SOURCE - FSSPX Actualités - 27 août 2018
En Picardie, le conseil municipal de Salency, une commune de 900 habitants, a provoqué un tollé en votant une subvention en vue de relancer une manifestation de tradition chrétienne qui remonte au Ve siècle et qui avait disparu du village depuis 1987 : la fête de la Rosière. Initialement prévue le 2 juin 2019, son objectif a pour but de récompenser « la réputation vertueuse » des jeunes femmes. Et c’est précisément ce que lui reprochent ses détracteurs…
En Picardie, le conseil municipal de Salency, une commune de 900 habitants, a provoqué un tollé en votant une subvention en vue de relancer une manifestation de tradition chrétienne qui remonte au Ve siècle et qui avait disparu du village depuis 1987 : la fête de la Rosière. Initialement prévue le 2 juin 2019, son objectif a pour but de récompenser « la réputation vertueuse » des jeunes femmes. Et c’est précisément ce que lui reprochent ses détracteurs…
Des associations féministes se sont indignées contre cet événement « rétrograde et sexiste ». Une pétition contre son organisation a même recueilli plus de 40.000 signatures. Evidemment, le maire – sans étiquette – n’a pas tenu : 150 mails reçus en deux jours, c’était trop pour lui. Il s’est senti « blessé » et impliqué dans cette polémique « sans en être l’organisateur ». Prévu pour la mi-septembre, le conseil municipal de Salency s’est réuni en catastrophe le 22 août 2018 - fête du Coeur Immaculé de Marie - et a voté à la hâte et à l’unanimité l’annulation de la subvention de 1.800 euros accordée en mars à la fête de la Rosière.
Il faut dire que les critères de sélection pour devenir la « Rosière de Salency » sont scandaleux aux yeux du monde : les candidates doivent faire preuve d'une « conduite irréprochable », être « vertueuses », « pieuses » ou encore « modestes »... Selon Bertrand Tribout, l’organisateur des festivités, la « Rosière » doit faire preuve de son « dévouement à sa famille, sa disposition à faire le bien et à éviter le mal, être toujours de bonne humeur et souriante... Être quelqu'un de sympathique au final ! Et ces choses-là se savent, on est un petit village ». Traditionnellement, elles devaient aussi être vierges. Mais, selon l’aveu même de l’organisateur ce critère n'a pas été mis en avant pour cette réédition. Le scandale aurait été encore plus grand. D’autant que la dimension religieuse de l’événement n’est pas cachée : une messe est prévue le matin et la jeune fille élue sera couronnée de roses par un prêtre. Bertrand Tribout lui-même est catholique pratiquant et, selon la presse, assiste à la messe dans « la forme extraordinaire ».
La fête de la Rosière remonte à saint Médard, évêque de Noyon, né à Salency en 456. Il institua cette cérémonie pour encourager les jeunes filles à se conduire avec piété, vertu et modestie, selon le modèle de la Sainte Vierge.
Une nouvelle délibération doit être prise prochainement pour décider définitivement de l’avenir de cette manifestation. La préfecture a récemment saisi la Direction des libertés publiques et des affaires juridiques, rattachée au ministère de l’Intérieur. Il s’agit désormais pour elle de « faire une analyse juridique des événements ». Un avis consultatif qui permettra de se prononcer ultérieurement sur l’annulation, ou non, de la fête. Ghyslain Chatel, sous-préfet de l’arrondissement de Compiègne-Noyon, est très réservé : « Il y a aujourd’hui une opposition qui risque de créer des troubles à l’ordre public, explique-t-il. Mais d’ici un an, on a le temps de voir venir. » Il y a de quoi être pessimiste.