l’examen des statuts proprement dits, pour arriver à la constitution apostolique qui érigera la nouvelle prélature personnelle, et puis au règlement intérieur qui entrera dans les détails de son organisation. Ce que demandent les lefebvristes, c’est de pouvoir rester eux-mêmes. Et sur ce point, ils ont reçu des assurances à la fois du Pape et de la commission Ecclesia Dei.

Une fois dans la dernière ligne droite, il faudra encore du temps pour impliquer les conférences épiscopales des pays les plus directement touchés par le phénomène. Celles-ci devront être dûment informées du chemin parcouru et de la solution juridique retenue pour atteindre la pleine communion.

[FSSPX - District des USA] Mgr Schneider sur la FSSPX - Relations avec le Vatican

SOURCE - FSSPX - District des USA - 27 février 2017

Le 16 février, le blog traditionnel catholique "Rorate Coeli", en collaboration avec son partenaire le site Adelante la Fe, a publié cette interview avec Son Excellence Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Sainte Marie à Astana. Dirigée par Mauricio Ponce, d'Adelante, l'entrevue porte sur plusieurs sujets d'importance dans l'Église catholique d'aujourd'hui, mais commence par une discussion approfondie sur un accord possible entre la Société de Saint-Pie X et Rome à l'avenir.

Nous sommes reconnaissants à Mgr Schneider de plaider en faveur de la FSSPX et de défendre avec clarté tant de points de la foi et de la morale de l'Église. Nous apprécions en particulier ses déclarations sur Luther, sur le fait de donner la communion aux "divorcés-remariés", et le devoir de résister à l'erreur, même quand elle émane du Souverain Pontife.

Miroir de la Société, l'évêque indique des raisons d'être optimiste, ainsi que des raisons de préoccupation pour la structure d'un accord. Nous fournissons notre analyse et notre réponse à ses points dans le commentaire ci-dessous.
Régularisation
Au sujet de la régularisation de la FSSPX, Mgr Schneider commence par dire qu'il ne faut pas parler d'un «accord» qui suppose des différences sur la foi, mais seulement d'une reconnaissance canonique du Saint-Siège parce que «dans ce cas, il n'y a pas de différence de foi catholique».

L'évêque Schneider connaît bien la Société pour avoir visité deux de ses séminaires dans le passé. Nous sommes honorés par son témoignage fort sur la Société qui «porte des fruits très évidents, visibles et spirituels en édifiant la foi catholique, en transmettant l'intégrité de la foi catholique, de la liturgie et de la vie chrétienne, comme elle a été pratiquée pendant plusieurs siècles».
Reconnaissance du Saint-Siège
"C'est une exigence indispensable, pour toute communauté catholique, pour être catholique, d'avoir aussi un lien canonique et visible avec la Chaire de Pierre, avec le Vicaire du Christ. C'est une exigence fondamentale pour toute œuvre catholique dans l'Église."
Mgr Schneider soutient qu'un «lien canonique» avec le Siège de saint Pierre est une exigence pour être catholique et qu'une mission canonique est requise pour avoir un apostolat. S'il veut se soumettre légitimement au Saint-Père, nous sommes d'accord! La Fraternité n'a jamais refusé une soumission légitime au Pape, ni rompu les liens de la liturgie et de la profession de foi. Si la situation canonique est devenue irrégulière - et il n'y a pas de mission canonique aujourd'hui - ce n'était pas la faute de la FSSPX, mais parce que, comme le dit lui-même Mgr Schneider, Rome en a injustement privé la FSSPX. Mgr Lefebvre a toujours estimé que les sanctions canoniques étaient invalides parce qu'injustes; son appel a été refusé. Mgr Schneider considère (voir ci-dessous) le cas d'un avenir hypothétique où la FSSPX -qui aurait été canoniquement régularisée- pourrait devoir retourner à l'irrégularité canonique, si Rome la pressait d'abandonner un point essentiel de ce qu'elle représente. Il est donc possible d'être catholique malgré une rupture apparente des normes canoniques! La Fraternité a toujours compté sur la juridiction de l'Eglise, dans de telles situations d'urgence, afin que les fidèles ne soient pas privés de la grâce des sacrements.
Une question de justice?
"La FSSPX avait joui initialement de la reconnaissance de l'Église puisque Mgr Lefebvre l'avait fondée en 1970 mais malheureusement cette reconnaissance a été enlevée en 1975. L'archevêque Lefebvre a fait appel contre cette suppression - à mon avis injuste - et son appel a été rejeté. 
Que le Saint-Siège leur accorde à nouveau la reconnaissance canonique, n'est en quelque sorte que l'acceptation de l'appel que Mgr Lefebvre a fait en 1975."
Mgr Schneider affirme que la reconnaissance canonique serait un moyen pour le Saint-Siège de prendre enfin en compte l'appel de Mgr Marcel Lefebvre contre la suppression injuste de la FSSPX en 1975. C'est une façon très élégante de présenter la solution. Et c'est vrai. Cependant, Mgr Schneider n'ignore pas que la raison de cette suppression injuste et de la persécution de la Société  depuis lors (et du catholicisme dans son ensemble) a ses origines précises dans les désaccords sur la foi, "à cause de cette profonde crise de foi à l'intérieur de l'Eglise", comme il le dit, et dans ce qui l'exprime de la manière la plus sacrée: le Saint Sacrifice de la Messe.
  
C'est la raison pour laquelle Mgr Bernard Fellay, Supérieur général de la SSPX, à la suite de Mgr Lefebvre, demande que la FSSPX soit reconnue «telle que nous sommes». Il soutient également que nous devons être capables de continuer notre rejet public des erreurs et de lutter contre celles qui ont empoisonné l'Église, y compris sa liturgie, depuis plus de 50 ans.

Comme l'a dit l'évêque Fellay lors de sa dernière interview à Radio Courtoisie:
"Le problème, c’est ce combat d’idées. Est-ce qu’une Eglise qui depuis 40 ans a imposé une ligne, qui est cette ligne moderne, une ligne contre laquelle on se bat, à cause de laquelle nous avons été déclarés schismatiques, hors de l’Eglise et tout ce qu’on veut… Est-ce que cette Eglise est oui ou non disposée à nous laisser continuer notre chemin ?"

[Abbé Michel Simoulin, fsspx - Le Seignadou] La pureté

SOURCE - Le Seignadou - mars 2017

Nous voici parvenus au mois de St Joseph, lequel reproduit dans son silence une part du mystère de Marie. De même que Notre-Dame unit la beauté de la virginité et celle de la maternité, Il unit en lui la beauté de la chasteté et celle de la paternité, « spirituelle » mais réelle, dans laquelle il est « l’ombre du Père » et le gérant de la paternité divine.

Cela nous introduit à quelques considérations sur cette vertu devenue si rare, dont il est le modèle le plus accompli et dont il est bien délicat de parler : la pureté. Nous vivons dans un monde charnel, sans âme, environnés et imprégnés malgré nous d’une ambiance sale et vulgaire ; et  cette difficulté d’en parler montre bien qu’elle touche une part de nous-même très fragile, sensible et délicate dont le seul fait d’en parler risque de réveiller ce qui a bien du mal à dormir. Et nos pauvres enfants, trop tôt habitués à cette ambiance malsaine que secrète le monde, perdent bien vite leur fraicheur et leur innocence. Trop tôt ils ne sont plus surpris par la vulgarité et l’impureté, dans le langage, les images, les lectures sur lesquelles les parents ne veillent pas toujours avec assez d’attention.

