SOURCE - Marie Malzac - La Croix - 9 septembre 2016
L’église Saint-Bernard, désertée depuis la fin des années 1990, doit être reconvertie en centre d’affaires d’ici à 2019. Opposée à ce projet, une association liée à la Fraternité Saint-Pie-X a lancé une pétition demandant que l’édifice soit réaffecté au culte, souscrite selon elle par un millier de personnes au 9 septembre.
L’église Saint-Bernard, désertée depuis la fin des années 1990, doit être reconvertie en centre d’affaires d’ici à 2019. Opposée à ce projet, une association liée à la Fraternité Saint-Pie-X a lancé une pétition demandant que l’édifice soit réaffecté au culte, souscrite selon elle par un millier de personnes au 9 septembre.
Au mois de juin, un vaste projet de reconversion de l’église Saint-Bernard, situé dans le quartier de la Croix Rousse, à Lyon, était présenté par la ville. D’ici à 2019, il prévoit de faire de l’édifice un centre d’affaires, destiné à accueillir des bureaux qui occuperont les nefs et chapelles latérales sur trois niveaux, à l’intention de petites entreprises créatives. Des bars et des restaurants ouvriront quant à eux sur les terrasses qui seront aménagées devant l’église.i Pourquoi lire La Croix ?
Mais depuis que cette annonce a été faite, l’association des Amis du Bon Pasteur et de Saint-Bernard de Lyon, proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) ne désarme pas. Le 1er septembre, elle a même lancé une pétition pour réaffecter l’édifice au culte. Elle aurait, selon l’association, recueilli quelque 1000 signatures en une dizaine de jours.
L’église Saint-Bernard avait été fermée en 1999. Construite entre 1857 et 1866, à la demande des ouvriers canuts de la Croix Rousse, elle n’avait pas pu être achevée, faute de moyens. Au début du XXe siècle, elle avait été mise en péril par les galeries creusées sous la colline pour le percement du tunnel du funiculaire lyonnais.
Sauver deux églises de la Croix Rousse
Jusqu’à des travaux de confortement, menés par la ville de Lyon en 2010, elle avait tendance à bouger… D’où sa fermeture au public, sans qu’aucune solution ne soit trouvée. À son arrivée, en 2002, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, avait accepté la réaffectation de l’église, qui n’était déjà plus utilisée depuis longtemps.
C’est à ce moment-là que l’hypothèse d’une démolition fut envisagée, suscitant la création de l’association des Amis de Saint-Bernard en février 2003. « Nous avons agi longuement et régulièrement avec la mairie centrale de Lyon pour empêcher la démolition de ce patrimoine et conserver la mémoire de nos anciens », peut-on lire sur son site, faisant état de « nombreuses démarches afin de rendre cette église au culte catholique ».
« Nous avons même obtenu une subvention de 380 000 € pour sa consolidation, et nous n’avons jamais pu savoir quels travaux avaient effectivement été faits », indique-il encore.
La FSSPX contrainte de célébrer « dans des locaux privés »
L’association rappelle que la FSSPX, contrainte depuis quarante ans à Lyon de « célébrer la messe dans des locaux privés, a manifesté « à plus d’une vingtaine de reprises son désir de faire l’acquisition de l’église Saint-Bernard pour lui redonner vie. Cette communauté traditionnelle a même proposé de restaurer l’édifice à sa charge afin de décharger la municipalité de Lyon de gros travaux ».
Face à ces critiques, une pétition défendant le projet de la mairie a rapidement vu le jour. « Nous avons agi en toute transparence, n’interférant pas dans les projets du diocèse », rappelle la mairie de Lyon, propriétaire des lieux.
Le diocèse a d’ailleurs été consulté « par courtoisie », indique Amaury Dewavrin, son économe, « très étonné » par l’attitude de la FSSPX, « qui vient de terminer des travaux pour un lieu de culte et n’aurait de toutes façons pas les moyens de prendre en charge Saint-Bernard ».
Pour Amaury Dewavrin, la « fermeture d’une église est toujours douloureuse, mais il ne faut pas oublier que d’autres sont construites ».
Toujours à La Croix Rousse se trouve une autre église en piteux état, celle du Bon Pasteur, elle aussi désaffectée. Le bâtiment se trouve à une encablure de l’amphithéâtre des Trois Gaules, là où des chrétiens parmi lesquels sainte Blandine ont été martyrisés en 177 et là d’où est partie l’évangélisation de ce qui deviendra la « fille aînée de l’Église ».
Proche de ce lieu chargé d’histoire, cette église ne laisse pas le diocèse indifférent et une réflexion est menée sur le sujet, sans que pour l’heure des décisions aient été prises.
Marie Malzac