SOURCE - Sensus Fidei - 1er mai 2006
Le numéro de Fideliter de mai-juin 2006 contient une nouvelle intervention de Mgr Fellay, relative aux "relations" avec Rome, qui vient encore s’ajouter à celles - déjà si nombreuses - qu’il a produites sur ce sujet depuis huit mois. Une telle accumulation traduit, en fait, une étonnante fluctuation de sa pensée, car il modifie, une fois de plus, le "planning" des négociations tel qu’il le conçoit.
En effet, dans sa précédente déclaration à DICI du 25 mars 2006, l’évêque avait clairement fait ressortir une "feuille de route" comportant deux préalables :la libéralisation de la messe tridentine et la levée du décret d’excommunication, suivis de trois étapes :une" phase expérimentale" où la Fraternité ferait sur le terrain la preuve de son efficacité,en aidant ainsi de surcroît Rome à "régler la crise de l’Eglise", une phase "doctrinale", où seraient alors débattus les problèmes théologiques eux-mêmes, une phase "canonique" enfin, où le statut de la Fraternité dans l’Eglise pourrait, dès lors, être défini. Il s’agissait, en somme, d’une négociation en deux temps trois mouvements, qui rappelait un peu" l’école du soldat" de la haute époque.
Or, les propos qui viennent d’être tenus à Fideliter font disparaître la première étape, cette "phase expérimentale", selon les propres termes du prélat, laquelle avait pour double but de prouver l’efficacité de la Tradition et d’aider le Pape à résoudre la crise de l’Eglise. Désormais, la dite phase expérimentale, qui "devait durer le temps nécessaire à une juste évaluation des résultats", est absorbée par la réalisation des deux préalables, de nature juridique, déjà évoqués, et l’on passe alors directement à la phase dite "doctrinale"
Cet allègement du "planning" initial est, à coup sûr, une bonne chose en soi, car cette phase expérimentale semblait d’une mise en oeuvre bien délicate et donc fort incertaine dans ses résultats. Mais l’on ne peut qu’être décontenancé par les revirements continuels du jeune prélat qui, certes, ne sont pas en faveur de l’image de marque de la Fraternité, à Rome comme ailleurs.
En fait, une seule constante apparaît dans ce chapelet de déclarations, c’est la référence permanente à une "lenteur" indispensable à toute négociation. Elle peut donner une clé d’accès à un tel comportement. "Gagner du temps" est en effet l’attitude classique de celui qui se heurte à trop forte partie dans la réalisation de ses souhaits. Mgr Fellay voudrait sans doute "aboutir" (voir sa déclaration à l’A.J.I.R.) dans sa négociation, mais le Front du Refus, qui lui est opposé par l’appareil d’une partie de la Fraternité, est trop puissant pour qu’il y parvienne, car il n’est pas à la mesure d’un tel combat. Il se replie donc dans la durée, en attendant que le temps fasse son oeuvre. Mais ce Front du Refus, auquel il a précisément laissé le temps de se constituer et de s’affermir, sera très dur à surmonter, car il coalise certes de petits intérêts et de médiocres ambitions, mais aussi des appréhensions authentiques qu’il ne sait manifestement pas calmer. A force de vivre en chapelle, on finit par craindre l’Eglise. Puisse néanmoins la Providence élever les esprits au niveau des âmes et les conduire dans la voie que la raison ouvre ici à la charité.