SOURCE - Abbé Louis Baudon de Mony - La Nef - Christophe Geffroy - janvier 2011
L’abbé Baudon de Mony est un jeune prêtre de la Fraternité Saint-Pierre en apostolat en Colombie. Il évoque ici son expérience et la situation religieuse de ce pays resté catholique.
La Nef – Comment vous êtes-vous implantés en Colombie, quel ministère avez-vous, qui touchez-vous ?
Abbé Louis Baudon de Mony – La Fraternité Saint-Pierre vient de fêter son cinquième anniversaire de présence en Colombie. Il s’agit de sa première implantation en Amérique latine. Ce continent immense est un terrain vierge et riche à exploiter. L’Église y est très présente et joue un rôle très important. Les vocations y sont nombreuses et la Fraternité Saint-Pierre ne pouvait pas ne pas s’y implanter d’autant que depuis toujours des candidats au séminaire frappent à la porte de Wigratzbad. C’est d’ailleurs ainsi que les premiers contacts avec des paroisses à Bogota ont été pris dès l’année 2001. L’abbé Angel Alfaro envoyé par l’abbé Devillers, à l’époque Supérieur général, a donc commencé son apostolat dans le village rural d’Anolaima, situé à 70 km de Bogota, accueilli par l’évêque de Girardot, Mgr Hector Julio Lopez Hurtado.
Notre apostolat s’adresse à une population rurale de petits agriculteurs de montagne et de petits commerçants dans un village qui souffre d’une crise sociale importante (exode rural, problème éducatif, influence grandissante des moyens de communication). Nous possédons une ferme-école à vocation pédagogique et touristique sur laquelle, outre les cultures et l’élevage, nous avons commencé une école primaire avec 25 enfants. Nous en aurons 50 l’année prochaine. Nous avons un programme d’échange de jeunes : nous avons déjà reçu plus de 10 jeunes européens (France, Allemagne, Angleterre) et envoyé 2 jeunes colombiens. Nous avons aussi créé une école d’arts avec l’organisation d’un spectacle mensuel. Vous voyez que notre apostolat est avant tout éducatif et en vue du développement intégral des enfants et des jeunes. Bien sûr, la dimension liturgique propre à la Fraternité Saint-Pierre n’est pas oubliée et elle va se développer plus avant puisque notre chapelle est pratiquement terminée.
Y a-t-il en Colombie une demande pour la forme extraordinaire du rite romain ?
Oui elle existe, mais on peut surtout dire qu’elle reste à créer puisque la messe traditionnelle est pratiquement absente du continent (la présence de la Fraternité Saint-Pie X, bien que de longue date, est relativement faible). On peut être sûr que si l’offre existait la demande serait là. Précisons : la demande existe dans les grandes villes (Bogota, Medelin, Cali) et dans celles des pays tels que le Chili et l’Argentine pour ne parler que des pays hispanophones. Dans les campagnes, ce qui est notre cas, la demande n’existe pas en tant que tel mais l’accueil est plus que favorable.
Quelles sont les caractéristiques de l’Église en Colombie ? La société y est-elle encore profondément chrétienne ?
Comme je vous le disais, l’Église a, pourrait-on dire, pignon sur rue ! Elle a fondé les collèges, les hôpitaux, les centres de soin, les universités : les Colombiens ne l’ont pas oublié. Ils n’oublient pas non plus les voyages de Paul VI et de Jean Paul II. Ils savent aussi que l’Église est l’unique organisation officiellement chargée par le gouvernement de négocier avec les FARC et autres groupes armés (guérillas et paramilitaires).
C’est une Église jeune : la moyenne d’âge du clergé doit être d’une cinquantaine d’années. Le nombre de prêtres augmente. Les ordres religieux sont vivants, en particulier les ordres apostoliques avec des congrégations très particulières comme, par exemple, une communauté de sœurs dédiées à la formation et à l’évangélisation des tribus indigènes dans la jungle. Vous devriez voir ces femmes exceptionnelles ! Oui, la société est encore profondément chrétienne mais les nuages ne manquent pas, cela mériterait une autre interview !
Quel bilan faites-vous de cette expérience en tant que prêtre européen ?
J’ai été envoyé comme diacre puis comme prêtre en Colombie. C’est donc ma première expérience. On fait ses armes dans un contexte facile dans le sens où, non seulement le prêtre est reconnu pour ce qu’il est, mais encore l’attente de la population est grande. Surtout, il faut dire que nous touchons tout le monde sans distinction. Je garde un souvenir très précis d’un jour où j’étais le matin à Bogota dans les quartiers huppés et l’après midi dans une maison immensément pauvre située à 2 heures de marche du village en pleine montagne ! C’est ça qui est beau dans le ministère sacerdotal dans un pays encore très catholique !
Permettez-moi de terminer en vous demandant vos prières pour l’abbé Alfaro et pour moi-même !
