SOURCE - crc-resurrection.org - Frère Bruno Bonnet-Eymard - Avril 2011
LA LIGUE
En communauté, nous avons regardé le film très impressionnant de Katýn. C’est grandiose et la bonne impression du film s’est confirmée jusqu’au bout ! Le réalisateur a voulu mettre en scène deux thèmes : le crime organisé et perpétré, en 1940, par les Soviétiques, et le mensonge imposé ensuite de force, à toute la Pologne et au monde entier, sur une prétendue responsabilité des Allemands.
Humainement, il est horrible de voir tous ces Polonais pris dans le malaxeur de la guerre de 39-40, combattus et persécutés avec la même cruauté tant par les Allemands que par les Soviétiques, et martyrisés un à un. Mais le réalisateur n’a pas hésité à montrer la religion de ce peuple. Frère Bruno y voit la réalisation de ce que la Sainte Vierge avait annoncé à Fatima et que les Papes auraient pu éviter s’ils avaient consacré la Russie à son Cœur Immaculé. Ce film illustre l’accomplissement du troisième Secret de Fatima. Tous ces officiers tués les uns après les autres, selon une mécanique absolument infernale, sont des martyrs. Ils sont ces « âmes qui s’approchent de Dieu », dont le sang versé arrose les pauvres pécheurs. On les voit prier durant leur captivité et, quand ils découvrent le sort qui leur est réservé, ils ont juste le temps de balbutier les premiers mots du Pater. Le dernier officier qui est abattu peut réciter : « Et pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés... »
Ce film montre aussi ceux qui, ralliés par peur aux Soviétiques, acceptent de taire le massacre ! Silence criminel qui sera celui des Papes refusant de consacrer la Russie, puis du Concile. Et comment se fait-il que le cardinal Wojtyla soit passé au travers de l’étau soviétique, alors que son père fut, semble-t-il, exécuté à Katýn ? Le massacre de Katýn et la responsabilité soviétique furent connus dès les années 40. Mais Roosevelt et Churchill cachèrent volontairement les rapports qui le révélaient, car l’opinion publique n’aurait pas compris qu’ils soient alliés aux assassins !
Au sermon des vêpres, c’est avec émotion que notre frère retraça à grands traits la vie de la bienheureuse Jacinthe Marto. Il s’attacha à nous montrer combien les apparitions de Notre-Dame marquèrent la petite fille, et avec quelle ardeur elle aima son Cœur Immaculé et répondit généreusement à ses demandes.
À la maison Saint-Joseph, la retraite des enfants aura lieu les 16 et 17 avril, pour la fête des Rameaux.
Nous ne savons pas ce qui s’est dit lors de la Table ronde, mais nous avons pu nous échauffer en tractant un bon nombre de personnalités. Environ deux cents personnes, dont un bon nombre d’ecclésiastiques, du cardinal au prêtre, qui les reçoivent d’assez bonne grâce, tout en identifiant assez vite la CRC. Les gens ne posent pas de questions, il faut dire que nous sommes en force, cette fois. Tout au plus, quelques intellectuels nous lâchent une parole méprisante. L’animateur de la table ronde, Patrick de Carolis part avec les tracts.
Une éminence sort, bien entourée ; on lui donne un tract sur l’Autodafé et un autre sur la béatification : « Ah, c’est l’abbé de Nantes, je vois que les bonnes habitudes ne se perdent pas ! »
Un homme assez chic arrive : immédiatement, les deux tracts lui sont remis. En fait, c’est Mgr de Moulins-Beaufort que nous n’avons reconnu qu’après (pas facile, avec son costume d’homme d’affaires !). Il ira attendre son taxi, à l’écart, et ne viendra pas discuter. Il nous ignorera superbement. Les consignes étant de ne pas pousser le débat, nous le laisserons dans son mutisme gêné.
Enzo Bianchi, présenté par Carolis comme “ moine laïc ”, fondateur d’une communauté œcuménique (nous l’avions croisé, l’an dernier, aux conférences de Carême), prend ses tracts : il a l’air de connaître.