Nous évoquions le mois dernier la figure d’Alessandro Serenelli. Devenu sage il rédigea ce testament :

« Je suis âgé de presque 80 ans, et ma journée va bientôt se terminer. Si je jette un regard sur mon passé, je reconnais que dans ma première jeunesse j'ai pris un mauvais chemin : celui du mal qui m'a conduit à la ruine ; j'ai été influencé par la presse, les spectacles et les mauvais exemples que la plupart des jeunes suivent sans réfléchir, mais je ne m'en souciais pas. J'avais auprès de moi des personnes croyantes et pratiquantes, mais je ne faisais pas attention à elles, aveuglé par une force brutale qui me poussait sur une route mauvaise. » (Alessandro Serenelli, testament autographe, 5 mai 1961)

Le 28 avril 1947, à l'occasion de la béatification de Maria Goretti, le pape Pie XII ne pouvait se retenir de crier son angoisse en évoquant ce qui avait conduit Alessandro au crime :

« Grâce à Dieu, elles sont encore nombreuses, plus nombreuses qu'on ne le suppose et qu'on ne le dit parce qu'elles n'étalent pas leur sérieux et leur vertu comme les autres étalent leur légèreté et leurs désordres, ces jeunes filles qui, éduquées par des parents chrétiens, passent sereines et joyeuses mais modestes dans les rues de nos cités ou les sentiers de nos campagnes pour se rendre là où les appellent les devoirs familiaux, professionnels, scolaires, charitables ; elles savent faire aimer leur grâce souriante mais en même temps respecter leur inflexible dignité.

Elles sont nombreuses, sans aucun doute (la cérémonie solennelle d'hier Nous en a donné une vision splendide) mais elles seraient plus nombreuses encore s'il y avait de la part des parents plus de bonté avertie et affectueuse, de la part des enfants plus de docilité confiante.

Pour ne pas parler des catastrophes qui précipitent tant de malheureux dans le fond de l'abîme, des drames qui se terminent par une mort sans espérance, des décadences progressives qui vont jusqu'à l'humainement irréparable, combien d'égarements, de transactions, de capitulations ! Vertiges d'un instant que la légende fait peut-être d'abord vaciller mais dont le souvenir ressuscite plus tard, comme des bulles d'air à la surface d'une eau stagnante, avec des remords cuisants dont l'amertume, même après le repentir et le pardon, ne s'adoucit jamais complètement ici-bas.[…]

« Malheur au monde à cause de ses scandales » (Mt 18,7).

Malheur à ceux qui corrompent d'une façon consciente et volontaire par le roman, le journal, la revue, le théâtre, le film, la mode inconvenante.

Malheur à ces jeunes gens légers qui portent comme une blessure fine et légère l'infection morale dans un coeur encore vierge.

Malheur à ces pères et mères qui, par manque d'énergie et de prudence, cèdent aux caprices de leurs fils et filles, renoncent à l'autorité paternelle et maternelle qui est sur le front de l'homme et de la femme comme le miroir de la majesté divine.

Mais malheur aussi à tant de chrétiens qui ne le sont que de nom, qui pourraient voir derrière eux se lever des légions de personnes intègres et droites, prêtes à combattre par tous les moyens le scandale.

La justice légale punit, et c'est son devoir, le meurtrier d'un enfant. Mais ceux qui ont armé son bras, qui l'ont encouragé, qui avec indifférence ou encore avec un sourire indulgent l'ont laissé faire, quelle justice, quelle législation humaine osera ou pourra les frapper comme ils le méritent ? Et cependant, les vrais, les grands coupables, les voilà ! Sur eux, corrupteurs volontaires et complices inertes, pèse la justice de Dieu ! »

Pourquoi insister sur cela ? Parce que je pourrais faire un livre entier et épais sur les misères des âmes d’enfants salies avant qu’ils aient eu la possibilité de se défendre contre ce qui sollicite leur sensualité. Récemment, par exemple, j’ai fait confiance à la publicité faite autour du livre Ainsi, Dieu choisit la France. Je m’étais dit qu’il pourrait être intéressant pour nos élèves, et j’ai donc commencé sa lecture. Je me suis arrêté au quart du chapitre sur Clovis, devant la succession d’allusions salaces qui n’ajoutent rien au récit, bien au contraire ! Cette complaisance dans les bas-étages disqualifie l’ouvrage. J’en ai assez de cette vulgarité envahissante, qui devient une mode même chez les meilleurs et à propos de tout. L’exposé de cet auteur est peut-être excellent, mais n’a vraiment pas besoin de ces éléments vulgaires qui, sans aucun doute, sont totalement imaginés et introduits pour ajouter un peu de piquant.

Voici un autre exemple : il y a quelques semaines, un contrôle des « téléphones » portables – dont tout le monde sait qu’ils servent à tout, même parfois à téléphoner – a eu lieu auprès des élèves dans une de nos écoles: films pornographiques, chansons sataniques, etc. Et les parents, bien sûr, sont tombés des nues : pourtant, nous surveillons nos enfants, nous les avons avertis, jamais nous n’aurions imaginé cela, etc.

Je sais bien que la plupart des parents veillent avec amour sur les enfants qu’ils doivent conduire dans les voies de la vertu, mais… il en est quand même trop qui sont bien négligents. Et il est aussi bien dommage que tant de parents soient si naïfs : lectures, vidéos, films, internet, Facebook et autres réseaux sociaux, etc. Les enfants naviguent dans ce monde virtuel sans aucun contrôle des parents et avec une aisance stupéfiante, dans laquelle ils dépassent largement les adultes, et leurs âmes se salissent, sans que les parents s’en inquiètent ! Et, par leur inconscience, les parents deviennent complices des péchés de leurs enfants. Il est aussi vraiment regrettable que parents et enseignants ne parlent pas toujours le même langage, car il est évident que l’enfant ira naturellement au plus facile, au plus séduisant…et, sans peut-être en avoir une claire conscience, au plus salissant !

Il est admis que la prudence requiert que les élèves soient munis d’un téléphone portable durant les trajets en train ou autocar entre leur domicile et l’école (nul besoin d’un smartphone pour cela !). Mais il leur est prescrit de déposer ce téléphone dès leur arrivée à l’école. Dans nos écoles, les professeurs veillent à choisir les lectures ou les textes à étudier, et à purger ceux qui sont imposés par la soi-disant éducation soi-disant nationale ! Cela n’empêche pas tout, mais préserve en partie les esprits d’être salis, envahis par la saleté et le vice omniprésents dans les œuvres imposées.

Pourquoi les parents ne prendraient-ils pas les mêmes précautions quand les enfants sont chez eux ? Si la maison dispose d’un téléphone, les enfants n’ont pas besoin de conserver leur portable (et encore moins s’il s’agit d’un smartphone !), et peuvent le remettre à leurs parents jusqu’au prochain voyage ! Si la maison dispose d’un ordinateur, les enfants n’ont pas besoin d’en avoir un personnel ! Et si les parents aiment leurs enfants, ils se soucient de leur travail, de leurs études, de leurs lectures, et même de leurs amitiés, de leurs jeux et de leurs distractions, pour les préserver du mal et du danger !

Nous n’empêcherons jamais un enfant qui le veut de commettre des fautes, mais nous pouvons au moins tout faire pour protéger sa faiblesse. De même que l’Eglise fait un devoir grave aux parents de confier leurs enfants à des écoles catholiques, c’est un devoir encore plus grave de veiller sur les activités, les études, les distractions et les fréquentations de leurs enfants afin que toute leur vie demeure catholique, et de favoriser ainsi la préservation de leurs âmes en état de grâce. Je suis vieux jeu, direz-vous, bégueule et déconnecté des réalités du monde… je n’en suis pas si sûr, mais est-il donc démodé d’être simplement chrétien, et de vouloir éviter tout ce qui peut nous éloigner de Dieu ?

L’abbé Berto avait écrit sur ce sujet un article précieux dans Itinéraires en novembre 1973 : Toute éducation doit être virginale ! le monde n’était pas aussi avancé dans la liberté du vice qu’il l’est aujourd’hui ! Je ne peux le citer ici mais il sera bon de s’y reporter. Que dirait-il aujourd’hui, où tout est mixte, charnel, sensuel… où nous visons assiégés d’images sensuelles et de musiques charnelles, où tout ce qui est honnêtement naturel est galvaudé, sali, ridiculisé…? Et trop de parents laissent leurs enfants livrés au péché du monde, avec cette fine réponse : «  Il ne faut pas être coincés… on ne peut pas tout refuser… il faut bien faire un peu comme tout le monde, etc.… », sauf que le monde a perdu son âme, et je pleure « sur l’innocence qu’on pourrit », et je pleure sur ces parents qui ne sont plus en état de grâce parce que, par négligence, ils ont laissé leurs enfants perdre cette grâce.

