SOURCE - summorum-pontificum.fr - 5 janvier 2011
Dans son courrier des lecteurs de son numéro de janvier, La Nef publie un échange très éclairant sur l’incompréhension qui existe dans le débat Mgr Gherardini/Père Valuet. Dans son courrier, l’abbé Claude Prieur dit le malaise qu’il a ressenti à la lecture de l’analyse de l’article du Père Basile sur le livre de Mgr Gherardini :
Est-ce débattre que de conclure à partir de tant de contre-vérités assénées comme des évidences, qui plus est s’adressant à ce prélat nourri de science et d’expérience comme on le ferait du maître à l’élève ?
La question est posée par l’abbé Prieur. Plus que le fond, il évoque ici la forme, notamment, je suppose, celle de la version longue, qui ne fut pas publiée dans La Nef mais sur le site de la revue.
Il aborde aussi le fond, à savoir le magistère, et c’est me semble-t-il, la vraie question. Que dit l’abbé Prieur dans l’extrait publié par La Nef (qui indique par des crochets que la lettre n’est pas publiée dans son intégralité) :
Il aborde aussi le fond, à savoir le magistère, et c’est me semble-t-il, la vraie question. Que dit l’abbé Prieur dans l’extrait publié par La Nef (qui indique par des crochets que la lettre n’est pas publiée dans son intégralité) :
Le P. Basile, par ailleurs et si l’on va au fond des choses, inverse les fruits du magistère. Erreur introuvable chez Mgr Gherardini pour qui le magistère reste un instrument au service d’une fin : le service de la vérité – qui est le Christ – et ce qui s’y rapporte, tout entière contenue dans la Révélation, la Tradition et leur permanente actualité.
Plus loin, l’abbé Prieur ajoute :
Si on relit attentivement le P. Basile pour dégager sa propre clé de lecture, à travers un fatras d’affirmations péremptoires, le Magistère trouve sa fin en lui-même comme fonction. Il suffira alors d’en être convaincu pour aligner sa foi et sa conduite sur ce baromètre toujours intangible sous peine d’être voué à la disqualification éternelle.
Cela dit, l’abbé Prieur termine par cette conclusion :
La question est de savoir si la magistère dans sa fonction, ses multiples degrés et points d’application, peut ou non manquer à sa mission, y déroger d’une quelconque façon, faire preuve d’un abus d’autorité.
Dans ce débat, qui aurait mérité autre chose que le cadre du courrier des lecteurs, La Nef répond assez brusquement. Pour être plus clair, le cœur de sa réponse – qui rappelle qu’il revient au seul magistère de donner « l’interprétation de la Vérité léguée par le Christ » – est encadré par deux passages qui montrent la difficulté d’entamer un débat. Dans la conclusion de sa réponse, La Nef assimile l’abbé Prieur aux réflexes protestants :
Votre position se rapproche de celle des protestants qui s’estiment interprètes de la Parole de Dieu.
On ne voit pas tellement en quoi l’abbé Prieur se ferait plus l’interprète du magistère que le Père Basile. L’un et l’autre s’en font les commentateurs et l’on peut évidemment penser que l’un interprète à raison quand l’autre se trompe.
Mais le premier élément de la réponse est très révélatrice de la pensée en action ici. La Nef écrit, en effet, ceci :
Mais le premier élément de la réponse est très révélatrice de la pensée en action ici. La Nef écrit, en effet, ceci :
Vous reprochez au P. Basile de suivre le magistère.
L’abbé Prieur, du moins dans les extraits publiés, ne reproche pas au P. Basile de suivre le magistère. Il lui reproche de transformer le magistère en une sorte d’organe suspendu, déconnecté de toute finalité, une sorte « d’en soi ». Le Père Basile s’appuie sur son interprétation du magistère pour juger du livre de Mgr Gherardini, mais il s’agit de sa propre interprétation. Elle est peut-être meilleure que celle de l’abbé Prieur ou de Mgr Gherardini mais critiquer le Père Basile n’est pas assimilable à l’idée qu’on lui reprocherait de suivre le magistère. « Les simples théologiens » comme l’écrit La Nef « peuvent seulement aider à clarifier et à discerner ce qui, dans un document donné, relève du Magistère direct ».
En parlant de simples théologiens La Nef pense ici certainement au Père Basile. Quand au fond de la question, vraiment difficile pour un cœur catholique, La Nef n’y répond pas vraiment : le magistère, ou plus exactement ceux qui en ont la charge, « peut-il ou non manquer à sa mission, y déroger d’une quelconque façon, faire preuve d’un abus d’autorité » ou se contredire ? En termes plus grossiers, y a-t-il eu ces dernières décennies une crise doctrinale et liturgique dans l’Église ? Celle-ci est-elle terminée ?
En parlant de simples théologiens La Nef pense ici certainement au Père Basile. Quand au fond de la question, vraiment difficile pour un cœur catholique, La Nef n’y répond pas vraiment : le magistère, ou plus exactement ceux qui en ont la charge, « peut-il ou non manquer à sa mission, y déroger d’une quelconque façon, faire preuve d’un abus d’autorité » ou se contredire ? En termes plus grossiers, y a-t-il eu ces dernières décennies une crise doctrinale et liturgique dans l’Église ? Celle-ci est-elle terminée ?