Enfin, sur le parking des scooters, un petit homme casqué nous demande si nous étions « chez eux ». Nous répondons que nous avons simplement distribué des documents à la sortie. C’est Michel de Virville, directeur du centre des Bernardins. Conversation casquée, rapide : il prend les tracts, nous promettant de les lire seulement, mais pas d’y adhérer. Il ajoute : « Quand on fait un débat, il faut s’informer sur toutes les opinions, sinon, on reste sur la touche ! »
Après avoir donné les consignes, nous nous dirigeons rapidement, en ordre dispersé, mais non désorganisé, vers le parvis de Notre-Dame, où les festivités continuent. D’autres amis nous rejoignent en cours de route ou sur place : au plus fort du tractage, nous serons une trentaine. Quand nous arrivons, la cathédrale est “ éteinte ” et le parvis dans l’ombre. Aux quatre angles du parvis, les tours des haut-parleurs, et une grande estrade le long de la Seine. Une foule assez dense occupe le premier tiers du parvis, les deux autres tiers sont beaucoup plus clairsemés. De l’autre côté de la place, des tentes sont consacrées à différents thèmes de dialogue. Le public est composé pour moitié d’adultes assez âgés, de tous genres, avec une fraction non négligeable de prêtres en clergyman ou en soutane (et peut-être d’évêques), et pour l’autre moitié de jeunes qui ont plus l’aspect de catholiques “ tradi-charismas ” que d’incroyants ! Certains d’entre eux réagissent avec indignation à nos critiques de Jean-Paul II, et veulent nous rendre les tracts sans les lire. Nous ne croiserons pas un seul “ non-croyant ” cherchant à dialoguer !
Tout de suite, Jean est violemment pris à partie par un organisateur qui lui parle vraiment de très près, cherchant le contact. Lui garde son calme, mais nous avouera avoir eu peur d’un dérapage. Le grand argument est de dire que nous venons montrer nos querelles intestines de “ tradis ”, face aux non-croyants, et que ce n’est vraiment pas la place de ce débat. Ce à quoi nous répondons que nous sommes des incroyants au Concile et que nous venons discuter.
Nous nous faisons aborder spontanément par des gens qui souhaitent quelques éclaircissements sur nos intentions. La plupart d’entre eux ont pitié de nous. Souvent le ton monte, mais nous arguons que c’est une soirée de dialogue, alors les interlocuteurs se calment, forcés d’être “ ouverts ”, même avec nous !
Un peu plus tard, un groupe de jeunes catholiques, sympathiques et curieux. Jean engage une longue conversation avec l’un d’entre eux, sur un ton très courtois. Il connaît vaguement la CRC, mais demande des détails : la position de notre mouvement, notre foi en l’Église et le sens des démarches engagées aux Saint-Office, le Masdu et la liberté religieuse. Nous sommes interrompus par Mgr Vingt-Trois qui monte sur scène avec plusieurs évêques, et par le discours en différé du Pape, qui prouvera le bien-fondé de nos critiques : immanentisme, liberté religieuse et progressisme. D’une manière générale, même si cela gêne un peu mon interlocuteur, il est forcé d’admettre ces évidences et n’a rien à répondre, si ce n’est qu’il faut garder confiance dans l’Église, prise dans sa globalité. Certes, « In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas » !
De son côté, Louis-Marie déplore, auprès de quelques séminaristes, que le Pape ne parle jamais de la Sainte Vierge ni du Ciel, ce qui est vraiment regrettable vis-à-vis des incroyants. À la fin du discours, regards gênés des séminaristes, forcés de constater le manque total de surnaturel dans les paroles mêmes du Pape !
Pendant ce temps, avec Pierre, nous nous sommes dirigés vers le porche principal, sous lequel se tient le recteur. Pierre lui propose un tract qu’il refuse sans nous jeter un regard. C’est qu’il s’apprête à recevoir les évêques qui, le discours du Pape achevé, reviennent en procession, entourés d’un cordon de bénévoles. Ils entraînent derrière eux la moitié des jeunes du parvis, pour la soirée de prière animée par la communauté de Taizé.