Avons-nous déjà oublié la jeune Amélia, âgée de 19 ans, dont la Vierge a dit aux enfants de Fatima qu’elle était au purgatoire jusqu’à la fin du monde ?

St Joseph, priez pour nous, et protégez nos enfants.

St Joseph, patron et protecteur des familles, veillez sur les parents chrétiens, afin qu’ils sachent aimer leurs enfants au point d’être sévères avec eux, et qu’ils sachent les rendre heureux en famille, sans écran petit ou grand, afin qu’ils n’aillent pas chercher ailleurs des bonheurs qui n’en sont pas.


ANNEXE 1

TESTAMENT D’ALESSANDRO SERENELLI

« Je suis âgé de presque 80 ans, et ma journée va bientôt se terminer. Si je jette un regard sur mon passé, je reconnais que dans ma première jeunesse j'ai pris un mauvais chemin : celui du mal qui m'a conduit à la ruine ; j'ai été influencé par la presse, les spectacles et les mauvais exemples que la plupart des jeunes suivent sans réfléchir, mais je ne m'en souciais pas. J'avais auprès de moi des personnes croyantes et pratiquantes, mais je ne faisais pas attention à elles, aveuglé par une force brutale qui me poussait sur une route mauvaise. À vingt ans j'ai commis un crime passionnel, dont le seul souvenir me fait encore frémir aujourd'hui.

Marie Goretti, qui est aujourd'hui une sainte, a été le bon ange que la Providence avait mis devant mes pas. Dans mon cœur j'ai encore l'impression de ses paroles de reproche et de pardon. Elle a prié pour moi, intercédé pour moi, son assassin.

Trente ans de prison ont suivi. Si je n'avais pas été mineur, j'aurais été condamné à vie. J'ai accepté la sentence méritée ; j'ai expié ma faute avec résignation. Marie a été vraiment ma lumière, ma Protectrice ; avec son aide j'ai acquis un bon comportement et j'ai cherché à vivre de façon honnête lorsque la société m'a accepté à nouveau parmi ses membres. Avec une charité séraphique, les fils de saint François, les frères mineurs capucins des Marches, m'ont accueilli parmi eux non comme un serviteur, mais comme un frère. C'est avec eux que je vis depuis 1936.

Et maintenant j'attends avec sérénité le moment où je serai admis à la vision de Dieu, où j'embrasserai de nouveau ceux qui me sont chers, où je serai près de mon ange gardien et de sa chère maman, Assunta.

Puissent ceux qui liront ma lettre en tirer l'heureuse leçon de fuir dès l'enfance le mal et de suivre le bien. Qu'ils pensent que la religion avec ses préceptes n'est pas une chose dont on puisse se passer, mais qu'elle est le vrai réconfort, la seule voie sûre dans toutes les circonstances, même les plus douloureuses de la vie.

Paix et bien !  »
(Alessandro Serenelli, testament autographe, 5 mai 1961)

ANNEXE 2

HYMNE de St CASIMIR A LA VIERGE MARIE

Chaque jour, ô mon âme, rends tes hommages à Marie,
solennise ses fêtes et célèbre ses vertus éclatantes ;
Contemple et admire son élévation ; proclame son bonheur et comme Mère et comme Vierge ;
Honore-là afin qu’elle te délivre du poids de tes péchés ;
invoque-là afin de ne pas être entraîné par le torrent des passions ;
Je le sais, personne ne peut honorer dignement Marie ;
il est insensé pourtant celui qui se tait sur ses louanges ;
Tous les hommes doivent l’exalter et l’aimer spécialement,
et jamais nous ne devons cesser de la vénérer et de la prier ;
O Marie, l’honneur et la gloire de toutes les femmes,
vous que Dieu a élevée au-dessus de toutes les créatures ;
O Vierge miséricordieuse, exaucez les vœux de ceux qui ne cessent de vous louer ;
Purifiez les coupables et rendez-les dignes de tous les biens célestes ;
Salut, ô Vierge sainte, vous par qui les portes du ciel ont été ouvertes à des misérables,
vous que les ruses de l’ancien serpent n’ont jamais séduite ;
Vous, la réparatrice, la consolatrice des âmes au désespoir,
préservez-nous des maux qui fondront sur les méchants ;
Demandez pour moi que je jouisse d’une paix éternelle,
et que je n’aie pas le malheur d’être en proie aux flammes de l’étang de feu ;
Demandez que je sois chaste et modeste, doux, bon, sobre, pieux,
prudent, droit et ennemi du mensonge ;
Obtenez-moi la mansuétude et l’amour de la concorde et de la pureté ;
rendez-moi ferme et constant dans la voie du bien.

Saint Casimir (1458-1484)
Prince de Pologne et Grand-duc de Lituanie qui préféra rester célibataire
plutôt que de se marier pour se consacrer à l'adoration du Saint Sacrement,
à l'amour de la Vierge Marie et au renoncement.
Le 11 juin 1948 le Pape Pie XII nomma saint Casimir patron spécial de toute la jeunesse.
Saint patron de la Lituanie, de la Pologne et de toute la jeunesse pour son modèle de pureté.

ANNEXE 3

Toute éducation doit être virginale
par l’Abbé V.-A. BERTO

De même qu’on impose aujourd’hui l’ « in­formation sexuelle » dans les écoles, de même on y avait imposé, il y. a quelques années, la « mixité » : celle-ci pour amener celle-là. L’une et l’autre, c’est la même question, le même plan, la même satanique révolution. Voici la doctrine que l’abbé Berto ensei­gnait à ce sujet en octobre 1968, à la veille de sa mort (cf. ITINÉRAIRES, numéro 132 d’avril 1969, pp. 171-174).

UNE FONCTION qui n’apparaît qu’à l’adolescence, qui s’éteint d’elle-même avec la vieillesse, qui sera sans emploi dans la vie éternelle, est-il concevable que des chrétiens, qui savent n’être ici-bas que des voyageurs en route vers la Cité future, lui attachent tant de prix ?

Tout l’Évangile est virginal. Jésus, et Marie sa mère, ont vécu dans la virginité ; il l’a conseillée aux siens, sans déprécier d’ailleurs le mariage, comme le plus haut état de vie. Il a donné en quelques phrases la loi austère de toute chasteté, virginale ou conjugale. La discrétion, la délicatesse, la réserve de l’Évangile en cette matière sont infinies. Pur comme une flamme, saint Paul est bien plus cru dans son langage. Il avait à faire à des gens à qui il fallait parler clair et mettre les points sur les i. Le Verbe incarné n’a point cru qu’il dût condescendre à parler longuement de la chair et a laissé à ses Apôtres le soin de se colleter avec les péchés dont elle est la cause. Mais il a dit une parole qui éclaire tout :

« Au ciel on ne se mariera pas, les élus seront comme des anges de Dieu, erunt sicut angeli Dei. »

Ainsi, trente, quarante ou cent ans d’activité sexuelle, et encore facultative, et encore avec de longues suspensions, et encore biologiquement et moralement soumise à des lois restrictives – puis une éternité, une éternité ! de vie angélique, où la personne débarrassée de son engagement dans une espèce animale, s’épanouit sans fin en des activités spirituelles de connaissance et d’amour, même après la résurrection de la chair, « semi­natur corpus animale, surget corpus spirituale ». Notre vie terrestre, durât-elle des siècles, n’est que la courte préface à un livre qui n’aura pas de dernière page. C’est donc sur cette vie éternelle que doit se concentrer tout l’intérêt, toute la volonté du chrétien :

« Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? »

Croire cela, et braquer et hypnotiser le chrétien sur le sexe, quelle indécence, quelle sottise, quelle absur­dité, quel non-sens ! Et en éducation, quel crime ! Ces gens qui n’ont à la bouche que « la dignité de la personne humaine », et qui en même temps la ravalent au niveau de ce qui en elle est le moins digne de la personne, quels tartuffes !

