SOURCE - Golias - 26 janvier 2007
On sait que "cardo" en latin désigne le "gond". Ce qui permet à une porte de s’ouvrir.
Nous entendons ici évoquer le rôle souterrain et néanmoins décisif d’un groupe plus ou moins informel, le G.R.E.C. qui vise à favoriser la réconciliation entre les traditionalistes de la Fraternité Saint Pie X et la hiérarchie catholique officielle.
La règle d’or de ce groupe est d’éviter la polémique agressive au profit d’un échange, d’un partage respectueux et d’une recherche en commun de solutions. Le G.R.E.C. (sans "e" final) est le Groupe de réflexion entre catholiques à ne pas confondre avec le GRECE club d’Alain de Benoist de tendance traditionaliste et gnostique.
Le G.R.E.C est né à l’initiative de Madame Huguette Pérol, veuve de l’Ambassadeur à Rome Gilbert Pérol, dès 1997.
Le groupe fait office de passerelle officieuse entre les intégristes et Rome. Mais l’épiscopat français y participe également avec l’un de ses représentants, Mgr Philippe Breton, né en 1936, évêque d’Aire et Dax depuis 2002, connu pour ses accointances avec tout ce que l’Eglise compte de réactionnaire. Ce prélat très précieux d’ancien régime est d’ailleurs surnommé "Fifi la duchesse".
Deux autres évêques français, désireux de retrouvailles amicales avec les intégristes, auraient des contacts réguliers avec le G.R.E.C : NN SS André Fort, évêque d’Orléans et Alain Planet, évêque de Carcassonne.
Le G.R.E.C. est proche de la revue "Képhas", de l’abbé Denis Le Pivain son rédacteur en chef et du protecteur épiscopal (et collaborateur), Mgr Raymond Centène. Né en 1958, évêque de Vannes, Mgr Centène est attaché à l’ancienne liturgie et proche de la mouvance traditionaliste (Vaucluse). Sur les questions morales, il a pris des positions d’une intransigeance inouïe et réouvert un petit séminaire dans son diocèse pour restaurer la théologie la plus sclérosée du sacerdoce.
Le principal représentant d’Ecône est l’abbé Alain Lorans. Cet ecclésiastique frêle et cultivé est un proche de Mgr Bernard Fellay, évêque schismatique lefebvriste d’origine suisse et patron de la fraternité sacerdotale Saint Pie X. Les négociations au sommet sont déjà balisées au niveau du G.R.E.C. . L’abbé Lorans, habile diplomate, dirige le DICI, l’organe international de presse de la fraternité Saint Pie X. Il serait en relation étroite avec Mgr (autoproclamé tel) Gilles Wach, né en 1956, ordonné en 1979 par le Pape Jean Paul II et fondateur de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre de Gricigliano. L’abbé Lorans est ancien Recteur de l’Institut Universitaire Saint Pie X. Il anime une émission sur Radio Courtoisie.
L’homme clé pourtant est l’abbé Claude Barthe. Né en 1947, prêtre du diocèse d’Auch, longtemps en état d’apesanteur canonique" selon son mot, plaisant en vérité, l’abbé est un théologien brillant, qui écrit dans la revue "Catholica" dirigée par un laïc proche de la droite la plus dure, Bernard Dumont. L’abbé Barthe vient d’écrire et diffuse un petit livre "proposition pour une paix liturgique de l’Eglise" ? Spécialiste de la question liturgique, il critique très vivement la réforme liturgique de Paul VI et souhaite promouvoir une restauration liturgique qui reprend certaines considérations formulées par... Joseph Ratzinger.
L’abbé Barthe a ses entrées à Rome, y compris chez le cardinal français Paul Poupard. Il est également très lié aux abbés Paul Aulagnier et Philippe Laguérie, de l’Institut du Bon Pasteur.
Barthe est à la tête d’un réseau occulte d’influence incluant Gregory Solari, directeur des éditions "ad solem", Daniel Hamiche, chroniqueur à Radio Courtoisie, Denis Sureau, directeur de l’Homme Nouveau (auquel le Vatican vient de confier l’édition et la diffusion de l’édition française hebdomadaire de... l’Osservatore Romano, pas moins !).
Le Père Michel Lelong, né en 1925, père blanc, très actif jadis dans le dialogue avec les musulmans, grand pourfendeur des abus liturgiques et de la catéchèse frelatée (selon lui) y joue également un rôle décisif. Tout comme le Père Olivier de la Brosse, né en 1931, longtemps en poste à Rome, éloigné des vues intégristes à titre personnel mais connu pour son entregent sinon son esprit d’intrigue. C’est un homme fort cultivé au demeurant, maître d’œuvre d’une remarquable chronologie universelle. Le bon père remplit un office stratégique au sein du G.R.E.C. En effet, il tente de se faire l’écho de l’esprit de ce groupe dans le monde de la culture, quitte à apitoyer fallacieusement des personnalités de ce même monde sur le sort de traditionalistes qui seraient exclus et persécutés dans l’Eglise de France.
Depuis 1998, le G.R.E.C se réunit chaque mois. Son influence est considérable car il sert de relais aux actions des différents réseaux des participants... et de lieu d’échange et de croisement de ces mêmes réseaux. En 2003, il a notamment organisé un colloque très remarqué sur le thème "tradition et modernité".
A l’évidence, le G.R.E.C. n’a rien d’un simple groupe marginal se cantonnant à pieuses considérations. Il constitue la courroie de transmission des échanges et des négociations entre Rome et Ecône.
Les différents partenaires sont ainsi également informés des réactions dans les différents camps. C’est en son nom que pourrait se préciser la forme concrète sous laquelle une restauration liturgique pourrait être mise en place et une reconnaissance globale très complaisante de la fraternité Saint Pie X mise en place.