SOURCE - Abbé Laurent Spriet - aleteia.org - 15 octobre 2013
Exercice périlleux pour la FSSPX : démontrer que les canonisations de ces deux papes n'engagent pas l'infaillibilité du pape François !
Le district de France de la FSSPX se déchaîne sur son site "La Porte latine". Il s’agit d’essayer de prouver que l’Église peut canoniser quelqu’un sans que cet acte de canonisation soit infaillible. Pourquoi ? Parce qu’il est gênant d’envisager que celui qui est à l’origine du Concile Vatican II soit un vrai saint, et que celui qui l’a abondamment commenté et qui a parfois éclairé un certain nombre de passages de ce Concile soit, lui aussi, un saint authentique. Il n’est pas évident pour un certain nombre de membres de la FSSPX d’admettre que ceux qu’ils vilipendent depuis tant d’années soient canonisés, vénérés et désignés comme modèles de vie chrétienne. Mais comme nos passions peuvent obscurcir notre jugement, nous assistons tristement à un déchaînement d’arguments tous plus spécieux les uns que les autres pour essayer de démontrer l’indémontrable aux yeux de la foi catholique : un pape pourrait canoniser en se trompant.
Le pape Benoit XVI dit que soutenir cette thèse est "téméraire, scandaleux" et que cela "sent l’hérésie". Excusez du peu. En juillet 2002, l’abbé Peter Scott de la FSSPX (membre du district américain) le reconnaissait ouvertement : "Les théologiens acceptent comme étant théologiquement certain que l’église est infaillible dans la canonisation solennelle des saints, contrairement à la béatification des bienheureux. La raison en est que la canonisation n’est pas seulement une permission d’honorer un saint, comme c’est le cas de la béatification. C’est une définition, et un commandement, faits par le souverain pontife avec l’usage de sa pleine autorité, et qui donc lie les catholiques. C’est quelque-chose de semblable à une proclamation de la foi, mais ayant pour objet la gloire d’un saint au ciel". Il suffit par exemple d’invoquer l’autorité de saint Thomas d’Aquin pour étayer cette thèse (cf. Quodlibet. IX, q 8 a 16).
En fait nous retombons toujours sur le même problème : la FSSPX se permet de juger le Magistère. Ne serait-ce qu’en jugeant les règles à suivre pour canoniser. Elle sait mieux que le Magistère de l’Église ce qui est vrai et juste. C’est un réflexe protestant. Réflexe qui, en soi et en théorie, ne plaît guère à la FSSPX (avec raison bien évidemment). Mais la FSSPX se permet tout de même de faire des exceptions : elle est sans doute mieux assistée que le magistère de l’Église par l’Esprit-Saint… Elle est capable de faire le tri parmi les saints récemment canonisés : elle reconnaît ou ne reconnaît pas telle ou telle canonisation. Sans doute est-elle capable de juger de l’authenticité des miracles obtenus par l’intercession du Bienheureux Jean-Paul II ? Selon ses propres critères. Bien entendu. En fait, tout cela n’est pas très catholique…
En 2008, l’abbé de Cacqueray écrivait dans Fideliter n° 182 : "Sélectionner les saints qui nous plaisent, qui nous conviennent, en rejetant ceux que nous estimons indignes d’être saints ? Ce serait nous substituer au Magistère, seul compétent. La Fraternité Saint-Pie X a choisi de ne pas choisir, et d’attendre les décisions d’un Magistère redevenu clair." Eh bien, actuellement, le district de France de la FSSPX a décidé de choisir… Et il fait le mauvais choix !