L’enfant est une personne humaine ; tout l’Évangile nous dit qu’il faut l’élever dans la vue cons­tante de ce qu’il est en tant que personne, selon les fina­lités propres de la personne en tant que personne, et non en tant qu’il n’est encore qu’imparfaitement une personne, seulement une personne humaine assujettie, si elle s’y ploie librement, à des fonctions qui ne tiennent en rien à l’essence de la personne, qui lui sont même foncièrement étrangères, et qui ne lui sont liées acci­dentellement et pour un peu de temps qu’à raison de ce qu’elle est engagée dans une espèce. Grandeur et misère de l’homme ! Mais il faut bien voir où se situent cette grandeur et cette misère : la grandeur c’est d’être une vraie personne, la misère, de n’être qu’une personne humaine. La résurrection de la chair corrigera ce para­doxe. Jusque-là, il s’en faut accommoder et dire que le bien de la personne humaine en tant qu’humaine, c’est le mariage, et que le mieux de la personne humaine en tant que personne, c’est la virginité. Comme l’éducateur doit viser haut, toute éducation doit être virginale.

D’abord quant aux éducateurs. L’Église tant qu’elle en a été maîtresse, a préférable­ment, sinon de façon exclusive, confié l’éducation des enfants à des Instituts religieux. En dépit des déclara­tions contraires, telle est encore sa préférence. Ces décla­rations du reste, ne sont pas sincères, elles ne sont que le camouflage d’une défaite en victoire. Il n’y a plus de vocations et on fait ce qu’il faut pour qu’il y en ait de moins en moins, alors on affecte de dire que les enfants sont mieux élevés par des éducateurs mariés. Mensonge parmi tant d’autres.

Ensuite quant à l’enfant lui-même : il faut l’attirer à la piété, à la connaissance et au goût des choses divines qui seront sa joie éternelle. Qu’il « habite par avance dans les cieux », que ses pensées soient, comme dit saint Paul, « de tout ce qui est vrai, de tout ce qui est hono­rable, de tout ce qui est juste, de tout ce qui est pur, de tout ce qui est aimable, de tout ce qui est de bon renom » (Phil. 4-8). En temps opportun, lorsque depuis longtemps déjà il est à Dieu dans son cœur, il prendra conscience sans trouble, sans secousse, sans obsession, de sa mascu­linité ou de sa féminité ; cette partie de son éducation et de lui-même – viendra s’insérer avec le concours de ses parents et de ses éducateurs, dans un système déjà formé de valeurs chrétiennes, où le sexe ne risque pas d’avoir plus que sa place, l’une des dernières en vérité, si l’adolescent a déjà pris conscience de sa vraie dignité de personne, qui vient toute de sa capacité de Dieu. Ainsi rien ne s’opposera en lui, ni à une éventuelle voca­tion virginale, ni au mariage chrétiennement compris, lequel, s’il comporte nécessairement un aspect charnel, le transcende continuellement.

La mixtité (et non mixité, ces cuistres ne savent pas le français) est en train de ravager tout cela. Ses promo­teurs, si haut placés qu’ils soient, sont en état de damnation. Ils jettent par milliers de malheureux enfants dans une occasion prochaine de péché ; on n’empêchera pas des garçons de quinze ans juxtaposés à longueur de classe à des filles du même âge, de chercher à savoir ce que cachent – bien mal au surplus – ces jupes et ces corsages, ni ces filles, émoustillées par les curiosités masculines, de ressentir le désir spécifiquement féminin d’être vues, touchées, caressées. Tout le climat de l’école en est vicié, précocement sexualisé et érotisé. Et quand ces garçons et ces filles seraient tous sans exception des héros et des héroïnes, qui résisteraient à toutes ces occa­sions et tentations (mais qui le croira ?), a-t-on le droit de les y précipiter, de les y maintenir ? « Et moi je vous dis que quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà commis la fornication avec elle dans son cœur. » Et réciproquement ! Seigneur Jésus, qui avez dit aussi que nous devons devenir comme de petits enfants in­conscients de leur sexe si nous voulons devenir comme des anges dans votre royaume, que ferez-vous dans votre justice de ces atroces corrupteurs, dont vous avez dit encore :

« Celui qui scandalise un de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’il fût jeté au profond de la mer avec une meule au cou ? » Nous pleu­rons sur l’innocence qu’on pourrit, sur les vocations qu’on ruine, nous combattons selon nos forces, mais aussi nous prenons date, et nous en appelons solennelle­ment à votre tribunal au Jour de votre colère : « Ad tuum, Domine Iesu, tribunal appello. »

Itinéraires N° 177, novembre 1973.



[Le Seignadou] A la gloire de l’Immaculée

SOURCE - Le Seignadou - mars 2017 

Savez-vous que sur la route de Fatima, il y a l’église de l’Immaculée Conception ?

Savez-vous que dans un faubourg de Toulouse se trouve un véritable et double ex-voto à l’Immaculée et au Cœur Immaculé de Marie ? Non ? Alors, écoutez bien.

Il était une fois un prêtre qui s’appelait l’abbé Guillaume-Philippe Ravary. Né le 21 avril 1820, il prit le chemin de l’école à l’âge de sept ans, chez les frères de Saint-Sernin. Il y eut pour condisciple François Clergue, le futur père Marie-Antoine, le « saint de Toulouse ». Entré au séminaire, il fut ordonné prêtre le 19 septembre 1836, jour des apparitions de La Salette. D’abord vicaire à St Jérôme, il devint curé de Roques en 1838 et y demeura pendant dix années.

Mais voici que, dans un faubourg proche, le faubourg de Bonnefoy, suite à la réclamation des habitants du lieu, l’évêque décida d’y créer une paroisse, et on commença d’y construire une église provisoire. Mais il fallait un curé, et l’évêque y nomma notre jeune curé en septembre 1857. Curé sans église véritable, il se mit au travail. Mais il fallait donner un nom à cette nouvelle paroisse ! Et voici que la Vierge elle-même lui indiqua ce nom : nous étions en 1858, et à Massabielle, le 25 mars, Marie venait de dire qu’elle se nommait « Immaculée Conception » ! Et voici notre curé décidé à donner à sa paroisse le vocable « Immaculée Conception » et d’édifier plus tard une basilique, qui sera la première en France et au monde  à porter ce nom ! l’église provisoire à peine achevée et inaugurée le 1° mai 1858, il lui est signifié qu’elle ne pouvait être homologuée comme édifice public, pour des raisons de sécurité ! Elle sera néanmoins utilisée jusqu’à la construction de la basilique désirée, mais où trouver l’argent pour sa basilique ? Quêtes, souscriptions, etc… permirent de commencer les travaux, et Pie IX lui-même encouragea la construction avec l’offrande d’une pierre extraite de la catacombe de Saint Calixte (plus sa bénédiction apostolique !). Quelques années plus tard, c’est Léon XIII qui, à son tour, encouragera l’œuvre entreprise par l’offrande d’une clef de voûte, extraite elle aussi des catacombes. Il imagina aussi « l’œuvre des vœux » que nous trouverons présentée ainsi dans un bulletin de la paroisse plus tardif, daté de 1917 : ŒUVRE DES VŒUX. – C’est en 1870, pendant la guerre et sous l’inspiration du Saint de Toulouse, le P. Marie-Antoine, qu’elle prit naissance. Elle a pour but de glorifier l’Immaculée Conception par l’érection d’une vaste et belle église, au centre d’un faubourg populeux, qui domine la ville. Elle consiste à promettre à la T. S. Vierge, en retour d’une grâce spirituelle ou temporelle qu’on lui a demandé, une offrande proportionnée à ses moyens. Cette forme de dévotion est parfaitement légitime et recommandable. Pour la venger des attaques que pourraient susciter l’ignorance ou l’impiété, il suffirait de rappeler l’histoire du vœu de Lyon, du vœu de Marseille, ou encore du vœu national de Montmartre. De reste, en exauçant ces vœux, Marie prouve bien qu’ils répondent à ses désirs et lui sont agréables. Cette œuvre a reçu les plus hautes et les plus précieuses approbations. Pie IX envoya, le 19 juillet 1861, la première pierre et Léon XIII a fourni, le 1er mars 1879, la clé de voûte extraite, comme la précédente, des catacombes. Ajoutons que la bénédiction apostolique est accordée aux bienfaiteurs.

