"La
FSSPX étant en somme le véhicule de la résistance doctrinale et
liturgique auxx nouveautés conciliaires, il est manifeste que ses
prêtres doivent quelques part avoir une nature de battant, quitte à ce
que cela entraîne des frictions importantes à l'interne comme nous
l'avons vu dans la crise de Bordeaux. Les mous, les tièdes, les indécis,
les chercheurs de comfort facile, en voyant que ce n'est pas leur
place, invoqueront toutes une série de raisons plutôt controuvées pour
justifier leur départ, en général de nature papolâtre, lesquelles feront
les délices des individus chargés d'alimenter les sites invoqués plus
haut" nous écrit PGM.
Voilà le type même de l'autosatisfaction lefebvriste dans toute sa
splendeur: la FSSPX est "le véhicule de résistance doctrinale et
liturgique aux nouveautés conciliaires". Véhicule qui en tous cas a
plusieurs roues crevées actuellement et le moteur en panne. Quant à la
résistance doctrinale, j'ai déjà longuement expliqué ce qu'il fallait en
penser. Quant au qualificatif de papolâtre, volontairement péjoratif,
il désigne en fait les papistes c'est-à-dire ceux qui pensent qu'il faut
obéir à la personne que l'on reconnaît publiquement comme le vicaire du
Christ en matière de foi, de moeurs, de discipline et de gouvernement
(Vatican I). Or, qu'est-ce qu'un catholique qui n'est pas papiste? Un
objet non identifié.
Quant à dire que tous les prêtres de la FSSPX sont des "battants", si
cela était le cas, cela se saurait. C'est vrai incontestablement pour
des abbés Laguérie, Tanoüarn, Aulagnier. Peut-on le dire sérieusement
d'un abbé de Cacqueray, d'un Mgr Fellay ou d'un Mgr Tissier?
Quant au couplet sur "les mous, les tièdes, les indécis, les chercheurs
de confort facile" qui n'auraient pas leur place à la FSSPX,
permettez-moi d'en rire. Outre qu'une position ne doit pas être jugée au
fait qu'elle soit molle ou dure mais au fait qu'elle soit vraie ou
fausse, je trouve au contraire que quelqu'un qui veut son confort est
très bien à la FSSPX. Il y a l'argent qui coule à flots (des dizaines de
millions de francs de dons, de legs, d'héritages divers débloqués par
le gouvernement en 2000), un logement très confortable dans des prieurés
pour tous les prêtres, très souvent des soeurs ou de bonnes dames pour
leur faire le repas et leur servir à manger des repas tout sauf frugaux,
le chauffage, de belles voitures que des smicards ne pourraient
sûrement pas s'offrir, des chapelles en pagaille, des offrandes de messe
en cascade, des quêtes abondantes (les fidèles, surtout âgés, étant
généralement très généreux, peut-être croyant ainsi s'acheter le Ciel),
je ne vois pas sincèrement où est l'héroïsme. Franchement, au point de
vue du confort, il n'y a pas mieux que prêtre de la FSSPX. Pensez au
prêtre conciliaire (dont encore une fois je n'approuve nullement la
position mais il faut quand même être honnête), qui doit faire face le
plus souvent, surtout à la campagne, à des églises désertées, des quêtes
minuscules, des cures peu ou mal chauffées, très souvent personne pour
lui servir les repas ou lui tenir compagnie (alors que dans les prieurés
de la FSSPX il y a généralement plusieurs prêtres qui cohabitent), des
fidèles souvent dépourvus de piété, vous croyez vraiment que c'est plus
confortable? Idem pour les prêtres Ecclesia Dei qui doivent se coltiner
leurs confrères du nouveau rite et parfois leurs fidèles, qui ont des
comptes à rendre à des évêques qui souvent les détestent ou, à tout le
moins, s'en méfient ou au mieux sont indifférents. Vous m'objecterez
qu'ils l'ont bien voulu ainsi en se "ralliant". Certes, j'en suis
d'accord avec vous, mais objectivement l'on ne peut pas dire que leur
situation est confortable. En tous cas, beaucoup moins que celle des
prêtres estampillés FSSPX. Et que dire des prêtres indépendants sans
ressources?
