SOURCE - Rémi Fontaine - Présent - 10 février 2007
Quelle messe du Concile ? La (vraie) messe du Concile (qui s’est tenu de 1962 à 1965) n’est pas la nouvelle messe (de 1969), comme on veut trop souvent nous le faire croire. La preuve par ce missel quotidien de 1964 publié en 1966 par les bénédictins d’Hautecombe et Clervaux aux éditions Brepols (Paris) « avec tous les nouveaux textes liturgiques de l’épiscopat ». Et authentifié par lettre autographe du pape Paul VI datée du Vatican le 11 juin 1964. Accordant aux auteurs et éditeurs des missels Hautecombe-Clervaux la faveur de sa bénédiction apostolique, le Saint-Père ajoute : « Nous apprécions l’oeuvre de pastorale liturgique ainsi réalisée dans l’esprit de la Constitution conciliaire sur la Sainte Liturgie, et Nous exprimons à tous ceux qui l’ont entreprise et menée à bonne fin Nos félicitations et Notre reconaissance. »
Voici pour une fois le bon esprit du Concile conforme à sa lettre : celle précisément de la Constitution conciliaire sur la Sainte Liturgie.
Le rite de ce missel romain est celui dit de saint Pie V, selon l’édition typique de 1962 mais avec les dernières réformes liturgiques voulues par Jean XXIII à la suite de Pie XII (1). Ce n’est pas celui dit de Paul VI, promulgué en 1969, avec notamment l’article 7 de l’Institutio generalis (2) et toutes les malfaçons, équivoques, omissions et obligations qui l’ont accompagné ou suivi. Comme l’estompage de la présence réelle et du saint sacrifice, le retournement des autels et l’abandon du latin liturgique (3) avec des traductions vernaculaires plus que suspectes (cf. Bref examen critique des cardinaux Bacci et Ottaviani réédité par Renaissance catholique). Autant de malfaçons qui contrastent avec l’esprit ET la lettre de la déclaration conciliaire...
Rémi Fontaine
(1) Dans le dernier numéro de L’homme nouveau, Martin Mosebach parle aussi du « missel de 1965 », qui « commence d’ailleurs avec une lettre du cardinal Cicognani, dans laquelle il présente le missel comme le résultat de la réforme vaticane » : « A partir de là, il est difficile de faire un lien entre la constitution liturgique et ce qu’ont fait ensuite Paul VI et les nombreux réformateurs dans tous les pays. »
(2) Corrigé l’année suivante dans la lettre mais non dans l’esprit : cf. les articles de Jean Madiran sur la question et La nouvelle messe de Louis Salleron.
(3) Ceux qui critiquent la messe traditionnelle l’appellent souvent « la messe en latin », mais le propre du dimanche et des saints et presque tout l’ordinaire avaient été traduits en français par l’Eglise de France entre 1965 et 1969. Inversement, la nouvelle messe de 1969 existe en latin et est encore célébrée ainsi par le Pape, quelques monastères, ou encore concélébrée par des prêtres de plusieurs pays...
PRÉSENT — Samedi 10 février 2007, page 8