En outre, le père Ravary décida de reconstruire sur place le lieu des apparitions de Lourdes, et, avec sa grotte,  le site de l'église du Faubourg Bonnefoy, est devenu un petit Lourdes, qui dispose même de plusieurs pierres venues de Lourdes. Et l’Immaculée voulut faire une surprise à son fidèle dévot : au cœur même de l'église de l'Immaculée Conception de Bonnefoy en construction, l’abbé Ravary découvrit en 1863, une source d'eau providentielle. Analysée en 1874 et déclarée d'une limpidité parfaite, la source attire à elle de nombreux habitants du faubourg qui constatent des effets curatifs ; la réputation de cette eau grandit et dépasse bientôt le cadre du quartier, puis de la ville. Il n'en faut pas plus pour le père Ravary qui, pour financer le chantier de son église, fait imprimer en 1887 un prospectus avec des témoignages de guérisons (gravelle, diabète, anémie...) et met en vente, à un sou le litre, « l'eau de l'Immaculée Conception ». Il organise alors sa distribution à travers les rues de Toulouse, avec un tonneau monté sur roues et tiré par un cheval, mais aussi par le train, dans des bonbonnes (10 litres pour 5 francs).

Dans le même temps, il construit l’école Ste Foy confiée aux Servantes de Marie, inaugurée en septembre 1864, puis une école de garçons, bénie en juillet 1868, au cours d’un triduum prêché par le Père Marie-Antoine. Une « Maison de charité », surnommée par les faubouriens la « maison du Bon Dieu », animée par les filles de Saint-Vincent de Paul, est ouverte en 1880.

Pendant ce temps, l’église s’édifiait peu à peu, non sans difficultés et incidents. Dans l’édifice inachevé eurent lieu les premières communions en 1884, puis une procession d’adoration en 1886. En 1887, fut nommé un pro-curé, l’abbé Martres, qui continua les travaux, et l’on put enfin démolir la vieille église et bénir la nouvelle le 3 avril 1898. Manquaient encore la voûte et le clocher, mais la première église au monde consacrée à l’Immaculée Conception pouvait enfin rayonner sur Toulouse et le monde. Son œuvre étant achevée, dans la nuit du 7 octobre 1899, l’abbé Ravary s’endormait en paix dans les bras de Marie Immaculée.

L’abbé Joseph Martres se fit alors l'apôtre, actif et généreux, d'une entreprise élaborée en 1900 au Congrès Marial de Lyon : la consécration du genre humain, à l'orée du XXe siècle, au Cœur Immaculé de Marie, pour combattre l'impiété et assurer la paix entre les peuples. Dans ce dessein fut lancée la Croisade Mariale, qui, avec l'aide du R.P. Deschamps et le soutien de Mgr Germain, archevêque de Toulouse, prit appui sur la paroisse de l'Immaculée, dont le bulletin devint, en 1904, la Croisade Mariale, organe officiel de l'Association internationale portant le même nom. Le père Martres alla présenter à Rome sa supplique à Pie X, au cours de cinq audiences particulières. Mais le projet parut prématuré; il n'aboutit que le 31 octobre 1942, en plein conflit mondial, quand le Pape Pie XII consacra solennellement l'Église et le monde au Cœur Immaculé de Marie. Étonnants précurseurs, l’abbé Martres et ses paroissiens avaient, quarante ans à l’avance, ouvert le chemin. Et si leur projet n’avait pas abouti selon leurs désirs, il eut un merveilleux début de réalisation lorsque les cardinaux français décidèrent la consécration de la France au Cœur Immaculé de Marie, réalisée dans toutes les paroisses le 13 décembre 1914, près de trois ans avant les demandes de Fatima !

Après son décès à l’âge de 52 ans en 1906, le nouveau curé, Célestin Vielle, dut d’abord affronter les luttes dues à la loi de séparation, puis continua les travaux de l’église. En 1908, coïncidèrent dans l’enthousiasme les fêtes du cinquantenaire de la paroisse et celles des apparitions de Lourdes, puis vint la grande guerre et ses malheurs. Tous les soirs, la paroisse se rassemblait et priait pour ses soldats, pour la France et pour la paix. La paix revenue, l’abbé Vielle est nommé chanoine à la cathédrale, et l’abbé Victor Guérin est nommé curé de l’Immaculée Conception. Il y demeurera jusqu’à son décès le 27 juin 1942.

Mais avant de continuer, relevons encore un fait noté dans les souvenirs de la paroisse: Le P. Marie-Antoine disait qu'il aimait notre sanctuaire à l'égal de Lourdes. En 1907, M. le curé Vielle lui demanda une formule d'acte de consécration à Marie-Immaculée à l'usage de cette paroisse qu'il avait si souvent évangélisée de sa parole. En réponse, le religieux lui envoya la formule suivante : Il devait quitter ce monde huit jours après.

O Marie, ô Mère de Jésus et.ma Mère, je veux, après Jésus, vous aimer autant qu'il estpossible d'aimer, Je veux vous aimer comme étant la créature la plus aimable et la plus aimée ; Celle en qui, après Jésus, Dieu, de toute éternité, a mis toutes ses complaisances; Celle qu'il a plus aimée de toutes les créatures. ensemble: Celle qui a ravi le Verbe du sein du Père éternel et l'a attiré dans son Sein virginal et immaculé; Celle qui est la Reine et le modèle de toutes les vertus, le prodige de la grâce, l'ornement de la gloire, un abîme de perfection et de grandeur; Celle, enfin, qui ne peut jamais être assez aimée. Dieu seul connaissant et vos perfections et vos mérites, peut seul, ô Marie, vous aimer et vous louer comme vous méritez d'être aimée et louée; aussi est-ce avec son amour et ses louanges que je veux, ô Marie, vous payer mon tribut de reconnaissance et d'amour ! – Je veux vivre et mourir dans cette extase d'amour ! –Ainsi soit-il.

 Et nous en arrivons au deuxième titre de cette église à notre dévotion, qui est le passage dans cette église du chanoine Casimir Barthas, né à Mazamet en 1884, curé de Croix-Daurade, directeur de la Croix du Midi, auteur de nombreuses études de Mariologie et d'ouvrages relatifs aux apparitions de Lourdes et de Fatima. Nommé curé de l’Immaculée Conception le 11 juillet, installé le 13 septembre 1942, il y demeurera jusqu’en 1964.

Nommé à une époque de grands périls, il s'attacha à conserver une communauté solidaire et vivante, en maintenant l'essentiel des pratiques et des cérémonies religieuses. Du 30 novembre au 8 décembre, il organisa une neuvaine de l'Immaculée Conception « Pour le salut de la France et la paix du Monde », au cours de laquelle des centaines de voix répétèrent cette prière: « Vierge Immaculée, qui avez reçu de Dieu la mission de secourir toutes nos détresses et de porter remède à tous nos maux, d'être notre vie, notre douceur et notre espérance, abaissez vos regards sur la terre désolée. Voyez toutes ces ruines, tous ces cœurs brisés, l'immense souffrance de l'univers entier; prenez-nous en pitié. Venez au secours de la France, le pays que vous aimez tant. Relevez son courage; rendez-lui sa foi chrétienne son honneur et sa liberté. Hâtez le retour des prisonniers. Prenez au ciel, à vos côtés, ceux que la mort nous a enlevés. Mettez fin à la grande épreuve qui pèse sur le monde et faites que bientôt nous retrouvions tous la paix, le bonheur et la sécurité. Ainsi soit-il. »

Puis, lors de la fête patronale du 13 décembre, ce fut la consécration (première paroisse de France) au Cœur Immaculé de Marie selon la formule de Pie XII.

En 1944, en hommage au père Ravary, le chanoine Barthas fait construire une fontaine publique au lieu de la source et fait procéder à de nouvelles analyses par la Faculté de Médecine de Toulouse. La conclusion est toujours gravée sur le marbre de la fontaine : « Reconnue bactériologiquement très pure ». La fontaine Ravary a été récemment rénovée et « l'eau de l'Immaculée Conception », jadis célèbre, continue de couler, et continue d'être consommée car « jamais personne n'a été malade » ; et ça, c'est déjà un miracle !