Pierre se poste sur le passage, et ses tracts partent vite ; tandis qu’Anne se retrouve au coude à coude avec le recteur, à l’intérieur du cordon de sécurité. Le cardinal Vingt-Trois passe devant elle, ainsi qu’une dizaine d’évêques. Elle leur présente les tracts et la plupart répondent : « Non, merci, je l’ai déjà ! » Deux seulement le prennent. Mgr de Moulins-Beaufort ferme la marche, en soutane cette fois ! Déjà, ils pénètrent dans la cathédrale, au chant des charismatiques.
Bruno, lui, est pris à partie par une dame d’une soixantaine d’années. En fait, c’est une religieuse. Bruno lui dit son admiration de conserver la vocation dans une Église mourante, et elle de répondre : « Pfft ! la vocation... »
En même temps, nous sommes interpellés par l’abbé de Cagny, curé de Saint-Louis-en-l’Île, en colère, qui nous dit que nous semons la discorde dans l’Église et que c’est un péché dont, heureusement, nous n’avons pas conscience. Nous lui répondons que c’est un devoir de montrer que, contrairement à ce que nos évêques font croire, l’unité dans l’Église est factice.
Il demande si nous ne sommes pas excommuniés ; comme nous le nions, il répond que nous ne sommes pas en pleine communion avec Rome. Pierre, saisissant la nuance, lui rétorque qu’effectivement nous sommes dans l’Église, mais non en pleine communion avec Rome. Il affirme que Rome a déjà répondu aux demandes de l’abbé de Nantes (ah bon ?) ; puis, finalement, que Rome ne peut pas répondre, car nous restons bornés sur nos positions, qu’il n’y a rien à faire avec nous, que le dialogue n’est pas possible. Nous rétorquons qu’il ne s’agit pas d’un dialogue, mais d’une controverse...
Sur la liberté religieuse, il nous dit que nous interprétons tout de travers (Assise, les embrassades du Coran...), que si nous arrêtions de lire les textes conciliaires avec les lunettes de l’abbé de Nantes, nous trouverions sûrement un terrain d’entente (bienheureuses lunettes qui nous empêchent de nous laisser embarquer dans cet embrouillamini !). Il propose un rendez-vous pour discuter, mais, comme Pierre ne se démonte pas et acquiesce à sa proposition, il se ravise et change de sujet, avant de partir un tract à la main. Pendant cette discussion, la majorité des fidèles est entrée dans la cathédrale et il nous a empêchés de tracter.
Nous aurons peu prêté attention aux grotesques et pitoyables spectacles donnés sur scène, qui laissaient une impression de désorientation et de vide, entre le chant grégorien arrangé à la guitare et la chorégraphie parodiant le Cantique des Cantiques, le tout sur fond de musique pop pseudo-catho... Nous nous croyions plus proches de l’enfer que du Ciel.
Nous repartons tout de même contents, nos deux milliers de tracts ayant été écoulés dans la soirée ! Cependant, nos cœurs gardent une certaine amertume d’avoir constaté l’indigence spirituelle de l’Église d’aujourd’hui, et d’avoir mieux mesuré le fossé qui existe entre l’enseignement du Père et celui de l’Église “ officielle ”. Mais nous gardons confiance, envers et contre tout et tous, comme le Père nous l’a appris, sûrs du miracle prochain du Cœur Immaculé et de son triomphe.
Mardi soir, 29 mars, nouveau “ tractage ” aux Bernardins. Des discussions intéressantes ont été engagées et les gens n’étaient pas aussi belliqueux que les fois précédentes ! Deux ou trois cents personnes étaient présentes. Une neurologue était contente de voir des opposants à la béatification (en tant que médecin, elle ne croit pas au miracle de Jean-Paul II), et elle est repartie avec tracts, adresse du site, et souhaite prendre contact avec la maison Saint-Joseph.
Bruno a rencontré un homme qui connaît frère Bruno et qui a demandé très courtoisement de ses nouvelles, demandant de lui remettre sa carte et ajoutant : « Vous lui transmettrez mes amitiés ! » Il y avait un grand nombre de prêtres. Beaucoup connaissent le Père de nom, et certains savent qu’il est mort « il y a tout juste un an ».
