Agatha Christie avec Jean Madiran Jean Madiran,le fondateur du quotidien « Présent », revient sur ce qui sera sans doute le combat le plus marquant de sa vie, le combat pour la défense du rite traditionnel de la messe. Il nous propose aujourd’hui une Histoire de la messe interdite,qui fourmille d’anecdotes significatives et dénote une hauteur de vue qui ne se dément pas tout au long de sa longue bataille pour le retour de la messe en latin dans les églises.
Simple problème cultuel ? Affaire interne à l’Eglise ? Non, l’abandon de la messe marque l’ouverture d’une véritable crise de civilisation. Dès le mois de janvier 1970, dans la revue « Itinéraires », Jean Madiran écrivait ceci : « Qu’on n’imagine pas que l’on pourra aisément faire l’aller et retour d’une messe à l’autre. Ce qui est interrompu sera perdu pour longtemps. […] Ceux qui ont la possibilité de maintenir, fût-ce à l’écart, en petits groupes, en catacombes ou en ermitages, la liturgie romaine et le chant grégorien, en tiennent le sort historique entre leurs mains. »
Le 6 juillet 1971, un groupe d’intellectuels de toutes religions publiait dans le « Times » de Londres un appel au Saint-Père, qui fait entendre la même musique : « Les signataires désirent attirer l’attention du Saint-Père sur l’effrayante responsabilité qu’il encourrait dans l’histoire de l’esprit humain, s’il refusait de permettre la survie de la messe traditionnelle, même si c’était côte à côte avec d’autres formes liturgiques. » Parmi les signataires : Agatha Christie, l’instigatrice de cet appel, puis Roger Caillois, Yehudi Menuhin, Graham Greene, Henri de Montherlant, Julien Green, etc.
Paul VI ne répondit ni à l’un ni aux autres. Silence. L’interdiction du rite immémorial dit de Saint Pie V s’effectue, comme tous les grands abus de droit du XXe siècle, comme les génocides, par simple voie administrative. Et tout le monde sait que l’administration, qu’elle soit ecclésiastique ou laïque, n’est guère loquace, lorsqu’on tente de lui demander ses raisons.
Jean Madiran montre comment, au gré des circulaires auto-justificatives, progresse l’interdiction de la messe latine, sans que cela soit même un sujet de discussion possible. On ne sait pas qui a pris la décision. Il y a deux circulaires anonymes de la Congrégation pour le culte divin, l’une le 11 juin 1970,l’autre le 14 juin 1971.Sans plus de précisions, la Documentation catholique, qui publie en français la seconde, intitulée Notification, annonce triomphalement en note : « En France, la célébration de la nouvelle liturgie est obligatoire depuis le 1er janvier 1970. » Le pape Paul VI ne se prononcera explicitement sur ce sujet que le 24 mai 1976, en annonçant la chose faite et la messe latine enterrée…
L’enquête autour de ce que l’on veut voir comme un cadavre est menée de main de maître et dans le moindre détail par Jean Madiran, qui, comme détective de l’horreur ecclésiastique, peut bien être comparé… à Hercule Poirot !
Joël Prieur
Jean Madiran, Histoire de la messe interdite,
éd. Via romana, 122 pp., 19,50 euros port compris. Sur commande à : Minute, 15 rue d’Estrées, 75007 Paris. |