Mais la grande mission du chanoine fut l’implantation du culte de N.D. de Fatima au faubourg Bonnefoy. En 1946, il fit son premier voyage au Portugal.  Il en ramena une statue remarquable de ND de Fatima, offerte pour le remercier de son apostolat en faveur de Fatima. Intronisée dans la chapelle des vœux le 8 décembre, elle devint objet quotidien de prière, presqu’autant que l’Immaculée de Lourdes. Ce n’est pas seulement une réplique de la statue de Fatima. Elle a été vénérée sur le lieu même de l’apparition.  Une plaque en témoigne.

Statue honorée à Fatima
à la place occupée par la S. Vierge
pendant les apparitions
bénie par S. Em. Le cardinal Légat
ALOISI-MASELLA
le 13 mai 1946,
donnée à M. le ch. Barthas
pour la France
par S.Exc. Mgr. J. DA SILVA,
évêque de LEIRA-FATIMA,
intronisée dans cette église
le 8 décembre 1946.
_____

"si on fait ce que je demande
la Russie se convertira
et on aura la paix".

Remplacé en 1964 par l’abbé Roques, le chanoine Barthas est décédé le 25 août 1973.  Il repose près de l’abbé Ravary, dans la grotte adjacente à l’église édifiée par son premier curé.

Cette église ne mérite-t-elle pas un petit (ou grand) pèlerinage, puisque Lourdes et Fatima y sont réunis ?

« A Lourdes, en 1954, j’ai saisi l’occasion qui m’était offerte de comparer Lourdes à Fatima. Lourdes m’est apparu comme une riposte de la Vierge au rationalisme du XIXe siècle; c’est là que Notre-Dame s’est présentée comme étant l’Immaculée Conception, que S. S. Pie IX a proclamée dogme de l’Église, confirmant la foi catholique, l’infaillibilité du Pape, la déchéance du péché, le triomphe de la grâce.

Pour sa part, Fatima m’apparaît comme une réplique miséricordieuse de Notre-Dame à l’athéisme du XXe siècle. Puis-je tout dire ? Fatima se lève dans notre monde anxieux comme un phare d’espérance contre le communisme athée qui prétend conquérir l’univers et détruire l’Église. » (cardinal Cerejeira. 11 février 1967)

26 février 2017

[Mgr Bernard Tissier de Mallerais, fsspx] Sermon pour les 40 ans du retour de Saint-Nicolas à la Tradition

SOURCE - Mgr Bernard Tissier de Mallerais, fsspx - 26 février 2017

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit Ainsi soit-il
Nous avons été priés de célébrer la Messe du Cœur immaculé de Marie qui est le règne du Cœur de Marie Reine du clergé, honoré spécialement en cette église. Je vous parlerai donc du Cœur immaculé de Marie.
    
Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et son lignage, elle t'écrasera la tête et tu la mordras au talon, telle fut la malédiction prononcée par Dieu contre le démon sous sa forme de serpent, après le péché originel.
    
Dieu a posé une inimitié, une adversité entre la femme, c'est-à-dire la Très Sainte Vierge Marie, et le démon, entre le lignage de Marie, c'est-à-dire les vrais chrétiens, et les suppôts de satan. Une inimitié théologique qui n'est pas par hasard entre ces deux lignages, entre le sein très pur de Marie et son Cœur immaculé d'un côté, et le cloaque immonde du modernisme et du concile Vatican II. Songeons simplement que nous sommes en 2017. En 1517 c'était la révolte de Luther. En 1717, c'était la fondation de la grande loge de Londres, donc le début de la franc-maçonnerie, et en 1917, il y a un siècle, la fondation du communisme et la persécution contre l'Église dans beaucoup de pays, en Russie et au Mexique.
     
C'est donc sous la bannière du Cœur immaculé que nous allons continuer le combat. Mais je voudrais d'abord évoquer comment a continué ce combat victorieux du Cœur immaculé de Marie, il y a quarante ans, le dimanche 27 février 1977, premier dimanche de carême. Où l'on chantait dans l'Introït, « il m'invoquerait et je l'exaucerai, je le délivrerai et je le glorifierai ». Il s'agissait donc d'une délivrance, d'une libération d'une église qui était jusque-là aux mains du modernisme, et que nos pères, il y a plus d'une génération, ont pris par la force, une sainte force, pour la libérer.
     
En ce dimanche, Mgr Ducaud-Bourget avait convoqué tous ses fidèles de ses chapelles parisiennes à la salle de la Mutualité. L'abbé Coache avait aussi convoqué tous les membres du Combat de la foi à la même salle de la Mutualité, pour une Messe. Mais discrètement, au fur et à mesure que les gens arrivaient, on leur disait : allez dans l'église, allez vous asseoir dans l'église. Et le clergé, donc morderniste, de Saint-Nicolas, voyait peu à peu à la fin de la première messe la nef se peupler d'une foule invraisemblable et commençait à donner des signes d'étonnement et même d'inquiétude quand brusquement entra la procession, Mgr Ducaud-Bourget encadré par l'abbé Coache et par un autre prêtre fidèle, et avec tous les acolytes, le clergé, la schola, s'avançant jusqu'à la croisée du transept où il y avait une estrade en bois et un autel mobile que l'on passa pour venir au maître-autel, célébrer la Messe sur le maître-autel.
    
Cet événement, chers fidèles, fut couronné de grâces puisque l'abbé Coache déclara : « nous y sommes, nous y restons ». On y resta grâce à la garde de saint Nicolas qui depuis lors n'a jamais cessé de veiller sur l'église afin qu'elle ne soit pas reprise par les modernistes. Et depuis ce temps-là c'est une source de grâces immense et incroyable qui a découlé sur tous les fidèles qui sont venus à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Mes parents en premier. Mon père et ma mère étaient parmi les premiers paroissiens de cette paroisse. Le clergé fidèle, nous avons connu de nombreux prêtres avec Mgr Ducaud-Bourget, de nombreux prêtres fidèles au rite fidèle de la vraie messe catholique. Nous avons vu le catéchisme véritable, c'est-à-dire avec des questions véritables et les bonnes réponses comme il se doit. Nous avons vu les mouvements de jeunesse se multiplier, en particulier les scouts, les guides et les louveteaux, et nous avons vu se développer des conférences, des prédications doctrinales, solides mais avec le bon esprit français mêlant à l'odeur de l'encens une odeur de poudre, quelquefois. C'était Saint-Nicolas il y a quarante ans. Et ça n'a jamais cessé de l'être.
     
Et c'est donc sous la bannière du Cœur Immaculé que nous continuons ce combat, sous la bannière de Marie Reine du clergé, sous la bannière de ce Cœur victorieux puisqu'elle a annoncé à Fatima, il y a cent ans, que son Cœur immaculé triompherait.
    
Ce combat, je voudrais le décrire dans le Cœur immaculé de Marie, elle-même qui a dû lutter, qui a dû combattre. Bien qu'elle fût sans péché, rien n'était évident, en particulier la foi. La Sainte Vierge a eu la foi, elle a exercé la vertu de foi. Elle a eu peut-être à combattre des erreurs contre la foi autour d'elle. Mgr Lefebvre disait que la Sainte Vierge n'a jamais hésité, que la Sainte Vierge n'a jamais eu le moindre sursaut de l'intelligence contre les vérités de la foi et les mystères de Dieu. Et d'autre part, elle n'avais jamais eu le moindre sursaut de la volonté contre la sainte Loi de Dieu. Nous pouvons donc en toute sécurité suivre l'exemple de ce Cœur immaculé.
     
Dès le premier instant de sa conception, dit saint Pie X, cinquante après la définition de l'Immaculée Conception de Marie, alors qu'elle était préservée de toute souillure du péché originel, elle a combattu et elle montre aux chrétiens cette nécessité de la foi véritable contre les blessures infligées à la nature humaine par le péche. Et donc, pour ceux qui croient en l'immaculée Conception, dit saint Pie X, croient nécessairement dans le péché originel, dans la déchéance universelle de l'homme, dans la restauration de la nature humaine par Notre-Seigneur Jésus-Christ et à sa croix, ils croient également dans la souffrance rédemptrice, mystère de la souffrance réparatrice et ils croient aussi que tout ce qui s'appelle libéralisme et modernisme est terrassé par ce Cœur immaculé. Voilà les paroles de saint Pie X. Le Cœur immaculé tout dépendant de Dieu dans sa protection contre satan, contre le péché, tout dépendant de Dieu dans sa progression, dans la sainteté de la sainte Vierge. Le Cœur immaculé est une profession par elle-même du surnaturel, de l'existence de la grâce et des vertus surnaturelles. Et d'un combat surnaturel, qui n'est pas seulement au niveau naturel et politique, mais qui est tout d'abord, à la racine, un combat surnaturel.
    
