SOURCE - Paix Liturgique - lettre 696 - 27 mai 2019
Depuis le Moyen Âge, de pieuses confréries se sont constituées au sein de la ville de Séville et aujourd’hui encore les Sévillans sont toujours très attachés à ces hermandades et cofradías, qui, durant l’année, organisent des œuvres de charité et se retrouvent, chacune d’entre-elles dans sa chapelle, pour des moments de piété.
Depuis le Moyen Âge, de pieuses confréries se sont constituées au sein de la ville de Séville et aujourd’hui encore les Sévillans sont toujours très attachés à ces hermandades et cofradías, qui, durant l’année, organisent des œuvres de charité et se retrouvent, chacune d’entre-elles dans sa chapelle, pour des moments de piété.
La Semaine Sainte constitue cependant le point d’orgue spirituel de leur activité annuelle et l’occasion de faire pénitence lors des derniers jours du Carême et à l’approche de la fête de Pâques qui célèbre la Résurrection du Christ.
Car la Sainte Semaine à Séville donne l’occasion aux 60 confréries de processionner, selon un ordre établi, autour de leurs plus précieuses effigies dans les rues des villes. Montées sur les brancards (les pasos) portées par des hommes, les statues représentent le Christ et la Vierge, souvent accompagnés d’autres personnages tirés des Evangiles ou de la vie des saints, sont promenées, au jour et sur l’itinéraire indiqués, à travers la ville dans des mises en scène évoquant des épisodes de la Passion.
La procession de ces confréries débute le dimanche des Rameaux et se poursuit jusqu’au dimanche de Pâques. La procession la plus émouvante est celle de la Madrugá , dans la nuit du Jeudi au Vendredi saints, où sortent les plus célèbres congrégations de Séville : la Macarena, Esperanza de Triana, Jesús del Gran Poder,…
Ces processions sont universellement célèbres pour leurs pénitents (nazarenos) qui marchent au-devant des pasos, vêtus d’une tunique et d’une cagoule, dont les couleurs varient d’une confrérie à l’autre. Notre littérature les a magnifiés bien des fois, comme par exemple dans Le flagellant de Séville de Paul Morand.
Ces manifestations de foi attirent des foules immenses de fidèles, qui suivent les pasos de leur confrérie ou participent à celles des autres, mais aussi des dizaines de milliers de visiteurs qui sont surpris et étonnés de voir toujours bien vivantes ces manifestations de la foi espagnole.
Depuis plusieurs années le groupe Una Voce de Séville n’a pas manqué cette occasion d’apostolat et propose dans son Oratoire, pendant toute la Sainte Semaine, des messes, des cérémonies et des offices pour les catholiques sévillans et les étrangers de passage.
Nous avons demandé à Juan Luis Ferrari qui est président d’Una Voce Séville de nous présenter l’histoire de son association, les activités qu’ils proposent au cours de la Sainte Semaine et les perspectives d’avenir de la messe traditionnelle dans cette ville.
Q – Diégo de Caleruéga - Comment la célébration de la messe traditionnelle a-t-elle débuté à Séville?
R - Juan Luis Ferrari - À l’automne de l’année du Seigneur deux mille quatre, un petit groupe de fidèles catholiques de Séville – principalement des jeunes – amoureux de la Tradition et de l’antique liturgie de l’Église ont fondé une association, dont le but principal était de promouvoir et de célébrer dans notre ville, la messe selon l’usus antiquior, celle à laquelle nos aïeux avait assisté et grâce à laquelle ils avaient fortifié leur foi au cours des siècles. Cette messe ayant disparu de notre ville à l’aube du troisième millénaire nous désirions la voir renaître comme un bien spirituel pour toute l’Église, pour les Sévillans et pour nos familles car elle constitue un trésor qui mérite d’être gardé et vécu pour la plus grande gloire de Dieu. Ce fut la naissance de la section Una Voce de Séville.
