15 décembre 2001

[Abbé Ch. Bouchacourt, fsspx - Le Chardonnet] "Lettre Ouverte aux Fiancés"

Abbé Ch. Bouchacourt, fsspx - Editorial du Chardonnet (Bulletin de St Nicolas du Chardonnet) - décembre 2001

La cellule familiale est la clef de voûte de l’édifice social. De la stabilité de la famille dépendent la paix et la prospérité d’un pays. On ne pourra résoudre la crise que traverse la société actuelle qu’en redonnant à la famille sa véritable place et en restaurant les valeurs qui lui sont attachées.

Qu’il est réconfortant et enthou­siasmant pour un prêtre de préparer au mariage des jeunes gens qu’une éducation catholique solide a disposés à la vertu dès la petite enfance. Le prêtre alors n’a presque rien à ajouter; tout est prêt, tout est simple... Mais mal­heureusement, il faut remarquer que même dans nos milieux nous rencontrons de plus en plus sou­vent des ménages fragilisés, des époux qui se séparent après quelques années de mariage. Ces drames ont des causes que je sou­haiterais souligner ici.

La cellule matrimoniale doit reposer sur une compatibilité naturelle. Aussi, il est d’une extrême importance que les fiancés soient issus d’un même milieu social et qu’ils aient reçu la même éduca­tion. C’est une erreur de croire que l’harmonie des convictions reli­gieuses sublimera ces différences naturelles. Je me rappellerai tou­jours de la réflexion que me fit un homme séparé de sa femme : « Dites surtout à vos fiancés qu’ils se marient dans leur milieu » Non ce n’est ni de la mondanité, ni du snobisme mais du bon sens S’il existe une différence trop grande entre les fiancés, mariés ils s’agace­ront mutuellement et rougiront l’un de l’autre. L’époux doit être fier de son épouse et vice versa. Je peux vous affirmer que le peu de cas que l’on fait de cette condition est à l’origine de bien des malheurs.Bien évidemment cette condi­tion n’est pas la seule. Il doit exister une réelle harmonie religieuse entre les futurs époux. Il est impen­sable d’envisager un mariage si les fiancés ne s’engagent pas à prati­quer ensemble leur religion dès le temps des fiançailles. Beaucoup comprennent cela et l’on voit alors des jeunes gens revenir à la pra­tique religieuse, grâce à l’exemple de l’autre. Mais ne nous y trompons pas, ce qui n’a pas été obtenu avant le mariage ne le sera jamais par la suite dans ce domaine, ou fort rarement. Fiancés, comprenez bien qu’il est de votre devoir d’al­ler à la messe chaque dimanche, de vous confesser et de communier régulièrement et cela, avant votre mariage. Si vous n’avez pas les mêmes convictions religieuses et la même analyse de la crise de l’Église, vous serez amenés tôt ou tard à vous opposer sur ces sujets et à vous disputer devant vos enfants qui risqueront d’en pâtir gravement. Dans un foyer on peut transiger sur beaucoup de choses, mais jamais sur l’attachement à la vérité catholique et à sa Tradition. Ainsi, par exemple, un fiancé ne peut absolument pas aller à la nouvelle messe pour faire plaisir à celle qu’il aime. Nous prêtres, voyons trop de parents malheureux pour avoir négligé cette condition pendant le temps de leurs fiançailles.

Il est aussi important, pour la pérennité du foyer, que les époux gardent leur autonomie par rap­port à leur propre famille, Le livre de la Genèse ne dit pas autre chose lorsqu’il affirme « L’homme quit­tera son père et sa mère et s’atta­chera à sa femme et ils deviendront une seule chair ». Ainsi, il est impensable d’envisager un mariage tant que le fiancé n’aura pas lui-même un travail qui lui permettra, en tant que chef de famille, d’assu­mer les besoins matériels des siens ; c’est une question de bon sens et d’honneur! La dépendance financière vis à vis de personnes extérieures au foyer est toujours préjudiciable parce qu’elle détruit son autonomie et génère de nom­breuses tensions.


L’égalitarisme régnant piétine une autre vérité que je souhaiterais souligner. Il existe dans la famille une hiérarchie ; le père en est le chef et doit en être digne pour être respecté. Il saura associer son épouse à ses décisions et évitera de les prendre dans une solitude égoïste. L’épouse, quant à elle, sera soumise à son mari comme le demande saint Paul. Il ne s’agit pas là d’une obéissance servile mais d’une soumission librement consentie parce que voulue par Dieu. L’égalitarisme odieux, tel qu’il est proclamé aujourd’hui, est une des causes principales de divorce dans les familles car il est source d’indépendance, d’envie et de jalousie. L’époux est la tête du foyer et doit le rester; l’épouse en est le coeur. Dans un corps, la tête et le coeur ne sont pas égaux mais complémen­taires et indissociables. Fiancés acceptez dès maintenant cette vérité, elle vous aidera à vivre har­monieusement. Il faut aussi que vous soyez convaincus, vous, futurs chefs de famille, que votre épouse et vos enfants seront la prunelle de vos yeux et qu’ils devront passer avant votre travail. Celle-ci aura besoin de votre aide dans l’éduca­tion de vos enfants et ces derniers auront besoin de votre autorité et de votre disponibilité. Dès le temps des fiançailles, veillez à ce que votre travail soit compatible avec vos obligations de futur père. Trop de ménages vacillent parce que l’époux rentre trop tard le soir. Méfiez-vous dès maintenant, vous, les hommes, des ordinateurs domestiques qui vous absorbent trop et vous, les femmes, de ce maudit téléviseur qui empêche toute discussion familiale. Le manque de communication dans un foyer crée des fissures qui deviennent des crevasses puis ensuite des abîmes que le temps et les passions rendront infranchissables.

Le secret du bonheur familial réside dans le sens du sacrifice chrétien. Il faut que l’un et l’autre sachent s’oublier dès les fiançailles, dans un amour réciproque et chaste. La grâce du mariage alors pourra s’épanouir totalement. Et si un jour l’épreuve venait vous visiter, celle-ci ne vous éloignerait pas l’un de l’autre mais, au contraire, fortifierait votre union. Soyez assu­rés que l’Église attend beaucoup de vous; c’est dans votre futur foyer que se formeront les saints et les élites qui font tant défaut à notre siècle impie. L’exemple de la Sainte Famille, que vous contem­plerez pendant le temps de l’Avent et de Noël, vous y aidera.

Bon Avent à tous, joyeuse et sainte fête de Noël!

Abbé Chistian BOUCHACOURT