SOURCE - Justin Petipeu - Le Forum Catholique - 8 février 2005
Ca n’aura pas traîné…Coupable du crime odieux d’avoir parlé en maître de la loi de 1905 au cours d’un congrès magnifique, l’abbé de Tanouarn
va donc être exclu de la FSSPX. Il faut des prétextes et sa présence au
congrès du 6 février en est un. Cette exclusion était prévue et même
planifiée depuis longtemps. Une exclusion qui, par les temps qui
courent, lui va droit au cœur ; comme une décoration. En quelques mois,
les abbés Héry, Laguérie, et de Tanouarn
auront donc été « vidés » de la Fraternité. C’est intéressant. Voilà
sans doute trois des prêtres les plus connus du grand public et les plus
appréciés dans et au-dehors de la Fraternité…L’un pour ses coups
d’éclat apostoliques effectuée aux dépens de l’épiscopat français et à
la plus grande gloire de Dieu, et les autres pour le harcèlement
intellectuel et doctrinal qu’ils mènent contre le néo-catholicisme.
C’est significatif : le grand silence s’est abattu aujourd’hui sur la
FSSPX, tout comme celui qui règne sur la plupart de nos catholiques
Ecclesia Dei et que nous dénoncions hier….Le grand silence ? Je parle du
grand silence anti-conciliaire et anti-laïcard, parce que pour vomir,
pour médire, pour calomnier, il y a foule…
Le chœur des médiocres
Ceux-là se sont déchaînés après la publication de « la paille et le
sycomore ». C’est toute la camarilla des anti-gnostiques et des
tradi-amishs, que la présence de prêtres souriants, voire aimables et
simples, gêne terriblement. Depuis des mois, c’est un feu continu : « L’abbé de Tanouarn
est actionnaire de ceci », « il est propriétaire de cela », « il a
écrit telle lettre à un tel », « il côtoie tel personnage »….De réponses
intelligentes et de critiques vraies adressées à l’abbé de Tanouarn,
vous n’en trouverez point. Les médiocres ne se risquent pas à répondre
ou à argumenter. Ils salissent ou du moins, ils essayent. Remarquez
bien, il faut se mettre à leur place : ce n’est pas une feuille comme «
Sous la Bannière » à côté de laquelle le Bulletin de liaison des enfants
de chœur d’Ile de France semble être un monument de théologie et de
doctrine, qui va se risquer à discuter avec l’abbé de Tanouarn…Ce
serait demander à une patineuse en tutu de faire un croche-pied à un
sumo…Les médiocres sont plutôt prudents et ils se tiennent à distance,
préfèrant lui jeter des pierres, mais de loin. Et quand ils voient que
leurs cailloux n’atteignent pas la haute stature du méchant
pagano-gnosto-ésotérico-mondano-libéralo-catholique prêtre, alors ils se
précipitent dans les jupes des « zautorités » de Suresnes et ils
hurlent, la main tendue et le doigt accusateur :
« Voyez ! il mange avec les pécheurs ! » (Luc, XIX, 7)
Ca fait 2000 ans que ça dure et il semble que les sépulcres blanchis ont
un bel avenir devant eux…Ils seraient pardonnables si seule
l’insuffisance de leurs capacités intellectuelles était en cause, mais
le problème est que souvent, la jalousie s’en mêle.
Le chœur des esclaves
De même qu’à l’Opéra, le chœur des esclaves, particulièrement bien
fourni, se tient debout sur la scène et chacun tapant du talon sur les
planches, chante : « Marchons, marchons ! » en restant bien évidemment
parfaitement immobile.
L’obéissance est son dogme suprême, ou plutôt une sorte de cache-sexe à
ce qu’il faut bien appeler de la servilité. Il n’est pas rare que parmi
les choristes, on reconnaisse tel ou tel qui, il y a si peu de temps,
applaudissait à tout rompre l’abbé de Tanouarn
et n’avait pas assez de mots gracieux et sympathiques à l’égard de sa
personne…Mais grâce à la soit-disant obéissance, on peut maintenant se
permettre de lui reprocher ceci ou cela, que, forcément, on n’avait pas
remarqué à l’époque. Et si le nom du prêtre est prononcé dans les salons
de ces braves gens, chacun se trouve un prétexte pour parler d’autre
chose, ou se plonger dans la lecture attentive du dernier Figaro…Regards
fuyants et sourires gênés sont la règle. On est bien sûr pas très fiers
des outrances et des injustices des « zautorités », mais ma foi, avec
le temps, ça passera. On s’y fera.