Mgr Lefebvre disait que la Sainte Vierge est la mère du grand prêtre qui fut la victime du Calvaire, et par conséquent qu'elle est aussi la mère des prêtres qui renouvellent de façon sacramentelle, chaque jour, le sacrifice de la Croix. Et il ajoutait que le sacrifice de la Messe était par lui-même une profession de la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ par le bois de sa croix. En effet, Notre-Seigneur a remporté la victoire sur nos ennemis par le sang versé sur sa croix. Regnavit a ligno Deus. Nous le chantons dans le Vexilla Regis le jour des Rameaux. Notre-Seigneur, Dieu a régné par le bois de la croix et par conséquent la Messe qui renouvelle sacramentellement la croix, est une profession du règne de Dieu, le règne de Jésus-Christ.
     
Et donc, nous en sommes aujourd'hui, chers fidèles, dans la nécessité de faire des professions de foi face aux erreurs professées en haut lieu dans l'Église. Et je vous proposerai bien, si vous le voulez bien, une profession de foi tirée des paroles mêmes des papes ou des conciles, avec leur concision et leur caractère frappant qui détruisent ipso facto toutes les hérésies actuelles.
     
Tout d'abord avec le cardinal Pie, évêque de Poitiers au XIXème siècle : « Je professe, et Nous professons que Notre-Seigneur Jésus-Christ est roi par droit de naissance et par droit de conquête en tant qu'Il est le seul homme qui soit Dieu par la très sainte incarnation, et d'autre part qu'Il a gagné nos âmes par le prix de son sang. Et que par conséquent, Il est roi et souverain de toutes créatures et de toutes les choses humaines, dont aucune ne se soustrait à son domaine, en particulier l'Etat ».
    
Avec le pape Pie XI : « Je professe que l'Etat, que les Etats ne dépendant pas de moins de Jésus-Christ, le roi, que les individus puisque la nature sociale de l'homme est une création de Dieu et de Notre-Seigneur Jésus-Christ ».
     
Avec le pape saint Pie X : « Je soutiens, et je soutiendrai jusqu'à mon dernier souffle, s'il plaît à Dieu, la foi des pères dans le charisme, la grâce certaine de la vérité qui est, qui a été et qui sera toujours dans la succession de l'épiscopat depuis les apôtres, afin que soit tenu non point ce qui semble meilleur ou plus adapté à la mentalité de chaque époque, mais afin que ne soit jamais crue autrement, que ne soit jamais entendue autrement la vérité absolue et immuable prêchée dès l'origine par les apôtres. Voilà la véritable notion de la Tradition. Une vérité absolue et immuable prêchée dès l'origine par les apôtres et qui s'est transmise par la succession de l'épiscopat jusqu'à nous, la succession des évêques catholiques ».
     
Avec le pape Pie IX qui régna au XIXème siècle : « Je professe que la doctrine de la foi - c'est bien actuel ! - la doctrine de la foi que Dieu a révélée n'a pas été proposée comme une découverte philosophique que le génie humain pût améliorer ou faire progresser, mais que cette doctrine de la foi est un dépôt divin qui a été confié à l'Epouse de Jésus-Christ pour qu'elle la garde fidèlement et l'expose infailliblement ». Voilà les paroles du pape Pie IX.
     
Avec le pape Pie IX également au sujet de la vraie religion, unique : « Il n'y a qu'une seule religion vraie et divine - il n'y en a pas d'autres - fondée et instituée par le Christ Seigneur lui-même. Mère et nourrice des vertus, exterminatrice des vices, libératrice des âmes, indicatrice du vrai bonheur, elle s'appelle catholique, apostolique et romaine».
      
Au sujet de l'œcuménisme, chers fidèles, je professe avec tous les papes en particulier le pape Pie XI que l'union des chrétiens ne peut être procurée autrement qu'en favorisant le retour des dissidents à la seule et véritable Église du Christ qu'ils eurent pas le passé le malheur d'abandonner. Le retour des dissidents à la seule et véritable Église du Christ, l'Église catholique. Il n'y a pas d'autres moyens.
      
Et enfin, au sujet de la liberté religieuse, je professe avec le pape Pie XII : « Parmi les droits humains, intangibles, se trouve la pleine liberté d'exercer le vrai culte divin ». Point. C'est clair et net. Pie XII. Le droit à la pleine liberté d'exercer le vrai culte divin. Quel est le vrai culte divin, chers fidèles ? Vous demandez aux enfants du catéchisme, ils répondront, c'est facile, c'est le culte catholique. Et par conséquent, les parents catholiques, les parents catholiques ont un droit strict à des écoles qui correspondent à leurs convictions, c'est-à-dire à la foi catholique. Voilà quelle est ma petite profession de foi en ce temps où nous avons besoin de professer notre foi catholique face aux adversaires, aux fils du concile qui tiennent d'autres formules qui sont différentes, qui ne correspondent pas à la foi catholique.
     
Ce Cœur immaculé que nous fêtons est un Cœur, et par conséquent est un Cœur aimant qui nous aime, qui se penche sur nous, avec compassion mais pour nous relever, pas avec la fausse miséricorde que l'on professe aujourd'hui dans l'Église. Le Cœur immaculé se penche sur nous, pécheurs, pour nous relever, pour nous faire sortir du péché, pour nous mériter la grâce, pour nous établir dans l'état de grâce. Voilà le Cœur immaculé de Marie qui veut que ses enfants lui ressemblent en toute pureté de l'âme. C'est sous ce Cœur immaculé que le Cœur de Jésus a battu quand il était dans le sein de sa mère. C'est auprès de ce Cœur immaculé que Jésus a eu le Cœur percé et que ce Cœur immaculé fut percé, moralement, par la lance du soldat au pied de la croix. Eh bien, c'est donc auprès de ce Cœur immaculé et à l'unisson de ce Cœur que nous devons battre nous aussi. Et pour cela, nous devons nous consacrer au Cœur immaculé de Marie.
      
Et j'en viendrai à cela, la consécration à Marie, plus exactement à son Cœur immaculé puisque c'est la dernière révélation, apparition, publique qui nous parle de la Sainte Vierge sous l'aspect de son Cœur immaculé. Notre consécration à Marie doit être par conséquent une consécration à son Cœur immaculé.
      
En quoi consiste la consécration au Cœur immaculé de Marie ? Elle peut consister dans la consécration montfortaine ou toute autre formule pourvu que ce soit une appartenance entière à ce Cœur immaculé, une dépendance entière de ce Cœur immaculé. Nous devenons comme la propriété de la Sainte Vierge, par cette consécration afin que nous puissions faire tout par Marie, avec Marie et pour Marie. Avec tout pour son Cœur immaculé pour la consoler, tout par son Cœur immaculé, comme ses instruments, tout pour son Cœur immaculé pour son triomphe que nous devons désirer. Et la Sainte Vierge en retour, car cette consécration est un contrat, nous donnons et la Sainte Vierge se donne. Voilà, nous allons nous donner à la Sainte Vierge et la Sainte Vierge va se donner à nous. Il y a donc un échange, c'est un contrat entre deux parties. Et la Sainte Vierge en échange par conséquent va nous accepter comme son instrument, son instrument de choix par lequel elle va faire ses actions merveilleuses et son apostolat à elle car cette consécration au Cœur immaculé doit être une consécration apostolique afin que nous devenions des apôtres de ce Cœur immaculé. Ainsi, nous devenons des instruments du Cœur immaculé pour son apostolat à elle et pour faire ses volontés à elle. Ses volontés qu'elle est peut-être seule à connaître et que nous devons suivre.
     