Permanence Charles de Foucauld.
Cortège de Jeanne d’Arc
Puisque nous ne pouvons aller à Domremy, rendez-vous à Paris, le dimanche 8 mai à 9 h 45, à l’angle de la rue Royale et de la rue Saint-Honoré, avec nos drapeaux, pour le Cortège traditionnel. Après la dislocation, messe, déjeuner tiré du sac, chapelet et conférence de frère Bruno Bonnet-Eymard, sur un sujet d’actualité brûlante : “ Aux sources du Coran ”, à 15 heures.
LA LIGUE
En communauté, nous avons regardé le film très impressionnant de Katýn. C’est grandiose et la bonne impression du film s’est confirmée jusqu’au bout ! Le réalisateur a voulu mettre en scène deux thèmes : le crime organisé et perpétré, en 1940, par les Soviétiques, et le mensonge imposé ensuite de force, à toute la Pologne et au monde entier, sur une prétendue responsabilité des Allemands.
Humainement, il est horrible de voir tous ces Polonais pris dans le malaxeur de la guerre de 39-40, combattus et persécutés avec la même cruauté tant par les Allemands que par les Soviétiques, et martyrisés un à un. Mais le réalisateur n’a pas hésité à montrer la religion de ce peuple. Frère Bruno y voit la réalisation de ce que la Sainte Vierge avait annoncé à Fatima et que les Papes auraient pu éviter s’ils avaient consacré la Russie à son Cœur Immaculé. Ce film illustre l’accomplissement du troisième Secret de Fatima. Tous ces officiers tués les uns après les autres, selon une mécanique absolument infernale, sont des martyrs. Ils sont ces « âmes qui s’approchent de Dieu », dont le sang versé arrose les pauvres pécheurs. On les voit prier durant leur captivité et, quand ils découvrent le sort qui leur est réservé, ils ont juste le temps de balbutier les premiers mots du Pater. Le dernier officier qui est abattu peut réciter : « Et pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés... »
Ce film montre aussi ceux qui, ralliés par peur aux Soviétiques, acceptent de taire le massacre ! Silence criminel qui sera celui des Papes refusant de consacrer la Russie, puis du Concile. Et comment se fait-il que le cardinal Wojtyla soit passé au travers de l’étau soviétique, alors que son père fut, semble-t-il, exécuté à Katýn ? Le massacre de Katýn et la responsabilité soviétique furent connus dès les années 40. Mais Roosevelt et Churchill cachèrent volontairement les rapports qui le révélaient, car l’opinion publique n’aurait pas compris qu’ils soient alliés aux assassins !
Prises d’habit
Dimanche 20 mars, Grégoire Nielly et Jacinthe de Nantes reçurent l’habit de notre ordre, avec les noms de frère Grégoire de l’Annonciation et sœur Jacinthe-Marie de Fatima. Au sermon de la messe, frère Bruno nous raconta, avec un enthousiasme communicatif, la vie de ce saint moine-diplomate devenu Pape, né vers 540, sous l’empereur Justinien. Il prêcha la guerre sainte contre les Lombards ariens, et envoya des missionnaires pour convertir les Angles. Il rédigea plusieurs ouvrages, notamment sur la vie des saints, et mourut le 12 mars 604.Au sermon des vêpres, c’est avec émotion que notre frère retraça à grands traits la vie de la bienheureuse Jacinthe Marto. Il s’attacha à nous montrer combien les apparitions de Notre-Dame marquèrent la petite fille, et avec quelle ardeur elle aima son Cœur Immaculé et répondit généreusement à ses demandes.
