Il est évident que l’Incarnation n’avait pas pour but qu’une simple
visite divine de la terre ou des créatures humaines. Si ce n’avait été
que pour cela, le Fils de Dieu se serait il de lui-même livré à ses
ennemis sachant qu’ils voulaient le faire mourir ? Ce seul fait suffit à
manifester son intention réelle et ultime : sauver les hommes en
offrant sa vie humaine en sacrifice d’agréable odeur à Dieu afin de leur
mériter le pardon divin de leurs péchés qui, sans cela, les
condamnaient à l’Enfer éternel.
Mais contrairement à ce qu’a prétendu Luther, cette seule mort du Christ
ne sauve pas effectivement ou un simple regard confiant sur elle, comme
sur le serpent d’airain brandi par Moïse dans le désert, ne suffit pas.
Il est indispensable que chaque homme renonce librement, efficacement
et totalement au péché au moins mortel. C’est pour l’y inciter que Jésus
a institué le sacrement de baptême puis celui de pénitence car il n’est
malheureusement pas assez d’y renoncer une fois pour toute. Nous y
retombons. Le Sauveur a même fait une obligation grave de recevoir ces
sacrements. Et elle est devenue une nécessité pour que le pardon des
péchés, obtenu de façon générale, globale ou par principe, sur la Croix
nous soit accordé ensuite de façon particulière et réelle par eux. Mais
qui dit sacrements, dit ministres ayant le pouvoir de les administrer.
Et qui dit ministres, dit l’institution du sacerdoce et une autre
institution pour assurer sa transmission et son exercice dans les
meilleures conditions. Tout cela est la raison d’être et l’essence de
l’Eglise dont on voit ainsi pourquoi Jésus devait logiquement la fonder
avant de quitter cette terre.
Puisqu’elle ne fait que poursuivre et parfaire sa propre œuvre
salvifique, il en est lui-même le premier fondement mais désormais
invisible. Ainsi, de même qu’étant d’abord de nature divine, puisque
personne divine, il a voulu être visible en s’incarnant pour inaugurer
la Rédemption des hommes, de même pour sa continuation et son
aboutissement chez les hommes vivant depuis sa venue a-t-il aussi voulu
qu’elles se réalisent visiblement en désignant son premier représentant
ou vicaire ici bas, Pierre, avec ses premiers collaborateurs, les autres
Apôtres [1]. Puis en leur communiquant ses propres pouvoirs divins,
surtout celui de remettre les péchés, mais aussi celui de les
transmettre à leur tour et ainsi de suite jusqu’à la fin du monde. Enfin
en leur promettant que la nouvelle société ainsi créée jouirait
toujours de son assistance spéciale afin de se maintenir contre vents et
marées.
L’Eglise a donc un caractère volontairement et nécessairement visible,
bien que s’y exercent des pouvoirs presque exclusivement de nature
spirituelle (invisibles dans leurs effets) et bien qu’elle soit
composée, d’abord, des âmes (invisibles) sur lesquelles ils s’exercent.
Ce caractère est tel que l’Eglise s’est elle-même et d’une certaine
façon incarnée ou a fait corps avec une terre, un territoire, celui de
Rome. Car Pierre, son premier chef, en a finalement et définitivement
fait son port d’attache, sa résidence d’où il veillait sur toutes les
autres parties de l’Epouse mystique du Christ. Ce lien charnel ou
matériel est si fort que, de nos jours où de nombreuses sociétés
religieuses revendiquent le titre d’Eglise de Jésus Christ, le premier
critère, pour distinguer la seule, vraiment héritière de la toute
première, de toutes les sectes, est qu’elle ait à sa tête l’évêque de
Rome, successeur véritable ou légitime de Pierre [2].
Cela implique qu’aucune autorité ecclésiastique dans le monde n’est à
son tour légitime si elle n’est pas reçue directement ou indirectement
du Pontife romain [3]. Et qu’aucune âme n’est vraiment reliée et unie à
J.C. donc sauvée si elle ne reconnaît ces autorités et ne se soumet [4] à
elles autant que cela est moralement possible [5]. Telle est la
signification certaine des « clés du Royaume des Cieux » confiées par le
Christ au seul Pierre ou au seul Simon, fils de Jona. Nous ne devons
jamais le perdre de vue, notamment dans les circonstances présentes de
la vie de l’Eglise où nous sommes en conflit avec le successeur de
Pierre. Nous ne pouvons pas nous comporter à son égard comme envers
n’importe quelle autre autorité gravement défaillante [6] dont, entre
autres, nous pourrions nous éloigner, voire nous séparer complètement,
sans dommages, au contraire. Cela est absolument impossible sous peine
de notre perte éternelle, comme, certes, pour la même raison il est tout
autant impossible de tout accepter aujourd’hui de Rome car encore
imprégnée du poison mortel du modernisme.