C'est une grande miséricorde, bien chers fidèles, que ce Cœur immaculé daigne se servir de nous, en particulier pour œuvrer au redressement de l'Église. Je vous dirai que chaque jour, je professe ma foi entière dans le redressement de la Sainte Église. Il est impossible que cette apostasie dure indéfiniment. Il est certain que l'Église va se redresser, c'est à nous à y coopérer par les voies de la Sainte Vierge, par les voies du Cœur immaculé, par ses moyens à elle et nous nous plaçons sous son entière dépendance et dans une entière confiance en ce Cœur immaculé.
     
Ainsi soit-il.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
     
Mgr Bernard Tissier de Mallerais

25 février 2017

[Père Jehan De Belleville - Bénédictins de l'Immaculée] Erection canonique des bénédictins de l’Immaculée

Mgr Guglielmo Borghetti
évêque d’Albenga-Imperia
SOURCE - Père Jehan De Belleville - Bénédictins de l'Immaculée - 25 février 2017

Nous avons la joie de vous annoncer la prochaine érection canonique de la communauté, à laquelle procédera notre nouvel évêque Mgr Guglielmo Borghetti le 21 mars prochain en la fête de saint Benoît.

Le 19 janvier 2015 nous en avions fait la demande auprès de Mgr Mario Oliveri dans les termes suivants qui résument la situation de la communauté depuis sa fondation:
« Excellence et cher Monseigneur, 
Par votre lettre du 6 février 2008, vous m’avez paternellement accueilli dans votre diocèse d’Albenga-Imperia pour y fonder le monastère sainte Catherine de Sienne où se vivraient les traditions monastiques transmises par nos fondateurs et les traditions liturgiques en conformité avec le motu proprio Summorum Pontificum du regretté pape Benoît XVI. 
Le 21 mars 2012 vous nous avez fait la grâce et la joie d’ériger le monastère en Association Publique cléricale de fidèles ad experimentum pour trois ans. 
Depuis donc sept années, malgré de nombreux essais de vocations qui n’ont pas toujours abouti, la communauté demeure actuellement stable avec 3 membres, nombre minimum requis par le droit pour former un ensemble de personnes (can. 115§ 2). 
Depuis sept années à Villatalla l’office divin et la messe quotidienne chantée ne se sont jamais interrompus et la louange divine continue d’être célébrée fidèlement sept fois le jour et une fois la nuit, dans le chant grégorien, chant propre de l’Eglise Catholique, depuis les matines à 3h.30 jusqu’aux Complies à 20h. 
L’ad experimentum de l’Association parvenant à son terme ce 21 mars 2015, frère Antoine, frère Marie et moi-même venons humblement requérir auprès de votre Excellence la grâce de voir notre communauté érigée en institut de vie consacrée de droit diocésain. Cette grâce donnera à notre communauté une reconnaissance ecclésiale plus forte et plus stable et protégera son charisme d’éventuelles contestations, particulièrement à craindre en cette période de troubles et d’incertitudes pour l’Église. Je pense aussi que cette reconnaissance attirera davantage de vocations ayant besoin d’être rassurées sur la fiabilité de notre communauté. 
Veuille, votre Excellence, agréer l’expression de nos sentiments très respectueux et filiaux in Maria. »
L’approbation des Constitutions par le Saint-Siège est une condition de validité pour l’érection d’un institut diocésain. Signée le 25 mars 2015, elle est arrivée trop tard à Mgr Oliveri car ce même jour, à la demande du Pape François, il renonçait à la juridiction attachée à sa charge d’évêque diocésain. Mgr Borghetti a dû prendre du temps pour faire connaissance avec son nouveau diocèse et nous faire une première visite le 12 mars 2016. À plusieurs reprises et publiquement, il a déclaré que n’ayant pas de sensibilité traditionnelle il respectait cependant pleinement le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI. Il a tenu parole: plusieurs messes sont actuellement célébrées selon le rite traditionnel dans le diocèse à la demande de groupes de fidèles et lui-même viendra donc nous ériger et recevoir nos vœux monastiques ce 21 mars prochain. A sa demande, la messe traditionnelle sera célébrée solennellement par l’ancien vicaire général de Mgr Oliveri, Mgr Giorgio Brancaleoni à 11h, lui-même étant assistant au chœur.

Chers amis, je viens partager avec vous notre joie de recevoir l’approbation de la sainte Eglise pour continuer notre vie monastique dans une entière fidélité à la grâce reçue et transmise à Bedoin en 1970 par Dom Gérard dont j’ai eu l’honneur d’être le premier disciple. Magnificat !
 
Merci de nous accompagner de vos prières en ce jour béni et nous-mêmes nous vous portons dans les nôtres chaque jour. Que Dieu vous bénisse et vous protège vous et vos familles !

24 février 2017

[Anne Le Pape - Présent] Entretien avec l’abbé Grégoire Celier - Des souvenirs forts qui orientent une vie

SOURCE - Anne Le Pape - Présent - 24 février 2017

— Monsieur l’abbé, vous avez participé à l’aventure de ce qu’il est convenu d’appeler « la prise de Saint-Nicolas ». Quels en sont vos souvenirs les plus marquants ?
— Précisons d’emblée qu’à l’époque, je n’étais pas « tradi », que je n’assistais pas à la messe traditionnelle. Le dimanche 27 février 1977, je n’étais d’ailleurs pas à Paris, mais j’ai appris les événements par la radio. Cela m’a paru intéressant, attirant, et même détonnant. J’avais beaucoup d’amis « tradi », je me suis donc rendu à Saint-Nicolas le mardi 1er mars, à la première messe de 7 h 15 célébrée, si mes souvenirs sont bons, par l’abbé de Fommervault, l’abbé Coache se trouvant dans le chœur. L’église était pleine à craquer, elle n’a d’ailleurs pas désempli, jour et nuit, durant un bon mois.Saint-Nicolas ne désemplit pas depuis 40 ans.

Je me trouvais près de la grille du passage entre le chœur et la sacristie. L’abbé Bellego, curé de Saint-Séverin-Saint-Nicolas, se trouvait dans la sacristie, dont il avait gardé l’usage. Il a passé son aube, est venu au pied du chœur, devant le banc de communion et l’immense estrade recouverte de moquette rouge sur laquelle se trouvait la « table à repasser » (comme nous disions) qui servait au nouveau rite. Il s’est mis à protester : « Je suis le curé, vous n’avez pas le droit d’être là ! » La messe était basse, sa voix pas très forte mais on l’entendait… Je n’ai pas eu le temps de me retourner que l’abbé Coache avait déjà démarré un chant : « Cœur sacré de Jésus, Que votre règne arrive… », et tout le monde a repris, noyant le discours du père Bellego. La rapidité de la réaction de l’abbé Coache m’a stupéfié, en sorte que chaque fois que j’entends ce cantique, je revois cet épisode.
— Un autre souvenir ?
— Une semaine environ après a eu lieu la conquête de la sacristie, où se trouvaient quelques dames entourant l’abbé Jean-Robert Armogathe, vicaire de la paroisse. Ils se tenaient dans le couloir qui mène à la sacristie. Je me trouvais en compagnie de quelques jeunes d’Henri IV préparant « corniche » (mais, ne jouons pas les matamores, j’étais plutôt en arrière). Chaque groupe – eux d’une part, nous d’autre part – récitait son chapelet mais n’en était pas au même mystère… Ambiance tendue et électrique. Un faux (?) mouvement a déclenché une bagarre, nous les avons poussés vigoureusement. Bref ! Ils ont été expulsés par la porte qui mène au presbytère. Nous ne pouvions pas ne pas conquérir la sacristie, où se trouvaient le tableau électrique et le chauffage…
— Cette expérience vous a-t-elle marqué profondément ?
— Je suis entré à la Fraternité Saint-Pie X grâce à Saint-Nicolas, qui a donc joué un rôle capital dans ma vie. Je me rendais tous les dimanches à cette église pour aider au service d’ordre et, de ce fait, j’assistais aux messes. Mais pour ma messe dominicale, je me rendais le soir, comme d’habitude, dans une belle chapelle où je servais la messe de Paul VI en latin, célébrée face à Dieu par un prêtre qui prêchait une bonne doctrine. L’assistance, même plus ou moins involontaire, à la messe traditionnelle a fini par me convaincre de sa valeur irremplaçable.

Propos recueillis par Anne Le Pape