Propos recueillis par Christophe Geffroy
Site : www.fssp.org
L’abbé Baudon de Mony est un jeune prêtre de la Fraternité Saint-Pierre en apostolat en Colombie. Il évoque ici son expérience et la situation religieuse de ce pays resté catholique.
La Nef – Comment vous êtes-vous implantés en Colombie, quel ministère avez-vous, qui touchez-vous ?
Abbé Louis Baudon de Mony – La Fraternité Saint-Pierre vient de fêter son cinquième anniversaire de présence en Colombie. Il s’agit de sa première implantation en Amérique latine. Ce continent immense est un terrain vierge et riche à exploiter. L’Église y est très présente et joue un rôle très important. Les vocations y sont nombreuses et la Fraternité Saint-Pierre ne pouvait pas ne pas s’y implanter d’autant que depuis toujours des candidats au séminaire frappent à la porte de Wigratzbad. C’est d’ailleurs ainsi que les premiers contacts avec des paroisses à Bogota ont été pris dès l’année 2001. L’abbé Angel Alfaro envoyé par l’abbé Devillers, à l’époque Supérieur général, a donc commencé son apostolat dans le village rural d’Anolaima, situé à 70 km de Bogota, accueilli par l’évêque de Girardot, Mgr Hector Julio Lopez Hurtado.
Notre apostolat s’adresse à une population rurale de petits agriculteurs de montagne et de petits commerçants dans un village qui souffre d’une crise sociale importante (exode rural, problème éducatif, influence grandissante des moyens de communication). Nous possédons une ferme-école à vocation pédagogique et touristique sur laquelle, outre les cultures et l’élevage, nous avons commencé une école primaire avec 25 enfants. Nous en aurons 50 l’année prochaine. Nous avons un programme d’échange de jeunes : nous avons déjà reçu plus de 10 jeunes européens (France, Allemagne, Angleterre) et envoyé 2 jeunes colombiens. Nous avons aussi créé une école d’arts avec l’organisation d’un spectacle mensuel. Vous voyez que notre apostolat est avant tout éducatif et en vue du développement intégral des enfants et des jeunes. Bien sûr, la dimension liturgique propre à la Fraternité Saint-Pierre n’est pas oubliée et elle va se développer plus avant puisque notre chapelle est pratiquement terminée.
Y a-t-il en Colombie une demande pour la forme extraordinaire du rite romain ?
Oui elle existe, mais on peut surtout dire qu’elle reste à créer puisque la messe traditionnelle est pratiquement absente du continent (la présence de la Fraternité Saint-Pie X, bien que de longue date, est relativement faible). On peut être sûr que si l’offre existait la demande serait là. Précisons : la demande existe dans les grandes villes (Bogota, Medelin, Cali) et dans celles des pays tels que le Chili et l’Argentine pour ne parler que des pays hispanophones. Dans les campagnes, ce qui est notre cas, la demande n’existe pas en tant que tel mais l’accueil est plus que favorable.
Quelles sont les caractéristiques de l’Église en Colombie ? La société y est-elle encore profondément chrétienne ?
Comme je vous le disais, l’Église a, pourrait-on dire, pignon sur rue ! Elle a fondé les collèges, les hôpitaux, les centres de soin, les universités : les Colombiens ne l’ont pas oublié. Ils n’oublient pas non plus les voyages de Paul VI et de Jean Paul II. Ils savent aussi que l’Église est l’unique organisation officiellement chargée par le gouvernement de négocier avec les FARC et autres groupes armés (guérillas et paramilitaires).
C’est une Église jeune : la moyenne d’âge du clergé doit être d’une cinquantaine d’années. Le nombre de prêtres augmente. Les ordres religieux sont vivants, en particulier les ordres apostoliques avec des congrégations très particulières comme, par exemple, une communauté de sœurs dédiées à la formation et à l’évangélisation des tribus indigènes dans la jungle. Vous devriez voir ces femmes exceptionnelles ! Oui, la société est encore profondément chrétienne mais les nuages ne manquent pas, cela mériterait une autre interview !
Quel bilan faites-vous de cette expérience en tant que prêtre européen ?
J’ai été envoyé comme diacre puis comme prêtre en Colombie. C’est donc ma première expérience. On fait ses armes dans un contexte facile dans le sens où, non seulement le prêtre est reconnu pour ce qu’il est, mais encore l’attente de la population est grande. Surtout, il faut dire que nous touchons tout le monde sans distinction. Je garde un souvenir très précis d’un jour où j’étais le matin à Bogota dans les quartiers huppés et l’après midi dans une maison immensément pauvre située à 2 heures de marche du village en pleine montagne ! C’est ça qui est beau dans le ministère sacerdotal dans un pays encore très catholique !
Permettez-moi de terminer en vous demandant vos prières pour l’abbé Alfaro et pour moi-même !
Propos recueillis par Christophe Geffroy
Site : www.fssp.org