SOURCE - Charles Benoît - DICI - 31 octobre 2016
Un soleil rouge vif se couche derrière les Blue Ridge Mountains. Les murs du nouveau séminaire de Virginie prennent un ton soudain plus ocre. Si les pierres ont une âme, elles ont ici une âme de feu. Comme ceux qu’elles abritent.
Un soleil rouge vif se couche derrière les Blue Ridge Mountains. Les murs du nouveau séminaire de Virginie prennent un ton soudain plus ocre. Si les pierres ont une âme, elles ont ici une âme de feu. Comme ceux qu’elles abritent.
Ce soir, fête du Christ Roi, l’abbé Yves le Roux, directeur du séminaire, concepteur et fondateur de cette nouvelle œuvre, a laissé à son neveu, jeune prêtre venu de France le visiter, le soin de présider les vêpres dominicales. Le symbole est fort : ce n’est pas une simple affaire de famille, c’est le signe tangible que le rite traditionnel ne connaît pas de frontières. Et que la relève est en route. Le rite immuable se déroule dans cette contrée où, il y a encore quatre ans, on ne rencontrait que des ours, des loups et des pumas. Autour des défrichements, la forêt est d’une incroyable densité : elle permet de mesurer l’immensité du travail accompli par ces bâtisseurs.
Ce soir, au fond de la chapelle provisoire, un établi et une grosse scie circulaire : les outils témoignent des travaux encore en cours. Tout n’est pas fini pour la journée de vendredi où doit avoir lieu l’inauguration des lieux. Le cloître est un champ de labour, les fils électriques pendent encore ici ou là : le directeur nous fait l’amitié d’une visite privée de l’ensemble des installations. Privilège rare. Son sourire ne cache pas les soucis de dernière minute : “Le diable s’est vraiment déchaîné ces derniers jours, commente-t-il, nous avons rencontré des difficultés à chaque pas. C’est bien la preuve que nous avançons dans la bonne direction”. Les histoires de fondation d’œuvres religieuses sont toujours marquées de ces réflexions qui montrent le saint abandon à la Providence : en Virginie, l’Histoire se répète. Vendredi tout doit être prêt : le permis d’habiter signé, le cloître gazonné, les ajustements de lambris posés, les outils rangés et… la poussière nettoyée. Le miracle aura-t-il lieu ? DICI s’en fera l’écho dès le lendemain.
Les images, mieux que les mots, rendent compte de ce qui se passe ici. Des Sœurs vont venir s’installer à proximité, des familles aussi, bientôt, et sans doute, à terme, une école. On comprend que les chantiers sont loin d’être terminés, d’autant que la grande église est encore au stade du projet. Tout ceci nécessite du temps et des moyens : la générosité des fidèles américains est grande. Et leur foi en l’avenir, en l’avenir divin, n’a pas de limite. Quelle leçon pour notre vieux continent…
Ce soir, au fond de la chapelle, les outils témoignent que nous sommes revenus au temps des bâtisseurs.
Charles Benoît
Dillwyn, 31 octobre 2016