SOURCE - Abbé Régis de Cacqueray, Editorial du Bulletin Officiel du District de France daté de janvier 2006 - 13 novembre 2005
A deux reprises maintenant, le cardinal Castrillón Hoyos, préfet de la Congrégation du Clergé et président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, s’est publiquement exprimé pour récuser l’existence d’un schisme provoqué le 30 juin 1988 par le sacre des quatre évêques de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.
Ces déclarations ont une importance véritable.
A nos yeux, elles ne changent rien car nous n’avons jamais cru aux épouvantails qui furent agités par tous les bien-pensants pour déclencher une hémorragie des fidèles d’Ecône.
Mais, pour ceux qui se laissèrent effrayer et pour beaucoup qui, au sein des structures ecclésiadéistes, ont été convaincus par l’évidence qui semblait leur être présentée, le discours du cardinal Hoyos vient brusquement ouvrir des portes que l’on croyait irrémédiablement condamnées.
Il est opportun que leur parviennent ces paroles du cardinal chargé de « la mouvance à sensibilité traditionnelle. »
Voici donc ces deux déclarations.
La première est extraite d’un entretien que le cardinal Hoyos a donné au journal italien Trente jours du mois de septembre 2005 [1]:
« - Eminence, quelle est la valeur de l’audience accordée par le pape au supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X ?
- L’audience fait partie d’un processus qui a commencé par une intervention très importante de celui qui était alors le cardinal Ratzinger, qui a signé avec Monseigneur Lefebvre un protocole d’entente avant que ce dernier ne décide de procéder aux consécrations épiscopales de 1988.
- Monseigneur Lefevbre n’est pas revenu en arrière…
- Malheureusement, Monseigneur Lefebvre a maintenu sa décision de consacrer des évêques et cela a donc créé cette situation de détachement, même s’il ne s’agit pas formellement d’un schisme ».
Le cardinal Hoyos a repris la même idée le 13 nov. 2005 alors qu’il se trouvait interrogé par la télévision italienne TV Canal 5[2] :
« Nous ne sommes pas face à une hérésie. On ne peut pas dire en termes corrects, exacts, précis qu’il y ait un schisme. Il y a, dans le fait de consacrer des évêques sans le mandat pontifical, une attitude schismatique. Ils sont à l’intérieur de l’Eglise. Il y a seulement ce fait qu’il manque une pleine, une plus parfaite – comme cela a été dit durant la rencontre avec Monseigneur Fellay – une plus pleine communion, parce que la communion existe.»
Il nous semble pouvoir résumer ainsi le raisonnement du président de la Commission pontificale Ecclesia Dei : les sacres du 30 juin 1988 auraient pu être l’indicateur d’une volonté schismatique. Mais le temps qui s’est écoulé depuis cet événement montre que la Fraternité Saint-Pie X n’a jamais voulu s’ériger en Eglise parallèle et n’a jamais cessé de reconnaître les papes, jusqu’à Benoît XVI aujourd’hui, comme successeurs de Pierre.
Il faut donc savoir confesser désormais que ces sacres épiscopaux n’ont, en réalité, pas engendré de schisme.
En conséquence, les évêques, les prêtres et les fidèles de la Fraternité Saint-Pie X sont bien dans l’Eglise, même s’il reste des questions à régler avec eux.
Nous remercions le cardinal Hoyos de l’honnêteté intellectuelle manifestée sur ce point et nous nous tournons maintenant vers les responsables des structures ecclésiadéistes pour leur demander d’apporter leur soutien franc et enthousiaste aux propos du président de la Commission pontificale dont ils dépendent .
Loin de nous l’idée de leur demander des excuses pour avoir accusé Monseigneur Lefevbre d’avoir initié un schisme, et à ses successeurs de l’avoir perpétré ! Nous ne sommes même pas guidés par quelque amertume qui nous ferait désirer nous entendre donner raison. L’Eglise se prononcera à son heure. Nous pensons qu’il existe seulement un devoir de justice élémentaire à répercuter cette position sérieuse, officielle, publique prise par le Cardinal de l’Eglise le mieux habilité à traiter de cette question.
Nous refusons à l’avance une dialectique qui chercherait à opposer le cardinal Hoyos au pape Benoît XVI. Il est évident que, sur un sujet d’une telle importance, le cardinal Hoyos n’a pu se prononcer sans l’approbation de celui qui, lors de l’audience du 29 août, parlait déjà du « vénéré Monseigneur Lefebvre ».
Nous n’admettons pas non plus la formule offensante à l’adresse du cardinal Hoyos consistant à dire qu’il ne penserait pas ce qu’il a dit et répété, et n’aurait tenu de tels propos que par une gentillesse de surface ou par ruse diplomatique.
L’accueil que les responsables des structures ecclésiadéistes réserveront aux paroles du cardinal Hoyos ne révèlera-t-il pas le fond des cœurs ?
Si une erreur de jugement dans les circonstances difficiles de l’année 1988 est bien compréhensible, l’entêtement sur une telle position deviendrait odieux et constituerait la marque d’un esprit boutiquier.
Ceux qui ont connu Monseigneur Lefebvre, qui lui doivent tout et n’existeraient pas sans lui, doivent être aujourd’hui les premiers à se réjouir de la déclaration cardinalice, même si elle met sans doute un peu à mal leur légitimité toute fondée sur l’existence de ce schisme, qu’un cardinal a désormais relégué dans les oubliettes de l’Histoire de l’Eglise.