Retraites du mois
Après l’affluence inhabituelle du mois de mars, la retraite d’avril fut plus calme. Avec l’écoute de la retraite sur la Circumincessante Charité, et les conférences de frère Bruno sur la vie de notre Père, ainsi que sur l’actualité si inquiétante, ces journées apportent réconfort surnaturel et paix spirituelle à tous.Retraite des enfants
Fatima, tel est le sujet de la récollection que frère Gérard prêche aux enfants, cette année. En fait, notre frère a été étonné de voir que peu connaissent vraiment le sujet. Il n’est donc pas inutile de reprendre le récit des apparitions, pour que chacun en tire les leçons qui lui sont nécessaires. Pour compléter, frère Thomas raconta la vie si édifiante du “ bon Père Cruz ”, pendant qu’aux repas, frère Pierre captivait son auditoire avec la vie de saint Antoine.À la maison Saint-Joseph, la retraite des enfants aura lieu les 16 et 17 avril, pour la fête des Rameaux.
Distribution de tracts
À l’approche du 1er mai, jour de la béatification de Jean-Paul II, nos jeunes phalangistes ont repris du service pour distribuer l’éditorial qui dénonce cette imposture. Ils se sont rendus aux sorties des églises et sur le parvis de Notre-Dame. Le 14 mars, avait lieu la première conférence de Carême sur “ La famille : questions actuelles et avenir des diversités ? ” dans une cathédrale devenue trop grande pour le peu de fidèles présents (clairsemés sur quelque vingt bancs). Beaucoup de personnes âgées et quelques discussions, mais peu de polémique. Quelques participants se souvenaient de nos actions de l’an dernier.Le “ Parvis des Gentils ”
Ce 25 mars, nous sommes une vingtaine de phalangistes à nous retrouver vers 19 h 30, à la sortie du Collège des Bernardins. Nous n’avons pas assisté à la table ronde qui concluait le “ Parvis des Gentils ”, cette rencontre croyants-incroyants, organisée par le Conseil pontifical pour la Culture, sous le patronage du pape Benoît XVI. Comme l’a déclaré frère Philippe à la permanence, nous sommes, nous, des “ non-croyants au Concile ” ! Donc, il est juste qu’en cette occasion, nous témoignions loyalement de l’incompatibilité entre le message de salut de l’Église de Jésus-Christ et le culte de l’Homme proposé par Jean-Paul II aux athées.Nous ne savons pas ce qui s’est dit lors de la Table ronde, mais nous avons pu nous échauffer en tractant un bon nombre de personnalités. Environ deux cents personnes, dont un bon nombre d’ecclésiastiques, du cardinal au prêtre, qui les reçoivent d’assez bonne grâce, tout en identifiant assez vite la CRC. Les gens ne posent pas de questions, il faut dire que nous sommes en force, cette fois. Tout au plus, quelques intellectuels nous lâchent une parole méprisante. L’animateur de la table ronde, Patrick de Carolis part avec les tracts.
Une éminence sort, bien entourée ; on lui donne un tract sur l’Autodafé et un autre sur la béatification : « Ah, c’est l’abbé de Nantes, je vois que les bonnes habitudes ne se perdent pas ! »
Un homme assez chic arrive : immédiatement, les deux tracts lui sont remis. En fait, c’est Mgr de Moulins-Beaufort que nous n’avons reconnu qu’après (pas facile, avec son costume d’homme d’affaires !). Il ira attendre son taxi, à l’écart, et ne viendra pas discuter. Il nous ignorera superbement. Les consignes étant de ne pas pousser le débat, nous le laisserons dans son mutisme gêné.
Enzo Bianchi, présenté par Carolis comme “ moine laïc ”, fondateur d’une communauté œcuménique (nous l’avions croisé, l’an dernier, aux conférences de Carême), prend ses tracts : il a l’air de connaître.