Depuis lors, nos membres ont travaillé sans ménager leurs efforts pour atteindre cet idéal, convaincus que ce qu’on pourrait appeler en principe utopie, un toc ou un archaïsme se réaliserait avec l’aide de Dieu, et produirait des fruits, principalement spirituels.
Notre groupe commença dès 2004 une série de célébrations sporadiques de la messe traditionnelle, qui lui ont permis de montrer aux fidèles de Séville que la messe traditionnelle était toujours vivante et qu’ils pouvaient y participer.
Q - Diégo de Caleruéga – La promulgation du motu proprio Summorum Pontificum modifia-t-elle la situation?
R - Juan Luis Ferrari - La promulgation du motu proprio Summorum Pontificum de S.S. Benoît XVI a été le principal soutien et l’impulsion de la messe traditionnelle, qui a réussi à en normaliser l’utilisation au sein de l’Église universelle, le considérant comme un trésor à vivre aujourd’hui. De même, ce document pontifical reconnaissait qu’il n’était pas interdit et le légitimait comme un droit à célébrer par des prêtres et un droit à demander pour les fidèles. Cela signifiait pour l’histoire d’Una Voce Sevilla un avant et un après, car à partir de ce moment, la messe selon le rite romain traditionnel, ou “forme extraordinaire”, a commencé à être célébrée à Séville tous les dimanches et jours de précepte, constituant depuis une réalité ecclésiale liée à l’archidiocèse de Séville qui compte de plus en plus de fidèles, principalement des jeunes et des familles nombreuses.
Q - Diégo de Caleruéga – L’archevêque de Séville encouragea-t-il la célébration de la messe traditionnelle?
R - Juan Luis Ferrari - C’est une grâce pour l’Eglise de Séville que notre archevêque, don Juan José Asenjo Pelegrina, ait, dèas le premier instant, donné son aval et permis la célébration de la messe tous les dimanches et les jours de précepte, même si il a parfois opté pour une interprétation restrictive du motu proprio Summorum Pontificum, et s’il nous a dispensé un traitement inégal par rapport aux autres réalités ecclésiales du diocèse. Mais nous n’avons pas eu à Séville ce que trop de fidèles ont connu, ou connaissent dans beaucoup d’autres diocèses.
Q - Diégo de Caleruéga – Qui célèbre chez vous la messe selon l’usus antiquior?
R - Juan Luis Ferrari - Par nomination épiscopale, depuis plus de huit ans, le célébrant de la messe traditionnelle organisée par l’Association Una Voce de Séville est un prêtre diocésain qui exerce les fonctions de délégué du prélat pour tout ce qui concerne la liturgie traditionnelle à Séville.
Q - Diégo de Caleruéga – Qu’est-ce que l’Oratoire de l’école du Christ?
R - Juan Luis Ferrari – L’Ecole du Christ de la Nativité est une institution pour laïcs fondée dans notre ville à la fin du XVIIIe siècle et dédiée à la méditation de l’Évangile et à de pieux exercices. Cette institution qui avait disparu aux siècles passés mais qui fut reconstituée en 1925. Elle appartient désormais à l’Oratoire et c’est là que, depuis 2013, la messe est célébrée chaque dimanche et fêtes.
Q - Diégo de Caleruéga – Pouvez-vous nous présenter votre communauté?
R - Juan Luis Ferrari - Depuis 2007, lorsque le motu proprio Summorum Pontificum a commencé à être mis en œuvre dans l’archidiocèse de Séville, non seulement le nombre de fidèles assistant la Messe selon le vetus ordo a augmenté, mais nous avons également constaté un intérêt croissant de la part de ces fidèles pour vivre leur foi chaque jour autour de la messe traditionnelle, pour avoir une direction spirituelle, pour suivre des activités doctrinales et des célébrations liturgiques au cours de la semaine et, finalement, pouvoir vivre la foi dans le cadre d’une communauté paroissiale de spiritualité traditionnelle.
Q - Diégo de Caleruéga – Quel est le profil de vos fidèles?
R - Juan Luis Ferrari - L’immense majorité des fidèles qui assistent à la messe traditionnelle sont de jeunes hommes et aussi des familles avec des enfants, ce qui nous donne une grande espérance pour l’avenir de notre communauté.