Abbé Régis de Cacqueray-Valménier +
Supérieur du district de France
A deux reprises maintenant, le cardinal Castrillón Hoyos, préfet de la Congrégation du Clergé et président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, s’est publiquement exprimé pour récuser l’existence d’un schisme provoqué le 30 juin 1988 par le sacre des quatre évêques de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.
Ces déclarations ont une importance véritable.
A nos yeux, elles ne changent rien car nous n’avons jamais cru aux épouvantails qui furent agités par tous les bien-pensants pour déclencher une hémorragie des fidèles d’Ecône.
Mais, pour ceux qui se laissèrent effrayer et pour beaucoup qui, au sein des structures ecclésiadéistes, ont été convaincus par l’évidence qui semblait leur être présentée, le discours du cardinal Hoyos vient brusquement ouvrir des portes que l’on croyait irrémédiablement condamnées.
Il est opportun que leur parviennent ces paroles du cardinal chargé de « la mouvance à sensibilité traditionnelle. »
Voici donc ces deux déclarations.
La première est extraite d’un entretien que le cardinal Hoyos a donné au journal italien Trente jours du mois de septembre 2005 [1]:
« - Eminence, quelle est la valeur de l’audience accordée par le pape au supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X ?
- L’audience fait partie d’un processus qui a commencé par une intervention très importante de celui qui était alors le cardinal Ratzinger, qui a signé avec Monseigneur Lefebvre un protocole d’entente avant que ce dernier ne décide de procéder aux consécrations épiscopales de 1988.
- Monseigneur Lefevbre n’est pas revenu en arrière…
- Malheureusement, Monseigneur Lefebvre a maintenu sa décision de consacrer des évêques et cela a donc créé cette situation de détachement, même s’il ne s’agit pas formellement d’un schisme ».
Le cardinal Hoyos a repris la même idée le 13 nov. 2005 alors qu’il se trouvait interrogé par la télévision italienne TV Canal 5[2] :
« Nous ne sommes pas face à une hérésie. On ne peut pas dire en termes corrects, exacts, précis qu’il y ait un schisme. Il y a, dans le fait de consacrer des évêques sans le mandat pontifical, une attitude schismatique. Ils sont à l’intérieur de l’Eglise. Il y a seulement ce fait qu’il manque une pleine, une plus parfaite – comme cela a été dit durant la rencontre avec Monseigneur Fellay – une plus pleine communion, parce que la communion existe.»
Il nous semble pouvoir résumer ainsi le raisonnement du président de la Commission pontificale Ecclesia Dei : les sacres du 30 juin 1988 auraient pu être l’indicateur d’une volonté schismatique. Mais le temps qui s’est écoulé depuis cet événement montre que la Fraternité Saint-Pie X n’a jamais voulu s’ériger en Eglise parallèle et n’a jamais cessé de reconnaître les papes, jusqu’à Benoît XVI aujourd’hui, comme successeurs de Pierre.
Il faut donc savoir confesser désormais que ces sacres épiscopaux n’ont, en réalité, pas engendré de schisme.
En conséquence, les évêques, les prêtres et les fidèles de la Fraternité Saint-Pie X sont bien dans l’Eglise, même s’il reste des questions à régler avec eux.
Nous remercions le cardinal Hoyos de l’honnêteté intellectuelle manifestée sur ce point et nous nous tournons maintenant vers les responsables des structures ecclésiadéistes pour leur demander d’apporter leur soutien franc et enthousiaste aux propos du président de la Commission pontificale dont ils dépendent .
Loin de nous l’idée de leur demander des excuses pour avoir accusé Monseigneur Lefevbre d’avoir initié un schisme, et à ses successeurs de l’avoir perpétré ! Nous ne sommes même pas guidés par quelque amertume qui nous ferait désirer nous entendre donner raison. L’Eglise se prononcera à son heure. Nous pensons qu’il existe seulement un devoir de justice élémentaire à répercuter cette position sérieuse, officielle, publique prise par le Cardinal de l’Eglise le mieux habilité à traiter de cette question.
Nous refusons à l’avance une dialectique qui chercherait à opposer le cardinal Hoyos au pape Benoît XVI. Il est évident que, sur un sujet d’une telle importance, le cardinal Hoyos n’a pu se prononcer sans l’approbation de celui qui, lors de l’audience du 29 août, parlait déjà du « vénéré Monseigneur Lefebvre ».
Nous n’admettons pas non plus la formule offensante à l’adresse du cardinal Hoyos consistant à dire qu’il ne penserait pas ce qu’il a dit et répété, et n’aurait tenu de tels propos que par une gentillesse de surface ou par ruse diplomatique.
L’accueil que les responsables des structures ecclésiadéistes réserveront aux paroles du cardinal Hoyos ne révèlera-t-il pas le fond des cœurs ?
Si une erreur de jugement dans les circonstances difficiles de l’année 1988 est bien compréhensible, l’entêtement sur une telle position deviendrait odieux et constituerait la marque d’un esprit boutiquier.
Ceux qui ont connu Monseigneur Lefebvre, qui lui doivent tout et n’existeraient pas sans lui, doivent être aujourd’hui les premiers à se réjouir de la déclaration cardinalice, même si elle met sans doute un peu à mal leur légitimité toute fondée sur l’existence de ce schisme, qu’un cardinal a désormais relégué dans les oubliettes de l’Histoire de l’Eglise.
Abbé Régis de Cacqueray-Valménier +
Supérieur du district de France