Enfin, sur le parking des scooters, un petit homme casqué nous demande si nous étions « chez eux ». Nous répondons que nous avons simplement distribué des documents à la sortie. C’est Michel de Virville, directeur du centre des Bernardins. Conversation casquée, rapide : il prend les tracts, nous promettant de les lire seulement, mais pas d’y adhérer. Il ajoute : « Quand on fait un débat, il faut s’informer sur toutes les opinions, sinon, on reste sur la touche ! »
Après avoir donné les consignes, nous nous dirigeons rapidement, en ordre dispersé, mais non désorganisé, vers le parvis de Notre-Dame, où les festivités continuent. D’autres amis nous rejoignent en cours de route ou sur place : au plus fort du tractage, nous serons une trentaine. Quand nous arrivons, la cathédrale est “ éteinte ” et le parvis dans l’ombre. Aux quatre angles du parvis, les tours des haut-parleurs, et une grande estrade le long de la Seine. Une foule assez dense occupe le premier tiers du parvis, les deux autres tiers sont beaucoup plus clairsemés. De l’autre côté de la place, des tentes sont consacrées à différents thèmes de dialogue. Le public est composé pour moitié d’adultes assez âgés, de tous genres, avec une fraction non négligeable de prêtres en clergyman ou en soutane (et peut-être d’évêques), et pour l’autre moitié de jeunes qui ont plus l’aspect de catholiques “ tradi-charismas ” que d’incroyants ! Certains d’entre eux réagissent avec indignation à nos critiques de Jean-Paul II, et veulent nous rendre les tracts sans les lire. Nous ne croiserons pas un seul “ non-croyant ” cherchant à dialoguer !
Tout de suite, Jean est violemment pris à partie par un organisateur qui lui parle vraiment de très près, cherchant le contact. Lui garde son calme, mais nous avouera avoir eu peur d’un dérapage. Le grand argument est de dire que nous venons montrer nos querelles intestines de “ tradis ”, face aux non-croyants, et que ce n’est vraiment pas la place de ce débat. Ce à quoi nous répondons que nous sommes des incroyants au Concile et que nous venons discuter.
Nous nous faisons aborder spontanément par des gens qui souhaitent quelques éclaircissements sur nos intentions. La plupart d’entre eux ont pitié de nous. Souvent le ton monte, mais nous arguons que c’est une soirée de dialogue, alors les interlocuteurs se calment, forcés d’être “ ouverts ”, même avec nous !
Un peu plus tard, un groupe de jeunes catholiques, sympathiques et curieux. Jean engage une longue conversation avec l’un d’entre eux, sur un ton très courtois. Il connaît vaguement la CRC, mais demande des détails : la position de notre mouvement, notre foi en l’Église et le sens des démarches engagées aux Saint-Office, le Masdu et la liberté religieuse. Nous sommes interrompus par Mgr Vingt-Trois qui monte sur scène avec plusieurs évêques, et par le discours en différé du Pape, qui prouvera le bien-fondé de nos critiques : immanentisme, liberté religieuse et progressisme. D’une manière générale, même si cela gêne un peu mon interlocuteur, il est forcé d’admettre ces évidences et n’a rien à répondre, si ce n’est qu’il faut garder confiance dans l’Église, prise dans sa globalité. Certes, « In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas » !
De son côté, Louis-Marie déplore, auprès de quelques séminaristes, que le Pape ne parle jamais de la Sainte Vierge ni du Ciel, ce qui est vraiment regrettable vis-à-vis des incroyants. À la fin du discours, regards gênés des séminaristes, forcés de constater le manque total de surnaturel dans les paroles mêmes du Pape !
Pendant ce temps, avec Pierre, nous nous sommes dirigés vers le porche principal, sous lequel se tient le recteur. Pierre lui propose un tract qu’il refuse sans nous jeter un regard. C’est qu’il s’apprête à recevoir les évêques qui, le discours du Pape achevé, reviennent en procession, entourés d’un cordon de bénévoles. Ils entraînent derrière eux la moitié des jeunes du parvis, pour la soirée de prière animée par la communauté de Taizé.
Pierre se poste sur le passage, et ses tracts partent vite ; tandis qu’Anne se retrouve au coude à coude avec le recteur, à l’intérieur du cordon de sécurité. Le cardinal Vingt-Trois passe devant elle, ainsi qu’une dizaine d’évêques. Elle leur présente les tracts et la plupart répondent : « Non, merci, je l’ai déjà ! » Deux seulement le prennent. Mgr de Moulins-Beaufort ferme la marche, en soutane cette fois ! Déjà, ils pénètrent dans la cathédrale, au chant des charismatiques.
