SOURCE - Jérôme Anciberro - Témoignage Chrétien - 8 septembre 2005
Les intégristes de la Fraternité Saint-Pie X vivent ces derniers temps des moments difficiles.Intégristes: Amoureux de la tradition, pas de Vatican II par Jérôme Anciberro
Mais rien de plus traumatisant qu’un schisme pour l’Église. La sécession intégriste peut ainsi être ressentie par la hiérarchie catholique comme une plaie vive du dernier pontificat. Cependant, en consacrant des évêques sans l’accord du pape en 1988, Marcel Lefebvre a fait le pas de trop, inacceptable pour le Saint-Siège. Car pour le reste… Rome sait se montrer arrangeante quand elle l’estime nécessaire.
La preuve en est qu’elle a su trouver une place à ceux des anciens admirateurs de Marcel Lefebvre qui n’ont pas voulu rompre formellement avec le pape en 1988, tout en ne faisant pas mystère de leur hostilité au « modernisme » qui, selon eux, menacerait l’Église catholique. Ceux-ci sont notamment rassemblés autour de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, créée quelques jours après le schisme et qui compte environ 180 prêtres et une centaine de séminaristes. Ces catholiques dits « traditionalistes » entendent suivre la messe selon le rite de Pie V, comme leurs anciens coreligionnaires intégristes, lesquels se réclament aussi de la Tradition. Ce rite, appelé aussi rite tridentin, en référence au concile de Trente (1545-1563), est simplement celui qui était en vigueur avant les réformes liturgiques mises en place par Paul VI à la suite du concile Vatican II. L’accent y est mis sur le caractère sacrificiel de l’eucharistie et la langue liturgique utilisée est le latin. Il faut cependant noter que cette langue est par ailleurs parfaitement admise dans le cadre de la messe selon le rite de Paul VI.
Les Français, pour des raisons historiques, sont particulièrement représentés dans ces mouvances qui continuent de se développer, notamment en Amérique du Sud, aux États-Unis ou en Australie. Pourtant, les intégristes de la Fraternité Saint-Pie X vivent ces derniers temps des moments difficiles et l’on voit émerger en leur sein différents courants, sans doute le signe d’une certaine usure. Ce qui explique peut-être ce rapprochement avec Rome.
Les intégristes de la Fraternité Saint-Pie X vivent ces derniers temps des moments difficiles.Intégristes: Amoureux de la tradition, pas de Vatican II par Jérôme Anciberro
L'analyseUne lueur d’espérance de sortir de la profonde crise qui secoue l’Église » : c’est par cette accueillante formule que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X commentait en avril dernier l’élection du nouveau pape. Car si les intégristes demeurent juridiquement en dehors de l’Église, ils ne s’en considèrent pas moins membres à part entière et s’intéressent donc de près à son évolution. D’ailleurs, nombre des sacrements administrés par leurs prêtres sont considérés comme valides par l’Église catholique.
Mais rien de plus traumatisant qu’un schisme pour l’Église. La sécession intégriste peut ainsi être ressentie par la hiérarchie catholique comme une plaie vive du dernier pontificat. Cependant, en consacrant des évêques sans l’accord du pape en 1988, Marcel Lefebvre a fait le pas de trop, inacceptable pour le Saint-Siège. Car pour le reste… Rome sait se montrer arrangeante quand elle l’estime nécessaire.
La preuve en est qu’elle a su trouver une place à ceux des anciens admirateurs de Marcel Lefebvre qui n’ont pas voulu rompre formellement avec le pape en 1988, tout en ne faisant pas mystère de leur hostilité au « modernisme » qui, selon eux, menacerait l’Église catholique. Ceux-ci sont notamment rassemblés autour de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, créée quelques jours après le schisme et qui compte environ 180 prêtres et une centaine de séminaristes. Ces catholiques dits « traditionalistes » entendent suivre la messe selon le rite de Pie V, comme leurs anciens coreligionnaires intégristes, lesquels se réclament aussi de la Tradition. Ce rite, appelé aussi rite tridentin, en référence au concile de Trente (1545-1563), est simplement celui qui était en vigueur avant les réformes liturgiques mises en place par Paul VI à la suite du concile Vatican II. L’accent y est mis sur le caractère sacrificiel de l’eucharistie et la langue liturgique utilisée est le latin. Il faut cependant noter que cette langue est par ailleurs parfaitement admise dans le cadre de la messe selon le rite de Paul VI.
Contestation sourdeLa célébration des messes selon le rite tridentin est soumise à autorisation de la part des évêques du lieu. On a vu récemment l’évêque de Nanterre, Gérard Daucourt, accorder – sans doute à contrecœur – cette autorisation sous la pression de certains fidèles. Tous ces défenseurs sourcilleux d’une certaine Tradition se montrent hostiles à nombre de décisions du concile Vatican II, en particulier tout ce qui touche à l’œcuménisme et au dialogue interreligieux. Cette hostilité se fait plus ou moins discrète selon qu’ils ont ou non rompu formellement avec Rome. Toute la question est donc de savoir jusqu’où l’Église catholique, sous prétexte de communion, est prête à tolérer ce type de contestation sourde en son sein sans faire perdre aux conclusions de Vatican II la centralité qui est censée être la leur aujourd’hui.
Les Français, pour des raisons historiques, sont particulièrement représentés dans ces mouvances qui continuent de se développer, notamment en Amérique du Sud, aux États-Unis ou en Australie. Pourtant, les intégristes de la Fraternité Saint-Pie X vivent ces derniers temps des moments difficiles et l’on voit émerger en leur sein différents courants, sans doute le signe d’une certaine usure. Ce qui explique peut-être ce rapprochement avec Rome.
Les faitsLe 29 août dernier, le pape Benoît XVI recevait, dans sa résidence d’été de Castelgandolfo, le chef de file des catholiques intégristes, Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, qui avait sollicité cet entretien. Une rencontre qui témoigne d’une volonté d’apaisement entre Rome et la Fraternité, schismatique depuis l’excommunication, en 1988, de son fondateur, Marcel Lefebvre. L’entretien, en présence du cardinal Castrillon Hoyos, s’est déroulé, selon le porte-parole du Saint-Siège, « dans un climat d’amour pour l’Église et de désir d’arriver à la pleine communion ». On sait simplement que les deux parties entendent « procéder par étapes et dans des délais raisonnables ».