Mais à la vérité, le confort, c'est tout ce que recherche le piédiste:
il a ses écoles pour mettre ses enfants (nombreux si possible car il
faut faire beaucoup de petits lefebvristes qui vont recatholiciser la
France, quelle blague!), ses chapelles, ses camps scouts, ses chorales,
ses maisons de retraite, ses séminaires, ses revues et bulletins qui
distillent la bonne parole fellaysienne et s'envoient gracieusement,
quasiment à chaque numéro, beaucoup de coups d'encensoir (on n'est
jamais mieux servi que par soi-même, il est vrai). Mais le lefebvriste
vit dans un cocon, dans un monde clos, dans un univers virtuel où l'on
se nomme curé (de Saint-Nicolas, de saint-Eloi) sans jamais avoir été
nommé par aucun évêque résidentiel, où l'on crée des chapelles, des
prieurés, où l'on sacre des évêques sans demander l'autorisation ni
prévenir une autorité que l'on reconnaît publiquement comme légitime et
suprême. La FSSPX a formé une véritable contre-Eglise, une
contre-société avec les associations et congrégations qui lui sont
liées. N'est-on pas heureux entre nous? D'ailleurs, on est les
meilleurs. Que dis-je? on est les seuls. Les autres, tous les autres,
sont des vendus, des mous, des tièdes, des crottes. Nous, on est bien,
on est des purs. D'ailleurs, la preuve qu'on est béni de Dieu, ce sont
nos réussites terrestres. Les 95% de nos garçons et filles qui ont le
bac dans nos écoles (et pour beaucoup avec mention, mazette! De vrais
petits génies comme le montre surabondamment leur capacité à argumenter
sur le FC), nos chapelles qui se remplissent, notre extension
miraculeuse sur les cinq continents (on va recatholiciser non seulement
la France et l'Europe mais le monde, on vous dit, c'est t'y pas beau,
tout ça,), nos revues qui se multiplient, nos prêtres qui sont de plus
en plus nombreux et qui sont de vrais combattants de Dieu (pour gagner
du temps on pourrait les canoniser de leur vivant, c'est plus simple) et
puis nous avons notre guide infaillible à nous, notre boussole, notre
idole, notre gourou: Mgr Marcel Lefebvre himself. Du béton, cet
homme-là. Un évêque de fer, c'est comme ça qu'on l'appelle chez nous. Et
inspiré par le Saint-Esprit et la Sainte Vierge. Ben si, c'est lui qui
l'a dit, le jour des sacres: à Quito la Sainte Vierge a révélé qu'un
évêque sauverait l'Eglise au XXe siècle. Si, si, c'était Marcellus,
puisqu'on vous le dit.
C'est beau l'humilité. Merci à la FSSPX et à ses ardents soutiens de
nous en donner de magnifiques exemples à chaque instant. C'est sûr: tous
les saints, tous les réformateurs, tous les confesseurs de la foi ont
toujours agi comme cela, s'adressant eux-mêmes des couronnes de fleurs,
méprisant les autres.
Oui, de tels discours sont à vomir.
Il me souvient que lorsque j'avais été un court moment au MJCF, on nous
avait passé un film sur les guerres de Vendée. Et après sa diffusion,
l'animateur du MJ nous avait expliqué que le MJCF et la FSSPX
poursuivaient le même combat que les Vendéens. Notre combat est le leur
et le leur est le nôtre disait avec assurance ce jeune homme bien
formaté (et qui a donc dû grimper haut au sein de l'organisation). C'est
beau et émouvant, n'est-il pas? De quoi avoir les larmes aux yeux, non?
Quand on pense que les Vendéens ont été massacrés par dizaines et
dizaines de milliers par les colonnes infernales pour avoir voulu
défendre leur foi, leur Dieu et leur Roi, que leur obéissance au pape
les avait conduit à soutenir en masse les prêtres réfractaires (fidèles à
Rome), comment peut-on prétendre se mettre au même niveau que ses
martyrs, surtout quand on jouit du confort matériel et spirituel? Jamais
depuis la création de la FSSPX un seul de ses prêtres n'est mort martyr
pour sa foi. Ce n'est pas forcément de leur faute. L'occasion ne s'est
sans doute pas présentée mais davantage d'humilité, de discrétion et de
bon sens ne seraient vraiment pas trop demander.
Et après tout cela, vous ne pensez que le Bon Dieu serait en droit
d'envoyer un châtiment sur la FSSPX? Il me semble que la crise actuelle
s'explique pourtant aisément. Et d'ailleurs dans cette crise l'orgueil
semble assez équitablement partagé entre les deux camps. Mais comme le
dit le psaume 113: "ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et
n'entendent pas".
Petrus.