Bruno, lui, est pris à partie par une dame d’une soixantaine d’années. En fait, c’est une religieuse. Bruno lui dit son admiration de conserver la vocation dans une Église mourante, et elle de répondre : « Pfft ! la vocation... »
En même temps, nous sommes interpellés par l’abbé de Cagny, curé de Saint-Louis-en-l’Île, en colère, qui nous dit que nous semons la discorde dans l’Église et que c’est un péché dont, heureusement, nous n’avons pas conscience. Nous lui répondons que c’est un devoir de montrer que, contrairement à ce que nos évêques font croire, l’unité dans l’Église est factice.
Il demande si nous ne sommes pas excommuniés ; comme nous le nions, il répond que nous ne sommes pas en pleine communion avec Rome. Pierre, saisissant la nuance, lui rétorque qu’effectivement nous sommes dans l’Église, mais non en pleine communion avec Rome. Il affirme que Rome a déjà répondu aux demandes de l’abbé de Nantes (ah bon ?) ; puis, finalement, que Rome ne peut pas répondre, car nous restons bornés sur nos positions, qu’il n’y a rien à faire avec nous, que le dialogue n’est pas possible. Nous rétorquons qu’il ne s’agit pas d’un dialogue, mais d’une controverse...
Sur la liberté religieuse, il nous dit que nous interprétons tout de travers (Assise, les embrassades du Coran...), que si nous arrêtions de lire les textes conciliaires avec les lunettes de l’abbé de Nantes, nous trouverions sûrement un terrain d’entente (bienheureuses lunettes qui nous empêchent de nous laisser embarquer dans cet embrouillamini !). Il propose un rendez-vous pour discuter, mais, comme Pierre ne se démonte pas et acquiesce à sa proposition, il se ravise et change de sujet, avant de partir un tract à la main. Pendant cette discussion, la majorité des fidèles est entrée dans la cathédrale et il nous a empêchés de tracter.
Nous aurons peu prêté attention aux grotesques et pitoyables spectacles donnés sur scène, qui laissaient une impression de désorientation et de vide, entre le chant grégorien arrangé à la guitare et la chorégraphie parodiant le Cantique des Cantiques, le tout sur fond de musique pop pseudo-catho... Nous nous croyions plus proches de l’enfer que du Ciel.
Nous repartons tout de même contents, nos deux milliers de tracts ayant été écoulés dans la soirée ! Cependant, nos cœurs gardent une certaine amertume d’avoir constaté l’indigence spirituelle de l’Église d’aujourd’hui, et d’avoir mieux mesuré le fossé qui existe entre l’enseignement du Père et celui de l’Église “ officielle ”. Mais nous gardons confiance, envers et contre tout et tous, comme le Père nous l’a appris, sûrs du miracle prochain du Cœur Immaculé et de son triomphe.
Mardi soir, 29 mars, nouveau “ tractage ” aux Bernardins. Des discussions intéressantes ont été engagées et les gens n’étaient pas aussi belliqueux que les fois précédentes ! Deux ou trois cents personnes étaient présentes. Une neurologue était contente de voir des opposants à la béatification (en tant que médecin, elle ne croit pas au miracle de Jean-Paul II), et elle est repartie avec tracts, adresse du site, et souhaite prendre contact avec la maison Saint-Joseph.
Bruno a rencontré un homme qui connaît frère Bruno et qui a demandé très courtoisement de ses nouvelles, demandant de lui remettre sa carte et ajoutant : « Vous lui transmettrez mes amitiés ! » Il y avait un grand nombre de prêtres. Beaucoup connaissent le Père de nom, et certains savent qu’il est mort « il y a tout juste un an ».
Permanence Charles de Foucauld.
Cortège de Jeanne d’Arc
Puisque nous ne pouvons aller à Domremy, rendez-vous à Paris, le dimanche 8 mai à 9 h 45, à l’angle de la rue Royale et de la rue Saint-Honoré, avec nos drapeaux, pour le Cortège traditionnel. Après la dislocation, messe, déjeuner tiré du sac, chapelet et conférence de frère Bruno Bonnet-Eymard, sur un sujet d’actualité brûlante : “ Aux sources du Coran ”, à 15 heures.