C’est dire que l’attitude, que nous devons avoir envers elle, est chose
excessivement délicate, voire trop subtile aux yeux de beaucoup [7]. Car
tellement délicate qu’elle excède, en vérité, les seules forces
humaines (sans la foi et les autres vertus surnaturelles) ; que plus que
jamais elle doit être avant tout surnaturelle ou vraiment inspirée par
le St Esprit, sa grâce et surtout ses fameux dons reçus spécialement
pour être à la hauteur des situations spirituelles les plus délicates en
vue de notre sanctification et de notre salut éternel. Mais pour que ce
St Esprit puisse vraiment agir en nous, il est nécessaire, en général,
que nous rejetions volontairement tout mauvais esprit et tout activisme,
toute manière de réagir ou d’agir seulement inspirée par notre nature
déchue et pécheresse.
Puisse l’intercession des grands et saints Pierre et Paul nous obtenir
la grâce de bien comprendre toutes ces choses et de prendre des
résolutions vraiment saintes. Profitons donc bien de la période
estivale, habituellement plus calme pour la plupart, afin de nous
ressourcer avant tout spirituellement, de prier mieux et plus, condition
sine qua non pour parvenir à cela et repartir d’un bon pied à la
rentrée ! Ainsi soit-il
PMG+, S.S. Pierre et Paul 2017 à St-Nicolas du Chardonnet
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[1] Pour ceux ayant vécu avant lui, ce fut par les institutions
également visibles et voulues par Dieu, figures des présentes, que l’on
peut voir dans tout l’Ancien Testament
[2] « St Pierre est le vicaire du Christ. Il est le fondement et la tête
de l’Eglise » (vérité de foi, Conciles de Constance et de Vatican I)
[3] « Le souverain pontife de Rome paît, régit et gouverne toute l’Eglise » (vérité de foi, Bulle de Boniface VIII)
[4] « Tout homme est soumis au pape en ce qui concerne les choses
sacrées » (vérité de foi, Bulle de Boniface VIII) ; «le souverain
pontife est le père de tous les chrétiens » (vérité de foi, Concile de
Florence)
[5] il faudrait donc « être rattaché au siège de Pierre pour ne pas
aller en Enfer » ? : citation tirée d’une lettre, reçue après ce sermon,
et illustrant le fait que des fidèles de St-Nicolas et d’ailleurs en
arrivent à douter de cette vérité de foi à force de lire ou d’entendre
certains propos simplistes ou faussement savants je ne sais où… qui ne
font pas des distinctions nécessaires et élémentaires comme : se
soumettre ne signifie pas nécessairement tout accepter ou « se rallier à
la Rome actuelle » ; ou qui travestissent la pensée ou la mémoire de
Mgr Lefebvre à leur avantage, trahissant ainsi une grande et très
préjudiciable ignorance, sinon pire…, de toute sa vie et de tous ses
enseignements, notamment en tant que fondateur de F.S.S.P.X.
[6] Faire, laisser faire ou penser le contraire serait de la démagogie
gravement criminelle car fourvoierait les âmes dans la voie du schisme
réel donc de la damnation éternelle.
[7] Qui tombent alors dans deux excès opposés : soit à droite, le
sédévacantisme, la « Résistance » ou que sais je ; soit à gauche,
l’obéissance aveugle des conciliaires. La position de F.S.S.P.X est
comme une ligne de crête visiblement bien difficile à tenir
(surnaturelle) entre ces deux pentes sur lesquelles la plupart glissent
plus ou moins facilement car coïncident à des penchants humains
malheureusement trop naturels : la peur de l’inconfort qu’entraîne la
juste résistance à l’autorité, d’un côté ; la réaction
jusqu’au-boutiste, injuste et suicidaire, de l’autre, aussi inspirée par
la peur de perdre le confort de l’entre soi, si peu conforme à la
parabole du Bon Pasteur ou de LA brebis perdue. Les extrêmes se
rejoignent!