Q - Diégo de Caleruéga – La Semaine Sainte attire des milliers de touristes et visiteurs à Séville. Comment essayez-vous de répondre à cette opportunité d’apostolat?
R - Juan Luis Ferrari - En effet, la Semaine sainte attire de nombreux visiteurs et curieux dans notre ville, espagnols et étrangers, intéressés par la religiosité populaire existant autour des confréries, à qui Una Voce Sevilla offre également une expérience unique de pouvoir vivre la Semaine Sainte à travers de la liturgie traditionnelle. Pour cette raison, depuis cinq ans, nous avons considéré comme une priorité dans notre apostolat de la messe traditionnelle d’organiser le triduum sacré de la semaine sainte, comme indiqué par le motu proprio Summorum Pontificum.
Q - Diégo de Caleruéga – Pouvez-vous assumer vous-même ce triduum sacré ? Était-ce votre initiative d’avoir un prêtre et un séminariste du séminaire de la Fraternité Saint-Pierre de Wigraztbad pour la célébration du Triduum sacré?
R - Juan Luis Ferrari - Que Dieu soit remercié car il nous a toujours permis de trouver de l’aide ! Les premières années, nous avons bénéficié de l’aide de prêtres et de séminaristes du Collège Pontifical Nord-Américain de Rome. Et cette année celle d’un prêtre, le Révérend Père José Calvin, et d’un séminariste du séminaire de la Fraternité Sacerdotale San Pedro (FSSP) de Wigraztbad (Allemagne), et pour le service des cérémonies celle de nos amis portugais du blog Senza Pagare. De même, nous devons ajouter la collaboration inestimable de la Schola Gregoriana Laudate Dominum de Una Voce Sevilla, et aussi chaque année de l’aide de fidèles qui viennent de partout et en particulier de la France !
Q - Diégo de Caleruéga – Quel bilan tirez-vous de ces célébrations liturgiques traditionnelles de la Semaine Sainte 2019?
R - Juan Luis Ferrari - Le bilan des célébrations liturgiques traditionnelles à Séville de cette année est très positif pour les fruits spirituels obtenus, si l’on en juge par la ferveur des fidèles, pour la célébration de la solennité des cultes, pour le nombre de fidèles venus de nombreuses parties du monde, qui augmente chaque année, et pour l’engagement des fidèles de la messe traditionnelle de Séville lors de la préparation tout ce qui concerne ces célébrations, avec la collaboration du groupe de jeunes Sursum Corda de Una Voce Sevilla.
Q - Diégo de Caleruéga – Quelles sont les attentes et les projets pour l’avenir?
R - Juan Luis Ferrari - Les attentes futures de l’Association Una Voce Sevilla, si la Providence nous l’accorde, sont de vivre la foi et les sacrements dans la communauté paroissiale autour de la liturgie, selon l’usus antiquior, de bénéficier de la grâce de vocations sacerdotales et religieuses et de pouvoir mener notre apostolat principal, celui de la messe traditionnelle, avec la même normalité et la même compréhension que celles appliquées aux autres réalités ecclésiales existant dans l’archidiocèse.
Q - Diégo de Caleruéga – Un dernier mot pour nos lecteurs?
R - Juan Luis Ferrari - Nous vous attendons à Séville pour la prochaine Semaine Sainte qui se déroulera du 5 au 12 avril 2020, nous essayerons de vous la faire découvrir au rythme de la liturgie traditionnelle et, de plus, votre présence active stimulera notre groupe et nous aidera à améliorer notre apostolat : venez nombreux !
Le site Internet Una Voce Sevilla (unavocesevilla.com) indique les informations relatives à la célébration de la messe traditionnelle le dimanche et certaines fêtes à 10h30 à l’oratoire de l’Ecole du Christ, Callejón Carlos Alonso Chaparro (hauteur du nº 20 de la calle Ximénez de Enciso, Barrio de Santa Cruz), 41004 Sevilla.