Et voilà qu’imperceptiblement, on glisse doucement de la servilité au
cynisme. Un cynisme qui se dit finalement, que tout cela est bien
dommage, mais que dans quelques mois, le bon prêtre sera oublié et que
pour finir, « c’est comme ça ». On n’a pas fini de mesurer toutes les
conséquences positives de cette crise et le fait que la lobotomisation
d’une partie importante des fidèles apparaisse maintenant au grand jour
en est une.
Le chœur des gogos
Voilà des braves gens qui nous chantent une partition originale inspirée de celle des médiocres : l’abbé de Tanouarn
serait un libéral, tout comme les abbés Laguérie et Héry, alors que les
zautorités seraient des gens sérieux qui refusent toute connivence avec
le modernisme. Je ne sais d’où est tiré ce raisonnement mais il me
paraît on ne peut plus faux. Qui ne voit que seuls les abbés dérangeants
pour l’Eglise conciliaire en France sont aujourd’hui sanctionnés ? Qui
ne voit que seuls ceux qui mènent le combat doctrinal contre le Concile
et le NOM se font exclure ? Qu’a-t-on reproché à l’abbé Laguérie si ce n’est qu’il mène la vie dure à Mgr Ricard ? Avec les exclusions des abbés Héry et de Tanouarn,
on peut être sûr que les critiques quotidiennes et sur le terrain sont
désormais finies….La FSSPX est maintenant silencieuse et tout se passe
comme si, l’abbé de
Cacqueray ayant fait le ménage à la demande de l’épiscopat, un accord
secret ou public pouvait enfin être signé. Rien de doctrinal, diront les
gogos…Non mais c’est tout comme : la FSSPX renonce à l’esprit de
conquête et préfère se regarder le nombril. C’est plus confortable…Je me
permets de me citer moi-même pour une fois, dans un de mes messages :
Veut-on une reconquête de l’Eglise par sa propre Tradition ? Veut-on répandre et promouvoir la célébration de la messe traditionnelle ? Veut-on convertir et amener à Jésus-Christ, à son Eglise, à ses lois le maximum d’âmes ?
Ou veut-on former un parti de « purs », défendu par des partisans qui ne connaissent rien d’autre que ce qui est « encarté » FSSPX ? Une sorte de petit club monolithique, ayant passé un accord honteux avec les autorités pour acheter sa tranquillité sur le dos du bien des âmes ?
Les gogos vont avoir une surprise de taille, à mon avis. Qu’on y
réfléchisse ! Rien ne justifiait les exclusions auxquelles nous
assistons, à part le fait que les prêtres exclus ou sur le point de
l’être sont des prêtres combatifs et surtout qui mènent le débat
intellectuel contre l’Eglise conciliaire. Toutes les affaires qui leur
sont reprochées ne sont que des prétextes ; la vraie raison est ailleurs
: ils dérangent. Ils parlent. Ils écrivent. Ils polémiquent. Les
zautorités ne peuvent marchander en paix avec des hommes pareils sur
leurs talons.
On pourrait dire : voilà qui est paradoxal. Comment ? tous ces abbés
sont plutôt modérés et ne cessent de discuter avec l’Eglise, voire
d’autres tendances « tradies » ( et c’est le fameux « tradi-œcuménisme »
). Et alors ? Regardez les sédévacantistes…Ils n’ont aucun autre boulet
à tirer que sur ceux qui ne sont pas dans la ligne ; aucune insulte
sauf à la FSSPX.
La reconquête et le combat sont indissociables d’un esprit
non-schismatique…Le jour où la FSSPX se taira, et il faut croire que ce
jour est proche, alors elle aura fait le deuil de la Tradition. Elle
sera peut-être « tradi », mais pour elle et rien que pour elle. Elle
aura renoncé au beau combat de Mgr Lefebvre et surtout elle ne sera plus
une oeuvre d'Eglise au service de l'Eglise.
L’affaire du Congrès du 6 février est éclairante…L’exclusion de l’abbé de Tanouarn l’est encore plus.