SOURCE - Betrand Y. (blog) - 7 janvier 2019
Cette grande fête nous donne une belle occasion de prendre conscience de l’une des nombreuses plaies de l’humanité qui a deux facettes: l’esprit grégaire et la servilité. En effet, les fameux rois-mages nous en ont laissé un magnifique contre-exemple.
Au beau milieu d’un monde encore majoritairement païen, même si le paganisme était alors fortement sur le déclin, ils ont su s’en démarquer et s’en détacher non sans courage. Car l’esprit grégaire ou, si l’on préfère, « moutons-de-Panurge » est tyrannique. Et d’autant plus qu’il est majoritaire ; et pas une preuve d’intelligence mais plutôt de la crainte qu’on appelle respect humain ou de l’esclavage qu’est le conformisme. Quoi de plus dégradant pour l’homme que de n’avoir pour ligne de conduite que celle du caméléon ! Quoi aussi de plus bête, comme le montre bien la fin de l’histoire de Panurge, que la préoccupation dominante et malheureusement si commune d’être à la mode, à la page, au goût du jour, dans le vent, de son temps, « up to date » ou simplement comme tout le monde! Quoi enfin de plus dangereux car dispose à tous les reniements et trahisons de causes communes! Et, faut il le préciser, pas pour des causes plus nobles mais, bien au contraire, allant de paire avec la bassesse de ce comportement. Toutes les révolutions parvenues à leur fin ont su judicieusement, il faut le reconnaître, exploiter cette grande faiblesse humaine. Dans le domaine religieux il en fut notamment ainsi depuis l’ancien arianisme jusqu’au modernisme aujourd’hui triomphant, répandus dans l’Eglise entière, en passant par le protestantisme où sombrèrent des pays entiers. Si l’ensemble de l’Eglise n’échappe pas à ce grand travers, c’est dire qu’il existe a fortiori pour toute autre société comme pour toute partie de l’Eglise. C’est dire aussi qu’il peut parfois exister sous apparence de bien ou pour la soi disant défense des biens les plus grands mais par des moyens très contestables…
A l’égard d’Hérode comme envers leurs pairs, en Orient, ces Rois ne firent également pas preuve de la servilité appelée ordinairement obéissance mais, en réalité, fausse obéissance. En effet, toute vertu est une aptitude à un bien particulier qui ne peut militer contre une autre vertu donc un autre bien particulier comme la justice, la foi etc.. Et l’obéissance véritable à quelque autorité humaine que ce soit ne peut aller contre la volonté divine et absolument souveraine, comme le leur a fait comprendre l’inspiration céleste leur indiquant de ne pas repasser par Jérusalem donc de désobéir à l’injonction criminelle de son tyran. La servilité elle même est également tyrannique et pour les mêmes raisons que l’esprit grégaire, son parent, sauf, comme on peut aisément le constater, qu’elle grandit dans son étendue et son degré proportionnellement à la proximité du pouvoir ou à l’espoir de s’en rapprocher qu’on appelle l’ambition. Autrement dit, c’est bien plus le grand défaut de l’élite d’une société que de sa base. Elle procède des trois fameuses concupiscences universelles (argent, pouvoir et plaisirs) et est le moyen le plus facile, étant le plus vil, de les satisfaire à défaut de mériter. Elle s’apparente encore à l’esprit grégaire par la crainte qui lui est propre, elle-même servile, celle de déplaire au pouvoir, qui n’est autre que la crainte de perdre ses propres pouvoir, réputation, fortune et jouissances terrestres. Là aussi tous les grands tyrans ou su habilement exploiter cette autre bassesse humaine, pour asseoir leur domination, en distribuant ces biens ou en menaçant d’en priver.
Les Mages ne furent donc ni grégaires, ni serviles, ces deux grands vices qui ont néanmoins un bon côté, celui de prouver une nécessité ou une caractéristique essentielle de la nature humaine : vivre en société. Ce qui implique, il est vrai, un entraînement mutuel mais qui n’est pas nécessairement grégarité. Il doit plutôt être émulation. A l’opposé de la précédente, celle-ci est le fait d’une minorité brillant par son excellence et entraînant par là la masse vers le haut. Telle est l'Église avec ses saints (dont font partie les Mages) ! Telle est toute société à proprement parler aristocratique, c'est-à-dire gouvernée précisément par le principe d’excellence, qu’on soit en monarchie ou en république , avec une vraie légion d’honneur dont les membres sont dignes d’être honorés c.à.d. irréprochables sous tout rapport.
A l’inverse, nous pâtissons tous, de nos jours, de l’épouvantable médiocrité ambiante et dominante, devenue très proche de la nullité, en vertu, et même moins que zéro avec tous les encouragements, médiatisés puis légalisés sans aucune vergogne, à tout ce qui est contre-nature! On ne voit pas quelle autre fin que celle des moutons de Panurge peut connaître une telle société qui, non contente d’être devenue d’une bêtise abyssale , accumule les pires crimes qui crient vengeance au Ciel ! Dieu, s’il est encore possible, daigne nous en préserver et commencer par susciter un vrai sursaut salvateur dans l’Eglise ! Tel doit être le vœu le plus cher et primordial d’un chacun un tant soit peu lucide car il y a plus qu’urgence pour les saluts individuel et commun!